CHAPITRE II
DE LA FORCE NEURIQUE RAYONNANTE CONSIDEREE DANS SES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES INTRINSÈQUES ET DANS
SON ACTION SUR LES OBJETS INANIMÉS OU SOIT DANS
SES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES EXTRINSÈQUES.
Avant d'aborder l'étude des propriétés physiques
de la force neurique, nous devons résumer, en peu de mots, ce qu'il est
indispensable de savoir, pour le moment, des principales proprié' lés
physiologiques de la force neurique rayonnante. ' lia force neurique
rayonnante, qu'elle émane des doigts, des yeux ou du poumon par le souffle, est
capable de produire des modifications nombreuses et variées dans le corps d'un sujet
impressionnable, prédisposé, et ces modifications peuvent avoir des
caractères entièrement opposés suivant le mode d'emploi de cette
force.
Elle peut : 1°
anesthésier et hyperesthésier en partie ou en totalité la peau et les
muqueuses (au moins celles qui sont accessibles à nos moyens d'exploration) ; 2*
cataleptiser, tétaniser, faire contracter les muscles et en déterminer la
résolution, en partie ou en totalité; 3* endormir ou réveiller en par lie ou
entièrement; produire, en un mot, des actions limitées ou étendues
susceptibles de se neutraliser ou de se détruire mutuellement. 11 sera question plus tard des divers modes
d'emploi de la force neurique rayonnante et circulante.
Pour le moment, nous
nous bornerons a dire que : les doigts et les yeux maintenus fixes
et dirigés à une distance variable vers un point quelconque du corps
d'un sujet susceptible d'être influencé par les rayons neurîques qui en émanent (sujet
neurisable), produisent l'anesthésie de la région visée et dans toute
1'éendue qui aura été visée; que, par contre, le souffle (les lèvres
étant maintenues rapprochées comme dans
l'action de siffler) dirigé ou projeté,
sans que la tête se déplace, vers un point quelconque du
corps du sujet récepteur, produit l'hyperesthésie do la
région visée et dans toute l'étendue visée.
D'où il résulte déjà que le souffle peut neutraliser
l'action des yeux et des doigts en ramenant la sensibilité a l'état normal, et
vice versa.
: Il convient de faire observer tout de suite que
l'hyperesthésie que provoque la force transmise par le souffle est une
hyperesthésie qui, après la cessation de l'action de souffler, reste en
quelque sorte à l'état latent et
peut être réveillée durant un temps variable par la force qui
émane des extrémités digitales et des yeux, et si plus forte raison par te
souffle lui-même, et aussi par les
mouvements spontanés de la région atteinte, et par le loucher. Cette hyperesthésie en quelque sorte latente que
produit en peu de secondes le souffle, que le souffle lui-même,
les doigts et les yeux dirigés sur la région choisie peuvent réveiller à
distance, m'a servi en quelque sorte de réactif
pour étudier le mode de propagation de la force neurique
après son émanation de la bouche . ou des poumons, des doigts et des
yeux.
Je me suis servi parfois de i'anesthésie
préalable, ayant remarque que
l'hyperesthésie succède a l'anesthésie lorsqu'on persiste à viser
une région de la peau avec les doigts ou les yeux. De même, j'ai utilisé
maintes fois l'hyperesthésie préexistante d'une région telle que le cuir
chevelu; je veux parler de cette hyperesthésie qui, développée spontanément chez
le sujet, faisait partie de l'ensemble de ses manifestations morbides.
Supposons le dos de la main du sujet
récepteur (la jeune fille observée) hyperesthésie à l'étal latent par le
souille. Si, à une dislance qui peut varier de 10 centimètres
à 3ou 4 metres et quelquefois
plus, je dirige sur cette région un seul doigt de ma main, le
sujet accuse presque aussitôt une piqûre au point visé et compare cette
piqûre a celle que produirait une aiguille. Si j'emploie deux doigts,
elle accuse deux piqûres, et elle accusera invariablement autant de
piqûres que j'aurai employé de doigts; il en sera de même si
j'emploie les yeux ou le souffle. Avec le souffle, elle accusera une
piqûre unique, et avec les yeux la piqûre ressentie sera
simple si je ferme un des yeux, et double dès que j'aurai ouvert l'autre
oeil. J'ai eu soin, naturellement, de
toujours placer le sujet récepteur de manière â ce qu'il ne
pût compter avec ses yeux le nombre de mes doigts. Dans ce but, ou bien
je lui bandais convenablement les yeux, ou, mieux encore, je lui faisais
tourner le dos. Ces expériences prouvent qu'il émane de chaque doigt, de chaque
œil et des poumons par le souffle, une sorte de rayon ou mieux de
faisceau neurique analogue à un rayon de chaleur et de lumière. Aussi emploierons-nous, pour la
facilité de la description, les termes de rayons ou faisceaux rayonnants
neuriques, digitaux, oculaires, ou pneumiques, pour désigner la
force qui émane ou rayonne des doigts, des yeux, et des poumons par le souille.
1 PROPRIETES physiques intriseques de la forceNEURIQUE RAYONNANTE
Ces expériences
prouvent encore que les divers rayons que nous venons d'énumérer et de dénommer se propagent
dam l'air en ligne droite, puisqu'ils atteignent exactement le point visé,
lis se comportent déjà à ce
point de vue comme les rayons de chaleur et do lumière, et nous
avons vu plus haut que la force neurique, comme l'électricité, s'accumulait
vers les pointes. Au sujet de ces analogies,
il reviendra naturellement à l'esprit de chacun que la chaleur, qui est aussi une force du corps humain,
s'échappe plus particulièremcittet
tout d'abord par les extrémités, les mains, les pieds, le nez. Ce sont elles, en effet, qui sont les
premières à se refroidir.
Nous avons constaté en outre que les
rayons neuriques, dans leur propagation
hors du corps humain, obéissaient de même aux autres lois qui
régissent la propagation de la lumière et de la chaleur.
En effet, au moyen
de l'hyperesthésie préexistante ou spontanée, où de celle latente, provoquée par le
souffle et. servant, l'une ou l'autre, de
réactif, il'nous a été facile de nous assurer que les rayons neuriques, qu'ils
fassent digitaux, oculaires ou pneumiques, venant à tomber sur une surface plane on
courbe, unie ou suffisamment unie, se
réflêchissent en faisant un angle de réflexion égal & l'angle d'incidence et de telle manière que ces
deux angles soient dans un même plan normal à la surface.
On peut rendre
l'expérience tout à fait démonstrative au moyen d'un miroir ou d'une glace. Il suffit de
diriger vers l'image de la région
hyperesthésiee, réfléchie dans la glacé, les rayons oculaires, les
digitaux ou les pneumiques, pour que, aussitôt, ou presque aussitôt le sujet accuse une douleur plus ou
moins vive à la région visée.
On peut faire
réfléchir ces divers rayons sur le plafond uni d'une chambre, sur le sol, sur le mur, et
même sur les carreaux d'une fenêtre
; mais dans ce dernier cas ils perdent de leur intensité, car une partie
des rayons a dû traverser le carreau.
Les mêmes
phénomènes de réflexion peuvent être obtenus sur une surface convexe ou concave.
D'autre part, les
rayons neuriques peuvent traverser une lentille biconvexe, et, en la traversant, ils
acquièrent une plus grande intensité et semblent se comporter comme des
rayons lumineux ou calorifiques qui la traverseraient, car le point de la
surface cutanée du sujet récepteur qui, placé au delà de la lentille,
réagit en devenant le siège d'une vive douleur, est limité à un
petit espace à limites arrondies.
En poussant plus loin
mes recherches, j'ai pu rendre cette expérience absolument
démonstrative, de la manière suivante. J'avais remarqué qu'une aiguille à
tricoter, épaisse d'environ un millimètre
et demi, tenue entre mes doigts, était parcourue dans toute sa longueur par la force neuriques, qui
s'échappait ensuite par son extrémité libre. En effet, dirigée vers une surface
hyperesthêsiée du corps du sujet, celle aiguille déterminait le réveil de
la douleur ou l'exagérait suivant qu'il s'agissait d'une hyperesthésie
spontanée ou préalablement provoquée. Je pris donc trois aiguilles pareilles,
les disposai a égale distance l'une de l'autre, et aussi parallelement que
possible, autour d'un petit cylindre en bois, tel qu'un crayon ou le manche d'un porte-plume, et de manière a ce
que leurs extrémités libres vinssent à dépasser l'extrémité même
dece petit cylindre. Ces extrémités libres des trois aiguilles
vues de face occupaient les trois angles d'un triangle équilatéral. Je pris,
d'autre part, une petite lentille biconvexe, celle de l'ophthalmoscope
de Nachet.
Cette lentille mesure un diamètre
de 3 centimètres environ, une épaisseur au centre de 5 millimètres,
et son rayon est de 55 millimètres, ou, en d'autres termes, le centre
de courbure de ses faces est a une distance de 55 millimètres. Je
soufflai préalablement sur le dos de la main du sujet récepteur, puis je
plaçai la lentille transversalement un peu au-dessus; puis au-dessus de la
lentille elle-même» et saisies entre mes doigts, je disposai les trois
aiguilles, que je dirigeai vers le dos de la main à travers cette même
lentille. J'avais expressément placé les aiguilles, la lentille et la main du
sujet a des distances respectives assez grandes.
Le sujet accusa trois piqûres très
distinctes, puis, rapprochant de la main visée tantôt les aiguilles, tantôt la
lentille, le sujet fit observer spontanément que les trois piqûres
ressenties serapprochaient et que finalement elles
s'étaient confondues en une seule, disant qu'il ne ressentait plus qu'une
piqûre au lieu de trois.
Notant alors aussi exactement que possible
la distance respective des extrémités des aiguilles, de la lentille et du dos
de la main visée, je remarquai que le point du dos de la main, qui était le
siège de la piqûre unique, était distant de la face inférieure de
la lentille de un centimètre ou soit de un centimètre et demi de
sa face supérieure, et qu'enfin le sommet des trois aiguilles était distant de la face correspondante ou supérieure de
la lentille d'environ 3 millimètres.
Les rayons neuriques
traversent aussi les prismes et se dispersent, jusqu'à un certain point, comme les
rayons lumineux et calorifiques.
Au delà du prisme visé par le
doigt, l'œil ou le souffle, ou soit par
un rayon neurique digital, oculaire ou pneumique, il se produit une déviation
telle de ces rayons qu'il en résulte une sorte de cônespéctral dont l'existence et l'etendue relativement très
considérables peuvent être appréciées
par le doigt-réactif ou, autrement dit, par le doigt du sujet préalablement hyperesthesiê.
Voici comment j'ai procédé. Étant donné un
prisme en flintglass dont l'angle
dièdre ou angle réfringent est de 60, ou, en d'autres termes, dont les
côtés ont sur la section principale 3 centimètres de longueur, je le place transversalement et reposant
par une de ses faces ou bases sur le bord d'une petite table très
élevée, en regard d'une longue tige
en roseau graduée, placée perpendiculairement à la distance du
prisme de 20 centimètres par exemple, et reposant sur le sol.
Puis, après
avoir hyperesthésié par le souffle l'extrémité unguéale du doigt indicateur du sujet récepteur,
j'engage celui-ci a se placer derrière la tige maintenue par une tierce
personne neutre ou indifférente, et
à poser le doigt-réactif dam une position horizontale,
à la partie inférieure de cette tige, contre une de ses faces latérales.
J'engage aussi le sujet a attendre le signal qui lui indiquera le moment auquel
il devra remonter son doigt lentement le long de la tige, en le faisant
glisser sur la face latérale contre laquelle il a été placé préalablement.
Pendant ce temps, dans une première
expérience, un de mes doigts dirigé horizontalement en avant est
placé en regard du milieu de la hauteur de la face postérieure du prisme,
opposée à celle qui regarde la tige,
dans une direction parallèle à la base de ce prisme et
à la distance de 3 a 6 centimètres de celui-ci.
Dans une deuxième expérience, je
place un de mes yeux (en ayant soin
de fermer l'autre) dans une position telle qu'il remplace l'extrémité du doigt et
que son axe prend la place de l'axe du doigt.
Enfin, dans une troisième expérience, j'emploie
le souffle dont je circonscris l'action et
que je dirige au moyen d'une grosse paille que je tiens a la bouche et
que je place dans les mômes conditions du doigt et de l'œil.
Au signal convenu le doigt du sujet récepteur
exécute dans chacune de ces expériences un mouvement
ascensionnel, puis, pour le contrôle, un mouvement de descente ou
inverse, qui doit nous permettre de mesurer la
hauteur totale du cône spectral à sa base, le long de la tige, et
de connaître quelles en sont les portions les plus actives dans leurs
effets sur le doigt-réactif et celles qui le sont le moins.
Disons maintenant quelles sont
d'une manière générale les sensations éprouvées par le doigt-réactif.
Supposons ce doigt tout d'abord
hors de portée des rayons neuriques digitaux, oculaires ou pneumiques, a la
partie la plus inférieure de la tige et à
une distance relativement considérable du prisme placé au-dessus.
Après avoir parcouru une
certaine hauteur de la tige sans rien éprouver, le doigt-réactif accuse
bientôt une douleur légère, mais au fur et & mesure qu'il
exécute un mouvement ascensionnel la douleur devient de plus en plus
vive, puis arrive à la hauteur du prisme, à peu près
au niveau de la prolongation horizontale de sa base vers la tige, le doigt
éprouve une douleur moindre, puis la douleur disparaît rapidement sur
une hauteur de 2 à 4 centimètres à partir de ce niveau.
Ensuite, le doigt-réactif continuant son mouvement ascensionnel, la
douleur devient de nouveau très vive, et cette intensité va
graduellement en décroissant pour cesser à une hauteur un peu variable.
La hauteur totale ainsi obtenue
et durant laquelle l'hyperesthésic du doigt-réactif se
réveille, varie un peu suivant qu'il s'agit des rayons pneumiques, digitaux ou
oculaires.
En prenant la moyenne des
chiffres obtenus dans plusieurs expériences, nous voyons
que la hauteur spectrale pneumique ou soit la hauteur de la section des rayons
pneumique» réfractés, mesurée à une distance de 20 centimètres du
prisme, et perpendiculairement, est de 1,43; que celle do la section des rayons digitaux
réfractés est de1,66, et que la hauteur spectrale oculaire est de 1,69.
Il en résulte que la hauteur du spectre
neurique est à peu près la
même pour les rayons digitaux et oculaires, et un peu inférieure pour
les rayons pneumiques. Cette différence pourrait tenir à ce que le
souille, passant par le conduit étroit d'une paille, forme, dans ces
expériences, un faisceau de rayons plus étroit que celui qui émane du doigt ou
de l'œil.
En prenant la moyenne de ces hauteurs
totales pour les trois espèces de
rayons ou de faisceaux, nous obtenons un chiffre qui est de 1,60.
Mais si nous divisons
ces lignes de hauteur en deux parties, dont l'une est supérieure et l'autre inférieure au
point visé par les rayons neuriques sur la
lige graduée, nous voyons que la partie supérieure a en moyenne une longueur
d'environ 87 centimètres dans le
spectre pneumique, de 1,06 dans le spectre digital et de 91 centimètres
dans le spectre oculaire;que d'autre part la partie située au-dessous du
niveau du prisme a en moyenne une longueur de 57 centimètres dans le spectre
pneumique, de 58 centimètres dans le spectre digital et de 77
centimètres dans le spectre oculaire.
En d'autres termos
la hauteur moyenne de la partie du cône spectral supérieure au prisme est pour les trois
sortes de rayons réunis de 84 centimètres et celle de la partie
inférieure de 78 centimètres. D'où il résulte que, en
général, les rayons neuriques réfractés
par le prisme tendent a se rapprocher un peu plus du sommet que de la
base.
Après avoir
mesuré le diamètre vertical de la base du cône spectral, nous avons
mesuré de même son diamètre transversal et nous avons trouvé qu'il
était un peu inférieur au diamètre vertical.
Ainsi donc à 20 centimètres
du prisme, la projection du cône spectral
forme une sorte d'ellipse dont le grand diamètre vertical mesure en moyenne 1,60, son diamètre transversal
étant un peu inférieur.
Nous avons trouvé
aussi qu'à la distance de 1,90 du prisme, l'etendue do la base du cône spectral était
relativement considérable, puisqu'elle
mesurait une hauteur totale de 4,22 et une largeur un peu inférieure.
Cet immense cône
spectral neuriques est en quelque sorte partage en deux transversalement par
une bande indifférente ou d'une action presque nulle ayant une hauteur de 2a 4 centimètres. La portion du cône qui est au-dessus est un peu
plus grande que celle qui est au-dessous, et ce sont ces deux moitiés inégales
du cône spectral, qui ont ta propriété de
réveiller l'hyperesthesie du doigt-réactif qu'elles atteignent,
l'intensité de leur action diminuant vers leur périphérie.
D'autre part, il nous a paru manifeste que
les rayons qui ont traversé le prisme, quoique éparpillés en cône,
acquièrent une intensité d'action
supérieure à celle obtenue sans autre intermédiaire que l'air
ambiant.
Nous verrons plus tard que la zone supérieure
et la zone inférieure du cône spectral
neurique digital ont sur le sujet récepteur (ou neurisable) des effets
opposés et extrêmement remarquables et ce ne sera pas un des seuls côtés
intéressants de l'élude que nous avons poursuivie avec la plus scrupuleuse
attention (Voyez fig. 73, 74 et 77).
De nouvelles
recherches apporteront sans doute des modifications nombreuses aux chiffres
que nous avons donnés plus haut, mais le fait de la dispersion des rayons neuriques au-delà d'un prisme suivant les lois de la lumière et
de la chaleur n'en sera pas moins acquis à la science.; nous
l'espérons du moins.
Ces diverses
expériences faites dans l'obscurité nous ont permis de constater que les
rayons neuriques sont obscurs.
Poursuivons le récit de nos recherches.
2 Proprietes physiques extrinséques de la force neurique rayonnante.
La découverte du spectre neurique devait
nous conduire a rechercher comment se comportent, les rayons neuriques a
l'égard des diverses couleurs du spectre solaire, et nous avons constate
tout d'abord qu'il existe des couleurs
diancuriques et des couleurs anéuriques.
Nous avons employé,
pour ces recherches, des feuilles de papier de un dixième do millimètre
d'épaisseur environ, représentant chacune une des couleurs du spectre solaire,
plus tes couleurs noire et blanche.
Ces feuilles, au
nombre de quatorze, représentent les couleurs suivantes : noir, rouge, rose, orange, orangé
jaune, jaune, jaune clair, vert foncé, vert clair, bleu outremer, bleu clair,
violet bleu, violet clair, et blanc.
La feuille de papier jaune et la feuille de papier
violet clair, interposées isolément par leurs faces, interceptent absolument le
passage des rayons neuriques digitaux et oculaires, qu'ils soient
directs, réfléchis ou réfractés.
Les feuilles de toute autre couleur les
laissent passer, les unes tres faiblement, les autres avec une grande facilité
ou intensité.
Les feuilles qui les laissent passer avec
une grande facilité, et en même temps avec une plus grande intensité,
sont les feuilles noire, rouge et verte.
La feuille blanche les laisse passer assez
facilement; mais elle en diminue l'intensité; il en est de même de la feuille
rose.
L'orange, l'orangé jaune, le bleu
outremer, le bleu clair et le violet bleu les laissent passer très
faiblement.
i. Nous
avons fait usage des feuilles de couleur contenues dans un petit volume do
poche, publie parle docteur Galezowski, etintitule Echellesportatives
de caractères et couleurs pour mesurer Vacuité visuelle
(Paris, librairie J.-E. Bailliere et fils. 1860).
Il
eut ete peut-être plus convenable de
se servir de plaques do verre colorées de diffêrentes
façons, mais nous avons dû mettre a profil ces feuilles dont nous
dispostons.
Si maintenant nous établissons une rose
des couleurs ou rose chromatique, semblable
a cette que M. Charles Blanc a intercalée dans son remarquable ouvrage
la Grammaire des arts du dessin, nous pourrons faire quelques remarques
des plus intéressantes et aussi des plus inattendues.
Ainsi les couleurs
primaires : le jaune, le bleu et le rouge, dites couleurs achromatiques parce
qu'elles s'annihilent,présenteat une gradation ascendante dans la propriété de
laisser passer les rayons neuriques, digitaux et oculaires. Le jaune les intercepte complètement et nous entendons toujours parler d'une
feuille de papier présentée par ses faces; le bleu les laisse passer non
seulement avec facilité, mais encore en en augmentant l'intensité.
Quant aux couleurs binaires, telles que le
violet (réunion des deux couleurs : le rouge et le bleu), le vertet l'orangé, elles se comportent exactement comme leurs complémentaires primaires, le
jaune, le rouge et le bleu.
Ainsi, le jaune intercepte les rayons
neuriques et le violet (sa couleur
complémentaire) de même. Le rouge les laisse passer avec une grande facilité et intensité, et le vert (sa
couleur complémentaire) de
même. Le bleu les laisse a peine passer; il en est de même de
l'orangé qui est la couleur complémentaire du bleu.
Le pouvoir
dianeurique des couleurs pour les rayons neuriques, digitaux et oculaires
est donc très variable. Il est en rapport avec leur pouvoir absorbant ou emmagasinaleur.
Le pouvoir absorbant ou emmagasinateur des
couleurs ou mieux des feuilles de papier
coloré est le pouvoir que ces couleurs ou
ces feuilles ont de retenir, durant un temps variable, une partie des
rayons qui les atteignent.
Leur pouvoir
absorbant est en rapport avec leur pouvoir émissif, lequel est par cela
môme en rapport avec leur pouvoir dianeurique.
En effet, si
après avoir dirigé des rayons digitaux ou oculaires sur une feuille de
couleur quelconque on présente celle-ci par une de ses faces ou bien au contraire par un de ses
angles devant la main-réactif du sujet récepteur, voilà ce que
l'on observera :
Si
après avoir dirigé pendant quelques secondes sur l'une eu l'autre face de chaque feuille des rayons
neuriques, digitaux ou oculaires, on
présente chaque feuille successivement par l'une ou l'autre do ses faces devant la main-réactif, et à une certaine
distance même minime de celle-ci on ne provoquera
aucune réaction, c'est-à-dire aucune sensation douloureuse.
Si, au contraire, on les présente,
toujours à distance, par l'un de
leurs angles (les feuilles étant coupées rectangulairement) il y a réaction, tantôt très forte, tantôt
très faible ou même a peine perceptible suivant la couleur
employée.
Les feuilles de
couleur qui provoquent ainsi la réaction la plus forte, sont précisément
celles qui possèdent le plus grandpouvoir dianeurique, a savoir : les
feuilles colorées en vert, noir etrouge. Les feuilles colorées en
jaune et en violet employées dans les mêmes conditions ne provoquent par
contre qu'une réaction a peine marquée. Les autres feuilles
n'ont qu'une action très faible.
D'antre part, si au
lieu de maintenir les feuilles de papier coloré à une distance variable
de la main-réactif, on les y applique directement par l'une ou l'autre
de leurs faces après les avoir soumises a l'action rayonnante des
doigts ou des yeux, on observe que celles qui sont colorées en noir, en rouge ou en vert
provoquent une action assez vive, tandis
que les autres n'en provoquent pas dans les mêmes conditions
d'expérimentation.
Si dans ces recherches du pouvoir
dianeurique des couleurs, au lieu
d'employer une seule feuille on en emploie deux de méme couleur ou de
couleurs différentes choisies dans la série active l'effet se trouve doublé, ce
que l'on reconnaît à l'intensité plus grande de la douleur ressentie.
Si, d'autre part, on superpose une feuille
aneurique, par exemple une feuille jaune à une des feuilles dianeuriques
(noir rouge, vert, blanc), les rayons
neuriques digitaux ou oculaires le traverseront encore mais en perdant
de leur intensité ; et si on double encore
la feuille aneurique jaune, ces rayons ne passeron plus. Ainsi deux feuilles jaunes pourront
neutraliser laperméabilité pour les rayons neuriques d'une feuille rouge, ou
verte ou noire, et à plus forte raison blanche, puisque la couleur
blanche est
moins dianeurique que la couleur rouge, on verte, ou notre. Aucune des
quatorze feuilles de couleurs énumèrées ci-dessus, interposées par leurs
faces, ne se laisse traverser par les rayons pneumiques (le souffle),
Elles n'en ont pas
moins un pouvoir absorbant etémissif inégal, il est vrai, a l'égard de ces rayons pneumiques,
et ce double pouvoir est le même que celui qu'elles ont à l'égard
des autres rayons.
Ainsi les feuilles soumises à l'action
du souffle et maintenues en regard et à peu de distance de la main-réactif
par celui qui est doué du pouvoir d'émettre des rayons neuriques intenses,
n'émettent aucun rayon, ou en d'autres termes ne provoquent aucune sensation
douloureuse si on les présente par les faces, tandis que si on les
présente par l'un des angles elles provoquent de
la douleur qui tantôt est
très faiblement perçue et qui d'autres fois est très vive suivant
la couleur employée, conformément à ce qui a été dit plus liant
pour les autres rayons dans leur action à l'égard des feuilles de
couleur.
Ces expériences
corroborent ce que nous avons dit dès le début au sujet de l'émission
des rayons neuriques par le corps humain, c'est que tes rayons neuriques ne sont pas émis
par les surfaces, mais qu'ils se dégagent par les pointes.
Si au lieu de feuilles de papier on se
sert de carrés d'étoffes de soie de diverses couleurs, les rayons digitaux,
oculaires et pneumique» traverseront toutes
les couleurs indistinctivement. La cause de cette anomalie nous parait
résider dans ta laxité du tissu qui laisse des intervalles entre les fils de la
trame.
Les feuilles de
papier jaune et celles violet clair ont, nousl'avons dit, le pouvoir d'intercepter le passage
des rayons digitaux, oculaires et
pneumiques. Mais il ne faudrait pas en conclure que ces feuilles de
couleur ont le pouvoir d'isoler l'agent neurique. Il n'en est rien, car
si elles interceptent le passage des rayons neuriques à travers leurs
faces, elles ont le pouvoir, quelque faible qu'il puisse être pour certaines couleurs, de transmettre ces
rayons par voie de
conductibilité, comme le prouve
l'action à distance par les
angles des feuilles soumises à l'action dos rayons neuriques, et ainsi
qu'il résulte de l'expérience suivante :
Si,
prenant une petite tige plate de bois blanc je recouvre la moitié de sa
longueur avec une feuille de papier aneurique (jaune ou violet clair), et l'autre moitié avec une feuille de papier dianeu-rique
(rouge ou verte, ou noire), puis si, après avoir soumis àl'action des
rayons neuriques l'une ou l'autre moitié de latige et partant l'une ou l'autre
couleur, la rouge ou bien la verte, par exemple, je mets l'une
ou l'autre de ces dernières couleurs en contact avec la peau
hyperesthésiée du sujet récepteur en tenant l'autre extrémité jaune ou violet
clair dans ma main, il y aura action ou provocation d'une sensation
douloureuse. Cela se comprend. Mais si je confie cette tige ainsi neurisée
à une tierce personne dénuée de la puissance neurique rayonnante et si
je l'engage à procéder comme je l'ai fait préalablement de mon côté, il
n'y aura plus d'action. 11 suffit alors, pour déterminer une action ou pour provoquer de la douleur dans lu main-réactif',
de toucher avec le bout de mon doigt un point quelconque de la longueur
de la tige sur sa moitié jaune ou violet clair non neurisée préalablement, pendant
que l'autre de ces moitiés (rouge ou verte) préalablement neurisée est appliquée
sur le sujet. J'en conclus que si les feuilles
de papier jaune ou violet clair interceptent par leurs faces les rayons
neuriques, elles ont le pouvoir de les conduire dans leur épaisseur par voie de
conductibilité, et ne constituent pas des isolateurs.
Après avoir démontré
l'existence d'un spectre neurique et avoir établi quel était le pouvoir dianeurique
conducteur, absorbant et émissif de chaque feuille de papier de couleur, j'eus
l'idée de rechercher quelles modifications subirait le spectre neurique si l'on
interposait entre le doigt-réactif et le prisme des feuilles de papier
de couleurs différentes. Mais diverses circonstances m'empêchèrent
de poursuivre ces recherches après les avoir commencées. Je ne puis donc rien dire à ce sujet pour le moment.
Expérimentant non plus avec des feuilles de papier, mais avec des mètaux,
nous avons remarqué que des plaques de enivre, de zinc
et de fer d'un
demi-millimètre d'épaisseur, et des pièces d'argent de un
franc et de deux francs, et des pièces d'or de dix francs ou de vingt
francs, interceptaient les rayons neuriques par leurs faces.
Nous avons remarqué aussi que les plaques
de cuivre, de zinc et de fer soumises préalablement à
l'action des rayons neuriques n'agissaient pas par leurs faces non
seulement & distance, mais aussi appliquées, et
qu'elles agissaient très légerement, adistance, parleurs angles.
Quant aux pièces d'or et d'argent,
mais surtout celles d'or, influencées préalablement par la force
neurique rayonnante, elles n'agissent pas,
à distance, par leurs faces, mais agissent appliquées.
Les pièces d'or agissent â distance
seulement par leurs bords, ce qui n'a pas lieu pour les pièces
d'argent.
Une aiguille en or, influencée
préalablement par le pouvoir neurique rayonnant, agit très
vivement par sa pointe, à distance.
Les dents d'une fourchette en argent, préalablement
influencées par les rayons
neuriques, agissent aussi par leurs extrémités libres, à distance, mais avec une intensité
bien moindre. L'or est donc ici parmi les métaux cités (cuivre, zinc,
fer, argent), celui qui emmagasine la neucicité avec la plus
grande intensité.
Un exemple montrera la différence de
conductibilité de certains métaux. La pointe d'une aiguille en or, neurisêe
préalablement, agita la distance de
10 à 12 centimètres, tandis que la pointe d'une lame de ciseaux préalablement neurisée aussi,
n'agit qu'à la distance de 3 à 4centimètres
; son pouvoir conducteur et émissif est donc trois fois
moindre.
Des plaques de laque de Chine et
des plaques d'écaillé jaune interceptent les rayons neuriques. Mais si on
double une Libelle de laque de Chine successivement de feuilles de
différentes cou-leurs, on constate que les rayons neuriques digitaux traversent
la Jaque lorsqu'elle est doublée de feuilles colorées, autrement qu'en noir et en vert, et si, au lieu d'appliquer une
feuille unique colorée en noirouen vert, on double ces fouilles, les
rayons passent quoique faiblement.
Le soufre a
cause peut-etre de sa couleur jaune verdâtre, et aussi de sa constitution moleculaire a, aun assez haut degré, la propriété dianeurique, d'emmagasinage et d'émission par les
pointes.
J'ai en l'idée de rechercher le pouvoir
dianeurique do l'ècorce de quinquina, en m'inspirant des
expériences de M. le docteur Dujardin-Beaumetz,
sur les propriétés esthésiogènes de certains bois appliqués surla peau, et j'ai
trouvé que celte écorce a un pouvoir dianeurique absorbant, et émissif par les pointes, assez grand.
D'autre part sachant que le
professeur Stokes, cité par Tyndall dansson ouvrage sur la
chaleur, avait pu rendre visibles les rayons ultra-violets du spectre solaire en tes faisant
passer a travers un morceau de papier imbibé d'une solution de sulfate de
quinine, j'ai fait, à son exemple, l'expérience suivante : j'ai pris
un carré de papier jaune, et me suis tout d'abord assuré qu'il interceptait le passage des rayons neuriques par ses faces, et
n'était doué que d'un faible pouvoir émissif par ses angles après
avoir été soumis al'influence neurique. Ensuite je l'ai imprégné d'une solution
de sulfate de quinine au vingtième et l'ai fait sécher.
L'ayant alors placé, opposé par ses faces,
entre la main-réactif du sujet et mes doigts dirigés perpendiculairement
vers ses faces mémes, j'ai pu constater
qu'il laissait passer les rayons neuriques digitaux et avec d'autant
plus de force qu'il était plus sec; l'eau est, en effet, un mauvais corps
dianeurique. "
La distance la plus
grande à laquelle ce papier, ainsi préparé, laissait passer les rayons
digitaux était de 30 centimètres. Si après l'avoir soumis a
l'action des rayons neuriques on présentait un de ses angles, on déterminait une action à la
même distance de 30 centimètres, tandis qu'avec une feuille de
papier jaune non préparée on n'obtenait
qu'un effet très faible et à la distance seulement de 4 centimètres.
J'ai aussi imbibé de
la même solution de sulfate de quinine une feuille de papier vert qui est, on le sait,
très dianeurique, et j'ai remarqué
que les rayons neuriques la traversaient avec une plus grande intensité
et à une plus grande distance que lorsqu'elle n'avait pas subi cette
préparation.
Je
crois qu'il y aurait lieu de faire ces expériences avec une Solution
très concentrée de sulfate de quinine et peut-etre mieux encore avec la poudre de sulfate de quinine
elle-même recouvrant exactement une feuille de papier do couleur. Je me
suis assuré que dans l'obscurité les rayons qui passaient à travers la
feuille de papier jaune ou de papier vert imprégnés d'une solution de sulfate
de quinine ou qui émanaient de l'un de ses angles n'etaient pas lumineux, pas
plus qu'au grand jour ou dans la demi-obscurité. Il existe donc une grande
affinité entre la force neurique et le sulfate de quinine et l'on peut en
conclure que le sulfate de quinine exalte la force neurique.
J'ai
fait des essais avec; une autre substance médicamenteuse, l'extrait d'opium.
J'ai constaté qu'un disque de cet extrait, épais d'environ 0,002, et bien
que de couleur noire, ne laisse passer aucun rayon neurique, n'en émet
aucun, et qu'appliqué après avoir subi l'influence neurique, ne provoque
aucune douleur sur la main-réactif. 11 faut en conclure que si le sulfate de
quinine a la propriété d'exalter la force neurique, l'extrait d'opium a le
pouvoir de ta déprimer, ce qui me paraît conforme aux notions acquises en
thérapeutique. Ce même disque d'extrait d'opium laisse par contre passer les rayons neuriques, quoique faiblement, s'il
est doublé d'une feuille de papier vert. Il n'est donc pas isolateur. D'ailleurs s'il est replié et placé à cheval à
l'extrémité d'une feuille de papier vert neurisée, de
manière a lui servir de manche, et si on le fait saisir par ce bout ou
manche par une tierce personne, dénuée du pouvoir neurique rayonnant, le
papier vert n'aura aucune action sur la mai-reactif lorsqu'il sera
présenté à peu de distance d'elle par ladite personne, soit par un des
angles, soit par une des faces. Mais ce même papier agira sur la
main-réactif entre les mains de cette tierce personne dès qu'une personne
douée du pouvoir neurique rayonnant dirigera sur l'extrait d'opium servant de
manche des rayons neuriques ou qu'il appliquera sur lui très
légèrement l'extrémité de son doigt. Les (rois variétés de rayons
neuriques peuvent traverser un grand
nombre d'autres substances et corps divers d'une épaisseur parfois
considérable (transradiation neurique).
Ils peuvent traverser non seulement des
corps transparents tels qu'un carreau de
fenêtre, un bloc de verre de 0,05 d'épaisseur, mais encore un
grand nombre de corps opaques de densité et
d'épaisseur différentes : une porte d'appartement, un morceau de carton, un
ehale plié en huit, un coussin garni de laine, d'uni; épaisseur de 0,20, un mur en maçonnerie
d'une épaisseur de 0,50 et même de 0,80, et ce, a la distance de plus
d'un mètre, et en quelques secondes.
Dans plusieurs expériences, j'ai pu faire franchir aux rayons neuriques (digitaux, oculaires ou pneumiques)
successivement un mur en maçonnerie épais de 0,80, un vestibule de 1,30, une armoire remplie do linge de 0,60
de profondeur, une cloison de quelques centimètres, puis un espace
de 2,70 dans une chambre attenante, en tout
une longueur de 5,40, entrecoupée d'obstacles divers ; cette distance
a ètê parcourue en moins d'une demi-minute.
Ces substances et ces corps qui se
laissent ainsi traverser par les rayons
neuriques peuvent, comme les substances citées précédemment (feuilles
de papier, plaques métalliques, etc.), tes emmagasiner et les émettre ensuite,
ou les communiquer par voie de conductibilité.
D'autres corps ou objets sont aussi doués
de ce pouvoir d'emmagasinage, d'émission ou de conductibilité; nous
citerons : un éventail en bois, un miroir, un chapeau de feutre, un dé en
argent appliqué au doigt, une bague en or passée au doigt, une aiguille en
acier, les briques du sol d'un appartement, le bois d'une table, un paquet
de ficelle roulé ou déroulé, une fleur, les vêtements d'une personne,
etc., etc.
L'eau a un pouvoir
d'emmagasinage considérable dont la durée n'a pu être encore déterminée.
Nous n'avons fait aucune expérience avec les gaz, mais
on a pu voir que le pouvoir dianeurique et la conductibilité
de l'air étaient très
grands. De ce qui vient d'être exposé se dégage un fait important sur lequel nous voulons appeler
l'attention, c'est que les objets, les substances
ou les corps qui ont le pouvoir d'emmagasiner la neuricité pour un temps
variable, acquièrent en vertu deleur conductibilité les
propriétés de ces rayons, mais seulement entre les mains ou par l'intermédiaire du sujet de qui émanent ces rayons.
Tous, ces objets bons conducteurs de la
force neurique et pouvant l'emmagasiner,
placés entre les mains d'une tierce personne dénuée du pouvoir neurique rayonnant, restent neutres, ainsi que nous l'avons déjà dit & propos des
papiers de couleur et d'autres substances; mais il suffît, pour
réveiller la pouvoir qui a été emmagasiné
en eux, que la personne douée de la force neurique rayonnante regarde
fixement ou vise avec ses doigts cet objet ou le touche à peine,
l'effleure en quelque sorte avec l'extrémité de ses doigts, pour que l'action
sur la région-réactif choisie se produise.
Nous reviendrons sur celte question dans
la deuxième partie de ce livre,
où nous verrons que les brigues du sol influencées par les
rayons neuriques ne conservent leurs propriétés neuriques qu'autant que le
sujet d'où le pouvoir neurique émane reste en communication avec le sol a une distance variable dans la même pièce
de l'appartement ou dans une pièce voisine.
Nous avons pu nous assurer maintes et
maintes fois que les propriétés neuriques communiquées à certains corps
inanimés, tels que ceux que nous avons énumérés, pouvaient leur être retirées
par l'application de la paume de la main.
Nous avons à
peine besoin de rappeler que les rayons neuriques digitaux et oculaires d'une part et les rayons
neuriques pneumiques d'autre part se neutralisent lorsqu'ils sont employés de
manière à ce que la source d'où ils émanent reste fixe,
c'est-à-dire n'exécute aucun mouvement d'ascension, de descente ou en
travers.
L'eau, dont le pouvoir absorbant et la
conductibilité sont si grands, ne se laisse pas traverser par les rayons
neuriques, contrairement à ce que
nous avons vu jusqu'ici pour la généralité des autres corps. En effet,
si après avoir empli aux trois quarts un verre d'eau de forme cylindrique et l'avoir
placé a 0,07 ou 0,08 au-dessus de la main-réactif
on dirige des rayons digitaux perpendiculairement au-dessus de ce
verre dans la direction do la main-réactif,
celle-ci n'accusera aucune sensation douloureuse. Si je fais jeter
simplement l'eau du verre par une personne indifférente, la môme opération
ne donnera aucun résultat positif, mais si
je fais essayer le verre a sec, la main-réactif accusera
une douleur assez vive dès que j'aurai dirigé vers elle des
rayons digitaux a travers le fond du verre.
Nous avons vu qu'une
lentille biconvexe laisse passer les rayons neuriques et en accroît même l'intensité. Or
si on la recouvre d'une couche d'eau môme très mince, les rayons ne
passent plus. Si on essuie la lentille bien à sec, ils passent de
nouveau comme précédemment (1).
Il était intéressant de savoir quel était
le pouvoir conducteur et dianeurique du corps humain.
Le corps d'une
personne dénuée du pouvoir neurique rayonnant ne se laisse pas traverser par les rayons
neuriques, mais il est bon conducteur de la force neurique.
En effet, si,
après avoir placé entre le sujet récepteur ou réactif et moi une tierce personne indifférente ou
neutre, je dis a celle tierce personne de
diriger ses doigts vers la main-réactif ou toute autre région du corps du sujet récepteur
préalablement influencée ou soit hyperesthésiée par les rayons
neuriques, celui-ci n'accusera aucune
sensation douloureuse. Mais si prenant la main libre de cette tierce
personne, neutre par elle-même, je souffle sur ses doigts, pendant que les doigts de son autre main
sont dirigés vers la main-réactif du sujet récepteur, celui-ci
accuse aussitôt une douleur plus ou moins vive. Dans cette expérience la force
neurique pneumique ou dégagée des poumons par le souffle a traversé le corps
de la personne neutre intermédiaire par voie de continuité; elle a même
dû se réfléchir dans la moelle pour passer a l'extrémité du doigt de la main opposée
chargée d'opérer. Si on interpose deux personnes les effets obtenus seront les
mômes.
1.
Cette opération n'est possible que si la lentille biconvexe est enchassée dans
une monture
à rebords saillants pour retenir l'eau.
L'examen des propriétés
intrinsèques physiques des divers rayons neuriques nous a montré qu'il
existe dans le souffle une puissance particulière réelle, capable
de provoquer certainseffets différents des effets obtenus avec le pouvoir qui
émane des doigts et des yeux.
Au début de mes expériences j'avais pensé
que le souffle agissait mécaniquement en déplaçant l'air plus ou moins violemment»
mais j'ai été bientôt forcé de reconnaître en lui des propriétés neuriques lorsque j'ai pu agir par son
moyen à travers un mur épais, un bloc de verre, une cloison, une porte,
une armoire, des feuilles de papier, etc., etc. ; lorsque aussi j'ai pu le
faire agir par réflexion sur une glace ou toute autre surface plane;
lors-qu'enfin j'ai pu emmagasiner ses
propriétés dans divers objets.
Les propriétés neuriques, ou, si l'on
veut, magnétiques du souffle ont été signalées avant moi1. On sait
d'ailleurs que les magnétiseurs s'en servent pour réveiller leurs sujets
hypnotisés en soufflant sur leur figure ou dans leurs yeux ; j'ai d'ailleurs
obtenu avec le souffle les mômes résultats et bien d'autres qui seront exposés
plus tard.
Nous avons vu que
l'intensité des rayons neuriques variait beaucoup suivant qu'ils se propagent
librement à travers l'air ambiant, qu'ils rencontrent des corps
de diverse nature et de diverse épaisseur,qu'ils se réfractent,
se dispersent ou se réfléchissent, et suivant aussi que le nombre des doigts et des yeux
employés est plus ou moins grand. Ainsi j'ai
rencontré quatre personnes jeunes, parmi lesquelles trois médecins (tes docteurs Balestre, Planât et Abadie, oculiste
a Paris), qui étaient doués du pouvoir d'émettre des rayons neuriques, le public dirait de magnétiser, mais à un
degré moindre toutefois que moi. Un jour ayant réuni mon pouvoir
à celui de deux d'entre eux
(le docteur Balestreet un jeune homme, M. B..., ami do la maison),
j'ai obtenu des effets beaucoup plus marqués que lorsque
j'agissais seul. Il résulte de ce fait que l'on pourrait former des sortes d'appareils ou
de batteries humaines analogues aux
batteries électriques formées d'un nombre variable d'éléments'.
1. Charpignon,
entre autres, on fait mention (Voy. Physiologie de médecine et métaphysique du magnetisme,
par i. Charpignon, doctour on médecine, p. 24, Paris, 1848).
L'intensité de la neuricite rayonnante restant la mêmechez un même
sujet doué du pouvoir de l'émettre, ses effets peuvent varier de degré
suivant le degré môme d'impressionnabilité du sujet récepteur.
La distance à
laquelle on opère fait naturellement varier l'intensité des rayons
neuriques. Chezle sujet qui a servi spécialement à mes
expériences, je pouvais agir A travers l'air libre et rapidement, en une, deux, trois secondes,
à la distance de plus de 4 mètres.
La vitesse des
rayons neuriques varie suivant qu'ils parcourent l'air libre ou qu'ils
traversent ou parcourent des corps solides intermédiaires. Dans l'air libre, la
vitesse est plus grande qu'a travers des objets consistants, et pour une distance de 1 à 2
mètres les effets ont été pour ainsi dire instantanés.
En agissant par
l'intermédiaire d'une mince ficelle, voici ce que j'ai observé :
Je fais dérouler une longueur de ficelle
de 17 mètres par une tierce personne indifférente, je la prie d'en
confier un des bouts au sujet récepteur ou réactif qui le saisit entre ses
doigts préalablement influencés par le
souffle. Cette ficelle étant ensuite par la même tierce personne
déroulée et tendue en ligne droite dans la cour
et le jardin attenants a la maison dans laquelle je faisais mes expériences, je saisis l'autre bout de la
ficelle, la montre à la main ; en moins de trente secondes, le
sujet récepteur accuse de la douleur et laisse tomber le
bout de la ficelle qu'il tenait. Si, les doigts n'ayant pas été préalablement
influencés ou hyperesthésiés par le souffle, l'expérience se poursuivait un peu
plus, c'est-à-dire si je tenais un peu plus longtemps le bout éloigné de
la ficelle, le sujet s'endormait.
1.
Certaines personnes émettent des rayons nautiques si faibles qu'il est presque
impossible d'en apprécier le degré d'intensite. D'autrés, et elles sont
nombreuses semblent n'en émettre aucun. La force
neurique loin d'être en excès cites elles même à
un faible degré semble plutôt manquer. Ce fait ne devra pas etre perdu de vue pour
apprécier à leur juste valeur certaines critiques qui pourraient etre
dirigées contre l'existence récite et la nature probable de la
force neurique.
J'ai répété cette expérience en variant la
longueur de la ficelle et j'ai toujours
obtenu les même résultats. J'ai calculé que le courant neurique parcourt
environ un mètre delà ficelle par seconde.
La force neurique
parcourt tout aussi bien un bâton, une règle, une baguette, une lige
quelconque, un bambou, ou un manche à balai. Si la tige, quelle qu'elle soit, est tenue
par une des extrémités, la force neurique se porte a l'autre extrémité; si
elle est tenue par son milieu, elle se porte à la fois aux deux
extrémités.
APPENDICE
Mon excellent confrère le docteur
Planât, que j'ai déjà eu le plaisir de citer, a fait construire un appareil
bien simple qui semble donner la preuve visible de l'action de la
force neurique rayonnante sur les objets
inanimés. Ici il ne serait plus besoin du réactif humain.
Voici la note que M.
le docteur Planât a eu l'obligeance de me remettre le 23 mai 1885, et qui contient la
description de son appareil accompagnée de
considérations extrêmement intéressantes sur la propriété
électromotrice de la matière vivante ou non, organique ou non organique.
NOTE DE M. LE D' PLANAT RELATIVE A
SON APPAREIL DESTINÉ A DÉCELER LA PROPRIÉTÉ ÉLECTRO-ORGANIQUE DES CORPS
1, La matière vivante ou non,
organique ou inorganique, manifeste à des degrés divers une force qui
paraît identique à l'etectricitè, immanente, d'intensité variable,
appréciable surtout chez les animaux et généralement proportionnellement
à l'activité des fonctions.
«2 Elle est
certainement très faible, et ne peut etre décelée que par un appareil d'une extrême
sensibilité,
Celui-ci consiste en une tige d'acier d'une ténuité quasi capillaire, de 3 à 4
centimètres de longueur, sur laquelle s'enroule un fil de laiton aussi fin
et dont les bouts se prolongent de 5 centimètres au delà de l'aiguille et se
terminent par deux ailerons de clinquant. Ce petit système est ensuite
emprisonné par sa partie mèdiane dans une chape de papier gammé de 1
à 2 centimètres
et dont la portion libre, taillée en angle aigu, est munie sur ce point d'un
fil de cocon servant à susprendre l'appareil sur un globe de verre recouvrant un demi-cercle gradué à 90°, à droite et à gauche, avec la
ligne médiane pour zéro.
« 3 Ainsi à l'abri de tout courant
d'air et de l'action instantanee du calorique,l'aiguille, libre, conduit,
quoique non aimantée mais avec une extrême lenteur, tout l'équipage sur
te méridien magnétique du lieu.
« 4 En dehors de
toute visée météorologique qu'il serait inutile d'envisager ici, l'aiguille d'acier,
subissant ainsi, faiblement, l'action
coercitive du globe, offre cet avantage de jouer le rôle de ressort
vis-à-vis des actions spontanées ou provoquées auxquelles elle
peut être soumise.
« 5 Ces actions,
en tant que relatives aux émanations électromagnétiques des corps, ne
s'exercent sensiblement au travers du verre que pour les animaux, tandis que s'il s'agit
de métaux, de bois, de cristaux, etc., on
n'obtient d'effet qu'en présentant ceux-ci dans le voisinage immédiat
des ailerons de l'aiguille.
« 6 Ces influences,
qu'elles aient lieu en dedans ou en dehors du globe de verre, se traduisent par de la
répulsion, mais bien plus souvent par de l'attraction. Pour s'en convaincre il
suffitde placer un on plusieurs doigts très près du globe en face d'un
aileron et de s'en éloigner très lentement en suivant le pourtour
de l'écran de verre, on peut ainsi parfois, en rapprochant les doigts de temps à autre de l'aileron qui chemine moins vite,
faire accomplir à l'aiguille un angle de 90°. En dehors du verre
c'est par tours complets qu'il faut compter. Ce fait est aussi indéniable que
la propriété de la résine frottée vis-à'visdes balles de sureau.
« 7 la production de cette force n'est point
exclusive au système nerveuxpuisqu'elle est observable dans les minérauxeux-mêmes mais elle parait en rapport avec
le calorique par lequel on peut exagérer
les propriétés électro-magnétiques naturelles.
« 8° Cette force est comparable
à une atmosphère entourant chaque
être ou fractionnement de matière, et son intensité est d'autant
plus grande qu'on se rapproched'avantage de leur périphérie.
L'appareil dont on
vient de lire la description si claire et si précise et dont nous avons pu
apprécier et vérifier les propriétés indiquées par son auteur,
pourrait peut-être servir a mesurer le degré de force neurique de chacun.
Quant &
l'appréciation, d'autre part, du degré de réceptivité ou d'impressionnabilité de certains sujets
à l'égard de la force neurique, il y aura peut-être lieu
un jour d'utiliser, l'épiderme de bouleau,
qui, d'après les
recherches du docteur Planai, déjà cité, est doué de propriétés
thermo-èlectriques que nous avons pu nous-mêmesvérifier
sur un échantillon que l'auteur de la découverte nous avait gracieusement
offert 1.
Un ruban d'épidémie de bouleau serré et
passé dans l'un des espaces interdigitaux
acquiert aussitôt la propriété d'attirer une halle de sureau suspendue par un
fil de soie, ou de se rapprocher avec plus ou moins de force d'une
partie quelconque delà main
lorsqu'on l'en approche.
Chez notre jeune
fille, l'épiderme de bouleau, après avoir été serré et passé dans l'un des espaces interdigitaux
de sa main, ne s'électrisait que
très faiblement, car, présenté aussitôt après au voisinage de sa main, il ne s'en approchait par
son extrémité libre que lentement, faiblement.
1. Etudes sur les propriétés thermo-électrique de
l'epiderme de bouleau, par te D' Planat. Voy. Nise médical, 2*
année, n* 8, 1mai 1878.
REMARQUES
Nous avons vu que la
force neurique rayonnante présentait de nombreuses analogies avec la chaleur
rayonnante et avec la lumière, au point de vue de sapropagation dans l'air,
de sa réflexion sur les surfaces planes et courbes, de sa réfraction
& travers les lentilles
et de sa dispersion au delà des prismes.
La propagation de la
force neurique dans certains corps, et notamment le long d'une
ficelle et d'un baton, nous présente aussi quelques analogies avec la propagation do la
chaleur et de l'électricité le long de corps ayant la forme de barreaux ou de
fils.
Enfin il n'est pas jusqu'au fait de
l'emmagasinage de la force neurique dans
certains corps et dans certaines substances qui n'ait son analogue dans
certaines propriétés d'autres forces do cet ordre: du son, de la chaleur, de
l'électricité, de la lumière et du magnétisme.
Ainsi : 1° Un corps
qui rend un son, sous l'influence d'un choc, continue à résonner
pendant un temps variable après la cessation du choc;
2 Un corps qui a été
chauffé ou porté à une température supérieure à la sienne ou à celle de
l'air ambiant, en l'approchant d'un foyer calorifique, conserve encore sa
chaleur pendant un temps variable, tout en
la perdant graduellement, après qu'il a été soustrait à l'influence du foyer de
chaleur; ainsi le sol chauffé durant le jour par les rayons du soleil
conserve une partie de cette chaleur, qui
rayonne ensuite après son coucher ;
3 Une barre d'acier
que l'on a aimantée au moyen d'un aimant artificiel ou naturel
conserve, pendant un temps variable les propriétés de l'aimant, après qu'elle a été
soustraite à l'influence de l'aimant;
4 Une substance ou
un corps soumis a l'influence d'une source ou d'une cause d'électricité peut
conserver des propriétés electriques plus ou moins longtemps après avoir été
soustrait a l'influence de cette source ou cause d'électricité ;
5° Un corps ou une
substance donnés, soumis pendant un temps suffisant à
l'influence des rayons lumineux du soleil, par exemple, peuvent conserver
pendant un temps variable des propriétés lumineuses, appreciables surtout
dans l'obscurité, après qu'ils ont été soustraits a l'influence de
celte source lumineuse (Voy. Revuescientifique, n 22, 28 mai 1881, 3 série, 1 année, t. XXVII, p. 699, a l'article Variétés, intitulé la
Lumière solaire latente)',
6 Dans le domaine de
la sensibilité, que voyons-nous ? la paume de la main ayant reçu l'impression
d'un corps dur conserve encore pendant un temps variable la sensation de ce corps après qu'il a été
éloigné (mémoire organique) ;
7 De même une
impression sur la rétine persiste quelque temps après l'éloignement ou la suppression de la
cause qui la détermine;
8 De même encore, et sans trop forcer les
analogies, tel sujet à qui on a dû supprimer par l'amputation un
pied ou une main, continue pendant un temps
variable à sentir son pied ou sa main supprimés, et peut encore y
éprouver des douleurs ou des démangeaisons.
D'autre part le rayonnement neurique dont
il est ici question parait avoir son analogue, non seulement dans le
rayonnement, calorifique et lumineux, mais
encore dans le rayonnement du magnétisme terrestre admis dans ces derniers
temps par M. Martin Ziegler (de
Genève). (Voy. communication de Carl Vogt, nu Congrès d'Alger, au nom de M. Martin Ziegler,
in Gazelle hebdomadaire de Paris, 52° année, 6* série, t.
III, n° 20, 14 mai 1881, p. 189.)
Plus tard nous
auronsàconstater une nouvelle cause d'analogie entre la neuricité et l'électricité,
lorsqu'il sera question de t'influence a
distance des courants neuriques (neurodynamique).
J'aurai
enfin une dernière remarque à faire, quant à présent.
On ne saurait se dissimuler combien est
frappante l'analogie sinon l'identité qui
existe entre ta force neurique et le magnétisme animal;
c'est ce qui
ressortira surtout de l'étude des effets physiologiques de la neuricite
rayonnante et circulante.
Lorsque je crus
avoir le premier découvert que les rayons neuriques émanés des yeux, des doigts et des
poumons par le souffle, se propageaient en ligne droite dans l'air ambiant, se
réfléchissaient sur les glaces et se concentraient audelà d'une lentille, le Dr
Planai, qui s'est occupé sérieusement des questions afférentes au même sujet, me fit remarquer que
déjà Mesmer avait émis à peu près les mêmes
propositions, au sujet du magnétisme animal.
Voici textuellement
ce que je lis parmi les vingt-sept propositions ou aphorismes contenus dans le
mémoire de Mesmer sur la Découverte du magnétisme animal, publié en 1779 :
« Elle (l'action du
magnétisme animal) est augmentée et réfléchie par les glaces comme la lumière.
«Cette vertu
magnétique peut être accumulée, concentrée, transportée, »
Il n'y est pas question, il est vrai, de
lentille, ni surtout de prisme. Mais ce qu'il
y est dit de la réflexion de l'action du magnétisme animal sur
les glaces nous a paru digne de remarque, et nous nous sommes fait un devoir de
le rappeler malgré tout le mal qui a été dit de Mesmer et dont un siècle
de distance n'a pas encore effacé peut-être les conséquences.
J'ai noté aussi d'autres propositions dans
le mémoire de Mesmer qui m'ont paru tout
aussi remarquables, mais je ne crois pas qu'il y ail lieu de les
reproduira dans ce travail dont les bornes prévues ont été dépassées malgré moi.
Enfin, pour dire toute notre pensée sur la
nature intime de la force neurique, nous croyons qu'il n'y a aucune témérité
à conclure de ce premier exposé de nos recherches que la force neurique
ou la neuricité, de même que la chaleur, la lumière, l'électricité ou le magnétisme proprement dit, n'est qu'un
mode particulier de mouvement, une
des formes de la force qui régit l'univers; que, comme toutes les
autres formes particulières de la force, elle agit par l'intermédiaire
de cette manière subtile qui est partout répandueet pénètre tous les corps, et que les
physiciens appellent èther;
Nous ajouterons'encore que, par la force
de la logique basée sur les données de lu
physique moderne, on est conduit & admettre que, par suite d'une
modification particulière de ses ondulations et aussi d'une modification du
substrantum dans lequel elle se développe et agit, cette force neurique
peut dériver d'une autre force particulière
ou mode de mouvement et se transformer de même en une autre de ces
variétés de force ou de mouvement. La loi de la transformation des
forces lui serait donc applicable.
En tout ceci nous faisons des réserves
expresses pour tout ce qui touche à l'interprétation de la nature de
cette activité propre du système
nerveux qui se révèle par la conscience, ou soit par la notion
du moi, et il nous répugnerait que l'on pût tirer de ces
considérations des conclusions qui ne rentreraient plus dans le cadre de celles qui seules, tout au moins pour le
moment, peuvent scientifiquement se déduire de nos recherches.
RÉSUMÉ
I.Il existe chez l'homme, et très
probablement chez les ani maux, une force particulière, qui
n'est peut-être que la force ner veuse elle-même et que j'appellerai force neurique ou neuricitê.
Celle force aurait donc son siège et son lieu de développement ou
de production dans le système nerveux.
II.Elle y existerait sous deux états : 1 a l'état
statique, au fur et a mesure de sa production ou de son
renouvellement; 2 à l'état dynamique, comprenant une circulation intérieure probablement
le long des fibres nerveuses et un rayonnement ou expansion au
dehors.
III.C'est de la
force neurique a l'état rayonnant ou d'expansion nu dehors qu'il a été question dans
celle première partie de notre travail.
IV. La force neurique rayonnante
émane de trais sources diffé rentes : les yeux, les
extrémités des doigts, et les poumons par le
souffle, les lèvres étant rapprochées.
V.Nous distinguons
trois sortes do rayons ou faisceaux rayonnants neuriques : les oculaires, les digitaux et les
pneumiques.
VI.Ces rayons ou faisceauxrayonnants ont des
propriétés phy
siques propres ou intrinsèques et des propriétés extrinsèques qui peuvent s'exercer sur
les objets extérieurs inanimés et animés.
Nous appelons propriétés physiologiques celles qui s'exercent sur
les objets animés.
VII. La force neurique rayonnante, considérée
dans ses pro
priétés physiques intrinsèques et dans son action sur les objets inanimés, ou propriétés physiques
extrinsèques, a fait l'objet de la première partie du premier
livre de cet ouvrage ; la force neurique dynamique a l'état de circulation ou sous forme de courants et a
l'état rayonnant dans son action sur les êtres animés, nous occu
pera dans la deuxième partie. Pour ce qui regarde l'élude de ta
force neurique à l'état statique, nous renvoyons à ce qui est dit
dans les ouvrages de physiologie au sujet de l'activité propre des
éléments nerveux ou neurilité, si toutefois il est permis d'établir
un rapprochement étroit entre la neurilité et la force neurique.
VIII. Les
rayons neuriques oculaires, digitaux ou pneumiques
se propagent en ligne droite dans l'air ambiant.
IX.
Ils se
réfléchissent sur une surface plane ou courbe, en faisant un angle de
réflexion égal à l'angle d'incidence, comme les rayons lumineux et
calorifiques.
X.
Ils se réfractent de même
à travers les lentilles et se dispersent au delà des prismes,
comme les rayons lumineux et calorifiques. Il existe donc un spectre
neurique.
XI. Ils peuvent traverser dus corps et
des substances diverses
inanimés, souvent d'une grande épaisseur.
XII. Certaines couleurs laissent passer les
rayons neuriques, d'autres
les interceptent. Il en est de même de certaines substances ou de certains corps.
Il existe donc des couleurs et des corps dianenriques et des couleurs et
des corps anem-iques.
XII!. Parmi les
couleurs, des feuilles de papier rouge, vert, noir, blanc et bleu laissent passer les rayons
neuriques digitaux et oculaires lorsqu'on les présente par leurs faces. Les
feuilles rouges et vertes sont celles qui les laissent passer avec le plus
d'intensité. Les feuilles jaunes et les feuilles violet clair les interceptent
complètement. L'orangé, l'orangé jaune, le bleu outremer, le bleu clair
et le violet bleu les laissent passer très faiblement.
En d'autres termes,
le rouge, couleur primaire, laisse passer les rayons neuriques avec une grande intensité et il
en est de même de sa couleur complémentaire le vert, couleur binaire.
Le jaune, couleur
primaire, intercepte complètement le passage des rayons neuriques digitaux et oculaires
; il en est de même de sa couleur complémentaire le violet, couleur
binaire.
XIV.Les rayons neuriques pneumiques ne
traversent aucune desfeuilles
de couleur présentées par leurs faces.
XV. Les différentes
feuilles de couleur ont un pouvoir absorbant etèmissif par leurs angles, qui est en rapport avec
leur pouvoir dianeurique, avec cette
particularitéque les feuilles qui sont ancuriques ont un pouvoir
émissif réel mais extrêmement faible.
XVI. Le pouvoir absorbant et émissif ou
conducteur, eu égard
aux divers rayons neuriques, est commun à d'autres corps, tels
que les divers métaux, le bois, etc., mais a des des degrés va
riables.
XVII. Une feuille de papier jaune qui est
aneurique devient
dianeurique après avoir été trempée dans une solution de sulfate
de quinine, puis bien scellée. De même la propriété dianeurique
d'une feuille de papier vert se trouve exaltée lorsqu'elle a été trempée préalablement dans une solution de
sulfate de quinine et bien séchée ensuite.
XVIII. L'extrait d'opium disposé en rondelle intercepte
par ses faces le passage des rayons neuriques.
XIX. L'eau a un
pouvoir d'absorption ou d'emmagasinage con sidérable, mais elle est complètement aneurique. Elle ne se
laisse
traverser par aucun rayon neurique..
XX.Le corps d'une
personne dénuée du pouvoir neurique rayonnant
est bon conducteur de la forée neurique, mais ne se laisse pas traverser par
les rayons neuriques.
XXI. Les corps ou
substances diverses influencés par la force neurique, imprégnés en quelque sorte de cette
force, ne peuvent agir a leur tour qu'en restant en communication avec le sujet
d'où émanent ces rayons neuriques,
soit directement, soit par l'intermédiaire des rayons neuriques
dirigés sur eux.
XXII. Le souffle
projeté en rapprochant les lèvres l'une de l'autre a des propriétés
neuriques réelles, ainsi que le prouve son action à travers un mur, une lentille, un
prisme, et, par réflexion, sur une surface plane.
XXIII.L'intensitédelà neuricité rayonnante restant la
même chez un mémo sujet doué du pouvoir de l'emettre, ses effets peuvent
varier de degré suivant le degré même d'impressionnabilitè du
sujet récepteur ou réactif.
XXIV. L'impressionnabilite
particulière du sujet récepteur restant la même, l'intensité des effets
ressentis par celui-ci peut varier avec l'intensité de la force neurique qui émane de
lui.
XXV.
La
puissance neurique rayonnante de plusieurs sujets pourrait être réunie et utilisée pour obtenir des effets plus
sûrs et plus intenses qu'avec celle d'une seule personne. Il y
aurait donc lieu de former des sortes de
batteries neuriques d'un effet plus ou moins puissant, suivant le nombre des
éléments.
XXVI. La distance à laquelle on
peut agir varie de quelques
centimètres à plusieurs mètres.
XXVII. La vitesse du parcours des
rayons neuriques dans l'air est a peine appréciable a 1 ou 2 mètres. Le
long d'une mince ficelle de chanvre, elle nousa paru être d'un mètre par seconde.
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