Le magnétisme animal

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CHAPITRE III

EFFETS  PRODUITS PAR  LA NEURISATION

DIVISION DU SUJET

Les effets produits par la neurisation du corps humain sont de deux ordres : 1° d'ordre physiologique; 3° d'ordre thérapeutique, liais comme ces deux ordres d'effets se confondent généralement, nous ne les étudierons pas toujours séparément.

Les modifications fonctionnelles qui caractérisent ces effets portent : 1° sur la sensibilité générale des téguments cutanés et muqueux accessibles; 2° sur la sensibilité spéciale, ou soit sur les organes des sens;3° sur la motilité;4°sur les fonctions céré­brales ou psychiques.

Ces modifications peuvent s'obtenir dans deux états différents du sujet neurisable : 1° a l'état de veille tantôt sans anesthésie ou hyperesthésie préalables provoquées d'un point ou d'une région choisis du corps, et tantôt avec anesthésie ou hyperesthésie préa­lables provoquées ou spontanées d'un point ou d'une région choisis du corps; 2 à l'état de sommeil, survenu spontanément ou provoqué par la neurisation.


I. - EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION

DANS L'ÉTAT DE VEILLE

SANS ANESTHESIE OU HYPERESTHÉSIE PRÉALABLES

PROVOQUEES CHEZ LE SUJET

Comme la neurisation se pratique tantôt par l'emploi de la force neurique rayonnante, à distance, on par contact et avec ou sans intermédiaire, tantôt par l'emploi de la force neurique circulante avec ou sans intermédiaire il nous faut distinguer nettement ces deux cas.

A. - NEURISATION A DISTANCE

OU SANS CONTACT

1  NEURISATION A DISTANCE PAR L'EMPLOI

DE LA FORCE NEURIQUE RAYONNANTE

SANS LE SECOURS D'AGENTS INTERMEDIARES

EMPLOI DES DOIGTS

neurisation   DIGITALE   A   DISTANCE 1.  RADIATIONS DIGITALES FIXES

Les radiations digitales fixes ou à l'état fixe, dans l'état de veille sans anesthésie ou hyperesthésie préalables spontanées ou pro­voquées du sujet, peuvent produire l'anesthêsie(avec analgésie) et l'hyperesthésie des téguments, l'anesthésie et l'hyperesthésie des organes des sens, la contraction, la contracture ou tétanisa-lion d'un ou de plusieurs muscles, d'une ou de plusieurs régions musculaires; elles peuvent aussi provoquer le sommeil

Mais avant d'aborder l'élude des effets produits par la neurisation il convient d'avoir présentes à l'esprit les principales notions d'anatomie et de physiologie qui se rapportent à la sensibilité générale et spéciale.


DE LA SENSIBILITE EN GÉNÉRAL ET DE LA SENSIBILITE GENERALE ET SPECIALE

La sensibilité envisagée dans sa signification ta plus large est la propriété des corps vivants qui les met en rapport d'une part avec le monde extérieur et d'autre part avec eux-mêmes c'est-à-dire avec leur milieu intérieur.

Elle peut par conséquent se diviser en sensibilité externe et en sensibilité interne.

Placée entre le monde extérieur et notre milieu intérieur, la sensibilité est donc notre gardienne. Mais il faut reconnaître que si elle nous renseigne d'une manière assez exacte et en tous cas suffisante, dans son état d'intégrité, sur le monde extérieur, elle ne nous fournit que des notions vagues sur notre milieu intérieur.

La sensibilité externe a sur la sensibilité interne de très grands avantages par lesquels elle est la source de toutes nos connais-naissances et qui par conséquent mérite une sérieuse attention.

Ces avantages lui sont donnés par l'adjonction d'organes des sens destinés à nous renseigner sur les propriétés spéciales des corps ou mieux sur les diverses modes d'activité dont ils peuvent étre le siège ou la raison.

Dans la sensibilité externe nous distinguerons, avec les ailleurs, une sensibilité générale et une sensibilité spéciale.

SENSIBILITÉ  GENERALE

La sensibilité générale se borne à nous avertir de l'existence d'un monde extérieur, et au point de vue de la pure physique à nous faire connaître l'existence delà matière qui nous entoure. Mais il faut avouer que cette distinction est subtile, car il nous semble qu'on ne peut avoir conscience de l'existence de la matière qu'autant que celle-ci agit sur nous par ses propriétés.


SENSIBILITÉ SPÉCIALE

La sensibilité spéciale va plus loin, elle nous renseigne sur les divers modes d'activité ou propriétés essentielles ou communi­quées de la matière, selon que l'on admet une force où dés forces activant la matière ou se confondant avec elle.

DE  LA  MATIÈRE EN  GÉNÉRAL

Mais qu'est-ce que la matière? et que sont ses propriétés? Grave question qui de tous temps n'a cessé d'occuper les esprits les plus sérieux, les philosophes et les savants.

Qu'il nous suffise de dire qu'il est généralement admis que la matière existe partout et que les espaces considérés comme vides ne le sont qu'en apparence parce que la matière y est plus ténue, et dilatée en quelque sorte. Aujourd'hui il serait puéril de consi­dérer la matière simplement comme une substance plus ou moins dure et plus ou moins opaque pouvant impressionner brutalement et visiblement nos sens. Elle peut, a l'opposé, être extrêmement ténue, transparente, invisible et intangible.

Mais quels que soient le mode et le degré de condensation de la matière, nous devons reconnaître qu'elle ne se borne pas à exister mais que surtout elle agit.

Activité de la matière.  L'activité de la matière est sa carac­téristique selon les uns, et pour d'autres elle ne lui est communi­quée que par des forces.

En tous cas si la matière était inerte elle ne pourrait pas se révéler à nos sens et ceux-ci n'auraient pas d'ailleurs leur raison d'être. Ce serait alors la mort partout, la mort générale.

Quoi qu'il en soit de toutes les hypothèses les mieux établies disons que la matière est essentiellement active, qu'elle se meut.

Ce mouvement a lieu ou en masse, par déplacement, ou bien dans ses parties indivisibles, et sur place.


Déplacement en masse.  Le déplacement en masse peut avoir lieu de deux manières, c'est-à-dire tantôt dans une même direc­tion, tantôt dans deux directions alternativement opposées. Dans le premier cas nous avons le mouvement de translation et de rotation, ce qui arrive pour les planètes qui se meuvent dans t'es­pace, et qui consiste dans la pénétration d'une portion de la matière plus ténue par une portion de la matière plus dense. Dans le second cas il s'agit d'un mouvement par vibration. Exemple : la vibration d'une corde, d'un diapason, ete.

Le mouvement de translation est sous la dépendance de l'attrac­tion universelle, propriété générale de la matière. La pesanteur, la cohésion sont des exemples de cette force universelle.

Le mouvement de vibration est lui-même sous la dépendance de la cohésion. En effet, c'est en vertu de la cohésion que les élé­ments d'une corde qui exécutent des oscillations régulières per­ceptibles autour de leur position d'équilibre, tendent a reprendre leur position première.

Mouvements intimes de la matière.  Quant à ce genre de mouvements que l'on est généralement convenu de désigner sous le nom de mouvements intimes de la matière, ce seraient des mouvements des parties indivisibles ou atomes de celle-ci, se transmettant de proche en proche par voie de continuité sans que la masse qui en est le siège subisse par cela même et forcément un déplacement dans sa totalité. Nous aurions ainsi les mouve­ments ondulatoires qu'il faudrait placer à côté des mouvements vibratoires et de translation. Mais je n'ignore pas que cette théorie est sérieusement et sévèrement attaquée depuis quelque temps, et que l'on semble revenir à la conception d'une force ou de forces indépendantes de la matière.

Nous n'avons pas qualité pour trancher la question et nous dirons que tous les mouvements connus de la matière, ou, si l'on préfère, tous les modes d'activité qui ont pour siège la matière constituent des forces.

Forces.  L'action de l'attraction universelle se manifeste à l'état de force dans le fait de la translation des planètes, dans la chute des corps ou pesanteur, dans la cohésion qui unit les molé­cules entre elles, dans les vibrations sonores.

D'autre part, tes mouvements intimes de la matière ou les modifications intimes dont elle est le siège se traduisent en forces sous forme de chaleur, de lumière, d'électricité et de magnétisme, d'odeur et de saveur.

Diverses formes de la force.  Les diverses formes de la force prise danssonsensleplusgénéraletactuellement connuessontdonc:

1La pesanteur et la cohésion; 2°le sou; 3 la chaleur; 4la lumière ; 5 l'électricité; 6 les saveurs; 7 les odeurs (1).

En rappelant les données de la physique qui précèdent, notre

1. De la nature probable des odeurs, par M J. Leclerc, professeur do physique an lycée de Rice (Voy. Annales de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, t. III, 1875, p. 205). M. Leclerc dit que la théorie d'après laquelle les odeurs sont dues à des émanations gazeuses ou vaporeuses qui sortent de certains corps dits odorants est inadmissible, et qu'il faut substituer à cette théorie ancienne et généralement adoptée celle d'après laquelle les odeurs sont dues a un mouvement vibratoires analogue à ceux qui produisent le son, la chaleur ou la lumière.

Arguments :

1* Beaucoup de corps sont odorants sans être volatils.

Il combat l'exemple de l'odeur du mute donné comme preuve de la grande divisibilité de la matière, parce que le grain de muse qui peut embaumer pendant plu­sieurs années un appartement no perd rien ou presque rien de sou poids.

Le cuivre et le soufre qui no sont pas odorants le deviennent s'ils sont frottés.  Le frottement no ferait qu'exciter les vibrations odorantes de ces corps de même qu'il peut exciter leurs vibrations calorifiques.

L'acide arsenieux jeté sur un charbon ardent produit une épaisse fumée grise et donne lieu a une odeur d'ail ;  jeté sur une brique rougie ilproduit la mémo futaie mais ne donne lieu a aucune odeur.

L'odeur n'est point due ici au corps lui-même mais à une action chimique. Dans le premier cas le charbon enlevé l'oxygène a l'acide arsénieux et l'amené a l'état d'ar­senic. Cet arsenic volatilisé s'oxyde au contact de l'air et en redevenant ainsi acide arsénieux produit l'odeur d'ail. Dans le deuxième cas l'acide arsénieux est volatilise sans décomposition, il n'y a pas d'odeur.

2 Les insectes n'ont pas d'organe de l'adora!,  pourtant » l'odeur de la viande décomposée ou même de l'Arum macutatum les attire Ils doivent percevoir les vibrations odorantes par les antennes.

3 Dans trois de nos sens, l'ouïe, la vue, le toucher, l'agent qui détermine la sensibi­lité, c'est le mouvement.

Ne doit-il pas en être de mémo pour l'odorat et le goût?

« Unité dans les moyens, diversité dans les résultats, tel semble, dit-il, devoir dire dans un prochain avenir le couronnement des découvertes scientifiques. »

M. Leclerc a cherché a faire interférer les odeurs comme on fait interférer tes sons et la lumière, mais ses expériences quoique non absolument concluantes, dit-il, sont tres encourageantes. Il ne les publie pas encore et se réserve de répéter les essais.


préoccupation a été de montrer qu'il doit exister en nous autant de sens qu'il existe dans la nature de forces ou mieux de formes ou modalités de la force.

La preuve absolue de ce que nous avançons, en raison d'une logique aussi sévère que possible, est difficile a donner aujour­d'hui. Mais nous pensons que cette manière d'envisager la question est une voie ouverte à des observations ultérieures intéres­santes et plus conformes à une méthode rationnelle.

Si la pesanteur et la cohésion, le son, la chaleur, la lumière, l'odeur et la saveur ont actuellement leurs sens correspondants, il n'en est pas de même de l'électricité (1).

Sens de l'électricité. Existe-t-il?  Nous sommes  forcés d'admettre que la faculté de percevoir l'électricité n'est pas encore une nécessité de notre organisme. On admet généralement que la nécessité d'une fonction crée l'organe, de môme que l'inuti­lité d'une fonction annihile l'organe qui lui correspond. 11 est donc permis d'espérer que si réellement et même dans des cas exceptionnels l'organisme humain n'est armé actuellement d'aucun organe spécial pour percevoir l'électricité comme force particu­lière, un jour viendra où à cette force de l'univers répondra dans l'organisme un appareil convenable qui en assurera la perception. Devons-nous admettre d'autre part que les forces énumérées ci-dessus sont les seules qui existent dans l'univers ?Je ne le pense pas. Pourquoi, en effet, les forces seraient-elles bornées à celles que nous pouvons actuellement apprécier? Et pourquoi, si nous croyons à un perfectionnement de toutes choses, par évolution, rejeter cette possibilité? La stricte observation des faits ne saurait condamner tout travail d'induction de la part de l'esprit humain, car ce serait condamner tout progrès.

Nous avons fait plus haut des réserves concernant l'existence d'un sens pour l'électricité, et ces réserves ont plutôt porté sur le présent que sur l'avenir.

1. i. Ochorowicz, Essai sur le sens du toucher et le uns du magnétisme, in Revue scientifique, 1885,3 série, 4 année, 1 semestre, t. XXXIII, p. 553.


Sens de la pesanteur. Existe-t-il? Existe-i-il un sens de la pensateur? Nous le croyons. On a appelé ce sens sens musculaire; c'est un terme que l'on peut conserver.

Le sens de In cohésion se confond avec celui de la pesanteur, car la force qui préside à la pesanteur et a la cohésion est la même.

Le sens de la pesanteur s'exerce sur nous-mêmes et sur les objets extérieurs.

Il s'exerce sur nous-mêmes relativement aux parties que les muscles sont charges de soutenir et do mouvoir. C'est bien une sensation particulière que celle qui nous permet de nous rendre compte de l'attraction qu'exerce sur nous le centre do la terre.

Le sens de lu pesanteur s'exerce aussi sur les objets extérieurs soit a l'égard de leur poids soit à l'égard do la cohésion de leurs éléments. C'est en vertu d'une sensation particulière que nous nous rendons compte du poids plus ou moins grand d'un objet et de la cohésion plus ou moins grande de ses éléments, soit lorsque nous voulons soulever, soutenir ou déplacer cet objet, soit lorsque nous voulons le diviser ou le morceler en exerçant sur lui des tractions.

Les sens du toucher, de l'ouïe ou du son, de la vue ou de la lumière, de l'olfaction ou des odeurs, du goût ou des saveurs, et enfin le sens thermique ou du chaud et du froid étant admis par tout le monde, nous n'avons pas à tes mettre en discussion. Nous aurions peut-être quelques observations à faire au sujet du sens thermique au point de vue des derniers travaux qui nous le font mieux connaître. Nous nous bornerons à renvoyer le lecteurà ces travaux (1).

Le sens du loucher donne lieu encore à quelques discussions. Les uns en font un sens simple, d'autres en plus grand nombre en font un sens complexe sous le nom de tact ou sens tactile.

Le sens du toucher pourrait être considéré dans sa simplicité, en ce sens que par lui nous aurions conscience de la présence des objets extérieurs en contact avec nos téguments.

1. Voyez les travaux do Blix, Eulenburg, Rerzen, Goldscheider, Donaldson, analyses dans la Revue scientifique, année 1885, 3 série, 5 annee, 1 semestre, t. XXXV, p. 700,733 et 765.


Il ne deviendrait complexe que lorsqu'il ferait appel, pour une parfaite connaissance de ces objets, a d'autres sens tels que le sens musculaire ou de la pesanteur et de la cohésion, et le sens ther­mique.C'est alors surtout que le toucher deviendrait le tact. Mais cette distinction serait encore subtile puisque, semble-t-il, la matière ne peut se révéler à nous que par suite de son activité reçue ou propre.

Ainsi que nous venons de le voir, les sens sont multiples parce que multiples sont les forces qui existent dans la nature. S'il n'existait qu'une seule matière et qu'une seule force, un seul sens suffirait pour les faire reconnaître. Mais cette unité de la matière et de la force n'est qu'une conception de haute physique et n'est pas une réalité reconnue.

APPAHE1LS DES  SENS

Les organes des sens sont en réalité des appareils formés d'organes.

Dans tout appareil d'un sens déterminé nous trouvons trois organes principaux qui sont : 1 un organe périphérique de récep­tion;2 un organe central de perception; 3 un organe intermé­diaire de conduction.

3

Organe de réception.  L'organe de réception dans les appa­reils des sens se trouve à la périphérie des nerfs sensitifs, et est muni souvent d'autres organes dits de renforcement, tels que la rétine pour l'appareil optique, l'organe do Corti pour l'appareil auditif, les corpuscules de Meissner, de Krause, de Pacini pour l'appareil tactile.

Organe de perception.  L'organe de perception se trouve dans les centres nerveux dont la topographie n'est d'ailleurs pas encore faite complètement.

Organe de transmission.  L'organe de transmission est cons-


tilué par les nerfs de sensibilité générale et les nerfs de sensibilité spéciale.

SPÉCIFICITÉ DES  SENSATIONS

La spécificité des sensations est sous la dépendance des con­nexions des nerfs sensitifs avec les organes périphériques qui recueillent les impressions et avec les centres nerveux (centres ou

zones sensitives) qui les convertissent en perceptions.

CONDUCTILITÉ INDIFFÉRENTE DES NERFS SENSITFS

Quant aux nerfs sensitifs ils ne seraient que les conducteurs

indifférents de telle ou telle impression ainsi qu'il résulte des

recherches de MM. Valpian et Philipeaux (1) et de celles de Paul

Bert(2), contrairement à l'opinion de Claude Bernard3.

TOPOGRAPHIE DE L'INNERVATION CUTANÉE

La sensibilité générale extérieure étant la plus fréquemment et souvent la première intéressée par les divers procédés de neurisation, nous devons tout d'abord rappeler brièvement quels sont les nerfs qui y président, quelles sont les origines de ces nerfs et sur­tout quel est leur mode de distribution et de répartition à la sur­face du corps.

Nous ferons, en d'autres termes, la topographie de l'innervation cutanée, et nous nous inspirerons pour celte élude des renseignements si précis que contiennent nos ouvrages classiques d'anato­mie, notamment celui de Beaunis et Bouchard.

1. Vulpian, Leçons sur la physiologie générale et comparée du système ner­veux, l'aris, 1885. 2. P. Dort, Soc. de biologie, 1863 et1876. 3. Cl. Bernard, Rapport sur les progrès de la physiologie.


Ces auteurs ont orné leur Traité de figures très intéressantes sur lesquelles on petit facilement suivre tous les détails qui for­ment la base d'unetopographie de l'innervation cutanée (1).

Nous nous sommes également inspiré de ces figures en traçant les nôtres (Voy. fig, 3 et 5); mais il est facile de voir qu'elles ont subi quelques modifications importantes rendues nécessaires par nos propres recherches.

Nous apporterons, en effet, dans cette étude, des documents nouveaux acquis au moyen d'une méthode nouvelle.

NERFS RACHIDIENS OU SPINAUX POSTÉRIEURS ET TRIJUMEAU .

La sensibilité générale des téguments est sous la dépendance des nerfs rachidiens ou spinaux postérieurs, y compris le trijumeau.

I.   ORIGINE DES SERFS RACHIDIENS  POSTERIEURS

Ces nerfs naissent par deux ordres de racines, les racines anté­rieures ou motrices, et les racines postérieures ou sensitives, munies d'un ganglion*.

Il en résulte que les nerfs rachidiens postérieurs forment un cordon mixte, sensitif et moteur à la fois.

Les racines motrices ou antérieures s'insèrent dans le sillon collatéral antérieur, entre les cordons antérieurs et les cordons latéraux.

Les racines sensitives ou postérieures s'insèrent dans le sillon collatéral postérieur entre les cordons latéraux et les cordons postérieurs.

Origine des racines sensitives dans la moelle.  Si nous suivons les racines sensitives dans la moelle nous voyons qu'elles s'y divi

1. Nouveaux elements d'anatomie descriptive, par R. Beaunis et A. Bouchard» 1868, p. 920-921.

S. Les ganglions nerveux sont considérés comme des multiplicateurs et des réser­voirs do la force nerveuse (Longet, etc.).


sent en deux groupes : 1° un groupe externe dit fibres radiculaires externes; 2* un groupe interne dit fibres radiculaires internes.

Ces fibres radiculaires internes se dirigent vers les cornes anté­rieures de substance grise et peuvent être suivies jusqu'au groupe des cellules nerveuses motrices. (C'est la lésion des fibres radiculaires internes qui, d'après M. Charcot (1), serait la cause des dou­leurs fulgurantes de l'ataxice)

Les fibres radiculaires externes pénètrent dans la substance gélatineuse de Rolando, puis dans la substance grise, soit directe­ment, soit après un trajet ascendant et descendant.

Peut-étre ces deux ordres de fibres radiculaires correspondent-ils à deux grandes régions de distribution des nerfs sensitifs à la périphérie, régions qui seraient constituées d'une part par toute la section antérieure, et d'autre part par toute la section posté­rieure du corps (2) (Voy. fig. 2).

II.  ORIGINE DU NERF TRIJUMEAU

Le trijumeau (cinquième paire) a son origine apparente au bord externe de la protubérance. Comme les nerfs rachidiens, il naît par deux racines, l'une ganglionnaire (sensitive), l'autre non ganglionnaire (motrice).

La racine motrice provient du faisceau antéro-latéral de la
moelle (faisceau moteur).                         *

La racine sensitive peut être poursuivie jusqu'au bulbe où elle présente trois racines l'une de mouvement, l'autre de sensibilité générale et une de sensibilité spéciale. Celle-ci s'anastomose avec le nerf auditif.

L'élude de la localisation de certaines modifications de la sensi­bilité organique (anesthésie et hyperesthésie) et celle de certaines

1. Leçons sur les maladies du système nerveux, t. II, 2 édition, p. 29.

2. « La mosaïque que l'on trouve dans le système nerveux central doit nécessaire­ment correspondre à des expansions nerveuses périphériques. Il nous faut d'abord connaître et comprendre ta loi de ces expansions périphériques avant d'entreprendre avec quelque chance de succès la tâche infiniment difficile de pénétrer dans la texture du systeme nerveux central. » (Rosenthal, Traité clinique du système nerveux, trad. par le Dr A. Lubanski, p. 423.)


modifications do la sensibilité psychique (rire avec gaieté et pleurs avec tristesse), provoquées par certains procédés de neurisation, nous a montré, ainsi qu'on le verra plus tard, que le corps humain depuis le haut du crane jusqu'aux extrémités devait etre divisé en deux grandes sections : celle de la partie antérieure et cette de la partie postérieure séparées par une ligne fictive que nous appellerons cranio-podale (Voy. fig. 2).

Aucun anatomiste ni aucun physiologiste n'a encore proposé cette division. La suite de l'ouvrage nous montrera qu'elle a sa raison d'être parce qu'elle est basée sur le résultat d'expériences variées et nombreuses qui concordent toutes entre elles.

APERÇU GÉNÉRAL SUR LE TRAJET DE LA LIGNE DITE CRANIO-PODALE DIVISANT LA SURFACE Ut) CORPS EN DEUX SECTIONS, L'UNE  ANTERIEURE, L'AUTRE  POSTÉRIEURE.

La ligne de séparation de ces deux sections antérieure et posté­rieure du corps désignée sous le nom de ligne cranio-podale est la suivante :

Au niveau de la tète, du cou, du tronc et des membres inférieurs.

Elle pari,sur chaque coté du corps, du sommet de la tête, tombe perpendiculairement sur la ligne zygomatique, un peu en avant du pavillon de l'oreille (Voy. fig. 2, 3 et 4).

Ensuite elle se porte en arrière, traverse le bord supérieur du pavillon de l'oreille à l'union de son sixième supérieur avec ses cinq sixièmes inférieurs, contourne plus en arrière la région de l'apophyse mastoide, descend le long de la face latérale du cou à l'union de ses deux tiers antérieurs avec son tiers postérieur, suit le bord supérieur de l'épaule, le contourne, puis se porte encore eu arrière poursuivre la face latérale du thorax et de l'abdomen, du tronc en un mot, à l'union de son tiers postérieur avec ses deux tiers antérieurs. Au niveau du bassin elle se porte un peu en avant et divise cette région et ensuite les membres inférieurs en deux




 


Fig. 2.  Division du corps en section antérieure et en section posterieure par la ligne craoi-podale bilaterale.


parties égales en suivant le milieu de leur face externe. La face plantaire des pieds appartient ainsi à la section postérieure et la face dorsale à la section antérieure du corps.

Au niveau des membres supérieure.

La position naturelle des bras pendants de chaque coté du corps est cette de la pronation. Nos recherches spéciales nous ont montré que c'est d'après celte position des bras qu'il faut diviser leurs téguments en deux parts, celle de la section ou face anté­rieure et celle de la section ou face postérieure.

La section ou face antérieure regarde en réalité un peu en dehors et nous la désignerons souvent par le nom de face antéro-externe; la face postérieure est en réalité une facepostéro-interne. Il en résulte que la face palmaire de la main fait partie de lu face postéro-interne et que sa face dite dorsale fait en réalité partie de la face antéro-externe du membre supérieur (Voy. fig. 2, 3, 4, 5, 6, 11 et 12).

La ligne de séparation de ces deux faces part de l'épaule, des­cend en arrière du bras à l'union de son tiers externe avec ses deux tiers internes, se dirige vers le coude, se porte un peu en dehors, suit le milieu du bord externe de la main, le long du carpe, du cinquième métacarpien et du petit doigt, contourne tous les doigts en suivant le milieu de leurs extrémités et de leurs faces latérales, remonte le long du milieu du bord interne du pouce, du premier métacarpien et du carpe. Elle atteint ainsi le bord interne de l'avant-bras qu'il suit le long; du bord interne du radius jusque vers son milieu, se dirige ensuite vers le milieu du pli du coude, et remonte jusqu'au bord antérieur de l'aisselle le long du bras a l'union de son tiers interne avec ses deux tiers externes (1).

Les deux parts en lesquelles cette ligne divise le corps humain ne sont pas égales, aussi avons-nous désigné la part antérieure sous le nom de face ou section antérieure et la part postérieure sous le nom de face ou section postérieure.

1. Sur les figures 3,4,5, 6, le bras droit est placé en pronation (vraie position) et le bras gauche en supination (fausse position).


 

distribution générale des nerfs rachidiens postérieurs

Les troncs de ces nerfs formés donc de la fusion des racines

antérieures (motrices) et postérieures (sensitives, munies d'un ganglion) se divisent eux-mêmes en deux branches, l'une anté­rieure et l'autre postérieure.

Les branches postérieures se distribuent aux muscles et aux téguments de la surface postérieure du tronc, à la peau du seg­ment postérieur de la téte et de la région fessiere. - Les branches antérieures se rendent aux muscles et aux légu­ments des parties latérales et antérieures du tronc, et des extré­mités supérieures et inférieures.

 

DISTRIBUTION GÉNÊRALE  DES BRANCHES  OU TRIJUMEAU

Le trijumeau distribue ses filets sensitifs a toute la tète excepté sa région postérieure, c'est-à-dire à toute la face, à la cavité orbi­taire et a l'œil, aux fosses nasales, à la muqueuse buccale, a la langue, au palais et aux dents, a la face externe du pavillon de l'oreille et au conduit auditif externe ; de plus à la muqueuse de la base de la langue, à une portion du pharynx, aux piliers du voile du palais, à la trompe d'Eustache et a la cavité du tympan.

NERFS DE  SENSIBILITE  DANS LA SECTION ANTÉRIEURE OU CORPS (Voy. fig. 2, 3, 4, 9 et 10).

1 A la tête, nous distinguerons les nerfs cutanés du crâne et de la face.

a. Au crâne nous ferons la distinction de trois régions, les régions frontale, oculaire et temporale.

Les téguments de la région frontale sont sensibilisés de dedans en dehors :  1° par les filets frontaux du nerf nasal externe ;


2° par les nerfs frontaux (nerfs frontal interne et frontal externe ou sus-orbitaire, branche de l'ophthalmique de Willis).

Fig. 3.  Topographie do l'innervation culanee de la face antérieure du corps (main on pronation à droite et on supination à gauche).

Les téguments de ta région oculaire comprennent la peau et la muqueuse des paupières, et la conjonctive oculaire.


La peau, la muqueuse des paupières supérieures et une partie

de la conjonctive oculaire sont sensibilisées de dedans en dehors

par des filets du frontal interne, le frontal externe (sus-orbitaire)

et par une branche palpébrale du nerf lacrymal (rameau de l'ophthalmique).

Lapeau, la maquese des paupieres  inferieuresetune partie

de la conjonctive oculaire sont sensibilisées par des filets nasaux.

du nasal externe, et les branches palpébrales du sous-orbitaire.

Les téguments de la région temporale sont sensibilisés d'avant

en arrière par des filets temporaux du nerf lacrymal, par des

rameaux de l'auriculo-temporal anastomosés avec les branches

temporales du facial. Quant aux rameaux directs do l'auriculo-

temporal, ils se répandent aux téguments de la moitié postérieure

du crâne immédiatement en arriére de la ligne de séparation de

la moitié ou section postérieure et de la moitié ou section antérieure de celle région.

b. A la face nous distinguerons la face proprement dite, les cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles, les régions mastoïdiennes, et un petit espace triangulaire situé de chaque côté derrière la branche montante de l'os maxillaire inférieur.

A la face sa distribuent: 1 les rameaux du nerf sous-orbitaire (branche du maxillaire supérieur); 2 les rameaux du nerf den­taire inférieur (branche du maxillaire inférieur); 3* des rameaux du nerf auriculo-temporal (branche du maxillaire inférieur).

Aux cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles se distri­buent des filets sensitifs qui proviennent : 1* de la branche auri­culaire ou ascendante moyenne du plexus cervical ; 2 de l'auriculo-temporal (branche du maxillaire inférieur) ; tous nerfs qui font précisément partie de la section antérieure du corps comme la face.

Les téguments delà région de l'apophyse mastoïde sont sensibi­lisés : 1 par des rameaux de la petite branche mastoïdienne; 2 par des rameaux de la branche auriculaire (ascendante moyenne), tous nerfs provenant du plexus cervical superficiel et appartenant a la section antérieure du corps comme la face.


Les téguments de l'espace triangulaire sont sensibilisés par des rameaux de la branche auriculaire (ascendante moyenne). 2° Au cou, les téguments des faces antérieure et latérales sont

Fig. 4.  Topographie do l'innervation culanee de la section ou face antérieure de la tôle, du tronc et des membres supérieurs avec l'indication des domaines des nerfs ascendants et descendants et de la zone neutre raciale.

sensibilisés par les branches antérieure et descendantes du plexus cervical.

3 Au thorax, les faces antérieure et latérales reçoivent les rami­fications cutanées des nerfs intercostaux qui sont les branches antérieures des nerfs rachidiens dorsaux.


4 A l'abdomen, les téguments do la face antérieure reçoivent les branches antérieures des nerfs lombaires.

5' Aux membres supérieurs, il faut distinguer l'épaule, le bras, l'avant-bras et la main.

a.A l'épaule, la face antéro-externe reçoit les rameaux sensitifs
cutanés des branches descendantes du plexus cervical.

b.Au bras, les téguments de la face antéro-externe sont sensi­
bilisés par le nerf circonflexe.

c.A l'avant-bras, les téguments de laface antéro-externe reçoi­
vent leurs filets sensitifs extérieurement du nerf radial, et en
dedans du nerf musculo-cutané.

d.A lamain, la face antero-externe dite dorsale est sensibilisée
par le nerf radial en dedans et par le nerf cubital en dehors.

Aux membres inférieurs, nous distinguerons les nerfs de la cuisse, de la jambe et du pied.

a. A la misse, la section ou face antérieure reçoit ses filets sensitifs : 1 en dehors, du nerf fémoral cutané, branche collatérale du plexus lombaire; 2 sur le milieu, des branches perforantes supé­rieure et moyenne provenant du faisceau superficiel du nerf cru­ral; 3 en dedans, du nerf obturateur, branche du plexus lombaire.

h. A la jambe, la face on section antérieure reçoit ses filets sen­sitifs, en dedans : du nerf saphène interne, branche cutanée du faisceau profond du nerf crural; et en dehors : du nerf sciatique poplité externe qui est une des branches terminales du nerf sciatique.

c. Aupied, la face antérieure ou dorsale est sensibilisée par le nerf saphène externe.

NEUFS DIS SENSIBILITÉ DANS LA SECTION POSTÉRIEURE DU CORPS (Yoy. fig. 2,5,6, 9 et 10).

1 A la tête, font partie de la section postérieure du corps la moitié postérieure du crâne et le sixième supérieur du pavillon des oreilles.

a, Région cranienne postérieure.  La peau de cette région est


sensibilisée en arriére : par le premier nerf cervical, et surtout

Fig. 5.  Topographie de l'innervation culanee de la face postérieure du corps (Main en pronation à droite et en supination a gauche).

par le deuxième nerf cervical dit nerf sous-occipital; en dehors, par les rameaux de la branche mastoïdienne (occipito-auriculaire


de Chaussior) faisant partie des branches ascendantes du plexus cervical superficiel; sur les côtés, en avant, par les ramifications de l'auriculo-temporal. b. Pavillon de l'oreille.  D'une manière generale les nerfs

Fig. 6.  Topographie de l'inneration cutanée de la section ou face postérieure de la tête, du tronc et des membres supérieurs, avec l'indication des domaines des nerfs ascendants et descendants et de la zone neutre intermédiaire post-cervicale.

sensitifs du pavillon de l'oreille proviennent de la cinquième paire et du plexus cervical superficiel. Quant au sixième supérieur du pavillon il reçoit plus spécialement sa sensibilité : 1 en arrière, d'un filet provenant de la branche mastoïdienne on occipito-auriculaire de Chaussier qui est une branche ascendante du plexus


 

cervical superficiel; 2 en avant, de rameaux provenant du nerf auriculo-temporal branche du nerf maxillaire inférieur (triju­meau). Cette portion du pavillon de l'oreille est donc sensibilisée par des filets nerveux qui font partie de la section postérieure du corps.

2 Au cou, la section postérieure (tiers postérieur) est sensibi­lisée par les branches postérieures des nerfs cervicaux, par les branches postérieures du plexus cervical superficiel, par l'ascen­dante postérieure ou branche mastoïdienne qui forme précisément la limite en ce point entre la section antérieure et la section pos­térieure du corps; par la petite mastoïdienne et enfin par une petite branche à direction transverse et ascendante.

Au thorax, la section postérieure (tiers postérieur) reçoit ses rameaux cutanés des branches postérieures des nerfs dorsaux ou rachidiens.

A l'abdomen la face postérieure reçoit ses nerfs sensitifs des branches nerveuses abdomino-pelviennes.

Aux membres supérieurs nous distinguerons quatre parties : l'épaule, le bras, l'avant-bras et la main.

a. A l'épaule, la face supéro-postérieure reçoit les filets sensitifs des branches descendantes du plexus cervical.

h. Au bras, la face postéro-interne reçoit ses filets sensitifs du brachial cutané interne.

c.A l'avant-bras, la face postéro-interne reçoit ses nerfs sensi­
tifs du même nerf, le brachial cutané interne.

d.A la main, la face postéro-interne (face palmaire) est sensi­
bilisée par le nerf médian en dedans et le nerf cubital en dehors.

Aux membres inférieurs, nous ferons encore une distinction entre la cuisse, la jambe et le pied.

a. A la cuisse, la face ou section postérieure reçoit ses nerfs sen­sitifs de la branche fémoro-cutanée en dehors; du nerf obturateur en dedans, et du nerf fessier inférieur ou petit sciatique dans les autres points.  Le nerf fessier inférieur ou petit sciatique se trouve ainsi opposé aux branches perforantes qui proviennent, en avant, du faisceau superficiel du crural.


b.A la jambe, la face postérieure est sensibilisée en dehors par lenerf sciatique poplité externe, une des branches terminales du nerf sciatique, et en dedans par le nerf saphène interne, branche cutanée du faisceau profond du nerf crural.

c. Au pied, la face plantaire ou postérieure reçoit ses nerfs cutanes du rameau plantaire du nerf tibial postérieur, du nerf plantaire interne et du nerf plantaire externe.

DÉTAILS   ANATOMIQUES  RELATIFS AU TRAJET  DE LA   LIGNE CRANIO-PODALE

Après avoir découvert qu'il existait une grande ligne divisant le corps en deux parties ou sections antérieure et postérieure, après avoir noté quels étaient les nerfs qui donnaient la sensibilité aux téguments de chacune de ces sections, je voulus savoir si le tracé de cette ligne, motivé par certaines données de laneurisation, serait aussi justifié, au moins dans les parties essentielles de son trajet, par une certaine distinction apparente entre le champ de distribution des nerfs de la sensibilité de la section postérieure et celui des nerfs de la section antérieure du corps.

L'anatomie s'est trouvée d'accord avec les résultats de l'expéri­mentation physico et psycho-neurique(Voy. fig. 9).

Ainsi au crâne celle ligne passe tout d'abord, au vertex, entre le champ de distribution des nerfs frontaux en avant et le champ de distribution des nerfs occipitaux en arrière; sur les côtés entre le champ de distribution des filets directs du nerf auriculo-temporal et celui des branches temporales du facial qui reçoit des filets anastomotiques en arrière du même nerf auriculo-temporal et en avant du nerf lacrymal.

En réalité le nerf sensitif auriculo-temporal se distribue à la peau de toute la région temporale, soit directement en arrière, soi par voie d'anastomose avec le facial en avant. C'est précisétment parla ligne verticale suivant laquelle se fait celte anastomose que passe la ligne de division que nous décrivons.


En avant de la région faciale la ligne cranio-podale suit un trajet qui mérite toute notre attention.

Tout d'abord elle se détache à angle droit de sa portion crâ­nienne verticale au niveau de l'arcade zygomatique et un peu en avant du pavillon de l'oreille pour se porter vers celui-ci. Là elle coupe transversalement le tronc de l'auriculo-temporal au point où il se divise en rameaux temporaux et où il fournit un filet nerveux au sixième supérieur du pavillon de l'oreille.

Ensuite elle traverse la partie supérieure du pavillon de l'oreille à l'union de son sixième supérieur avec ses cinq sixièmes infé­rieurs. Nous avons dit que le sixième supérieur et les cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles recevaient des filets nerveux distincts quoique de même provenance originelle.

Puis elle contourne la limite supérieure et postérieure de l'apo­physe mastoide un peu en avant d'une branche nerveuse qu'elle suitparallèlement. Cette branche nerveuse est formée par la branche occipito-auriculaire, ou branche ascendante postérieure du plexus cervical superficiel ; elle fournit un rameau au sixième supérieur de l'oreille.

Arrivée à la limite inférieure du la région mastoïdienne, au point où finit en arrière la limite inférieure de la face, elle descend entre le tronc de l'ascendante postérieure (branche occipito-auri­culaire) en arrière et celui de l'ascendante moyenne du plexus cervical superficiel en avant.

Puis elle passe verticalement à travers le point d'émergence des branches du plexus cervical superficiel, au niveau de la zone neutre post-cervicale, pour se diriger vers la face postérieure de l'épaule en arrière de la branche la plus postérieure parmi les branches descendantes du plexus cervical superficiel.

Durant tout ce trajet cervical cette ligne laisse en arrière le champ de distribution cutané des nerfs cervicaux postérieurs.

De la face postérieure des épaules la ligne cranio-podale descend le long de la limite extérieure du champ de distribution des bran­ches postérieures des nerfs dorsaux et lombaires.

Aux membres supérieurs la ligne de séparation est assez nette-


ment indiquée, pourvu que ces membres soient en pronation, position que nous avons reconnue être la plus naturelle (Voy. fig.3,4,5,6).

Ainsi au bras et à l'avant-bras elle se trouve à la limite du champ de distribution du brachialcutané interne qui occupe toute la face postéro-interne de ces deux régions.

Le long du bord interne de la main elle sépare le champ de dis­tribution du nerf radial, qui occupe la moitié interne de la face dorsale de la main, du champ de distribution du nerf médian qui occupe la moitié interne de la face palmaire de cette portion du membre.

Le long du bord externe de la main elle marque la séparation entre le champ de distribution dorsal et celui de distribution palmaire de deux branches d'un môme nerf, le nerf cubital.

Aux membres inférieurs cette ligne suit un trajet assez bien indiqué anatomiquement a la cuisse et au pied, et moins nette­ment à la jambe.

TOPOGRAPHIE DE  L'INNERVATION  MUSCULAIRE

Gomme la neurisation ne produit pas seulement des modifica­tions dans la sensibilité des téguments mais encore des modifi­cations dans la motilité musculaire, il semble qu'il y aurait lieu d'établir une topographie des nerfs musculaires. Mais ce serait une tâche au moins superflue, parce que la plupart des nerfs cuta­nés sont on même temps musculaires et que, d'autre part, ainsi que nous le montrerons plus loin, les modifications de la motilité mus­culaire sont toujours consécutives à une modification dé la sensi­bilité cutanée. Ce qui semblerait prouver précisément que, tout au moins dans la majorité des cas, c'est par voie réflexe, après une action sur les nerfs de sensibilité cutanée que les nerfs moteurs entrent à leur tour en action pour faire contracter les muscles.


ACTION DES RADIATIONS DIGITALES  FIXES

SUR LA SENSIBILITÉ  GÉNÉRALE   DES  TEGUMENTS

ET   SUR   LA SENSIBILITÉ   SPÉCIALE

ANESTHESIE

Lorsque, avec un doigt et a plus forte raison avec plusieurs doigts, par exemple les cinq doigts réunis en faisceau, on vient a viser, a la distance de quelques centimètres à quelques décimètres et plus même, un point du corps, la sensibilité cutanée disparaît au point visé sur une étendue qui est égale à celle de la surface de section du doigt ou des doigts neurisateurs réunis.

L'anesthésie ou insensibilité tactile s'accompagne d'analgésie ou insensibilité a la douleur, et d'insensibilité a la température. L'analgésie peut etre telle qu'une aiguille transperçant la peau n'est pas sentie.

Celle anesthesie, qui peut être produite à des degrés divers sui­vant la durée de l'opération, persiste ensuite plus ou moins long­temps, mais nous n'avons pas de données suffisantes pour en éva­luer la durée moyenne. Elle existait encore dans un cas après cinq heures de temps écoulé et dans un autre cas après quinze heures.

TRANSFERT DE L'ANESTHESIE

Supposons que l'anesthésie ail été ainsi produite sur le milieu de la face dorsale de la main droite du sujet. Si après cette opération on vient à explorer l'étal de la sensibilité sur l'autre main, la main gauche, on trouve qu'elle y a aussi disparu précisément sur le milieu de sa face dorsale et sur une même étendue. En un mot la région homologue de la main gauche a perdu sa sensibilité. Il y a eu transfert de l'anesthésie (1).


Pendant ce temps l'anesthésie a persisté sur la face dorsale de la main droite primitivement visée.

Mais si alors on vient à viser le milieu de la face dorsale de la main gauche» puis de nouveau la région homologué de la main droite, et si ensuite on vient a explorer la sensibilité de ces deux régions on constatera facilement que la sensibilité y est complète­ment revenue (2). (Cette expérience a été faite le 15 septembre 1880, époque alaquelle le malade, étant beaucoup mieux, réagissait beaucoup moins bien.)

Reprenons cette expérience. La sensibilité est intacte, normale aux deux mains. Les cinq doigts de ma main réunis en faisceau sont dirigés à une petite distance vers un point choisi de la face dorsale de la main droite du sujet. En quelques secondes la région visée se trouve anesthésiée. Mais si au lieu d'éloigner mes doigts dès que cette anesthésie est produite je les maintiens un certain temps dans leur position, à l'anesthésie ne tarde pas & succéder de l'hyperesthésie. Si alors j'explore la sensibilité de l'autre main, je trouve non pas de l'hyperesthésie mais de l'anesthésie, comme dans la précédente expérience. Si alors je transporte mes doigts ou les rayons digitaux en regard de cette région anesthésie par transfert, a cette anesthésie produite par le transfert succède

1. La commission de la Societe de biologie, chargée do faire un rapport sur les decouvertes du D Burq concernant la métalloscopie, a constaté un phénomène qui avait
échappé a la sagacité du D Burq lui-méme. Ce phénomène auquel elle a donné le
nom de transfert consiste dans l'apparition de l'anesthésie sur une région ou sur un
organe symétrique de celui sur lequel l'anesthésie préexistante de nature hystérique
ou mémo causée par une lésion organique du cerveau, à disparu à la suite d'une
application métallique.                           ,

En d'autres termes c'est en apparence, le transport sur une moitié latérale du corps, de l'anesthésie qui existait sur l'autre moitié et qu'une application métallique en a en quelque sorte chassé.

D'autre part si l'application métallique au lieu d'être faite sur le coté insensible est laite sur le coté sensible il se produit une anesthésie locale, limitée au point d'application, et coincidemment l'apparition de la sensibilité dans le point symétrique du cote où siège l'hémianesthésie.

Dans le premier cas le transfert ou transport s'est fait du point d'application au point symétrique. Dans le second cas il s'est fait en sens inverse, c'est-à-dire du point symétrique au point d'application, par une sorte d'appel.

1. J'ai pu par les mêmes radiations digitales alternes opérer le transfert de l'anes­thésie et déterminer le retour de la sensibilité sur les deux tempes.


l'hypcresthésie et en môme temps l'hyperesthésie de la main droite primitivement visée est remplacée par de l'anesthésie. Si ensuite je vise de nouveau cette dernière région (le dos de la main droite la sensibilité redevient normale sur l'une et l'autre main.

Si les radiations digitales ont lieu en regard d'une région très musculeuse, l'hyperesthésie s'accompagne ordinairement de con­tracture musculaire, à moins que ces radiations ne soient de très courte durée.

Mais alors méme que cette contracture se produit on peut la résoudre en malaxant la région, sans faire disparaître l'anesthésie cutanée.

L'hyperesthésie, telle que nous l'avons provoquée dans celte expérience, se traduit par de ta douleur perçue et accusée par le sujet, mais l'anesthésie persiste pour nous, c'est-à-dire qu'en explorant la région siège de douleurs, nous ne découvrons que de l'insensibilité. Nous verrons plus loin que ce genre d'hyperesthésie subjective diffère d'une autre hyperesthésie à la fois subjective et objective.

DIFFUSION DE L'ANESTHÉSlE

Si la légion visée par les rayons digitaux est le siège d'un ou plusieurs nerfs importants, l'anesthésie, après s'être produite sur la partie visée, peut se propager plus loin par diffusion.

Si par exemple je dirige les doigts de ma main vers le creux sus-claviculaire du sujet au niveau du plexus brachial et près de la colonne vertébrale, la peau de la région visée devient insensible, puis l'anesthésie gagne rapidement tout le bras, qui en même temps devient immobile par raideur musculaire et peut garder toutes les positions dans lesquelles on le place et que comporte le mouvement de ses articulations (catalepsie).

En même temps, et parce que selon toute probabilité il y a diffusion dans l'autre sens jusqu'à la moelle, toute la moitié cor­respondante du corps se trouve anesthésiee (hémianesthésie).


Il arrive parfois dans ces cas que l'anesthésie, s'étendant plus loin et gagnant ainsi le cerveau, le sujet s'endort (1).

HYPERESTHESIE

Nous avons dit plus haut que les radiations digitales prolongées Taisaient succéder l'hyperesthésie à l'anesthésie. Cette hyperes­thésie s'accuse par une douleur plus ou moins accusée, sous l'in­fluence de laquelle le sujet relire vivement la partie du corps qui en est affectée, la main par exemple, si c'est la main que les rayons digitaux ont viséc. C'est une hyperesthésie subjective et elle persiste plue ou moins longtemps après l'opération qui la fait naître.

Fréquemment, durant cette expérience, je priais la malade de fermer les yeux ou de détourner la tête, et alors elle pouvait compter le nombre de doigts que j'employais, d'après le nombre de piqûres qu'elle ressentait.

ACTION SUR LES MUQUEUSES

La muqueuse des lèvres, de l'intérieur de la bouche, la muqueuse ocuto-palpébrale ou conjonctive peuvent perdre leur sensibilité, par l'action a distance des rayons digitaux fixes.

La sensibilité tactile du bout de la langue notamment peut être abolie.

On peut aussi anesthesier la muqueuse de l'entrée des narines de telle manière que le sujet n'a pas conscience de l'entrée ou de la sortie de l'air, sans que pour cela on ait porté atteinte au sens de l'odorat.

1. La commission de ta Société do biologie, chargée do faire un rapport sur les phé­nomènes métalloscopiques signales par M. leD Burq, a constaté que l'application faite sur une hystérique autrefois sensible aun métal mais dont la sensibilité était actuelle­ment normale, produisait l'anesthésie autour du métal, qu'ensuite cette anesthésie s'etendait progressivement jusqu'à se généraliser et qu'enfin il pouvait y avoir des effets d'hypnotisme.


On peut anesthésier isolément les paupières et la muqueuse       | conjonctivale. 

 

ACTION  DES RADIATIONS DIGITALES  A L'ÉTAT FIXE

SUR LA SENSIBILITE SPÉCIALE

SENS DU TOUCHER

En traitant de l'anesthésie en général, nous avons vu comment l'abolition du sensdu toucher accompagnait celle de la sensibilité à la douleur et a la température sur les téguments.

SENS DE LA VUE

L'appareil qui préside au sens de la vue est un appareil complexe dans lequel, comme pour tous les appareils des sens spé­ciaux il faut distinguer la sensibilité générale au toucher, A la douleur et à la température, et la sensibilité qui, précisément, caractérise l'appareil.

Dans l'appareil de la vision, nous l'avons vu plus haut, l'anesthésie a pu porter sur la peau et la muqueuse des paupières, et la muqueuse oculaire proprement dite. Mais elle peut porter aussi sur la vision elle-même en l'abolissant. Dans ce cas, c'est le nerf optique, nerf de sensibilité spéciale, qui se trouve directement intéressé.

Cet effet, je veux dire l'abolition du sens de la vue, peut être obtenu soit avec un seul doigt, soit mieux encore avec plusieurs doigts, par exemple les cinq doigts d'une main réunis en faisceau et placés à une petite distance de la cornée et la visant.

Avec un seul doigt l'expérience est plus commode et l'anesthesie peut mieux se circonscrire au nerf optique et à la rétine & travers la pupille. Voici ce qui se passe alors : le globe oculaire devient insensible,


la pupille dilatée et l'iris immobile ensuite. En mémo temps la vue se trouble de plus en plus jusqu'à la cécité complète.

Puis, si on persiste a viser ainsi l'œil, le sujet y accuse une douleur plus ou moins vive. Il se passe ici ce que nous avons con­staté au sujet des téguments : à l'anesthésie succède l'hyperesthésie

DIFFUSION DE L'ANESTHSSlE RETIENNE

Diffusion à l'oreille correspondante et aux centres.  Habituel­lement, à la cécité de l'œil neurisé succède la surdité de l'oreille correspondante si les radiations digitales fixes se prolongent un peu, et le sommeil, plus ou moins profond, peut survenir à la suite si surtout la neurisation a intéressé les deux yeux et, par suite de la propagation de l'anesthésie, les deux oreilles.

Si l'opération est de très courte durée, la rétine seule est anesthésiéeet il n'y a pas de propagation à l'oreille correspondante.

SENS DE L'OUIE

Ce que nous avons dit de la vue peut s'appliquer à l'ouïe. Si, réunissant les doigts en forme de faisceau conique, on dirige leurs extrémités vers le conduit auditif de l'une des oreilles du sujet et qu'on les maintienne ainsi durant un très court espace de temps, l'ouïe peut être supprimée de ce côté sans que la vue soit sup­primée ou seulement diminuée du même côté.

DIFFUSION DE L'ANESTHESIE AUDITIVE

Diffusion à l'œil correspondant et aux centres.  Mais si l'opération dure quelques secondes de plus, l'œil correspondant perd la faculté de voir.

On peut obtenir ces effets soit en opérant simultanément, soit en opérant séparément sur l'une et l'autre oreille.


 

Lorsque l'ouïe et, par propagation de l'anesthésie auditive, la vue, sont supprimées des deux côtés, le sujet tombe dans un som­meil plus ou moins profond suivant la durée et l'intensité de la neurisation.

Un jour, ayant agi sur l'ouïe des deux côtés par des radiations digitales fixes de courte durée, Mlle C... déclara qu'elle n'entendait plus ni d'un côté ni de l'autre. Elle se plaignit d'avoir les oreilles bouchées. Je lui parlai, je la questionnai, elle ne répondit jamais. Comprenant enfin mon insistance, elle me dit qu'elle voyait remuer mes lèvres, mais qu'elle n'entendait rien. Plusieurs fois elle porta son doigt dans le conduit auditif comme pour le débou­cher. Lui ayant rendu l'ouïe par le procédé qui sera indiqué plus loin, je pus répéter ensuite plusieurs fois celte expérience.

RELATIONS PHYSIOLOGIQUES PATHOLOGIQUES  ET ANATOMIQUES ENTRE LES YEUX  ET LES  OREILLES

Nous avons vuqu'il existait une relation fonctionnelle étroite, directe et réciproque entre les yeux et les oreilles, c'est-à-dire entre chaque œil et chaque oreille correspondants.

Rappelons brièvement les faits. Le sujet, étant éveillé, si je dirige les doigts durant un temps très court vers l'un des yeux, il perd la vue de ce côté sans que l'ouïe soit atteinte ni d'un côté ni de l'autre. Mais si j'insiste, c'est-à-dire si je prolonge la durée des radiations digitales fixes, il perd aussi l'ouïe du môme côté.

Si j'agis sur les deux yeux l'effet est double et subit les memes variations suivant que les radiations digitales fixes sont de courte ou de longue durée. De plus, le sommeil peut se produire.

Les radiations digitales fixes peuvent être remplacées par les radiations digitales mobiles descendantes.

Si, au lieu d'agir d'abord sur l'œil, j'agis sur l'oreille, et si les radiations digitales fixes sont de courte durée, je ne fais que supprimer l'ouïe de ce côté, mais si je persiste la malade perd aussi la vue de ce même côté. Si j'agis sur les deux oreilles simultanément


le sujet perd l'ouie et la vue des deux côtés, et il peut s'endormir, La relation fonctionnelle ainsi établie réciproquement entre l'oeil et l'oreille correspondants trouve sa confirmation dans l'nnatomie, dans certains faits pathologiques ou physio-pathologiques, et dans certains faits physiologiques.

FAITS  PATHOLOGIQUES

 

Réaction de l'œil sur l'oreille.

1° Je connais une dame qui, jeune encore, dut subir l'opération de la cataracte. La vue n'a guère été améliorée par cette opération, et depuis elle est devenue sourde du même côté, l'œil opéré (le gauche) continuant a fonctionner tres imparfaitement.

Voici un autre fait.

2 Me trouvant à Milan dans les premiers jours de septembre 1880, à l'occasion du congres de laryngologie qui y eut lieu à cette époque, je fis la connaissance d'un jeune professeur de l'école suisse de Gènes, M. A. B... J'avais été frappé de ce que M. A. B... cherchait toujours & se placer a ma droite pendant que nous causions en nous promenant. Je m'aperçus bientôt que lorsqu'il était placé à ma gauche j'avais de la peine à me faire entendre de lui. A un certain moment il s'excusa de devoir se placer a ma droite, ajoutant qu'il n'entendait pas bien de l'oreille droite. Il me raconta alors que la surdité de l'oreille droite remontait à plusieurs années et qu'elle était survenue a la suite d'une blessure qu'il avait reçue à l'oeil ; il combattait sous les ordres de Garibaldi et il fut frappé d'une balle morte au rebord inférieur de l'orbite à droite. Je m'expliquai alors la signification ou la cause de la présence d'une dépression cicatricielle, en ce point, quej'avais précédemment remarquée sans y attacher une importance particu­lière. A là suite de celle blessure il perdit la vue du côté droit et en même temps l'ouïe du même côté.

3 Je me rappelai alors des faits analogues qui, un mois aupara-


vaut,, avaient été communiqués au congrès de Reims par notre excellent confrère et ami, le DrDransart (de Somain) (1).

Le travail du  DrDransart est basé sur l'observation de huit cas d'affections oculaires parmi lesquelles deux étaient d'origine trau­matique et six d'origine organique et dyscrasique. Ces affections intéressaient la cornée, l'iris, ou la conjonctive oculo-palpebrale, et dans toutes il y avait eu consécutivement surditédu même côté. Trois de ces malades ont été opérés (deux iridectomies dont une double, une opération de l'entropion). Chez eux l'opération, en améliorant la vue, avait amené une amélioration manifeste du côté de l'ouïe.

Sur les cinq autres non opérés et sur celui qui a été opéré de l'entropion, le Dr Dransart a remarque que toutes les fois que l'affection oculaire s'aggravait il se produisait en même temps une aggravation dans la surdité, et que toute amélioration de l'affection oculaire provoquait une diminution de la surdité.

Explication anatomique.  Voulant expliquer ces faits le Dr Dransart rappelle les relations anatomiques qui existent entre l'œil et l'oreille par l'intermédiaire du trijumeau qui fournit à l'œil d'une part et a l'oreille d'autre part par le ganglion otique. Mais M. François Franck, discutant cette communication, se demande si on est en droit d'attribuer au trijumeau les troubles observés par M. Dransart; il ne voit pas quelle peut être l'action du trijumeau sur l'appareil nerveux de l'audition; il croit plus prudent d'invoquer, sans préciser autrement, l'influence du système nerveux se manifestant surtout par une suspension fonctionnelle de l'appareil auditif.

Aujourd'hui on dirait avec M. Brown-Sequard qu'il y a eu inhi­bition de la fonction auditive.

1. Considérations cliniqeus et pathogéniques sur les rapports pathologiques entre l'oeil et l'oreille. Communication par le Dr Dransart au congrès de Reims dansla séance du 13 aout 1880 (Voy. p. 903 du volume).

Voy. aussi le Bulletin médical du Nord (1880) dans lequel la communication du Dr Dransart se trouve in extenso.


Réaction de l'oreille sur l'oeil.

Notons que dans ces cas cités par M. le Dr Dransart et dans les nôtres c'est l'œil qui est lé premier intéressé, l'oreille ne l'étant que postérieurement dans ses fondions spéciales.

Or il étaitintéressant de savoir si jamais la vue avait pu subir quelque trouble à lu suite d'une affection auditive. Le Dr Dransart, examinant lui-même cette question, cite tout d'abord Sichel qui en 1865 publia dans les Annales d'oculistique (t. LIII, p. 187) un travail intitulé: De la coexistence de la cécilé avec la surdité, et surtout avec la surdi-mutité. Il rappelle ensuite une communication que le Dr Coppez (de Bruxelles) fit en 1878 au congrès de Genève, se rap­portant à une série de faits dans lesquels l'affection oculaire avait son origine dans un traumatisme ou dans une affection de l'oreille.

Ainsi donc M. Coppez établissait en 1878 que l'oreille réagit sur l'œil et M. Dransart prouvait en 1880 que l'œil à son tour réagit sur l'oreille.

FAITS PHYSIOLOGIQUES

Réaction de l'oreille sur l'œil.

AUDITION COLOREE

A l'appuides faits de lésions del'oreilleconsidérées comme causes d'une altération de la vue du même côté, ainsi que de l'influence de la neuricité sur l'oeil par l'intermédiaire de l'oreille correspon­dante, nous pouvons citer les faits d'excitation de l'ouïe, physiolo­giques pour les uns,pathologiques pour les autres,qui chezcertaines personnes provoquent des sensations lumineuses et colorées.

Ce phénomène extrêmement curieux porte le nom d'audition colorée (hearing colour des Anglais).

Le Dr Pedrono a publié en 1882 un article pleint d'intérêt sur ce phénomène.

1. De l'audition coloree par le Dr Pedrono (Voy. Annales d'oculistique do Warlomont. Nov. et déc. 1882, 5 et 6 livres, t. LXXXVIII, 12 série, T. S., p. 224).


L'auteur définit l'audition colorée un fait dans lequel deux sens distincts sont mis simultanément en activité par une excitation portant seulement sur l'un d'eux.

Pour donner une définition plus directe et plus explicite on peut dire que l'audition colorée est l'audition d'un son accom­pagnée immédiatement. d'une sensation lumineuse et colorée.

Les premières observations sur ce phénomène ont été publiées par les Allemands qui ont créé d'ailleurs le nom d'audition colorée (Nussbaumer, 1873.; Bleuler et Lehman).

Le Dr Pedrono, qui a lui-môme étudié ce phénomène, dit que la première sensation perçue est une sensation lumineuse, que la sen­sation colorée, lorqu'elle se produit vient après et dépend de l'in­tensité du son ou du bruit.

En effet tout son et tout bruit produisent chez quelques sujets (disons-les privilégiés) une perception chromatique. Si c'est un son, son d'un instrument ou son de la voix humaine parlée ou chantée, il s'accompagne de la perception d'une couleur qui varie peut-être avec les notes mais sûrementavec les instruments et avec les personnes, tout en étant toujours ta même pour la même per­sonne. Celle couleur est plus ou moins brillante suivant que le son est plus ou moins haut et plus ou moins intense. Les voix bleues seraient les plus communes, les voix vertes les plus rares, et les voix jaunes les plus agréables. Si c'est un bruit les couleurs sont toujours sombres. L'auteurajoute que les sensations colorées n'ont rien d'objectif; qu'elles sont extériorisées et que leur extériorisation est purement subjective.

Il nie que l'image colorée soit dans le champ visuel. Elle est pour lui dans le champ auditif et siège là où le son retentit.

Abordant l'explication duphénomène ilcroit qu'il existe un centre chromatique, que ce centre chromatique est en communi­cation avec le centre auditif, soit par continuité soit par contiguïté. Cela étant admis le phénomène se produirait de la manière suivante : un son ou un bruit après avoir impressionné l'organe de l'audition est transmis parle nerf acoustique (conducteur indif-


feront) au centra auditif, là il excite telle cellule auditive qui serait en rapport avec telle cellule centrale chromatique. Il en résulte une perception lumineuse et colorée qui est extériorisée dans le champ auditif.

Le Dr Baratoux partage la manière de voir sur ce point du Dr Pedrono. Le Dr Grazzi (de Florence) incline pour la même in­terprétation dans un travail original qu'il a bien voulu nous en­voyer*.

Nous pensons, nous, que les communications établies par le trijumeau entre l'oreille et l'œil peuvent suffire pour expliquer l'audition colorée.

Dans le phénomène de l'audition colorée c'est l'oreille qui est la première en cause, la première impressionnée, et l'impression qu'elle reçoit serait donc transmise aux cellules centrales au­ditives et se propagerait de là aux cellules centrales chromatiques, ou bien elle divergerait après un certain trajet : une partie serait portée directement au centre auditif et l'autre au centre chromatique par les anastomoses.

Réaction de l'œil sur l'oreille.

VISIONSONORE

Le 0' Pedrono dit qu'on a observé, chez quatre personnes, des sensations auditives résultant de sensations de lumière et de couleur.

Ici l'impression transmise d'un centre à l'autre ou d'un nerf de sensibilité spéciale à un autre suivrait donc un trajet inverse de celui suivi dans le phénomène de l'audition colorée. Ce serait le phénomène de la vision sonore.

De même que certaines personnes verraient par les oreilles d'autres entendraient par les yeux.

1. L'adizione colorata (Bolletino delle malattie dellorecchio, dellagola e del naso, anno 1, n 3, 1880).


APPENDICE

VOIX DE JEANNE  D'ARC ACCOMPAGNEE DE CLARTE

En lisant le Procès de condamnation de Jeanne d'Arc publie par Joseph Fabro (2 edition, 1884,  p. 55 et 56) j'ai ete frappe par ce passage du deuxième interrogatoire publié où il est dit que, répondant à ses juges, Jeanne d'Are déclare qu'elle avait treize ans quand elle eut une vois et que cette voix vint vers l'heure de midi, en été, dans le jardin de son père; qu'elle entendait celle voix à droite, vers l'église; que rarement elle l'entendait sans clarte, que celle clarté se manifestait du même côté par où elle en­tendait la voix, ajoutant qu'il y avait communément une grande clarté.

Ici l'excitation du centre auditif ne partait pas de l'extérieur, elle était le produit d'une hallucination, mais elle n'en était pas moins réelle pour cela. Or celte excitation du centre auditif, quoique de provenance interne, ne se propageait pas moins au centre qui pré­side aux perceptions lumineuses.

Telle est l'explication que la science moderne me semble pou­voir donner de ce phénomène particulier survenu dans la vie de Jeanne d'Arc et qu'aucune auteurne parait avoir fourni avant moi, On remarquera que non seulement la voix était entendue par elle avec une grande clarté mais que cette clarté se manifestait du


méme côté par où elle entendait cette voix. L'extérioration de la perception lumineuse semblait se faire dans le champ auditif le premier impressionné quoique subjectivement.

SENS DE L'ODORAT

Le sens de l'odorat a pu être aboli en dirigeant les doigts d'une main réunis eu faisceau vers l'ouverture de l'une ou de l'autre na­rine ou séparément vers l'une d'elles si l'on voulait ne supprimer que d'un côté la faculté de percevoir les odeurs. L'épreuve et la contre-épreuve ont été laites avec de l'eau de Cologne que nous avions sous la main.

SENS DU GOUT

Il aurait pu être supprimé complètement en anesthésiant tout l'intérieur de la bouche, mais nous ne l'avons pas fait pour des raisons de convenances. Nous nous sommes borné à agir sur les deux tiers antérieurs de la langue en nous servant pour le contrôle de diverses substances amères et sucrées. A ce propos nous rap­pellerons que le nerf lingual donne la sensibilité générale et spéciale aux deux tiers antérieurs de la langue et le glosso-pharyngien au tiers postérieur.

En finissant l'étude des modifications produites par les; radia­tions digitales fixes sur les fonctions des organes des sens, nous ferons remarquer que de même que l'anesthésie et l'hyperesthésie des téguments avaient pu se montrer a des degrés divers, do même la cécité, la surdité, la suppression de l'odorat ont pu se montrer à des degrés plus ou moins accusés suivant la durée des radiations digitales fixes.


EFFETS THERAPEUTIQUES DE L'ANESTHÉSIE PROVOQUÉE

 

La propriété qu'ont les radiations digitales fixes d'anesthésier une région donnée du corps a été souvent mise à contribution par nous pour calmer des douleurs chez mademoiselle G,.. Très souvent elle se plaignait de vives douleurs épigastrique, c'était même le symptôme prédominant parmi les phénomènes douloureux ob­servés chez elle. Ces douleurs disparaissaient en quelques secondes lorsque, nous dirigions nos doigts vers la région qui en était le siège. Le calme s'annonçait toujours par un soupir profond et une exclamation de grande satisfaction. Mais je dois dire que celle radiation digitale intéressant sinon le diaphragme, tout au moins les muscles thoraciques voisins, causait parfois de la gène dans le jeu mécanique de la respiration.

TOUX

J'ai pu calmer la toux plusieurs fois en visant avec mes doigts la région du larynx au-devant du cou. Cette toux de nature ner­veuse dans un cas se trouvait, dans d'autres cas, liée à une légère laryngé-trachéite et était accompagnée de coryza.

NEVRALGIE DENTAIRE

J'ai de même réussi a calmer des douleurs provoquées par la carie d'une dent en neurisant la dent malade avec les rayons digitaux.

DISPARITION DE LA NEVROLOGIE DENTAIRE EN RENDANT LA MALADE SOURDE

Nous pûmes cependant calmer cette douleur plus sûrement et plus complètement en neurisant les oreilles de manière à amener la surdité.

Voici les faits.


C'était le 5 novembre 1880; comme notre jeune malade se plaignait de souffrir des dents, j'examinai sa bouche et je décou­vris une dent molaire très cariée à gauche; je dirigeai mes doigts vers cette dent, mais la douleur ne fut que très peu diminuée. Ayant répété cette expérience, dans le désir de calmer complè­tement la douleur, la malade s'endormit. Je la réveillai, mais elle accusa de nouveau de la douleur. De nouveau je dirigeai mes doigts vers la dent malade et de nouveau elle s'endormit. Je la laissai alors reposer un instant espérant qu'à son réveil elle continuerait à ne plus souffrir comme dans l'étal de sommeil. Mais l'ayant réveillée elle se plaignit de nouveau de souffrir. Mon but était de calmer la douleur sans déterminer le sommeil.

J'eus alors l'idée de supprimer l'ouïe isolément, en un mot de la rendre sourde. J'anesthésiai d'abord une oreille dans sa profon­deur en présentant mes doigts réunis en faisceau devant le conduit auditif du même côté; mais la douleur dentaire ne fut qu'atténuée. Je fis la même opération pour l'autre oreille et aussitôt la malade ne souffrit plus; seulement elle n'entendait plus, elle était complè­tement sourde, elle voyait remuer les lèvres des personnes qui lui parlaient et cherchait à deviner ainsi, de même qu'à leurs gestes, ce qu'on lui disait ou demandait; elle affirmait ne pas souffrir de lu dent si douloureuse un instant auparavant.

Je rendis alors l'ouïe à l'oreille droite (en soufflant dans le con­duit auditif droit) et elle entendit faiblement mais se plaignit en même temps d'une légère douleur à la dent. J'agis ensuite de même sur l'oreille gauche et elle entendit très distinctement et complè­tement mais aussi elle souffrit complètement de la dent.

Je lui proposai de là rendre sourde et de la laisser ainsi quel­ques heures mais elle préféra souffrir de sa carie dentaire.

RELATION ANATOMIQUE ENTRE LE NERF AUDITIF ET LE TRIJUMEAU

Le résultat remarquable que nous avons ainsi obtenu trouve son explication dans l'anastomose qui existe entre le nerf auditif et le trijumeau.


La racine ganglionnaire ou sensitive du trijumeau présente a son origine dans le bulbe une anastomose avec le nerf auditif (racine de sensibilité spéciale).

Or c'est évidemment par l'intermédiaire de celle racine anastomotique que l'anesthésie de l'oreille s'est propagée au nerf den­taire ou souffrance (dépendance du trijumeau).

Ainsi s'explique l'action favorable des divers calmants placés dans le conduit auditif dans le but de faire cesser les douleurs dentaires, qu'il s'agisse d'une simple névralgie ou de douleurs liées à la carie des dents.

ACTION DES RADIATIONS DIGITALES FIXES SUR  LA MOTILITÉ

Les radiations digitales fixes dirigées vers un muscle en déter­minent la contraction après quelques secondes et celte contraction est tantôt continue et tantôt intermittente. Mais pour que la con­traction du muscle visé ait lieu il faut que préalablement la région visée soit anesthésiée. Or celle anesthésie a lieu forcément par le seul fait de viser avec les doigts une région choisie des téguments.

Quand on vient à diriger les doigts maintenus immobiles vers une région musculeuse du corps, il se produit d'abord de l'anes­thésie sur la région visée puis bientôt la contraction du muscle ou des muscles sous-jacents,si l'opération dure un certain temps. A l'anesthésie devrait en réalité succéder tout d'abord l'hyperesthésie, mais comme la contraction musculaire survient rapide­ment, cette phase de l'hyperesthésie passe inaperçue parce qu'elle est très courte. Celle hyperesthésie consécutive à l'anesthésie n'est bien perçue que dans les régions ou dominent les tissus fibreux.

Aussi, bien que l'anesthésie préalable soit la condition néces­saire de la contracture musculaire dans l'emploi des radiations digitales fixes, dans l'étal de veille, et comme précisément cette anesthésie est inévitable, nous maintiendrons à cette place l'élude

1. Voy. p. 90 les relations établies entra tes yeux et tes oreilles.


de la contracture musculaire qui la suit lorsque les radiations digitales fixes sont maintenues durant un laps de temps suffisant.

ACTION DES RADIOATIONS DIGITALES FIXES SUR LES MUSCLES DE LA VIE VEGETATIVE

Les radiations digitales fixes ont toujours  porte leur action sur les muscles de la vie de relation, et nous n'avons pas le souvenir de cas dans lesquels ces radiations aient impressionné les muscles de la vie végétative. Pourtant celle dernière influence nous parait possible.

ACTION DES RADIATIONS DIGITALES FIXES SUR LES MUSCLES DE LA VIE DE RELATION

 

Plus haut (p. 45 et 46), nous avons raconté comment à trois re­prises différentes nous avions pu déterminer la résolution d'une contracture des musclesde la jambe qui plaçait les pieds dans l'attitude du pied bot varus.

Le 1" novembre 1880 nous avions, dans la matinée par des passes appliquées déterminé pour la deuxième fois la résolution de la contracture musculaire qui tordait les pieds en dedans.

Après celle opération qui avait pleinement réussi, la malade restant éveillée et assise sur un canapé, je m'assis en face d'elle à la distance déplus de deux mètres.

Jelui demandai alors si elle avait encore les pieds tordus, et pendant ce temps, accompagnant la parole du geste, j'avais ma main dirigée vers son pied gauche. Comprenant que je lui de­mandais de me montrer le pied gauche elle voulut le porter en avant et le dégager des vêtements qui le recouvraient mais elle ne put le mouvoir. Alors m'étant approché je constatai que la jambe était raide dans la position qu'elle occupait lorsque je m'étais assis en face de la malade, c'est-à-dire dans la flexion à angle aigu de la jambe sur la cuisse et du pied sur la jambe.

J'avais dès le principe pris l'habitude de ne jamais passer outre lorsqu'un fait nouveau et jusque-là inexpliqué se présentait à mon



observation. Cette contracture, cette raideur musculaire, qui n'existait pas un instant auparavant et qui s'était produite depuis que m'étant assis en face do la malade j'avais, tout en la question­nant, dirigé mes mains vers son pied, fixa mon attention, et je pensai qu'il pourrait bien y avoir quelque corrélation entre elle et le geste que j'avais fuit. Je m'abstins de faire la moindre remarque sur ce point encore obscur qui en excitant ma curiosité exigeait une vérification ou une contre-épreuve. D'ailleurs je m'étais fait une régle de ne jamais manifester, dans la mesure du possible, soit par la voix, soit par le geste, soit par l'expression de ma physionomie le sujet de mes préoccupations, ni de montrer le but que je pour­suivais lorsque je cherchais la solution des problèmes qui dans le cours de mes visites s'offraient a moi si fréquemment.

Le fait que je venais d'observer fortuitement et dont j'avais cru deviner tes conditions essentielles de production, exigeait donc une vérification.

Devant donc me placer dans les mêmes conditions essentielles d'expérimentation je commençai par résoudre la contracture. Il me suffît pour cela de malaxer le pied et la partie inférieure de la jambe.

La jeune fille resta assise sur le canapé maîtresse de tons ses mouvements; je m'assurai du reste que tous les muscles étaient dans la résolution et qu'il n'existait de l'anesthésie nulle part, qu'en un mot elle se trouvait dans les conditions habituelles de l'état de veille.

Je repris ma place ; je priai alors la malade de se pencher en avant pour regarder son pied que je désignai d'ailleurs du geste avec ma main ouverte, les doigts légèrement écartés. Dés que sa tête fut sur le prolongement de l'un de mes doigts elle ne put plus la mouvoir malgré toute mes sollicitations. Je cessai un mo­ment alors de viser son pied avec mes doigts et lui dis de porter sa main droite vers ce mémo pied, ce qu'elle fit, et ayant porté de nouveau ma main en avant et dans la direction dela main droite du sujet je vis que je l'avais immobilisée, car sur mon invitation la malade ne put la mouvoir.


Toutes ces opérations furent exécutées en moins d'une minute peut-être. Je cessai de nouveau do viser quelque point du corps que ce fût.

A ce moment donc elle avait la tète et le bras droit immobilisés; je m'approchai et je constatai une raideur des muscles du cou, de l'avant-bras droit et de la main droite et aussi desmusclesde la jambe et du pied qui conjointement avaient été visés.

En portant doucement la tête et les membres, ainsi rendus immo­biles, dans les divers sens de leurs mouvements, je redonnai aux muscles contractures toute leur souplesse et la malade reprit sa position naturelle et put exécuter spontanément tous les mouve­ments qu'elle voulut ou que je lui conseillai de faire.

Je repris ma place, puis visant tantôt un bras tantôt l'autre, je pus immobiliser chaque fois les régions musculeuses visées, et m'assurer en môme temps qu'il suffisait do cinq secondes pour cela faire.

Ainsi donc à la distance d'environ 2 mètres et en cinq secondes de temps je pouvais provoquer la raideur d'une main en la visant avec mes doigts.

J'ai varié plus tard l'expérience, car j'ai eu l'occasion de la répéter souvent, aussi bien devant l'entourage habituel de la malade que devant des confrères.

Un jour j'invitai la malade à prendre son mouchoir et à se moucher, ce qu'elle fit; puis dès qu'elle eut saisi son nez, je dirigeai vers cet organe les doigts de l'une de mes mains; sa main resta comme adhérente et dans la position exacte qu'elle avait au moment où je dirigeai vers elle l'extrémité de mes doigts.

Je répétai plusieurs fois cette expérience et comme on peut le supposer elle excitait toujours une grande hilarité chez la malade et surtout chez les personnes présentes.

J'avais employé fréquemment la malaxation de la région ainsi raidie pour faire cesser la contracture. Fréquemment aussi j'employai un autre moyen très commode et très prompt dans ses effets, je veux dire le souffle. Il en sera longuement question plus lard.


La contracture une fois produite, j'ai à peine besoin de le dire, ne pouvait être combattue par les moyens ordinaires. On aurait plutôt brisé les os ou déterminé quelque grave lésion du côté des ligaments et des surfaces articulaires. Ce danger était d'autant plus a craindre que plus on faisait d'efforts pour redonner aux membres contractures et fléchis ou étendus leur souplesse et leur position naturelle, plus les muscles se contractaient.

Les personnes dénuées de pouvoir neurique et qui intervenaient se consumaient en vains efforts quelles que fussent les manœuvres employées, aussi bien les manœuvres ordinaires que celles métho­diques spéciales de la neurisation résolutive.

Moi-même je devais recourir à celles-ci, malaxer la région, souffler dessus, ou faire certaines passes ainsi qu'il sera dit plus loin.

Je pourrais citer ici un de nos maîtres les plus éminents en physiologie qui ne put réussir a faire cesser une raideur muscu­laire de toute la main et du poignet que par des radiations digitales fixes je venais de produire à distance sous ses yeux. Et comme je liens à être précis en tout, je dirai que c'était le 20 février 1881, à deux heures et demie de l'après-midi.

Tout le monde peut disposer d'un courant électrique et l'em­ployer avec plus ou moins d'à-propos suivant les circonstances et suivant les connaissances acquises. Mais tout le monde, semble-t-il, n'a pas à sa disposition celle force particulière dont j'ai étudié plus haut les propriétés physiques si remarquables et dont j'expose en ce moment les propriétés physiologiques et thérapeutiques non moins importantes. Désignez cette force qui émane du corps humain du nom qu'il vous plaira, peu importe; faites-la naître, se développer, circuler dans l'organe ou les organes qu'il vous conviendra le mieux, assimilez-la à telle ou telle force connue, distinguez-la de telle ou telle autre force, vous ne sauriez empêcher qu'à des effets certains ne réponde une cause toute aussi certaine malgré l'obscurité qui peut encore entourer sa nature.

Surpris sans doute et peut-être stupéfait de ce qu'il venait de constater, l'éminent professeur ne consentit pas à reconnaître que


cette sorte de tétanisation des muscles, ainsi produite à distance par le seul fait de tes avoir visés avec le bout de mes doigts, pût être causée par Faction de quelque force particulière émanant de mes doigts memes. Selon lui, ce devait être en tous cas un agent connu : la chaleur, par exemple, a un degré très bas, ou dans des conditions non encore déterminées. Mais personne n'ignore qu'il n'y a pas différentes espèces ou qualités de chaleur, et par consé­quent n'importe qui, avec la chaleur naturelle de son corps ou avec la chaleur artificielle d'une lampe, d'un foyer de chaleur quel­conque, aurait pu obtenir les effets que je suis forcé d'attribuer, moi, a une force particulière. Or aucun effet de l'ordre de ceux obtenus avec l'emploi de la force neurique n'a jamais été obtenu par l'emploi de la chaleur (1).

La force particulière que j'appelle neurique, car il fallait bien

la baptiser, semble être nulle chez un grand nombre de personnes,

extrêmement faible chez d'autres, et plus ou moins intense chez

quelques-unes. Jusqu'à ce jour le nombre des personnes qui en

seraient douées à un haut degré parait rare. Mais il convient de

faire remarquer que beaucoup parmi celles qui en sont douées

réellement l'ignorent et ne s'en aperçoivent souvent un beau jour

que par suite de circonstances fortuites. A quel âge se montre celte

force, quand disparaît-elle, quelles sont les conditions de santé ou

de maladie qui la renforcent ou l'affaiblissent? ce sont autant de

questions qui méritent des recherches sérieuses. J'espère bien

qu'un jour la lumière se fera sur tous ces points encore enveloppés

d'obscurité, et ce sera peut-être grâce à la confection de quelque

appareil, avec lequel il sera possible de mesurer la force neurique

de chacun, quel que soit d'ailleurs le nom donné à cette force,

qu'elle soit dite électro-neurique, zoique, thermique ou thermo-

neurique.

i. Je me bornerai a mentionner à ce propos que le Dr Azam (de fardeaux) a fait intervenir, pour l'interprétation de certains phénomènes, l'hyperesthésie du sens ther­mique. Grâce a cette hyperesthésie, les plus faibles traces do chaleur seraient vivement perçues.(Cité par M. Mathias Duval : Leçons sur la physiologie dusystème nerveux (sensibilité.)



D'ailleurs peu importe ici le choix des mots, et je fais pour ma part volontiers abandon de toute théorie, jugeant qu'il convient de tenir avant tout aux faits. Faut-il rappeler ici que les théories avant qu'elles ne soient définitivement adoptées ou rejetées ne sont que de simples hypothèses destinées a servir de guide aux chercheurs dans les nombreux tâtonnements auxquels ils sont exposés?

Le chercheur consciencieux, respectueux de lui-même et des autres, a pour principal objectif l'observation rigoureuse des faits, et quand il les a exposés tels qu'il les a observés, il ne saurait admettre qu'on les rejette sans contrôle. Aussi, pour que cette tache puisse être remplie, il a toujours soin de bien indiquer dans quelles conditions il a opéré en poursuivant ses recherches.

J'ai toujours pris grand soin, pour ma part, de me conformer à ces préceptes.

Celte discussion un peu longue me sera pardonnée, je l'espère, car elle trouvait bien ici sa place à côté d'un des faits qui peut être invoqué comme l'un des plus démonstratifs de l'existence réelle d'une force particulière dans le corps humain et de la propriété qu'elle a d'en émaner pour produire, suivant les circonstances et dans un autre corps humain, certaines modifications de fonctions. On peut opposer, il est vrai, et c'est une tendance bien marquée du jour, qu'il ne s'est agi que d'un fait de suggestion. Je ne le crois pas, car le fait de la suggestion ne pouvait certainement pas être invoqué le jour où, pour la première fois et bien inconsciemment, je provoquai la contracture musculaire à distance. D'ailleurs les faits démonstratifs ne manqueront pas d'être variés et nombreux dans le courant de cet ouvrage.

Pour mettre fin à cette digression, nous n'ajouterons qu'une simple remarque : c'est que la science n'est pas basée toute entière sur des procédés de recherches qui ont la vivisection pour condi­tion essentielle. Je reprends maintenant la suite de l'exposé de nos recherches. J'ai varié mes expériences tout en leur conservant les caractères essentiels qui les distinguent. Un jour que la malade était assise et éveillée sans anesthésie sur


aucun point du corps et sans contracture d'aucun muscle, je l'en­gageai à relever son pied au-dessus du sol on étendant horizon­talement la jambe, ce qu'elle fit. Après m'etre assuré que les muscles n'étaient pas contractures, je dirigeai aussitôt mes doigts vers le milieu de la jambe; au bout de quelques secondes, les muselés de la région étaient comme tétanisés et te membre se maintenait ainsi immobile dans la position horizontale. Je fis la môme opération pour l'autre jambe et les deux membres inférieurs restèrent ainsi parallèlement immobiles dans la position horizon-laïc. Nous les laissames dans cette position le temps qui nous parut suffisant pour acquérir un surcroît de preuves de la réalité des phénomènes provoqués. Puis nous déterminâmes le relâchement des muscles et la chute des membres, au moyen du souffle.

Dans une autre circonstance,et plusieurs fois depuis, nous fîmes une expérience qui paraissait frapper beaucoup l'esprit des per­sonnes qui en étaient témoins.

La malade étant éveillée, debout» dans les conditions ordinaires, je lui dis de prendre ses dispositions pour me donner un bon soufflet sur la joue. Je passe sur la surprise que lui causa celle proposition et sur ses hésitations premières. Mais comme je la priais avec beaucoup d'insistance de me frapper a la figure, elle se mit en mesure d'obéir. Elle leva son bras, le porta un peu en dehors horizontalement, comme pour prendre l'élan, puis le porta vivement vers moi la main ouverte dans la direction de ma joue. De mon côté, je me tenais prêt à opérer, et dirigeant brusquement ma main ouverte et les doigts tendus en cercle vers son bras, à une certaine distance, je l'arrêtai en l'immobilisant.

Nous avons vu plus haut en traitant de l'anesthésie provoquée par les radiations digitales fixes que la tétanisation des muscles suivait fréquemment l'anesthésie de la région.

Dans ces expériences, où la tétanisation est déterminée par les radiations digitales fixes, il arrivait souvent que l'action neurisante gagnant les centres nerveux par diffusion, probablementle long des nerfs, le sommeil survenait.



CONTRACTIONS  INTERMITTENTES

Jusqu'à présent il n'a été question que des contractions con­tinues ou contractures, ou tétanisation, provoquées par les radiations digitales fixes. Mais j'ai pu parfois provoquer des contractions intermittentes ; cela n'advenait, me semble-t-il, que lorsque je n'agissais que sur un muscle, et en réalité ce fait ne s'est produit bien nettement que lorsqu'il s'agissait des muscles qui font mouvoir les doigts. Soit un muscle extenseur d'un dos doigts : si je dirige fixement l'extrémité des doigts de ma main réunis en faisceau ou celle de deux ou trois doigts seulement vers un point de la longueur du muscle ou de son tendon, le doigt correspondant auquel se rend le muscle devient le siège de mouvements intermittents; les mou­vements cessent de se produire dès que mes doigts se sont éloignés.

SPASME   PROVOQUEE DES MUSCLESLARYNGÉS

Précédemment j'avais pu, par des radiations digitales fixes faites en regard du larynx au-devant du cou, faire cesser la toux sans sup­primer la voix. Dans ce cas l'anesthésie de la muqueuse laryngée ou laryngo-trachéale n'avait pas été suivie de contracture des muscles de la région parce que l'opération avait été très courte. Mais si les radiations digitales se prolongent un peu plus, les muscles se contractent d'une manière continue et la voix se trouve supprimée.

Nous n'avons pas fait d'examen laryngoscopique parce que nous craignions d'agir trop profondément par les rayons oculaires réfléchis sur le miroir. D'autre part, lorsque nous supprimions ainsi la voix, nous n'avions pas a côté de nous un confrère qui pût faire sans inconvénient possible des examens pour nous. Mais si nous jugeons de ce qui s'est passe profondément par les effets obtenus dans d'autres régions, sous l'influence des radiations digi­tales fixes, il est légitime de conclure qu'il s'est produit un spasme des muscles qui concourent aux mouvements des cordes vocales


et que leur immobilité spasmodique est la vraie cause de l'aphonie. D'ailleurs, sur cette même région, nous pourrons juger de ce qui s'est passé profondément du côté du larynx lui-même par ce que nous avons pu constater superficiellement. Les muscles super­ficiels du cou, accessibles au toucher, étaient contractures, et la

respiration était unpeu gênée par suite de l'immobilisation des premières côtes. J'ai saisi alors la tète dela malade et t'ai inclinée doucement dans les divers sens jusqu'à ce que la souplesse fût revenue au cou. La jeune fille continua a être aphone; je n'avais fait que relâcher les muscles qui entourent ou avoisinent le larynx au cou et n'ont aucune action sur les mouvements des cordes vocales. Je rendis la voix à la jeune fille par l'emploi du souille.

Celle expérience si intéressante a été répétée dans la même

séance et plusieurs fois depuis avec un égal succès.

RADIATIONS DIGITALES   FIXES REFLECHIES

 

 

Au lieu de suivre une ligne droite, les rayons digitaux peuvent se briser sur leur parcours en se réfléchissant soit sur une surface plane, telle qu'une glace ou même un mur, soit sur une surface courbe. Nos premières expériences nous avaient montré qu'une force particulière ou si l'on préfère des ondulations particulières, par­taient de l'extrémité de nos doigts pour se propager dans l'espace ambiant. Or, considérant que les ondulations sonores, que les ondulations lumineuses ou calorifiques avec lesquelles, la force neurique ou zoïque, peu importe le nom, a les plus grandes ana­logies pouvaient se réfléchir sur les faces planes, telles que les glaces, je pensai qu'il pourrait en être de même de laneuricite ou zoïcité.

Le 3 novembre 1880, étant auprès de la malade, je fis apporter

une petite glace de forme carrée. Je la pris dans ma main gauche

et tournai le dos à la jeune fille qui se trouvait éloignée de l'objet


de 2,50 environ. Puis ayant cherché son visage dans cette glace, je dirigeai les doigts de ma main droite restée libre dans la direc­tion de l'imago formée et je réussis a produire, tout d'abord, dans cette première séance, l'exagération ou le réveil de l'hyperesthésie du cuir chevelu en visant précisémentsa tête. Plus tard, complétant l'expérience,je produisis sur elle par réflexion tous les divers effets que comporte l'emploi des rayons digitaux fixes, y compris le sommeil.

J'obtins les mômes résultats en visant un point choisi do l'image formée dans la grande glace de la cheminée, lu malade étant à 3 mètres de distance de celle-ci. De môme, en me servant du mur de la chambre comme surface de réflexion.

Le lendemain 4 novembre j'utilisai comme surface de réflexion le plafond, le sol, la concavité d'un petit chapeau de feutre dur, la concavité d'un petit miroir servant de réflecteur en ophthalmoscopie.

Toutes ces expériences furent répétées souvent depuis, et tou­jours avec succès, du moins tant que l'amélioration de la santé de ta jeune fille ne fut pas très prononcée et que par cela même la sen­sibilité à l'action de la neuricité persista chez elle.

A la date du 3 novembre 1880 je trouve la note suivante qui prouve que les radiations digitales fixes réfléchies n'agissent pas seulement sur la sensibilité mais qu'elles ont aussi une influence sur la motilité :« J'ai remarqué que dans la réflexion des rayons digitaux je ne provoquais pas seulement des sensations doulou­reuses dansle cuir chevelu visé, mais que je provoquaisencore de la raideur musculaire dans d'autres parties du corps que les rayons neuiques réfléchis atteignaient, telles que le cou ou bien la main du sujet au moment où elle se portail inopinément à la tete. »

1. Ainsi le 7 mars,à 7 heures du soir, j'ai endormi Mlle C... de la manière suivante: Pondant qu'elle était au lit, j'ai dirigé l«s doigte do mes deux mains sur sa figure rèflèchie sur la glace de l'armoire qui setrouvait au pied de son lit. Au bout d'une demi-minute environ la jeune fille était endormie.


 


TIUNSIUDIATION DIGITALE FIXE

Nous avons pu aussi employer la radiation digitale fixe avec tons ses effets connus a travers une lentille et un prisme en cristal, ainsi qu'à travers divers obstacles apparents, tels qu'une porte, une plaque de carton épais, un mur en maçonnerie plus ou moins profond, etc,

RADIATIONS DlGITALES FIXES REFRACTEES

Les effets provoqués par les radiations digitales fixes à travers une lentille biconvexe en cristal sont les mEmes que ceux obtenus

directement, mais plus intenses. Les circonstances ne nous ont pas permis de réaliser le projet que nous avions formé d'opérer avec une très forte lentille bicon­vexe, capable d'augmenter d'une manière très notable l'intensité d'action des rayons neuriques. Cet appareil dans notre pensée aurait servi à révéler le degré même le plus faible de force neurique chez une personne donnée, à utiliser la force neurique réunie d'un nombre déterminé de personnes et à employer ainsi la force neu­rique en la graduant et en proportionnant son degré d'action à celui des effets qu'on se proposait d'obtenir. Nous avions déjà tracé dans notre esprit une ébauche de cet appareil. 11 consistait en un cylindre fait avec quelque substance isolatrice de la force neurique. Ce cylindre aurait été muni à l'une de ses extrémités d'une forte lentille disposée de manière à obtenir un foyer de concentration de rayon à une distance voulue, et à l'autre extré­mité d'une sorte d'entonnoir de môme substance que le cylindre. L'extrémité munie de la lentille étant dirigée vers un point choisi du corps sur lequel on se propose de déterminer certains effets, on placerait à l'autre extrémité qui est munie d'un entonnoir une ou plusieurs mains, les doigts disposés dans la direction de l'axe du


cylindre. L'idée fondamentale de ce projet, que nous avions conçue dès le début de nos recherches en 1880, a, précisément durant celte même année, conduit de son côté M. Martin Ziegler (de Genève) à construire un appareil composé de plusieurs lentilles. Avec cet ap­pareil, qui donne une forte tension au rayonnement magnétique . terrestre qui le traverse, M. Martin Ziegler a pu utiliser le rayonnement humain émané de l'extrémité des doigts et même du creuse de la main et obtenir les mémes effets qu'arec Je rayonnement magnétique terrestre, déterminer des mouvements péristaltiques violents dans l'intestin de lapins, irriter telle ou telle partie du cœur de cesanimaux, etc.

Des expériences relatées dans le mémoire du môme auteur paru en 1861 et intitulé : Le rayonnement magnétique, et de celles brièvement indiquées dans celles de ces lettres qui sont rapportées plus loin il résulte :

1° Que M. Martin Ziegler admet l'existence d'un rayonnement humain : < Depuis 1874, dit-il dans sa brochure, j'ai eu très sou­vent l'occasion de constater qu'une rayonnement irritant émane d'une manière constante de l'homme et des animaux »;

2 Qu'il peut au moyen d'un appareil formé de lentilles com­binées, localiser le rayonnement humain dans tel ou tel viscère ou dans telle ou telle partie d'un viscère d'un animal et même de l'homme.

Nous transcrirons maintenant ici, à titra de documents, quelques extraits de lettres reçues de M. Martin Ziegler en date des 8, 16 et 18 juillet 1883.

Extrait d'une lettre de M. Martin Ziegler du 8 juillet 1883

« En 1880, j'ai fait une expérience qui peut vous intéresser. J'ai mis dans un panier un lapin chez lequel on ne remarquait pas les mouvements péristaltiques des intestins. Latéralement, à la dis­tance de la longueur du foyer magnétique, j'ai placé verticalement une forte lentille, puis j'ai placé ma main gauche ouverte dans le


foyer opposé. En moins d'une minute de violents mouvements péristaltiques ont soulevé les flancs de l'animal.

» Cette expérience a été en plusieurs séances répétée et con­trôlée par le professeur Schiff, le professeur Yung, le docteur Sil­vestre fils et M. de Môle.

» A la mêmeépoque, j'ai construit un appareilcomposé de huit lentilles. Cet appareil donne une forte tension au rayonnement magnétique qui revient, dans ce nouvel état de tension, réagir sur la personne même de laquelle il est émané. »

Extrait d'une lettre de M. Martin Ziegler du 16 juillet 4883

a 11 y a dix-sept ans que j'ai commencé mon étude et je lui ai

voué tout mon temps pendant dix ans. J'ai employé les quatre

réactifs suivants : 1° ma propre personne; 2°des hommes robustes ;

3° quelques centaines de lapins ; 4°les drosera et d'autres plantes.

Enfin j'ai traité et guéri cent deux fiévreux.

» En ce moment je n'emploie que mon appareil à aimant arec deux de ses angles seulement (appareil perfectionné cette année). Je localise l'action en faisant passer le courant par mes cartouches graduées et cette localisation est tellement correcte que je peux porter l'action à volonté sur l'oreillette droite ou gauche du cœur ou sur l'un des deux ventricules. Preuves : le mois dernier j'ai préparé un coeur de lapin destiné à l'école de médecine. Après avoir irrité plusieurs jours de suite l'oreillette droite pendant deux heures, j'ai tué l'animal, j'ai lié les gros vaisseaux du cœur et j'ai extirpé cet organe avec les poumons. Puis en présence du Dr Pré­vost j'ai lavé le tout a grande eau sous le robinet et j'ai introduit cœur et poumons dans un verre à boire; il était trois heures de l'après-midi. L'oreillette droite a continué à battre et battait avec force a cinq heures quand M. Prévost s'est retiré. Enfin celle oreillette, après avoir battu toute la nuit, a encore battu jusqu'à midi et a servi à dix heures du matin à M. Élernod pour expliquer à ses étudiants la théorie mécanique de ces mouvements. En hiver la décomposition étant retardée la survie est encore plus longue.


» Si je localise l'irritation dans une autre direction, la survie n'est que de quelques minutes, de 5m à 45 minutes.

» Si j'irrite le cœur droit d'un étudiant ou d'une autre personne, et si avant et pendant l'opération je trace avec le sphygmographe les courbes des pulsations, j'obtiens des tracés dans lesquels aucun physiologiste ne pourrait reconnaitre des pulsations humaines.

» J'ajouterai pour votre gouverne que j'obtiens les mêmes résultats en localisant dans le cœur le rayonnement humain, à travers mes lentilles combinées, même celui qui émane du creux de la main.

» En agissant sur le foie et sur la partie cervicale, je peux ou favo­riser ou empecher totalement la formation du sucre dans le foie.

» Enfin j'ai le plaisir do pouvoir vous dire que je ne manque plus aucune expérience depuis que je sais comment mes agents agissent dans l'organisme. Tout cela se passe selon une loi physique physiologique. Cette loi n'a rien de choquant dans la physique    , officielle et académique.

»On peut calmer ou irriter individuellement chaque organe. »

Extrait d'une lettre de M. Martin Ziegler du 18 juillet 1983

» Je pourrais très facilement vous prouver que le rayonnement magnétique émane do tous les points du corps avec la mêmeabon­dance, comme le calorique.

» Un physiologiste italien a supposé dans le temps que l'émis­sion magnétique se faisait par les nerfs tactiles des doigts. Moi j'ai de sérieuses raisons de croire que ces nerfs ont tout simple­ment la propriété de donner au fluide magnétique plus de tension, comme on peut augmenter la tension de l'électricité sans en augmenter la quantité. La rétine peut avoir la méme propriété. Je possède des appareils qui décuplent la tension du fluide magnétique pris à une faible source et qui pourraient faire croire à une émission dix fois plus grande. il y a plus, la structure des nerfs tactiles est telle que je ne peux pas m'empêcher de les comparer à de petits multiplicateurs. J'ai vu des oiseaux saisir


des mouches comme un moineau saisirait un grain de blé. Les oiseaux ont des nerfs tactiles dans le bec et les insectes en question ont tout l'air d'avoir subi une fascination, car vous ne réussirez pas souvent a saisir un moucheron avec une petite pince. Le chat, qui est si magnétisable et qui sait si bien fasciner un petit oiseau, a le péritoine garni de nerfs tactiles qui ne se rencontrent pas dans le péritoine du chien.

»En résumé, le rayonnement magnétique qui émane de l'avant-bras, de la poitrine ou d'une partie quelconque du corps, peut être poussé à une tension supérieure à celle que possède le magné­tisme qui émane spontanément des doigts.

» L'homme neutre n'existe pas; s'il ne communique rien, c'est que chez lui la tension est un peu inférieure.

» Si je neutralise un lapin autant qu'il m'est donné de pouvoir le faire, il meurt anémique le septième, le neuvième ou le vingt et unième jour, sans avoir donné le moindre signe de malaise. Ce n'est que Pavant-dernier jour qu'il cesse de prendre de la nour­riture, puis il s'endort pour ne plus se réveiller. L'autopsie plusieurs fois faite avec Schiff et Zahn n'indique que de la maigreur et une anémie extrême. »

« P.-S.  L'expérience prouve que tous les points d'un corps qui peuvent recevoir du magnétisme peuvent aussi en émettre.

» Mes lentilles vous prouvent que je suis parfaitement d'accord avec vous sur la question de la réfraction. Et depuis longtemps je constate la réflexion. »

RADIATIONS DIGITALES FIXES  REFRACTEES A TRAVERS UN PRISME

Un prisme interposé sur le trajet des rayons digitaux non seu­lement les laisse passer, mais en rend encore les effets plus in­tenses, et ces effets ne cessent d'être ceux obtenus directement par les radiations digitales fixes, c'est-â-dire l'exaltation de la sensi­bilité.


Mes premières expériences avec le prisme eurent lieu le 18 novembre 1880.

RADIATIONS DIGITALES, FIXES A  TRAVERS DIVERS OBSTACLES APPARENTS

Nous savons déjà qu'une porte, un morceau de carton, un cous­sin garni de laine, un châle plié en huit, un mur épais de 0,50 a 0,80, etc., n'interceptent pas le passage des rayons digitaux fixes. Il en est de môme des vêtements qui recouvrent le sujet. Nous avons pu agir aussi, les mains étant gantées. Mais tout en se laissant traverser par les dits rayons, ces objets en diminuent légè­rement le degré d'action ainsi que la vitesse relativement à ce qui se passe à l'air libre. Les effets obtenus n'en sont pas moins cer­tains et en tous points les mêmes que ceux obtenus directement : anesthésie, hypéresthésie, tétanisation et sommeil consécutifs.

Étant donné par exemple un mur en maçonnerie de 0,50 d'é­paisseur, je plaçais la malade à 0,40 ou 0,12 de celui-ci, et de mon côté, passant dans la pièce voisine, je plaçais ma main à 0,50 ou 0,60 de ce même mur, les doigts dirigés vers tel ou tel point du corps de la malade.

J'ai pu ainsi tétaniser par, exemple là main et le poignet du sujet. Nous ne reviendrons pas ici sur l'interception produite par certains papiers colorés, etc.

Nous reviendrons par contre avec de plus amples détails sur tes radiations neuriques fixes a travers les obstacles apparents lorsque nous aurons à nous occuper des radiations oculaires et pneumiques fixes ou mobiles. Nous dirons alors quelles précau­tions nous avions prises pour que la malade ne pût en aucune façon connaître ce qui se passait derrière le mur de mon côté autrement que par les effets par elle éprouvés.

Les premières expériences au moyen des radiations neuriques à travers une porte ou un mur furent faites le 3 et le 6 novembre 1880.

Tour que l'étude de la transradiation digitale fixe fût complète,


il aurait fallu la poursuivre aussi dans ses effets relativement aux divers liquides et aux divers gaz interposés. Mais nos observa­tions n'ont porté que sur l'air ambiant et l'eau.

Les variations hygrométriques, électriques ou autres, de l'air ambiant ont-elles quelque influence pour faire varier le degré d'émission ou de tenaient de la force neurique? Nos observations étant incomplètes sur ce point, nous ne pourrions rien dire de précis pour le moment et il est facile de prévoir qu'on sera forcé de s'en tenir a certaines conjectures jusqu'au jour où quoique instrument, neuro-dynamomètre ou zoo-dynamomètre, permettra, avec l'aide des instruments météorologiques déjà connus, d'établir, quelle corrélation il peut exister entre les variations atmosphé­riques et les variations neuriques.

Muni de tous ces instruments de précision il sera possible alors de rechercher dans des conditions d'expérimentation rigoureuses quelles modifications pourrait apporter dans les effets des radiations neuriques digitales et autres l'interposition d'un des nom­breux gaz connus.

En ce qui touche aux liquides, nos observations n'ont porté que sur Veau commune. Nous nous bornerons à rappeler ici que l'eau ne se laisse pas traverser par les rayons neuriques quels qu'ils soient, mais les emmagasine, s'en imprègne, les absorbe, sauf à les restituer lorsqu'elle est mise en contact avec le sujet choisi pour la neurisation.

La solution de ces divers problèmes appartient aujourd'hui aux savants qui se sont voués à la recherche d'un instrument capable de mesurer la force neurique ou magnétique.

EFFETS THERAPEUTIQUES DU POUVOIR CONTRACTURANT DES  RADIATIONS  DIGITALES FIXES

Les douleurs épigastriques dont se plaignait la malade s'ac­compagnaient fréquemment d'un gonflement sonore de la région, symptomatique de pneumatose stomacale et par conséquent d'une


 


sorte de relâchement ou de paresse des parois de l'estomac et des muscles droits du l'abdomen. Il me suffisait alors de diriger les doigts d'une seule main vers la région épigastrique plus ou moins soulevée par les gaz pour qu'aussitôt ou presque aussitôt il se produisit un affaissemement, indice du retour de l'estomac à ses dimensions normales sous l'influence d'un retour de sa contractilité et de celle des muscles droits, en môme temps que la cessation des douleurs et le calme parfait a la suite.

CONSIDÉRATIONS GENERALESSUR LES VARIATIONS DANS LES EFFETS DE LA NEURISATION PAR LES RADIATIONS DIGITALES FIXES

Les modifications de la sensibilité générale périphérique et cen­trale, de la sensibilité spéciale et de la motilité, les plus faibles, les plus superficielles, les moins étendues, les moins rapides et les moins durables, consécutives a l'emploi de la radiation digitale fixe, ont été celles qui, a la plus grande distance possible, avec le plus d'obstacles interposés mais dianeuriques, avec un seul doigt, durant le temps le plus court possible et sur une région la moins riche en troncs nerveux sensitifs importants, étaient provoquées par le sujet doué du pouvoir neurique le plus bas, chez le sujet neurisable au moment où il était doué de la réceptivité neurique la plus faible.

Les modifications de la sensibilité générale périphérique et centrale, delà sensibilité spéciale et de la motilitélesplus intenses, les plus profondes, les plus étendues et les plus durables, consé­cutives à l'emploi de la radiation digitale fixe, ont été celles qui, à laplus petite distance possible, sans obstacle interposé, avec le plus grand nombre de doigts, durant le temps le plus long pos­sible et sur une région la plus riche en troncs nerveux sensitifs importants, étaient provoquées par le sujet doué du pouvoir neu­rique le plus élevé, chez le sujet au moment où il était doué de la réceptivité neurique la plus grande.

Entre ces conditions extrêmes on pouvait observer tous les degrés intermédiaires.


J'ai dit que le sujet neurisateur était doué tantôt d'un degré de pouvoir neurique très élevé et tantôt d'un degré très inférieur.

Je représentais habituellement le sujet neurisateur, et mon pouvoir neurique que je crois très prononcé n'a jamais varié, autant quej'aipu enjuger.

Mais j'ai eu l'occasion plusieurs fois do charger de mon rôle d'autres personnes d'un âge adulte, douées d'une bonne santé, Or les unes ne parvenaient à exercer aucune action sur la jeune fille, d'autres n'en exerçaient qu'une très faible, d'autres enfin avaient une action assez accusée quoique bien inférieure à la mienne.

Je n'ai pas pu faire des recherches sur l'influence de l'âge, du tempérament et de la santé sur le pouvoir neurique de chacun. C'est une étude beaucoup plus générale que celle à laquelle je me suis consacré, mais qui mériterait une sérieuse attention.

11 serait intéressant de savoir à quel âge commence à se déve­lopper le pouvoir neurique d'une personne et a quel âge il s'affai­blit et s'éteint;quelle est l'influence du tempérament nerveux, de la capacité intellectuelle, des maladies en général et spécialement de celles du système nerveux.

D'autre part, j'ai dit que le sujet neurisable, que nous traitions et observions, était doué d'une réceptivité neurique dont la puis­sance variait.

Chez cette jeune fille, la faculté d'être impressionnée par la force neurique, très prononcée au début de sa maladie, s'était affaiblie graduellement jusqu'à disparaître presque complètement an fur et à mesure que je la traitais.

J'ai aussi remarqué que le degré de réceptivité ou d'impression­nabilité neurique augmentait chez elle après chaque série de pra­tiques neuriques faites en vue de la traiter et de l'étudier. Mais cette impressionnabilité ainsi augmentée ne dépassa jamais le plus haut degré auquel elle avait atteint dès le début, et, en général, comparée à celle d'époques antérieures, elle lui était certainement inférieure.


 

RÉSUMÉ DES PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE

ET DE   LA  MOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES RADIATIONS DIGITALES FIXES

tes radiations digitales fixes employées dans l'état de veille et sans anesthésie préalable, spontanée ou provoquée, du sujet sur un point quelconque de ses téguments peuvent :

1° Anesthésier momentanément les téguments, quand elles sont de courte durée; produire cette anesthésie sur place ou plus loin par transfert ou par diffusion ;

2° Hyperesthésier momentanément les téguments si elles persis­tent ;

3° Provoquer la contraction intermittente ou continue, de durée variable, des muscles de la région visée, si elles persistent davan­tage;

4° Endormir à des degrés divers, si elles persistent encore davantage, ou si elles intéressent quelque tronc nerveux important ou une région voisine du cerveau;

5° Affaiblir ou abolir momentanément ta vue, l'ouïe, l'odorat, la sensibilité tactile de la langue;

6° Calmer des névralgies, la toux, etc. ;

7° Supprimer la voix;

8° Faire cesser la pneumatose stocamale, etc.

L'intensité des effets produits est proportionnelle a la durée de l'opération et au nombre des doigts employés.

La réflexion sur les surfaces planes ou courbes, la transradiation simple ou réfractée parles lentilles et dispersée par les prismes n'entravent pas les effets produits directement par les radiations digitales fixes, excepté dans le cas où l'on interpose des corps ou substances aneuriques telles que l'eau, des feuilles de papier jaune ou violet, etc.


2.   RADIATIONS DIGITALES MOBILES OU PASSES PROMENENT DITES

TRAITE DES PASSES MAGNETIQUES OU NEURIQUES

Les radiations digitales mobiles employées dans l'état de veille et sans anesthésie préalable spontanée ou provoquée chez le sujet en un point quelconque de son corps peuvent, comme les radia­tions digitales fixes, et suivant leur mode d'emploi, produire tan­tôt l'anesthésie, tantôt l'hyperesthésie, tantôt la contracture mus­culaire ou tétanisation, tantôt le sommeil neurique à des degrés divers, et tantôt enfin une crise nerveuse dite hyperesthésique ou du petit veau.

Inversement aussi elles peuvent, suivant le mode d'emploi, faire disparaitrel'anesthésieou l'hyperesthésie, déterminer la résolution des muscles contractures, réveiller le sujet hypno-neurisé, calmer ou faire cesser la crise hyperesthésique.

DIVISION DE LA SURFACE DU CORPS   EN REGIONS D'APRÈS LE SENS DE LA DIRECTION DES NERFS

Nos recherches nous ayant appris que les effets des passés ne dépendent pas seulement de leur étendue, de leur siège et de leur direction, mais encore du sens dans lequel se distribuent les nerfs qu'elles influencent, nous devons rappeler ici quelques notions très simples d'anatomie dont l'importance toute spéciale devait nécessairement échapper jusqu'à cejoura l'attention des médecins.

Ces notions d'anatomie ne portent que sur la direction affectée en général par les nerfs périphériques et basée sur le sens de leur distribution.

Une observation attentive du système nerveux périphérique, nous montre que certains nerfs se distribuent de bas en haut et d'autres de haut enbas, plus ou moins verticalement ou plus ou moins obliquement.


Les nerfs qui se distribuent do bas en haut occupent précisé­ment une région distincte de celle occupée par les nerfs dont la distribution se fait de haut en bas.

DOMAINES  DES NERFS ASCENDANTS ET DESCENDANTS

Nous distinguerons donc ala surface du corps deux régions par­ticulières : 1° la région ou le domaine des nerfs ascendants; la

Fig. 7.  Domaines des nerfs ascendants et des nerfs descendants, à la face antérieure du corps, avec l'indication de la zone neutre faciale.

région ou le domaine des nerfs descendants (Voy. fig. 4, 6, 7, 8, 9 et 10).


LIGNE   DE SEPARATION DES DEUX DOMAINES

OU LIGNE NASO-AURICULO-CERVICALE

(Voy. fig. 9 et 10.)

La ligna de séparation entre le domaine des nerfs ascendants et celui des nerfs descendants est la suivante : Elle commence à la racine du nez pour aboutir à la région cer-

Fig. 8.  Domaine des nerfs ascendants et «les nerfs descendants, a la face postérieure du corps, avec l'indication de la zone intermediaire post-cervicale neutre.

vicale postérieure et moyenne en passant par la partie supérieure du pavillon do l'oreille, de chaque côté.



Fit. 9.  Nerfs sensitifs des régions du crâne, dle la face et du cou.

XX", portion cranio-cervicalo de la ligne cranioo-podale ou ligne de separtion des deux sections antérieure et posterieure du corps;  X'X", ligne naso-auriculo-cerriealo ou ligne de séparation des deux domines des nerfs attendants et descendants;  F, champ d'expansion des raincaux nerveux frontaux; -T F, champ d'expansion des filets temporaux du facial (nerf moteur) anastomoses avec les filets de l'aurieulo-temporal (nerf sensitif);T A.champd'expansion des filets de l'auricalo-temporal;  S 0, champ d'expansion des filets du nerf sous-occipital;  0 M, champ d'expansion des flets occipitaux de la branche mastoïdienne ;  Fr. ext., nerf frontal externe;  Vr. int., nerf frontal interne;  N. est., nerf nosal externe; N. nerf naso-lobaire; - S. o.  Nerf sous-orbitaire; D. inf., nerf dentaire inférieur;  Dr. cerv. suport. ou asc. ont., branche cervicale sopeficielle ou ascendante antérieure du plexus cerriealsuperfciel;  H. sus-st., R. sus-et., R. sus-ser., rameausnerveus sus-sternaux, sus-clariculaireset sus-acromiaux du plexus cerrical superficiel;  Aur. temp., nerf auriculo-temporal;  Fac, nerf facial (moteur) ;  S. occ., nerf sous-occipital (2 paire cer­vicale); Pet. mast., petite mastoïdienne, branche du plxus cervical superficiel;  Dr, mast. on occ. aur. ou asc. p., branche mastoïdienne ouoceipito-aorieulaire de Chaussier, ou ascendante posterieure du plexus cervical superficiel;  Br. aur. ou asc. moy., branche auriculaire ou ascendante moyenne du plexus cervical superficiel 5 p. cerv,, émergence de la 5 paire cervicale;  Br. asc., branches ascendantes du plexus cervical superficiel; Plex, cerv. superf., émergence du plexus cervical superficiel ;  Br. dose, ou pest., branches descendantes posterieures du plexus cervical superficiel.


De la racine du nez elle se porte vers l'angle interne de l'œil, descend et contourne le globe oculaire le long du bord interne et

Ligne cranio-podale séparant la section anterieure de la Mellon postérieure du domaine des nerfs ascendants.

Fig. 10.  Cette figure est destinée à montrer le trajet des lignes naso-auriculo-cervicale et cranio-podale,les parties antérieure et postérieure du domaine des nerfs as­cendants vues par leurs faces latérales, elles points d'émergencedes nerfs suivants :

N. sus-o., nerf «sus-orbitaire;  N. sous-o., nerf sous-orbitaire;  N. nerf naso-orbitaire;  N. d. t., nerf dentaire inférieur;  N. a.-t.. nerf auriculo-temporal;  N. s.-o., nerf sous-occipital;  P. e. s., plexus cervical superficiel;  5 N. c., nerf cervical.

On y voit de plus l'indication do deux régions importantes :

T, espace triangulaireretro-massillaire faisent partie de la région ou sons neutre faciale;  M. région mastoïdienne.

inférieur de l'orbite, remonte ensuite le long du bord externe de cette cavité jusqu'au niveau de l'angle externe de l'œil.


 

De là elle se porte horizontalement en arrière jusqu'au-devant de la partie supérieure du pavillon de l'oreille, le long de l'arcade zygomatique.

A partir de ce point elle suit jusqu'à la partie moyenne et posté­rieure du cou un trajet déjà connu, puisqu il se confond avec la portion correspondante dela ligne de separation des deux sections antérieure et postérieure du corps (ligne crano-podiale).

Au niveau, ou à peu près, du point de divergence des branches du plexus cervical superficie), cette ligne se porte en arrière, limitant en haut une petite zone dite neutre (nous dirons plus tard pour­quoi).

Toute la région qui est au-dessus de cette ligne de séparation que nous appellerons naso-auriculo-cervicale est parcourue par des nerfs cutanés sensitifs dont la direction générale est ascendante; elle forme le domaine des nerfs ascendants.

Toute la vaste région qui est située au-dessous de celle ligne est parcourue par des nerfs cutanés sensitifs a direction descendante ; elle constitue le vaste domaine des nerfs descendants.

La ligne de division naso-auriculo-cervicale marque précisément les points de divergence de ces nerfs.

Ainsi à la racine du nez elle passe entre la branche ascendante et la branche descendante du nerf nasal externe.

Au niveau des yeux elle est placée entre les nerfs frontaux ascen­dants et le nerf sous-orbitaire descendant.

Au niveau des tempes elle laisse au-dessus d'elle les ramifica­tions temporales du nerf auriculo-temporal (branche née surtout de la portion sensitive du maxillaire inférieur), les unes anasto­mosées entre elles et les autres avec les filets temporaux du facial. Au-dessous nous trouvons des rameaux du facial pour la plupart transversaux accolés à des filets qui proviennent du tronc de l'auriculo-temporal au niveau du col du condyle du maxillaire inférieur.

Au niveau des oreilles elle coupe la partie supérieure du pavil­lon à l'union de son sixième supérieur environ avec ses cinq sixièmes inférieurs, en laissant au-dessous les ramifications auriculaires supérieures du nerf auriculo-temporal et les ramifications auriculaires du nerf occipito-auriculaire (de Chaussier).

Au niveau de la limite postérieure de l'apophyse mastoïde elle suit le filet auriculaire du nerf occipito-auriculaire, puis le tronc de ce nerf, laissant au-dessus les rameaux ascendants occipitaux de ce même nerf.

Enfin au niveau de la partie postérieure et moyenne du cou elle limite en haut une zone neutre, laissant au-dessus d'elle, de haut en bas : le nerf sous-occipital si important par son volume et l'étendue de sa distribution, qui a lieu entièrement dans lesens ascendant, te rameau occtpitalascendantdunerf occipito-auriculaire (de Chaus­sier), la petite mastoïdienne, les rameaux ascendants d'une petite branche postérieure du plexus cervical superficiel, et enfin tout à fait en arrière, et à partir du nerf sous-occipital, les rameaux obliques ascendants des branches postérieures des troisième et quatrième nerfs cervicaux.

ZONE NEUTRE CERVICALE POSTÉRIEURE

(Voy. fig. 8, 9 et 10.)

Cette zone correspond au champ de distribution des rameaux de la branche postérieure du cinquième nerf cervical et des rameaux transverses postérieurs de la petite branche postérieure émanant du plexus cervical superficiel.

Sa hauteur est en moyenne de 0,03 et elle occupe en largeur tout le tiers postérieur correspondant du pourtour du cou, limité de chaque côté par la ligne cranio-podale.

Elle est dite neutre pour deux raisons, se justifiant l'une par l'autre. La raison physiologique sera donnée plus lard. La raison analomtque consiste dans la direction purement transversale des rameaux nerveux qui s'y distribuent.

Cettezoneestlelieu de passage du domaine des nerfs ascendants au domaine des nerfs descendants au même titre que la ligne naso-auriculo-cervicale dont elle est fait partie.


Au-dessous de cette zone intermédiaire neutre ou indifférente les nerfs sensitifs prennent une direction franchement descendante ou oblique descendante à partir des rameaux postérieurs du sixième nerf cervical.

FORME GÉNÉRALÉ RELATIVE   DU   DOMAINE  DES  NERFS ASCENDANTS

Le domaine des nerfs ascendants affecte la forme d'un casque qui recouvrirait exactement lecrâne, les yeux et la nuque en laissant à découvert la plus grande partie du pavillon des oreilles.

Il est douze à treize fois moins étendu que le domaine des nerfs descendants (Voy. fig. 3 et 4).

C'est le domaine inférieur que les passes influencent le plus généralement.

LIGNE TRANSVERSE DE  DIVERGENCE

La ligne de séparation de ces deux domaines pourrait être dési­gnée sous le nom de ligne transverse de divergence, parce qu'elle passe transversalement (au moins dans les parties essentielles) par les points ou zones de divergence des nerfs sensitifs ascendants et des nerfs sensitifs descendants.

LIGNE VERTICALE BILATERALE DE CONVERGENCE

Par contre la ligne qui divise le corps en deux sections anté­rieure et postérieure et indiquée ailleurs sous le nom de ligne cranio-podale bilatérale pourrait être nommée ligne verticale bila­térale de convergence, parce qu'elle passe par les points où les nerfs sensitifs des deux sections antérieure et postérieure du corps convergent ou tendent à converger de chaque côté du corps (Voy. fig. 2).


VERTICALE  MÉDIANE ANTERIEURE ET POSTÉRIEURE

A ces deux lignes il convient d'en ajouter une autre dont l'im­portance ressortira d'avantage dans la suite de cet ouvrage. Celle ligne est double elle passe par l'axe du corps et divise les deux sections antérieure et postérieure du corps en deux moitiés laté­rales, gauche et droite (Voy. fig. 3, 4, 11 et 12).

Nous l'appellerons : ligne verticale médiane antérieure et pos­térieure ou plus simplement ligne médiane.

En réalité elle est une ligne de divergence le long du milieu de la face postérieure du corps où les nerfs sensitifs divergent, et une ligne de convergence le long du milieu de la face antérieure où les nerfs convergentau contraire.

Cette ligne médiane double n'est que l'indice superficiel d'une division profonde du corps humain suivant un plan vertical antéro­postérieur passant exactement par son milieu et séparant ainsi sa moitié droite de sa moitié gauche.

Ce plan suivant lequel le corps est divisé en deux moitiés droite et gauche ne trouve pas seulement sa raison d'être dans la diver­gence postérieure et la convergence antérieure médianes des nerfs sensitifs, mais encore et surtout dans la division du cerveau en deux hémisphères qui tout en communiquant entre eux n'en com­mandent pas moins chacun à une moitié correspondante du corps : l'hémisphère gauche à la moitié droite du corps et l'hémisphère droit à la moitié gauche.

Ce fait est de notion vulgaire et nos expériences viendront con­firmer les faits anciens et récents, maintenant bien connus, de fonctionnement indépendant des hémisphères cérébraux, faits d'après lesquels l'homme serait un être double aussi bien physi­quement que physiologiquement et peut-être psychiquement.

Mais ce qui n'était pas connu et ce que nos expériences mettront en relief, c'est que chaque moitié latérale du corps doit être divisée elle-même en section antérieure et en section postérieure.

D'où l'on peut conclure qu'une disposition spéciale correspon-


Fig. II.  Division du tronc en deux moitiés latérales, et de chaque moitié latérale en deux sections antérieure et postérieure.  Division des membres en faces antéro-externe et postero-interne (Yoy. fig. 12).


 

Fig. 13.  Division du tronc en deux moitiés latérales et de chaque moitié latérale en deux sections antérieure et postérieure.  Division des membres en faces antero-externe et postero-interne (Voy. fig. 11).


dante doit exister dans chaque moitié latérale du cerveau et de la moelle.

EFFETS PRODUITS  PAR LES  RADIATIONS DIGITALES MOBILES

Ces détails d'anatomie topographique étant connus nous abor­derons l'étude des passes et de leur effets.

Premières constatations.J'avais remarqué tout d'abord et d'une manière générale que des passes unimanuelles ou bimanuelles faites en regard de la face antérieure du corps anestthésiaient les téguments, faisaient aussi contracter les muscles, et finissaient par amener le sommeil si elles étaient descendantes; et par contre hyperesthésiatent les téguments, décontracturaient les muscles et pouvaient produire la crise dite du petit veau si elles étaient ascendantes.

En ne constatant comme modification de la sensibilité que de l'anesthésie, ou j'étais dans le vrai et je n'avais peut-être alors fait partir les passes que du niveau des yeux, ou je me trompais et alors j'avais commencé probablement mes passes de ta partie supérieure du front. Je m'aperçus bien vite que dans ce dernier cas, tandis que de l'anesthésie existait à la face, au-devant du cou, du thorax et des jambes, il existait de l'hyperesthésie au front.

Si alors je faisais des passes en sens inverse de même longueur l'anesthésie et l'hyperesthésie disparaissaient également.

Puis si je continuais ces passes ascendantes, des phénomènes inverses des précédents étaient produits. Le front s'anesthésiait tandis que le devant des. jambes, du tronc et de la face s'hypercs­thésiaienl. En les continuant davantage j'amenais la crise du petit veau.

Une ou plusieurs passes descendantes de même longueur redonnaient aux téguments leur sensibilité, et continuées pou­vaient provoquer le sommeil.

Les particularités de ces faits m'avaient d'autant plus frappé que je ne tes avais ni prévues ni recherchées volontairement en


vertu de quelque idée préconçue. Je résolus de les bien étudier.

Premiers faits acquis.  Les faits suivants étaient acquis ;

1 Une même passe, partie du haut du front pour aboutir plus oumoinsprèsdel'extrémitédesmembresinférieurs,hyperesthèsiait le front et anesthèsiait toute la partie du corps située en dessous etintéresséeparlapasse;

2 Une mêmepasse partie des pieds et aboutissant à la partie su­périeure du front front provoquait inversement l'hyperesthésie jusqu'aux yeux et l'anesthésie au-dessus ;

3 Cette passe ascendante, si elle était faite après la passe des­cendante, détruisait d'abord les effets de celle-ci, ramenant la sen­sibilité à l'état normal.

De même si lapasse descendante était faite après la passe ascen­dante, elle en détruisait les effets, ramenant la sensibilité à l'état normal.

Puis si l'une ou l'autre étaient continuées, elles produisaient les effets signalés ci-dessus : te sommeil si elles étaient descendantes, la crise du petit veau si elles étaient ascendantes.

RECURECUE DE LA LIGNE DE SEPARATION ENTRE LA REGION ANESTHÉSIEE ET LA REGION HYPERESTHESIE PAR LA MEME PASSE

Avant de chercher la raison de ces phénomènes il fallait con­naître exactement la ligne do séparation entre la région hyperesthésiée et la région anesthésie par une même passe unimanuelle, ou bimanuelle unique ou multiple, mais intéressant toujours en tous cas une certaine largeur des téguments.

Ces modifications de la sensibilité étant ainsi obtenues je par­vins à connaître assez exactement cette ligne de démarcation en procédant de la manière suivante :

Je promenais la pointe d'un crayon d'abord de haut en bas puis de bas en haut sur la peau, de manière à passer par la racine du nez et par les paupières; dès que l'anesthésie faisait place à l'hyperesthésie ou inversement l'hyperesthésie à l'anesthésie, ou bien dès que la réaction était incertaine, je marquais ce point et le figurais aussitôt sur un dessin préalablement préparé et repré-


sentant l'image du corps humain. Après avoir ainsi opéré sur toute la largeur des téguments que la passe ou les passes avaient pu influencer, j'obtins une ligne de démarcation qui, née à la racine du nez, descendait jusque vers l'angle interne de l'œil et se retrouvait ensuite vers l'angle externe après avoir a la fois' circonscrit le globe de l'oeil en haut et en bas à la naissance des paupieres. Il en résultait que l'œil recouvert par les paupières paraissait occuper une zone en quelque sorte indifférente. En tous cas, immédiate­ment en dessus et immédiatement en dessous les réactions positive (hyperesthésie) et négative (anesthésie) se manifestaient d'une manière très précise.

Plus tard la recherche et la délimitation d'autres réactions (pleurs et rire) m'apprirent qu'il fallait placer la région oculaire dans le domaine des nerfs ascendants.

En opérant comme précédemment sur tout le pourtour dé la partie supérieure du corps, je parvins a tracer la ligne de séparation des nerfs ascendants et des nerfs descendante, ligne naso-auriculo-cervicale, ou de divergence, que j'ai décrite plus haut (Voy. p. 123 et 128 et fig. 9 et 10).

Sur la face postérieure du cou je fus frappé de l'existence d'une zone qui, explorée après les passes faites en regard de celle région du corps, ne donna que des réactions incertaines, tandis que ces réactions étaient nettement positives ou négatives soit au-dessus soit au-dessous, suivant que les passes avaient été descendantes ou ascendantes.

Je dois faire remarquer qu'après avoir découvert qu'il existait entre l'hyperesthésie du front et l'anesthésie de la face ou vice versa une ligne et peut-être une zone (très étroite en tous cas) de sépa­ration, je fus conduit aussitôt et tout naturellement à penser que la direction des nerfs ou mieux lesens de la distribution des nerfs pouvait ne pas être étranger à ces localisations des modifications positive et négative de la sensibilité, le ne pouvais ignorer qu'au-dessus de l'œil émerge le nerf sus-orbitaire qui se dirige en haut et se ramifie sur la région frontale, qu'au-dessous émerge le nerf sous-orbitaire qui se dirige en bas en éparpillant ses filets en éventail.


Je me gardai bien cependant do formuler encore aucune loi. Je me contentai de l'entrevoir et je m'en servis provisoirement à titre de simple hypothèse.

Je me trouvais donc en présence do deux régions particulière­ment importantes, celle des nerfs ascendants et celle des nerfs descendants.

Je fis alors des recherches isolément sur chacune de ces régions.

EFFETS   DIRECTS DES PASSES FAITES EN REGARD DU DOMAINE DES NEUFS ASCENDANTS

(Voy. fig. 13, 14, 10, 20, 21 et 22.) Influence sur la sensibilité générale.

En regard du domaine des nerfs ascendants je fis des passes en tous sens, ne dépassant pas ou presque pas la ligne transverse de divergence (ligne naso-auriculo-cervicale).

J'obtins les résultats suivants :

1 Des passes descendantes faites en regard de n'importe quel point du pourtour de ce domaine provoquaient l'hyperesthésie des régions directement influencées et cette hyperesthésie s'étendait du vertex à la partie correspondante de la ligne naso-auriculo-cervicale (ligne de divergence) au-dessous de laquelle la sensibi­lité était diminuée, abolie ou naturelle, suivant, d'après toute ap­parence, que les passes descendantes l'avaient dépassée ou s'étaient arrêtées à son niveau;

2 Des passes ascendantes, faites en regard de n'importe quel point du pourtour de ce même domaine des nerfs ascendants, en commençant soit un peu au-dessous, soit au niveau de la ligne de divergence naso-auriculo-cervicalepour aboutir au vertex, provo­quaient l'anesthésie de la région influencée, mais cette anes­thésie était exactement limitée en bas à la portion correspondante de la ligne transverse de divergence;

3 Des passes obliques descendantes donnaientlesmêmesrésultats que les verticales descendantes;


4 Des passes obliques ascendantesdonnaient les mêmes résultats que les verticales ascendantes;

Fig. 13.  Passes directement anesthésiantes et hypnotisantes faites, dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendants, en regard du crâne, de la face et du cou.

5° Des passes transverses ou circulaires provoquaient l'anes­thésie ; 6° Des passes anesthésiantes pouvaient produire le sommeil et


des passes hypéresthésiantes la crise violente dite du petit veau, le sommeil représentant le degré le plus avancé de l'anesthésie et sa

Fig. 14.  Passes directement hyperesthésiantes et réveillantes faites, dans les deux domaines des nerfs ascendants ci descendants, on regard du crâne, dela face et du cou.

diffusion dans les centres, et la crise violente représentant de même le degré le plus avancé de l'hyperesthésie et aussi sa géné­ralisation dans les centres ;



 


(Ceseffets représentant uneintensité plusgrandedesphénomènes provoqués étaient on rapport direct avec le nombre des passes faites, l'étendue de ces passes, et le nombre de mains ou de doigts employés.)

7° Les effets produits par les passes pouvaient se neutraliser réciproquement s'ils étaient de nature opposée.

Ainsi l'anesthésie faisait disparaître l'hyperesthésie, et vice versa. De même le sommeil neurique provoque pouvait faire disparaître la crise hyperesthesique, et l'hyperesthésie faire cesser le sommeil.

Je profitai de cette propriété des passes de pouvoir neutra­liser réciproquement leurs effets de nature opposée pour mieux étudier isolément les effets de chaque genre de passes en ra­menant après chacune d'elles la sensibilité de la peau & son état normal.

Ces diverses constatations ayant été faites maintes fois, nous nous crumes suffisammentautorisé à formuler les règles suivantes essentiellement basées sur l'influence qu'exerce sur les effets des passes le sens de la distribution des nerfs sensitifs.

Dans le domaine des nerfs ascendants:

Des passes verticales centripètes, c'est-à-dire faites parallèlement ou obliquement en sens contraire de la distribution des nerfs sensitifs cutanés, hyperesthesient la région directement influencée.

Des passes verticales centrifuges, c'est-à-dire faites parallèle­ment ou obliquement dans le même sens de la distribution des nerfs sensitifs cutanés anesthésiant la région directement in­fluencée.

Des passes croisées, c'est-à-dire faites perpendiculairement à la direction des nerfs sensitifs cutanés, anesthesientla région direc­tement influencée.

Tels sont les effets des passes limités en apparence à la péri­phérie. Ce n'est en effet qu'une apparence, car aux modifications de la sensibilité périphérique doit correspondre une modification équivalente dans les centres. Seulement lorsque cette modifica­tion de la sensibilité périphérique n'est ni très étendue ni très


accusée, la modification correspondante dans le contre ne se tra­duit par aucun phénomène appréciable.

Des passes centrifugesou des passes croisées endorment, et des passes centripètes produisent ta crise hyperesthésique ou bien réveillent le sujet précédemment hypno-neurisé, si elles sont répétées un nombre de fois ou moins considérable.

Le sommeil, la crise hyperesthesique et le réveil deviennent ainsi l'expression d'une action des passes à la fois plus intense et plus étendue dans les centres nerveux.

Les passes centripètes détruisent on neutralisent les effets directs périphériques et centraux des passes centrifuges et croisées, et inversement les passes centrifuges et croisées neutralisent les effets directs des passes centripètes.

EFFETS INDIRECTS

DBS PASSES FAITES EN REGARD DES DIVERSES REGIONS

DANS LE DOMAINE DES NEUFS ASCENDANTS

J'ai dit que les modifications provoquées de la sensibilité (anes­thésie ou hyperesthésie) s'étendaient exactement du vertex à la ligne naso-auriculo-cervicale sur tous les points correspondants a la région influencée par les passes.

Je voulus connaître quelle étendue en largeur occupaient ces modifications de la sensibilité ainsi provoquées.

Je fis une passe verticale ascendante unimanuelle depuis la racine du nez et le niveau des yeux jusqu'à la partie supérieure du front en regard de la ligne médiane du corps. Je ne fis qu'une passe parce que plusieurs passes auraient amené le sommeil et par conséquent l'anesthésie générale (Voy. fig. 13 et fig. 15).

1. Le sujet est figuré les yeux fermes pour indiquer que la passe directement anesthésiante et non encore hypnotisante pourrait le devenir si elle était répétée un nombre de fois suffisant. Avec une seule passe le sujet resta éveillé et les effets produits se bernent a des modifications de ta sensibilité directes et indirectes. La succession dos phénomènes est celle-ci : après la première passe, et parfois après deux trois ou même un plus grand nombre de passes, on provoque tout «l'abord de l'anesthésie frontale directe et de l'hyperesthésie occiptio-cervicale indirecte, puis si la neurisation est prolongée l'hypnose survient et avec elle l'anesthésie générale.


Avec une pointe mousse (celle d'un crayon par exemple ou d'une aiguille & tricoter) j'explorai  la sensibilité des téguments sur

Fig. 15.  Effet indirect d'une passe (représentée par la flèche) directement anesthésiante et hypnotisante, faite dans te domaine des nerfs ascendants, en regard du front ou soit dans la région crânienne antérieure.

toute la largeur du front : la malade ne sentit rien. Je prolongeai l'exploration sur les cotés, le sujet continua à ne rien percevoir.


Puis je m'avançai vers la région de la section postérieure du crâne pour en faire Je tour, dès que j'eus touché un certain point je vis que je provoquais de la douleur : c'était à peu près entre ta région temporale et la région occipitale ; je revins en arrière et le sujet n'accusa aucune douleur.

M'étant rendu compte de la position exacte de ce point au dela duquel existait de l'hyperesthésie et en deçà duquel je trouvais do l'anesthésie, je poursuivis mon exploration en avançant vers l'occi­put; la malade continuait à percevoir une vive sensibilité. Je fis le tour de la région occipitale et toujours je provoquai de l'hyperes­thésie jusqu'à ce que, arrivé de l'autre côté du corps, l'instrument explorateur tomba sur un point insensible.

Ce point attentivement examiné, situé entre ta région temporale et la région occipitale était le point homologue decelui de la région opposée primitivement explorée.

J'entrevis alors la possibilité de la division de la région cra­nienne en deux sections, une antérieure et une postérieure (Voyez, fig. 2). Mais je ne pouvais pas m'expliquer la présence de cette hyperesthésie sur une région que je n'avais pas directement in­fluencée par les passes. Je notai le fait.

Je repris alors l'exploration du pourtour de la région cranienne à des hauteurs différentes, de manière à ne laisser aucun point inexploré, et je m'aperçus alors que toute la moitié antérieure du crâne était anesthésie et toute ta moitié postérieure du crâne hyperesthésiée.

J'explorai aussi le cou et je constatai que l'hyperesthésie qui descendait jusqu'à la zone neutre post-cervicale s'arrêtait sur les côtés le long de la portion descendante de la ligne de divergence.

Au crâne la séparation entre la région antérieure anesthésiée à la postérieure hyperesthésiée avait lieu suivant une ligne qui partie du vertex venait tomber sur l'arcade zygomatique un peu en avant de l'oreille.

Cette ligne, on le voit, Tait partie de la grande ligne bilatérale cranio-podale ou de convergence qui divise le corps en deux sec­tions : une antérieure et une postérieure.


Pensant que cette hyperesthésie do la région crânio-cervicale postérieure pouvait etre un reliquat d'hyperesthésie précédemment provoquée et non neutralisée, je ramenai la sensibilité de tout le domaine des nerfs ascendants a son état normal par des passes appropriées.

Je refis ensuite l'expérience qui donna lesmêmes résultats.

De nouveau je ramenai la sensibilité à l'état normal. Puis je procédai aune nouvelle expérience, mais faite dans des conditions opposées afin qu'elle pût servir de contrôle à la première.

Ainsi au lieu de faire une passe ascendante en regard du front je fis une passe descendante.

L'exploration de la sensibilité faite avec soin sur toute l'étendue du cuir chevelu et du cou en arrière dans le domaine des nerfs ascendants me montra que toute la moitié antérieure de ce do­maine était hyperesthésiee tandis que sur la moitié postérieure tout entière la sensibilité était abolie.

Je ramenai partout la sensibilité à l'état normal et relis l'expé­rience qui me donna les mômes résultats.

Ilen résultait pour moi qu'une passe descendante faite au-devant du front équivalait pour l'occiput à une passe ascendante puisqu'il s'y montrait de l'hyperesthésie sans que j'eusse influencé directe­ment cette région (Voy. fig. 16).

Inversement une passe ascendante faite au-devant du front équi­valait pour l'occiput a une passe ascendante puisqu'il s'y montrait de l'anesthésie sans que j'eusse influencé directement cette région (Voy. fig. 15).

Si au lieu d'opérer primitivement en regard du front je faisais mes passes en regard de la région occipitale, il se produisait du côté du front les mômes modifications que précédemment du côté de l'occiput (Voy. fig. 17et 18).

Donc un nouveau fait était acquis.

Toute modification de la sensibilité provoquée par des passes sur l'une des sections antérieure ou postérieure du domaine des nerfs ascendants produit dans la section directement opposée une modi­fication inverse de la sensibilité.


Jusqu'à présentnousavons étudié leseffets despasses lorsqu'elles sont faites en regard de la ligne médiane du corps soit en avant

Fig. 16.  Effet indirect d'une patte directement hyperesthesiante faite, dans le domaine des nerfs ascendants en regard du front ou soit de la régies crânienne antérieure.

soit en arrière du domaine des nerfs ascendants, c'est-à-dire tantôt en regard de la ligne médiane du front et tantôt en regard de la ligne médiane de l'occiput.


Nous avons vu que l'anesthésie ou l'hyperesthésie ainsi provo­quée soit sur la section du domaine directement influencée soit

Fig. 17.  Effet indirect d'une passe directement anesthésiant faite, dans le do­maine des nerfs ascendants, en regard de l'occiput ou soit de la région cranio-cervicale postérieure.

sur la section opposée, occupait toute l'etendue de ces sections. Ces modifications de la sensibilité n'étaient donc pas limitées


exactement a la surface des téguments comprise dans les limites des radiations digitales. Ainsi une passe unimanuelle faite en regard de la ligne

Fig. 18.  Effet indirect d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans le domaine des nerfs ascendants, en regard de l'occiput ou soit de la région cranioservicale postérieure.

mediane du front influençait les téguments sur une largeur qui ne dépassait pas celle de la main, et pourtant la modification de la


sensibilité ainsi provoquée au-devant du front s'étendait sur les côtés et en haut jusqu'à la limite indiquée des moitiés antérieure et postérieure du crâne. Elle avait donc gagné de proche en proche selon toute apparence.

J'eus l'idée alors de n'influencer que l'une des moitiés latérales soit de la région frontale soit de la région occipitale.

Je commençai par le front ; en regard de la moitié droite du front du sujet je fis une passe verticale descendante avec trois doigts rapprochés de manière à n'influencer qu'une bande étroite.

Or le résultat fut que l'hyperesthésie fut ainsi provoquée non seulement sur toute la moitié latérale droite du front directement influencée (Voy. fig. 20) mais encore sur toute la moitié latérale gauche.

En faisant cette exploration immédiatement après la passe j'ai constaté pourtant que l'hyperesthésie était d'abord bornée ala bande des téguments directement influencés sur la moitié latérale droite et en môme temps à une égale bande des téguments sur la région homologue de la moitié latérale gauche du front. Puis l'hyperesthésie s'étendait et couvrait en quelque sorte toute la moitié antérieure du crâne dans les limites déjà tracées.

En opérant primitivement sur la moitié latérale gauche du front j'obtenais sur place et secondairement de l'autre côté les mêmes phénomènes.

Si au lieu d'opérer en regard de l'une ou de l'autre moitié latérale du front j'opérais de même à l'égard de l'une ou de l'autre moitié latérale de la région occipitale je provoquais des effets identiques.

En même temps dans ces expériences ta moitié opposée, postérieure ou antérieure, devenait le siège d'une modification inverse de la sensibilité comme précédemment lorsque je faisais la passe en regard de la ligne médiane du front.

Si au lieu de provoquer primitivement l'hyperesthésie nous pro­voquions l'anesthésie sur une partie de l'une des moitiés latérales du corps, soit dans la section antérieure, soit danslasection posté­rieure du domaine des nerfs ascendants, les résultats étaient iden­tiques : de l'anesthésie se développait sur la région homologue


 


de l'autre moitié latérale et de l'hyperesthésie sur la section anté­rieure ou postérieure opposée.

Nous avions donc à ajouter au fait précédent un nouveau fait; et ces deux faits rapprochés peuvent être ainsi formulés:

Toute modification dela sensibilité provoquée par des passes sur unepartie des tégumentsde l'une moities latérales d'une section antérieure ou postérieure du, domaine des nerfs ascendants provoque d'une part une modification identique sur la région homo­logue de Vautre moitié latérale, et, par extension, sur toute l'étendue des deux moitiés latérales, et d'autre part, secondaire­ment ou coincidemment une modification de la sensibilité d'un ordre inverse dans toute la section antérieure ou postérieure opposée du même domaine.

Voyant qu'une passe faite en regard d'une région choisie du domaine des nerfs ascendants provoquait une modification de la sensibilité non seulement sur la région directement influencée mais encore sur d'autres régions de ce môme domaine, il eût été naturel de rechercher si quelque modification de la sensibilité ne viendrait pas à se produire secondairement ou coïncidemment sur un point quelconque du domaine des nerfs descendants.

Je lis celle recherche, mais ce ne fut point en vertu d'un raison­nement de ce genre. Le hasard seul éveilla tout d'abord dans mon esprit l'idée de la possibilité d'une telle influence lointaine.

Ayant fait une passe hyperesthésiante en regard du front sans dépasser en bas la ligne naso-auriculo-cervicale, je constatai que la région occipitale et la région cervicale postérieure supérieure étaient insensibles (Voy. fig. 16).

Pendant que j'explorais cette dernière région j'en dépassai les limites inférieures, et je fus surpris de trouver qu'au-dessous de la zone neutre ou indifférente, à l'anesthésie constatée au-dessus succédait de l'hyperesthésie et que celle hyperesthésie se prolon­geait sur toute la région dorsale.

Ensuite, portant mon attention sur la section antérieure du corps, je constatai que la région faciale et la face antérieure du thorax étaient le siège d'une anesthésie non douteuse.


 

Ainsi j'avais provoqué de l'hyperesthésie an front, de l'anes­thésie à l'occiput, de l'hyperesthésie au dos, et de l'anesthésie aux régions faciale et thoracique antérieure.

Celle constatation étant faite, je ramenai la sensibilité A l'état normal, et je refis l'expérience; elle donna les mêmes résultats.

Je la variai en provoquantprimitivement sur le front del'anesthésie par une ou deux passes ascendantes : l'occiput devint le siège d'une vive sensibilité, le dos s'aneslhésia, la région faciale et le devant de la poitrine s'hyperésthésièrent.

Puis au lieu d'agir ainsi primitivement sur la section antérieure du domaine des nerfs ascendants, j'opérai en regard de la section postérieure, c'est-a-dire de la région occipitale, tantôt en y pro­voquant l'hyperesthésie et tantot l'anesthésie : les résultats Turent identiques à ceux obtenus, précédemment, en opérant en regard du front.

En hyperesthésiant directement la région occipilo-cervicale, je provoquais par cela même l'anesthésie de la région frontale, l'hyperesthésie de la face et du devant du tronc, et l'anesthésie de la région du dos.

En anesthésiant d'autre part directement la région occipito-cervicale, je provoquais en même temps de l'hyperesthésie au front, de l'anesthésie à la face et au-devant du thorax et de l'hyperes­thésie au dos.

Un autre fait était encore acquis, c'est que l'influence d'une passe sur la sensibilité d'une régionaugreque celle en regard de laquelle elle est faite, dans le domaine des nerfs ascendants, peut dépasser les limites de ce domaine, et se montrer dans le domaine, des nerfs descendants.

MODE DE PRODUCTIONDE L'ANESTHÉSIE OU DEL'HYPERESTHESIE SIMULTANEMENT SUR DES REGIONS AUTRES QUE CELLE DIRECTEMENT  INFLUENCÉE  PAR  UNE OU PLUSIEURS PASSES.

Il reste à savoir maintenant en vertu de quel mécanisme se pro­duit dans les différents cas énumérés l'influence d'une passe sur


la sensibilité d'une région autre que celle qui est directement in­téressée dans le domaine des nerfs ascendants.

Rappelons un des faits les plus complets et les plus simples on môme temps.

Une passe descendante étant faite en regard de la moitié droite du frront du sujet, il se produira de l'hyperesthésie sur toute l'éten­due dela régiondu front parcourue par la passe. En même temps ou pourra constater des modifications de la sensibilité sur des régions situées immédiatement au delà des diverses lignes qui circonscrivent celle région :

A gauche au delà de la ligne médiane on constatera do l'hyperes­thésie.

En avant, au-dessous de la ligne naso-auriculo-cervicale, de l'anesthésie. En arrière, au delà de la ligne cranio-podale, de l'anesthésie. Enfin beaucoup plus loin, en arrière, au-dessous de ht zone neu­tre post-cervicale, il se produira de l'hyperesthésie.

Cette influence plus ou moins lointaine s'est-elle exercée par réflexion dans les centres nerveux ou bien par une sorte de pro­pagation périphérique de l'action propre de la passe ?

Il semble que l'influence sur la région homologue de l'autre côté du front est le résultat d'une action réflexe sur les centres (trans­fert), tandis que l'influence exercée sur les autres régions serait le résultat d'une sorte d'action de voisinage se faisant de proche en proche et plus ou moins loin.

En effet, si en regard de chaque région ainsi influencée nous figurons une flèche dirigée dans le sens de la passe réelle qui aurait provoqué la modification de la sensibilité, telle qu'elle existe sur chacune de ces régions, nous voyons que toutes les flèches suivent le long de la ligne médiane la môme direction que celle qui est figurée en regard de la région frontale primitivement et directe­ment influencée.

D'ou il résulterait que celte passe descendante aurait paru tenir lieu d'une sorte de passe descendante en avant et au-dessous de la ligne de divergence, et d'une sorte de passe ascendante en arrière


d'abord au delà do la ligne de convergence (au sommet du crâne), puis au delà de la zone neutre post-cervicale.

En d'autres termes, une passe réelle aurait donné lieu a l'ac­tion de passes virtuelles de même direction par voie de conti­nuité.

Lamême explication pourrait être donnée pour la compréhension des phénomènes du même ordre qui ont lieu dans les combinaisons diverses de la même expérience.

Nous nous bornons pour le moment a émettre cette simple hypo­thèse qui peut suffire pour aider a comprendre les actions des passes sur place et plus ou moins loin de la région directement intéressée. Nous verrons plus tard s'il n'y a pas-lieu de modifier celte interprétation et defaire intervenir quelque action sur des courants qui, semble-t-il, parcourent tout corps humain.

Influence sur la motilité

Dans le domaine des nerfs ascendants, j'ai pu provoquer des contractions siégeant dans les muscles frontaux ou sourciliers.

Deux conditions étaient nécessaires pour que ces contractions eussent lieu. Il fallait que les téguments correspondants fussent anesthésiés préalablement et que des passes fussent faites dans le sens de la contraction de ces muscles. Mais comme ces faits se rapportent a l'élude spéciale que nous avons faite ailleurs des contractions des muscles de l'expression faciale dans certaines conditions déterminées, nous y renverrons le lecteur (Voy.p. 369).

APERÇU  GÉNÉRAL SUR LES EFFETS  DIRECTS  ET  INDIRECTS

DES PASSES FAITES EN REGARD  DU  DOMAINE

DES NERFS DESCENDANTS

Influence sur la sensibilité générale

Le domaine des nerfs descendants comprend deux parties qu'il convient de distinguer, les membres et le tronc. Le tronc comprend ici toutes les parties de ce domaine autres


que les membres, c'est-à-dire la portion inférieure dela face et du cou, le thorax et l'abdomen.

Précédemment nous avons distingué leseffets des passes on effets directs et en effets indirects.

Les effets directs sont ceux qui sont produits sur la région direc­tement influencée.

Les effets indirects sont ceux qui sont produits sur des régions non directement influencées et plus ou moins rapprochées de la région primitivement influencée. Or nous avons reconnu :

1°Que les passes faites en regard du tronc et de la face anté­rieure des membres produisent sur la sensibilité générale des effets directs auxquels sont applicables les lois formulées pour les effets directs produits sur la sensibilité générale dans le domaine des nerfs ascendants (Voy. fig. 26 et 27);

2° Quepar contre les passes faites en regard de la face postérieure des membres produisent des effets directs qui sont l'opposé de ceux auxquels s'appliquent les lois formulées pour les effets directs pro­duits sur la sensibilité générale dans le domaine des nerfs ascen­dants. En d'autres termes :

1°Des passes faites en regard d'une région quelconque du tronc (dans le domaine des nerfs inférieurs) et des faces antéro-externes des membres supérieurs et antérieures des membres inférieurs provoquent directement l'anesthésie si elles sont centrifuges (des­cendantes l'hyperesthésie si elles sont centripètes (ascendantes); 2° Par contre des passes faites en regard des faces postéro-internes des membres supérieurs et postérieures des membres in­férieurs provoquent directement l'hyperesthésie si elles sont cen­trifuges et l'anesthésie si elles sont centripètes.

Il semblerait, d'après la nature des effets directs ainsi pro­duits par des passes faites en regard des faces postérieures desmembres, que les nerfs s'y distribuent de bas en haut, faisant suite en quelque sorte aux nerfs sensitifs des faces antérieures, après avoir contourné l'extrémité des doigts où d'ailleurs les nerfs colla-


 


 


téraux s'anastomosent au moyen d'un réseau à mailles nombreuses et serrées.

D'après les effets directs produits par les passes, il faudrait considérer les nerfs dela face antérieure des membres comme des nerfs descendants et les nerfs do la face postérieure comme des nerfs ascendants.

L'ensemble des nerfs sensitifs des membres formerait une sorte d'anse que les membres en se développant sur les côtés du corps auraient en quelque sorte poussée devant eux.

Quant aux effets indirects sur la sensibilité générale provoqués par des passes faites en regard de n'importe quelle région du do­maine des nerfs descendants, ils sont régis par les mômes lois que les effets indirects provoqués par des passes dans le domaine des nerfs ascendants.

En résumé toutle domaine des nerfs descendants, & l'exception des faces postérieures des membres, est influencé par les passes suivant les mêmes lois d'après lesquelles agissent les passes dans le domaine des nerfs ascendants.

EFFETS DIRECTS DES PASSES  FAITES EN REGARD DES

DIVERSES RÉGIONS DANS LE DOMAINE

DES NEUFS DESCENDANTS

(Voy. fig. 13,14, 19, 20, 21, 22 et 23.)

Après avoir nettement établi cette distinction entre les effets di­rects différents produits par des passes de même genre, tantôt faites en regard de la face postérieure des membres et tantôt en regard de n'importe quelle autre région du domaine des nerfs descen­dants, nous étudierons les effets directs des passes sur la sensibilité générale séparément sur les principales régions de ce domaine : 1° sur le tronc; 2° sur les membres.


 

EFFETS DIRECTS DBS PASSES FAITES EN REGARD DESDIVERSES RÉGIONS  DU  TRONC

1° Région faciale

Dans domine des nerfs descendants, des passes faites devant la figure soit en regard de la ligne médiane, soit en regard du côté droit ou gauche, anesthesient d'abord la région directement influencée et peuvent ensuite provoquer le sommeil si elles sont verticales descendantes (centrifuges), obliques descendantes, ou transversales (Voy. fig. 13 et 19).

Elles hyperesthésient, au contraire, tout d'abord la région direc­tement influencée et peuvent ensuite provoquer la crise violente dite du petit veau, ou bien réveiller le sujet s'il avait été préalable­ment hypno-neurisé, si elles sont verticales ascendantes (centri­pètes) ou obliques ascendantes (Voy. fig. 14 et 20).

L'étendue en largeur de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie ainsi directement provoquée et considérée isolément peut varier suivant le nombre de doigts employés et suivant leur écarte­ment et aussi suivant le nombre des passes. "

Quant à l'étendue en hauteur, pour une même modification de la sensibilité, elle peut dépasser les limites inférieures de la face mais elle ne dépasse pas en haut la ligne transverse de divergence. Au niveau de l'oeil les modifications de la sensibilité ainsi direc­tement provoquées peuvent comprendre les paupières.

Pavillon de l'oreille. Des passes faites en regard du pavillon des oreilles anesthésient ses cinq sixièmes inférieurs si elles sont faites verticalement ou obliquement de haut en bas, ou transver­salement; elles l'hyperesthésient sur la même étendue si elles sont faites verticalement ou obliquement de bas en haut (Voyez fig. 13 et 14).

Région mastoïdienne.  Il en est de même pour la région mas­toïdienne où la limite supérieure des modifications obtenues de la sensibilité marque les points par lesquels passe la ligne de divergence.


 


 


Fig. 10.  Passes directement anesthesiantes et hypnotisantes faites dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendants en regard de ta section antérieure du corps.

An.S.  Anesthesie et sommeil.


Ftc. 20. - Passes directement hyperesthesiantes et réveillantes faites dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendante, en regard de la section antérieure du corps.

Hyp.R. ou HR.  Hyperesthésie et réveil.


Si on venait a répéter un nombre de fois suffisant les passes descendantes en regard du pavillon de l'oreille et do la région mastoïdienne on finirait par provoquer le sommeil, que des passes en sens contraire en regard des mêmes régions pourraient ensuite faire cesser.

2 Region cervicale

L'action directe des passes y est la même qu'à la région faciale.

Si on vient à les faire tout autour du cou, les effets directs pro­pres a chaque genre de passes se limitent exactement à la ligne bi­latérale de convergence (ligne cranio-podale) et à la zone neutre post-cervicale dans la partie postéro-supérieure du cou.

Celte ligne peut être assez nettement tracée sur toute la hauteur du cou, de chaque côté, en faisant des passes anesthésiantes en regard de la face antéro-latérale de cette région et des passes hyperesthésiantes en regard de sa face postéro-inférieure (Voyez fig. 10 et 11).

3 Région thoracique

L'action directe des passes y est la même qu'aux régions faciale et cervicale aussi bien sur sa face antérieure que sur les côtés et en arrière.

Si l'on vient à faire des passes descendantes ou anesthésiantes en regard de la face antéro-latérale du thorax et des passes ascen­dantes en regard de sa face postéro-latérale, on pourra tracer la limite verticale de séparation entre l'anesthésie antérieure et l'hy­peresthésie postérieure sur chaque côté du thorax à l'union du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs de cette région. Cette ligne fait partie de la grande ligne cranio-podale ou bilatérale de convergence.

Outre l'anesthésie et l'hyperesthésie on peut aussi produire un degreplusavancédecesétatsqui esttantôtlesommeilettantôtle réveil.

Plusieursfoisj'ai pardespassesalternativementanesthésiantes et

hyperesthésiastes, provoqué alternativement le sommeil et le réveil.

Je rendais la démonstration très complète, puisque J'écartais


Fig. 21.  Passes directement anesthésiantes et hypnotisantes, biles dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendants, en regard de la section postérieure du corps.

An. S.  Anesthesie et sommeil.


Fig. 22.  Passes directement hyperesthesiantes et réveillantes, faites dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendants, en regard do la section postérieure du corps.

Hyp.R ou HR.  Hyperesthésie et réveil.


Fig. 23.  Passes directement anesthésiantes et hyperesthesiantes. faites en regard de la face latérale du thorax.

Passe. An.S.  Anesthésiante et hypnotisante (sommeil); et HR.  Hyperesthésiante et reveillante.


 

ainsi la possibilité de toute suggestion en faisant ces passes alter­nativement en regard du dos ou de l'un des côtes du thorax, a l'insu et hors du champ visuel du sujet (Voy. fig. 23).

Passes thoraciques latérales.Dès que, en regard par exemple de la partie latérale et postérieure du thorax (à travers les vête­ments), je faisais quelques passes obliques descendantesantérieures, la jeune fille s'endormait. Puis dès que, changeant la direction de mes passes je les faisais obliquement de bas en haut et d'avant en arrière, c'est-à-dire en sens inverse, elle se réveillait. Je répétai ensuite plusieurs fois cette double opération et je pus faire passer la jeune fille alternativement du réveil au sommeil et du sommeil au réveil.

Passes thoraciques antérieures et postérieures,  J'ai pu obtenir les memes résultats sur d'autres points de la région.

C'est ainsi que j'ai réussi à endormir maintes fois la jeune ma­lade par des passes descendantes faites on regard du dos. Je la réveillais ensuite par des passes ascendantes en regard de la même région.

D'autres fois je l'endormais en faisant des passes descendantes au-devant du thorax, et je ta réveillais ensuite au moyen do passes ascendantes faites en regard du dos et vice versa,

4 Régions abdominale et lombaire

Les passes faites en regard des régions abdominale, lombaire et lombo-abdominale donnaient les mêmes résultais que celles faites en regard des autres régions du tronc.

5 Effets directs des passe» laites en regard du tronc tout entier dans le domaine des nerfs descendants

(Voy. fig. 19, 20, 21 et 22.)

Des passes faites verticalement ou obliquement depuis la ligne transverse de divergence ou naso-auriculo-cervicale jusqu'à l'ex-


trémité inférieure du tronc et inversement depuis l'extrémité inférieure du tronc jusqu'à la ligne transverse de divergence, pro­duisent les mêmes effets que les passes fuites suivant les mêmes directions en regard des diverses régions du tronc, avec cette dif­férence que les passes étant plus étendues et influençant, par consé­quent, une plus grande étendue du corps produisent souvent des effets plus rapides et plus complets.

EFFETS DIRECTS DES PASSES

FAITES EN REGARD DES MEMBRES SUPÉRIEURS ET INFERIEURS

(Voy. fig. 19 et 20.)

Des passes descendantes ou centrifuges faites en regard de la moitié antéro-externe des membres supérieurs depuis le moignon de l'épaule jusqu'à l'extrémité des doigts y provoquent directement l'anesthésie.

Ces mômes passes faites en regard de la face postéro-interne de ces mêmes membres y provoquent au contraire l'hyperesthésie.

D'autre part des passes ascendantes ou centripètes faites en regard de la face antéro-externe y provoquent l'hyperesthésie et faites en regard de là face postéro-interne y provoquent l'anesthésie.

Enfin des passes transverses ou croisées faites en regard de l'une ou del'autre facedes membressupérieursy provoquent l'anesthésie.

Il résulte de cet exposé que les règles précédemment établies, justes pour toutes tes régions du corps en général ne te sont plus pour la face postérieure ou postéro-interne des membres supé­rieurs, a moins d'admettre que les nerfs sensitifs cutanés s'y dis­tribuent de bas en haut, de l'extrémité des doigts à l'épaule.

Cette supposition excellente comme moyen mnémotechnique ne saurait convenir considérée comme l'expression exacte d'une disposition anatomique.

Nous nous bornerons donc, pour le moment, à noter simple­ment le fait.

Après avoir découvert celle anomalie dans l'action des passes aux membres supérieurs, nous voulûmes savoir si elle se répétait à l'égard des membres inférieurs.


 


 


Des expériences nombreuses, quoique moins commodes à faire avec les membres inférieurs qu'avec les membres supérieurs, nous montrèrent que les membres inférieurs se comportaient comme les membres supérieurs à l'égard des passes.

Ainsi des passes faites en regard de la face antérieure des mem­bres inférieurs y produisaient l'anesthésie si elles étaient descen­dantes (centrifuges), et l'hypèresthésie si elles étaient ascendantes ; mais par contre des passes fuites en regard de la face postérieure y produisaient l'hyperesthésie si elles étaient descendantes, et l'anesthésie si elles étaient ascendantes. Des passes trànsverses (croisées) faites en regard de l'une et de l'autre face y provoquaient l'anesthésie.

En faisant des passes tantôt ascendantes, tantôt descendantes tout autour des membres supérieurs et inférieurs, j'ai pu marquer exactement les limites réciproques de leurs moitiés antérieure et et postérieure telles qu'elles ont été indiqués plus haut (Voyez p. 70, 72 et 82, et fig. 3,4, 5 et 6).

Le procédé pour la détermination de ces limites était des plus simples; aux membres supérieurs je procédais de la manière sui­vante: j'appliquais la pointe mousse d'une tige quelconque sur un point des téguments et je la faisais glisser lentement à des hauteurs différentes sur tout le pourtour d'abord des doigts, puis de la main, puis de l'avant-bras et du bras. Là où finissait l'anesthésie et commençait l'hyperesthésie et vice versat suivant que je procédais d'avant on arrière ou d'arrière eu avant et suivant que l'anesthésie siégeait en avant ou en arriére, je marquais un point. J'opérais de manière à ce que ces points fussent suffisamment rapprochés les uns des autres. Les reliant ensuite entre eux j'obtenais la ligne de séparation des deux moitiés antérieure et postérieure.

Aux membres inférieures j'opérais plus sommairement et à tra­vers les vetements. Mais cette exploration de la sensibilité, malgré certaines difficultés, a été faite avec assez de soin et de précision pour pouvoir donner comme exacte dans son ensemble la ligne de séparation entre les moitiés antérieure et postérieure. Lorsque les bras sont naturellement pendants de chaque côté


du corps, la face antéro-externe de chacun d'eux fait en quelque sorte suite à la face antérieure du tronc. Les faces postéro-internes de ces membres se trouvent ainsi appliquées contre les faces latérales du corps.

Dans ces conditions des passes faites en regard de la section antérieure du corps, dansle domaine des nerfs descendants,depuis les yeux et les oreilles jusqu'aux pieds ou inversement depuis les pieds jusqu'aux yeux et aux oreilles, parcourent une vaste région dans laquelle les nerfs sensitifs se distribuent tous dans le méme sens et le long de laquelle les modifications de la sensibilité ne présentent aucune différence sous l'influence d'une môme passe.

PROCÈDE OPÉRATOIRE POURLES GRANDES PASSES ANTÉRIEURES DANS LE DOMAINE DES NERFS DESCENDANTS

(Voy. fig. 19 et 20.)

Ces passes, qu'on pourrait appeler grandes passes ou passes gé­nérales antérieures et qui sont les plus généralement employées et connues, étaient habituellement pratiquées par moi de la manière suivante:

le sujet neurisable est debout, assis ou couché; le plus souvent assis ou couché.

Supposons qu'il soit couché sur le dos les bras ramenés sur les côtés du corps.

On se propose de faire des passes descendantes (centrifuges).

L'opérateur se place en face du sujet et a sa droite, la jambe gauche en avant et la droite en arriére avec un écart assez grand pour pouvoir faire osciller facilementson corps sur une certaine étendue tantôt en avant tantôt en arriére.

Plaçant ensuite ses mains l'une à côté de l'autre, les doigts re­courbés dans la flexion, il les porte assez rapidement en regard des yeux, au niveau de la ligne de divergence, a la distance de 10 à 12 centimètres des téguments. Puis étendant rapidement les doigts en les écartant légèrement, il fait exécuter aux mains un mouvement lent et régulier de descente jusqu'aux pieds en suivant


 


 


la ligne médiane du corps, lit main gauche d'un côté et la main droite de l'autre côté de cette ligne.

Arrivé au niveau des orteils il recourbe les doigts dans la flexion, ramène légèrement ses mains à lui et les porte de nouveau assez rapidement en regard des yeux.

De nouveau il allonge rapidement les doigts en les écartant légèrement, puis les promène une deuxième fois de haut en bas en regard du corps non plus le long de la ligne médiane mais le long de la partie externe du corps, de manière à influencer la face antéro-externe des membres supérieurs et la partie externe de la face antérieure des membres inférieurs.

Par cotte double passe descendante toute la section antérieure du corps, dans le domaine des nerfs descendants, se trouve influencée. Ces passes médianes et antéro-latérales descendantes ainsi alternées sont ainsi répétées un nombre variable de fois, suivant que l'on veut borner les effets à l'anesthésie ou les prolonger jusqu'au sommeil.

Ces passes, au lieu d'être bimanuelles pourraient êtreunima­nuelles. Mais dans ce dernier cas pour un même nombre et dans un même laps de temps donné, leurs effets seraient moitié moins accusés. Avec un sujet très sensible et si l'opérateur est doué d'un pou» voir neurique considérable, on peut obtenir facilement et rapide­ment des effets avec une seule main.

Si l'on voulait faire des passes ascendantes en regard des mêmes régions, l'opérateur se placerait de préférence à la gauche du sujet, sa face tournée vers les pieds de celui-ci, les jambes dis­posées comme précédemment. Puis il ferait des passes ascendantes allant des pieds jusqu'au niveau des yeux, médianes et bilatérales, soit avec les deux mains à la fois soit avec une seule main.

Il ferait ces passes plus ou moins nombreuses suivant qu'il voudrait se borner a provoquer l'hyperesthésie des régions in­fluencées, ou bien courir le risque de provoquer une crise violente, ou bien encore réveiller le sujet précédemment endormi ou enfin plus simplement neutraliser l'anesthésie produite par des passes ascendantes.


PROCÉDÉ OPÉRATOIRE POURLES GRANDES PASSES POSTÉRIEURES DANS LE DOMAINS DES NEUFS ASCENDANTS

(Voy. fig. 21 et 22.)

Ces passes sont comprises entre ta zone neutre post-cervicale et les pieds.

Le procédé pour pratiquer ces passes tantôt descendantes tantôt-ascendantes est le même que celui précédemment décrit, avec cette seule différence que le sujet est couché sur le ventre.

Mais ces passes ne sont guère usitées dans ce que Ton pourrait appeler la pratique. On peut môme dire que les magnétiseurs de profession qui font un usage si fréquent et môme exclusif des grandes passes antérieures n'y ont jamais recours. Parmi les mé­decins je ne connais personne qui en ait fait usage ou les emploie actuellement.

Elles sont peu commodes, et je ne les ai pratiquées pour ma part que pour compléter le mieux possible mon œuvre de recherches. D'ailleurs sur cette vaste étendue postérieure comprise entre la nuque et les talons, une môme passe peut produire les deux modi­fications opposées de la sensibilité puisqu'elle rencontre la face postero-interne des membres supérieurs et la face postérieure des membres inférieurs. Sur ces dernières régions, nous le savons, les passes produisent des effets opposés a ceux prévus par les régies établies et basées sur la relation existant entre la direction des passes et le sens de ht distribution des nerfs.

Lorsque, faisant des passes postérieures, on veut n'obtenir direc­tement que des modifications de la sensibilité de même ordre, on doit ne pas influencer les membres supérieurs et inférieurs mais borner l'opération à lu face postérieure du tronc.

Là les passes descendantes sont partout anesthésiantes et les passes ascendantes partout hyperesthésiantes.


 

ÉTENDUE DES PASSES

Nous avons vu que, soit dans le domaine des nerfs ascendants soit dans le domaine des nerfs descendants, les passes parcourent une étendue plus ou moins grande. La longueur de ces passes est limitée soit par l'étendue plus ou moins grande de la région influencée elle-même, soit par la volonté de l'opérateur,

Ces passes peuvent donc être réduites à une longueur de quel­ques millimètres. Malgré la petitesse extrême de la course que l'on fait faire aux doigts, les modifications de la sensibilité ne se pro­duisent pas moins telles qu'elles sont prévues par les règlesétablies. Toutes les régions du corps peuvent servir pour ces expériences. Je choisissais de préférence l'extrémité des membres supérieurs ou la région faciale parce que ce sont des régions habituellement découvertes.

J'ai pu ainsi anesthésier ou hyperesthésier les téguments avec un seul doigt, très superficiellement ou profondément suivant le nombre de passes; sur une étendue plus ou moins grande suivant la longueur et le rapprochement des passes; pour un temps plus ou moins long suivant le degré obtenu de ces manifestations de la sensibilité, enfin suivant des formes variables, suivant certaines combinaisons dans la directions des passes.

J'ai pu ainsi tracer des lignes, des croix, des échelons d'anes­thêsie ou d'hyperesthésie. L'avant-bras et la main étaient certainement les régions les plus commodes pour ce genre d'expériences. L'anesthésie et l'hyperesthésie, même tres limitées, provoquées par les passes obéissent aux mêmes lois que l'anesthésie et l'hyper­esthésie provoquées de la méme manière sur une grande étendue. Or quand ces modifications de la sensibilité sont ainsi très li­mitées elles occupent une région où les nerfs ne sauraient avoir de direction générale très définie en apparence puisqu'ils y forment un  réseau a mailles plus ou moins serrées. Mais on remar­quera que, dans ce réseau, les filets nerveux ont, en dernière analyse, une direction générale indiquant un sens de distribution


franchement ascendant ou descendant, de telle façon que les passes les rencontreront parallèlement ou obliquement en remon­tant ou en descendant, ou parfois transversalement.

LIMITATION DES EFFETS DES PASSES

J'ai pu observer que l'anesthésie ou l'hyperesthésie consécutives a une passe faite avec un ou plusieurs doigts, mais unique ou répétée seulement un petit nombre de fois et sur une région où les troncs nerveux sensitifs d'un certain volume n'existent pas ou sont profonds, restaient limitées à l'étendue visée par la passe et n'avaient pas de tendance à s'étendre. On eût dit que ces modi­fications de la sensibilité étaient bornées à la couche la plus superficielle du derme.

EXTENSION DES EFFETS DBS PASSES

Mais si l'anesthésie ou l'hyperesthésie étaient provoquées par des passes faites avec plusieurs doigts et plusieurs fois répétées sur une région où des troncs nerveux d'un certain volume existent et sont assez superficiels, elles avaient une tendance à s'étendre d'abord vers ta périphérie en longueur et en largeur» puis vers les centres.

Dans ces cas l'une ou l'autre de ces modifications de la sensibilité avaient sansdoute gagné on profondeur et, trouvant probablement dans les filets nerveux sensitifs d'un certain volume une voie de propagation facile, s'étaient étendues hors les limites parcourues par les passes.

Le degré, la profondeur et le pouvoir d'extension de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie provoquées par les passes étaient en général d'autant plus accusés que ces passes intéressaient des régions dans lesquelles les nerfs sensitifs étaient les plus volumineux, les plus serrés elles plus rapprochés du cerveau. Ces conditions paraissaient se réaliser sur la téte, aux régions crânienne et faciale.



 


CONDITION DE L'EXTENSION  DES  MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE PRODUITES PAR LES   PASSES

Enfin l'intensité, la rapidité, la durée et le pouvoir d'extension de l'anesthésie et de l'hyperesthèsie ainsi provoquées étaient d'autant plus accusés que le sujet était plus près du début de sa maladie. Au fur et à mesure que grâce à l'hypnoneurisation son étal s'améliorait elle devenait moins sensible à mon action.

DUREE DES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ PRODUITE PAR LES PASSES

Quant à la durée de l'anesthésie on de l'hyperesthésie provo­quées par les passes elle a été pour toutes ces raisons variable.

Un jour, après avoir anesthésie tout le cuir chevelu, le front et une petite étendue de la paume de la main a 41 heures du matin, je retrouvai ces régions insensibles à 4 heures 1/2 de l'après-midi.

CAUSE DE L'EXTENSION PÉRIPHÉRIQUE DES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ ET RELATION ENTRE LES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ PÉRIPHÉRIQUE ET LES MODIFICATIONS DES CENTRES.

Nous avons fait allusion plusieurs fois à une extension périphé­rique et centrale de l'anesthésie et de l'hyperesthésie provoquées par les passes.

Il serait intéressant de savoir si celle extension périphé­rique est l'indice d'une extension correspondante dans les centres.

Mais, pour résoudre ce problème, il faudrait d'abord savoir si les modifications de la sensibilité provoquées sur une région plus ou moins étendue des téguments et à un degré d'intensité plus ou moins accusé sont toujours l'expression d'une modification corres­pondante des centres nerveux, ou si, parfois, tout au moins, elles


sont indépendantes d'une modification concomitante on môme primordiale des centres nerveux.

En d'autres termes, en anesthésiant ou en hyperesthésiant un point des téguments par les passes, agit-on tout d'abord sur tes centres par la voie des nerfs sensitifs, ou bien faction porte-t-elle exclusivement sur les nerfs périphériques?

Us nerfs n'étant quedes conducteurs, les modifications de la sensibilité ne peuvent s'expliquer en général que si des centres nerveux sensitifs sont influencés.

Or quels sont les centres nerveux sensitifs ? Ce sont l'encéphale et la moelle.

Mais a ces centres ne faut-il pas ajouter les corpuscules du tact qui sont à l'extrémité périphérique des nerfs sensitifs?

Les centres nerveux divers peuvent être considérés comme de condensateurs de la force nerveuse qui, bien que reliés entre eux, n'en ont pas moins une certaine indépendance.

Dans ces conditions ne peut-on pas admettre que des passes dont l'action n'est ni trop intense ni trop prolongée peuvent n'in­téresser tout d'abord à la périphérie que les corpuscules du tact et le réseau nerveux superficiel?

On pourrait peut-être expliquer ainsi la persistance pendant des heures de certaines anesthésies ou hyperesthésies provoquées à la périphérie par les passes, sans que ces modifications viennent à gagner les centres nerveux ou du moins à se manifester par des phénomènes qui expriment une modification subie par les centres. Pourtant certains faits paraissent être en contradictionavec cette manière d'expliquer.

Nous avons vu en effet que quelque limitée que fût l'anesthésie provoquée sur le dos de la main du sujet par des radiations digi­tales fixes, et quelque limitée que fût la modification de la sensibi­lité provoquée par des passes en regard d'une moitié latérale du front ou de l'occiput, elles se réfléchissaient sur la moelle pour se montrer dans un point homologue de l'autre côté.

Cette modification secondaire de la sensibilité périphérique dépendait évidemment d'une modification centrale correspon-


dante, laquelle n'était elle-même que l'extension de la modification de l'autre moitié du centre, influencé lui-même par une action périphérique.

Toute modification survenue dans la sensibilité périphérique no serait donc que l'expression d'une modification équivalente provoquée dans les contres, médiatementparles nerfs ou par voie de propagation dans les centres mêmes.

Mais peut-être cette manière d'interpréter les faits est-elle trop absolue.

Quoiqu'il en soit, il nous a paru qu'une modification peu pro­fonde de la sensibilité périphérique, d'abord limitée au champ influencé par la passe, pouvait ensuite s'étendre dans la même région. Voilà le fait.

Plaque d'anesthesie bordée (l'hyperesthésie et vice versa.  Nous avons aussi observé un autre fait encore plus intéressant. C'est qu'une modification de la sensibilité provoquée sur un région du domaine des nerfs descendants étaitparfois bordée d'une mo­dification d'ordre opposée de la sensibilité.

Ainsi lorsque par des passes je provoquais de l'anesthésie sur une partie limitée soit de la face antérieure ou postérieure dés avant-bras, soit sur la face postérieure du tronc, les régions contiguës du même domaine situées au-dessus et au-dessous de cette plaque d'anesthésie étaient le siège d'une hyperesthésie manifeste. Inversement, lorsque par des passes je produisais une plaque d'hyperesthésie, les régions contigue situées au-dessus et au-dessous, sur le même domaine, se trouvaient anesthéstées.

Ces modifications particulières de la sensibilité m'ont paru se réaliser lorsque je ne faisais que des passes peu nombreuses de manière a ne modifier que superficiellement la sensibilité.

Faut-il admettre que, dans ces cas, l'influence des passes res­pectant les centres n'avait porté que sur la périphérie?

L'explication de la production de cette modification positive de la sensibilité bordant la modification négative directement provo­quée et vice versa n'en deviendrait pas plus facile si on niait toute influence directe à la périphérie.


La question serait vite tranchée si toujours nous avions exploré la sensibilité de la moitié latérale opposée ou de la section opposée du même côté du corps : 1° dans le cas où nous constations qu'une modification de la sensibilité provoquée par les passes persistait fixe sans s'atténuer, et sans s'étendre sur la région directement influencée ; 2° dans les cas ou telle modification de la sensibilité provoquée directement sur une région se trouvait par ce fait bordée d'une modification inverse de la sensibilité.

Tour nous, toutes les fois qu'une modification de la sensibilité provoquéedirectement surun point dela périphérie s'accompagne d'une modification d'un point situé ailleurs, soit sur le même côté du corps soit sur l'autre côté, nous admettons en dernière ana­lyse que les centres nerveux ont éte influencés.

Toutes les fois que nous avons exploré la sensibilité sur despoints autres que ceux directement influencés, nous avons trouvé qu'elle était modifiée.

Cette modification indirecte de la sensibilité ne pouvait se faire que par l'intermédiaire des centres nerveux, puisque l'intégrité de la sensibilité périphérique dépend de l'intégrité des centres. L'anatomie pathologique et l'expérimentation physiologique le prouvent.

Là où quelque obscurité s'est présentée pour l'interprétation des phénomènes, nous n'avions observé qu'incomplètement.

CONCLUSION AU SUJET  DE  LA RELATION ENTRE LES MODIFICATIONS

DE LA  SENSIBILITE  PÉRIPHÉRIQUE ET  CELLES

DE LA SENSIBILITE  CENTRALE

Il faut donc conclure que l'état de la sensibilité à la périphérie du corps sur les téguments traduit fidèlement Vêlai de la sensibilité dans les centres; que les téguments sont ace point de vue te miroir des centres nerveux, pourvu toutefois que les nerfs sensitifs con­ducteurs, intermédiaires entre les téguments et la moelle, soient intacts (1).

1. Consulter les recherches de Dejerine sur les altérations de la sensibilité periphé-


EFFETS   INDIRECTS DES   PASSES  FAITES EN   REGARD

DES DIVERSES REGIONS DANS LE  DOMAINE

DES NERFS DESCENDANTS

(Voy. fig. 24, 25, 26, 27, 28, 29,30,31,32,33,34, 35, 36, 37, 38 et 39.)

Dans le domaine des nerfs ascendants toute passe, même très peu étendue, faite en regard d'une région appartenante l'une des moitiés latérales du corps modifiait, ainsi que nous l'avons vu, non seulement la sensibilité de cette région mais encore celles d'autres régions du même côté; en môme temps cette double modification directe et indirecte de cette moitié latérale du corps se produisait avec les mêmes caractères sur l'autre moitié laté­rale.

Autrement dit, toute modification de la sensibilité provoquée directement ou indirectement par les passes sur le territoire dé­pendant de l'un des hémisphères cérébraux se reproduisait avec les mêmes caractèreset la même disposition sur le territoire dépendant de l'autre moitié latérale des centres nerveux.

Dans le domaine des nerfs descendants nous avons observé les mêmes faits, de telle sorte que les règles précédentes sont applica­bles aux deux domaines et par conséquent à tout l'ensemble du corps.

Aussi bien, si l'on considère que l'homme est bicéphale, on peut dire que toute modification de la sensibilité directement ou indi­rectement provoquée par les passes sur la personnalité gauche de Mlle C..., se reproduisait sur sa personnalité droite.

Voici quelques exemples de ces effets indirects de passes faites dans le domaine des nerfs descendants et sur diverses régions.

rique, dans l'ataxie produite par la dégénérescence des nerfs culanes et musculaires. (Archives de physiologie, no 2, 1884.)


 

Fig. 24. - Effets indirects d'une passe directement anesthesiante faite, dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la section postérieure du trône.

La fichereprésente la passeeffective et sa direction; en regard d'elle se trouve inscrit le genre de modificationde la sensibilité directement proroque. Ailleurs en voit inscrit le genre de modification de la sensibilité indirectement proroque.



 


Fig. 25.  Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans te domaine des nerfs descendants, en regard de la section postérieure du tronc.

La flèchereprésente lapasse effective et sadirection; en regard d'elle se trouve inscrit le genre de modificationde 1a sensibilité directement provoqué. Ailleurs on voit inscrit le genre de modification de la sensibilité indirectement provoque.


Fig. 26.  Passes descendantes intéressant les membres supérieurs :  anesthésiantessi elles sont faites en regard de la face antéro-externe de ces membres et hyperesthésiantes si elles sont faites en regard de leur face postero-interne (exception a la règle dans ce dernier cas).


Fig. 27.  Passes attendantes intéressant les membres supérieurs :  hyperesthe­sianetssi elles sont faites en regard de in face antéro-externe de ces membre*, et anesthesiantes si elles sont (biles en regard de leur face postero-interne (exception ala régle dans ce dernier cas).


EFFETS INDIRECTS DES PASSES  FAITES EN  REGARD DES DIVERSES  RÉGIONS DU TRONC

1°Région faciale (Voy. fig.28,29 et 30.)

a. Une ou plusieurs passes descendantes sont faites en regard de la moitié droite de la région faciale.

La portion de la région faciale directement influencéepar les passes devient insensible.

En même temps la portion homologue de la moitié latérale gauche de la région faciale devient insensible.

En même temps aussi la région frontale devient hyperesthé­sique à droite et à gauche et la région occipitale insensible des deux côtés et la région dorsale hyperesthésique sur l'une et l'autre moitié latérale (Voy. fig. 28 et 30).

6. Une ou plusieurs passes ascendantes sont faites en regard de la moitié latérale gauche de la région faciale.

11 en résulte, sur la moitié latérale gauche du corps :

1° Une hémihyperesthésie faciale directement provoquée;

2° Une hémianesthésie frontale, une hémihyperesthésie occipi­tale etunehémianesthésie dorsale, indirectement provoquées;

3° En même temps les mêmes modifications de la sensibilité se montrent sur les régions homologues de la moitié droite opposée du corps. (Voy. fig. 29).

Si au lieu d'influencer tout d'abord et directement par les passes la moitié gauche de la région on influence la moitié droite, les effets directs et indirects seront identiques.

2° Région thoraco-abdominale antérieure

(Voy. fig. 24,25, 31, 32, 33, 34, 35 et 36.)

Une ou plusieurs passes faites en regard de l'une des moitiés latérales de cette région ont produit sur la sensibilité cutanée des


Fig. 28.  Effets Indirects d'une passe directement anesthesiante,faite, dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la région faciale.


 

Fig. 29. Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans ledomaine des nerfs descendants, en regardde la région faciale.


 

Fig. 30.  Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite,

dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale droite

de la région faciale.

An.S.  Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante et hypnotisante).


 

Fig. 31.  Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite, dans le do­maine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale gauche de la section antérieure du corps.

An.S.  Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante et hypnotisante).

 


effets directs et indirects identiques à ceux provoqués par les passes faites devant l'une ou l'autre moitié de la face.

a. Une ou plusieurs passes descendantes sont faites on regard de l'une des moitiés de la région thoraco-abdominale antérieure, la gauche, par exemple (Voy. fig. 31 et 32).

Les effets sont les suivants:

1° Hémianesthésie directe;

2° Hemihyperesthésie frontale, hémianesthésie occipitale et hémihyperesthésie dorsale, indirectes, du même côté;

3° Mêmes modifications de la sensibilité sur l'autre moitié latérale du corps,

b. Une ou plusieurs passes ascendantes sont faites en regard de l'une des moitiés latérales de la même région, la gauche, par exemple, (Voy. fig. 33 et 34).

Les effets opposés aux précédents, sont les suivants :

1° Hémihyperesthésie directe ;

2° Hémianesthésie frontale, hémihyperesthésie occipitale et hémianesthésie dorsale, indirectes, du môme côté;

3° Mêmes modifications de la sensibilité sur l'autre moitié latérale du corps.

3° Région thoraco-lombaire ou dorsale du tronc

a. Une ou plusieurs passes descendantes sont faites en regard de l'une des moitiés latérales de cette région, la gauche, par exemple (Voy. fig. 35 et 24).

On observera :

1° Une hémianesthésie directe;

2° Une hémihyperesthésie occipitale, une hémianesthésie fron­tale et une hémihyperesthésie thoracique antérieure indirectes du même côté; de plus de hyperesthesie le long de la face posté­rieure du membre inférieur correspondant;

3° Les memes modifications de la sensibilité sur l'autre moitié latérale du tronc et sur la face postérieure de l'autre membre inférieur.


 

Fig. 32.  Effets indirects d'une passe directement anesthesiante faite, dans le domaine des nerfs descendants, on regard de la section antérieure du troue.


 


Fig. 33.  Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale gauche de la sec­tion antérieure du corps.

Hyp.R - Hyperesthésieet Réveil(Pasehyperesthésiante et reveillante).


 

Fig. 34.  Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans domaine des nerfs descendants, eu regard de la section antérieure du tronc.


Fig. 35.  Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite, dans ledo­maine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale droite dela section postérieure du corps.

An.S.  Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante  et hypnotisante).


b. Une ou plusieurs passes ascendantes faites en regard de l'une des moitiés latérales de la région dorsale du tronc provoquent des effets directs ou indirects identiques mais de caractère opposé, c'est-à-dire que 1a où dans le cas précédent se trouvait de l'anes­thésie, on observera maintenantde l'hyperesthésie et vice versa (Voy. fig. 36et25).

EFFETS INDIRECTS DES PASSES  FAITES EN REGARD DES  MEMBRES SUPÉRIEURS ET INFERIEURS

(Voy. fig. 37,38 et 39.)

1° Membres supérieurs

a. Je fais une passe descendante en regard de la face antéroexterne de l'un des bras, à gauche, par exemple (Voy. fig. 37).

Il en résulte :

1°De l'anesthésie le long de la face antéro-externe de ce bras;

2° De l'hyperesthésie sur la face postéro-interne opposée du même bras;

3° De l'hémihyperesthésie frontale du môme côté (Les régions occipitale, thoracique antérieureetdorsale n'ont pas été explorées, mais il est probable que j'aurais trouvé de l'anesthésie occipitale et de l'hyperesthésie dorsale) ;

4° Les mêmes modifications de la sensibilité sur les régions homologues de la moitié latérale opposée du corps, c'est-a-dire de l'anesthésie sur la face antéro-externe et de l'hyperesthésie sur la face postéro-interne de l'autre bras, de l'hémihyperesthésie frontale de ce même côté opposé.

b. En faisant une passe ascendante en regard de la face antéro-externe de l'un des bras, j'obtiens des effets directs et indirects identiques mais de caractère opposé, c'est-à-dire d'un côté et de l'autre : hyperesthésie brachiale antéro-externe avec anesthésie brachiale postéro-interne et hyperesthésie frontale (Voy. fig. 38).


Fig. 36.  Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale droite de la section postérieure du corps.

Hyp.R - Hyperesthésieet Réveil(Passehyperesthésiante et reveillante).


fig. 37.  Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite en regard de la face antéro-externe d'un des membres supérieurs.

An.S.  Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante  et hypnotisante).


 


Fig. 38.  Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite on regard

do ta face antero-externe d'un des membres supérieurs.

Hyp.R - Hyperesthésieet Réveil(Passehyperesthésiante et reveillante).


Membres inférieure

a. Je fais des passes descendantes en regard de la face anté­rieure des membres inférieurs.

Les résultats obtenus sont :

1°De l'anesthésie sur la face antérieure des deux jambes;

2° De l'hyperesthésie sur leur face postérieure;

3° De l'hyperesthésie frontale.

b. Je fais une passe ascendante en regard de la face antérieure de l'un ou de l'autre des membres inférieurs et j'obtiens :

1° De l'hyperesthésie sur la face antérieure et de l'anesthésie sur la face postérieure des membres inférieurs;

2° De l'anesthésie frontale.

c. En opérant en regard de la face postéro-interne des bras on obtient des effets indirects identiques, mais dont le caractère est subordonné à celui que les passes ont provoqué directement.

COMPARAISON  ENTRE LES EFFETS DES  PASSES   BILATERALES ET LES EFFETS DES PASSES UNILATÉRALES

Mode de production des modifications indirectes de la sensibilité sur la moitié latèraledu corps opposéeàcelle qui a été directement influencée par les passes.  Si en regard des régions de l'un et de l'autre domaine, c'est-à-dire si en regard de n'importe quelle région du corps je fais des passes bilatérales soit antérieures soit posté­rieures, au lieu de les faire unilatérales, les modifications de sensi­bilité ainsi provoquées ne changeront pas d'ordre et de caractère. Elles seront seulement renforcées dans leur intensité, et favorisées dans larapiditédeleurdéveloppement,cequi se comprend aisément.

Des passes plus étendues que celles qui viennent d'être signalées et qui intéressaient la totalité ou presque la totalité de la longueur du domaine des nerfs descendants donnaient généralement les mêmes résultats.


Fig. 39.  Effets indirects d'une pacte directement hyperesthésiante faite en regard de la faceantéro-externe d'un des membres supérieurs.

Hyp.R - Hyperesthésieet Réveil(Passehyperesthésiante et reveillante).


Parfois cependant j'ai pu par dos passes localiser l'anesthésie exactement sur toute une moitié latérale du corps sans que la sensibilité de l'autre moitié fût changée d'aucune manière.

Cette localisation de l'anesthésie sous forme d'hémianesthésie générale tenait-elle a la généralisation et à la rapidité des passes? Je ne saurais le dire.

L'anesthésie ou l'hyperesthésie directement provoquées sur une moitié latérale du corps ne se répètent donc pas toujours sur l'autre moitié du corps. Mais lorsque cette propagation transmédullaire latérale a lieu elle se fait en vertu d'une loi fort simple : l'une des moitiés latérales du corps reproduit dans les mêmes régions et avec les mêmes caractères les modifications de la sensibilité qui ont été provoquées par les passes sur l'autre moitié latérale.

Mode de production des modifications indirectes de la sensibi­lité sur la moitié latérale ducorps qui a été directement influencée par les passes.  L'apparition de l'anesthésie ou de l'hyperes­thésie sur des régions autres que colle qui a été directement in­fluencée par les passes mais appartenant à la même moitié du corps semble plus difficile à expliquer.

Nous avons proposé plus haut (p. 149 et 452) une sorte d'ex­plication qui n'a pour butque de faciliter le travail de la mémoire en servant de moyen mnémotechnique.

Celle   explication   purement hypothétique   n'est applicable aux phénomènes du même ordre qui ont pour théâtre le domaine des nerfs descendants, qu'autant qu'il s'agît de ceux qui se pro­duisent sur le tronc y compris la région faciale inférieure. Sur les membres mêmes, en effet, les conditions changent. Ainsi, en regard du troney compris la région faciale inférieure des passes môme très  limitées faites au-devant de l'une des moitiés latérales du corps ou sur les deux moitiés à la fois, équivalent à une passe générale, laquelle ne serait elle-même que la continuation d'une autre passe générale ayant intéressé la face opposée du corps»

Prenons un exemple. Une passe descendante faite au-devant du thorax unilatéralement ou bilatéralement équivaut au point de vue


 

des effets directe et indirects sur la sensibilité générale à une passe qui d'abord effective se continuerait ensuite virtuellement dans le sens de sa direction.

Dans l'exemple choisi, cette passe virtuelle se continuerait en bas le long de la face antérieure de l'un des membres inférieurs ou des deux ala fois,contournerait la face plantaire des piedsd'avant en arrière, remonterait ensuite le long de la face postérieure du corps, latéralement ou bilatéralement, atteindrait le sommet de la tôle, le contournerait d'arrière en avant, descendrait, unilatéralement ou bilatéralement au-devant du corps et rejoindrait la passe effective.

Avec des passes effectives ascendantes préthoraciques les effets sont analogues quoique de caractère opposé.

Sur les membres supérieurs et inférieurs eux-mêmes les choses se passent un peu différemment.

Ainsi les passes descendantes, en regard des faces antéro-externces des membres supérieurs ou antérieures des membres inférieurs, anesthésient directement ces faces et hypéresthésient indirecte­ment les faces opposées.

Il semblerait que dans ces cas les passes effectives donnent lieu à des passes virtuelles de même sens sur la moitié opposée de la région.

Avec des passes effectives ascendantes les effets sont analogues mais de caractère opposé.

Ces manières d'expliquer ces apparitions d'anesthésie et d'hyperesthesie ailleurs que sur la région directement intéressée par les passes sont des moyens purement conventionnels pour mieux se rendre compte des effets produits et aussi pour les prévoir dans les divers cas.

Il est bien certain que ce n'est pas à la périphérie même que ces modifications de ta sensibilité se produisent et se diffusent. Leur apparition et leur diffusion à la périphérie n'est que l'expres­sion appréciable extérieurement des modifications qui sont pro­voquées dans les parties correspondantes des centres nerveux.


INFLUENCE RECIPROQUE DE  L'ANESTHÉSIE  ET DE  L'HYPERESTHÉSIE

PROVOQUEES INDIRECTEMENT

L'anesthésie et l'hyperesthésie provoquées indirectement par les passes ont une influence réciproque semblable & colle qu'ont l'une sur l'autre celles qui ont été obtenues directement.

Ainsi de l'hyperesthésie indirecte, provoquée sur une région pré­cédemment anesthésiée indirectement, neutralise cette anesthésie et ramène la sensibilité à l'état normal sur celte région, et vice versa.

Exemple.Une passe ascendante devant les tibias anesthésie indirectement le front. Une passe descendante au-devant des tibias pourra ensuite neutraliser cette anesthésie frontale. Inver­sement une passe ascendante prétibiale neutralisera l'hyperesthésie frontale provoquée précédemment par une passe prétibiale des­cendante.

INFLUENCE D'UNE  MODIFICATION DE LA SENSIBILITÉ DRIECTEMENT

PROVOQUEE SUR UNE MODIFICATION DE LA SBNSIBILITE

INDIRECTEMENT PROVOQUÉE

D'autre part une modification directe de la sensibilité peut neutraliser une modification indirecte de la sensibilité de carac­tère opposé et vice versa.

Ainsi dans l'exemple précédent si après avoir fait des passes descendantes au-devant des tibias et avoir ainsi déterminé de l'hyperesthésie frontale, on vient à faire des passes ascendantes au-devant du front, on fait cesser l'hyperesthésie de cette région et on provoque d'autre part le retour de la sensibilité dans les membres inférieurs Si les passes sont continuées au-devant du front il s'y développe de l'anesthésie, et en même temps la face antérieure des jambes s'hyperesthésie. En refaisant alors les pre-


mieres passes descendantes au-devant des jambes on peut y ramener la sensibilité normale, ainsi qu'au front.

Supposons maintenant que ces passes prétibiales aient été ré­pétées assez, souvent pour modifier de nouveau la sensibilité sur place et au loin ; nous aurons donc de l'anesthésie au-devant des jambes et de l'hyperesthésie au front. Nous pouvons alors ramener la sensibilité à l'état normal dans ces deux régions en faisant des passes ascendantes au-devant des tibias; mais il faut que ces passes soient ni trop rares ni trop fréquentes, car si elles sont trop fré­quentes le but est dépassé et au lieu de ramener la sensibilité à l'état normal dans les deux régions tibiale et frontale, elle pro­duisent de l'hyperesthésie prétibiale et de l'anesthésie frontale.

CONSÉQUENCES  D'UNE DENEURISATION  INCOMPLÈTE

Si par contre ces passesprétibiales ascendantes ne tant pas faites un nombre suffisant defois, on reste en deçà du but et la déneurisation ou le retour a la sensibilité normale ne sont pas complets sur tu tibia. Cela étant, si on vient a faire des passes ascendantes au-devant du front au lieu de produire en ce point de l'anesthésie (et même a la suite le sommeil) on y détermine de l'hyperesthésie. Si, au contraire, les passes descendantes au-devant des jambes ont été suffisamment nombreuses pour y neutraliser complètement les effets des passes descendantes, des passes ascendantes au front y produiront l'anesthésie et le sommeil pourra même survenir après.

Si, dans toutes ces expériences, au lieu d'agir sur le devant des jambes on avait opéré en regard de la face antéro-externe des membres supérieurs les résultats obtenus eussent été identiques, ce que l'expérience a d'ailleurs prouvé.

Comment pourrait-on expliquer l'anomalie que nous venons de signaler et qui consiste dans l'exagération de la sensibilité pro­voquée nu front par des passes ascendantes lorsque nous savons que ces passes y produisent régulièrement l'anesthésie? La déneu­risation incomplète des membres peut elle de quelque manière nous donner la clef de ce problème?


Nous avons fait beaucoup d'hypothèses mais l'explication simple et naturelle de cette anomalie nous échappe.

Nous' soupçonnons pourtant que la déneurisation incomplète dos jambes en déneurisant incomplètement le front a produit quelque trouble dans les courants neuriques ou nerveux qui doivent parcourir cette région.

Ce trouble consiste-t-il en quelque renversement de. courant? Nous no saurions nous prononcer a ce sujet.

H nous suffira pour le moment d'avoir noté le fait anormal et signalé la difficulté de son explication.

J'ai note sur d'autresrégions des anomalies de ce genre survenues dans les mêmes conditions.

Aussi ai-je cru devoir formuler la règle suivante :

Toutes tes fois qu'une passe faite en regard d'une région du corps au lieu d'y produire telle modification de la sensibilité que l'élude des faits habituels permet de prévoir y produit la modifica­tion inverse, il y a lieu de rechercher quelle est la région du corps qui après avoir été neurisée n'aurait pas été complètement déneurisée.

Enfin de même que des passes provoquent soit directement soit indirectement l'anesthésie, elles peuvent aussi provoquer soit directement soit indirectement le sommeil. Et de même que l'hy­peresthésie directe ou indirecte peut neutraliser l'anesthésie directe ou indirecte elle peut aussi neutraliser le sommeil neurique, c'est-à-dire réveiller.

SOMMEILS  ET RÉVEILS ALTERNATIFS PROVOQUÉS PAR LES MÊMES PASSES  RÉPÉTÉES

Une ou plusieurs passes descendantes sur le devant du thorax ou de la face y produisent directement l'anesthésie et déterminent indirectement l'hyperesthésie du front et l'anesthésie de la nuque. Si je continue ces passes, le sujet ne tarde pas às'endormir et, bien entendu, l'insensibilité devient alors égale sur tout le corps.

Or il m'est arrivé que faisant ces passes descendantes au-devant


de la face, sans discontinuer, le sujet s'endormait puis se réveillait, puis s'endormait de nouveau et ainsi de suite.

Je n'avais pas bien compris d'abord fa signification do cette succession de sommeils et de réveils et j'avoue que je me con­tentais difficilement d'une explication qui eût consisté dans la simple constatation du fait en établissant d'après la loi formulée par M. Dumont-Pallier que la même cause qui endormait était capable de réveiller et vice versa.

Or, lorsque j'eus découvert qu'une passe anesthésiante pouvait déterminer l'hyperesthésie d'une région voisine contigue ou plus ou moins éloignée, je crus y trouver l'explication moins simple, mais en tout cas beaucoup plus satisfaisante pour l'esprit, de celle action double et différente des mêmes passes persistantes.

En effet les premières passes faites, de haut en bas (descendantes, centrifuges) au-devant de la figure anesthésiant la figure et hyperesthésiant le front; celles qui viennent après déterminent sur place une anesthésie plus profonde laquelle venant a se généraliser dans les centres nerveux détermine le sommeil. Les autres passes ne font qu'accentuer, approfondir le sommeil, mais il semble qu'il y ail une limite, et alors l'hyperesthésie déterminée par action de continuité sur le front détermine le réveil de plus eu plus complet du sujet. Puis de nouveau tes passes persistantes l'endorment, puis de nouveau le réveillent et ainsi de suite.

Il semble que la condition essentielle pour que ces sommeils alternatifs aient lieu, est que les passes anesthésiantes aient lieu sur une petite étendue et non loin du cerveau, et que surtout l'étendue de la région parcourue par les passes effectives soit nu moins égale a celle sur laquelle agissent les passes virtuelles en y provoquant des effets opposés.

Ce qui semble bien établir l'importance de cette dernière condi­tion, c'est que des passes descendantes laites au-devant do domaine des nerfs descendants depuis les yeuxjusquesaux pieds provoquent le sommeil, et si elles sont répétées elles ne font qu'endormir plus profondément le sujet sans qu'il s'ensuive cette succession de réveils et de sommeils alternatifs dont nous avons parlé.


Sans ce cas la somme des anesthésies directes et indirectes pro­voquées par les passes est supérieure a la somme des hyperesthésies provoquées indirectement.

Nous avons nettement remarqué que te pouvoir qu'avaient les passes de faire apparaître l'anesthésie et l'hyperesthésie sur des régions autres que celles directement visées ou influencéess'af­faiblissait au furet a mesure que la jeune fille revenait à la santé.

Ce qui ressort nettement de l'étude des effets que les passes exercent directement ou indirectement sur la sensibilité générale, c'est que la partie du système nerveux, la première intéressée, est représentée par les nerfs sensitifs superficiels ou périphériques aussi bien à la tete, où le centre nerveux encéphalique est très rapproché de l'action des passes qui se pratiquent en regard de cette région, que dans les autres points du corps.

Ce serait dont une erreur de croire que, au crâne notamment les passes peuvent agir directement sur le cerveau.

INFLUENCE   DES   PASSES  DIGITALES SUR LA SENSIBILITÉ  SPÉCIALE INFLUENCE SUR LA VUE ET SUR  L'OUÏE

Vue.

Lorsque la malade étant éveillée je faisais devant ses yeux quel­ques passes tantôt descendantes et tantôt transversales elle perdait la vue sans perdre l'ouïe.

Mais si je répétais les passes plus nombreuses elle perdait la vue et l'ouïe.

Ensuite je ramenais la sensibilité spéciale des yeux et des oreilles à leur état normal en souillant sur eux.

Ouïe.

Si au lieu d'agir tout d'abord sur les yeux j'agissais sur les oreilles les résultats obtenus étaient les suivants:


En faisant dos passes descendantes au-devant des oreilles et au fur et à mesure de la répétition de ces passes je provoquais :

1° L'anesthésie du pavillon ;

2° La diminution puis la suppression de l'ouïe.

3° La diminution puis la suppression de la vue

à° Le sommeil.

St au lieu d'influencer les deux yeux ou les deux oreilles à la fois je limitais mes passes à un seul œil on à une seule oreille j'obtenais les mômes effets directs et indirects mais d'un seul côté. II n'y avait pas de propagation aux organes similaires de l'autre moitié latérale du corps.

Ainsi des passes fuites en regard de l'œil droit anesthésiaient d'abord cet œil puis l'oreille droite, c'est-à-dire que la vue puis l'ouï c se perdaient du côté droit. Lavue et l'ouïe restaient intactsà gauche.

Si j'agissais en regard de l'œil gauche les effets directs par l'œil et indirects par l'oreille correspondante étaient identiques.

Si au lieu d'agir ainsi d'abord sur l'un ou l'autre des yeux j'agissais un premier lieu sur l'une ou l'autre oreille je supprimais l'ouïe dans l'oreille intéressée, puis la vuedans l'œil correspondant. Une fois (14 décembre 1880) je fis une expérience particulière­ment intéressante.

La jeune fille étant éveillée je fis des passes descendantes devant son œil gauche. Mais elle continuait à voir de ce côté gauche comme d'ailleurs de l'autre côte.

J'eus l'idée alors de fermer momentanément l'œil droit (non influencé). Je constatai ensuite qu'elle ne voyait plus avec l'œil gauche et n'entendait plus avec l'oreille correspondante.

J'ouvris l'œil droit que j'avais fermé, elle voyait avec cet oeil, mais elle continuait à ne pas voir avec l'œil gauche et à ne pas entendre avec l'oreille gauche correspondante.

Que s'était-il passe pendant que je fermais l'œil droit? Je suppose que j'ai empeché le lumière d'exciter le centre de perception lu­mineuse correspondant et par voie d'anastomose te centre de per­ception lumineuse de l'œil gauche neurise. Cette excitation ainsi transmise d'un centre non neurise à un autre centre neurisé devait


empocher l'action anesthésiante do la neurisation. En supprimant celle excitation j'ai dulaissera la neurisation anesthésiante toute son action.

Puis une fois le centre de perception lumineuse de l'œil gauche anesthésie, la réouverture de l'œil, quoique permettant la trans­mission de l'excitation lumineuse par voie réfléchie, n'aplus permis a celle-ci d'agir.

Les effets des passes faites en regard d'un œil ou d'une oreille n'ont jamais franchi la limite de séparation des deux moitiés laté­rales du corps.

La diffusion no s'est faite que dans la même moitié latérale, de l'organe de la vue à celui de l'ouie et vice versa.

LÉGÉRE INÉGALITÉ  FONCTIONNELLE ENTRE  LES DEUX  HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX

Soit que les modifications fonctionnelles provoquées par les passes eussent intéressé les nerfs de la sensibilité générale, soit qu'elles eussent intéressé les nerfs de ht sensibilité spéciale, nous avons cru longtemps, en observant ces modifications de la sensi­bilité, que les deux moitiés latérales du corps réagissaient également, c'est-à-dire sans inégalité marquée, ce qui paraissait indi­quer une harmonie parfaite ou suffisamment parfaite dans le degré d'excitabilité des deux hémisphères cérébraux.

Mais après de nombreuses expériences, il nous a paru que les mêmes passes anesthésiant les faites également en regard de chaque moitié latérale du corps influençaient un peu plus promptement et un peu plus profondément les sensibilités générale et particulière du côté gauche que celles du côté droit du corps.

Cette légère inégalité fonctionnelle entre les deux hémisphères cérébraux, à peine perceptible dans cette première phase dela ma­ladie de Mlle C..., ressortira davantage plus tard lorsque nous étu­dierons les phénomènes qui caractérisent les divers degrés du sommeil neurique et surtout lorsque nous traiterons des phéno­mènes observés dans la deuxième période de la maladie.


INFLUENCE DES PASSES  DIGITALES SUR LA MOTILITÉ DANS LE DOMAINE DES  NERFS DESCENDANTS

Région faciale.

Nous ferons au sujet do la région faciale, considérée dans la portion qui faitpartiedu domaine dos nerfs descendants, les mêmes observations que nous avons faites plus haut (p. 150) au sujet de la région frontale et oculaire.

Pour que les muscles faciaux se contractent sous l'influence des passes il faut que la région faciale soit préalablement anesthésiee, etque les passes soient faites dans le sens apparent de la contraction des muscles.

Cou.

Des passes descendantes au cou anesthésient les téguments et déterminent la contracture des muscles influencés. Tout d'abord les téguments deviennent insensibles, puis la contracture muscu­laire a lieu. Cette contracture peut être généralisée a tous les muscles du cou, si les passes sont faites sur tout le pourtour de cette région.

Tronc.

Des passes descendantes faites en regard du tronc y déterminent aussi la contraction des muscles.

Membres.

Faites en regard des membres, les passes descendantes y déter­minent la contracture si elles sont descendantes en regard de la face antérieure, et ascendantes eu regard de la face postérieure.

D'après ces données on comprend que des passes générales descendantes faites dans le domaine des nerfs descendants ont


pu déterminer la contracture de tous les muscles du corps.

Le procédé opératoire est le même que pour les passes géné­rales anesthésiantes et hypnotisantes dont il a été question plus haut (p. 163, 164 et 165).

Contracture musculaire générale.  Des passes générales anesthésiantes et subsequemment contracturantes, ne peuvent pas déterminer le sommeil avant de provoquer la contracture, mais elles peuvent provoquer et la contracture et le sommeil.

J'ai réussi a provoquer la contracture générale des muscles tout en maintenant la malade éveillée.

Dés qu'elle paraissait céder au besoin de dormir je soufflais sur ses yeux.

J'ai fait alors une expérience que tes magnétiseurs ne manquent jamais de produire en public et qui est bien propre, il faut le reconnaître, à frapper l'esprit des spectateurs.

Ayant disposé deux chaises, l'une en regard de l'autre, j'ai placé la tete ou plutôt la base du cou de la jeune fille ainsi contracturée, mais maintenue réveillée, sur le bord de l'une des chaises, et les pieds sur le bord de l'autre. Elle a pu se maintenir dans cette position assez longtemps pour qu'il fût acquis que la contracture musculaire était capable de résister aux effets de la pesanteur.

Cessant un moment de souffler sur ses yeux (ce que je faisais pour la maintenir, éveillée de telle manière qu'elle pouvait assister elle-même à cette expérience), elle s'est endormie, et la contracture s'est maintenue.

J'ai ensuite fait cesser cette contracture et réveillé le sujet en soufflant sur les yeux et sur les diverses régions du corps.

ACTION DES  RADIATIONS DIGITALES  MOBILES SUR LA MOTILITÉ A L'ÉGARD DES MEMBRES SUPÉRIEURS ET SPÉCIALEMENT DES DOIGTS

Les passes faites le long des membres supérieurs ou inférieurs, descendantes en regard de leur face antérieure et ascendantes en regard de leur face postérieure, ne sont pas seulement anesthé-


siantes, elles sont aussi contracturantes, de manière à placer le membre ainsi neurise dans l'extension forcée. Si ces passes sont faites, par exemple, en regard de toute la

Fig 40.  Details d'anatomie descriptive relatifs aux doigts

longueur de l'un des bras, depuis et y compris le muscle deltoïde jusqu'à l'extrémité des doigts, ce membre se raidira tout entier etfut-il pendant sur le côté du corps, il se placera graduellement dans la position horizontale et la dépassera même. Pour que ce


résultat ait lieu, il convient que le muscle deltoïde soit soumis exactement à l'action des pusses. Si cette condition n'est pas remplie le bras demeure contracture dans la position verticale et comme collé contre le tronc, c'est-à-dire dans la position qu'il occupait tout d'abord.

Si le muscles deltoïde qui est le muscle releveur de tout le bras est compris dans la passe, on voit le membre se lever peu à peu comme une barre rigide au fur et à mesure que les passes sont répétées et atteindre ainsi la position horizontale et la dépasser mime. Pendant ce temps les doigts s'incurvent dans l'extension forcée.

Si on tente alors par des efforts de combattre cette contracture on ne fait que l'exagérer. Il suffit pour redonner au membre toute sa souplesse de souffler sur lui, ou de te malaxer, ou do faire des passes ascendantes en regard de sa face postéro-externe ou antérieure.

L'intensité de cette contracture ne serait pas difficile à calculer; nous n'avons fait aucune tentative dans ce sens par l'emploi de poids, etc. Quant a sa durée, elle peut dépasser celle que la volonté seule permettrait de faire atteindre à des muscles non neurises.

Limitées a la main et spécialement aux doigtst les passes y pro­voquent des contractions et des contractures qui méritent une étude particulière soit à cause de leurs caractères propres, soit à cause du genre même de passes qui les provoquent.

Une passe digitale descendante lente faite en regard de la face dite dorsale ou antéro-externe d'un doigt depuis et y compris le métacarpien jusqu'à son extrémité libre, provoque des mouvements intermittents de tout ce doigt dans le sens de la flexion. On peut constater en même temps que toute l'étendue des téguments visée parles passes est devenue insensible (Voy. fig. 41 A).

On obtient le même résultat en faisant des passes ascendantes sur la face postéro-interne ou palmaire du doigt (Voy. fig. 41 A).

Si tes passes sont un peumoins lentes, si surtout elles commen­cent du milieu ou de l'extrémité supérieure de la face antéro-externe du bras, ou bien si en regard de la face postéro-interne


elles remontent assez haut, ce ne sont plus des mouvements inter­mittents des doigts que l'on obtient, mais leur raideur dans l'ex­tension forcée avec participation du bras a cette raideur. En môme temps les parties visées par les passes s'anesthésient. La différence des mouvements obtenus par les mômes ma-

Fig. 41.  Les flèches indiquent le sens de la direction des rayons digitaux oculaires ou pneumiques employés (passes digitales oculaires ou pneumiques) ainsi que le lieu et le sens del'application de l'extrémité digitale du sujet neurisateur (Voyez p. 265).

nœuvresfaites en regard des doigts seuls dans un cas, etenregard du bras dans l'autre, pourrait dépendre de la disposition des muscles inter-rosseux, aussi bien que de la rapidité variable de la passe. C'est une étude délicate qui aurait besoin d'être reprise. Si nu lieu de faire les passes sur toute l'etendue du doigt on les


limitait soit au métacarpien correspondant, soit a la phalange, soit a la phalangine, soit a la phalangette, voici quels étaient les résul­tat» obtenus :

Fig. 42.  Les flèchesindiquent le sens de la direction des rayons digitaux oculaires ou pneumiques employés (passes digitales oculaires ou pneumiques ainsi que le lieu et le sens de l'applicationde l'extrémité digitale du sujet neurisateur(Voyez p. 295).

s'agiter dans la flexion par des mouvements intermittents. Si elle était faite en regard de la face dorsale de la première phalange, la deuxième et la troisième phalange s'agitaient dans le sens de la flexion en restant en droite ligne. Si la passe était faite en regard de la deuxième phalange ou phalangine, celle-ci et la troisième



 


s'agitaient dans le sens de la flexion en faisant ensemble une légère courbe. Si enfin la passe était faite en regard de la troisième pha­lange ou phalangette celle-ci seule s'agitait dans le sens de la flexion (Voy. fig. 41 B).

Les memes particularités se remarquent lorsque des passes ainsi limitées et ascendantes lentes sont faites en regard de la face palmaire ou postéro-interne du doigt.

Nous avons remarqué qu'une passe descendante rapide pouvait déneuriser le doigt (Voy. fig. 41 A et B).

Des passes ascendantes lentes faites en regard de la face dite dorsale d'un doigt et des passes descendantes lentes faites en regard de la face palmaire, soit tantôt sur toute la longueur du doigt, soit tantôt en regard du métacarpien ou de l'une ou de l'autre phalange, produisent l'extension du doigt ou successive­ment de chaque phalange si le doigt est fléchi, ou exagèrent l'ex­tension si le doigt est déjà allongé (Voy. fig. 42).

Supposons le doigt du sujet fléchi; des passes ascendantes lentes faites en regard de sa face dite dorsale et sur toute sa longueur en déterminent l'extension. Si on opère ainsi en regard de chaque phalange voici ce que l'on observera : une passe ou des passes ascendantes lentes faites en regard de la phalangette en détermi­nent l'extension mais incomplètement -, faites en regard de la phalangine elles complètent l'extension de la phalangette qui se place alors dans la direction de la phalangine elle-même. Si la passe est faite en regard de la phalange, la troisième et la deuxième phalange (phalangette et phalangine) s'allongent et se placent dans la direction de la première. Enfin une passe faite en regard du métacarpien détermine rallongement des trois phalanges et par suite la raideur du doigt dans l'extension forcée.

Si le doigt étant très légèrement fléchi on fait des passes des­cendantes lentes le long de sa face palmaire, il s'étend en se raidis­sant. Puis l'extension se complète et s'exagère au fur et à mesure que l'on fait une passe en regard des phalanges soit en descendant en regard de la face palmaire, soit en remontant en regard de la face dite dorsale (Voy. fig. 42 B).


Toujours dans ces expériences l'anesthésie dos téguments en regard desquels on opérait a précédé la contraction des muscles. L'anesthésie préalable des téguments est donc la condition essen­tielle de la contracture dus muscles sous-jacents. Mais celle con­tracture se produit assez rapidement pour que la période anesthésique intermédiaire et constante puisse être considérée comme intimement liée a celle de la contracture. El comme il convient de distinguer ces deux périodes successives quoique intimement liées ensemble il convient d'en reporter l'étude acette partie de l'ou­vrage ou il est spécialement question des effets produits par la neurisation dans l'état de veille, après anesthésie préalable des téguments sur lesquels on agit (p. 326).

Qu'il nous suffise pour le moment d'avoir signalé par quelques exemples frappants la possibilité des contractures sous l'influence des passes et certaines conditions essentielles d'après lesquelles elles s'effectuent. Nous réserverons donc pour l'autre partie de l'ouvrage à laquelle nous faisions allusion divers phénomènes de contraction ou de contracture tels que le relèvement et l'abaisse­ment des paupières, la contraction des muscles de l'expression faciale, la contracture isolée de tels ou tels muscles des autres régions du corps, la contracture généralisée a tous les muscles ou mieux a presque tous les muscles du corps, etc., etc., toutes modi­fications de la motilité pouvant être obtenues au moyen des radiations digitales mobiles.

Passes rentrantes et sortantes ou perpendiculaires

Jusqu'à présent nous avons exposé les effets des passes ascen­dantes, descendantes, obliques et tranverses. Ces passes, ainsi que nous l'avons minutieusement exposé, consistent à passer ou pro­mener la main ouverte en regard d'une région choisie du corps et a une distance variable mais qui généralement est de 5 à 10centimètres. Dans cette opération les doigts très légèrement écartés les uns des autres sont dirigés vers une région en regard de la­quelle et sur laquelle on opère. La main est ainsi promenée tantôt

 



 


de haut on bas du corps, tantôt do bas en haut, tantôt obliquement, et tantôt transversalement relativement a l'axe du corps. Des effets spéciaux sont obtenus avec chacune de ces manières d'agir; nous n'avons pas ales rappeler ici.

D'autres fois la main ouverte, les doigts étant allongés et légère­ment écartés ou bien disposés circulairement comme dans l'attitude préparatoire de la préhension, peut être mise en regard du sujet de manière à se porter tantôt vers lui et tantôt à s'en éloigner.

Bien qu'en réalité ces mouvements de la main ne constituent pas des passes, on pourra leur donner ce nom pour ne pas compli­quer le langage. Nous les appelerons passes perpendiculaires par opposition aux autres, ou encore avec la qualification spéciale de rentrantes on centripètes, de sortantes, ou centrifuges suivant que la main se rapproche ou s'éloigne du sujet.

Ces passes perpendiculaires produisent des effets qui sont sur­tout appréciables dans l'état de sommeil neurique ou après anes­thésie préalable de la région en regard de laquelle elles sont faites.

En dehors de ces conditions préalables elles ne peuvent agir que comme les radiations digitales fixes.

Si nous les signalons ici, c'est parce que leur place y est naturel­lement marquée en raison du plan que nous avons adopté (Voyez p. 202 et suiv.).

TRANSRADIATIONSDIGITALES MOBILES

Les radiations digitales mobiles ou passes proprement dites peuvent agir non seulement directement et librement à travers l'air ambiant, mais encore à travers divers obstacles.

Dans les expériences que nous avons relatées, les passes n'agis­saient librement et directement sur les téguments que lorsqu'il s'agissait de régions habituellement découvertes, la face, le cou, les mains et parfois les avant-bras. Ailleurs elles devaient agir sur les téguments à travers des vêtements plus ou moins épais; à la


tete, c'est à travers une épaisse chevelure qu'elles devaient porter leur action sur le cuir chevelu.

Dans le deuxième livre nous verrons les passes agir & travers d'autres obstacles.

PREMIERS ESSAIS DES PASSES ET PREMIERS EFFETS OBTENUS

Nous rappellerons ici que ce fut le 30 octobre 1880 que nous fîmes pour la première fois l'essai des passes sur Mlle C... Les effets obtenus alors nous frappèrent vivement. Ayant à plusieurs reprises passé de haut en bas la main ouverte au-devant de la figure de la jeune malade, celle-ci ne tarda pas à s'endormir et à s'affaisser sur elle-même après s'être plaint d'avoir sommeil. Nous constatâmes alors qu'elle donnait réellement (tout au moins d'un sommeil particulier) et qu'elle était partout insensible.

Avec le sommeil s'était donc produite l'anesthésie générale. Quelques jours après, le 2 novembre, je vis que je pouvais par des passes en regard de diverses régions du corps produire de l'anes­thésie sans sommeil, et limitée à la région parcourue par les passes. J'ai pu ainsi anesthésier un doigt, le nez, une oreille, l'une des paupières, une moitié latérale du corps, et ce par des passes descendantes.

EFFETS THÉRAPEUTIQUES   DES  PASSES   ANESTHÉSIANTES EFFECTIVES OU DIRECTES

Ce fut a l'occasion des premières passes que je fis le 30 novem­bre 1880 que je constatai pour la première fois leurs effets thé­rapeutiques. J'ai déjà dit que le sommeil survenait a la suite de ces passes et que l'anesthésie était généralisée. Or pendant ce temps la douleur de la région occipitale et celle du creux épigastrique qui étaient si vives avaient complètement disparu.

Quelques jours après, le 4 novembre 1880, la malade étant


en état de veille et continuant à souffrir cruellement d'une vive sen­sibilité sur tout le cuir chevelu (hyperesthésie) j'eus l'idée de passer ma main au-devant du front et au-dessus de la tete en cercle. Toute douleur cessa. Je venais d'obtenir ce soulagement par des passes transversales relativement a la direction des nerfs. Dans la même journée ayant assisté au début d'une attaque convulsive je l'arrêtai pur des passes descendantes le long du corps. Déjà avant l'attaque elle s'était plaint de souffrir d'une dent. Ayant fait une passe le long de la mâchoire d'arrière en avant et de haut en bas, la douleur cessa.

Une autre fois (9 novembre 4880) la malade étant dans le som­meil neurique paraissait souffrir au niveau du front, car elle y appliquait fréquemment la main. Je fis une passe ascendante (anesthésiante) à ce niveau. Alors elle dit textuellement : < Comme c'est agréable de souffrir, puis de ne plus souffrir; il est vrai qu'il vaudrait mieux ne pas souffrir. »

Très fréquemment elle s'est plaint d'une douleur sus-orbitaire (migraine), dans l'état de veille, et toujours je l'ai calmée en quel­ques secondes au moyen de passes anesthesiantes.

Le 8 février 1881 elle me déclara que depuis huit jours elle souffrait de douleurs aux genoux et le long des jambes jusqu'aux pieds. Quelques passes descendantes le long des membres infé­rieurs, en avant, suffirent pour faire disparaître complètement ces douleurs.

EFFETS THÉRAPEUTIQUES DES PASSES ANESTHESIANTES VIRTUELLES OU SOIT DE L'ANESTHÉSIE PRODUITE INDIRECTEMENT SUR UNE RÉGION SITUÉE PLUS OU MOINS LOIN DE CELLE SOUMISE DIRECTEMENT AUX PASSES (OU  RADIATIONS  DIGITALES MOBILES),

Névralgie sus-orbitaire.  Migraine.  J'ai dit plus haut que fréquemment j'ai fait cesser une névralgie sus-orbitaire en faisant des passes en regard de la région endolorie dans le sens de la


distribution dos nerfs intéressés, c'est-à-dire do bas en haut, soit verticalement soit un peu obliquement.

Nous avons établi d'autre part que des passes ascendantes (hyperesthésiantes), soit au-devant des tibias, soit au-devant de la face antéro-externe des membres supérieurs portaient leur influence sur la région frontale où les nerfs ont une direction opposée et y déterminaient l'anesthésie comme si elles y avaient été faites directement.

Or dans les cas où la région frontale était le siège de douleurs névralgiques, ces passes éloignées do la région affectée ont suffi pour les faire cesser.

Résolution par des passes descendantes d'une contracture ayant placé les doux pieds en varus

Des passes descendantes m'ont servi pour remettre dans sa position normale un pied varus (31 oct. 1880). J'ai fait ces passes à une certaine distance en regard de la face externe du pied.

Résolution d'une contracture rebelle par des passes perpendiculaires sortantes

Nous rappelerons ici que des passes sortantes faites en regard d'une région siège d'une contracture (les pieds) rebelle aux moyens ordinaires, ont pu déterminer la résolution des muscles et le redressement des parties placées dans une position vicieuse par cette contracture.

RÉSUMÉ DES PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ ET DE LA MOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES RADIATIONS DI­GITALES  MOBILES OU  PASSES.

I.  La surface du corps se divise en deux grandes régions ou domaines, le domaine des nerfs ascendants et le domaine des nerfs descendants.


 


II. Ces deux domaines sont séparés par une ligne dite naso-auriculo-cervicale qui, parité de la racine du nés, va aboutir de
chaque côté ala partie postérieure et moyenne du cou a la limite
supérieure d'une zone dite zone neutre cervicale postérieure, en
passant par le rebord inférieur de la cavité orbitaire, l'angle
externe des yeux, l'arcade zygomatique, l'extrémitésupérieure du
pavillon de l'oreille, la limite postérieure de la région mastoï­
dienne, et l'union du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs
de la face latérale du cou.

III.   Le domaine des nerfs ascendants est au-dessus et le domaine des nerfs descendants est au-dessous de cette ligne.

IV.      Les radiations digitales mobiles ou passes employées dans l'étai de veille et sans anesthésie préalable sur un point quel­conque des téguments, en regard de l'un ou de l'autre des deux domaines des nerfs :

1° Anesthésiant les téguments et les tissus sous-jacents plus ou moins profondément, contracturent ou font simplement contracter les muscles de la région directement intéressée, et endorment plus ou moins profondément au fur et a mesure de leur répétition, si elles sont faites dans le sens de la distribution des nerfs.

2° Inversement elles hyperesthésient les téguments et peuvent déterminer une attaque nerveuse violente ou hyperesthésique (dite du petit veau dans notre cas), si elles sont faites en sens contraire de lu distribution des nerfs.

De plus ces passes faites en sens contraire de la distribution des nerfs ont la propriété de détruire les effets des passes faites dans le même sens de la distribution des nerfs, c'est-à-dire de ramener la sensibilité à l'état normal en faisant disparaître l'anes­thésie, de relâcher les muscles, de réveiller.

De même les passes faites dans le sens de la distribution des nerfs ont la propriété de détruire les effets des passes faites dans le sens opposé a cette distribution, c'est-à-dire de ramener la sensibilité a l'étal normal en faisant disparaître l'hyperesthésie, et de calmer le sujet surexcité et préparer ainsi le retour à l'état normal.


3° Elles produisent aussi l'anesthésie, la contraction musculaire et le sommeil si elles sont faites transversalement et perpendicu­lairement, ou obliquement dans le sens de la distribution des nerfs.

4° D'autre part, elles produisent l'hyperesthésie, le relâchement des muscles et le réveil, et même l'attaque nerveuse hyperesthé­sique si elles sont faites obliquement dans le sens contraire de la distribution des nerfs.

V. Ces règles comportent une exception lorsqu'il s'agit de la
(ace postéro-interne des membres supérieurs et inférieurs. En
regard de ces régions les passes agissent comme si les nerfs sensitifs s'y distribuaient de bas en haut.

VI.   Quelque limitées que soient les passes, leurs effets sont
toujours subordonnés aux lois et à l'exception sus-indiquées.

VII.   Les effets locaux des passes sont exactement limités à
l'étendue de ta région ou de la partie circonscrite qui se trouve
directement influencée. Aussi peut-on, avec un doigt promené en
regard d'une région choisie des téguments, déterminer de l'anes­
thésie ou de l'hyperesthésie sous forme de lignes, d'arcs de cercle,
de hachures, anesthésier l'une ou l'autre seulement des moitiés
latérales du corps, avec flaccidité ou d'autres fois avec une légère
raideur des membres de ce côté.

VIII.    L'anesthésie ou l'hyperesthésie provoquées sur une
région de l'une des moitiés latérales du corps s'accompagne ou est
suivie de très près de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie de la
région homologue, c'est-à-dire de la région de même nom située
sur le côté opposé du corps.

En même temps on s'aperçoit que sur les membres les faces opposées à celles sur lesquelles l'anesthésie ou l'hyperesthésie ont été provoquées directement ou par transfert présentent une modi­fication de la sensibilité exactement semblable à celle des faces correspondantes du même côté.

IX.   Des passes faites en regard d'une région ne déterminent
pas seulement des modifications de la sensibilité sur place et par
transfert sur la région opposée du môme côté, s'il s'agit d'un


membre, et sur les régions homologues de la moitié latérale opposée, mais elles agissent aussi par voie réflexe simple ou par le mécanisme supposé des passes virtuelles sur les régions voi­sines, et aussi sur des régions plus éloignées, en y déterminant des modifications de la sensibilité qui dépendent et du sens des passes faites sur la région choisie et du sens de la distribution des nerfs dans ces régions plus ou moins éloignées.

Les passes qui agissent sur la région visée sont dites passes effectives, et lorsqu'elles sont considérées au point de vue de leur action à distance par voie réflexe simple ou croisée (transfert) elles sont dites virtuelles.

X.   Le degré, la profondeur et le pouvoir d'extension de
l'anesthésie ou de l'hyperesthésie provoquées par les passes sont
en général d'autant plus accusés que ces passes intéressent des
régions dans lesquelles les nerfs sensitifs sont les plus volumineux,
les plus serrés et les plus rapprochés du cerveau.

XI. La sensibilité neurique diminuait chez la malade avec
l'amélioration de sa santé.

XII. Il y a, semble-t-il, un rapport exact et constant entre
les modifications de la sensibilité à la périphérie du corps et une
modification des centres. En d'autres termes l'état de la sensibilité
à la périphérie du corps, sur les téguments, traduit fidèlement
l'état de la sensibilité dans les centres.

XIII.  Des passes descendantes on transversales faites au-devant d'un œil abolissent d'abord la vue dans cet œil, puis l'ouïe dans l'oreille correspondante.

XIV.Des passes descendantes ou transversales faites en regard d'une oreille suppriment d'abord l'ouïe de ce côté, puis la vue du même côté.

XV.  Jamais les effets des passes faites en regard d'un œil ou d'une oreille ne franchissent la limite de séparation des deux moi­tiés du corps. En d'autres tenues il n'y a pas de propagation aux organes similaires de l'autre moitié latérale.

XVI.Lorsqu'on neveut neuriserqu'un seul œil,on estquelquefois obligé, pour réussir, de fermer l'autre œil pendant l'opération.


XVII.        En examinant les effets des passes sûr chaque moitié latérale du corps, nous avons pu nous convaincre qu'il existait une légère inégalité fonctionnelle entre les deux hémisphères cérébraux et que cette inégalité avait lieu au détriment de l'hémisphère droit. D'en il s'ensuit que le sujet était atteint d'un léger degré d'hémianesthésie gauche.

XVIII.     Les passes ne déterminent la contracture des muscles qu'autant qu'elles ont provoqué préalablement l'anesthésie de la région influencée.

XIX. On peut déterminer et maintenir par les passes la con­tracture générale des muscles, tout en tenant la malade éveillée par le souille.

XX.La contracture provoquée par les passes peut être limitée à un muscle ou à un groupe do muscles. Limitées aux doigts les passes y provoquent les effets suivants : XXI. Une passe digitale lente descendante en regard de la face dorsale d'un doigt et ascendante en regard de sa face palmaire détermine des mouvements intermittents de tout ce doigt dans le sens de la flexion. Les téguments visés deviennent en même temps insensibles.

XXII.  Des passes digitales lentes ascendantes en regard de la face dorsale d'un doigt et descendantes en regard de la face pal­maire produisent l'extension du doigt s'il est fléchi, ou exagèrent son extension si elle existe déjà.

XXIII.Nous avons vu des passes transversales faites en regard du milieu de la face dorsale de l'un des bras, et à la distance de 12 à 15 centimètres, produire la contraction des muscles succes­sivement visés.

XXIV.Les vêtements même épais ne sont pas un obstacle pour l'action des passes.

XXV.Les passes perpendiculaires neproduisent généralement

aucun effet qui leur soit propre, à l'état de veille et sans anesthésiation préalable de la région en regard de laquelle elles agissent.

XXVI.  Les passes ont des effets thérapeutiques certains,

qu'elles soient considérées comme effectives ou comme virtuelles.


XXVII.  Elles peuvent etre employées à combattre certaines névralgies, et spécialement certaines migraines.

XXVIII.  Elles peuvent déterminer lu résolution d'une con­tracture.

XXXIX.  Les passes perpendiculaires sortantes, peuvent par une sorte d'action attractive déterminer la résolution de certaines contractures rebelles à la médication habituelle.

EMPLOI DES YEUX

NEURISATION   OCULAIRE RADIATIONS OCULAIRES DIRECTES FIXES

Action sur la sensibilité générale et la motilitè

Ce que nous avons dit des effets obtenus par la neurisation digi­tale à distance peut, d'une manière générale, être appliqué a la neurisation oculaire aussi bien lorsqu'elle est fixe que lorsqu'elle est mobile.

Ainsi un point de la surface tégumentaire étant visé par les yeux, à la distance de 0,50,0,60 ou 1mètre, jepouvais pro­voquer l'anesthésie, puis l'hyperesthêsie de ce point, puis la contraction on la contracture des muscles sous-jacents.

I. Extrait d'une lettre de M. Martin Ziegler, du 24 juillet 1883. « Hier soir j'ai soupe avec M. Kubo, peintre très connu d'ici. M. K. m'a raconté que dans le temps il avait fait le portrait d'une dame et qu'a la flu de la première pote cette dame lui avait déclaré qu'elle avait ressenti un petit point douloureux sur toutes les places du buste et de la figure où lui (l'artiste) avait arrêté pendant quelque temps son regard.

» Kulm m'a dit que comme contrôle il a prie cette dame de lui tourner le dos et il m'a assuré que, sans jamais se tromper, la dame lui avait plusieurs fois indiqué tres exacte­ment les points sur lesquels il dardait ses yeux, depuis la nuque jusqu'au coude. » Expériences de M. le Dr Mervy.

Dans le courant de juillet 1884 j'ai vu le Dr Mervy, a Paris, provoquer des contrac­tions musculaires dans une région quelconque du corps qu'il fixait avec ses yeux, et cela en quelques secondes. Ce fait vient a l'appui des résultats de nos propres expériences.


J'ai pu ainsi immobiliser un bras, une jambe, le poignet, etc. Cette contracture persistait lorsque j'éloignais ou détournais le regard de la région ainsi visée. Pour la résoudre il me suffisait de souffler sur cette région ou d'en malaxer les tissus avec la main.

J'ai pu supprimer la voix en fixant par le regard le cartilage thyroïde a ladistance de 0,20. Ce résultatest identique a celui obtenu au moyen des radiations digitales fixes,

J'ai constaté aussi le transfert de l'anesthésie provoqué par le regard.

Enfin l'anesthésie ainsi provoquée sur une région visée par le re­gard peut s'étendre plus loin. En effet si le bras du sujet étant dans la flaccidité et normalement sensible, je projette sur le poignet des rayons oculaires, je détermine de l'anesthésie cutanée du poignet et, on même temps ou consécutivement de très près, de toute la main, avec conservation de la sensibilité au-dessus. En même temps aussi les muscles sous-jacents de la région visée se contracturent.

Ainsi le regard est anesthésiant, hyperesthésiant et contracturant, et j'ajouterai qu'il a ces propriétés à plus d'un mètre de distance.

Le regard est aussi hypnotisant soit par suite de la propagation, ou mieux par diffusion dans les centres, de l'anesthésie qu'il a provoquée sur une région quelconque du corps, soit après avoir été fixé sur les yeux mêmes du sujet. Dans ce dernier cas l'action hypnotisante est rapide puisqu'elle n'a demandé que dix à douze secondes pour s'accomplir.

Action sur les organes des sens

Vue.  La fixation des yeux du sujet peut n'entraîner qu'un peu de trouble de la vision si elle n'a qu'une durée de quelques secondes. En persistant la vue se trouble davantage et l'on peut saisir le moment où la vue est abolie lorsque le sujet n'est pas encore tombé dans le sommeil.


 


 


Ouïe. En regardant attentivement et de près le conduit auditif de l'une ou de l'autre oreille j'ai rendu sourde ht malade soit de l'un soit de l'autre côté, ou des deux cotés successivement.

En agissant ainsi sur lu vue et sur l'ouïe, je ne me souviens pas d'avoir observé quelque phénomène qui établisse dans le cas particulier une corrélation entre la vue et l'ouïe et vice versa, ainsi que l'action desradiations digitales fixes m'a permis de le faire.

RADIATIONS OCULAIRES FIXES REFLECHIES

Les radiations oculaires n'agissent pas seulement par voie directe, j'ai pu aussi provoquer de l'anesthésie et le sommeil en faisant réfléchir les rayons neuriques oculaires sur le sol.

Ainsi ayant regardé fixement le sol dans une direction telle que les rayons neuriques de mes yeux pussent, en se réfléchissant, atteindre le dos de la main du sujet, j'ai provoqué de l'anesthésie sur cette région.

Dans une autre expérience, ayant pris les dispositions néces­saires pour que les rayons oculaires réfléchis sur le sol allassent atteindre les yeux du sujet, celui-ci ne tarda pas à s'endormir.

D'ailleurs il n'est pas rare de voir des magnétiseurs de profes­sion endormir leur sujet en fixant ses yeux dans une glace, même à une distance de plusieurs mètres.

TRANSRADIATION NEURIQUE  OCULAIRE

Divers objets interposés entre l'opérateur et le sujet ne sont pas un obstacle pour la production réelle des effets ordinaires de l'action des rayons neuriques oculaires.

Nous avons dit que notre jeune malade présentait habituelle­ment de l'hyperesthésie du cuir chevelu. Il suffisait d'effleurer ses cheveux pour exalter ou réveiller cette hyperesthésie suffisamment faible par moments pour donner a penser qu'elle eût disparu. Les


doigts dirigés vers cette région avaient aussi la propriété de réveiller ou d'exulter celle sensibilité déjà si grande. Il en était de même du regard.

Je voulus donc m'assurer si le regard aurait une action réelle sur celle région a travers un mur. Le mur qui séparait le salon de l'antichambreavait au moins 0,50 d'epaisseur. Je fis placer là malade dans le salon le dos tourné au mur, à 0,50 de ce mur et à environ 1 mètre de distance du bord de la porte de communication avec l'antichambre.

De mon côté je me plaçai dans l'antichambre en face de ce même mur et à la distance de 1 mètre de manière à ce qu'une ligne fictive parlant de mes yeux tombât perpendiculairement sur ce mur et pût rencontrer la tôle du sujet.

Un confrère placé sur te seuil de la porte de communication surveillait l'opération.

Dès que le rayon visuel se fut trouvé dans la direction de cette ligne fictive, en d'autres termes dès qu'à travers ce mur j'eus visé avec mon regard la tete du sujet celui-ci accusa une vive douleur. Cette douleur continua tant que je restai ainsi placé les yeux ouverts. J'eus l'idée alors de les fermer, aussitôt la douleur cessa. Je les rouvris, aussitôt la douleur se fit sentir de nouveau. Je les fermai encore et la douleur cessa. J'opérai de la sorte plusieurs fois de façon à bien me convaincre et à convaincre mon confrère que l'action du regard se faisait réellement sentira travers ce mur. Aucun bruit, aucune circonstance ne pouvait avertir le sujet qu'à tel moment précis je fermais ou rouvrais mes yeux.

Celle expérience que j'estime comme l'une des plus importantes que j'ai faites a été répétée plusieurs fois par moi et toujours avec les mêmes résultats probants.

RADIATIONS OCULAIRES MOBILES

Voyant que le regard fixe ou soit les rayons oculaires fixes jouis­saient,d'une manière générale, des memes propriétés que les rayons


digitaux fixes, j'ai eu l'idée de les employer à l'etat mobile. En d'autres termes j'ai eu l'idée de faire des passes oculaires. Au lieu de promener ma main en regard d'une région, je promenais ma tête ou plutôt mon regard de manière a lui faire parcourir une certaine étendue.

J'ai pu m'assurer ainsi que, abstraction faite de la loi d'excep­tion indiquée pour les passes digitales, des passes oculaires faites dans le sens de la distribution des nerfs étaient anesthesiantes et contracturantes,et que des passes oculaires faites en sens contraire étaient désanesthésiantes et décontracturantes, ou simplement hyperesthésiantes.

Les passes oculaires se comportent à l'égard des doigts du sujet de la môme manière que les passes digitales (Voy. plus haut, p. 203 et suiv.).

Les passes oculaires sont assez fatigantes, en tout cas peu commodes, aussi ai-je donné en général la préférence aux passes digitales.

PASSES OCULAIRES  PERPENDICULAIRES

Ce que nous avons dit des passes digitales perpendiculaires (Voy. p. 209 et suiv.) est applicable aux passes oculaires perpen­diculaires.

RÉSUMÉ

Ce que nous avons dit des effets des radiations digitales fixes et mobiles peutêtre appliqué aux effets des radiations oculaires fixes ou mobiles. Aussi ne croyons-nous pas utile de donner ici un résume de ces derniers effets.

Nous ferons seulement remarquer qu'avec les rayons neuriques oculaires nous n'avons pas pu, en influençant un œil, influencer par suite l'oreille correspondante et vice versa.

Ensuite nous appellerons l'attention sur les effets du regard sur


la sensibilité et la motilité des régions visées, et sur ceux que l'on obtient à travers un obstacle.

EMPLOI DU SOUFFLE

NEURISATION PNEUMIQUE

L'emploi du souffle buccal dans les expériences et les pratiques du magnétisme est connu depuis longtemps et quelques auteurs ont su discerner en lui des propriétés spécifiques absolument indé­pendantes de ses propriétés physiques qui sont la pression qu'il exerce et la sensation de froid ou de chaud qu'il provoque sur les téguments. Mais il faut reconnaître que ce moyen de neurisation est resté l'apanage de quelques magnétiseurs au point de vue de certaines interventions thérapeutiques peu démonstratives d'ailleurs. Les magnétiseurs l'emploient le plus habituellement pour réveiller leur sujet.

Premiers essais.  Le premier usage que je fis moi-même du souffle fut pour réveiller la jeune fille que je venais d'endormir pour la première fois en faisant des passes descendantes au-devant de sa figure.

Mais bientôt je fus amené a l'employer méthodiquement, dès le jour où je reconnus en lui des propriétés spéciales assimilables aux propriétés des doigts et des yeux.

Lit première expérience qui me fit penser que le souffle agissait en vertu d'une propriété particulière date du 4 novembre 1880.

Effets nuls avec un soufflet.  Je savais que le souffle réveille, qu'il hyperesthésie, ou exalte une hyperesthésie déjà existante, qu'il neutralise enfin l'anesthésie provoquée. Je voulus remplacer mon souille par celui d'un soufflet ordinaire ; je ne réussis pas. Les résultats furent nuls aussi avec le souffle d'une tierce personne reconnue comme n'étant pas douée du pouvoir de neuriser ; ils furent négatifs encore avec le propre souffle du sujet.


 


 


Action nulle du souffle nasal. Si au lieu du souffle buccal j'employais le souffle nasal je n'obtenais aucun effet.

La longue série des expériences ultérieures m'a permis de bien déterminer quelles étaient les propriétés des rayons pneumiques ou soit du souffle.

Rappel des propriétés physiques du souffle neurique.  Je rappelerai tout d'abord que les rayons pneumiques obéissent aux mêmes lois physiques que les rayons digitaux et oculaires; qu'ils se propagent en ligne droite, se réfléchissent sur les glaces, et en général sur les surfaces planes, se réfractent à travers les lentilles et les prismes et sont susceptibles de traverser certains obstacles (portes, murs, etc.).

Forme conique de l'ensemble des rayons pneumiques.  Le faisceau des rayons pneumiques forme un cône dont le sommet est aux lèvres lorsque celles-ci sont rapprochées comme dans l'action de siffler, et dont la base se perd dans l'air ambiant et est d'autant plus large qu'on s'éloigne d'avantage des lèvres.

ACTION DES RADIATIONS PNEUMIQUES SUR LA SENSIBILITÉ GÉNÉRALEET LA MOTILITÉ

Propriétés spéciales des radiations pneumiques fixes

Contrairement aux radiations digitales ou oculaires fixes qui qui sont avant tout anesthésiantes et ne sont hyperesthésiantes que temporairement et par leur persistance pour devenir ensuite contracturantes et finalement déterminer le sommeil neurique,les radiations pneumiques fixes semblent être essentiellement hyperesthésiantes.

Hyperesthésie.  En réalité, et cela nous a paru évident à la suite d'un petit nombre de constatations, celle hyperesthésie est précédée d'un certain degré d'anesthésie sur la région directement influencée, mais celle anesthésie est transitoire. L'hyperesthésie la remplace presque aussitôt et persiste seule avec ses effets.

Caractères de l'hyperesthésie d'origine pneumique.  Quant


aux caractères de cette hyperesthésie d'origine pneumique, ce sont les suivants: cette hyperesthésie est en quelque sorte latente; en effet elle n'est perçue que durant l'action du souffle, et lorsque, le souffle cessant, le sujet fuit exécuter des mouvements à la région qui en est le siège, ou encore lorsqu'on dirige vers cette région des rayons digitauxou oculaires, oudenouvenu des rayons pneumiques.

Cette hyperesthésie est annulée par l'application de la paume de la main.

Étendue de la surface hyperesthèsièe.  Celle étendue est d'autant plus grande que la surface influencée est plus éloignée de la bouche. Elle est proportionnelle a l'étendue de la surface de coupe du faisceau conique pneumique.

Étant donc essentiellement hyperesthésiantes les radiations pneumiques fixes défont ce que les radiations digitales et oculaires ont fait : elles desanesthesient, ramènent la sensibilité à son état normal, décontracturent et réveillent.

Lorsque l'anesthésie s'accompagne de contracture, elle ne peut disparaître sous l'influence du souffle qu'après la résolution de la contracture.

L'action résolutive du souffle sur la contracture provoquée est d'ailleurs très nette et j'y ai eu souvent recours.

Transfert de l'hyperesthésie d'origine pneumique.  De môme que l'anesthésie d'origine digitale et oculaire, l'hyperesthésie pro­venant du souffle peut subir le transfert.

Diffusion de l'action dèsanesthèsiante et décontracturante du souffle à toute une région du corps.  Dans la partie consacrée à l'élude de l'action des radiations digitales fixes au point de vue de la diffusion de l'anesthésie (Voy. p. 86) nous avons vu qu'en projetant des rayons digitaux dans le creux sus-clavieulaire au niveau du plexus brachial et près de la colonne vertébrale je pouvais déterminer l'anesthésie de tout le bras correspondant et son immobilité par la tétanisation ou contracture, avec possi­bilité de cataleptiser ce membre ou soit de lui faire garder toutes les positions qu'il peut prendre. Nous avons vu aussi qu'en même


 


 


temps toute la moitié correspondante du corps se trouvait anesthésiée. Or, en soufflant dans le creux sus-claviculaire tout a dis­paru : l'anesthésie et la contraction. Le bras est retombé, à la suite de la résolution de ses muscles contractés.

Diffusion aux centres nerveux de l'hyperesthésie d'origine pneumique. Crise du petit veau provoquée par lesouffle. Pour compléter le parallèle, nous dirons que de même que les radiations digitales et oculaires sont hypnotisantes, c'est-à-dire capables de provoquer une attaque de sommeil particulier, de même les radiations pneumiques, semblables d'ailleurs en cela aux passes centripètes hyperesthésiantes, peuvent provoquer une attaque particulière que j'appelerai hyperesthèsique et qui n'est autre chose que la crise dite du petit veau.

Attaque d'hyperesthésie comparée à l'attaque d'anesthésie ou de sommeil.  Ainsi, d'une part, les radiations digitales ou ocu­laires fixes qui sont essentiellement anesthésiantes peuvent amener une attaque anesthesique laquelle ne semble être que la diffusion et la généralisation de l'anesthésie dans les centres ner­veux; et, d'autre part, les radiations pneumiques fixes qui sont essentiellement hyperesthésiantes peuvent provoquer une attaque hyperesthésique témoignant ainsi, selon toute probabilité, d'une diffusion ou d'une généralisation de l'hyperesthésie dans les centres.

En d'autres termes nous avons d'une part le calme,de l'autre l'excitation, ou soit dans un cas l'hypo-esthèsie, et dans l'autre l'hyperesthésie des centres sensitifs.

Nous voyons qu'à l'hypo-esthésie de la périphérie correspond, par suite peut-être d'un phénomène de diffusion, l'hypo-esthésie des centres ou tout au moins de certaines parties des centres ner­veux. Cet état d'hypo-esthésie des centres est caractérisé par le sommeil neurique.

Nous voyons encore qu'à l'hyperesthésie de la périphérie correspond celle des centres ou de certaines de ses parties, carac­térisée par un état particulier qui semble être tout l'oppose du sommeil neurique, et qui su révèle par l'exaltation des fonctions


secnsitives, motrices et intellectuelles, non sans une certaine per­version de ces fonctions.

Cette attaque hyperesthésique ou du petit veau (nous avons dit pourquoi a la p. 3) a été tantôt spontanée et tantôt provoquée.

L'attaque hyperesthêsique n'a lieu que lorsqu'on souffle doucement Nousdevons insister sur ce point que cette crise du petit veau, lorsqu'elle était provoquée par le souffle, ne se produisait que si le souffle était doux, lent et prolongé, quel que futle point du corps sur lequel il était dirigé. S'il était fort il ne provoquait que de l'hyperesthésie.

C'est en soufflant de près, directement, légèrement et d'une manière continue sur la face dorsale de l'une des mains du sujet que j'ai vu se produire les premières attaques hyperesthésiques, et je fus aussitôt frappé de culte relation de cause à effet.

Principaux caractères de l'attaque hyperesthésique.  Ce qui prédominait dans celte crise ou attaque du petit veau c'étaient les mouvements des membres. La malade marchait, frappait les personnes qui étaient autour d'elle, parlait beaucoup et avec animation; si alors je soufflais sur elle l'exaltation devenait excessive et elle n'avait plus de repos.

Pour bien faire connaître la nature de cette attaque hyperesthesique nous ajouterons enfin que lorsqu'elle survenait sponta­nément elle était précédée de quelque douleur très vive (névralgie intercostale, etc.).

Propriétés spéciales des radiations pneumiques mobiles

Tandis que les radiations pneumiques, si elles sont fixes, dif­fèrent des radiations digitales et oculaires fixes en ce qu'elles sont essentiellement hyperesthésiantes, elles deviennent en tous points assimilables, dans leurs effets, aux radiations digitales et oculaires mobiles, si elles sont elles-mêmes mobiles.

Centrifuges, les passes pneumiques ou soufflées anesthésie; centripètes, elles hyperesthésiant, sauf, comme pour les autres


passes, ala face postéro-interne des membres ou les effets sont inverses.

Action des radiations pneumiques mobiles sur la motilitê.  Eu égard aux doigts des mains les passes pneumiques se compor­tent comme les autres passes, avec les différences signalées suivant que ces passes sont lentes ou rapides (Voy. p. 203 et suiv., et fig. 43,44,45 et 46).

ACTION   DES RADIATIONS PNEUMIQUES SUR  LASENSIBILITÉ SPÉCIALE

La propriété qu'ont les radiations pneumiques fixes d'hyperes-thésierles téguments, c'est-à-dire d'exalter la sensibilité générale, s'étend aux organes de sensibilité spéciale. Grace à ce pouvoir remarquable du souffle nous avons pu exalter la sensibilité natu­relle des divers organes des sens, ou bien neutraliser ou détruire l'anesthésie dont ces organes se trouvaient affectes a la suite de l'action sur eux des radiations digitalesou oculaires. D'autres fois son action nom a été d'un précieux service pour l'étude de l'indé­pendance fonctionnelle des deux hémisphères, aussi bien que pour l'étude des rapports des organes des sens entre eux.

Ouïe

Mes premières expériences sur l'action du souffle sur les organes des sens remontent au 4 novembre 1880. Je commençai par l'ouïe.

Me plaçant à côté de la jeune tille parfaitement éveillée, je souf­flai huita dix fois dans l'oreille correspondante. Interrogée alors elle commença à se plaindre que je parlais trop haut. Je fis la môme opération pour l'oreille du côté opposé et lui ayant alors de nouveau parlé elle se boucha les oreilles disant qu'elle ne pouvait pas supporter ma voix, que je parlais trop haut.

Pour faire cesser cette hyperesthésie de l'ouïe (hyperacousie), je plaçai durant quelques secondes ma main entr'ouverte devant


le conduit auditif de chaque oreille et elle déclara que je ne parlais plus trop haut.

Fig 43, 44, 45, 46.  Influence des radiations pneumiques mobiles sur les mouvements des doigts.

S. Lot fleches indiquent le sent dans lequel asouffle est promené.  M. Moments intermittents dans le sens de la flexion R. Raideur dans l'extension forcée.

Je soufflai de nouveau dans les oreilles et de nouveau elle se plaignit que je parlais trop haut. Je me mis alors à sussurrer


 


quelques paroles et elle prétendit que je parlais comme d'habitude. Je me plaçai ensuite a distance et me mis a parlera voix basse : elle déclara entendre parfaitement.

Je ne songeai pas à rechercher si en exaltant l'ouïe j'exaltais en même temps, par propagation, la vue.

Vue

Je voulus ensuite essayer d'exalter le sens de la vue. Je soufflai de même huit à dix fois sur chaque œil. Alors la malade dit qu'elle voyait tout les objets grandis; que la chambre était plus grande, que la fenêtre était devenue une porte-fenétre. Puis elle se mit à me toiser disant que j'étais très grand et très fort. Elle trouva aussi les autres personnes de l'entourage grossies et grandies.

Diffusion de l'hyperesthésie des yeux aux oreilles.  Il ad­vint qu'à ce moment l'ouïe se trouva aussi exaltée. Ce fut évi­demment par propagation, et ce faitmontraitdéjà les relations que nous avons vu exister dans d'autres expériences entre l'oeil et l'oreille.

Voulant ramener la vue et l'ouïe à leur état normal ou degré normal d'acuité je passai la main devant les yeux et devant les oreilles.

Exaltation de l'imagination.  Après cette expérience la jeune fille avoua qu'elle avait conscienceque son imagination était exaltée en méme temps que l'étaient l'ouïe et la vue.

J'eus ensuite l'idée de n'exalter ta vue que d'un seul côté; ce que je fis en ne soufflant que dans un œil. Avec cet œil seul elle voyait très gros (mégalopsie), avec l'autre normalement, avec les deux à la fois moins gros quoique gros encore.

Je passai la main devant l'œil influencé et tout rentra dans l'ordre.

Impossibilité de voir, les yeux fermés, après exaltation de la vue par le souffle.  Une autre fois, après avoir exalté la vue par le souffle je dis à la malade de fermer les yeux, et lui demandai


alors si elle voyait, elle me répondit que non. Mon but était de rechercher si la vue étant exaltée elle pourrait voir et lire les yeux fermes.

Possibilité de lire dans l'obscurité, après exaltation de la vue par le souffle.  A une autre de mes visites, voulant savoir si l'hyperacuite de la vue ainsi obtenue lui permettrait de voir dans l'obscurité, je soufflai sur ses yeux. Elle déclara avec beaucoup d'étonnément, bien que cela lui fût déjà arrivé, et on même temps avec une certaine expression de gaieté, qu'elle voyait tout le monde et tous les objets extrêmement gros (mégalopsie). Examinant ses pupilles, il me sembla qu'elles étaient relativement dilatées.

Je fis fermer alors les volets et la chambre se trouva plongée dans l'obscurité. Puis je mis entre ses mains un livre ouvert qu'elle tint à environ 25 centimètres de ses yeux, et elle put lire distinctement sans embarras, tandis que de mon côté, placé à côté d'elle, je ne distinguais pas les lettres.

Il est bon de ne pas trop prolonger ou répéter le souffle parce que l'œil devient alors le siège d'une trop vive douleur. Je ne me souviens pas qu'une attaque hyperesthésique soit jamais survenue a la suite de la neurisation par le souffle soit des yeux, soit des oreilles.

Odorat

Pour des raisons de simple convenance je n'ai pas cru devoir l'aire des expériences sur l'odorat en soufflant directement sur l'orifice des narines. On verra plus loin (p. 2:37) comment j'ai pu exalter le sens de l'odorat en agissant sur lui indirectement avec le souffle.

Goût

Je n'ai rien a dire nu sujet du goût, n'ayant fait aucune expé­rience avec le souille pour en modifier le degré d'acuité.


RESUME DES PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE ET DE LAMOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES RADIATIONS PNEUMIQUES

I. Lesouffle buccal a des propriétés spécifiques absolument indépendantes de ses propriétés physiques.

II. Les radiations pneumiques (le souffle) employées à l'état fixe sont essentiellement hyperesthésiantes.

III.       L'hyperesthésie d'origine pneumique est en quelque sorte latente.

IV.     Son étendue est proportionnelle a l'étendue de lasurface decoupe du faisceau conique pneumique.

V.Elle peut subir le transfert.

VI.  Elle peut se diffuser dans les centres nerveux et produire
l'attaque dite hyperesthésique. Dans ce cas il faut que le souffle
ait été doux et prolongé.

VU. Les radiations pneumiques fixes exaltent l'ouïe et la vue. Elles provoquent aussi le phénomène de la mégalopsie.

VIII.   L'hyperesthésie d'origine pneumique peut se propager de
l'œil à l'oreille.

IX.Les radiations pneumiques fixes étant essentiellement hyperesthésiantes défont ce que les radiations digitales et oculaires ont fait. Ainsi : 1 elles désanesthésient, ramenant ainsi la sensibilité à son état normal; 2 elles décontracturent; 3 elles réveillent.

X.    Leur action désanesthesiante et décontracturante peut se diffuser le long des troncs nerveux.

XI.  Les effets produits par les radiations pneumiques mobiles
sont complètement assimilables à ceux provoqués par les radiations digitales et oculaires mobiles.


2  NEURISATION A DISTANCE PAR L'EMPLOI DE LA FORCE NEURIQUE CIRCULANTE, SANS LE SECOURS D'AGENTS INTER­MÉDIAIRES

EMPLOI DES RÉGIONS PLANTES DU CORPS

NEURODYNAMIQUE

OU

ÉTUDE DE L'ACTION DES COURANTS NEURIQUES

DU SUJET NEURISATEUR

SUR LES COURANTS  NEURIQUES DU SUJET NEURISÉ

En étudiant les passes digitales j'ai été amené à les considérer comme étant l'équivalent de courants neuriques que je pouvais opposer à des courants nerveux ou bien a des courants neuriques supposés existants dans le corps du sujet récepteur, probablement le long de ses nerfs.

De là à opposer les courants que je supposais exister dans mes nerfs, ou a côté d'eux, aux courants qui devaient exister de méme dans les nerfs, ou à côté des nerfs du sujet, il n'y avait qu'un pas.

Définition de la neurodynamique.  J'appelle neurodynamique l'étude des actions des courants neuriques du sujet neurisateur sur les courants neuriques du sujet à neuriser, par analogie avec l'électrodynamique.

Neurisation par induction.  Nous appellerons quelquefois ce mode de neurisation : neurisation par influence simple ou encore neurisation par induction.

La comparaison entre l'induction neurique supposée et l'induc­tion magnétique ou électro-magnétique n'est peut-être pas très rigoureuse mais comme il se pourrait, ainsi que nous le dirons plus loin, que les courants nerveux du sujet neurisateur vinssent à déterminer un changement dans la direction des courants nerveux


dit sujet a neuriser et même y développer un nouveau courant (courant neurique?), les physiciens me pardonneront d'avoir placé le phénomène de l'induction a côté de celui de l'influence des courants sur les courants connu en physique sous le nom d'électrodynamique et employé ici sous celui de neurodynamique. Ce manque de distinction absolu provient de certaines difficultés dans l'interprétai ion du phénomène que nous étudions.

La seule présence d'une personne dans le voisinage d'une autre peut indiquer l'étal nerveux particulier de l'une d'elles par cer­tains effets que celle-ci éprouvera.

Cette sorte d'action de présence n'est peut-être pas une nou­veauté absolue dans son application aux relations sociales, et si je venais a réclamer la priorité de sa constatation il s'élèverait pro­bablement plus d'une voix pour réclamer à leur tour en prétextant des phénomènes de sympathie et d'antipathie, de troubles divers éprouvés par certaines personnes, etc. Mais je ne pense pas que jamais personne ait établi môme dans des termes vagues que cette influence d'un sujet sur un autre alors qu'il n'a recours ni aux radiations fixes ou mobiles des yeux, ni à celles des doigts, ni à celles du souffle, dans les conditions précédemment établies, peut dépendre de l'action des courants neuriques de l'une des per­sonnes sur les courants neuriques de l'autre.

Division des courants neuriques en grands et petite

Quelle que soit la nature des courants neuriques, il parait cer­tains qu'ils ont des rapports étroits, tout au moins comme siège, avec les courant nerveux dont l'existence ne saurait d'ailleurs être niée. Or, par suite de la disposition générale des nerfs sensitifs et moteurs dans le corps humain, il existe des courants dont les uns occupent une grande étendue du corps et d'autres une étendue moindre, ou plus limitée. Aussi, de même que nous avons divisé les passes en grandes et petites d'après l'etendue occupée par tes nerfs de même direction générale, de même nous diviserons les courants neuriques en grands et petits.


Les grands courants neuriques sont ceux qui occupent la presque totalité du corps, et qui siègent soit clans l'ensemble des nerfs descendants soit a côté d'eux.

Les petits courants neuriques sont ceux qui intéressent des régions moins étendues, telles que celles des nerfs ascendants, ou encore des portions limitées de la région des nerfs descendants, aux membres supérieurs ou inférieurs, par exemple.

Il en résulte, ce qui d'ailleurs est conforme aux faits, qu'une personne peut influencer une autre personne, a distance et a son insu, soit par la totalité ou presque totalité de son corps, soit par des portions de son corps.

Elle peut opposer toute la longueur de son corps atoute la longueur du corps d'une autre personne, ou bien un bras aun bras, un doigt à un doigt, etc.

Elle peut opposer aussi des régions qui ne sont pas similaires. Ainsi elle peut opposer la main au front, à l'occiput, a la face, au thorax, etc.

PHÉNOMÈNES D'ABORDMÉCONNUS DANS LEUR SIGNIFICATION, MAIS DEPENDANT EN REALITE DE L'ACTION DES COURANTS NEURIQUES DU SUJET NEURISATEUR SUR CEUX DU SUJET A NEURISER OU NEURISABLE

Premier fait.  J'ai dit que mes premières expériences sur les phénomènes nerveux présentés par Mlle C... dataient du 31 octobre 1880. Le lendemain, 1 novembre, je provoquai, durant l'étal de veille, la contracture ou plutôt un état cataleptoïde d'un des bras de ce sujet, en prenant ce bras avec une main, le plaçant horizon­talement puis faisant glisser mes doigts tout de son long depuis sa racine jusqu'à son extrémité digitale. Cela fait, j'eus l'idée de placer ma main a une certaine distance de sa tète pour me rendre compte de nouveau de l'action de mes doigts sur la sensibilité générale. Je présentai donc la face palmaire de ma main au-dessus de sa tête et derrière l'occiput, a une certaine distance de manière


à éviter de frôler quelque cheveu flottant. Après quelques secondes le bras tomba en résolution,

Je notai simplement le fait.

Deuxième fait.  Le 6 novembre 1880, au soir, je fus appelé auprès de ma jeune malade en proie a une attaque hyperesthésique qui était la sixième de la journée. Cette attaque durait depuis quinze a vingt minutes.

J'eus l'idée de placer la paume de ma main au-dessus de sa tète en regard de la partie supérieure du front. Presque aussitôt Mlle C... cessa de pleurer et de se débattre.

Celte fois encore je me bornai à prendre note du fait.

Troisième fuit.  Autre exemple : le 8 novembre suivant, j'arrivai chez la malade vers dix heures du malin. Je m'assis à côté d'elle à une petite distance, et me mis A causer, évitant avec avec soin de la regarder ou de diriger ma main vers elle, sachant que je l'aurais ainsi neurisée sans le vouloir. Or, au bout de dix à douze minutes elle tomba endormie et glissa de sa chaise sur le sol. Je l'avais donc encore neurisée bien malgré moi, mais cette fois par un procédé qui m'était inconnu encore.

Quatrième fuit. Dans la soirée de ce même jour ayant pro­cédé de même, elle s'endormit de la même manière, mais plus rapidement.

Autres faits.  Ce fait s'est renouvelé encore d'autres fois depuis.

J'ai aussi remarqué que lorsque j'arrivais auprès d'elle durant une attaque hyperesthésique, cette attaque prenait aussitôt un caractère moins violent. Le fait seul de me trouver auprès d'elle amenait donc un calme relatif.

Je ne compris la valeur spéciale de tous ces faits que plus tard, lorsque, d'une part, une élude attentive et minutieuse des passes cul fait naître dans mon esprit l'idée que la neuricité rayonnante, promenée par les passes en regard d'une région du corps pouvait équivaloir a un courant comparable au courant existant dans les nerfs, et que, d'autre part, je m'aperçus un jour que mon doigt placé parallèlement au-dessus de celui de la jeune fille en modi-


fiail la sensibilité et la motilitè, par le seul fait de celle opposi­tion.

Cette circonstance fut le point de départ d'une série d'expériences dont nous allons faire la relation avec les détails qu'elles compor­tent et en conservant l'ordre dans lequel elles ont été faites.

MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ ET I)K LA MOTILITÊ OBTENUES PAR L'OPPOSITION D'UNIS RÉGION PLUS OU MOINS ÉTENDUE DU CORPS NEURISATEUR A UNE RÉGION PLUS OU MOINS   ÉTENDUE, SIMILAIRE OU NON, DO  CORPS NEURISABLE

MODIFICATIONS DE LA   SENSIBILITÉ

(Voy.fig. 4T et 48).

Ces modifications de la sensibilité sont tantôt l'anesthésie suivie ou non du sommeil, tantot l'hyperesthésie, et tantôt le réveil.

1' Influence des doigts du sujet neurisateur sur les doigts du sujet neurisable

Première expérience.  Je place un de mes doigts, le doigt indicateur, par exemple, parallèlement au-dessus de l'un des doigts de la jeune fille à la distance de un centimètre environ dans une direction opposée et de manière que la face palmaire de mon doigt regarde la face dite dorsale du doigt du sujet en expérience (Voy. fig. 47).

Presque aussitôt, deux modifications ont lieu dans le doigt sou­mis a l'expérience. L'une de ces modifications porte sur la sensi­bilité et l'autre sur la motilité. Ainsi le doigt influencé se roidil dans l'extension forcée. En même temps, toute l'étendue de sa face dorsale placée en regard de la face palmaire de mon doigt devient insensible, pendant que, d'autre parl, sa face opposée ou palmaire s'hyperesthèsie.

Deuxième expérience.  Je place mon doigt au-dessus du doigt


do la jeune fille comme dans la première expérience avec celle

Fig. 47 et 48.

R.  Raideur telapique dans l'extension  forcee. M.  Mouremnis intemittents, dans la flexion.

seule différence que les doigts se trouvent dans la même direction (Voy. fig. 48).


Presque aussitôt on voit le doigt de la jeune fille agité de mouve­ments intermittents et rapides dans le sens de la flexion, et si on  vient a explorer l'étal de sa sensibilité on trouve que sa face dorsale est le siège d'une hypereslhésie non douteuse tandis que sa face pal­maire est anesthèsiée.

Cette deuxième position des doigts peut neutraliser les effets de la première.

Si, au lieu d'opposer la face palmaire de mon doigt, j'oppose la face dorsale, le résultat est le même dans les deux genres d'expé­riences, mais plus faible et plus lent à se produire.

J'ai répété plusieurs fois ces deux expériences et â des époques . diverses, et toujours elles m'ont donné le même résultat.

Ce qu'il faut surtout retenir pour le moment, c'est que dans la première expérience on détermine de l'anesthésie sur la région directement influencée, et, par une sorte de transfert ou de com­pensation, de l'hyperesthésie sur la région localement opposée ; tandis que dans la deuxième expérience on détermine de l'hyper­esthésie sur la région directement influencée, et de l'anesthésie sur la région localement opposée.

Nous reviendrons, dans un paragraphe spécial, sur les modifica­tions de la motilité que provoque l'opposition des doigts envi­sagée dans diverses combinaisons.

2* Influence du bras do sujet neurisateur sur le bras du sujet neurisable.

J'avais pensé qu'en opposant mon bras à celui du sujet, je pour­rais peut-être obtenir les résultats que j'obtenais au moyen de mon doigt opposé au doigt du sujet. Le résultat des expériences que je fisalors fut confirmatif.

Première expérience.  4e plaçai mon bras le long du bras du sujet récepteur de manière à ce que mamain étant dirigée vers son épaule la face postéro-interne du membre regardât, à la distance de quelques centimètres, la face antéro-externe du bras du sujet.

Quelques secondes après, je constatais de l'anesthésie sur toute cette face antéro-externe du bras neurisé; de plus, je vis le bras se


raidir dans l'extension forcée. Depuis, ayant élevé mon bras paral­lèlement a l'autre d'une manière lente, je vis le bras du sujet suivre te mien.

Deuxième expérience.  Je plaçai le bras dans une direction contraire. Le bras du sujet tomba dans la résolution. Puis en per­sistant, ou autrement dit, en maintenant mon bras dans cette position le sujet n'a pas lardé à éprouver de l'hyperesthésie le long de la face antèro-externe de son bras (opposée précisément à la face postéro-interne du mien).

9 Influence do la main du sujet neurisateur sur la région crânienne  du  sujet neurisable

Première expérience.Ensuite, la jeune malade étant toujours éveillée, je me plaçai devant elle et je présentai la face palmaire dema main droite ouverte, les doigts dirigés en haut,au-devant de son front. 11 se produisit bientôt de l'hyperesthésie frontale' et aussi de l'anesthésie occipitale par transfert simple ou de voisi­nage.

Deuxième expérience (Influence sur les centres nerveux).  En plaçant ma main dans une direction opposée j'obtins des effets contraires : le retour de la sensibilité naturelle tout d'abord, puis l'anesthésie, puis le somme il.

Troisième et quatrième expérience.  J'opérai do même à l'égard de la région occipitale et je provoquai les mêmes modifi­cations directes et indirectes de la sensibilité.

4» Influence de la main du sujet neurisateur sur la région thoracique du sujet neurisable

Première expérience (Influence sur les centres nerveux). En présentant la paume de la main, au-devant de la poitrine, les doigts

1. Celle expérience, sur laquelle nous Appelons toute l'attention du lecteur, a été mise il profil par nous, plut tard, pour réveiller le sujet endormi. Elle offre' cet intérêt particulier que la manœuvre qui la caractérise nous paratt être colle de l'imposition des mains.


dirigés en haut, et à une distance do quelques centimètres, la région du thorax directement influencée s'anesthésia, et en persis­tant le sujet s'endormit.

Deuxième expérience (Influence surles centres nerveux). 
Je présentai alors la face dorsale de la main en la retournant sur
elle - même, et la Jeune fille se réveilla.                    

Conclusion.  J'en conclus qu'il existait un courant descen­dant (?) le long de la face antéro-externe de mon bras et un cou­rant ascendant (?) le long de sa facepostéro-interne.

5 Influence du corps entier du sujet neurisateur sur le corps du sujet neurisable.  Influence sur les centres nerveux.  Sommeil et réveil.

Première expérience.  En présence des résultats constatés dans les expériences précédentes lesquelles consistaient à opposer des régions limitées a des régions limitées je fus conduit à opposer l'ensemble du corps. Je me plaçai donc & côté de la jeune fille parallèlement â la direction de son corps et dans le même sens, ma tête étant à côté de sa tête et mes pieds lcôté de ses pieds. Quelques secondes après elle était endormie.

Deuxième expérience.  Ensuite je me plaçai de nouveau a côté d'elle mais dans le sens opposé, mes pieds étant à côté de sa tête et ma tête à côté de ses pieds; après quelques secondes elle s'éveilla complètement.

Je répétai plusieurs fois, ce même jour et dans la suite, ces expériences, en me plaçant tantôt à droite, tantôt a gauche, tantôt en avant et tantôt en arrière du sujet. Toujours les résultats furent identiques. L'opposition corporelle totale do même sens provoquait le sommeil; l'opposition de sens contraire, le réveil.

Dans ce dernier cas le sujet, s'il n'était pas préalablement hypno-neurisé, éprouvait un grand malaise, de l'hyperesthésie généralisée, des mouvements toni-cloniques, et un commencement d'attaque douloureuse convulsive (attaque du petit veau ou attaque hyperesthésique.

En présence de tous ces résultats ainsi obtenus je me rappelai
 


l'action déneurisante de ma main placée en regard de la région crânienne de la malade observée quoique temps auparavant, les accès de sommeil neurique dans lesquels elle tombait autrefois lorsque je m'asseyais a ses cotés: tous phénomènes dont la raison, au moins apparente, m'avait échappé jusqu'alors.

REMARQUES SUR LES CINQ CROUPES D'EXPÉRIENCES RAPORTES CI DESSUS

Les faits relatés sont pour nous positifs parce que, observés maintes fois dans les mêmes conditions déterminées, ils se sont toujours présentés avec les mômes caractères. Mais si nous n'hésitons pas à affirmer qu'ils sont tels que nous les avons rapportés nous éprouvons par contre quelque embarras a en donner l'explication.

D'une manière générale quelle que soit la région de mon corps que j'oppose parallèlement à l'ne quelconque des régions simi­laires ou non similaires du corps du sujet neurisable toujours il se produit sur celles-ci des modifications qui portent tantôt sur la sensibilité seule et tantôt sur la sensibilité et la motilite. ces modifications delà sensibilité peuvent influencer suffisamment les centres nerveux pour y provoquer des changements fonc­tionnels appréciables.

Tels sont les faits. Mais quelle explication peut-on en donner?  Nous avons supposé que le corps était parcouru par des courants dits neuriques parce que si ce ne sont pas les courants nerveux eux-mêmes ce doivent etre tout au moins, nous semble -t-il, des courants dérives engendrés par l'action réciproquedes cou­rants sensitifs et moteurs sur une môme personne.

Si ces courants neuriques sont des courants dérivés nous ignorons quelle est leur direction et tout au plus pouvons-nous la supposer d'après le rapprochement que l'on peut faire entre une passe neurique et un courant neurique d'après leurs effets sur la sensibilité.


Si ce sont des courants nerveux nous dirons seulement que, selon toute apparence, ils ont lieu, dans les nerfs sensitifs, suivant le sens contraire A la distribution de ces nerfs, et, dans les nerfs moteurs, suivant le sens même de leur distribution.

Or ces courants nerveux existent aussi bien dans le corps du sujet neurisateur que dans le corps du sujet neurisé. Et sans savoir quel est au juste le trouble du système nerveux chez les hystériques ou d'autres sujets échappant à l'hystérie il est certain que ce trouble existe. Se caractérise-t-cllc par une dispro­portion dans l'intensité des courants moteurs et sensitifs; par un renversement partiel des courants nerveux ; par un changement particulier inconnu dans sa nature dans les courants pouvant déri­ver d'une action réciproque supposée des courants nerveux sen­silifs et moteurs?

Ce sont autant d'hypothèses.

Nous dirons seulement pour le moment que la comparaison des modifications de la sensibilité et par suite de la motilité obtenues d'un côté par les passes et d'autre part par les oppositions de ré­gions des corps neurisateur et neurisé, nous autorise à penser que la tôle, le tronc et la moitié antéro-externe des membres du sujet neurisateur sont parcourues par des courants neuriques qui ont la même direction que le sens de la distribution des nerfs sensitifs, tandis que la face postéro-interne des membres faisant exception à la régie serait parcourue par des courants de sens contraire.

Du côté du sujet neurisé nous ne savons pas quelle est, au juste, la direction des courants neuriques ni leur intensité relative si toutefois ils y existent. Nous ferons done grâce au lecteur de toutes les hypothèses qui n'ont pas manqué de se présenter à notrecspril.

REGLES Voici quelques régies dégagées de toute hypothèse : 1° Toutes les fois qu'une région, du corps du sujet neurisateur est opposée à une autre région du corps du sujet neurisable, ily



a anesthésie de cette dernière, puis sommeil, si les nerfs sensitifs des deux régions opposées se distribuent dans le même sens; il y a par contre hypereslhèsie et attaque d'hypereslhèsie si les nerfs des deux régions opposées se distribuent dans un sens inverse.

Ily a exception pour la moilié postèro-interne des membres dans laquelle les nerfs doivent être considérés comme se dirigeant dans un sens inverse de celui qu'indique l'anatomie.

2* Les effets de l'un des modes d'opposition détruit les effets de Vautre et vice versa.

Si toutefois on voulait tenir compte de l'influence dûs courants neuriques du sujet neurisateur tels que nous les avons indiqués ci-dessus sur les courants nerveux du sujet neurisé on pourrait formuler ces règles de la manière suivante :

Touteslesfois qu'un courant neurique du sujet neurisateur est opposé à uncourantnerveuxsensitif dusujet neurisable il y aura anesthesie et sommeil si ces deux ordres de courant sont dirigés dans un sens contraire, et hyperesthésie et attaque kyperesthè-sique, s'ils sont diriges dans le même sens en tenant compte de l'exception signalée pour la face postero-intere des membres. 2' Les effets de l'un des modes d'opposition d'un courant neu­rique à un courant nerveux détruit les effets de l'autre et vice versa.

MODIFICATIONS   DE  LA   MOTILITÊ (Voy. flg. 49, 50, 51, 52, 83, 54,55,et 56.)

Influence dos doigts sur   les doigts.

PREMIERE  SÈRIED'EXPÉRIENCES POSITION  DES DOIGTS DANS UNE DIRECTION  INVERSE

Première expérience {Fig. 49).  Le doigt indicateur du sujet neurisateur est placé à quelques millimètres sous le doigt indi-


cateur du sujet neurisable parallèlement et dans une direction op­posée de manière a ce que sa face dorsale regarde la face palmaire de l'autre doigt. Presque aussitôt le doigt du sujet neurise devient

Fig. 49 et 50.  Influence de l'oppositionparallèle du doigt neurisateur au doigt neurisable au point de vue des mouvements.

M.  Mouvements intermittents.

le siège de mouvements intermittents (M) rapides, dans le sens de la flexion.

Deuxième expérience (Fig. 50).  Si, dans cette môme dis­position générale des doigts, j'oppose la face palmaire de mon doigt, le résultat est le même (M).

Troisième et quatrième expériences (Fig. 51 et 52).  Si au


 

lieu de placer mon doigt au-dessous, je te place au-dessus, la face palmaire ou bien la face dorsale du mienregardant la face dor-

Fig. 51 et 52.  Influence de l'opposition parallele du doigt neurisateur au doigt neurisable au point de vue des mouvements.

R.  Raidons tétaniquedans l'extension.

sale de l'autre, le doigt neurisé deviendra raide dans l'extension forcée (R).

2 SERIE D'EXPÉRIENCES.  POSITION  DES DOIGTS DANS UNE MEME DIRECTION

Cinquième expérience (Fig. 53).  Mon doigt est placé paral­lèlement au-dessous de celui du sujet neurisé et dans la même


direction, de telle manière que la face palmaire du mien regarde la face palmaire de l'autre. Le doigt du sujet neurise se raidit dans l'extension forcée.

Sixième expérience (Fig. 54).  J'oppose au contraire mon doigt parla face dorsale. Même résultat.



Septième et huttièmé expériences(Fig. 55 et 56).  Je place

Fig. 53 et 54.  Influence de l'opposition parallèle du doigt neurisateur au doigt neurisable au point do vue des mouvements.

R.  Raideurtétanique dans l'extension.

mon doigt au-dessus de celui du sujet tantôt opposé par sa face dorsale et tantôt par sa face palmaire. Dans les deux cas, le doigt du sujet neurisé exécute des mouvements intermittents rapides dans le sens de la flexion. Si nous comparons maintenant ces expériences entre elles par


Je rapprochement des figures qui, dans les doux séries d'expé­riences indiquent des résultats identiques, nous voyons :

1° Que la figure 55 indique une disposition expérimentale qui pourrait avoir sa place au-dessous do celle de la figure 49 en ce

Fig, 55 et 56.  Influence de l'opposition parallèle du doigt neurisateur au doigt neurisable au point de vue des mouvements.

M.  Mesurements intermittents.

sens qu'il semble que le doigt neurisateur est passé de la position de la figure 49 a celle de la figure 55 en glissant le long du doigt neurisé et en le contournant ensuite à son extrémité unguéale par un mouvement de bascule; 2 Que la figure 56 peut ètre placée après la figure 50 pour des


considérations du même genre, autrementditparceque le résultat sur la motilité est le même, et que pour prendre la position indiquée dans la figure 56, le doigt neurisateur après avoir oc­cupé la position indiquée dans la figure 50 semble avoir glissé le long du doigt neurisé, pour le contourner ensuite a son extré­mité;

3° Que des considérations du même ordre peuvent exister a l'égard de la figure 53 comparée & la figure 51 et à l'égard de la figure 54 comparée à la figure 52. L'examen attentif de ces figures provoque d'autres remarques. Ainsi, considérant que tes mouvements intermittents (M) inté­ressent les muscles fléchisseurs situés dans la moitié palmaire des doigts et que le mouvement de raideur dans l'extension (R) intéresse les muscles extenseurs, ou soit la moitié dorsale des doigts, nous voyons que les mouvements intermittents de flexion ont lieu dans le doigt neurisé : toutes les fois que le doigt neurisateur oppose à la face palmaire du doigt neurisé, parallèle" ment et dans une direction contraire soit sa face dorsale (fig. 49) soit sa face palmaire (fig. 50); 2° toutes les fois que le doigt neu­risateur oppose A la face dorsale du doigt neurisé, parallèle­ment et dans une même direction soit sa face dorsale (fig. 55) soit sa face palmaire (fig. 56).

D'autre part la raideur dans l'extension a lieu dans le doigt neurisé: toutes les fois quele doigt neurisateur oppose à la face dorsale, parallèlement et dans une direction contraire, soit sa face palmaire (fig. 51) soit sa face dorsale (fig. 52) ; 2° toutes les fois que le doigt neurisateur oppose a la face palmaire du doigt neurisé, parallèlement et dans une même direction, soit sa face palmaire (fig. 53) soit sa face dorsale (fig. 54).

Nous ayons dit plus haut (p. 150 et 202) que l'anesthésie préalable des téguments est la condition essentielle de la contraction con­tinue ou intermittente des muscles sous-jacents.

Nous ajouterons que ce rôle d'intermédiaire obligé s'applique aussi bien a l'anesthésie directe qu'à l'anesthésie indirecte. Or, nous voyons ici que les modifications dela motilité se pro-


duisent toujours la où se montre l'anesthésie qu'elle soit directe­ment ou indirectement provoquée (fig. 47 et 48).

Nous dirons donc: Toutes les fois qu'un doigt neurisateur sera opposé à undoigt neurisable, il pourra se produite une modifi­cation de la motilité dam la région qui aura été anesthésiée directement ou indirectement.

Si l'anesthésie intéresse la face dorsale du doigt neurisable il y aura raideur dans l'extension ; si elle affecte la face palmaire il y aura des mouvements de flexion intermittents.

RÉSUMÉ DES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ: ET DE LA MOTILITÊ PROVOQUEES PAR L'EMPLOI DE LA NEURICITE CIRCULANTE (SANS LE SECOURS D'AGENTS INTERMÉDIAIRES).

Les faits observés nous autorisent a penser que le corps humain est parcouru par des courants que nous appelons neuriques.

Nous pensons que ces courants dits neuriques, s'ils ne sont pas les courants nerveux eux-mêmes en sont des dérives.

En effet il se pourrait que les courants nerveux qui parcourent les nerfs sensitifs et les nerfs moteurs en s'influençant récipro­quement vinssent à déterminer dans ces nerfs d'autres courants et que les courants dérivés, sortes d'extra-courants. vinssent à leur tour, dans certaines circonstances favorables, modifier le sens de la direction des courants nerveux propres ou dérivés d'un autre sujet.

Ces courants dérivés seraient les courants neuriques.

Nous ne donnons celle hypothèse que pour ce qu'elle vaut ; nous tenons avant tout aux faits.

Or les faits les voici : quelle que soit la région de mon corps que j'oppose parallèlement à l'une quelconque des régions similaires


ou non similaires du corps du sujet neurisable toujours il se pro­duit sur ces dernières régions des modifications qui portent tantôt sur la sensibilité seule et tantôt sur la sensibilité et la motilité. De plus ces modifications de la sensibilité peuvent influencer suf­fisamment les centres nerveux pour y provoquer des changements fonctionnels appréciables.

Voici les règles concernant les modifications de la sensibilité provoquées par simple influence de voisinage.

1° Toutes les fois qu'une région du corps du sujet neurisateur est opposée a une autre région du corps du sujet neurisable, il y a anesthésie de cette dernière, puis sommeil, si les nerfs sensitifs des deux régions opposées se distribuent dans le même sens; il y a par conséquent hyperesthésie et attaque d'hyperesthésie si les nerfs des deux régions opposées se distribuent dans un sens réci­proquement inverse.

Il y a exception pour la moitié postéro-interne des membres dans laquelle les nerfs doivent etre considérés comme se dirigeant dans un sens inverse de celui qu'indique l'anatomie.

2° Les effets de l'un des modes d'opposition détruit les effets de l'autre et vice versa.

Au point de vue des modifications de la motilité nous dirons : toutes les fois qu'un doigt neurisateur sera opposé à un doigt neurisé il pourra se produire une modification de la motilité dans la région qui aura été anesthésie directement ou indirecte­ment.

Si l'anesthésie intéresse la face dorsale du doigt neurisable il y aura raideur dans l'extension; si elle affecte la face palmaire il y aura des mouvements de flexion intermittents.


B.- NEURISATION IMMÉDIATE

OU PAR CONTACT DIRECT

EFFETS DES APPLICATIONS MANUELLES

(DANS   L'ÉTAT DE  VEILLE   ET  SANS  ANESTHÉSIE  PRÉALABLE

SPONTANÉE OU PROVOQUÉE)

Ces effets varient suivant que les applications sont fixes ou mobiles.

D'une manière générale, on peut dire que les règles établies pour les effets des radiations digitales, à distance fixes et mobiles sont applicables aux effets de la neurisation par contact fixe ou mobile.

APPLICATIONS  MANUELLES  FIXES 1 Applications digitales fixes

Nous rappellerons qu'elles consistent habituellement à appli­quer sur un point quelconque du corps l'extrémité pulpaire d'un ou de plusieurs doigts, soit par superposition simple, soit par l'action de saisir.

Les effets varieront un peu suivant que l'application digitale sera faite sur un point indifférent de la surface du corps, sur le point d'émergence ou sur un point du trajet d'un nerf important, ou bien près d'un organe des sens.


ACTION SUR LES NERFS DE SENSIBILITE GÉNÉRALE

Anesthésie Si j'applique l'extremite pulpaire de mon doigt sur le milieu du dos de la main du sujet, le point touché des tégu­ments devient insensible.

Transfert de l'anesthésie.  En môme temps le point exacte­ment homologue de la face dorsale de l'autre main devient insensible (Voy. p. 84). De plus il survient de l'hyperesthésie sur les points opposés de la face palmaire des deux mains.

Hyperesthésie.  Si je porte alors mon doigt surce point homo­logue et de nouveau ensuite sur le point primitivement touché l'anesthésie disparaît d'un côté et de l'autre. Mais si je persiste a faire cette application alternative les points touchés deviennent le siège d'une vive hyperesthésie. Cette hyperesthésie est dite effec­tive parce que le sujet en souffre spontanément. Elle possède aussi ce caractère particulier qu'elle est annulée par le souffle (1).

Vers le milieu de décembre 1880, époque a laquelle la jeune fille se trouvait mieux et était par suite un peu moins sensible à mon action je fis l'expérience suivante :

Ayant appliqué aplusieurs reprises et successivement les doigts sur le dos de chaque main de la jeune fille, aux points homologues je déterminai de l'hyperesthésie sur ces points.

Je remarquai que cette hyperesthésie augmentait si je lais­sais les doigts appliqués sur le dos de l'une des mains au point choisi.

Pendant ce temps si je passais la paume de la main sur le point hyperesthetique homologue de, l'autre côté, il n'y avait pas dispa­rition de l'hyperesthésie; mais dès que je soulevai mes doigts maintenus appliqués il y eut retour de la sensibilité normale sur les deux points homologues.

1. Voy. p. 224, les caractères de l'hyperesthésie talents ou pneumique.



Cette expérience montre que l'hyperesthésie était entretenue par mes doigts appliqués.

Cette application faite sur les tempes alternativement de chaque côté donne les mêmes résultats (hyperesthésie), et d'autant plus rapides et intenses que le nombre de doigts employés est plus grand. Ainsi au lien d'appliquer un seul doigt on peut appliquer les cinq doigts d'une même main réunis en faisceau conique (1).

Diffusion de l'anesthésie.  Application d'un doigt sur l'avant-bras,  En soulevant le bras pendant du sujet avec l'extrémité libre d'un seul doigt, l'index, appliqué sur la partie moyenne de sa face postéro-interne, j'ai déterminé par ce fait l'anesthésie cutanée de toute la portion inférieure du bras et la contracture de tous ses muscles.

Application de la main sur l'avant-bras.  Préhension.  En saisissant le bras a pleine main pour le soulever j'ai pro­voqué les mêmes phénomènes. Dans l'un et dans l'autre cas il y avait pression et cette pression était proportionnée au poids du membre.

Application d'un doigt dans le creux sus-claviculaire.  Si avec la pulpe d'un seul doigt je pressais légèrement dans le creux sus-claviculaire au niveau du plexus brachial et près de la colonne-vertébrale je provoquais l'anesthésie de tout le bras et son immo­bilité par contracture avec possibilité de faire garder au bras et aux doigts toutes les positions qu'on pouvait leur donner. En même temps les effets de cette application ne se produisaient pas seule­ment vers la périphérie du même côté; ils se réfléchissaient encore sur la moelle, car toute la moitié correspondante du corps se trou­vait anesthésiée.

En soufflant dans le creux sus-claviculaire, tout ce que l'appli­cation digitale avait fait se trouvait défait.

Nous avons vu plus haut (p. 86) que celle production de l'anes­thésie avec diffusion avait été obtenue dans les mômes conditions

I. Cette manœuvre m'a ensuite servi de procédé toujours efficace pour réveiller ma malade hypnoneurisee.


au moyen des radiations digitales fixes. D'où il résulte que le doigt neurisateur même distant des téguments s'y relie parquelque chose, et ce quelque chose nous l'avons appelé neuricité, force neurique.

Application digitale sur le tragus.  Un doigt appliqué sur le tragus de l'une ou de l'autre oreille amène le vertige tout d'abord, etsil'oncontinue l'application le sommeil a lieu. Le vertige est plus accentué et plus prompt, et le sommeil survient plus tôt si l'on applique un doigt sur le tragus de chaque oreille (Voy. fig. 9 et 10).

Appliqué sur la tempe le doigt n'a pas provoqué le vertige. Une fois j'ai endormi la malade en deux minutes en saisissant le bout de son nez avec les cinq doigts d'une main.

Diffusion de l'hyperesthésie. Application digitale au niveau de l'émergence des nerfs sus et sous-orbitaire.  Appliqué avec une pression légère au-dessus et au-dessous du rebord orbitaire, au niveau de l'émergence des nerfs sus et sous-orbitaire, mon doigt indicateur ne tardait pas à provoquer do la douleur dans l'oeil correspondant, puis du vertige, puis le sommeil.

Application digitale sur l'apophyse mastoïde.  L'application du doigt sur l'apophyse mastoïde provoquait bientôt de la douleur dans l'oreille correspondante, puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et 10).

Application digitale au niveau de l'émergence du nerf dentaire inférieur.  L'application du doigt sur la face externe du maxil­laire inférieur au niveau de l'émergence du nerf dentaire inférieur provoquait de la douleur dans toutes les dents de la moitié cor­respondante des maxillaires inférieur et supérieur, puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et 10).

Application du doigt sur le trajet du nerf cubital.  L'applica­tion du doigt sur le trajet du nerf cubital, du coude, au niveau de la gouttière formée par l'épitrochlée et l'olécrane provoquait de vives douleurs dans toute la partie inférieure du bras, spéciale­ment dans les deux derniers doigts, puis le vertige et le sommeil.

Application du doigt au niveau de l'émergence du nerf naso-lobaire.  L'application du doigt sur la partie latérale et moyenne du nez au niveau de l'émergence du nerf naso-lobaire provoquait


de la douleur do chaque côté de la racine du nez, puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et 10).

Application du doigt sur ta dent incisive médiane droite supérieure.  L'application du doigt sur la dent incisive médiane droite supérieure a été bientôt suivie d'une vivo douleur dans les quatre incisives médianes et latérales et les deux canines du môme maxillaire supérieurs, ainsi que dans tout le nez jusqu'à sa racine. Puis est survenu le vertige et ensuite le sommeil.

Celte expérience montre en particulier les relations qui existent entre les dents incisives et canines supérieures et le nez. J'ai vu pour ma part le coryza accompagnant exactement le travail de la sortie des dents canines supérieures chez l'enfant.

Application du doigt sur une des incisives médianes du maxil­laire inférieur.  Cette application a donné des résultats iden­tiques a ceux de la précédente expérience : douleur dans les quatre incisives médianes et latérales, et les deux canines; puis le vertige et le sommeil.

Notions anatomiques,  L'anatomie nous donne l'explication de celte limitation de la diffusion de l'hyperesthésie dans un groupe de dents. Elle nous enseigne en effet que le groupe des dents formé par les quatre incisives et les deux canines reçoit dans chaque maxillaire, les nerfs d'un même tronc ; dans le maxil­laire supérieur, du nerf dentaire antérieur et supérieur, branche du nerf maxillaire supérieur; dans le maxillaire inférieur, du nerf dentaire inférieur, branche du nerf maxillaire inférieur.

Remarques an sujet des expériences précédentes.  Dans les diverses expériences que nous venons de relater nous voyons le vertige et le sommeil survenir après l'hyperesthésie. Il semble que cette hyperesthésie aurait dû être suivie plutôt d'une crise du petit veau. Je ferai remarquer que cette hyperesthésie n'est pas primitive parce que l'application digitale commence par provo­quer l'anesthésie. L'hyperesthésie est ici interposée et ne constitue qu'une des phases secondaires de l'action du doigt appliqué. Nous avons vu que la crise du petit veau succédait aux hyperesthésies primitives, à celle provoquée par des passes faites en sens con-


traire de la distribution des nerfs, et à celle provoquée par l'action d'un souffle ient, doux et prolongé. Or ces deux genres d'hyperesthésie et surtout la première sont des hyperesthésies produites d'emblée.

Nous avons constate la sensation de vertige et vu se produire le sommeil après certaines applications manuelles sans que le sujet ait accusé cette hyperesthesie interposée ou secondaire dont il vient d'etre question.

Application de la pulpe de mes doigts contre celle des doigts du sujet.J'avais remarqué que lorsque j'appliquais dans une direc­tion opposée la pulpe de mes doigts contre la pulpe des doigts du sujet, celui-ci ne tardait pas a éprouver du vertige puis a s'en­dormir.

Mais si je venais à retirer mes doigts au moment où elle éprou­vait ce vertige je pouvais l'empêcher de s'abandonner au sommeil qui l'envahissait en lui recommandant impérieusement de lutter. Ensuite je complétais lu réveil en soufflant directement sur sa ligure (d'autres fois, ainsi qu'il sera dit plus loin en son temps, en plaçant devant sa figure un objet sur lequel j'avais préalablement soufflé).

Application successive de un, deux et trois doigts, pulpe contre pulpe.  Si je me bornais à appliquer la pulpe d'un de mes doigts contre celle d'un seul doigt de la jeune fille, toujours dans une direction opposée, je ne provoquais aucun effet. Mais elle com­mençait a éprouver un léger vertige si j'appliquais en plus la pulpe d'un autre de mes doigts contre celle d'un deuxième doigt de la malade. Puis ce vertige s'accusait d'avantage si j'appliquais un troisième doigt contre un troisième doigt de manière à avoir alors trois doigts contre trois doigts, pulpe contre pulpe.

Je recommandais alors à la malade de lutter contre le sommeil dont le besoin commençait à s'imposer. Je retirais successivement un doigt, puis deux, puis trois et le vertige diminuait. Mais la jeune malade ne revenait bien à elle que si je souillais sur sa figure.

Application de la pulpe de mes doigts sur la face dorsale des

 


doigts de la malade.  Une fois (6 décembre 1880) j'ai pu l'en­dormir en plaçant la pulpe de mes doigts sur la face dorsale di­ses doigts. Puis je l'ai réveillée en faisant des passes ascendantes au-devant de sa figure.

Application de la face palmaire de mes doigts contre la face palmaire des doigts de la malade. Ayant appliqué la face palmaire de mes quatre derniers doigts contre ta face palmaire des doigts correspondants de la main du sujet et dans une direction opposée je vis que le sommeil ne se produisait pas. Mais ayant eu l'idée d'appliquer alors mon pouce resté libre sur la face dorsale de ses doigts le sommeil eut lieu aussitôt. Dans cette position (Voy. fig. 57) les quatre derniers doigts du sujet se trouvaient pris entre mon pouce et les quatre autres doigts.

Deux jours plus tard j'ai pu provoquer le sommeil par la seule superposition des doigts, sans avoir a faire intervenir le pouce. Cela indique, ainsi qu'il ressort d'ailleurs d'autres expériences comparatives, que les dispositions du sujet ou peut-etre les miennes pouvaient varier.

Application de la face palmaire de mes doigts contre la face dorsale de ceux de la jeune fille.  Cette expérience est l'équi­valente de la précédente. Ayant appliqué la face palmaire des quatre derniers doigts de ma main sur la face dorsale des doigts correspondants du sujet neurisable le sommeil n'eut pas lieu, mais il survint dès que j'eus appliqué le pouce resté libre contre la face palmaire des quatre derniers doigts du sujet.

Deux jours plus tard celle application du pouce ne fut pas néces­saire pour endormir la malade.

2 Applications carpe-métacarpiennes et digitales fixes

Application de la face palmaire de mes doigts et de la paume de mamain contre les faces palmaire et dorsale à la fois des doigts de la malade. - Cette application a été réalisée de la manière suivante qui est colloque j'employais habituellement pourendormir la jeune fille (Voy. fig. 58).


fie. 57.  Application de la face palmaire des doigts du sujet neurisateur contre la face palmaire des doigts du sujet neurisable.


Fig. 58.  Préhension des mains pour l'hypnotisation (position croisee).


Préhension manuelle croisée.  Ma main droite saisissait la main droite de la jeune fille et ma main gauche sa main gauche. Ce mode de préhension était tel que les quatre derniers doigts de mes mains fléchis et rapprochés recevaient, dans la gouttière qu'ils formatent ainsi, l'extrémité des quatre derniers doigts de la main du sujet, de manière que la pulpe de mes doigts fût appliquée sur la pulpe des doigts saisis de même nom. Quant au pouce il était appliqué par sa face palmaire sur la portion accessible de la face palmaire du pouce opposé. De plus une portion de la face pal­maire de mes doigts et de la paume de la main se trouvait appli­quée sur la face dorsale des doigts du sujet.

De cette manière le contact des mains opposées et similaires était aussi complet que possible. Ce mode d'application avait aussi l'avantage de bien maintenir le sujet et de ne pas le fatiguer. Il nous a été surtout utile lorsque la jeune fille se trouvant en pleine attaque hyperesthésique il nous fallait la maintenir lotit en essayant de la faire passer dans l'attaque anesthésique. Nous reviendrons sur ce point.

Dans cette position les bras du sujet et ceux de l'opérateur se trouvaient croisés.

Préhension manuelle directe.  Maintes fois je me suis contenté de saisir sa main droite avec ma main gauche et sa main gauche avec ma main droite. C'était la préhension manuelle directe, l'autre manière constituant la préhension manuelle croisée (Voy. fig. 59).

Lapréhension directe ne permettait que l'affrontement des pulpes des quatre derniers doigts des deux mains opposées.

Le sommeil n'en était pas moins provoqué et avec une prompti­tude presque égale.

Les deux modes d'applications manuelles que nous avons à décrire maintenant montrent d'une part l'opposition des faces pal­maires des mains et d'autre part l'opposition de la face palmaire de ma main à la face dorsale de celte du sujet dans une môme direction.

Application symétrique de la face palmaire de mes mains contre


la face 'palmaire des mains du sujet.  La figure 60 montre suf­fisamment cette disposition qui rappelle très exactement la position

Fig. 59.  Préhension des mains pour l'hypnotisation (position simple).

des mains jointes dans l'attitude de la supplication, avec cette différence que chaque main opposée appartient a une personne différente.


Avec ce modo d'application le sommeil survient rapidement, plus rapidement qu'avec le mode suivant. Application symétrique de la face palmaire de mes mains contre




 


 


Fig. 60. Applicationde la face palmaire do la main du sujet neurisateur contre la face palmaire du sujet neurisable.


Fig. 61.  Application contre la face dorsale.


la face dorsale des mains du sujet.  La figure 61 indique nette­ment celte combinaison, qui, il faut le reconnaître est très incom­mode et avec laquelle le sommeil est plus lent à se produire. Application de la paume de la main seule sur un point quel-


conque du corps.  La main appliquée par la paume seule a des propriétés déneurisantes qui seront indiquées en leur lieu.

Préhension des orteils.  Je voulus savoir si la préhension des orteils nu donnerait les memes résultats que la préhension des doigts. Je saisis donc entre la pulpe de mes doigts et la paume de

.... ma main les orteils de la jeune malade. En cinq ou six secondes

le sommeil neurique survint (24 novembre 1880).

ACTION  SUR LA MOTILITÈ

Contracture. Catalepsie.. Nous avons vu plus haut la contrac­ture et la catalepsie partielles accompagner ou suivre do très près l'anesthésie provoquée par des applications digitales.

Arrêt de la respiration par application digitale sur les côtés de la poitrine.  Le 7 novembre 1880, la malade toussant un peu, je l'auscultai, mais je ne trouvai rien de particulier.

J'eus alors l'idée d'agir sur la respiration. J'appliquai l'extré­mité do mes doigts sur un des côtés de la poitrine. Je pus cons­tater alors par l'auscultation que Pair n'entrait plus de ce côté et n'entrait que faiblement de l'autre. J'appliquai ensuite les doigts des deux côtés et la respiration s'arrêta car je n'entendais plus le murmure respiratoire et la cage thoracique ne se mouvait plus.

Dès que j'eus retiré les doigts la respiration reprit.

Je répétai celle expérience plusieurs fois, tantôt en appliquant les doigts un peu plus en arrière, tantôt un peu plus en avant sur les côtés de lu poitrine, et je m'assurai que la respiration pouvait s'arrêter à n'importe quel moment de l'inspiration ou de l'expiration. Les doigts étant retirés la malade reprenait sa respiration, soit en continuant et complétant le mouvement d'inspiration com­mencé et arrêté par l'application de mes doigts, soit en continuant et complétant le mouvement d'expiration lorsque l'application de mes doigts était venu l'interrompre.

Cet arrêt de la respiration avait pour cause immédiate le spasme des muscles respiratoires thoraciques.


Lorsque j'appliquais les doigts sur la région dorsale du sujet, je n'obtenais pas ces effets.

Suppression de la voix par pression sur le trajet du pneumo­gastrique au cou.  Le même jour j'appliquai, on pressant légè­rement, l'extrémité démon doigt sur le trajet du pneumogastrique vers le milieu du cou. La malade se plaignit alors de constrtction à la gorge et me dit avec la voix voilée, rauque même, qu'elle se sentait serrée au cou et qu'elle avait de la peine à parler. Elle pou­vait tout au plus respirer. J'appliquai le pouce de l'autre main sur la région homologue ou opposée du cou et la voix fut totale­ment supprimée.

J'ai obtenu les mêmes résultats en faisant la compression au-dessus de l'articulation sterno-claviculaire.

Des applications digitales alternes de chaque côté du cou ont redonné la voix ainsi perdue.

Action sur le pouls. Tandis que j'appliquais les doigts le long du pneumogastrique au cou, je voulus savoir s'il y avait quelque modification du pouls. Ilm'a semblé que tant que la pression avait lieu les pulsations précédemment faibles devenaient plus percep­tibles.

Je bornai là mes expériences sur le pneumogastrique craignant de provoquer quelque accident.

Action sur les doigts.  L'application de l'extrémité digitale du sujet neurisateur sur la face palmaire ou dorsale des doigts du sujet neurisable, produit des modifications de la motilité dans ces doigts qui dépendent du point où cette application a lieu et du sens de la direction du doigt appliqué (Voy. fig. 41 et 42,p. 206 et 207) et qui sont semblables en tous cas à celles que provoquent les radiations digitales oculaires ou pneumiques faites dans les mêmes conditions de lieu et de direction.


APPLICATIONS MANUELLES  MODIFIES

Dans les passes manuelles appliquées, il faut employer surtout tes doigts et il est nécessaire que ces passes soient faites avec régu­larité.

Cela dit, nous pourrions renvoyer simplement le lecteur à ce que nous avons dit dos radiations digitales mobiles distantes ou passes distantes proprement dites. Les effets sont les mîmes aussi bien pour les grandes régions du corps que pour des régions limitées, pour les doigts par exemple.

Ainsi les passes appliquées faites dans le sens de la distribution des nerfs sont anesthésiantes et contracturantes, et faites dans le sens opposé elles sont dèsanesthesiantes et décontracturantes et aussi hypèresthésiantes.

La loi d'exception relative a l'action des passes sur la sensibilité et la motilité de la moitié postéro-interne des membres supérieurs et de la moitié postérieure, des membres inférieurs conserve ici toute sa valeur.

Au moyen de passes générales appliquées et descendantes, on peut donc déterminer la contracture de tous les muscles du corps, et l'on peut, par des passes également appliquées et conformes aux règles établies, borner celle action aux membres supérieurs ou inférieurs.

Au sujet des passes appliquées intéressant les doigts, nous aurons quelques remarques à faire qui contribueront à nous éclairer davantage sur l'action spéciale de la paume de la main.

Action de ta paume de la main. Apres avoir promené la face palmaire des doigts de bas en haut sur la face dorsale ou antéro-externe des doigts, de la main, et du bras du sujet, on constate de l'hyperesthésie sur les régions parcourues.

Si l'on applique alors la paume de la main successivement sur tous les points de la région hyperesthésiée, ou ramène la sensibi­lité à l'état normal.


Par elle-même la paume de la main appliquée et promenée soit do haut on bas, soit de bas en haut, no provoque ni l'anesthésie, ni l'hyperesthésie.

Les doigts, quelle que soit leur direction, appliqués et promenés en passes par leur face palmaire, agissent conformément aux règles établies; Promenes ainsi par leursfaces dorsales ils n'agis­sent pas, ou n'agissent que fort peu.

EFFETS THERAPEUTIQUES DES PASSES APPLIQUEES ET DE LA MALAXATION

Effets sur la sensibilité générale

Soulagement et guérison de la migraine.  Des passes appli­quées faites dans le sens de la distribution des nerfs affectés dans la migraine ont une action très favorable sur cette névralgie. J'ai remarqué qu'elles réussissaient beaucoup plus souvent que les passes distantes.

Effets sur la motilité

Résolution d'une contracture datant de quinte jours, opérée par les passes appliquées mobiles et la malaxation,  Le 31 octobre 1880, nous voulûmes intervenir auprès de la jeune malade atteinte depuis quinze jours environ de pied-bot varus double par suite de contracture musculaire. Cette contracture, ainsi que nous l'avons déjà dit, avait résisté à tous les traitements les plus rationnels. Les parents s'étaient résignés à envelopper les pieds de linges épais pour permettre a la malade de faire quelques pas tout en étant soute­nue. Ayant fait retirer ces linges, je passai plusieurs fois légère­ment les doigts le long de la face externe de la région du cou-de-pied et du pied. La contracture n'ayant pas cédé complètement, je saisis le pied et le malaxai légèrement, la contracture céda.


J'avais, je dois le dire, commencé par malaxer le pied et n'avais pu vaincre la résistance des muscles contractures. Les passes appliquées suivies de la malaxation ont eu raison de cette contrac­ture. Plus tard je pus la résoudre plus simplement.

Dès que la contracture fut vaincue, la malade prit plaisir à remuer ses pieds dans tous les sens, puis elle se chaussa etmarcha. Est-il besoin d'ajouter qu'elle éprouva un grand soulagement et un vif contentement 1 Je ne parlerai pas naturellement de la stu­péfaction des assistants.

J'ai eu l'occasion de répéter cette application pour le même désordre fonctionnel et toujours avec le môme succès. J'ai pu remarquer en même temps que la simple passe digitale, si elle était faite dans le sens de la distribution des nerfs pouvait pré­parer la résolution de la contracture, que la malaxation achevait ensuite.

Résolution par la malaxation de contractures plus récentes pro­voquées par la neurisation.  Lorsque les divers procédés de neurisation avaient provoqué la contracture d'un membre ou de toute autre partie du corps, j'en obtenais rapidement et sûrement la résolution complète en malaxant la partie a ficelée.

ASSIMILATION DE L'INFLUENCEDES PASSES APPLIQUES A CELLE DU MASSAGE

Le massage dont les effets thérapeutiques sont aujourd'hui admis sans conteste, n'agit-il qu'en vertu d'une action purement mécanique? Nous ne le croyons pas. Les résultats que nous avons obtenus au moyen de nos passes appliquées et de la malaxation, pra­tiques qui semblent assez bien réaliser une bonne partie de celles du massage proprement dit, nous portent à penser en effet que dans le massage, à l'action purement mécanique qui le caractérise seule en apparence s'en ajoute une autre, au moins dans bien des' cas; et que cette autre action dépend de l'influence exercée par la force neurique.


Il n'est pas rare d'ailleurs que les masseurs endorment leurs malades ou que tout au moins il les calment en pratiquant le massage instinctivement selon les règles d'après lesquelles les passes appliquées deviennent anesthésiantes et décontracturantes.

Il est reconnu que, par le massage, on détermine aussi bien la résolution de certains muscles contractures, que le soulagement de certaines migraines1. Par les passes appliquées nous avons obtenu les mômes résultats.

REMARQUES  GENERALES SUR LA NEURISATION PAR CONTACT DIRECT

Bien que les règles établies pour les effets des radiations digi­tales fixes et mobiles soient applicables en généra) aux effets de la neurisation par contact fixe ou mobile, nous devons appeler l'attention sur certains effets particulièrement intéressants pro­voqués par la neurisation immédiate..

Nous signalerons tout d'abord, dans les modifications de la sen­sibilité, la douleur, le vertige et le sommeil provoqués par cer­taines applications manuelles fixes, ainsi que In diffusion de l'anesthésie provoquée le long de certains filets nerveux, venant confirmer des connaissances anatomiques déjà acquises sur la distribution et les anastomoses de certains nerfs.

Une partie importante de ce paragraphe est consacrée à la provo­cation du sommeil par divers modes ou combinaisons d'applica­tion et de préhension manuelles.

Enfin une mention toute spéciale doit être faite des bons effets des passes digitales appliquées dans les cas de migraines le long, des nerfs affectés et dans le sens de leur distribution.

Parmi les modifications de la motilitè nous signalerons l'arrêt de la respiration provoqué par l'application digitale sur les côtés

1. Voy. plus loin liv. II, obs. IV, p. 555.

2 Traitement de la migraine par le massage par la Dr G. Nostrom. Paris, 1885.


, de la poitrine, la suppression de la voix par une application digi­tale au cou sur un point du trajet du pneumogastrique, et enfin l'action sur le cœur par cette même action sur le trajet du pneu­mogastrique.

L'action de la paume de la main mérite d'être rappelée ici. L'application fixe ou mobile de la paume de la main sur un point du corps dont là sensibilité a été modifiée par la neurisation ramène la sensibilité a l'état normal.

Cette application simple ou sous forme de malaxation nous a servi à résoudre des contractures provoquées datant de quelques minutes, et des contractures spontanées existant depuis plusieurs jours.

Nous appellerons l'attention sur l'assimilation que nous avons faite de l'influence des passes appliquées à celle du massage.

Tels sont les principaux faits qui méritaient d'être mis en relief.

- Mais le fait qui domine et qui doit être particulièrement dégagé de tous les autres qui lui sont surbordonnés c'est que la neu­risation a eu lieu ici sans intermédiaire aucun. Ilsemble que la force neurique du sujet neurisateur a été transfusée dans le corps du sujet neurisable et le long de ses nerfs pour de là gagner les centres nerveux.

C. - NEURISATION MÉDIATE

OU SOIT AU MOYEN D'AGENTS INTERMÉDIAIRES

Définition.  La neurisation médiate est un mode particulier de neurisation qui se pratique au moyen d'objets, de substances ou de corps qui, ayant le pouvoir d'emmagasiner (pour un temps variable) la neuricite quelle qu'en soit la source, acquièrent, en vertu de leur conductibilité et de leur pouvoir émissif les pro­priétés de la variété de neuricité qui est intervenue, et même cer­taines propriétés particulières, mais seulement entre tes mains


ou par l'intermédiaire du sujet de qui émanent ces rayons (1), les substances diverses qui servent ainsi d'intermédiaire sont employées tantôt après avoir été influencées par les rayons neu­riques, et tantôt sans aucune préparation préalable. En un mot tantôt elles sont préneurisées et tantôt elles ne le sont pas.

Mais il est juste de faire remarquer que la neurisation du corps humain faite à travers certaines substances ou par leur in­termédiaire, par réflexion des rayons neuriques sur elles, est capabled'influencer ces substances. Celle influence a lieu parce qu'une partie de la force neurique reste emmagasinée en elles.

Agents préneurisés et non prèneurisés.  Nous maintiendrons pourtant celle distinction on corps ou agents prènenrisès et en corps ou agents non préneurises, non seulement pour ce que la clarté dans l'exposition de nos expériences doit y gagner, mais aussi et surtout parce qu'en neurisant préalablement un objet, un corps ou une substance donnés on peut, si le corps est solide et selon sa forme, y localiser la force neurique, et diversement, sui­vant qu'elle a pour foyer la bouche par le souille, les doigts ou les yeux, l'y faire circuler dans tel ou tel sens, et, si la substance est liquide, transporter la force neurique par son intermédiaire dans des régions du corpsdirectementinaccessiblesaux rayons neuriques divers; produire enfin, par cela même, des effets qui ont une physionomie et un intérêt particuliers.

La force neurique ainsi emmagasinée peut ensuite acquérir une puissance plus grande par une nouvelle intervention des rayons neuriques.

Liste des substances ou objets ayant servi d'intermédiaire actif.  Les objets ou substances préneurisés qui nous ont servi comme agents neuriseurs dans nos expériences se trouvent à lu portée de tout le monde. Ce sont les suivantes : De l'eau ; Du bouillon; Des carrés de papier blanc;

1. Voy. p. 51 et suiv.


 

Une table;

Le sol d'un appartement;

Un mur;

Un miroir;

Un livre ;

Un mouchoir;

Une fleur;

Des pièces de monnaie d'or ou d'argent;

Un bouton en porcelaine;

Des aiguilles en acier;

Un dé;

Des ciseaux ;

Une bague;

Un éventail;

Une règle ordinaire ;

Un manche à balai;

Une ficelle, etc.

J'ajouterai a cette liste : mes propres doigts, une tierce personne.

Substances ou objets ayant servi d'intermédiaire passif.  Les substances non préneurisées et non destinées dans ma pensée à servir d'intermédiaire actif n'étaient autres que celles qui se trouvaient naturellement, ou que je plaçais moi-même, sur le trajet des rayons neuriques et qui par conséquentne semblaientpas servir par eux-mêmes d'agents neuriseurs même partiellement. C'étaient: une lentille, un prisme, une porte, un écran, un mur, diverses feuilles de papier, des gants, etc. Nous n'aurons à nous en occu­per ici qu'incidemment, les considérant comme des intermédiaires passifs, et nous renverrons pour de plus amples détails aux parties de cet ouvrage dans lesquelles il est question de la transradiation, de la réflexion et de la réfraction des rayons neuriques.

La neurisation médiate comprend la neurisation par contact et la neurisation à distance.

Les agents intermédiaires sont solides ou liquides.

Ils sont neurisés tantôt par les doigts, tantôt par les yeux (rare­ment) et tantôt par le souffle.


Propriétés des agents intermédiaires preneurisés.  D'une manière générale les propriétés des corps ou agents intermé­diaires préneurisés sont exactement celles des rayons neuriques employés dans les mêmes conditions dans lesquelles ces propriétés se manifestent.

Propriétés des agents intermédiares preneurises par les rayons

digitaux.  Ainsi : 1° A l'état fixe un agent intermédiaire, prêneurisé par les rayons digitaux, anesthésie ou hyperesthésie les téguments, contracture les muscles, endort soit à distance direc­tement, par réflexion ou par réfraction, soit par contact, suivant la durée de son emploi. Il anesthésie, contracture les muscles et endort si la main du neurisateur qui le lient lui fait exécuter des passes centrifuges appliquées ou non; hyperesthésie et réveille si les passes qu'il exécute appliquées ou à distance sont centripètes dans les régions autres que les faces postérieures des membres, sur lesquelles les effets sont inverses, d'ailleurs, conformément à la règle établie plus haut.

Propriétés des agents intermédiaires préneurisés par le souffle.  2° Un agent intermédiaire préneurisé par les rayons pneu­miques (le souffle), hyperesthésie et réveille soit à distance direc­tement ou par réflexion, soit par contact suivant la durée de son emploi, à l'état fixe. Employé en passes il se comporte dans ses effets comme les radiations pneumiques elles-mêmes.

A ces propriétés communiquées a divers agents servant d'intermédiaireil faut en ajouter deux autres :

Modification des propriétés sapides ou odorifères des agents in­termédiaires préneurisés.  3° Si l'agent intermédiaire préneu­risé par les doigts, et employé à l'état fixe, est doué d'une saveur ou d'une odeur propre, il la perd pour le sujet neurisable. Si par contre ce même agent est préneurisé par le souffle, l'odeur et la saveur qu'il possède en propre, même a un degré peu appré­ciable pour tous, subit une exaltation marquée pour le sujet neurisable (1).

1. A la page 231 nous avons dit que pour des raisons de convenance nous n'avions


Propriété* hilarantes des agents intermédiaires préneurisés par le souffle.  4° L'agent intermédiaire préneurisé par le souffle et employe en contact ou à distance acquiert une propriété singulière, celle d'égayer, de provoquer le rire; nous dirons plus loin dans quelles conditions.

Propriétés qu'ont certains agents intermédiaires de devenir le siège d'un courant et d'agir par le moyen de ce courant.  Enfin une autre propriété que peut acquérir l'agent intermédiaire pré­neurisé et qui complète l'analogie avec les propriétés de la force neurique prise à ses diverses sources est la suivante : un objet de forme allongée préneurisé ou non, s'il est tenu dans la main du sujet neurisateur par une de ses extrémités se trouve parcouru par un courant neurique qui se dirige vers l'autre extrémité. Dans ces conditions il tient lieu d'un courant qui peut être opposé aux courants naturels qui parcourent les diverses régions du corps et en général le corps du sujet neurisable, et produire ainsi sur tel sujet neurisable les mêmes effets que les courants du sujet neu­risateur lui-même, dans les mômes conditions d'expérimentation.

Ainsi avec les agents intermédiaires, le plus souvent préneurisés, d'autres fois non préneurisés mais alimentés en quelque sorte par une des sources de la neuricité, on peut neuriser par contact, a distance par rayonnement fixe ou mobile, et par induction ou influence.

Neurisation avec la main nue et la main armée, Ailleurs il a été question de la neurisation faite directement par les divers foyers neuriques, et en particulier de la neurisation sans l'inter­médiaire d'aucun corps, objet ou substance, en d'autres termes avec la main nue. Nous aurons à nous occuper ici de la neurisa­tion avec l'aide d'agents intermédiaires et particulièrement avec la main armée.

En effet le plus souvent ces corps, substances ou objets intermé­diaires, sont tenus à la main de telle sorte qu'à laneurisation avec

pas soufflé directement dans les narines de la jeune filledans le but de nous assurer si le souffle était capable d'exalter Je sens de l'odorat comme il exaltait celui do la vue et de l'ouïe. L'expérience faite avec un objet soufflé a répondu affirmativement.


la main nue nous pouvons naturellement opposer la neurisation avec lamain armée. Cette expression indique bien que l'objet qui sert d'intermédiaire doit être en rapport direct avec le corps de l'opérateur. C'est une condition nécessaire, indispensable, pour la réussite de l'expérience. Parfois cette communication semble ne pas exister, mais nous verrons qu'il n'en est rien enrealité. Dans ces cas l'objet préneurise et servant d'intermédiaire se trouve en communication avec l'opérateur, par le sol par exemple, de telle sorte que le point de communication se trouve être à la plante des pieds par l'intermédiaire des chaussures.

Règle concernant les conditions nécessaires pour que des agents intermédiaires puissent agir.  Unerègle absolue pour nous est donc celle-ci : tout corps, tout objet, toute substance préneurisée ou non et servant d'intermédiaire pour la neurisation doit, pour agir, se trouver en communication avec le corps du sujet neurisateur ou tout au moins ne pas passer par les mains d'une tierce-personne non susceptible de neuriser. Celte communication peut avoir lieu, et c'est le cas habituel, par le contact des mains, par l'action de rayons neuriques digitaux, par les pieds et le sol sur lequel ils reposent.

Si la substance intermédiaire est liquide, la communication avec le sujet neurisateur aura lieu bien entendu par le vase ou l'objet qui le contient.

Agents intermédiaires préneurisés agissant comme accumula­teurs de la force neurique.  L'importance de la prêneurisation des corps, substances ou objets qui doivent servir comme inter­médiaires actifs tenus à la main ou maintenus en communication avec le corps du neurisateur par le sol, provient surtout de ce que ces corps, substances ou objets acquièrent aussi des propriétés neuriques spéciales qui, emmagasinées en eux, en font en quelque sorte des accumulateurs, mais des accumulateurs d'un genre spé­cial puisque les propriétés neuriques qui leur sont données ne peuvent se manifester que s'ils se trouvent en communication avec la source neurisante.

Ce qui prouve que ce sont des accumulateurs ou condensateurs


c'est que non préneurises ils n'agissent pas entre mes doigts (certains métauxexceptés pourtant) (1) et que préneurisés, non seulement ils agissent tous entre mes mains, mais encore mec une intensité plus grande que si j'employais simplement mes doigts ou mon souffle, et qu'enfin ils peuvent communiquer leurs propriétés ainsi acquises à d'autres corps, objets ou substances avec lesquels on les met on contact.

Une autre preuve est la suivante : c'est que le sujet qui garde sur lui un objet préneurisé ne peut être déneurisé (c'est-à-dire réveillé s'il a été préalablement endormi) que si on lui soustrait cet objet.

Agents intermédiaires servant de condensateurs sans préneurisation apparente.  Y a-t-il des substances qui, par leur nature propre, puissent servir de condensateurs ou accumulateurs entre les mains de l'opérateur sans avoir été préneurisés? Nous avons acquis la conviction que cela était surtoutà une époque posté­rieure à celle à laquelle se rapportent les expériences que nous aurons a relater maintenant. Nous verrons, en effet, dans l'exposé que nous ferons plus loin des phénomènes observés dans la deuxième phase traversée par la jeune fille, que certains métaux, bien que non préneurisés, avaient entre mes mains la propriété d'augmenter d'une manière appréciable mon pouvoir neurique (Voy.p. 298).

Propriétés qu'ont les agents intermédiaires de pouvoir être neu­risès en même temps de deux manières différentes.  Nos expé­riences n'ont pas mis seulement en relief le pouvoir d'emmagasi­ner ou d'accumuler, puis d'émettre la force neurique que beaucoup de substances possèdent dans certaines conditions déterminées, elles ont aussi montré que les propriétés particulières du souffle ne se modifient pas lorsqu'elles ont été communiquées à ces sub­stances et que même elles peuvent s'y fixer sans la moindre alté­ration et pour un temps variable à côté des propriétés spéciales et différentes des rayons digitaux. Ainsi un agent intermédiaire pré­neurisé peut l'être de manière à être anesthésiant par l'une de ses moitiés et hyperesthésiant par l'autre moitié; ou bien successivement et alternativement anesthésiant et hyperesthésiant suivant des zones ou tranches égales.

1. Peut-être auraient-ils agi à la longue, c'est-à-dire en donnant a la force neurique de mes doigts le temps d'iufluencer suffisamment l'objet qu'ils tenaient.

D'où il résulte que la neuricité, qu'elle soit anesthésiante ou hyperesthésiante, peut être localisée et limitée dans les agents serrant d'intermediaire;de plus cette localisation et cettelimi­tation peuvent y subir toutes les combinaisons possibles.

EMPLOI  DE  LA NEURICITÊ   COMMUNIQUÉE A  DES  SUBSTANCES   INANIMÉES

DE l'EMPLOI  PAR  CONTACT FIXE OU MOBILE Et a

DISTANCE PAB BADIATIONS FIXES OU MOB1LES DI RECTES, REPLECBIES OU PBACTBBS, DE DIVERS AGENTSINTERMEDIAIRES  PRENEUBISES OU NON PRENEURISES.

EMPLOI  DES LIQUIDES EAU

NEURISATION DE L'EAU PAR LES HAYONS  NEURIQUES

Expériences avec un verre d'eau.  Le 3 novembre 4880, me souvenant d'avoir ouï dire que certains magnétiseurs se servaient d'eau magnétisée dans leurs expériences et leur thérapeutique, je résolus de neuriser de l'eau et de la donner à boire a la jeune fille.

Ce fut la première neurisation que je fis d'une substance devant servir d'intermédiaire; j'ignorais la manière de neuriser l'eau employée parles magnétiseurs, j'ignorais aussi quels phénomènes j'obtiendrais. Au surplus la jeune fille ne reçut aucune communi­cation de ce que je voulais faire.

Je fis apporter un verre à moitié rempli d'eau, puis donnant à ta jeune fille ce verre je la priai de boire : elle but à peu près


toute l'eau qui y était contenue. J'attendis plus d'un quart d'heure ; il ne se produisit aucun effet particulier.

NEURISATION PAR LES RADIATIONS DIGITALES FIXE* DE L'EAU CONTENUE DANS UN   VERRE

Je repris le verre et me relirai dans la chambre voisine et là je le remplis à moitié d'eau, puis j'imaginai de neuriser celle eau en dirigeant et maintenant dirigés, durant huit à dix secondes vers le fond du verre et a peu de distance de la surface de l'eau, les cinq doigts de ma main réunis en faisceau.

Ingestion de Verni neurisée par les doigts  Cela fait, je revins auprès de la jeune fille et l'engageai à boire de cette eau; elle en but la moitié. Puis, comme elle avait probablement pensé que j'avais ajouté quelque chose â cette eau, elle me déclara aussitôt qu'elle n'avait aucun goût particulier.

Effets produits par celte ingestion.  Au bout de douze & qua­torze secondes environ, je m'aperçus que son cou était devenu raide. Je n'avais pourtant fait aucun mouvement. La jeune fille regardait & ce moment du côté de la fenêtre et me présentait sa joue gauche; j'étais distant d'elle d'un mètre environ. Peu d'ins­tants après elle tomba dans le sommeil ou plutôt dans un demi-sommeil.

Je raconte les faits tels qu'ils se sont passés. Durant ce sommeil elle se plaignit de ses jambes : «Oh! mes jambes} mes jambes ! » disait-elle. Quelques passes descendantes au-devant des jambes firent cesser la douleur dont elles étaient le siège. Puis elle se plaignit de souffrir au creux épigastrique et elle eut même quel­ques mouvements toni-cloniques ; je dirigeai mes doigts vers le creux de l'estomac et au bout de quelques secondes elle parut tranquille car elle poussa un Ah! de satisfaction très caractéris­tique. Gomme elle se plaignait aussi de sa tête, je fis quelques passes ascendantes au-devant du front et elle fut alors plongée dans le sommeil complet.


 

Je l'ai éveillée ensuite par un des procédés ordinaires.

Je fis quelques instants après la contre-épreuve do cette expé­rience. Je passai dans la chambre voisine, je versai de l'eau dans un verre et je l'apportai aussitôt a la malade qui en but la moitié. Aucun effet particulier ne se produisit a la suite.

Remarques. -Ainsi la deglutîtîon d'un peu d'eau neurisée par des radiations digitales fixes a produit la contracture des muscles du cou puis le sommeil.

NEURISATION DE L'EAU PAR LE SOUFFLE

Ingestion d'eau neurisée par le souffle.  Deux jours après (le 5 novembre1880) me rappelant que j'avais endormi Mlle G... en lui Taisant boire un peu d'eau neurisée par les radiations digi­tales fixes, considérant d'autre part que je pouvais exalter la sen­sibilité cutanée et celle des sens par le souffle, l'idée me vint de souffler sur un peu d'eau versée au fond d'un verre et de faire boire celle eau a la malade. Je versai donc de l'eau dans un verre, et a l'insu de la malade et loin de ses yeux dans une chambre voisine je soufflai sur celle eau.

Effets produits par cette ingestion.  Rire. Je revins auprès de la jeune fille et lui fis boire de celle eau. Quel ne fut pas mon étonnement lorsqu'aprés quinze a vingt minutes d'attente elle commença à rire, puis à éclater de rire au point de ne pas pouvoir se maîtriser. Cela dura six minutes environ, puis tout rentra dans l'ordre.

Adhérence des doigts du sujet au fond du verre neurisé par les doigts.  Je lui dis alors de plonger l'index et le médius réunis dans l'intérieur du verre et de les-retirer aussitôt après et elle exécuta avec aisance ce double mouvement. A mon tour je plon­geai deux doigts dans ce verre, et je fis répéter l'opération à la malade. Elle put introduire les doigts, mais elle ne put pas les

1. Je n'ai pas recherché si ta sensibilité avait diminué ou disparu.


 


retirer. Je dus les retirer de force. Je soufflai ensuite dans le verre et aucun phénomène d'adhérence ne put etre produit.

Remarques.  La première partie de cette expérience nous montre un phénomène tout nouveau, non constaté encore : la déglutition de l'eau soufflée provoquant le rire.

Dans la deuxième partie, nous assistons encore a la production d'un phénomène nouveau. Tout d'abord les doigts du sujet plongés dans le fond du verre peuvent en être retirés avec aisance, mais si j'ai neurisé préalablement le fond du verre par les radiations digitales fixes les doigts y restent comme comme collés. Puis nous voyons le souffle détruire les effets des radiations digitales fixes.

Effets d'une nouvelle ingestion d'eau soufflée. Rire.  Le len­demain (9 septembre) après avoir soufflé sur l'eau qui se trouvait dans un récipient, j'en pris une cuillerée à café que je fis avaler à la jeune fille. Quelques secondes après elle riait aux éclats. Une passe descendante au-devant du cou a suffi pour la ramener à l'état normal.

EFFETS  THERAPEUTIQUES DE  L'EAU SOUFFLÉE

L'ingestion d'eau soufflée m'a servi a résoudre des spasmes des voies digestives supérieures et des voies respiratoires.

Résolution d'un spasme du pharynx et de l'œsophage par l'in­gestion d'eau soufflée.  Le 15 novembre 1880, je trouvai la malade éveillée et se plaignant d'avaler avec difficulté les sub­stances solides et même les liquides. Elle éprouvait, disait-elle, une sorte de constriction à la gorge.

Pensant que celle gène pouvait être fa conséquence de l'inges­tion d'un peu d'eau neurisée par les doigts et administrée la veille au soir, je donnai à boire de l'eau, puis du bouillon neurisés par te souffle. La première gorgée de liquide a ete avalée avec quelque difficulté, puis les autres ont clé avalées avec une facilité de plus en plus grande. Celle ingestion l'a égayée. Enfin elle n'a pas lardé à avaler avec la facilité habituelle. Elle était guérie.


 


Gêne respiratoire guérie par Veau soufflée.  Le 19 novembre je trouvai la malade avec de la fièvre (38°,6) mais se plaignant sur­tout de la gene de la respiration, dyspnée, respiration fréquente et par moments arrêt de la respiration dans l'inspiration.

L'ingestion d'eau soufflée et des gouttes de cette eau soufflée projetées sur le cou ont fait cesser ces trombles respiratoires.

La fièvre n'a pas été modifiée, mais elle a causé une sensation de chaleur moindre.

NEURISATION DE l'EAU ALTERNATIVEMENT  PAR LES DOIGTS ET PAU LE SOUFFLE.  EFFETS COMPARATIFS

Expériencesavecune cuvette d'eau.Immersion des mains.  Effets produits.Le 7 novembre 1880 je fis l'expérience suivante : Ayant versé de l'eau dans une cuvette je magnétisai cette eau avec les doigts, à l'écart, de manière que la jeune fille ne pût voir ce que je faisais. Celle-ci était assise ; j'apportai la cuvette devant elle et l'engageai à y plonger les mains, ce qu'elle fit. Quelques secondes après elle s'endormait. Je retirai la cuvette et après avoir soufflé sur l'eau je la posai de nouveau au-devant de la malade. Je pris ses mains et les plongeai dans l'eau de la cuvette; presque aussitôt elle éprouva une secousse et se réveilla complètement.

Une autre fois après l'avoir endormie par le contact des mains, je la réveillai en lui plongeant les mains dans de l'eau soufflée.

Contre-épreuve de l'xpérience positive.  Je fis la contre-épreuve de l'expérience précédente, c'est-â-dire que je fis plonger les mains de la jeune fille éveillée dans de l'eau non neurisée, quoique par les détails de l'expérience elle eût pu penser que j'avais fait subir à l'eau quelque préparation; les résultats furent négatifs. Je fis une contre-épreuve analogue, la malade ayant été préalablement endormie : je plongeai ses mains dans de l'eau non soufflée et elle ne se réveilla pas. Dans ces deux contre-épreuves j'avais eu soin, et j'insiste sur ce point, de simuler tout l'ensemble des menus détails de l'expérience, sauf de neuriser l'eau.


 


 


Effets produits par le contact avec ta figure du sujet d'une ser­viette préalablement trempée dans de Veau neurisée. Je variai le même jourl'expérience positive. Ayant placé à la portée de la jeune fille assise une cuvette â moitié pleine d'eau qu'A son insu, d'ail­leurs» j'avais neurisée par les doigts, je l'engageai a plonger l'un des coins de cette serviette dans cette eau et à la passér Ainsi mouillée sur sa figure. C'est ce qu'elle fit, mais avant môme d'avoir parcouru toute l'étendue de sa figure elle tomba dans le sommeil.

Dans le sommeil neurique ou du moins dans une certaine phase de ce sommeil dont il sera question plus loin, elle put m'en-tendre et obéir à mes ordres. J'eus donc l'idée de la réveiller par une manœuvre analogue à celle qui avait déterminé le sommeil. Je soufflai dans l'eau de la cuvette que je disposai devant la jeune fille endormie, et lui ayant mis entre les mains la serviette par un de ses angles je lui commandai de la plonger dans l'eau do la cuvette qui était au-devant d'elle, et de passer lu partie mouillée sur sa figure. Elle exécuta fidèlement cette opéra­tion, mais dès qu'elle cul passé la serviette sur sa figure elle se réveilla toute étonnée de se trouver dans cette position.

Expérience avec une goutte d'eau préneurisée et déposée sur la langue du sujet.  Le même jour, la malade étant éveillée, je neurisai de l'eau avec les doigts, puis j'en pris une goutte avec une petite cuiller et je la laissai tomber sur le milieu de la langue de la jeune fille. Aussitôt le point touché de cet organe devient raide, dur, par contracture. Je pris alors une goulte d'eau neurisée par le souffle et la déposai sur celte partie dure de la langue, la sou­plesse revint aussitôt.

Expérience avec de Veau aspergée.  Le même jour je variai encore l'expérience. Si, ayant préalablement plongé mes doigts dans l'eau d'une cuvette neurisée par le souille, je projetais de cette eau, par un mouvement brusque de ma main, sur la figure de le jeune fille éveillée et sans anesthésie préalable, je provoquais le rire. Mais si l'eau avait été neurisée par les doigts, la môme opé­ration provoquait le sommeil.

Remarques. Je crois utile de dire que, de même que pour les


 

autres expériences, j'ai répété celles-ci plusieurs fois à des dates diverses, et que j'ai toujours réussi de même dans les mêmes con­ditions d'expérimentation.

BOUILLON.   COGNAC

Afin de compléter ce que nous avons à dire de nos expériences faites avec les liquides préneurisés nous exposerons en peu de roots tes résultats obtenus en faisant boire à la malade du bouillon et du cognac.

Expérience avec le bouillon neurisé.  Le 14 septembre 1880, ayant donné à boire à la jeune fille du bouillon souillé, dans le but de calmer ce spasme des voies digestives supérieures dont il a été question plus haut, elle déclara que ce bouillon avait le goût de gras très prononcé. Je le neurisai alors avec les doigts, l'odeur de gras disparut du bouillon qui fut même trouvé très agréable.

Expérience avec du cognac.  Je relate ici pour mémoire une expérience dont l'exposé doit trouver sa place ailleurs parce qu'elle a été faite, la malade étant dans te sommeil neurique.

Cette jeune fille aimait beaucoup le cognac et en demandait souvent durant le sommeil neurique, affirmant du reste qu'elle s'en trouvait fort bien. C'est avec avidité qu'elle avalait chaque petit verre de cognac qu'on lui donnait. Un jour que, dans le som­meil neurique, elle en demandait en ma présence, je soufflai dans le verre avant de lui donner à boire le cognac qu'il contenait. Mais après en avoir approché les lèvres et en avoir à peine flairé et dégusté le contenu, elle le repoussa disant que c'était mauvais et trop fort.

Je repris le verre, je dirigeai pendant quelques secondes l'extré­mité de mes doigts vers l'intérieur du verre par son ouverture, et le remis à la malade qui en but le contenu déclarant que c'était très bon.


 


EMPLOI DES  SOLIDES

Afin de no pas interrompre l'exposé des résultats que nous avons obtenus par l'emploi de substances neurisées douées d'une saveur ou d'une odeur propres nous commencerons l'élude de la neurisa­tion des substances solides par celle des fleurs.

EMPLOI DES SUBSTANCES DOUÉES D'ODEOR

Expérience avec une fleur d'héliotrope.Le 7 novembre 1880 je fis cueillir dans le jardin attenant à la maison qu'habitait la jeune fille une branche fleurie d'héliotrope. Je la donnai à sentir à la jeune fille, parfaitement éveillée, qui trouva en elle l'odeur habituelle.

Tenant alors cette fleur d'une main, je dirigeai vers elle a une petite distance le sommet des doigts rapprochés de l'autre main. Puis je la portai sous le nez do la jeune fille qui déclara, tout étonnée, ne rien sentir. Je souillai alors sur cette fleur, je la repré­sentai de nouveau à la malade qui aussitôt l'éloigna de son néz, déclarant que l'odeur en était trop forte. Je répétai cette expé­rience plusieurs fois, le même jour.

Expérience* avec un bouquet de fleurs.  Une semaine plus tard je repris les expériences avec les fleurs. Je donnai à la jeune fille un bouquet formé de fleurs odorantes, la priant d'en respirer le parfum. Elle trouva A ce bouquet une odeur naturelle. Je le lui fis présenter ensuite par une tierce personne, une de ses amies, et elle déclara que l'odeur était la môme.

J'ai ensuite soufflé sur ce bouquet et le lui ai donné, l'invitant à le porter a son nez. Mais elle recula et éloigna le bouquet dès qu'elle l'eut porté à son nez déclarant ne pas pouvoir en supporter l'odeur qui était trop forte.

Je lui ai fait donner le môme bouquet par son amie et elle lui a


 


trouvé une odeur naturelle, ordinaire. Mais pendant que son amie tenait le bouquet sous son nez et qu'elle déclarait ne lui trouver que son odeur naturelle il me suffisait, à l'insu de la malade, de toucher môme très légèrement avec un doigt l'extrémité d'une des feuilles composant le bouquet, pour qu'aussitôt elle déclarât l'odeur très forte, et cela pendant tout le temps que durait le contact.

De môme, si j'avais préalablement neurisé avec les doigts et à distlance ce bouquet et si ensuite son amie la tenait sous le nez de la malade qui lui trouvait son odeur naturelle il me suffisait de toucher le bout d'une feuille ou d'un pétale pour que toute odeur disparût.

Expérience avec un mouchoir.  Tenant à varier, autant que possible, mes expériences, j'eus recours, le même jour, a l'emploi d'un mouchoir.

La jeune fille était éveillée, je pris son mouchoir et après l'avoir souillé, je le portai sous son nez. Elle le repoussa alors en disant qu'il sentait trop la lessive. Mais l'ayant ensuite neurisé avec les doigts elle n'accusa plus celte odeur.

EXPERIENCES AVEC DBS CARRÉS DE PAPIER BLANC

Le 4 novembre 1880 je commençai une série d'expériences avec des carrés de papier blanc et les continuai les jours sui­vants en les variant autant que possible.

Je pris deux petits carrés de papier blanc, puis m'étant retiré dans la chambre voisine de celle où se tenait la jeune fille, j'en neurisai un en maintenant mes doigts dirigés vers une de ses faces, durant quelques secondes.

Ensuite, après avoir fait une corne a celui des deux carrés que j'avais neurisé, dans le but de le reconnaître, je les plaçai l'un contre l'autre, puis les tenant saisis entre le pouce et l'index, je revins auprès de Mademoiselle G... Je l'engageai alors & prendre l'un des deux carrés de papier. Or, elle choisit précisément


celui que je n'avais pas neurisé, c'est-a-dire celui qui n'avait pas été marqué. Malgré cela, au bout de quelques secondes, elle tomba dans le sommeil gardant le carré do papier entre ses doigts raidis.

Devant ce résultat positif au lieu du résultat négatif auquel je m'attendais, je pensai que le carré de papier neurisé ayant été accolé â celui qui ne Tétait pas, lui avait communiqué ses proprié­tés neuriques. Le hasard, peu d'instants après, devait confirmer l'exactitude de cette interprétation.

Réveil empêché par la présence entre les mains du. sujet d'un morceau de papier préalablement neurisé.  J'ai voulu alors réveiller la jeune fille ; j'employai pour cela les procédés qui tou­jours réussissaient, mais je n'y parvins pas. Voyant ' qu'elle gardait le carré de papier serré entre ses doigts, feus Vidée de le retirer, je le pris en effet et le plaçai sur la table voisine. Je commençai alors les manoeuvres qui avaient pour but de réveiller la malade et j'y parvins. Mais je vis bien que je dus la retirer d'un sommeil profond.

Explication.  Évidemment, l'impossibilité dans laquelle je m'étais trouvé de la réveiller et qui un moment, je l'avoue, m'avait assez troublé, tenait à ce que les effets des manœuvres que je fai­sais pour la réveiller, et qui habituellement ne manquaient pas de se produira, étaient neutralisés par le carré de papier tenu entre les doigts de la jeune fille. Ce carré de papier chargé de neuricité saturait son organisme. Nous verrons plus loin que d'autres faits donnent raison à cette interprétation.

La jeune fille était donc parfaitement réveillée. Je voulus refaire alors l'expérience avec l'autre carré de papier, celui qui avait été marqué. Dès qu'elle l'eut saisi elle tomba dans le sommeil. Ins­truit par l'expérience précédente, j'eus soin de reprendre à la jeune fille le carré de papier qu'elle avait gardé entre ses doigts, et je  le plaçai sur la table voisine distant de celui que j'y avais déjà déposé. Puis je réveillai sans difficulté la malade.

Il importe maintenant de bien noter ce qui va se passer. La jeune fille est réveillée, près d'elle se trouve une table sur laquelle


nous avions déposé deux carrés do papier blanc qui avaient servi pour rendormir.

Adhérence de la main du sujet sur un point de la table qu'avait recouvert précédemment un papier neurisé digitalement.  Je crus devoir retirer ces deux carrés de papier. Un instant après la jeune fille qui avait glissé sa main sur la table pour saisir un objet éloigné, nous appela pour nous faire remarquer que sa main était restée collée sur la table. J'en fus tout surpris et j'avoue que je ne pen­sais pas au carré de papier qui peu d'instants auparavant se trou­vait sur cette table, lorsqu'une des sœurs de cette jeune fille qui avait suivi avec attention mes expériences me dit que ma malade avait précisément touché le point de la table sur lequel j'avais déposé précédemment un des carrés de papier.

De fait la main se trouvait comme collée à la table. Je la trouvai raidie ainsi que le bras. Je voulus détacher la main de la table en tirant sur le bras, en essayant de faire glisser la main, je n'y parvins pas. Je saisis alors le bras et l'avant-bras et je pus fléchir le coude, la main seule resta raide, immobile. La malade faisait elle-même tous ses efforts pour détacher la main de ce meuble, elle n'y parvenait pas. Enfin je réussis non sans peine à l'en détacher.

Je soufflai ensuite sur cette partie de la table; sur mon invitation la malade y rappliquasamain, mais elle n'y resta pas adhérente.

Mais il restait un point de la table qui avait dû être influencé par l'autre carré de papier que j'y avais déposé pour l'en retirer ensuite. Ce point fut facilement trouvé par la malade. Elle par­courut la surface du meuble avec la paume de sa main et arrivée en un certain point, la main se roidit et resta adhérente au meuble. Je réussis a l'en détacher en soufflant sur elle.

Il semblait évident que chaque carré de papier neurisé avait neurisé à son tour le point de la table sur lequel il avait été posé et lui avait communiqué ses propriétés. C'est ainsi qu'au début de l'expérience l'un des carrés de papier neurisé avait neurisé l'autre par le fait de leur juxtaposition. Je me rappelai alors que les doigts de la jeune fille étaient restés adhérents et raidis au fond du verre que j'avais magnétisé par les doigts précédemment.


Mais je ne devais pas me considérer comme satisfait.

Adhérence du pied du sujet sur un point du parquet (soi) précé­demment neurisé par le contact d'un morceau de papier préneu­risé parles doigts.  Je pris un do ces carrés de papier et je le posai une ou deux secondes par terre ou pour mieux dire sur le parquet en briques de l'appartement. Après ravoir retire, je dis à la jeune fille de poser le pied sur lu partie du sol qu'avait recou­vert le papier. Elle le fit ainsi, mais elle ne put plus retirer son pied qui resta comme collé au parquet. Je parvins cependant à le retirer de force.

Déneurisation par le souffle.  Elle répéta l'expérience : môme résultat. Je soufflai alors sur le parquet au niveau du point inté­ressé, puis la malade y ayant réappliqué le pied elle put l'en reti­rer sans difficulté.

Passe appliquée faite avec l'angled'un carré de papier.  Effets produits.  Ensuite prenant un de ces carrés de papier par un de ses angles, je le promenai de haut en bas, rapidement, sur le dos de la main de la jeune fille. La main devient raide, immo­bile; je ta malaxai avec la mienne et elle redevint souple.

Je soufflai alors sur le carré de papier et lis la même manoeuvre ; il n'y eut pas d'effet particulier produit.

AUTRES EXPÉRIENCES AVEC DES CARRÉS DE PAPIER BLANC NEURISÉS

Conditions à remplir pour la réussite des expériences.  Deux jours plus tard, le 6 novembre, je me suis confirmé dans l'idée que pour obtenir une action avec les carrés de papier préneurisés il fallait absolument qu'ils fussent remis par moi à la jeune fille.

Remise au sujet par une tierce personne du papier préneurisé.  Effets nuls.  J'ai donc neurisé par les rayons digitaux un carré de papier blanc et je l'ai fait remettre par une tierce per­sonne neutre à la jeune fille éveillée. Il ne s'est produit aucun effet.

J'ai ensuite neurisé par les rayons pneumiqes un autre carré de


papier et je l'ai de même fait remettre à la jeune malade éveillée. Aucun phénomène particulier ne s'est montré A la suite.

Remise, par moi au sujet, du morceau de papier neurisé.  Effets positifs. J'ai alors repris le premier carré de papier, celui que j'avais neurisé avec les doigts, je l'ai donné à la malade et elleest tombée endormie. J'ai ensuite pris deuxième carré sur lequel j'ai souillé, et je l'ai mis à la place du premier dans la main de ma malade endormie. Aussitôt elle s'est mise à rire aux éclats, et il en fut ainsi durant un temps fort long. Mais ayant retiré le papier de ses mains elle cessa de rire.

Je lis encore dans mes notes les détails suivants que je crois utile de transcrire ici bien qu'ils trouveraient mieux leur place dans la partie consacrée a l'élude du sommeil neurique.

Tenant le papier ainsi doué d'un pouvoir égayant, je lui ai Tait toucher plusieurs fois légèrement un point quelconque du corps de la jeune fille; aussitôt elle partait d'un éclat de rire. ' Ayant promené le papier, ainsi neurisé par le souffle, sur la face, l'imagination de la jeune fille s'exalta, elle parla dos autres villes qu'elle avait habitées, cita des faits et sembla voir par l'esprit des personnes qu'elle y avait connues. En retirant le papier cette exci­tation ne larda pas a se calmer mais il était facile de la provoquer de nouveau.

Plus loin, je trouve noté que ces phénomènes, le rire et l'exal­tation de l'imagination, avaient pu être reproduits, la malade étant éveillée; que du papier rouge préalablement soufflé, puis appliqué faisait rire; que deux feuilles de papier l'une rouge l'autre blanche superposées l'une à l'autre, préneurisées par le souffle et appliquées ensuite faisaient aussi rire aux éclats.

Nécessité d'une communication directe on indirecte mais posi­tive pour la production d'une action.  Immédiatement après je relève celle phrase qui a une grande importance : une tierce per­sonne ne réussissait pas; pour obtenir les effets décrits, je devais donner le papier moi-même ou le placer à côté de la malade qui le prenait (1).

1. La jeune fille était assise sur on divan.


Remarques.  Ici il s'agit toujours d'un objet préneurisé remis par mot, mais avec cette différence qu'il y a eu un intervalle entre le moment où je me suis dessaisi du carré de papier et celui où la jeune fille s'en est emparé. Cet intervalle dans les conditions où la remise du papier a été faite n'a pas été suffisant pour lui faire perdre ses propriétés. Il est vrai qu'on le plaçant a coté d'elle il y avait des probabilités pour qu'une communication s'établît tout d'abord entre l'objet et elle-même. Lorsque l'objet était remis par une tierce personne, sa sœur ou une de ses amies, l'effet était nul; cette tierce personne semblait deneuriser l'objet, par absorption, au moins momentanément. Je fais cette dernière réserve en vue de ce que j'aurai à dire un peu plus loin.

AUTRES EXPÉRIENCES AVEC LES CARRES DE PAPIER

Hyperesthésie produite par le contact du papier soufflé.  Le lendemain,17 novembre 4880, ayant souillé sur un carré de papier blanc et l'ayant appliqué sur diverses parties du corps du sujet, voici ce que j'ai obtenu. Sur le cuir chevelu, la face, les bras, les mains j'ai provoqué une vive douleur. Le papier étant retiré lu douleur ne cessait pas complètement, mais je pouvais en compléter la disparition parl'application de la paume de la main ou par les radiations digitales.

Mouvements imprimés à lalangue par le contact de l'angle d'un carré de papier préalablement soufflé.  Sur le bout de la langue les effets de l'application d'un angle du carré de papier neurisé par le souffle ont été des plus singuliers. La langue, à peine touchée, s'est mise à exécuter des mouvements alternes et rapides de sortie et de rentrée que je ne faisais cesser que par des passes digitales. J'ai en effet répété plusieurs fois l'expérience.


EXPERIENCESAVEC UNE TABLE

Dans les précédentes expériences il a été plusieurs fois ques­tion de la neurisation d'un point de la surfaced'une table.

L'expérience qui suit montre de quelle manière j'ai pu déneuriser ta partie préneurisée de cette table. J'ai dit précédemment que j'avais pu assouplir et détacher la main du sujet adhérente sur ce point en soufflant sur elle.

DÉNEURISATION PAR LA PAUME DE LA MAIN

Le 5 novembre je neurisai donc, avec les doigts, un point, ou mieux une petite étendue de la surface de la table. La malade sur mon invitation y appliqua la paume de sa main qui resta adhé­rente et raide. Je la détachai de force. De nouveau sur mon invi­tation elle rappliqua et de nouveau elle resta collée en quelque sorte. D'où il résulte déjà que ce point spécial de la table était resté neurisé. Après avoir encore une fois retiré de force la main du sujet, je posai ma main sur la place qu'avait occupée celle du sujet, je la soulevai puis la réappliquai et la soulevai de nouveau à deux ou trois reprises. Puis la malade y ayant appliqué la main à son tour, elle put l'en retirer avec la plus grande facilité. J'avais donc déneurisé le point de la table précédemment neurisé.

DÉNEURISATION PAR LE SOUFFLE

Dans une autre expérience au lieu de déneuriser par la paume de la main je déneurisai par le souffle. Le moyen le plus simple et le plus rapide pour détacher la main du sujet de la table consistait en tous cas à souffler précisément sur sa main. Celle-ci se décontracturait et la table se trouvait déneurisée en même temps.


NEURISATION DU SOL A TRAVERS UNE TABLE

Le lendemain je fis une expérience particulièrement intéres­sante.

Je neurisai une petite étendue de la surface de la table, autant que pouvaient en viser les cinq doigts de ma main réunis en fais­ceau. Je priai alors la malade d'y appliquer la main, ce qu'elle fit, mais elle ne put la retirer. J'essayai de la déneuriser on appliquant sur elle la paume de la main, mais je n'y parvins pas. Je pris le parti de la détacher de force, sans déneuriser ni la main ni la table d'autant plus que l'idée me vint à ce moment de rechercher si la neurisation de la table se limitait à la surface visée ou si au contraire elle ne pénétrait pas dans l'épaisseur du bois au point môme d'atteindre sa face opposée, c'est-à-dire le dessous de la table.

Pour bien m'assurer que la table n'avait pas été déneurisée, je fis placer de nouveau la main du sujet sur le point intéressé, et elle y resta collée. Je la détachai de force et la fis placer sur la face inférieure de la table au point exactement opposé : elle y resta aussi collée. Pensantalorsque les rayons neuriques digitaux avaient pu influencer aussi le sol a travers la table en droite ligne, je fis appliquer le pied de mon sujet sur le sol au point qui corres­pondait exactement au prolongement d'une ligne fictive perpendi­culaire passant par le point de la surface de la table qui avait été neurisé. Le pied resta collé sur ce point.

Remarques.  Je dois faire remarquer que, répétant l'expé­rience je ne faisais pas placer toujours la main ou le pied immé­diatement sur le point neurisé de la table ou du sol mais je les faisais glisser graduellement jusqu'à ce point pour bien m'assurer que la neurisation du sol ou de la table était bien limitée à un petit espace. L'adhérence n'était complète et forte que lorsque toute la petite surface neurisée était couverte par la main ou par le pied.


Autres remarques.  Agent intermédiaire passif devenant actif.  L'expérience dont nous venons de faire la relation est un exemple frappant d'emmagasinage et de transradiation neurique après laquelle un nouvel emmagasinage a pu se faire. Elle montre que l'agent intermédiaire traversé par les rayons neuriques,  agent passif en apparence, peut être réellement agent actif.

Sommeil provoqué par la fixation d'un point de la table neu­risé par les rayons digitaux,  Jusqu'à présent la table n'a servi d'intermédiaire que pour neuriser la main et le bras du sujet. H est probable d'ailleurs que si la main du sujet avait été laissée plus longtemps en contact avec la table, le sommeil serait survenu par extension et diffusion aux centres nerveux encéphaliques. Dans l'expérience suivante» c*est directement sur les yeux du sujet que nous avons agi par l'intermédiaire de la table.

Après avoir neurisé par les rayons digitaux un point limité de la table, j'invitai la malade a regarder ce point. Elle se mit alors a fixer ce point et après quelques secondes elle tomba endormie.

Remarques.  J'ai à peine besoin d'ajouter que cette expé­rience rapprochée des autres conserve toute sa valeur, qu'elle est démonstrative pour moi; pour les braidistes il en sera autrement. Je me bornerai à une simple remarque : il est telle expérience qui à elle seule est démonstrative, mais il en est qu'il faut rapprocher et comparer pour leur conserver la valeur particulière qu'on leur attribue. Je doisreconnattre pourtant que l'objection des braidistes aurait ici quelque fondement sérieux parce que je n'ai pas songé à faire la contre-épreuve qui eût consisté à faire regarder au sujet un point de la table non préneurisé.

EXPÉRIENCES  AVEC  LE  SOL

Nous avons vu comment le parquet en briques de l'appartement avait pu être influencé par la neurisation digitale à travers la table.

Voici une expérience qui peut prendre rang parmi les plus eu-


rieuses et les plus démonstratives. Elle fut en quelque sorte im­provisée comme d'ailleurs la plupart des autres.

Neurisation du sol suivant une ligne par les rayons digitaaux.  La malade était debout et éveillée, j'étais éloigné d'elle de 2,50a 3 mètres. Je Tais un pas et avec ma main droite entr'ouverte, les doigts légèrement écartés, je trace une ligne ou, bande transversale fictive en regard du sol, les doigts se trouvant à la dis­tance de celui-ci de 10 & 15 centimètres.

Puis je me reporte un peu en arrière de cette ligne fictive et je dis à la malade qui était de l'autre côté de courir vers moi. Arrivée au niveau de cette ligne, elle resta immobile l'un des pieds raide fixé au sol, l'autre soulevé et immobile aussi dans l'altitude fixe de la course. On eût dit une statue.

La saisissant alors par le tronc je l'ai soulevée de force en la détachant du sol avec peine, et l'ayant assise sur une chaise plus loin j'ai redonné aux membres inférieurs leur souplesse.

Gela fait je l'ai priée de retourner à sa première place. Elle de­vait pour cela traverser la même ligne, je dirais presque la même barrière. Cette fois elle marchait; arrivée au niveau de la ligne fictive elle n'a plus pu remuer et j'ai dû encore l'enlever de force de celle place.

Déneurisatipn du sol par le souffle.  Ensuite j'ai soufflé le long de la partie du sol que j'avais précédemment neurisée par les doigts. Engagée alors a traverser cette partie du sol ainsi soufflée elle l'a fait sans empêchement aucun.

Déneurisation incomplète de la bande neurisée du sol.  Ici vient se placer une observation qui a certainement une grande importance. Un instant après la jeune fille ayant fait quelques pas dans un certain sens elle me montra un de ses pieds adhérant au sol. Le hasard avait voulu qu'elle plaçât son pied sur une partie du sol qui correspondait à l'extrémité de la ligne fictive que mes doigts avaient tracée. Je dus en conclure que lorsque j'avais voulu déneiriser la bande du sol neurisée par les doigts, mon souffle n'avait pas atteint l'extrémité de cette bande au niveau de laquelle elle venait précisément de poser son pied.


En concevant cette expérience j'ignorais ce que j'obtiendrais et ne m'en faisais aucune idée. Puis eu déneurisant la bande du sol neurisée je ne pouvais pas prévoir que je ne la déneuriserais pas jusqu'au boul et que la malade viendrait poser son pied sur la partie non Doneurisée. On ne saurait, par conséquent, accuser l'imagination de la malade et faireinternaitla suggestion même pensée, en admettant toutefois que celte variété de sugges­tion existe réellement.

Neurisation d'une bande du sol faite à l'insu de la malade.  Mais voulant me mettre à l'abri de celle cause possible d'erreur et éviter tout reproche, j'ai, répétant dans la suite celte expérience, pris une précaution essentielle. J'évitai de dire ou de laisser devi­ner à la malade, par un geste quelconque, ce que je me proposais de Taire. Pendant qu'elle était dans une pièce voisine, ou bien lorsque nous attendions qu'elle descendit de sa chambre, je traçai avec les doigts en regard du sol sans le toucher comme précédem­ment une ligne fictive allant par exemple du pied d'une table au pied d'une chaise. Je me tenais avec les amis de la malade ou les membres de sa famille en deçà de celte ligne, puis la malade venait vers nous soit qu'on l'appelai soit que sachant que je l'attendais elle vint se présenter d'elle-même. Dès que son pied avait touché la partie du sol au niveau de laquelle passait la ligne ou bande fictive elle s'arrêtait brusquement, immobile; le picdqu'eile y avait pose était raide, contracture et comme adhérent au sol. Lu contracture s'étendait aussi aux muscles de la jambe.

Communication de la bande neurisée du sol avec le sujet neurisateurpar le sol même.  Nécessité de celte communication pour le maintien de l'adhérence du pied du sujet neurisable.  Quelques jours plus tard, refaisant l'expérience, j'attendis plus de vingt minutes à côté dela malade pour savoirsi peu a peu elle finirait par détacher son pied ou ses pieds d'elle-même. Mais l'adhérence aun sol se maintenait la même. J'eus l'idée, voyant cela, de m'éloigner et je sortis dans le jardin après avoir recommandé à l'entourage de bien observer ce quise passerait et notamment de voir si la malade, avertie aussi directement par moi, ne pourrait se détacher du soi.


Je revins après cinq a six minutes d'absence et il me fut dit que la malade avait pu remuer ses pieds et les faire glisser un peu sur le sol. Seulement a ce moment, probablement parce que j'étais revenue auprès d'elle, elle avait ses pieds tout aussi adhérents qu'auparavant. Je m'éloignai de nouveau recommandant d'aller me quérir dès qu'elle pourrait mettre le pied hors de celle zone soit en le soulevant soit en le faisant glisser. An bout d'un quart d'heure environ on m'appela, la malade avait pu franchir la bar­rière en faisant glisser son pied. Voulant m'assurer si la zone influencée conservait ses propriétés je dis à la malade de glisser vers elle son pied très lentement. Arrivé à un certain point il y eut un commencement d'adhérence. Je soufflai sur le pied et le long de la zone influencée et la malade put circuler librement.

Déneurisation du sol par la paume de la main.  Une autre fois je déneurisai le sol avec la paume de la main, mais en général je donnais la préférence nu souffle.

Neurisation du sol par les yeux.  Si les radiations oculaires fixes ont réellement les mêmes propriétés que les radiations digi­tales fixes, je devais pouvoir neuriser le sol avec les yeux. C'est ce que j'ai réussi à l'aire sans difficulté.

Après avoir regardé fixement pendant quelques secondes un point du sol, je priai la jeune malade d'y poser son pied. Elle fit ainsi mais elle ne put pas le soulever. Je soufflai dans sa direction et il reprit toute sa liberté d'action.

EXPÉRIENCES AVEC UN MUR

De même que j'avais pu neuriser le sol j'ai réussi à neuriser un mur.

Je dirige mes doigts vers un point du mur, puis la jeune fille y applique sa main qui se raidit et demeure en quelque sorte collée à ce mur. Je souffle sur la main et tout rentre dans l'état normal.

Une autre fois je neurisé une petite étendue de la surface du


mur, la malade sur mon invitation y applique ses épaules et elle fait ensuite des efforts pour se détacher du mur sans pouvoir y réussir ; je souffle sur les épaules et tout rentre dans l'ordre.

EXPÉRIENCE AVEC DES MÉTAUX EXPÉRIENCEAVEC UNE BAGUE

Je neurisé avec les doigts une bague en or, je lapasse a l'un des doigts de la jeune fille: ce doigt devient raide, immobile; je souffle sur le doigt et il redevient souple, mobile (24 novembre 4880).

EXPÉRIENCE AVEC UNE PAIRE DES CISEAUX

Je donne à la jeune fille une paire de ciseaux en acier la priant de les l'aire jouer, ce qu'elle Tait sans difficulté. Je prends les ciseaux, je les neurisé digitalement, je les Tais donner à la malade par une tierce personne et elle peut encore s'en servir sans aucune difficulté. Les reprenant, je les donno moi-même à la malade mais des qu'elle eut passé les doigts dans les anneaux ils se raidirent. Je reprends de nouveau les ciseaux, je souffle sur eux tout le long, je les redonne à la jeune fille et je n'observe plus aucun effet particulier.

Je répète l'expérience et elle donne les mêmes résultats dans les mêmes conditions déterminées.

expérience avEc un de

Un dé neurisé par les doigts et venant à coiffer un doigt de la jeune fille l'immobilisait dans la raideur.


EXPÉRIENCESAVEC UNE AIGULLE EN ACIER

Je pris une aiguille a coudre d'un volume moyen, je piquai la peau du dos de la main de la malade et elle sentit.

Neurisation digitale de l'aiguille -- Puis ayant saisi cette

aiguille de la main gauche je passai les doigts de ma main droite à une petite distance d'elle, suivant sa longueur et je piquai de nouveau, la malade ne sentit rien.

Action à distance de l'aiguille neurisée digitalement. Ensuite je dirigeai la pointe de cette aiguille vers la peau de la face de la malade, a une distance de 15 à 20 centimètres. La jeune fille accusa une vive douleur au point visé.

Neurisation de l'aiguille par le souffle.  Je soufflai alors sur celte aiguille, je piquai la malade qui sentit. Je ne fis ensuite que rapprocher de la peau en visant un point et la malade ne sentit rien.

Neurisation d'un point du sol avec l'aiguille prèneuriseedigi­talement.  Je neurisai de nouveau cette aiguille avec les doigts et je piquai un point du sol. Sur mon invitation la malade couvrit de son pied (chaussé) le point piqué; mais le pied resta adhérent au sol et elle eut une certaine peine à l'en détacher.

EXPÉRIENCES AVEC DES PIECES DE MONNAIE

Les expériences qui vont suivre montrent que l'oret l'argent se trouvaient, par le simple contact avec mes doigts, suffisamment chargées de neuricité pour servir d'intermédiaire actif. Dans le cas où cette explication ne sera il pas la vraie ou ne contiendrait qu'une portion de la vérité, il faudrait conclure que, à l'égard de la jeune fille, par suite d'une sorte d'idiosyncrasie de sa part, l'or et l'argent avaient une action propre que la neuricité pouvait rendre plus intense. Des expériences fuites durant la deuxième phase pathologique de 1881-82 semblent donner une grande valeur


a cette deuxième interprétation des phénomènes (Voy, p. 498). Anesthésie et transfert de l'anesthésie par l'application d'une pièce d'or.  Quoi qu'il en soit voici le fait. Voulant réaliser le phénomène du transfert j'applique une pièce de vingt francs en or non préneurisée sur le milieu du dos de la main gauche de la jeune fille. Aussitôt j'explore l'état de lasensibilité de la face dorsale de la main droite opposée, et je constate qu'il existe là une surface insensible de l'étendue exacte de la surface couverte par la pièce d'or sur le dos de la main gauche, et dans un point homologue.

Je soulève la pièce et je m'assure que la surrace qu'elle recou­vrait est aussi insensible ; je m'assure aussi que pendant ce temps la surface homologue du dos de l'autre main reste insensible. Je couvre alors celle surface homologue avec la pièce d'or et je m'assure que la surface primitivement couverte reste insensible je transporte denouveau sur celte dernière région (la première couverte) la pièce d'or, et je constate que la sensibilité est revenue sur la face dorsale des deux mains aux points précédemment anes­thésies (Voy. p. 23 et 84).

Je varie l'expérience. Après avoir placé la pièce sur la face dor­sale de l'une des mains et m'étre assuré que la sensibilité a dis­paru sur la surface homologue de l'autre main, je soulève la pièce d'or et je la remplace au même point par une autre : la sensibilité réapparaît d'un côté et de l'autre.

Remarque.  Cette expérience est particulièrement instruc­tive, car elle prouve que si l'or a une action propre il n'en a pas moins besoin d'être chargé de neuricite pour agir.

Autre expérience variée.  Variant encore l'expérience j'ai remarqué que si après avoir appliqué la pièce d'or, je la soulève, je souffle sur elle, et je l'applique de nouveau, l'anesthésie qu'avait provoquée la première application disparaît d'un côté et de l'autre.

Remarque.  Cette pièce avait d'abord été neurisée une pre­mière fois par mes doigts par le simple fait de l'avoir saisie. Puis elle a été déneurisée par le souffle.


Expérience avec une pièce d'argent.  Avec une pièce d'argent nous obtenions les mêmes phénomènes mais bien moins accusés et parfois incomplets.

EXPÉRIENCES AVEC UN AIMANT

J'ai fait quelques essais avec un aimant de la force de 5 kilo­grammes mais je n'ai obtenu aucun effet appréciable.

EXPÉRIENCES AVEC MES  PROPRES DOIGTS  SOUFFLÉS SERVANT D'INTERMEDIAIRE

Si je m'étais servi toujours de mes doigts considérés dans leurs propriétés neuriques inhérentes, je ne saurais les considérer comme des intermédiaires possibles. Ils constituent en effet un des trois foyers principaux du corps humain desquels émane la force neurique. Mais comme le souffle employé à l'étal fixe a par lui-même des propriétés opposés à celles dus rayons digitaux employés à l'étal fixe aussi, il y avait intérêt à savoir si à l'égard de la neuricité d'origine pneumique mes doigts ou ceux d'une tierce per­sonne se comporteraient comme des corps inanimés et ambiants.

J'ai procédé de la manière suivante: tout d'abord, pour que mes expériences eussent une base solide, la malade se trouvant éveillée et sans anesthésie préalable je me suis assuré par le tou­cher et le pincement que la peau était sensible également partout. J'ai fait alors une application digitale simple sur divers points du corps, mais je n'ai provoqué aucune réaction soit gaie soit triste.

Réaction gaie ou triste par application du doigt neurisé par le souffle.  Mais j'ai des ce moment légèrement modifié les condi­tions de l'expérience. Au lieu d'appliquer mon doigt sans prépara­tion aucune j'ai soufflé sur son extrémité puis je l'ai appliqué sur divers points du corps du sujet et j'ai provoqué tantôt une réaction gaie, tantôt une réaction triste suivant la région touchée.


Même expérience avec un boulon en porcelaine préneurisé par le souffle.  Avec un bouton en porcelaine préalablement neurisé par le souffle j'ai obtenu les memes effets.

REMARQUES

Jusqu'à présent nous avons vu que de l'eau, un carré de papier blanc, un bouton en porcelaine et mes propres doigts soufflés mis en contact avec le corps du sujet y provoquaient le rire, les uns toujours, et les autres tantôt le rire, tantôt la tristesse suivant la région touchée. Disons ici pour mémoire que, dans les conditions précitées, c'est-à-dire la malade étant éveillée et sans anesthésie sur aucun point du corps, la région qui, ainsi touchée, préside au rire, à la gaieté, est la région ou section antérieure du corps et que celle qui préside a la tristesse est la section opposée ou pos­térieure (1).

Il importe de bien noter que les rayons pneumiques projetés directement sur un point quelconque du corps n'y provoquent que l'hyperesthésie, que jamais ils ne provoquent la gaieté ou lu tristesse. De plus si au lieu de souffler sur le bout des doigts avant de les appliquer je soufflais sur la région qui devait être touchée, celte application ne donnait lieu à aucune réaction gaie ou triste. Pour que ces deux états se révèlent il faut donc que la neuricité d'origine pneumique soit portée ou projetée sur le corps du sujet par un agent intermédiaire influencé par elle (doigt, carré de papier, miroir, etc.) Quelle en est la raison? Nous tente­rons peut-être une explication plus loin.

Nous ferons remarquer d'autre part, que l'eau déglutie provo­quant toujours le rire, on est conduit à penser que la muqueuse des voies digestives (supérieures tout au moins) fait partie de la moitié ou section antérieure du corps. Ici c'est un agent intermé­diaire (l'eau) qui met la neuricité en rapport direct avec le corps du sujet parle tégument interne.

1. Voy. p. 312, 369, 381, 382 et 413.


La liste n'est pas close des objets, substances ou corps intermé­diaires qui neurisés par le souille et appliqués sur certains points du corps du sujet provoquent chez lui un accès de gaieté ou de tristesse invincibles, suivant la région touchée. On le verra dans la suite.

Mais pour en finir avec ce que nous savons des effets produits par l'application de nos doigts souffles, il nous reste à faire con­naître une autre expérience qui porte non plus sur la sensibilité mais sur la motilité.

Troubles de la motilité.  Pendant que la malade était éveillée j'ai soufflé sur mes doigts, puis avec ceux-ci j'ai saisi ceux de la malade, lesquels aussitôt se sont mis à remuer comme dans l'acte de jouer du piano. Une passe, l'application de ma main faisaient disparaître ces contractures intermittentes. Je pouvais limiter ces effets à un seul doigt.

Cette expérience rappelle celle faite la veille sur la langue avec le papier souffle. La langue sortait et rentrait alternativement (Voy. p. 290).

REFLEXION SUR UNE GLACE DE LA NEURICITE PNEUMIQUE EMMAGASINÉE PRÉALABLEMENT A L'EXTREMITE DE MES DOIGTS

Jusqu'à présent nous avons vu la neuricité pneumique emmaga­sinée soit dans un objet quelconque, soit au bout même de mes doigts agir par application, c'est-à-dire par voie directe. L'expé­rience qui suit montre que la neuricité pneumique emmagasinée au bout de mes doigts peut agir par réflexion. Nous verrons ail­leurs (expérience avec le miroir) qu'elle peut agir à distance.

Effets produits par réflexion du souffle sur un miroir.  Rire provoqué.  Le 11 novembre 1880, désirant savoir si les rayons pneumiques étaient susceptibles de se réfléchir comme les rayons digitaux et oculaires et de produire par cette voie brisée les mêmes effets que lorsqu'ils sont employés par voie directe, je fis apporter un petit miroir rectangulaire ayant environ 30 centi-


mètres do long pour 25 centimètres do large. Je le plaçai perpen­diculairement, sur une table, entre la jeune fille et moi et à une certaine distance de chacun de nous. Puis je soufflai légèrement dans la direction de ce miroir de manière à ce que les rayons pneumiques pussent, en se réfléchissant sur la glace, atteindre tantôt le dos de lamain, tantot la face de la jeune fille. Dès que ces conditions étaient réalisées elle riait plus ou moins fort. Si, retournant le miroir, je faisais réfléchir le souffle sur le plan en bois qui garnissait la face opposée, j'obtenais les mêmes résultats.

La distance a laquelle j'étais du miroir, et à laquelle le miroir se trouvait de la jeune fille excluait toute possibilité d'action directe du souffle, comme aussi d'une colonne d'air qui, déplacée, se serait réfléchie sur la glace.

Effets produits par la réflexion sur le miroir du souffle emmagasine au bout de mes doigts.  Rire provoqué.  Ensuite, vou­lant donnera cette expérience toute la rigueur désirable, je soufflai prealablement sur mes doigts et j'en dirigeai les extrémités réu­nies en faisceau vers la glace, de manière a ce que les rayons que je supposais en partir pussent, en se réfléchissant sur la surface de la glace, atteindre tantôt la face, tantôt le dos de la main de lu jeune fille. Aussitôt la maladie riait.

Remarques.  Cette expérience dans les trois variantes qu'elle a subies prête a quelques remarques intéressantes.

Tout d'abord il est acquis que les rayons pneumiques partis de leur foyer naturel ou d'un agent intermédiaire dans lequel ils ont été emmagasinés (mes doigts dans le cas présent) peuvent se réfléchir sur une surface plane (glace, ou planche en bois). En second lieu il est prouvé que si le souffle a pu provoquer le rire après s'être réfléchi sur une glace, mais sans avoir été préalablement emmagasiné dans un agent intermédiaire, c'est que la glace elle-même a servi d'agent intermédiaire accumulateur. La glace sur laquelle j'avais soufflé s'est chargée de neuricité pneumique et l'a émise à son tour. Enfin il a été démontré que réellement la neuricté pneumique (le souffle neurique) peut être localisée, emmaga­sinée au bout de mes propres doigts malgré le pouvoir que ceux-ci


ont d'emettre des rayons neuriques dont l'action intrinsèque diffère comme on le sait de celle des rayons pneumiques.

EXPÉRIENCES AVEC UNE TIERCE PERSONNE SERVANT D'INTERMEDIAIRE

Après avoir étudié mes propres doigts, considérés comme agents intermédiaires chargés du mode de neuricité qu'ils ne possèdent pas eux-mêmes, nous sommes naturellement conduits à nous demander quelle pourra être l'action d'une tierce personne considérée à son tour comme agent intermédiaire.

Je n'ai pas réussi à charger de neuricité une tierce personne neutre et à la rendre capable de neuriser à son tour, en perdant tout contact avec ma personne, mais j'ai pu enfaire un conduc­teur non indifférent de la neuricité digitale et pneumique.

Je fis d'abord l'expérience avec un jeune homme ami de la famille, puis avec une des sœurs de la jeune fille.

Conductibilité neurique d'une tierce personne intermédiaire.  Je dis à la personne intermédiaire de prendre la main do ta malade dans l'une de ses mains et de me donner ensuite l'autre. Dès que celte personne se trouva ainsi en contact d'une part avec la jeune malade, et d'autre part avec moi, la main de la malade devint immobile, raide, contracture clans la main de la tierce personne. Je retirai alors ma main mise précédemment en contact avec celle de cette tierce personne et aussitôt la main engagée de la jeune fille malade redevint souple.

Je variai celte expérience; au lieu de rompre la chaîne en lâchant la main de la personne intermédiaire, je me bornai à souiller sur ses doigts que je tenais saisis, aussitôt la main con­tracturée de la malade redevint souple.

Remarques.  On voit par cette expérience que le pouvoir contracturant de la neuricité digitale et le pouvoir décontracturant de a neurité pneumique, ont pu s'exercer sur la jeune ma­lade par l'intermédiaire du corps d'une tierce personne, reconnue


comme ne possédant aucune action neurisante propre. Elle n'a été qu'un instrument, qu'un agent intermédiaire entre mes mains, un simple anneau de la chaîne momentanément influencé; en d'autres termes un simple trait d'union, une sorte de pont, ou un moyen de passage pour la force neurique entre moi et la jeune fille.

Avec l'électricité on réalise des expériences du même genre.

Mais si l'expérience dont il vient d'être question montre que le corps humain est un conducteur de la neuricité, elle nous ren­seigne très insuffisamment sur la question de savoir si le corps d'une personne intermédiaire peut être chargé de neuricité sinon dans sa totalité, au moins dans certaines de ses parties.

Inaptitude d'une tierce personne intermédiaire à emmagasiner et à émettre la force neurique qui lui est communiquée.  L'ex­périence suivante nous fournitquelqueséclaircissements a ce sujet.

J'ai projeté des rayons neuriques digitaux sur la surface nue de la main de l'une des sœurs de Mlle C... et j'ai dit à cette dernière d'y appliquer sa main. Il n'y a eu aucun phénomène d'adhérence, d'attraction, ou de contracture. Mais ayant neurisé par des radiations digitales fixes le genou de la sœur (tierce personne) qui était recouvert d'une étoffe de moyenne épaisseur, et ayant invité Mlle C.... à y poser sa main, il y eut adhérence.

Remarques.  Ainsi dans la première de ces deux expériences, si la main ne reste pas adhérente, c'est que le corps de la tierce personne n'est pas susceptible d'être chargé de neuricité ; et si l'adhérence a lieu dans la deuxième expérience, c'est que l'emmasinagede la neuricité s'est faite dans les vêtements; ceux-ci, en tous as, ont pu garder assez, de force neurique pour pouvoir neuriser à leur tour, la communication entre celle tierce per­sonne et moi ne pouvant se faire que par le sol (Voy. p. 405).

AUTRES EXPERIENCES AVEC UN MIROIR

Nous avons montré plus haut (p. 302 et 303) que des rayons pneumiques atteignant la surface d'un miroir s'y réfléchissaient


et s'y enmaganisaient, soit que ces rayons pneumiques vinssent directement de leur foyer, soit qu'ils vinssent d'un agent inter­médiaire dans lequel je les avais préalablement emmagasinés.

Nous continuerons l'exposé des autres expériences que nous avons faites avec ce miroir.

Elles s'accordent toutes pour montrer que les rayons neuriques digitaux et les rayons neuriques pneumiques peuvent être emma­gasinés dans ou sur cet objet.

Sommeil provoqué par un miroir neurisé digitalement.  Réveil par le même miroir soufflé.  Un miroir neurisé par les doigts et placé devant les yeux du sujet l'endort. Si, ensuite, ce miroir est neurisé par le souffle et s'il est de nouveau placé devant la figure du sujet il le réveille.

Rire provoqué par un miroir soufflé.  Un miroir neurisé par le souffle et placé, au contraire, devant la figure du sujet réveillé, provoque chez lui le rire.

Telles sont les trois expériences fondamentales faites avec un miroir et exposées dans toute leur simplicité.

La neurisation du miroir fut faite à l'insu et loin des yeux de lu jeune fille au début. Plus tard, ayant acquis la conviction que son imagination n'était pour rien dans la production des phénomènes signalés, nous fimes devant le sujet toutes les opérations prélimi­naires.

Durée du rire provoqué.  J'ai dit que le miroir neurisé par le souffle et présenté devant la figure de la jeune fille provoquait le rire. Ce rire durait tant que le miroir pneumo-neurisé était main­tenu devant sa figure.

Je me suis assuré dans d'autres expériences que le rire pouvait être provoqué en présentant le miroir ainsi neurisé devant d'autres parties de la section antérieure du corps.

Miroirneurisé présenté par une tierce personne.Effets nuls.  Si je faisais présenter ce miroir neurisé par une tierce per­sonne neutre il n'y avait pas d'action. Mais pour redonner a cet agent intermédiaire toute son action, qui était de faire rire la malade ou de l'endormir, suivant qu'il avait été neurisé par le


souffle ou par les rayons digitaux, il me suffisait de le toucher, ou méme de l'effleurer avec le bout de mon doigt. Mais l'action ne durait que le temps que durait le contact.

Remarque.  Entre les mains d'une tierce personne le miroir n'avait donc pas perdu son pouvoir neurisànt, il était momenta­nément neutralise.Par quelmécanisme? je ne saurais le dire (Voy. p. 842).

Réflexion sur le sol des rayons pneumiques emmagasinés dans un miroir. De même que je pouvais faire se refléchir sur le sol les rayons neuriques digitaux, oculaires ou pneumiques directs, j'ai pu faire se réfléchir sur le sol les rayons neuriques emma­gasinés dans le miroir.

Tenant en main le miroir préneurisé par le souffle, je l'incli­nais de manière à ce que la glace fût en regard du sol, et que, dans celle position, des rayions partis de cette surface polie pussent, en se réfléchissant sur le sol, atteindre la figure de la jeune fille. Dès que ces conditions étaient réalisées elle poussait des éclats de rire. J'ai cru remarquer que les éclats de rire étaient en rapport direct avec l'étendue de la surface neurisée par le souffle.

Remarques,  Dans une précédente expérience (p. 303), nous avons vu la neuricité agir sur le sujet neurisable par l'intermé­diaire à la fois de deux agents : les doigts, et un miroir. Ici nous retrouvons encore deux agents intermédiaires intervenant dans la même expérience : le miroir etle sol, l'un neurisant l'autre.

EXPÉRIENCES AVEC UN LIVRE

La lecture par la jeune fille d'un livre neurisé a été le sujet d'expériences souvent répétées. Les effets que j'obtenais était bien faits pour frapper l'imagination des témoins et exciter leur curio­sité. J'ai dû céder par conséquent plusieurs fois aux pressantes sollicitations de la famille, elle-même, de la jeune fille et refaire une expérience qui était à la fois innocente, élégante, instructive


308                            LE MAGNÉTISME ANIMAL.

et aussi, disons-le, amusante. Toutefois nous évitâmes d'abuser de ce mode d'observation.

Dans une chambre voisine de celle où ou tient ht jeune fille, accompagné de témoins je prends un livre, je l'ouvre au hasard puis je l'apporte à lire à mon sujet. Elle lit la page ouverte sans éprouver ou manifester le moindre trouble.

Neurisation de la moitié d'une page d'un livre par le souffle et de Vautre moitié par les rayons digitaux.  Effets singuliers produits par la lecture de cette page, ainsineurisée.  Je reprends ce livre et l'emporte dans la chambre voisine suivi des témoins. Là, ouvrant de nouveau le livre je choisis un passage plutôt lugubre destiné à être lu par la malade. Je neurisé ensuite celle page de deux manières différentes : je souffle sur la première moitié de la page choisie et je fais des passes transversales sur l'autre moitié. J'hyperesthésie en quelque sorte la première moitié de la page et j'anesthésie, si je puis ainsi m'exprimes la deuxième moitié. En d'autres termes j'imprègne de neuricité excitante la premiere moitié et de neuricité déprimante la deuxième moitié de la page.

Je reviens auprès de la jeune fille et lui remets le livre pour qu'elle lise la page choisie, que je lui désigne d'ailleurs. Elle com­mence la lecture, mais presque aussitôt elle ne peut s'empècher de rire et ce rire continue durant la lecture de la première moitié de la page malgré le caractère plus que sérieux du texte. Puis parvenue à la deuxième moitié elle cesse de rire, ralentit la lecture, hésite, puis laisse tomber le livre de ses mains et reste endormie avant d'avoir achevé la lecture de la page.

J'ai dû plus lard disposer un peu différemment la neurisation d'une page quelconque choisie pour la lecture afin de rendre l'expérience plus frappante et plus concluante.

Neurisation d'une page d'un livre par le souffle et les doigts suivant d'autres dispositions.  Au lieu de neuriser exactement la première moitié de la page par le souffle et la deuxième moitie par les rayons digitaux, j'ai partagé la page en quatre portions ou zones. Le premier quart n'était pas neurisé, le deuxième quart était neurisé par le souffle, le troisième quart n'était pas neurisé


et le quatrième quart était neurisé par les rayons digitaux. En lisant le premier quart elle n'éprouvait rien, puis elle com­mençait a rira et continuait ainsi jusqu'à la troisième zone. Ensuite ellecommençait à devenir très sérieuse, comme fatiguée, lisait plus lentement, hésitait et finalement s'endormait en laissant tomber te livre.

D'autres fois je mettais plus d'écart entre les zones neurisées et non neurisées, ou bien je me bornais à ne neuriser que quelques lignes, an choix des témoins. Dès qu'en lisant ses yeux se fixaient sur les parties neurisées elle éprouvait les effets que comportait le genre de neurisation.

 

                          EXPÉRIENCES AVEC UN ÉVENTAIL

 

Etant donné qu'un objet soufflé mis entre les mains et devant la figure de la jeune fille provoquait chez elle le rire et la gaieté, et queneurisé par les rayons digitaux il provoquait le calme et le sommeil, il devenait facile de varier les expériences et de leur donner une tournure à la fois originale et plaisante. Je fis avec un éventail ordinaire en bois, muni à son manche d'un long cordon en soie, des expériences analogues à celles que je venais de faire avec un livre.

Neurisation de l'éventail par le souffle.  Rire provoqué en donnant cet éventail de la main à la main.  Si l'éventail avait été neurisé parle souffle dans toutes ses parties elle ne pouvait s'en servir, quand je le lui donnais de la main à la main, sans rire aux éclats, et, s'il avait été neurisé par les rayons digitaux, sans tomber dans le sommeil.

Effets nuls en jetant l'éventail sur les genoux du sujet qui le prenait ensuite.  Rire ou sommeil provoqué dès que je louchais l'extrémité libre du cordon de l'éventail.  D'autres fois, au lieu de lui donner l'éventail préneurisé, de la main à la main, je le lui jetais, mais je n'assistais ni aux éclats de rire ni au sommeil. Il me suffisait alors de toucher l'extrémité du cordon qui pendait


du manche de cet éventail et qui pouvait présurrrau moins 30 cen­timètres de long, pour qu'aussitôt elle éclatât de rire ou s'endor­mit, suivant que l'objet avait été préneurisé par les rayons pneu­miques ou par les rayons digitaux.

Neurisation du cordon de l'éventail par zones alternativement soufflées ou digitées. J'ai dit qu'à cet éventail était appendu un cordon épais en soie d'environ 30 centimètres de long. Je neurisai ce cordon avec te souffle, depuis son extrémité libre jusqu'au manche où il était fixé, puis le long et en regard de ce cordon je fis avec ma main disposée a plat et placée transversalement, à distance, des sections fictives de manière a neuriser le cordon digitalement par zones. Si les deux sortes de neurisation avaient pu être rendues visibles on aurait aperçu successivement et alternativement une zone d'une couleur (celle du souffle) et une zone d'une autre cou­leur (celles des rayons digitaux). Cela fait, je donnai l'éventail à la jeune fille en ayant soin de laisser flotter le cordon. Je pris ce cordon d'une main (la gauche) et la jeune fille se mit a rire, puis le saisissant entre le pouce et l'index de la main droite je fis courir ces doigts tout le long du cordon jusqu'au manche;il y eut une succession d'éclats de rire et de silences qui alternaient, et qui, chacun, correspondaient à la section neurisée différemment.

EXPÉRIENCES   AVEC   UNE  FICELLE   ORDINAIRE

J'ai fait la même expérience avec une ficelle ordinaire de moyenne épaisseur.

Cette même ficelle saisie à l'une de ses extrémités par la jeune fille à qui je la faisais remettre par une tierce personne, et saisie par moi à l'autre extrémité, devenait le conducteur de la force neu­rique et la jeune fille s'endormait après avoir eu les doigts qui tenaient cette ficelle raidis, et d'autres fois atteints d'une vive dou­leur qui lui faisait lâcher l'objet.


EXPÉRIENCES AVEC UN BATON

Je me suis servi dans les mêmes conditions et avec un égal succès d'un simple baton.

J'ai aussi pu neuriser par le souffle l'une des extrémités du bâton et par les rayons digitaux l'autre extrémité, et obtenir avec chacune des extrémités des effets différents et positifs.

 

Lorsque j'eus acquis la conviction que, disposant mon corps longitudinalement en regard et parallèlement à celui de la malade, je l'endormais si j'étais placé dans le même sens et je l'hyperesthésiais ou la faisais tomber dans la crise dite du petit veau si elle était éveillée, ou je la réveillais si elle était préalablement endormie; j'eus l'idée que ces effets devaient être le résultai d'une influence exercée par des courants neuriques parcourant mon corps sur des courants neuriques parcourant de même le corps de la jeune malade. Je tentai d'en donner une démonstration en rapprochant ces effets de ceux des passes (Voy. p. 233 et suiv.).  '

Mais si j'étais en droit de penser ou mieux de supposer que réellement le corps humain était parcouru par des courants et que les courants de deux corps humains mis en présence pou­vaient, par une influence réciproque ou plutôt prépondérante de ceux d'un des corps sur ceux de l'autre, produire chez ce dernier certaines modifications de la sensibilité et de la motilité, je n'avais aucune raison valable pour penser que ces courants avaient telle direction plutôt que telle autre.

Sens de la direction d'un courant communiqué dans un objet de forme allongée.  Me rappelant un jour que les objets de forme


allongée, des tiges, une ficelle, etc., tenus dans une main par une de leurs extrémités transmettaient la force neurique qui était en moi, je fus conduit tout naturellement a penser que cette force, en se propageant ainsi dans ce corps do l'extrémité saisie a l'extré­mité libre y formait un courant dont le sens no pouvait être douteux.

EXPERIENCESAVEC DIVERSES  TIGES

EXPERIENCE AVEC  UNE  CANNE EN BAMBOU,  UNE RÈGLE, UN   MANCHE A BALAI

Le 12 janvier 1881 je me présentai chez la malade muni d'une canne en bambou.

Expériences la malade étant debout. Sommeil et réveilprovoqués suivant la direction de la tige saisie par une de ses extré­mités.  Je saisis cette lige par l'une de ses extrémités et la posai verticalement devant la malade en regard de son tronc de manière à ce que ma main placée à la hauteur de sa figure tint suspendue cette tige dont l'extrémité libre regardait le sol. Je me tenais à l'écart le plus que je pouvais. La distance entre la tige etle sujet était d'environ vingt à vingt-cinq centimètres. La jeune fille s'en­dormit après quelques secondes.

Ce sommeil neurique ayant été bien et dament constaté je retournai la tige dans l'autre sens de manière ace que son extré­mité libre dirigé vers le plafond fût en regard de la figure de la jeune tille. Elle se réveilla presque aussitôt après avoir éprouvé une légère secousse.

Je remis la lige dans la première position, elle s'endormit, je la plaçai dans ta deuxième position, clic se réveilla.

Avec une petite règle carrée j'obtins les mêmes résultats.

De même avec un long manche à balai et à la distance de trois à quatre mètres. Quand je me servais du manche à balai je le posais


perpendiculairement sur le sol, en regard de la malade debout et comme toujours prête a être soutenue, ou pouvant tomber sur un divan de manière a éviter tonte blessure. Je commençai par placer ma main à l'extrémité supérieure de cette barre, et la malade ne tarda pas a s'endormir. Puis faisant glisser ma main à son extré­mité inférieure (reposant sur lesol) la malade se réveilla bientôt.

Si au lieu de saisir tout d'abord la lige, quelle qu'elle fût, pat-son extrémité supérieure je la saisissais par son extrémité infé­rieure de manière a ce que son extrémité libre regardai le plafond ; la malade ressentait un malaise, un endolorissement général, et si je persistais elle tombait en crise hyperesthésique.

Expériences la malade étant couchée.  Pour plus de commo­dité j'ai fait les mêmes expériences la malade étant couchée. Je n'avais qu'à diriger l'extrémité libre de la tige tantôt vers la tôle tantôt vers les pieds pour obtenir dans le premier cas l'hyperes­thésie ou le réveil et dans le second cas le sommeil.

Jusqu'à présent il n'a été question que des effets obtenus en agissant sur l'ensemble du corps, et il est bon de dire que les résultais étaient positifs, que l'expérience fût faite en regard de la face antérieure ou du dos de la malade.

Ensuite nous avons voulu agir sur les diverses régions.

EXPERIENCESAVEC UNE TIGE INFLUENÇANT DIVERSESRÉGIONS CIRCONSCRITES DU CORPS

Région frontale.  Prenant une simple règle ou un crayon nous l'avons placé en regard du front et parallèlement à l'axe du corps. Si la tige était tenue par l'extrémité inférieure la région frontale perdait d'abord sa sensibilité, puis le sommeil survenait plus ou moins profond. Si la lige était alors saisie par l'extrémité supé­rieure la malade se réveillait.

Si la malade étant éveillée je maintenais la tige dans cette deuxième position devant le front, je provoquais de l'hyperes­thésie frontale.


Région occipitale.  Opérant en regard do la région occipitale j'obtenais des effets analogues.

EFFETS PRODUITS  AVEC UNE TIGE TENUE PAR LE MILIEU DE SA LONGUEUR

Lorsque, tenant la règle par le milieu de sa longueur, entre le pouce et l'index, je la présentais devant le front de la jeune fille elle s'endormait si je présentais la moitié supérieure en regard de cette région, et se réveillait si je présentais la moitié inférieure.

Cette dernière expérience montre qu'il s'était fait dans fa tige un double courant partant chacun des doigts qui la tenaient et se dirigeant vers l'extrémité correspondante.

Dans les autres expériences le courant partait de l'extrémité saisie par les doigts et se dirigeait vers l'autre extrémité. Cela résulte clairement dos faits précédents.

RÈGLES OU LOIS DÉDUITES DES EXPERIENCESPRÉCÉDENTES

Ces diverses expériences que nous avons variées et multipliées, et que nous avons eu soin d'ailleurs de répéter à l'égard des diverses régions du corps, nous ont démontré qu'un courant des­cendant, en regard d'une région à nerfs descendants y produisait l'anesthésie et provoquait ensuite le sommeil, et, en regard d'une région à nerfs ascendants y produisait l'hyperesthésie et pouvait provoquer une crise d'hyperesthèsie, ou bien le réveil si la malade avait été préalablement endormie. Elles nous ont démontré aussi que l'exception signalée pour les faces postérieures des membres conservait la valeur que nous lui avons reconnue : qu'un courant ascendant y provoquait l'anesthésie et un courant descendant l'hyperesthésie, etc.

Si nous rapprochons les effets produits au moyen de liges placées dans une certaine direction et parcourues par un courant


neurique, de ceux produits avec la main (Voy. p. 132 et suiv.) placée dans une certaine direction aussi, nous sommes amenés a penser que la face externe du bras neurisateur est parcourue par un courant descendant (allant de l'épaule aux doigts) et la face postèro-interne par un courant ascendant (allant des doigts à l'épaule).

Mais en résulte-t-il que les courants qui évidemment existent aussi dans le corps du sujet neurisable, aient la même direction? Aucune expérience, jusqu'à ce jour, ne nous permet de l'affirmer. Nous serions plutôt enclins à penser que les courants ont subi chez lui un changement de direction ou soit une inversion. Toutefois il semble démontré que quelle que soit chez lui à l'état de veille la direction des courants naturels, cette direction doit changer dans le deuxième degré du sommeil (Voy. p. 373).

Reprenons maintenant la suite de nos expériences.

Nous avons démontré ou cru démontrer jusqu'à présent que le courant d'une tige neurisée mis en regard parallèlement d'un grand courant ou d'un courant partiel du corps du sujet neurisable déterminait chez celui-ci des effets en rapport avec la direction de l'un et de l'autre courant.

D'autre part nous savons déjà que des passes descendantes ou ascendantes produisaient les mêmes effets que des passes parallèles déscendantes ou ascendantes.

Les expériences suivantes, tout en corroborant d'une manière frappante les résultats généraux acquis par les précédentes expé­riences avec diverses tjges, montreront de nouveau que des courants obliques descendants auront la même valeur que les courants directement descendants et des courants obliques ascen­dants la même valeur que les courants directement ascendants (Voy. p. 51).


EXPÉRIENCEAVEC UNE FICELLE ENROULEE

AUTOUR DU CORPS DU SUJET

J'enroule une longue ficelle autour du corps de la jeune fille, par-dessus ses vêtements, de manière à figurer une spirale. Je saisis ensuite entre le pouce et l'index le bout supérieur : ta jeune fille s'endort. Je saisis le bout inférieur, elle se réveille.

Je saisis en même temps les bouts supérieur et inférieur, clic reste éveillée sans éprouver aucune sensation particulière. Cela prouve que la force neurique qui se dégage de chaque bras est égale et que l'une neutralise les effets de l'autre.

Je saisis tout d'abord le bout inférieur : la jeune fille ne larde pas à accuser de la douleur tout le long du corps, Si je persiste à tenir saisi le bout inférieur de la ficelle, elle tombe dans la crise du petit veau. Je fais cesser celle crise en touchant le bout supé­rieur. Elle passe ainsi dans l'attaque anesthésique ou sommeil neurique. Il suffit pour la réveiller de loucher le bout inférieur.

EXPÉRIENCEAVEC UNE FICELLE ENROULEE

AUTOUR D'UN BRAS

Si au lieu d'enrouler la ficelle autour du corps je l'enroule au­tour d'un bras et si je touche alors le bout inférieur le bras devient bientôt douloureux le long de sa face antero-externe seulement, puis si je saisis l'autre bout, ou bout supérieur, celte hyperes­thésie cesse aussitôt.

EXPERIENCE AVEC UNE FICELLETENUE SUSPENDUE A LA MAIN

J'ai pu déterminer le sommeil neurique en tenant un morceau de ficelle suspendu verticalement devant le sujet ou en regard de son


dos, et j'ai pu le réveiller en jetant sur ses genoux ce morceau de ficelle tenu à son extrémité inférieure.

EXPERIENCEAVEC UN FIL DE FERENROULE EN FORME DE RESSORT EN BOUDIN

Je pris un fil de fer de moyenne grosseur et l'ayant enroulé autour d'un manche a balai, j'obtins une sorte de ressort en boudin avec un écart de 0,005 environ entre chaque tour de spire (Voy. fig. 62).

Ce ressort en boudin était long de 0,15 et son diamètre était de 0,04. La longueur du fil était d'environ 1,30.

Tenu par une de ces extrémités et placé en regard de la section antérieure du thorax ou de la face de ta jeune fille, il provoquait le sommeil s'il était dirigé en bas par son extrémité libre, et réveil­lait s'il était dirigé en haut. Cette double action avait lieu aussi bien de près qu'à la distance de 3 a 4 mètres.

Dirigé en bas le long de la face postéro-interne d'un bras il réveillait le sujet endormi.

J'ai cru remarquer que ce ressort en boudin avait a distance égale une plus grande action que le manche à balai.

EXPÉRIENCE AVEC UNRESSORT EN BOUDIN PLUS PETIT

J'ai aussi employé un ressort en boudin plus petit, fait avec un fil de fer lin, long de 0,09 et large de 0,012.Il agissait moins rapidement que le gros ressort en boudin.

EXPÉRIENCE  AVEC   UNE   BOBINE  D'UN   APPAREIL ELECTRO-MEDICAL

J'ai eu l'idée d'employer une bobine de l'appareil à induction de Gaiffe et Tripier.


Lorsque je tenais cette bobine par l'un de ses bouts les doigts

Fie. 03. Grand ressorten boudin (Hypnoscope-Ressort).

sur le bois il y avait une action moins rapide que lorsque je la tenais par le bout métallique du fil enfoncé dans l'un des trous


de l'extrémité par lequel ce fil communique avec le fil de la bobine.

EXPERIENCE AVEC LE GROS RESSORT EN BOUDIN PASSÉ AUTOUR DU DOIGT DU SUJET

Tenant le gros ressort en boudin par l'une de ses extrémités je priai la jeune fille d'introduire un doigt dans l'intérieur, à l'autre extrémité; ce qu'elle fit. Quelques secondes après elle accusa dans ce doigt une sensation de chaleur telle qu'elle dut le retirer.

Cette action du ressort en boudin sur le doigt qu'il enveloppait en quelque sorte m'avait beaucoup Frappé, mais je n'eus pas l'idée de l'utiliser pour la recherche de la réceptivité neurique.

L'hypnoscope de M. Julian Ochorowicz répond au but que je n'avais pas songé à poursuivre alors avec le ressort en boudin. Mais il y répond d'autant mieux qu'il est à la portée de tout le monde, ce qui n'a pas lieu pour la force neurique quel que soit le degré de renforcement que puisse lui communiquer le ressort métallique en boudin.

Nous croyons donc utile de donner ici quelques renseignements sur l'hypnoscope de M. J. Ochorowicz (Voy. fig. 63).

HYPNOSCOPE DE M.J. OCHOROWICZ (1)

Définition.  L'hypnoscope est un petit tube en acier aimanté présentant une solution de continuité longitudinale.

Description.  Sa forme résulte de l'enroulement d'une plaque d'acier dont les bords ne se rejoindraient pas. Elle rappelle celle de l'électro-aimant Joule, avec celle différence que les lignes de

1. Note surun critère do la sensibilité hypnotique; l'hypnoscope; une nouvelle méthode de diagnostic, par M. J. Ochorowicz (Comptes rendusde la Soc. debiologie, séance du 17 mai 1884).


force sont dirigées on dedans et non en dehors du tube aimanté.

Les bords sont donc les pèles de l'aimant.

Les dimensions de cet instrumentsont les suivantes : la longueur est de 5 a 6 centimètres et le diamètre de 3 à 4 centimètres.

Le poids est de 1G9 grammes.

La forceen est telle qu'il porte vingt fois son poids.

Fig. 63.  Hypnoscope d'Ochorowicz. A. Cylindre aimante ouvert longitudialement.  B. Armature d'acier.

A l'état de repos, une petite plaque d'acier rejoint les deux bords ou pôles (Voy. fig. 63).

Ses propriétés.  L'hypnoscope, ainsi que l'indique son nom, est destiné à déceler la sensibilité hypnotique.

M. J. Ochorowicz entend par sensibilité hypnotique, une apltitude nerveuse spéciale qui n'est pas la nervosité et qui surtout n'est pas synonyme de sommeil nerveux avec porte de souvenir.

Ainsi d'après M. J. Ochorowicz le sommeil nerveux n'est pos­sible que chez 15 personnes sur 100, et le sommeil incomplet


accompagné d'autres phénomènes hypnotiques se retrouve chez 5 autres sur 100.

Donc pour M. J. Ochorowicz la sensibilité hypnotique n'implique pas forcément l'idée d'un sommeil complet ou incomplet, elle s'applique à des phénomènes nerveux d'un ordre particulier et divers.

« Toutes les personnes sensibles a l'aimant sont hypnotisantes», dit M. J. Ochorowicz. Le terme aimant est ici synonyme d'hypnoscope.

Mode d'emploi.On introduit l'index de la personne soumise à l'épreuve dans le tube de l'hypnoscope de manière à toucher les deux pôles à la fois, et après deux minutes on le retire, en exami­nant les modifications qui ont pu se produire dans le doigt.

Dans les applications que j'ai faites de l'hypnoscope je me suis borné ale passer autour du doigt de la personne soumise à l'épreuve sans exiger une position particulière de ce doigt. De plus j'ai toujours laissé l'instrument en place au delà de cinq minutes.

Effets produits.  Les effets produits par celle application ont lieu dans le doigt et sur d'autres points du corps. Les modifications produites sont de deux sortes, les unes subjectives et les autres objectives.

« Les premières consistent en sensations subjectives dont voici les principales : un souffle froid ou chaud, fourmillement et pico­tement, sensation de gonflement dans la peau, d'engourdissement dans les muscles, de douleurs de différentes nuances, de lourdeur dans le doigt et dans le bras entier, (1) etc. »

« Les modifications objectives appartiennent à l'une des trois catégories suivantes :

« a. Mouvements involontaires, trépidation irrésistible dans l'index ou dans la main entière ;

« b. Insensibilité plus ou moins prononcée, analgésie, anes-

1. Tour les détails do ces sensations voyez la Revue scientifique du 3 mai 1884, 3* série, 4* année, t. XXXIII;Essai sur le sens du toucher et le sens du magnétisme, par M. Julian Ochorowicz.


thésic surtout au bout du doigt, quelquefois dans tout le bras;

« c. Paralysie et contracture plus ou moins manifeste jusqu'à rigidité complète, rigidité élastique (« doigt a ressort » de Nélaton).

« Les phénomènes provoqués, ajoute l'auteur, disparaissent au bout de quelques minutes sous l'influence d'un massage léger; sans cela ils peuvent durer plusieurs minutes et même plusieurs heures. »

Au point de vue des modifications éloignées, c'est-à-dire autres que celles localisées au doigt elles sont variables. L'auteur en indique quelques-unes. Nous avons eu pour notre part l'occasion d'en noter quelques-unes parmi lesquelles certaines nous ont fourni la démonstration que l'hypnoscope n'était pas seulement un instru­ment de diagnostic, mais qu'il pouvait encore servir de moyen thérapeutique dans certains cas.

Un autre appareil qui reste à construire c'est le neurodynamoscopeau moyen duquel on pourrait mesurer et connaître l'intensité de la force neurique de chacun.

Il y aurait encore d'autres appareils à construire pour concentrer et multiplier la force neurique (1).

la baquet de Mesmer.  Appareils à construire,  Mesmer, allant de déduction en déduction, et n'obéissant, ainsi que j'aime à le croire pour sa mémoire, qu'aux impulsions d'une logique qui s'imposait & son esprit, finit par construire un baquet, le trop fameux baquet. Cet instrument, sorte de condensateur et de mul­tiplicateur de l'action du magnétisme, a ce qu'il me semble, a été l'argument tangible, matériel, par lequel on n'a cessé de l'accabler de tous les sarcasmes que suggère l'incrédulité et l'horreur du nouveau (le misonéisme selon l'expression du professeur Lom­broso) et enfin l'envie, passion funeste née d'un orgueil démesuré et non justifié.

J'ai eu la pensée moi-même, je l'avoue, de construire quelque

1. M. Martin Ziegler semble être parvenu a cet important résultat, ainsi qu'on pourra s'en convaincre par la lecture do fragments do ses lettres rapportés aux pages 112 et suivantes.


appareil condensateur et multiplicateur, mais la préoccupation dominante de rédiger les notes que j'avais recueillies m'en a empêché jusqu'à ce jour.

Il s'agissait de faire unappareil, sorte do cage cylindrique ouverte à ses deux extrémités, formée de fils métalliques en spire le long desquels on ferait passer un courant neurique tantôt descendant et tantôt ascendant, en louchant tantôt un bouton et tantôt un autre. Le sujet en expérience où en traitement serait placé dans cette cage.

Un autre appareil consisterait à disposer autour d'une roue une série d'aimants puissants. On ferait ensuite tourner cette roue en face d'un sujet ou d'une région choisie d'un sujet en expérience ou en traitement, tantôt dans un sens et tantôt dans un autre.

Ces deux appareils reposeraient sur le principe des courants les uns naturels émanant du corps humain, et les autres représentées par les passes que feraient les aimants.

On pourrait aussi diposer la cage de manière à faire passer des courants électriques plus ou moins intenses dans les fils et à tenter de remplacer la neuricitepar l'électricité.

Dans le cas où on ne jugerait pas à propos d'agir sur tout le pourtour du corps, lé sujet pourrait être placé en dehors de la cage. Ou bien on pourraitsecontenter d'un grand ressort à boudin, ou encore d'une bande de fils métalliques parallèles, plus ou moins nombreux. En touchant tantôt l'une et tantôt l'autre extrémité du fil unique, ou du fil dans lequel viendraient se confondre les autres, on pourrait avoir tantôt descourants ascendants ou obliquesascendants et tantôt des courants descendants ou obliques descendants.

il pourrait en résulter qu'en touchant l'une ou l'autre des extré­mités du fil (commodément disposées à la portée de l'opérateur), on endormit ou réveillât le sujet neurisable placé en regard et plus ou moins loin de l'appareil, et qu'en général on détermi­nât chez lui les modifications fonctionnelles sensitives et mo­trices que nous avons vu avoir lieu par l'emploi de la force neu­rique sans l'intermédiaire d'aucun appareil. L'opérateur pourrait ne pas être unique. Si l'on imagine plu-


sieurs opérateurs doués de la faculté de neuriser et se servant du même appareil, on pourrait doubler, tripler, quadrupler la puis­sance des courants.

Je m'arrête, car j'en arriverai peut-être moi-même au fameux baquet.

On remarquera que j'ai négligé de parler de liges qui se déta­cheraient de ces appareils ou qu'on pourrait y adapter et dont l'extrémité libre pourrait être dirigée vers telle ou telle région du corps pour l'influencer.

RÉSUME   DES  PRINCIPALES  MODIFICATIONS   FONCTIONNELLES PRODUITES   PAU L'EMPLOI DE LA NEURISATION MÉDIATE

I.La neurisation médiate est un mode particulier de neurisa­tion qui se pratique au moyen d'objets, de substances ou de corps qui ayant le pouvoir d'emmagasiner (pour un temps variable) la neuricité quelle qu'en soit la source, acquièrent, en vertu de leur conductibilité et de leur pouvoir émissif, les propriétés de la va­riété dela neuricité qui est intervenue et memequelques propriétés particulières, mais seulement entre les mains ou par l'intermé­diaire du sujet de qui émanent les rayons.

II.   Les agents intermédiaires sont liquides ou solides, et tres
divers.

III. Ils sont neurisés tantôt par les doigts, tantôt par les yeux
(rarement), tantôt par le souffle.

IV.Les agents intermédiaires ainsi préneurisésacquièrent les propriétés déjà connues des divers genres de neuricité qui les ont influencés.

V. De plus, si l'agent intermédiaire est doué d'une odeur ou
d'une saveur, celte odeur et celle saveur seront abolies, pour le
sujetneurisé, par les radiations digitales fixes, et exaltées par les
radiations pneumiques fixes.

VI.         Une autre propriété bien remarquable que peuvent acquérir les agents intermédiaires préneurisés est la suivante : préneu-


risés par le souffle et employés en contact ou à distance les agents servant d'intermédiaire acquièrent, dans certaines conditions la propriété d'égayer.

VIl. Les agents intermédiaires de l'orme allongée (lige rigide, ficelle, etc.), preneurisés ou non, et tenus entre les doigts par l'une ou l'autre extrémité deviennent le siège d'un courant neurique et peuvent agir par le moyen de ce courant artificiel, et l'action de ce courant, dont la direction a lieu du point de contact manuel à l'extrémité ou aux extrémités libres, obéit aux mêmes lois que l'action des courants neuriques du corps humain.

VIII.   Avec les agents intermédiaires le plus souvent preneu­
risés, d'autres fois non preneurisés, mais alimentés en quelque
sorte par une des sources de la neuricité on peut donc neuriser par
contact, à distance, par rayonnement fixe ou mobile, on enfin par
une sorte d'induction.

IX. Tout corps, tout objet ou toute substance preneurisés ou
non preneurisés et servant d'intermédiaire pour la neurisation
doivent, pour agir, se trouver en communication avec le corps
du sujet neurisateur ou tout au moins ne pas passer par les mains
d'une tierce personne non susceptible de neuriser.

X.         Les agents intermédiaires preneurisés constituent des sortes d'accumulateurs ou de condensateurs de la force neurique.

XI.      Un même agent intermédiaire peut être neurisé en deux points quelconques de son étendue, de deux manières directement opposées.

 

XII.         La neuricité qu'elle soit anesthésiante ou hyperesthé­siante peut donc être localisée dans des agents servant d'intermé­diaire; et cette localisation peut y subir toutes les formes possibles.

XIII.      La neuricité ne peut pas être emmagasinée dans le corps même d'une tierce personne neutre, de manière à ce que celle-ci puisse l'emettre ensuite.

XIV.    Par contre, j'ai pu accumuler et localiser la neuricité pneumique au bout de mes doigts et me servir ainsi de ces parties ducorpscommed'agentsintermédiairesdouésdugenredepropriété qui dépendait du genre de neuricité qui y avait été emmagasinée.


XV.  - D'autre part il est certain que le corps d'une tierce per­sonne neutre est un excellent conducteur de la force neurique,

XVI. Un carré de papier, un boulon de porcelaine soufflés, de même que l'extrémité de mes doigts préalablement souillés, mis en contact avec un point du corps du sujet neurisable, provoquent tantôt le rire et la gaieté et tantôt la tristesse. Ces agents intermé­diaires ainsi influencés par le souffle provoquent le rire lorsqu'ils touchent un point de la section antérieure du corps, et la tristesse lorsqu'ils sont mis en contact avec un point desa section postérieure.

II. - EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION

DANS L'ÉTAT DE VEILLE

AVEC ANESTHESIE OU HYPERESTHESIE PRÉALABLE

PROVOQUÉE OU SPONTANEE CHEZ LE SUJET (1)

Dès le début de ce travail nous avons eu soin de faire remarquer (Voy. p. 2) que dans les intervalles des accès nerveux spéciaux auxquels la jeune malade était sujette, la sensibilité cutanée n'était nulle part diminuée ou abolie, du moins d'une manière appré­ciable.

Nous avons montré dans la suite que, dans l'intervalle de ces accès, la sensibilité générale et spéciale pouvaient être modifiées par la neurisation, que, notamment, nous pouvions anesthésier ou hyperesthésier les téguments sur des régions diverses et plus ou moins étendues du corps, abolir ou exalter tel ou tel sens, sans produire pour cela soit l'attaque anesthésique (sommeil neurique) soit l'attaque hyperesthésique (crise du petit veau).

Comme dans ces conditions d'anesthésie, ou d'hyperesthésie préalables, mais surtout d'anesthésie préalable une nouvelle neuri­sation (si toutefois l'anesthésie préalable avait été provoquée) faite soit directement sur les régions préneurisées, soit dans d'autres régions, pouvaitdonner lieu a des réactions particulières, incapables d'etre produites, ou différentesdecellesqui se produisaient, lorsque

1. Voy. p. 89.


la sensibilité était intacte, nous avons dû nous occuper tout d'a­bord (Voy. p. 59) des effets produits par la neurisation dans l'état de veille sans anesthésie ou hyperesthésie préalable provoquée ou spontanée chez le sujet. Nous devons maintenant aborder l'é­tude de ces effets produits dans l'êtat de veille mais avec anesthésie ou hyperesthésie préalable chez le sujet.

Ce sera la transition naturelle entre l'étude des phénomènes étu­diés dans l'état de veille et ceux observés dans Tétai de sommeil neurique.

Toute anesthésie, quelque circonscrite qu'elle soit, et intéressant soit les nerfs de la sensibilité générale soit les nerfs de la sensibi­lité spéciale, équivaut a une sorte de sommeil neurique partiel périphérique, abstraction faite des modifications correspondantes produites dans les centres nerveux.

Nous verrons, d'ailleurs, que les effets produits dans l'ètat de veille avec prèanesthèsie, par exemple, correspondent exactement à ceux provoqués dans ta phase du sommeil neurique la plus voisine de l'ètat de veille ou soit dam le premier degré du sommeil neurique,

Cette partie de notre travail sera donc comme une introduction à l'élude des phénomènes observés et provoqués dans le premier degré du sommeil neurique.

Il en ressortira tout d'abord et d'une manière générale que le sommeil neurique est l'indice de l'extension et de la généralisa­tion plus ou moins parfaite de l'anesthésie dans les centres ner­veux, et que s'il nous était donné de connaître la nature intime ou plutôt le mécanisme intime de la production de l'anesthésie cuta­née sensitive et sensorielle, nous connaîtrions le mécanisme intime du sommeil neurique, tant il est vrai que les centres ner­veux sont les appareils enregistreurs, condensateurs et reproduc­teurs ou réflecteurs des impressions recueillies et transmises par les nerfs de sensibilité générale et spéciale.

Que le sommeil neurique survienne après une anesthésiation partielle limitée de la périphérie ou après une anesthésiation plus étendue, toujours il s'accompagne d'une anesthésie générale


périphérique, et plus le sommeil neurique est profond et plus l'a­nesthésie périphérique est profonde.

On sérail donc en droit de dire que le sommeil neurique vrai ou sommeil neurique central a son correspondant et son premier degré, ou prélude, dans le sommeil périphérique lequel consiste dans l'anesthésie plus ou moins étendue des nerfs de sensibilité générale et spéciale.

Il semble que, au fur et à mesure que l'on ferme la porte ou mieux les portes aux impressions extérieures (par l'anesthésiation périphérique), le sommeil (ou ce qui lui équivaut, l'anesthésie) s'étend dans les centres.  Cette proposition pourrait d'ailleurs être retournée.

Puis, quand les portes sont fermées, le sommeil est caractérisé. Puis encore si les portes, qu'on ne permette la comparaison, sont doublées, triplées, quadruplées d'épaisseur, ou, en d'autres termes si l'anesthésie périphérique généralisée devient do plus en plus intense, le sommeil devient de plus en plus profond.

Le même genre de raisonnement est applicable aux phénomènes locaux et généraux périphériques et centraux provoqués par l'hy­peresthésiation, en tenant compte toutefois du caractère spécial de ces phénomènes.

Ces considérations préliminaires étaient nécessaires pour mieux faire comprendre les faits que nous aurons à exposer maintenant, môme très succinctement.

EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION  DANS

L'ÉTAT DE VEILLE

AVEC ANESTHÉSIE  PRÉALABLE

Si les manœuvres de neurisation qui ont pour premier effet l'anesthésie périphérique plus ou moins étendue sont continuées, elles peuvent, avant de provoquer l'effet ultime qui est le sommeil ou l'anesthésie dans les centres, déterminer une série d'effets in-


lermédiaires qui sont l'hyperesthésie, des modifications de la motilité telles que la contraction musculaire en général et en particulier la contraction des muscles de l'expression faciale, la con­tracture, la catalepsie, l'attraction et la répulsion, et enfin des manifestations de la gaieté et de la tristesse.

MODIFICATION   DE LA SENSIBILITÉ HYPERESTHÉSIE

L'hyperesthésie produite par la neurisation présente quelques caractères particuliers, suivant le mode de neurisation. Mais on peut dire qu'elle a pour caractère presque constant de succéder à de l'anesthésie plus ou moins accusée et plus ou moins durable. L'hyperesthésie pneumique, elle-même, ne semble pas échapper à cette règle.

HYPERESTHESIE PROVOQUEE PAR LES RADIATIONS

DIGITALES ET OCCULAIRES FIXES

Les radiations digitales et oculaires produisent d'abord de l'anesthésie puis de l'hyperesthésie. Cette hyperesthésie est passa­gère; car si les radiations continuent elle est remplacée par la contraction ou la contracture musculaire. La persistance des radiations neuriques l'exagère seule, le sujet la perçoit spontané­ment, durant les radiations et pendant un temps très court après la cessation de la neurisation. Mais l'exploration directe par le neurisateur ne fait découvrir que de l'anesthésie aux points inté­ressés. Nous avons appelé celle hyperesthésie subjective pour bien indiquer qu'elle était surtout perçue par le sujet neurisé (Voyez p. 86, 87 et 224).


HYPÉRESTHÉSIE PROVOQUÉE PAR DES APPLICATIONS DIGITALES RÉPÉTÉS

Les applications digitales répétées alternativement sur deux points homologues du corps du sujet neurisable déterminent d'abord de l'anesthésie, puis de l'hyperesthésie directement et par transfert sur ces deux points. Si on continue les applications, elle s'exagère et sa durée n'est limitée que par le développement d'une attaque hyperesthésique ou du petit veau. Si on cesse les applica­tions, la malade continue encore a en souffrir spontanément durant un temps variable. Les radiations pneumiques, nous l'avons déjà dit, peuventlafaire disparaître, bien loin de l'exaspérer(Voy.p.253).

L'hyperesthésie peut encore se montrer à la suite d'applications digitales sur le trajet de troncs nerveux importants, ou au point d'émergence de certains nerfs. Dans ces cas nous n'avons pas recherché si l'anesthésie avait précédé l'hyperesthésie.

Nous avons appelé cette hyperesthésie effective par opposition a la suivante.

HYPERESTHÉSIE PROVOQUÉE PAR LES RADIATIONS PNEUMIQUES

L'hyperesthésie provoquée par le souffle fixe nous avait paru tout d'abord être toujours primitive ; mais nous avons reconnu plus tard, dans un certain nombre de constatations, que cette hyperesthésie était précédée par un léger degré d'anesthésie, de courte durée d'ailleurs.

Celte hyperesthésie est dite latente parce que le sujet n'en souffre plus après la cessation du souffle. Elle n'est réveillée en­suite que par les mouvements imprimés à la région intéressée ou par des radiations digitales, oculaires ou pneumiques. Elle est an­nulée par l'application dela paume de la matn(Voy. p. 225).


HYPERESTHESIE PROVOQUÉE PAR DBS PASSES CENTRIPETES

Lespasses oculaires ou pneumiques faites dans le sens contraire a la distribution des nerfs provoquent une hyperesthésie réelle. Nous n'avons fait aucune recherche pour savoir si cette hyperes­thésie était précédée d'anesthésie.

HYPERESTHESIE PAR ACTION RÉFLEXE SIMPLE OU CROISEE (TRANSFERT)

Cette hyperesthésie a pour prélude l'anesthésie, soit que l'anes­thésie ait été provoquée par des radiations digitales, par des passes centrifuges, ou même par des radiations pneumiques lesquelles nous ont paru parfois, en effet, provoquer tout d'abord l'anesthésie de la région intéressée.

ACTION DES MÉTAUX

J'anesthésie au moyen d'une passe centrifuge la face dorsale de l'avant-bras de la malade. Ensuite je prends successivement une rondelle de cuivre, de zinc, de fer, et je fais glisser chacune de ces rondelles sur la peau, le long de la surface dela peau anesthésiée. Je ne constate pas de retour a la sensibilité.

Je me sers ensuite d'une pièce de 20 francs et la sensibilité revient instantanément : je fais la même expérience avec une pièce d'argent de 2 francs et le résultat est le môme.

MODIFICATIONS DE  LA MOTILITÉ

Je n'ai jamais pu obtenir aucune modification de la motilité sans anesthésiation préalable de la région intéressée. Ces modifi-


cations do la motilité sont étroitement liées à l'anesthésie, en ce sens que cette anesthésie est la condition sine qua non de leur production. L'anesthésie peut ne pas être suivie de modifications de la motilité, mais celles-ci sont toujours précédées et accompa­gnées d'anesthésie dans la région où elles ont lieu. Aussi peut-on résoudre la contraction, la contracture ou l'état cataleptique des muscles neurisés sans faire disparaitre l'anesthésie correspondante, mais on ne peut pas supprimer l'anesthésie sans déterminer en même temps la résolution musculaire, s'il y a lieu.

CONTRACTION MUSCULAIRE

Nous donnons ce nom au raccourcissement fonctionnel passager du muscle.

CONTRACTURE MUSCULAIRE

Ce terme est réservé au raccourcissement fonctionnel durable. Nous l'appelons quelquefois lélanisation, étal lelanique.

CATALEPSIE

Nous appelons ainsi cet état des muscles qui permet de donner et de faire garder au corps ou aux membres la position tout d'abord imprimée.

Durant la manœuvre de la neurisation qui peut déterminer la contraction plus ou moins durable des muscles intéressés, le temps qui s'écoule entre l'anesthésie et la contraction musculaire est souvent très court, a tel point que si on n'explorait pas la sensi­bilité des téguments influencés on ne croirait pas qu'elle ail pu être abolie.

La même manœuvre qui anesthésie peut déterminer la contrac­tion musculaire. Ce n'est qu'une question de temps et ce temps peut être très court.


La même manœuvre qui détermine la contraction peut-elle déterminer la contracture et la catalepsie?

MANIÈRE DE PROVOQUER LA CONTRACTION

Les contractions passagères et intermittentes ont été obtenues soit par des passes anesthésiantes, soit par influence simple ou par induction, soit par des applicationsd'agents intermédiaires neu-risés.

MANIERE dE provoquer LAcontracture

Les contractures ont été obtenues par des radiations digitales ou oculaires fixes, des passes anesthésiantes et par influence.

MANIÈRE DE PROVOQUER LA CATALEPSIE

Quant à la catalepsie nous ne sommes pas bien fixé sur le méca­nisme de sa production dans l'étal de veille. L'anesthésie préalable est évidemment nécessaire. Nous obtenions habituellement et l'anesthésie et la catalepsie ala suite en faisant glisser doucement nos doigts sur l'extrémité de la main du sujet qu'ils saisissaient tout en la soulevant pour se rendre compte si le bras retomberait ou resterait dans la position occupée par lui à ce moment. Or, le bras ne retombait pas et restait précisément dans la position dans laquelle je l'avais laissé en éloignant mes doigts et abandonnant le bras à son propre poids.

Je me suis assuré que, dans celle manœuvre, pour que la cataleptisation des muscles du bras eût lieu, il fallait qu'ait moins l'extrémité d'un doigt fût anesthésie préalablement. C'est ce qui arrivait lorsque tout en soulevant le bras du sujet dont j'avais saisi l'extrémité des doigts entre ceux de ma mm je faisais glisser mes doigts le long de ceux du sujet.


Ce glissement de mes doigts équivalait a une passe anesthésiante. Cela est si vrai que d'autres fois, lorsque je me bornais à soulever le bras en saisissant l'extrémité de sa main avec mes doigts et que je retirais ceux-ci sans les faire glisser sur les doigts du sujet, le bras de celui-ci retombait ou bien se trouvait complètement soumis à la volonté de la malade comme dans l'état normal.

Mais si alors j'avais soin de l'anesthésier par des passes digitales et de le soulever de nouveau comme précédemment, il entrait en catalepsie et gardait toutes les positions que je lui donnais.

Il nous a semblé que la catalepsie ou état cataleptique des muscles était un degré moindre de la contracture.

DISTINCTION ENTRE LA CATALEPSIE ET LA CONTRACTURE

Très souvent on confond la catalepsie ou état cataleptique des muscles avec leur contracture ou tétanisation. Quand le bras est contracture vous ne pouvez pas le plier, il est raide comme une barre de fer, il en est de môme do la contracture générale qui permet de poser le sujet, comme une planche, couché entre deux chaises, la tôle reposant sur l'une des chaises et les pieds sur l'autre (Voy. p. 203). Plus on cherche alors à vaincre mécaniquement celle contracture, plus on l'exagère.

Lorsque le bras est calaleptise il peut être placé dans toutes les positions que comporte le mouvement de ses articulations, comme le bras d'un mannequin. Il est flexible mais non flasque.

CONTRACTION DES MUSCLES DE L'AVANT-BRAS OBTENUE A DISTANCE PAR DES PASSES TRANSVERSALES

Si après avoir anesthésie par des passes l'une ou l'autre des faces opposées des avant-bras, je fais en regard et à la distance de 15 à 20 centimètres de la région anesthésiée une ou plusieurs passes transversales, a chaque passe chaque muscle extenseur ou fléchisseur atteint successivement par les rayons neuriques digi­taux se contracte visiblement.


Je pense qu'il sera difficile d'accuser ici encore la suggestion.

MOUVEMENTSD'ATTRACTION ET DE RÉPULSION

Premier fait observé.  Le 31 octobre 4880, le lendemain du jour où je fis les premiers essais de neurisation sur Mlle C..., j'observai pour la première fois certains mouvements d'attraction. Je faisais des passes descendantes lentes et régulières en regard de sa figure, et je vis que, toutes les fois que ma main descendait et se retirait un peu vers moi pour recommencer la passe de haut en bas sa tete se penchait en avant vers ma main.

PHÈNOMENES D'ATTRACTION ET DE RÉPULSION NON RÉALISABLES DANS L'ÉTAT DE VEILLE SANS ANESTHÉSIE PRÉALABLE

Un peu plus tard (8 octobre 4880) ayant constaté que par des passes propulsives ou attractives faites dans l'étal de sommeil je pouvais à distance et sans contact repousser ou attirer soit tout le corps, soit l'un ou l'autre des membres du sujet, je voulus savoir si, dans l'état do veille avec intégrité de la sensibilité, je pourrais déterminer les mêmes phénomènes. Je ne réussis pas.

PHENOMENE D'ATTRACTION ET DE RÉPULSION

REALISABLES DANS L'ÉTAT DE VEILLE AVEC ANESTHÉSIE

ET LÉGER DEGRE DE CONTRACTURE

Supposant qu'il fallait préalablement anesthésier larégion que les passes devaient influencer, et ayant choisi pour mon expérience le bras du sujet, je commençai pas faire une passe descendante le long de sa face antéro-externe. Je constatai après que la sensibilité y avait disparu et que les muscles étaient le siège d'un léger degré de contracture. Au moyen de passes à distance, attractives et répulsives, horizontales, obliques, circulaires, je fis alors exécuter au membre tous les mouvements possibles. La malade accusait


dos sensations de tractions ou de poussées comme si on la tirait avec des fils ou comme si on la poussait tout en la piquant avec des aiguilles.

PHÉNOMENES D'ATTRACTION ET DE RÉPULSION RÉALISABLES DANS L'ÉTAT DE VEILLE AVEC ANESTHÉSIE PRÉALABLE  SEULE

En raison d'un certain degré de contracture qui accompagnait l'anesthésie du membre ou du moins de la face antéro-externe du membre, je crus ne pas devoir considérer cette expérience comme suffisamment démonstrative.

Je résolus donc de faire disparaître la contracture musculaire tout en conservant l'anesthésie. Je résolus de redonner au bras toute sa souplesse en le malaxant légèrement sur toute sa longueur, durant quelques secondes. J'explorai la sensibilité : elle n'était pas revenue.

Je recommençai l'expérience sur ce bras simplement anesthésie et je réussis complètement.

La jeune fille crut, à un moment donné, pouvoir soustraire son bras à mon action et le plaça derrière son dos. Mais je réussis à l'attirer malgré elle par des passes attractives répétées.

CORRESPONDANCE EXACTE ENTRE LE NOMBRE DES DOIGTS EMPLOYÉS ET LE NOMBRE DE PIQURES RESSENTIES

Ensuite je lui fis fermer les yeux et je lui fis compter le nombre de doigts que j'employais dans les passes. Elle fit ce calcul très exactement, car chaque doigt provoquait au point visé des tégu­ments une piqûre ou un tiraillement, comme le ferait un fil adhérent sur lequel on tirerait.

Dans la suite je refis un grand nombre de fois ces expériences en les variant. Ainsi au lieu d'agir directementsur le bras j'agissais sur les doigts, et par des passes tantôt attractives, tantôt répulsives, je les faisais se mouvoir à distance ensemble ou séparément dans le sens que je voulais.


Il est bon de remarquer que l'état dans lequel se mouvaient ainsi al le bras et les doigts du sujet offrait avec l'état cataleptique une similitude frappante.

Mais il est juste de dire aussi que l'attraction et la répulsion peuvent s'exercer sur des membres contractures.

REMARQUES

Les passes perpendiculaires que nous avons faites avec les doigts dans toutes ces expériences étaient les unes sortantes ou centri­fuges, c'est-à-dire faites la main revenant du voisinage du sujet, considéré comme centre, vers moi; celles-là produisaient l'attrac­tion ou soit le rapprochement de la région qu'elles visaient ; elles méritaient donc bien le nom de passes attractives. Les autres étaient rentrantes ou centripètes, c'est-à-dire faites la main allant vers le sujet toujours considéré comme centre. Celles-ci produi­saient la répulsion, l'éloignement, et elles méritaient bien le nom de passes répulsives.

LOI

D'où celte conclusion sous forme de règle ou de loi : Dans l'ètat de veille et avec anesthésie préalable, des passes digitales perpen­diculaires faites en regard de la région anesthèsièe produisent l'attraction si elles sont sortantes ou centrifuges,et la répulsion si elles sont rentrantes ou centripètes, le corps du sujet neurisé étant considéré comme un centre. En d'autres ternies la main neurisatrice qui s'éloigne du sujet neurisé produit l'attraction, et la main qui s'en rapproche la répulsion, et cela indépendamment de tout contact.


EFFETS THERAPEUTIQUES DES PASSES DIGITALES

SORTANTES OU ATTRACTIVES DANS UN CAS DE CONTRACTURE

AVEC ANESTHÉSIE SPONTANÉE PROBABLE

Le 11 novembre 1880 vers dix heures du matin, je trouvai ma malade éveillée mais affectée depuis la veille nu soir, après une attaque nerveuse, d'une contracture des muscles des jambes qui maintenait les pieds tournés en dedans.

Ni les frictions ni les efforts des personnes qui l'entouraient n'avaient pu, pas plus qu'autrefois, déterminer la résolution de cette contracture ou la vaincre.

Il me suffît de faire quelques passes sortantes, allant du sujet vers moi, à la distance de plus d'un mètre et en regard de la face externe de l'un et de l'autre pied, pour les redresser et rendre aux muscles toute leur souplesse.

Dix jours plus tard m'étant rendit chez la malade vers six heures du soir je la trouvai couchée et se plaignant de ne pas pouvoir se mouvoir depuis une heure de l'après-midi. Je constatai que les membres inférieurs et le tronc étaient raidis par la tétanisation des muscles et que je ne pouvais pas remuer la malade sans la faire vivement souffrir. Je fis alors en regard des muscles contrac­tures des passes attractives qui redonnèrent aux membres infé­rieurs et nu tronc toute leur souplesse.

REMARQUES

Bien qu'il n'y ait pas eu d'anesthésiation préalable, ces faits ren­trent dans la catégorie de ceux que nous étudions maintenant, attendu que toute contracture s'accompagnait chez notre sujet d'anesthésie de la région correspondante. Ici nous n'avons pas pensé a explorer la sensibilité, mais elle devait être abolie. En effet, les phénomènes spontanés que présentait la malade trou­vaient leurs équivalents dans ceux que je provoquais chez elle.


PASSES OCULAIRES PERPENDICULAIRES

Les passes oculaires perpendiculaires agissent dans les meômes conditions et produisent les meumes effets que les passes digitales perpendiculaires.

EFFETS THERAPEUTIQUES DES PASSES OCULAIRES PERPENDICULAIRES

DANS LE MEME CAS

DE CONTRACTURE AVEC ANESTHESIE SPONTANEE PROBABLE

Le 12 novembre 1880, le lendemain du jour où je réussissais, par des passes digitales sortantes, à résoudre une contraction des muscles des jambes qui maintenait les pieds en varus, j'eus à intervenir pour le même accident qui s'était reproduit la veille au soir à la suite d'une nouvelle attaque nerveuse.

Au lieu des doigts j'employai cette fois les yeux. Me rappelant en effet que les rayons neuriques oculaires avaient tu même pro­priété que les rayons neuriques digitaux, je fis en regard de la face externe de l'un des pieds des passes attractives avec les yeux. Ayant arrêté mon regard sur la face externe de ce pied, à la distnce d'environ 1,50, je relirai ma tête à plusieurs reprises suc­cessives. Aussitôt le pied se dirigea spontanément en dehors en se redressant et reprit ainsi en quelques secondes sa position normale et sa mobilité naturelle.

Pour l'autre pied, j'employai des passes digitales attractives qui réussirent de même à résoudre entièrement la contracture dont il était le siège.

REMARQUES

Les remarques que nous avons faîtes au sujet de la précédente intervention thérapeutique dans laquelle j'avais employé les passes digitales perpendiculaires et au sujet de laquelle j'avais admis


une anesthésie préalable, sont applicables a cette deuxième inter­vention au moyen des passes oculaires perpendiculaires.

Au Heu d'influencer par des passes perpendiculaires certaines régions circonscrites du corps et faciles a se mouvoir, telles que les bras, j'aurais pu agir sur tout l'ensemble du corps, mais il m'aurait fallu anesthésier une surface des téguments plus éten­due et la malade serait tombée dans le sommeil.

Dans l'étude que nous ferons bientôt des phénomènes qui accompagnent et provoquent le sommeil neurique ou que le som­meil permet de provoquer nous reprendrons celte éluda des passes attractives et répulsives et nous la compléterons.

MOUVEMENTS D'ATTRACTIONOBTENUSDANS LA NEURISATION PAR INFLUENCE (PAR OPPOSITION DE COURANTS  NEURIQUES)

Nous avons dit plus haut que lorsque j'étendais mon bras au-dessus de celui du sujet tenu horizontalement de manière à ce que la face postéro-interne de mon bras fût exactement opposée à la lace postéro-externe de celui du sujet, cette dernière région devenait insensible (pendant que la région opposée deve­nait hyperesthésique) (Voy. p. 213,238 et 239).

Si après avoir laissé mon bras pendant quelques secondes dans cette position Je le soulevais en masse, le bras du sujet placé au-dessous le suivait comme s'il était attiré par lui (Voy. p. 240). Par­fois à ce moment l'anesthésie du bras du sujet était accompagnée d'une contracture plus ou moins accusée (extension forcée). Mais cette contracture n'empêchait pas le mouvement d'ascen­sion*.

1. Dans le sommeil où l'anesthésie est générale on voit parfois le sujet neurisé, a l'egardnl duquel on ne fait pas de fiasses attractives, suivre le sujet ncurisateur. Je pense que cette attraction est du mene genre que celle-ci, reconnaît la même cause: l'opposition de courants.


CONTRACTION  DESMUSCLES DE L'EXPRESSION FACIALE

ETASPECTS DIVERS DE LA PHYSIONOMIE ACCOMPAGNEES OU SUIVIS

DES SENTIMENTS QU'ILS EXPRIMENT

Le 4 novembre 1880, lajeune fille setrouvant |plongee dans le sommeil neurique, j'avais, pour la première fois, par des passes digitales faites en regard et a une petite distance des divers muscles de la face, réussi a provoquer non seulement les diverses expressions de la physionomie, mais encore les sentiments qui leur correspondent. Depuis je fis une étude complète, détaillée de ce mode d'action de la neurisation. Mais je ne l'avais pratiqué que dans l'état de sommeil du sujet.

Le17 novembre 1880, j'eus l'idée de faire des essais dans l'état de veille. Ces essais ne furent suivis d'aucun résultat. La cause de ces insuccès tenait à ce que j'opérais sans avoir anesthésie préalablement les téguments de la face.

Mais toutes les fois que j'avais soin d'anesthésier préalablement les téguments de la face par des passes descendants le résultat etait le même que dans le sommeil.

CONCLUSION - PROPOSITIONS

Je suis arrive à cette conclusion que je formulerai sous forme depropositions :

Dans l'ètat de veiltedu sujet neurisable, avec anesthésie préalablement provoquée des téguments de la face, des passes digitales faites en regard des muscles de celle région déterminent leur contraction si elles sont faites dans le sens apparent de leur contraction, c'est-à-dire de leur point d'insertion mobile à leur point d'insertion fixe.

Le degré de contraction de ces muscles est enrapport direct avec le nombre des passes.

Ces passes, faites en regard de certains groupes musculaires ou


successivement en regard de plusieurs muscles, peuventprovoquer successivement tontes les expressions de la physionomie.

Le degré de ces expressions est en rapport direct avec le nombre des passes,

Chaque expression de la physionomie ainsi provoquée provoque à son tour les sentiments qui lui correspondent. Si les passes au lieu d'être faites à distance sont appliquées, on obtient les mêmes effets,

Les mêmes passes distantes ou appliquées produisent les mêmes effets dans le premier degré du sommeil neurique.

Lorsque nous exposerons les caractères propres à chaque degré du sommeil neurique, nous reviendrons sur cctte question des expressions provoquées de la physionomie.

REACTION GAIE OU TRISTE

Nous nous bornerons à résumer ici sous forme de propositions les conditions expérimentales dans lesquelles nous avons, par divers triodes d'emploi de la foire neurique, provoqué tantôt le rire et la gaieté, tantôt l'ennui et la tristesse.

Nous nous réservons de revenir en détail sur cette importante question dans la partie consacrée al'étude du sommeil neurique.

REACTIONGAIE OU TRISTE PAR NEURISATION DIGITALE APPLIQUEE IMMEDIATE OU MEDIATE

REACTION GAIE OU TRISTE PAR NEURISATION DIGITALE APPLIQUEE

Dans l'étal de veille : 1° L'application de lu face palmaire ou postérieure d'un ou de plusieurs de mes doigts provoque le rire et ta gaieté si elle est faite sur un point quelconque préalablement anesthésie de la section ou face antérieure du corps du sujet neurisable, la moitié inférieure de la région faciale et les cinq


sixièmes inférieurs des oreilles exceptés; et l'ennui ou la tristesse si elle est faite sur un point quelconque préalablement anesthésie de la section postérieure (Voy. fig. 64et 65).

2 L'application de la face dorsale ou antérieure d'un ou de plusieurs de mes doigts provoque la tristesse si elle est faite sur

Fig (64 et 65.  Influences sur les réactions psychiques (gaieté ou tristesse) par l'aplication du doigt neurisateur parallèlement sur le doigt neurisable préanesthesié.

un point quelconque préanesthésié de la section antérieure du corps du sujet neurisable, la moitié inférieure de ta région faciale et les cinq sixièmes inférieurs des oreilles exceptés; et la gaieté si elle est faite sur un point quelconque préalablement anesthésie de la section postérieure (Voy. fig. 66 et 67).

En d'autres termes le contact de deux points de régions de même nom appartenant l'un au sujet neurisateur et l'autre au


sujet neurisable provoque chez le sujet neurisable la tristesse, et le contact de deux régions de nom contraire la gaieté, si on se place dans les conditions préétablies.

Les résultats et la règle qui en découlent sont les memes si les applications digitales ne sont faites que sur la main préalablement

Fig. 66 et 67.  Influence sur les réactions psychiques (gaieté ou tristesse) par l'application du doigt neurisateur parallèlement sur le doigt neurisablepréanesthésie.

anesthésiée du sujet, au lieu d'être faites sur un point quel­conque du corps, avec cette particularité que, si au lieu d'appliquer mon doigt sur celui du sujet j'applique ma main sur sa main, tes résultats sont plus accusés, le rire et la tristesse doublent ou tri­plent d'intensité,

Si dans toutes ces applications je ferme en quelque sorte le circuit en appliquant sur le front du sujet l'autre main restée


libre que ce soit par sa face palmaire ou dorsale, le rire et la tristesse provoqués cessent aussitôt.

REACTIONGAIE OU TRISTE NULLE PAR NEURISATION DIGITALE MEDIATE

Un agent intermédiaire préneurisé ou non par des radiations digitales, tenu entra les doigts et appliqué sur un point préanesthesié du corps du sujet, ne donne lieu à aucune réaction gaie ou triste pas plus que les radiations digitales fixes, dans les memes conditions.

REACTIONGAIE OU TRISTE PAR  NEURISATION PNEUMIQUEMEDIATE

REACTION GAIE OU TRISTE PAR NEURISATION PNEUMIQUE MEDIATE DIRECTE OU REFLECHIE

Un agent intermédiaire préneurisé par le souffle et dirigé par voie directe ou réfléchie sur un point du corps du sujet, même non anesthésie préalablement (Voy. p. 300 et suiv.) provoque le rire et la gaieté si la région visée fait partie de la section anté­rieure du corps, et la tristesse si la région visée est située dans la section postérieure.

Nous n'avons pas fait d'expériences avec des agents intermé­diaires neurisés par les yeux.

REACTIONGAIE OU TRISTE PAR NEURISATION DIGITALE A DISTANCE

DISSOCIATION DU FAISCEAU NEURIQUES DIGITAL, ETSA DIVISION EN FAISCEAU DORSAL ET EN FAISCEAU PALMAIRE

RADIATIONS DIGITALES DISTANTES DIRECTES

Les radiations digitales distantes directes agissent comme les applications digitales palmaires, mais voyant les effets différents pro-


duils par l'application de la face palmaire etde la face dorsale de mes doigts sur l'une ou l'autre des faces de la main du sujet neurisable, je pensai que, peut-être, lu faisceau de rayons neuriques qui se dégage de l'extrémité de chaque doigt était constitué par lu réu­nion des rayons dorsaux et des rayons palmaires.

Division du faisceau de rayons neuriques digitaux en rayons dorsaux et palmaires.  Partout de cette hypothèse, je cherchai le moyen de dissocier ces deux groupes de rayons.

PREMIERE DEMONSTRATION DISSOCIATION AU MOYEN DE L'INTERPOSITION D'UNE CARTE DE VISITE

Je combinai alors l'expérience suivante, représentée par la figure 68.

Mon doigt indicateur, horizontalement placé dans l'altitude qui lui a valu son nom, est figure projetant des rayons neuriques. Ceux-ci forment un faisceau qu'une carte de visite, horizontale­ment placée, divise en rayons dorsaux et en rayons palmaires, c'est-à-dire en rayons dont les uns émanent de la moitié dorsale du doigt et les autres de sa moitié palmaire.

Au bord opposé de la carte, nous voyons figuré le doigt replié du sujet neurisable qui oppose sa face dorsale à l'extrémité de mon doigt tout d'abord dans un premier temps de manière a n'être atteint que par les rayons émanant de la moitié dorsale de mon doigt, et ensuite dans un deuxième temps de manière a n'être atteint que par les rayons émanant de la moitié palmaire de ce même doigt.

Or nous avons constaté que lorsque la face dorsale préneurisée du doigt du sujet récepteur se trouvait en regard exclusivement des rayons dorsaux de mon doigt, il y avait tristesse provoquée, et lorsqu'elle se trouvait eu regard exclusivement des rayons pal­maires, il y avait, au contraire, gaieté provoquée.

La première position (premier temps) équivalait a l'application de la face dorsale de mon doigt sur la face dorsale (de méme nom)


Fig.. 68.  Dissociation du faisceau neurique digital nu moyen de l'interposition d'une simple carte de visite.


du doigt préneurisé du sujet. La deuxième position (deuxième temps) équivalait à l'application de la l'ace palmaire de mon doigt sur la face dorsale du doigt du préneurisé sujet. Les résultats étaient dans chaque cas les mêmes.

DEUXIEME DEMONSTRATION

TRANSMISSION  DES RAYONS DORSAUX ET DES  HAYONS PALMAIRES, SEPAREMENT l'Ail UNE AIGUILE A TRICOTER EN AC1ER

Mo rappelant la propriété qu'ont les tiges en général, et en par­ticulier de simples aiguilles A tricoter en acier, de transmettre la force neurique depuis l'extrémité qui est saisie jusqu'à l'extrémité libre ut au delà de celle-ci ' ; je fis et répétai avec un résultat toujours identique les expériences suivantes.

Premier cas.  Saisissant une aiguille à tricoter en acier entre mes doigts, soit entre deux doigts, soit entre les cinq doigts réunis de manière à ce qu'elle ne fût en contact qu'avec la face palmaire de leurs extrémités, je dirigeai l'extremite libre de celle aiguille vers la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet : il y eut rire provoqué.

Je visai ensuite la face palmaire et il y eut tantôt indifférence, tantôt sentiment d'ennui (Voy. fig. 09 et 70).

Deuxième cas.  Conservant l'aiguille entré les doigts, j'arquai ceux-ci en forme de griffe de manière à ce que la moitié dorsate seule de leurs extrémités se trouvai en contact avec l'aiguille. Si ensuite je visais un point de la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet, je provoquais la tristesse, et si, au contraire, je dirigeais l'extrémité de l'aiguille vers un point préanesthésié de la face palmaire, je provoquais la gaieté (Voy. fig, 71).

Tenant l'aiguille entre mes doigts et visant avec elle un pointde; la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet, il me suffisait

 Voy. p. 12 et 13. Expérience avec des aiguilles à tricoter transmettant la fora neurique à travers une lentille biconvexe.


de faire exécuter aux doigts seuls un mouvement d'avancement ou de retrait tout en tenant l'aiguille saisie au même point pour que

Fig. 69 et 70.  Action de la neuricité palmaire (surface ombree) par l'intermédiaire d'une aiguille a tricoter.

celle-ci fut en contact tantôt avec la face palmaire, et tantôt avec l'extrémité de la face dorsale du doigt. Dans ces conditions j'obte­nais successivement la gaieté et la tristesse (Voy. fig, 70 et 71).


Fig. 71 et 72.  Action de la neuricité dorsale (surface en blanc) par l'intermédiaire d'une aiguille à tricoter.



Opérant à l'égard de la face palmaire préneurisée du sujet, les résultats etaientles memes.

Troisième cas.  Comme j'aurais pu douter do la valeur de l'experience dans laquelle je me proposais de mettre en contact avec l'aiguille la portion dorsale de l'extrémité dé mes doigts (deuxième vus), je fis l'experience suivante qui servit de contrôle et confirma lesdonnées énoncées ci-dessus.

Si saisissant l'aiguille entre les faces dorsales de deux de mes doigts appartenant chacun à une main différente, je la dirigeais  la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet je provo­quais la gaieté, et si je la dirigeais vers la face opposée ; la tristesse (Voy. fig. 72).

RADIATIONS DIGITALES AVEC RÉFRACTION A TRAVERS UN PRISME

TROISIEME  DÉMONSTRATION

DISSOCIATION DE   FAISCEAU  NEURIQUE DIGITAI. AU MOYEN D'UN PRISME Il était intéressant de savoir si un prisme place sur le trajet du faisceau neurique digital dissocierait ce faisceau. Des expériences ont été faites maintes fois par nous dans ce but et nous ont montré que le cône spectral est composé de deux segments : un supérieur et un inférieur, le supérieur un peu plus grand que l'inférieur, et separes l'un de l'autre en regard du point du prisme visé par le doigt, par une zone horizontale large de 2 à 4 centimètres (Voy. Kg. 73).

Si le doigt placé en regard et très prés de l'une des faces du prisme a sa face palmaire regardant en bas, le segment supérieur du prisme représente l'épanouissement des rayons dorsaux et le segment inférieur l'épanouissement des rayons palmaires (Voy. . fig. 74). L'inverse a lieu si le doigt est retourné, sa face palmaire regardant en haut.

1. Voj. p. 17.


Ce qui prouve péremptoirement qu'il en est ainsi, c'est que si, dans la première position du doigt (face palmaire en bas), les rayons réfractas appartenant au segment supérieur sont dirigés sur la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet récepteur,

Fig. 73  Base du cône spectral neurique à la distance de 4",90 du prisme, - traverse  horizontalement et vers son milieu par la bande ou zone indifférente ou nentre.  Grandeur au I p. 200.  Moyenne do la grandeur de la base des cones spectraux pour les trois sortes de rayons neuriques.

il y a tristesse ou indifférence provoques; tandis qu'il y a rire et gaieté provoqués si ces mêmes rayons du segment supérieur attei­gnent la face postérieure ou palmaire de la main.

D'autre part si on fait agir les rayons du segment inférieur on obtient des réactions inverses (Voy. fig 74)

Enfin si le doigt est placé dans la deuxième position (face pal­maire en haut) les résultats sont faciles à prévoir puisque le segment



 


supérieur des rayons réfractés répondra aux rayons palmaires et le segment inférieur aux rayons dorsaux. Cette expérience sert de contrôle pour la précédente.

Ajoutons qu'en regard de la zone intermédiaire aucune réaction ne se produit.

De ces diverses expériences dans lesquelles le foyer neurique employé est digital, nous tirerons les conclusions suivantes sous forme de proposition.

PREMIERE PROPOSITION LE DOIGT NEURISATEUR EST PLACÉ LA FACE  PALMAIRE EN BAS

Les rayons digitaux- dirigés à travers un prisme sur la face dorsale de la main préunesthésiée du sujet provoquent le rire dans la moitié inférieure ou segment inférieur du cône spectral, la tristesse dans le segment supérieur et l'indifférence dans toute la longueur de la bande transversale intermédiaire dite pour cette raison zone neutre ou indifférente,  si le doigt qui neurisé est placé la face palmaire en bas.

Dans ce cas on pourrait appeler le segment supérieur du cône spectral segment dorsal et le segment inférieur segment palmaire.

DEUXIEME PROPOSITION LE DOIGT NEURISATEUR EST PLACÉ  LA PALMAIRE EN HAUT

2 Les rayons digitatuX dirigés à travers un prisme s ur la face dorsale de la main prèanesthesiée du sujet provoquent la tristesse danste segment inférieur du cône spectral, la gaieté avec rire dans le segment supérieur et l'indifférence dans la zone intermé­diaire,si le doigt qui neurisé est placéla face palmaire enhaut.

Dans ce cas le segment supérieur du cône spectral devient seg­ment palmaire et te segment inférieur segment dorsal.

3 Dans chacun des deux cas précédents les réactions provo-


quees sontinverses si au lieu d'agir sur la face dorsale on agit sur la face palmure préanesthèsiée du sujet récepteur.

Il résulte enfin de tous ces faits que les rayons neuriques qui se dégagent de l'extrémité de chaque doigt ne sont pas simples mais doubles.

Chaque faisceau de rayonsdigitaux est composê de rayons dorsaux ou antérieurs et de rayons palmaires ou postérieurs.

RADIATIONS OCULAIRES ET PNEMIQUES REFRACTES A TRAVERSE UN PRISME

RÉACTION GAIE OU TRISTE PAR NEURISATION OCULAIRE ET PNEUMIGUE REFRACTES

Lorsqu'au lieu du doigt on emploie les yeux (rayons neuriques oculaires) ou le souffle (rayons pneumiques), les deux segments supérieur et in rérieur du spectre neurique oculaire ou pneumique obtenu n'agissent pas différemment, ils agissent l'un et l'autre comme le segment palmaire du cône spectral digital.

RADIATIONS OCULAIRESET PNEUMIQUES  DIRECTES

Les radiations oculaires et pneumiques dirigées vers un point préanesthésié du corps du sujet provoquent le rire si ce point visé fait partie de la section antérieure du corps, et la tristesse si ce point fait partie de la section postérieure.En un mot elles agis­sent, dans ces conditions, comme les rayons digitaux non dissocies et les applications digitales palmaires.

Ces résultats confirment ceux obtenus à travers le prisme.

REMARQUES

Il est à peine besoin de rappeler que tous les phénomènes de réaction gaie ou triste dont il vient d'être question sont observés,


dans les mêmes conditions, dans le premier degré du sommeil neurique.

IMITATION FORCEE DE LA PAINT DU SUJET ACTES FAITS ET DES ATTITUDES PRISES DEVANT LUI. - SUGGESTION D'ACTES

'La'jeûne fille étant éveillée, je magnétisais l'un de ses bras, le gauche par exemple, puis, me plaçant devant elle, j'étendais mon liras droit en regard de son bras gauche resté pendant.

Je lui recommandais de ne pas m'imiter et d'avoir une volonté a elle; elle mête promettait mais bientôt son bras mu, comme par un ressort, prenait la position du mien. Si ensuite j'ouvrais suc­cessivement les doigtsaprès avoir fermé la main, elle Taisait exacte­ment de même. Si je donnais à mon bras l'altitude de l'indication elle exécutait le même mouvement. Interrogée pourquoi elle agis­sait ainsi elle répondait qu'elle ne pouvait pas faire autrement.

J'ai fait aussi dans l'état de veille avec anesthésie préalable des expériences en plaçant un écran devant les yeux du sujet. Ces expériences répétées dans l'état de sommeil sont exposées aux pages 300 et suivantes.

J'ajouterai que le phénomène de l'imitation forcée a pu se pro­duire aussi dans l'étal de veille sans anesthésie préalable aucune.

 

DIMINUTION GRADUELLE DE LA SENSIBILITE NEURIQUEDE LA MALADE EN RAPORT AVEC L'AMELIORATION DE SA SANTÉ

REMARQUES GENERALE

Au début de la maladie de la jeune fille, l'anesthésie préalable seule permettait de provoquer le rire ou la tristesse par les divers procédés indiqués. Plus lard, lorsque probablement l'amélioration obtenue chez celle malade exigeait une anesthesiation préalable plus profonde pour provoquer ces réactions, ces réactions n'avaient lieu que si l'anesthésie s'accompagnait d'un certain degré de con­tracture musculaire dans la même région.


D'ailleurs, vers le 13 novembre 1880, c'est-a-dirc un mois et demi après le premier essai de neurisation, je remarquai que la sensibilité de la malade, à l'égard de la neurisation, tendait a disparaître.

EFFETS PRODUITS PAU LA NEUTRISATION DANS l'ÉTAT DE VEILLE AVEC  HYPERESTHÉSIE PREALABLE

EFFETS SUR LA  MOTILITE

Nous avons dit plus haut (p. 334} que, dans une région préanesthesiee passes digitales transversales avaient pu déter­miner la contraction des muscles. J'ai constate que, sur cette même région prehyperesthèsiée par des passes, j'obtenais lesmémes effets.

EFFETS  SUR LA SENSIBILITÉ

Ces effets se bornent une exagération possible de l'hyperesthé­sie parles divers modes de neurisation reconnus capables de pro­voquer l'hyperesthésie.

L'aboutissant de cette exagération de l'hyperesthésie est la crise dite du petit veau, dont nous avons fait la description et donné les caractères.

Il nous reste maintenant à nous occuper de l'autre attaque, l'at­taque anesthésique ou sommeil neurique.

résume Des principales modifications de la sensIBIlité et de la motilité produites paR la neurisation* dans l'état de veille avec anesthésie ou hyperesthésie préalaBles phovoquéEs ou spontanées.

I«  Si les manœuvres de neurisation qui ont pour premier et principal effet l'anesthésie périphérique plus ou moins étendue, sont continuées durant un temps suffisant, elles peuvent, avant de


provoquer l'effet ultime qtii est le sommeil ou anesthésie dans les centres, déterminer une série d'effets intermédiaires qui sont : l'hyperesthésie ; des modifications de la motilité telles que la con­traction musculaire en général, et, en particulier, la contraction des muscles de l'expression faciale, la contracture, la catalepsie, l'attraction et la répulsion; et enfin des manifestations de la gaieté et de ta tristesse.

II.   -L'hyperesthésie provoquée par des radiations digitales et
oculaires fixes
suffisamment prolongées est un effet qui succède à
l'anesthésie et précède la contraction ou la contracture musculaire
et le sommeil.

Cette hyperesthésie est dite subjective. En effet, le sujet la per­çoil spontanément durant la neurisation et pendant un temps très court après cette opération. De plus, si une nouvelle neurisation la réveille en l'exagérant, la simple exploration des téguments par le sujet neurisateur ne Tait découvrir que de l'anesthésie sur les parties intéressées.

III. L'hyperesthésie directe ou réflexe (par transfert) provoquée
par des applications digitales simples ou répétées alternativement
sur deux points homologues du corps,
succède encore à de l'anes­
thésie et précède l'attaque hyperesthésique.

Cette hyperesthésie perçue spontanément par la malade se pro­longe quelque temps après l'opération qui lui a donné naissance. Le souille (radiations pneumiques) peut la faire disparaître au lieu de l'exagérer. Elle est dite effective pur opposition à celle dite latente et provoquée directement parle souffle.

IV. L'hyperesthésie provoquée par te souffle fixe succède aussi
ade l'anesthésie, mais celte anesthésie est de très courte durée,
aussi est-elle difficile à constater. Elle précède l'attaque hypères-
thésique.

Elle est dite latente parce que le sujet n'en souffre plus après la cessation du souille et qu'elle peut être réveillée par les mouve­ments spontanés (myosalgie?) ou provoqués imprimés à la région intéressée. Elle est d'ailleurs annulée par l'application de la paume de la main.


V.L'hyperesthésie provoquèepar des passes centripèles est une hyperesthésie effective. Mais nous no savons pas si elle est pré­cédée d'anesthésie, n'ayant pas fait do recherches dans ce sens.

VI.  L'hyperesthésie obtenue par action réflexe simple ou croisée (transfert) a aussi pour prélude l'anesthésie quel que soit le mode de neurisation employé.

VII.  Ainsi l'hyperesthésie quel que soit le mode de neurisa­tion qui la provoque succède toujours ou presque toujours à l'anes­thésie qui est la première modification fonctionnelle appréciable produite.

.Après l'hyperesthésie surviennent encore d'autres modifications qui portent sur la sensibilité ou sur la motilité et qui mieux que l'hyperesthésie, malgré ses variétés, caractérisent chaque mode de neurisation.

VIII.   Des pièces d'or etd'argentl appliquées sur des parties anes-
thésiées par des passes ont ramené la sensibilité à l'état normal.

IX. L'anesthésie est le prélude nécessaire de toute modification
provoquée de la motilité, contraction, contracture ou catalepsie.

Il en résulte que si on peut déterminer la résolution de la con­traction, de la contracture ou de l'étal cataleptique des muscles provoqués par la neurisation, sans faire disparaître l'anesthésie correspondante et préalablement obtenue, on ne peut pas supprimer cette anesthésie sans déterminer en même temps la résolution de la contraction, contracture ou état cataleptique des muscles, de la région correspondante.

En d'autres termes, les modifications de la motilité sont inti­mement liées à l'anesthésie de la région correspondante.

X.  La catalepsie ou étal cataleptique des muscles est un degré
inférieur de la contracture.

XI.         La contracture ou état tétanique des muscles ne doit pus être confondue avec leur état cataleptique.

XII.      Dans l'etatde veille et avccanesthésie préalable, des passes digitales et même oculaires, perpendiculaires, faites en regard de la région anesthésiée produisent l'attraction si elles sont sortantes ou centrifuges, et la répulsion si elles sont rentrantes ou centri-


pètes, le corps du sujet neurisé étant considéré comme un centre. En d'autres termes, la main neurisatrice qui s'éloigne du sujet neurisé produit l'attraction, et la main qui s'en rapproche, la répulsion et cela indépendamment de tout contact.

XIII.   L'état de contracture préalable étant une phase plus
avancée de la neurisation anesthésiante n'empêche pas l'action

 attractive ou répulsive des passes perpendiculaires.

XIV. Ces passes perpendiculaires ont pu jouer un rôle théra­
peutique dans des cas de contracture môme spontanée, chez notre
malade, en ramenant les régions affectées dans leur direction et
position normales.

XV.    Des mouvements d'attraction peuvent être aussi obtenus
dans la neurisation par influence.

XVI.   Dans l'état de veille du sujet neurisable avec anesthésie
préalablement provoquée des téguments de la face, des passes
digitales faites en regard des muscles de cette région déterminent
leur contraction si elles sont faites dans le sens apparent de leur
contraction, c'est-à-dire de leur point d'insertion mobile à leur
point d'insertion fixe.

Le degré do contraction de ces muscles est en rapport direct avec le nombre de passes.

Ces passes faites en regard de certains groupes musculaires ou successivement en regard de plusieurs muscles do la face peuvent provoquer succcssivementaussi toutes les expressions de la physio­nomie.

Le degré de ces expressions est en rapport direct avec le nombre des passes.

Chaque expression de la physionomie ainsi produite provoque à son tour le sentiment qui lui correspond.

Si les passes, au lieu d'étre faites a distance en regard des muscles de l'expression faciale, sont appliquées on obtient les mêmes effets.

XV11. Dans l'état de veille, le contact de deux points déregions de même nom appartenant, Tune au sujet neurisateur et l'autre au sujet neurisable, provoque chez ce dernier la tristesse; tandis


que le contact de deux régions de nom contraire provoque la gaieté, pourvu toutefois que la région intéressée du sujet neuri­sable ail été préalablement anesthésiée.

La partie du corps du sujet neurisateeur qui se prête le mieux à
ce genre d'expériences est l'un ou l'autre des membres supé­
rieurs.XVIII.         Si dans ces applications faites avec l'une des mains (les
doigts ou la paume de la main), je ferme en quelque sorte le cir­
cuit en posant l'autre main restée libre sur le front du sujet, soit
par sa face dorsale, soit par sa face palmaire, le rire ou les gémisments provoqués cessent aussitôt.

XIX. Un agent intermédiaire préneurisé ou non par les doigts
ne donne lieu à aucune réaction.

XX.      Un agent intermédiaire préneurïsé par le souffle et dirigé
par voie directe ou réfléchie sur un point du corps du sujet même
non anesthésie préalablement provoque le rire ou la gaieté, sui­
vant la région visée.

XXI.       Les radiations digitales directes agissent comme les ap­plications digitales palmaires.

XXII.    Chaque faisceau derayons  digitaux estcomposéderayons dorsaux ou antérieurs et de rayons palmaires ou postérieurs.

Les rayons dorsaux agissent comme les applications digitales dorsales et les rayons palmaires commes les applications digi­tales palmaires.

La réunion des rayons dorsaux et palmaires agit comme les rayons palmaires.

XXIII  Des passes transversales faites en regard d'une région préhyperesthésiée ont déterminé la contraction des muscles de la région. La préhyperesthésie a joué ici le même rôle que la préanesthesie.

XXIV. Au point de vue des modifications de Iasensibilité, toute neurisation intéressant une région préhyperesthésiée provoque l'exagération de celle hyperesthésie suivie ou non de l'attaque hyperesthésique.


PLACE QU'OCCUPE LE SOMMEILDANS I.A SÉRIE DBS PHÉNOMÉNES NEURIQUESPROVOQUES

Le sommeil neurique est le dernier terme de in série des phenomenes provoqués parla neurisation anesthésiante, comme l'ataque convulsive dite du petit veau est la dernière et la plus liante expression des effets provoqués par la neurisation hyperesthé­siante.

DE L'EMPLOI METHODIQUE DE LA NEURICITE RAYONNANTE ET CIRCULANTE POUR LA   PRODUCTION  DU SOMMEIL NEURIQUE

D'autre part, la neurisation anesthésiante et subséquemment hypnotisante comporte l'emploi méthodique des deux modalités principales de la neuricité qui sont : 1 la neuricité ou force neu­rique rayonnante, représentant sous forme de rayons (a portion extériorisé!!delà neuricité; 2 laneuricite circulante qui représente sous forme de courants la portion de la neuricité retenue dans le corps.

PROCÉDÉS  POUR   PROVOQUER   LE  SOMMEIL  NEURIQUE

Les procédés qui m'ont permis d'utiliser les rayons et les cou­rants neuriques pour provoquer l'anesthésie et le sommeil ont été exposés précédemment avec tous les développements qu'ils com­portaient. .Je me bornerai â les rappeler très sommairement.

Ce sont :

1 Les radiations digitales et oculaires fixes avec ou sans agents intermédiaires, directes, réfléchies, réfractées ou traversant des


obstacles divers, et intéressant les nerfs de sensibilité générale et spéciale du sujet neurisable ;

2* Les radiations digitales mobiles ou passes faites en sens inverse de lu distribution des nerfs, en regard des faces postérointernes des membres supérieurs et des faces postérieures des membres inférieurs; et faitesdans le sens de la direction desnerfs en regard de toutes les autres régions du corps du sujet neurisable ;

8' La préhension des mains;

4* Les applications digitales sur le trajet ou sur le point d'émer­gence de certains nerfs importants;

5° L'opposition d'un courant neurique, propre ou transmis à un agent intermédiaire, à des nerfs sensitifs du sujet neurisable se distribuant dans le même sens que ce courant (exception faite encore pour les nerfs sensitifs de la face postérieure des membres).

TEMPS NECESSAIRE POUR PROVOQUER LE SOMMEIL NEURIQUE

Le temps nécessaire pour amener le sommeil neurique a été assez variable, il était subordonné au procédé de neurisation et surtout à la sensibilité neurique de la jeune fille; et cette sensibi­lité neurique était d'autant plus grande que l'on se trouvait plus rapproché du début de la maladie, et que la neurisation était pra­tiquée plus souvent.

On peut dire d'une manière générale que ce temps a varié de une, deux ou trois secondes à quatre ou cinq minutes, et rare­ment plus.

SYMPTOMES  DU DEBUT DU SOMMEIL NEURIQUE

Lorsque le sommeil survenait graduellement, il s'annonçait par de lu lassitude, le besoin de dormir, un certain de degré de vertige, la lourdeur des paupières, et leur abaissement graduel, enfin par l'affaissement du sujet sur lui-même et la résolution des membres comme dans le sommeil ordinaire.


Lorsque le sommeil survenait brusquement, l'affaissement du corps suivait de très près les autres symptômes et la malade avait a peine le temps de s'en rendre compte.

Parfois le sommeil neurique survenait spontanément. SOMMEIL CONFIRME

A partier de ce moment la malade restait étrangère à tout ce qui se passait autour d'elle, ne sentait rien, ne voyait rien et n'enten­dait rien, à moins que ce fat le son de ma voix, et encore dans certaines conditions particulières.

CARACTERES DU SOMMEIL NEURIQUE

Conditions préliminaires.  Le sommeil neurique confirmé, qu'il ail été provoqué ou spontané, présente des caractères propres qui permettent de lui assigner une place apart dans les troubles du système nerveux, en le distinguant du sommeil ordinaire, et de déterminer à quel degré il est parvenu.

DEGRES DIVERS  du sommeil NEURIQUE

Le sommeil neurique est en'effet plus ou moins léger et plus ou moins profond.

A la suite de nombreuses et patientes observations j'ai pu dis­tinguer en lui plusieurs degrés se caractérisant chacun par des phénomènes propres.

Division du sommeil neurique en degrés, J'ai donc divisé le sommeil neurique :

1 En sommeil du premier degré (premier degré du sommeil);

2 En sommeil du deuxième degrê (deuxième degré du sommeil);

3 En sommeil proprement dit ou complet (troisième degré);


4 En sommeil comateux ou coma neurique qui est le sommeil complet profond (quatrième degré).

PASSAGE SUCCESSIF DU. AUX  2 ET 4 DEGRES DU SOMMEIL NEU-RIQUE PAR LA  NEURISATION HYPNOTISANTE PROLONGÉE

Lorsque je neurisais lamalade pur les pratiques anesthésiantes elle tombait tantôt dans le premier degré, tantôt dans le deuxième degré, tantôt dans le troisième degré. Cela dépendait de la durée de la neurisation. Plus la neurisation était prolongée, plus le som­meil était profond, et nu fur et à mesure que j'agissais pour ren­dormir, elle passait successivement par le premier, le deuxième et lu troisième degré jusqu'au coma.

PASSAGE OU 4  AUX 3,2 ET 1 DEGRES DU SOMMEIL NEURIQUE

ET ENSUITE A L'ÉTAT DE VEILLE

l'Ail LA  NEURISATION RÉVEILLANTE PROLONGEE

De même lorsque je voulais la réveiller, le temps employé pour cela faire était d'autant plus long que te sommeil était plus pro­tond. Si elle se trouvait alors dans le sommeil comateux, au fur et à mesure que j'agissais dans le but de la réveiller, elle passait successivement par le troisième, le deuxième et le premier degré du sommeil,

ETUDE DES   DIVERSES  PHASES OU SOMMEIL. RENDUE POSSIBLE ET  FACILE  PAR LES NEURISATIONS HYPNOTISANTE ET REVEILLANTE PROLONGÉES

J'ai donc pu étudier tout à mon aise les diverses phases du som­meil neurique, soit par l'emploi graduellement persistant de ta neurisation anesthésiante et par conséquent hypnotisante, lorsque je me proposais de faire passer la malade de l'étal de veille à l'état de sommeil, soit par l'emploi de la neurisation hyperesthésiante et conséquemment réveillante, lorsqu'au contraire j'avais pour but


.


de faire passer lajeune fille de l'état do sommeil à l'état de veille;

Par cette double opération j'établissais un contrôle mutuel entre les résultats obtenus dans un sens et ceux obtenus dans l'autre sens, et aucune phase du sommeil, ayant des caractères propres et fut-elle très transitoire, ne pouvait échapper a mon observation.

En d'autres tenues j'ai pu ainsi explorer le champ du sommeil neurique dans tous les sens, de manière à ne laisser dans l'ombre, ou inexplorée, aucune de ses parties.

PROCEDE HABITUEL POUR ENDORMiR GRADUELEMENT

Le procédé dont je me suis servi le pins souvent pour endormir graduellementet de plus en plus profondément le sujet est la préhension des mains pulpe contre pulpe.

PROCEDE HABITUEL POUR REVEILLER GRADUELLEMENT

Le procédé auquel j'ai eu recours uniquement pour déterminer graduellement le réveil complet du sujet a été l'application répétée d'un doigt alternativement sur chaque tempe.

REMARQUES AU SUJET DE PROCEDE HABITUEL POURl  RÉVEILLER GRADUELLEMNT

J'ai ainsi procédé avec un seul doigt en vertu du raisonnement suivant, que les faits ont complètement justifié.

Je savais que l'application alternative sur les deux tempes de cinq doigts réunis en faisceau réveillait complètement le sujet endormi, quel que fut le degré du sommeil dans lequel il était plongé. Je pensai donc qu'avec un seul doigt l'effet pour le réveil serait cinq fois moindre, environ, car il y avait lieu de tenir compte de la différence du volume des doigts d'une même main.

Je m'assurai en effet que chaque manœuvre composée de trois


PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUE DE LA FORCE NEURIQUE   307

applications avec un seul doigt alternativement sur l'une et l'autre tempe diminuait la profondeur du sommeil d'environ un degré, de telle manière que si la malade se trouvait plongée dans le som­meil complet (troisième degré), elle passait, après une première triple application digitale simple alternée,du troisième au deuxième degré. Puis après une autre application, du deuxième au premier degre et après une troisième application, du premier degré du sommeil au réveil complet.

REMARQUES AU SUJET OU PROCEDE HABITUELPOUR ENDORMIR GRADUELLEMENT ET COMPARAISON DE PROCÉDÉ AVEC L'AUTRE

Avec la préhension des mains le fractionnement exact de l'hyp­notisât ion est moins précis. La succession des degrés de plus en plus avancés du sommeil ne peut être obtenue que par un calcul approximatif de la durée de l'application des doigts. Le premier degre est facile à obtenir, il suffit d'abandonner les mains du sujet dés qu'on le voit près de s'endormir. Mais souvent l'action hypnotisante continue malgré le retrait des mains et le sujet, après un court laps de temps, peut passer dans le deuxième et dans le   troisième degré.

D'autre part le procédé de la préhension des mains pour l'hyp-notisation graduelle a encore ce désavantage d'engager les deux mains de l'opérateur, ce qui n'a pas lieu avec le procédé des applications temporales alternes avec les doigts, faites dans le but «le provoquer le réveil graduel.

COMBINAISON  DES DEUX PROCEDE      POUR LA DÉTERMINAT10N ET L'ETUDE DES DlVERS DEGRES DU SOMMEIL

Mais on comprend que par la combinaison des deux procédés on puisse étudier très complètement toute la série des phénomènes auxquels peut donner lieu le sommeil neurique, depuis son pre­mier degré jusqu'à son quatrième, au delà duquel d'ailleurs nous n'avons pas cru devoir essayer de parvenir.


Ainsi supposons que je veuille étudier les caractères du deuxième degré du sommeil : je commence par endormir la malade en pre­nant ses mains. Or il se trouve, par exemple, que la neurisation. hypnotisante a dépassé le but que je voulais atteindre parce qu'elle a été prolongée ou que le sommeil est devenu plus profond de lui* méme. Au lieu de déterminér le deuxième degré du sommeil, j'ai provoqué le troisième. Pour ramener le sujet au deuxième degré du sommeil, H me suffira alors de toucher légèrement avec un seul et meôme doigt alternativement la tempe droite, la tempe gauche, puis de nouveau la tempe droite.

Si alors je veux étudier le troisième ou le quatrième degré du sommeil, j'y parviendrai en prenant les mains du sujet dans les mien nos.

C'est une opération qui consiste en quelque sorte tantôt a avan­cer, tantôt à reculer, de manière à trouver la position exacte marquée d'avance ou mieux la position dans laquelle certains phénomènes doivent se produire. C'est, en d'autres termes, une sorte detâlonnement qui permet d'obtenir des résultats plus précis.

Tous ces préliminaires étant posés nous devons aborder l'étude des caractères qui sont propres à chaque degré du sommeil neurique.

Nous ferons d'abord l'énumération des phénomènes propres et caractéristiques de chaque degré du sommeil neurique, nous en dresserons le tableau comparatif, et nous consacrerons ensuite à chacun d'eux les développements qu'il comporte.

RÉSUME DES PHÉNOMENS PROPRES A CHAQUE DEGRÉ OU SOMMEIL NEURIQUE

PHÉNOMÈNES  PROPRES   AU   PREMIER  DEGRÉ DU SOMMEIL NEURIQUE

1  Anesthésie et analgésie générales de la peau, des tissus sous-jacenis, et des muqueuses accessibles.


2° Paupières fermées ou entr'ouvertes.

3° Pupille dilatée,mobilité ou immobilité de l'iris,sensibi­lité conservée ou à peinediminuée de la cornée et de la sclérotique.

4° Abolition absolue de la vue.

5°impressionnabilité inconsciente de la rétine a l'égard des images, et possibilité de faire reproduire au sujet toutes les attitudes prises devant lui, par simple suggestion ou imitation,

6° Abolition de l'odorat.

7° Abolition de l'ouïe a l'égard de tous les sons, de tous les bruits, et a l'égard de la voix de tout le monde.

8° Conservation de l'ouïe a l'égard de la voix du sujet neurisateur.

Abolition de l'ome à l'égard de la voix du sujet neurisateur si celui-ci soulève les paupières du sujet neurisé, et simple affaiblisse­ment de l'ouïe si une seule paupière est soulevée.

Conservation de l'ouïe à l'égard d'un son produit par un instru­ment (un piano par exemple) mis en communication avec le sujet neurisé par l'intermédiaire du sujet neurisateur.

9° Possibilité de déterminer l'etat cataleptique nettement carac­térisé de tous les muselés du corps.

10° Possibilité de tétaniser n'importe quel muscle du corps.

11° Possibilité de provoquer la contraction des divers muscles de la face, de provoquer ainsi à volonté tous les jeux de physio­nomie possibles, et coincidemment ou à la suite les impressions cérébrales qui y correspondent, au moyen des passes digitales distantes ou appliquées faites dam le sens apparent de la contrac­tion de ces muscles.

12° Possibilité d'attirer les membres du sujet ou le sujet lui-même par des passes attractives et de les repousser par des passes répulsives.

13° Par des applications digitales palmaires, par des radiations digitales, oculaires et pneumiques directes et réfléchies, par des radiations digitales palmaires réfractées parle prisme (radiations du segment palmaire du spectre neurique, Voy, fig. 74) par des radiations oculaires et pneumiques réfractées par le prisme et


appartenant à l'un ou à l'autre des deux segments du spectre neurique,  possibilité do provoquer le rire et la gaieté si elles intéressent un point quelconque de la section antérieure du corps (exception faite de lu moitié inférieure de ta face, des cinq sixièmes inférieurs du pavillon dos oreilles, et aussi de la région mastoï­dienne des deux côtés, toutes régions dont la réaction est neutre); et possibilité de provoquer l'ennui, la tristesse ou les pleurs si elles intéressent un point quelconque de la section postérieure du corps y compris le sixième supérieur du pavillon des oreilles (Voy. fig. 74, 75 et 70).

14° Par des applications digitales dorsales, par des radiations digitales dorsales directes et réfractées par le prisme,  possibi­lité de provoquer les pleurst l'ennui ou la tristesse, si elles inté­ressent un point quelconque de la section antérieure du corps (exception faite delà moitié inférieure de la face» des cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles, et de la région mastoidienne des deux côtés, toutes régions dont la réaction est neutre) ;  et possibilité de provoquer le rire et la gaieté si elles intéressent un point quelconque de la section postérieure du corps y compris le sixième supérieur du pavillon des oreilles (Voy. fig. 74, 75 et 7G).

15° Possibilité de provoquer la parole par l'application d'un ou do plusieurs doigts sur les tempes, les bosses frontales, les apo­physes mastoides et le dos des mains, avec idées gaies si l'appli­cation est faite par la face palmaire, et idées tristes si elle est faite par la face dorsale.

16° Obscurcissement mais non abolition de la conscience (son sation de fatigue, de sommeil ou non sommeil exprimée).

47° Possibilité de provoquer le besoin de dormir par lapréhension des mains.

18° Possibilité de certains troubles nerveux éprouvés par la malade tels que frissons, tremblements, secousses musculaires, mouvements désordonnés, et possibilité de les faire cesser par la préhension des mains.

19° Possibilité de la déambulation.

20° Possibilité des rêves.


21°Ppossibilité do réveiller l'un dos hémisphères cérébraux et

Fig. 75.  Section anterieuro du carps (en blanc) dont l'incitation neurique provoque le rire  et la gaiolé dans le premier degré du sommeil neurique et loi gémissements et la tristesse dans te deuxième, degré.  Main droite on pronation et main gauche en supination.

par cela même la moitié opposée du corps en soufflant sur l'œil opposé à cet hémisphère.


22° Possibilité do ne réveiller que le sens de l'ouïe.

Fig. 76.  Section postérieure du corps (ombrée) dont l'incitation neurique provoque le rira et la gaieté dans le premier degré du sommeil et les gémissements et la tristesse dans le deuxième degré. Main droite en pronation et main gauche en supination.

23° Possibilité d'arrêter les mouvements désordonnés des mains


on soufflant vigoureusement sur elles de manière à en rendre les mouvements douloureux (myosalgie?).

24* Possibilité de provoquer la crise dite du petit veau en souillant légèrement et longuement sur un point quelconque du corps.

25° Possibilité de réveiller le sujet par des passes devant la figure (moitié inférieure) pourvu qu'elles soient ascendantes.

PASSAGE DU1 AU 2 DEGRÉ OU SOMMEIL NEURIQUE

Indécision dans les réactions provoquées.

»

PHENOMENES  PROPRES AU  DEUXIÈME DEGRE DU   SOMMEIL NEURIQUE

1° Anesthésie et analgésie générales de la peau, des tissus sous-jacents à la peau et des muqueuses accessibles.

2° Paupières fermées ou entrouvertes.

3° Pupille dilatée {?).Mobilité ou immobilité de l'iris.Sensibilité légèrement diminuée de la cornée et de la sclérotique.

4° Abolition apparente de la vue.

5° Impressionnabilité inconsciente de la rétine & l'égard des images. Possibilité de faire répéter au sujet toutes les altitudes prises devant lui, par simple suggestion ou imitation.

6° Abolition de l'odorat.

7° Abolition de l'ouïe à l'égard de tous les sons, de tous les bruits, et a regard de la voix de tout le monde.

8° Conservation de l'ouien l'égard de la voix du sujet neurisateur.

Abolition de Toute à l'égard de la voix du sujet neurîsateur si celui-ci soulève les deux paupières du sujet neurisé, et simple affaiblissement de la vue si une seule paupière est soulevée.

Conservation de l'ouïe à l'égard d'un son produit par un objet


mis en communication avec le sujet neurisé par l'intermédiaire du sujet neurisateur.

9° Possibilité de déterminer l'état cataleptique de tous les muscles du corps, mais d'une manière incomplète,

10° Impossibilité de tétaniser les muscles par aucun moyen.

14° Possibilité de provoquer la contraction des divers musclés de la face, de provoquer ainsi tous les jeux de physionomie pos­sibles, et coïncidemment les impressions cérébrales qui y corres­pondent, par des passes digitales distantes ou appliquées faites dans le sens contraire apparent de la contraction de ces muscles,

12° Possibilité d'attirer les membres seulement par des passes répulsives et de les éloigner seulement par des passes attractives.

13* Par des applications digitales palmaires, par des radiations digitales oculaires et pneumiques directes et réfléchies, par tes radiations digitales palmaires du spectre neurique (Voy. fig. 77), par les radiations oculaires et pneumiques des deux segments du spectre neurique, possibilité de provoquer l'ennui ou la tristesse si elles intéressent un point quelconque de la section antérieure du corps (exception faite de la moitié inférieure de la face, des cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles et de la région mastoïdienne, dont la réaction est neutre) ; et possibilité de pro­voquer le rire et la gaieté, si elles intéressent un point quelconque de la section postérieure du corps y compris le sixième supérieur du pavillon des oreilles mais exception faite de la zone dite neutre post-cervicale (Voy. fig. 75,76 et 77).

44° Par des applications digitales dorsales, par des radiations digitales dorsales directes et réfractées parle prisme (Voy. fig. 77), possibilité de provoquer le rire et la gaieté, si elles intéressent un point quelconque de la section antérieure du corps (exception faite de la moitié inférieure de la face, des cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles et de la région mastoïdienne, dont la réaction est neutre) ; et possibilité de provoquer l'ennui ou la tristesse, si elles intéressent un point quelconque de la section postérieure du corps, y compris le sixième supérieur du pavillon des oreilles mais exception faite de la zone dite post-cervicale (Voy. fig. 75,76et 77).



 


15° Possibilité do provoquer la parole par l'application d'un ou de plusieurs doigts sur l'une ou l'autre apophyse mastoïde, l'oc­ciput, la nuque et le haut du rachis ; avec idées gaies si l'application est faite par la face palmaire, et idées tristes si elle est faite par la l'ace dorsale. L'expression de la gaieté ou de la tristesse domine la parole.16° Obscurcissement mais non abolition complète de la con­science.

17° Possibilité de provoquer le besoin de dormir par la pré­hension des mains.

18° Possibilité de certaines souffrances ou de troubles nerveux éprouvés par la malade ; et possibilité de les faire cesser par la préhension des mains.

49° Possibilité de ta déambulation.

20° Possibilité des rêves.

24° Possibilité do réveiller l'un des hémisphères cérébraux et par cela même la moitié opposée du corps en soufflant sur l'œil opposé à cet hémisphère.

22° Possibilité de ne réveiller que le sens de l'ouïe.

28° Possibilité d'arrêter les mouvements désordonnés des mains en soufflant vigoureusement sur elles de manière a en rendre les mouvements douloureux (myosalgie?).

24° Possibilité de provoquer la crise dite du petit veau en souf­flant légèrement et longuement sur un point du corps.

25° Possibilité de réveiller le sujet par des passes devant la figure (moitié inférieure) pourvu qu'elles soient descendantes.

PHENOMENES PROPRES AU TROISIEME  DEGRÊ DU   SOMMEIL  NEURIQUE,   OU   S0MMEIL   COMPLET

1° Anesthésie et analgésie générales de la peau et des tissus sous-jacents, et des muqueuses accessibles. 2° Paupières fermées. 3° Mobilité de l'iris quand on approche brusquement une lumière


après l'avoir soigneusement cachée. Notable diminution de la sensibilite de la cornée et do la sclérotique; mais possibilité par cette exploration de provoquer de la douleur dans l'œil.  Sensibilité de l'œil à l'examen ophthalmoscopique. A l'ophthalimoscope état turgidedes veines rétiniennes.

4° Abolition apparente de la vue.

5° Aucune impressionnabilité de la rétine. Impossibilité de faire reproduire au sujet par simple suggestion ou imitation les atti­tudes prises devant lui.

6° Abolition de l'odorat.

8° Abolition do l'ouïe môme à l'égard de la voix du sujet neuri­sateur à moins que celui-ci ne répète plusieurs fois et avec insis­tance ses questions.

9° Impossibilité de déterminer l'état cataleptique des muscles. Les membres soulevés et abandonnés retombent flasques.

10° Impossibilité de provoquer la contracture ou tétanisation des muscles.

11° Impossibilité de provoquer la contracture des muscles de l'expression faciale par les mêmes procédés.

12° Impossibilité de provoquer aucun mouvement d'attraction ou de répulsion.

13° et 14° Impossibilité de provoquer le rire ou la tristesse.

15° Impossibilité de provoquer la parole par des applications digitales sur l'une ou l'autre tempe ou sur les deux à la fois. Mais possibilité de la provoquer par des applications digitales sur les apophyses mastoides séparément ou simultanément.

16° Abolition de la conscience (?).

17° Le sommeil étant complet, impossibilité do provoquer le besoin de dormir.

18° Cessation de toutes souffrances ou de tous troubles ner­veux. Possibilité de provoquer des douleurs (inconscientes) le long des troncs nerveux accessibles, par des applications digi­tales.

19° Possibilité de mouvements spontanés. Possibilité pour le sujet de rester assis ou debout, et même de marcher, mais avec


l'attitude d'une personne fatiguée et somnolente, si on vient à le soulever et & l'aider, soit pour rester assis ou debout, soit pour se déplacer et marcher.

20° Possibilité des raves.

21° Possibilité de réveiller l'un des hémisphères cérébraux et par cela même la moitié opposée du corps en soufflant sur l'oeil opposé à ces hémisphères.

22° Possibilité de ne réveiller que le sens de Toute.

23° Cessation de tous mouvements désordonnés..*

24° Possibilité de provoquer la crise du petit veau parle souffle.

25° Possibilité de réveiller le sujet par des passes faites devant la figure (moitié inférieure) pourvu qu'elles soient ascendantes.

SOMMEIL NEURIQUE COMATEUX

1° Respiration profonde, bruyante, plaintive, parfois assez fré­quente.

2° Possibilité de rendre la respiration calme, non bruyante, en touchant légèrement et alternativement les deux tempes.

3° Même état des pupilles.

4° Possibilité de réveiller l'ouïe, et de provoquer alors la parole par des questions.

Parmi les phénomènes qui sont propres à chacun des trois degrés du sommeil neurique, il en est qui sont communs a ces trois degrés et d'autres qui sont spéciaux à chacun d'eux.

D'où il résulte que les trois phases du sommeil comparées entre elles présentent des phénomènes communs et d'autres différentiels. Nous avons pensé que le meilleur moyen de bien mettre en relief les phénomènes caractéristiques de chaque degré du sommeil con­sistait à dresser un tableau comparatif de tous ces mêmes phéno­mènes.



 



 



 



 



 


PHÉNOMÈNES CARACTÊRISTIQUES DES  DIVERS DEGRES DU  SOMMEIL, LES  PLUS   UTILES  A CONNAITRE

Les phénomènes dont les conditions variables de manifestation sont les plus utiles a connaître pour la détermination exacte du degré du sommeil sont ; 1° la catalepsie; 2° les réactions gale ou triste; 3° la contraction des muscles dela face;4°l'attraction ou la répulsion; 5° le réveil parles passes.

Ainsi le premier degré du sommeil neurique est essentiellement caractérisé :

Par la possibilité de lacataleptisation complète des membres;

2° Par les réactions gaie antérieure et triste postérieure, sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du doigt;

3° Par la contraction des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le sens apparent de cette contraction;

4° Par l'attraction et la répulsion positives;

5°Par le réveil obtenu au moyen de passes ascendantes devant la figure.

Le deuxième degré du sommeil est essentiellement caractérisé :

1°Par la possibilité de la cataleptisation mais faibleet de courte durée;

2° Par la réaction triste antérieure et gaie postérieure sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du doigt;

3° Par la contraction des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le sens inverse apparent de celle contraction;

4° Par l'attraction et la répulsion négatives;

5° Par le réveil obtenu au moyen depasses descendantes devant la figure.

Le troisième degré du sommeil ou sommeil complet est essen­tiellement caractérisé :

l°Par la flaccidité complète des membres qui soulevés et aban­donnés à leur propre poids retombent inertes;

2° Par l'absence de toute réaction gaie ou triste sous la pression du doigt;


3° Par l'absence do toute contraction sous l'influence des passes;

4° Par l'absence de tout mouvement d'attraction et de répulsion sous t'influence des passes perpendiculaires centrifuges et centri­pètes;

5° Par le réveil obtenu au moyen de passes ascendantes.

DÉTERMINATION  FACILE  ET  RAPIDE  OU   DEGRÉ DU SOMMEIL PAR LA RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE

Les phénomènes qui, par leur mode de production, leur exis­tence ou leur absence même, caractérisent le mieux chaque degré du sommeil neurique sont le rire ou la gaieté et ta tristesse.

Dans le premier degré du sommeil la section antérieure du corps, touché par la face palmaire de l'extrémité du doigt, réagit par la gaieté et la section postérieure par la tristesse.

L'inverse a lieu dans le deuxième degré du sommeil.

Dans le troisième degré il ne se produit aucune réaction sous la pression du doigt, qu'elle intéresse la section antérieure ou la section postérieure du corps.

Muni de ces données, et la malade étant endormie, il m'était toujours facile de savoir dans quel degré de sommeil elle se trouvait; il me suffisait de poser l'extrémité de mon doigt indi­cateur, par sa face palmaire, sur un point quelconque facilement accessible de la section antérieure du corps, le milieu du dos de la main, le front, etc., par exemple. Si la jeune fille riait, partait gaiement, cela m'indiquait qu'elle était dans le premier degré du sommeil ; si, au contraire, elle pleurait, geignait tristement, je savais alors qu'elle était dans le deuxième degré, si enfin elle ne réagissait ni par le rire ni par la tristesse j'avais la preuve qu'elle était plongée dans le sommeil complet.

Ilm'était ensuite facile de compléter mes renseignements et de contrôler la valeur de ces premières indications, en cherchant à provoquer la catalepsie, la contraction des muscles de la face, l'attraction ou la répulsion des membres, etc., etc.


ETUDE SPÉCIALE DE CHACUN DES PHENOMENES,

OUI CARACTERISENT

LES DIVERS DEGRES DU SOMMEIL NEURIQUE

ÉTAT DE LA  SENSIBILITÉ GÉNÉRALE

1° ANESTHESIE  ET ANALGÉSIE GÉNÉRALES DE LA PEAU, DES  TISSUS  SOUS-JACENTS ET DES   MUQUEUSES   ACCESSIBLES

Lorsque le sujet est dans le sommeil neurique, et quel que soit le degré de ce sommeil on peut toucher, frôler, frotter, presser, pincer, piquer, transpercer la peau, atteindre ainsi même des tissus profonds sans que le sujet neurisé accuse la moindre sensa­tion, la moindre douleur soit par le geste, soit par la parole. Il ne sent rien.

J'ai fait des applications de corps froids sur la peau : méme insensibilité.

Les muqueuses accessibles, muqueuse des lèvres, de la bouche, du nez et des conjonctives sont de même insensibles.

Il convient de faire remarquer que la sclérotique et la cornée n'ont jamais perdu leur sensibilité dans les trois degrés du sommeil neurique. La sensibilité de ces organes n'était qu'affaiblie, et cet affaiblissement augmentait avec la profondeur ou les phases plus avancées du sommeil.

Bien qu'il ne fut pas possible de provoquer chez le sujet des manifestations d'une impression sentie, sur la peau et les muqueuses accessibles eu général, la sclérotique et la cornée exceptées, il m'a semblé plusieurs fois qu'il était capable d'avoir la notion des résistances tout au moins dans le premier degré du sommeil; car si en marchant elle rencontrait un obstacle elle l'évitait tantôt après l'avoir heurté, tantôt avant, ce qui semblerait prouver, par parenthèse, que la vision n'était pas complètement abolie.


ÉTAT  DE  LA  SENSIBILITÉ   SPÉCIALE,   ET   DES ORGANES QUI Y PRÉSIDENT.   ÉTAT DES YEUX ET DE LA VUE

a) PAUPIÈRES 2° PAUPIERES FERMEES OU ENTR'OUVERTES

Généralement les paupières étaient closes, parfois elles étaient entr'ouvertes d'une manière visible.

Mais lors môme qu'elles paraissaient closes il existait toujours un petit écart entre leurs bords qui permettait à la rétine d'être impressionnée par les objets extérieurs.

On peut dire d'une manière générale que, au fur et à mesure que le sommeil devenait plus profond, ce léger écart des paupière tendait à disparaître.

Dans les crises hyperesthésiques les yeux étaient généralement entr'ouverts et parfois grands ouverts tantôt sans expression comme des yeux amaurotiques tantôt avec l'expression de la terreur.

b) PUPILLES

3° ETAT DES  PUPILLES SENSIBILITÉ DE LA  CORNÉE ET DE LA SCLEROTIQUE

L'état des pupilles a varié. Je les ai trouvées dilatées dans le premier degré, et variables dans les autres degrés.

Leur mobilité était tantôt conservée mais difficile à provoquer parfois, par exemple dans le troisième degré. Elle était nulle quel­quefois.

c) CORNÉE ET SCLÉROTIQUE

En résumé mobilité et dilatation variables de la pupille. Sur la sensibilité de la cornée et de la sclérotique nous nous sommes expliqués plus haut (p. 386).


d) RÉTINE 4° ABOLITION APPARENTE   DE LA VUE

La malade ne regardait rien ni personne. Sa vue ne seposait

sur aucun objet, sur aucune personne, tout lui semblait indiffèrent ainsi qu'à un aveugle, môme lorsqu'on prenait la précaution do soulever tes paupières.

Si on venait alors à faire passer devant ses yeux un objet quel­conque, même une vive lumière, ses paupières n'éprouvaient pas le moindre tressaillement» les globes oculaires demeuraient immo­biles, la tête ne se mouvait dans aucun sens. En un mot il ne se produisait aucun mouvement qui pût indiquer qu'une impression visuelle était ressentie.

Et pourtant les impressions produites sur la rétine étaient con­duites au cerveau.

Nous avons dit, en effet, ci-dessus, que dans la déambulatlion, surtout dans le premier degré du sommeil elle évitait souvent les obstacles qui barraient son chemin, quoique les paupières fussent baissées.

e) RETINE 5° IMPRESSIONNABILITÉ INCONSCIENTE  DE  LA RETINE

La rétine restait donc impressionnable dans le sommeil neurique et les impressions qu'elle recevait étaient transmises au cerveau, mais celui-ci n'en avait pas ou semblait ne pas en avoir cons­cience. La jeune fille semblait obéira ses instincts-naturels.

Les expériences qui suivent, tout en s'accordant pour démontrer la réalité de l'impressionnabililé de la rétine et de sa transmis­sion au cerveau, ont été contradictoires pour prouver l'incons­cience absolue du sujet et la nécessité d'une impression préalable sur la rétine pour l'imitation forcée de certains gestes faits ou


de certaines attitudes prises en sa présence par le sujet neuri­sateur.

IMITATION FORCÉE PAR LE SUJET NEURISE DES GESTES FAITS OU DES ATTITUDES PRISES PAR LE SUJET NEURISATEUR

AU SUJET DE  L'INCONSCIENCE DU SUJET DURANT CETTE  IMITATION

ET DE LA NÉCESSITÉ D'UNE IMPRESSION PREALABLE SUR

LA RÉTINE POUR QUE CETTE IMITATION AIT LIEU

Les premières expériences Turent faites dans l'état de veille avec anesthésie préalable du bras qui devait imiter, malgré la volonté de ta malade, les mouvements où les attitudes particu­lières du mien. Il en est question a la page 356.

Vers ta fin de cette expérience, qui me démontrait nettement que le sujet, malgré sa volonté contraire, était forcé de m'imiter, la jeune fille s'endormit, a la suite, probablement, de la diffusion dans les centres de l'anesthésie que j'avais provoquée dans un de ses bras. Elle était dans le premier degré du sommeil, car je pus la faire se relever de la position assise dans laquelle elle était, par des passes attractives.

Placé devant elle toujours endormie (1 degré), je fis certains mouvements avec l'un do mes bras, et lui fis prendre certaines attitudes qu'elle répétait exactement, mais tout à fait malgré sa volonté. Elle résistait, se déballait en quelque sorte, cachait ins­tinctivement sa main, protestait à haute voix. Cette résistance au besoin impérieux de m'imiter qui s'emparait d'elle commençait par une sorte de malaise et d'inquiétude, se traduisait ensuite par le dépit dès qu'elle sentait que son bras se préparait à prendre la position qu'avait le mien. Puis peu à peu elle s'exaltait, protes­tait par des non! non! répétés, frappait autour d'elle, etc. Enfin son bras mu comme par un ressort prenait la position exacte qu'avait le mien et ses doigts se mouvaient exactement comme les miens. J'aivoulu ensuite lui bander les yeux pour supprimer l'impres-


sion qui devait avoir lieu sur la rétine, et essayer de lui faire ré­péter ainsi les divers mouvements de mon bras et de ma main. Elle a voulu s'emparer du mouchoir que j'avais réussi déjà à placer autour de sa tête pour lui couvrir les yeux, mais visant ses bras avec mes doigts je les immobilisai. J'immobilisai ses pieds par la même manœuvre et je réussis alors a lui bander las yeux sans avoir éprouvé de résistance '.

Or, avec les yeux bandés elle a refait exactement avec son bras les mouvements que le mien exécutait et j'avais eu soin de ne pas faire le même genre de mouvements que dans la précédente expérience dans laquelle les yeux n'étaient pas bandés.

Mais bientôt la liberté des mouvements lui étant revenue elle a enlevé de force le mouchoir qui couvrait sas doigts et s'est mon­trée très en colère. Aussitôt je fis au niveau du front et de la bouche quelques passes transversales centrifuges avec mes deux mains et sa figure prit l'expression du contentement. Le cerveau dut réagir dans le même sens car elle exprima sa satisfaction par un « Ah ! » significatif.

Puis dès qu'elle parut de nouveau devenir indocile, je l'immo­bilisai droite par des passes verticales descendantes faites avec mes deux mains.

Je l'ai ensuite faite asseoir sur un divan après lui avoir commu­nique un peu de calme, et, pendant qu'elle reposait sa tétesur le coussin du divan, j'ai couvert ses yeux solidement et de très près, avec deux mouchoirs plies en quatre et liés par les bouts derrière la tète. Puis j'ai par des passes centrifuges attiré son bras pour le détacher du corps et pendant que ce bras restait ainsi soulevé et étendu, j'ai ouvert successivementmes doigts de diverses manières, et elle a répété exactement les mêmes mouvements (9 novembre 1880).

n peu plus tard (13 novembre 1880) la malade étant encore dans le premier degré du sommeil neurique j'ai fuit placer un largo

1. Celte résistance dlu sujet qui imptiqtique on apparence un état conscient assois pro­noncé, n'est elle-même qu'un phénomène do suggestion car dans l'état do veille je lui avais bien recommandé do ne pas m'imiter, d'avoir une volonté a elle (Yoy. p. 350).


écran opaque devant ses yeux. Puis ayant cataleptisé un de ses

bras je l'ai placé dans la position horizontale la main entièrement

ouverte. J'ai alors placé mon bras dansune position analogue et telle

que l'écran pouvait empêcher ses rétines d'être impressionnées

par lui. Mais tandis que les doigts de sa main étaient tous étendus, je maintenais les miens fermés A l'exception du petit doigt. J'ai attendu assez longtemps dans cette position, mais la malade

n'a pas fait prendre a ses doigts la position des miens, elle ne m'a

pas imité.

J'ai fait retirer alors l'écran et dit à la jeune malade de regarder ma main, aux doigts do laquelle j'avais laissé la même position. Après quatre ou cinq secondes j'ai fait replacer l'écran comme précédemment, clj'ai attendu. Au bout de dix à douze secondes peut-etre quinze, la main de la malade (malgré sa volonté contraire rendue évidente par l'hésitation éprouvée, et la lutte soutenue) a fait exécuter d'abord lentement puis brusquement a ses doigts certains mouve­ments qui les ont placés exactement dans la position des miens. Je m'assurai ensuite par de nouvelles expériences que le mouve­ment imitatif avait lieu plus tôt si je maintenais l'écran écarté.

Toutes les expériences ci-dessus exposées, répétées dans le deuxième degré du sommeil, ont donné les mêmes résultats géné­raux et contradictoires mais avec beaucoup de lenteur et d'hési­tation.

Dans le troisième degré du sommeil elles ne donnaient aucun résultat.

REFLEXIONS AU SUJET DE LA SUGGESTION' D'ACTES

Le principe de toutes ces expériences sur l'imitation forcée con­siste en réalité dans une suggestion d'actes.

Cette suggestion d'actes nous l'avons vue suivie d'effets dans l'état de veille avec anesthésie préalable de la partie du corps du sujet qui devait accomplir les actes suggérés; nous la retrouvons réalisable et suivie d'effets dans l'état de sommeil.


L'obéissance forcée du cerveau qui fait imiter exactement les actes suggérés passivement sans que la parole intervienne, est posi­tive dans certains cas, et manque dans d'autres et nous avons dit dans quelles conditions.

Ce que nous voulons faire ressortir ici c'est que cette obéissance s'affaiblit jusqu'à cesser au fur et à mesure que le sujet atteint un degré plus avancé du sommeil neurique.

Quant au fait de la suggestion, nous ferons cette simple remarque : c'est que, aujourd'hui, si la suggestion sert d'explication à beaucoup de phénomènes où évidemment elle semble agir par elle-même, elle est trop souvent invoquée encore comme explication de phé­nomènes qui précisément ne dépendent pas d'elle. ' Il est certain qu'il faut toujours tenir compte de la possibilité d'une suggestion de parole, de geste, d'actes et l'avenir nous dira s'il fautaussi être sur ses gardes au sujet de la suggestion de pensée.

Au moment où je commençais mes recherches et pendant les deux périodes dans lesquelles je les continuai, il était encore peu question de suggestion en médecine, mais je n'ignorais pas que l'esprit imitatif des sujets en expérience est quelquefois poussé très loin et qu'il faut toujours se garder de toute parole, de tout mouvement de lèvre, de tout geste, de toute attitude et de tout acte qui puissent leur faire deviner le genre de préoccupation auquel on est en proie. Il est des sujets qui ont pour la devination de l'objet des préoccupations de l'opérateur une disposition natu­relle très remarquable.

La jeune fille que j'observais n'était pas douée en général et surtout dans l'état de veille de cette exquise impressionnabilité qui est si fréquente chez es personnes souffrant du môme mal.

EXPERIENCES MONTRANT L'EXTRÊME IMPRESSIONNABILITÉ DU SUJET DANS LE PREMIER DEGRÉ DU SOMMEIL

Un soir pourtant, le 8 novembre 1880, après une journée consa­crée à de nombreuses expériences elle se montra, dans le sommeil,


pour la première et unique fois, douée d'une impressionnabilité vraiment étonnante.

Elle était dans le premier degré du sommeil. Je commençai par diriger les doigts de l'une do mes mains vers te plafond dans le but d'y faire réfléchir les rayons neuriques de façon a leur faire atteindre ensuite la tête de la jeune fille. Aussitôt elle se leva. Je visai ensuite avec mes doigts la paroi de la chambre a laquelle elle tournait le dos : aussitôt elle s'y appuya. Je visai de même d'autres parois et elle s'y porta. Si pendant qu'elle était debout je visais de nouveau le plafond elle se redressait et s'élevait même sur la pointe de ses pieds; si je visais le parquet elle se baissait fléchissant ses genoux.

Évidemment elle obéissait inconsciemment et malgré elle à mes gestes ou du moins a la signification apparente de mes gestes.

Durant toutes ces opérations je me trouvais tantôt à cinquante centimètres ou un mètre de la jeune fille, tantôt & trois mètres environ.

Comme la jeune malade avait les yeux ouverts et que malgré cela elle ne paraissait pas y voir, je voulais savoir jusqu'à quel point une impression même inconsciente sur la rétine pouvait intervenir dans la production de tous ces phénomènes.

Par des passes attractives et propulsives combinées, je fis lever la malade du divan sur lequel elle était assise et la conduisis au milieu de la pièce. Je me plaçai ensuite derrière elle, suffisamment éloigné pour étre libre dans mes mouvements et assez près pour que je ne fusse pas dans son champ visuel, elle obéit à tous les mouvements que je fis et pendant lesquels j'avais le plus grand soin de ne faire aucun bruit. Je levais la main, elle s'élevait sur la pointe de ses pieds ; je la baissais elle se rapprochait du sol ; je la dirigeais en avant elle se portait en avant, je la relirais elle re­venait vers moi.

Le mouvement de se porter en avant ou en arriére peut être interprété comme étant sous la dépendance de passes attractives ou répulsives. Mais le mouvement de se lever ou de se baisser ne peut s'expliquer que par l'effet d'une singulière impressionnabilité


des tissus de la jeune fille, en dehors de toute impression sur la rétine rendue d'ailleurs impossible.

Au moyen de passes attractives et répulsives combinées je fis asseoir la malade, toujours endormie, sur le divan pour qu'elle ne se fatiguât pas, et restai debout devant elle.

J'eus alors l'idée de faire divers gestes. Elle refit tous les plus petits mouvements que je faisais devant elle, bien que ma figure fût dans l'ombre. Je remuais mes doigts de diverses manières, elle répétait exactement et immédiatement ces mouvements. Je remuais la tète, elle faisait de môme; je remuais les lèvres même très fai­blement, elle tes remuait à son tour de la même manière. Je ne pourais faire aucun mouvement sans qu'elle le répétât.

Elle avait les yeux ouverts et pouvait m'entendre, car j'avais précédemment réveillé son ouïe par le souffle, mais elle dormait réellement.

Ensuite j'étendis mes bras horizontalement; elle hésita un moment. Elle sembla lutter contre une volonté extérieure et supé­rieure à la sienne, mais bientôt elle répéta les mêmes mouvements. Je comptai à haute voix sur mes doigts et elle compta sur les siens avec une expression de dépit comme si elle obéissait par contrainte.

Je refis quelques mouvements imperceptibles avec mes lèvres et elle les répéta. J'avais pourtant, je le répète, ma figure dans l'ombre.

Ma figure prenait-elle une expression de sévérité, sa figure copiait la mienne. Comptais-je sur mes doigts sans parler elle refaisait les memes mouvements qui consistaient à ouvrir suc­cessivement les doigts depuis le pouce jusqu'à l'auriculaire.

L'ayant faite se lever, je lui fis signe après d'aller s'asseoir, sans lui parler; elle obéit. C'était un automate que je faisais mouvoir à volonté, sur un petit signe, ou un geste en apparence insignifiant.

Pendant qu'elle était de nouveau debout je me replaçai derrière elle et comptais sur mes doigs sans parler ni remuer mes lèvres, elle compta sur ses doigts. Je dois reconnaître que la répétition de ces mouvements quoique positive et indéniable était moins par-


faite que lorsque je les faisais devant ses yeux ou dans son champ visuel. Or, placé derrière elle, j'échappais a son champ visuel.

J'ai noté que certains gestes qu'elle répétait provoquaient chez elle certaines pensées on harmonie avec ces gestes, et elle expri­mait ces pensées par la parole.

J'ai noté aussi qu'elle mettait une grande résistance arépéter mes mouvements et que souvent elle piétinait, se révoltait, disait « Non !non ! »

Voulant me soustraire à sa présence je me suis placé derrière la porte du salon voisin. Là, j'ai fait quelques gestes mais ils n'ont pas été répétés. Je me suis alors porté derrière la cloison qui me séparait du divan sur lequel elle était assise, j'ai renouvelé quelques gestes mais aucun d'eux n'a était refait par la jeune fille.

J'ai reparu dans la pièce où elle était, et j'ai refait des gestes assez loin d'elle : elle les a exactement répétés, non sans montrer de la résistance.

Puis comme elle avait déclaré qu'elle était fatiguée, je l'ai réveil­lée et aussitôt je lui ai demandé si elle était fatiguée : «  Mais non, me répondit-elle, je ne suis nullement fatiguée.  Etes-vous bien réveillée? ai-je ajouté. Mais oui », dit-elle aussitôt. En effet elle était parfaitement réveillée à ce moment.

ÉTAT DE   L'ODORAT 6 ABOLITION DE L'ODORAT

C'est un phénomène commun aux trois degrés de l'hypnose neu­rique et dont la constatation n'a donné lieu à aucune remarque particulière.


ÉTAT DE L'OUIE

7 ABOLITION DE L'OUÏE A L'EGARD DE TOUS LES SONS,

DE  TOUS LES  BRUITS

ET A L'ÉGARD DE LA VOIX DE TOUT LE MONDE

Dans les divers degrés du sommeil la jeune fille ne paraît im­pressionnée par aucun son, par aucun bruit, ni par la voix de ses parents, de ses amis ou connaissances, elle parait absolument sourde.

On fait du bruit autour d'elle, on joue du piano, on cause à haute voix, on l'interroge, on la questionne, le chien de la mai­son aboie, elle n'entend rien car elle ne répond à aucune question, ne fait aucune observation, ni aucun mouvement, ne prend aucune expression de physionomie qui indique qu'elle entend.

8 CONSERVATIONDE L'OUIE A L'EGARD DE LA VOIX DU  SUJET NRURISATEUR

Mais si je lui adresse la parole, elle me répond, dans le premier et le deuxième degré du sommeil. Dans le troisième sommeil elle ne répond pas tout d'abord, mais si je persiste à l'interroger, elle finit par me répondre. J'ai cru reconnaître qu'a ce moment elle passait, probablement sous l'influence spéciale de ma voix, du troisième degré au deuxième degré du sommeil. Cette particularité indique encore tout au moins que le troisième degré représente un état d'anesthésie plus avancé.

Elle répond donc à mes questions tandis qu'elle ne répond à aucune de celles que lui font ses sœurs ou sa mère ou ses amies. Ce contraste est frappant.

Je lui demande, par exemple, si elle entend ses soeurs lui parler; elle dit qu'elle ne les entend pas, quelque insistance que celles-ci mettent a se faire entendre. Elle demeure impassible. Pendant


que je cause avec elle, le chien de la maison aboie près d'elle for­tement et à plusieurs reprises, « Entendez-vous le chien aboyer? lui dis-je.Non, je n'entends rien.Mais vous m'entendez bien?  Oui.  Vous me reconnaissez?  Non I  Qui suis-je ?  Je ne sais pas. »

Ainsi elle entend ma voix et ne la reconnaît pas, mais je n'ai pas noté si c'est dans le troisième degré plutôt que dans les autres.

Je crois pourtant me souvenir qu'elle a quelquefois reconnu ma voix lorsqu'elle était dans le premier degré du sommeil. Mais je ne puis affirmer que ce que je retrouve dans mes notes, et celles-ci ne sont pas explicites sur ce point.

Pouvant l'interroger dans le sommeil, je me suis assuré qu'elle avait une certaine conscience de son état actuel; elle savait qu'elle était endormie et qu'elle ne pouvait pas se réveiller, bien qu'elle n'eût pas envie de dormir.

REMARQUES

Je me souviens très bien que plus le sommeil était profond, plus je devais parler à haute voix et répéter mes paroles pour être en­tendu par la malade, ou en d'autres termes pour réveiller son ouïe.

En même temps que je réveillais ainsi son ouïe, je crois avoir remarqué que je diminuais la profondeur de son sommeil.

Gomment expliquer la propriété qu'avait ma voix de réveiller l'ouïe de la malade? Je pense que les ondulations sonores for­mées par la vibration de mes cordes vocales servaient de moyen de propagation de la force neurique pneumique,jusqu'àsesoreilles. De telle sorte que lui parler équivalait à souffler dans ses oreilles.

CONSERVATION DE L'OUÏE A L'EGARDDE LA VOIX

LORSQUE SES PAUPIÈRES SONT ABAISSES ET ABOLITION DE L'OUÏS

LORSQU'ELLES SONT RELEVÉES

Pendant qu'elle causait avec moi comme si elle était éveillée, ses paupières étaient baissées. J'eus l'idée un jour de les soulever


pendant que je l'interrogeais et je m'aperçus qu'elle ne répondait plus, qu'elle Reparaissait plus m'entendre Je tes laissai tomber et elle me répondit; je les relevai, de nouveau elle garda le silence. Je répétai plusieurs fois cette expérience le même jour et les jours suivants. Toujours elle entendait lorsqu'elle avait les paupières abaissées, jamais elle m m'entendait lorsque je saulevais ses paupières et durant tout le temps que je les maintenais soulevées.

Si je ne soulevais qu'une seule paupière elle ne m'entendait que tres faiblement.

CONSERVATIONDE L'OUÏS A L'ÉGARD D'UN SON PRODUIT

PAR UN OBJET MIS EN COMMUNICATION AVEC LE SUJET NEURISE

PAR L'INTERMEDIAIRE DU SUJET NEURISATEUR

Ses sœurs m'avaient raconté qu'un matin pendant que je son­nais à la porte et qu'elle était dans son lit plongée dans le sommeil neurique, provoqué par moi la veille et dont je constatai d'ailleurs la réalité, elle avait spontanément annoncé qu'on avait cloché.

Un jour, pendant qu'elle était dans le sommeil neurique, j'allai clocher à la porte, mais je m'assurai qu'elle n'avait rien entendu.

J'eus l'idée alors de faire une autre expérience.

Pendant qu'elle se trouvait dans le troisième degré du sommeil et au moment du passage au deuxième degré, je questionnai la jeune malade et elle m'entendit. J'étais placé entre mon sujet et un piano. D'une main je frappais sur les touches, mais la jeune fille interrogée pour savoir si elle entendait quelque chose répon­dit négativement. Continuant à loucher du piano avec une main je posai l'autre main restée libre sur le dos de la main de la jeune fille. Interrogée alors elle répondit que l'on jouait du piano. Je relirai la main qui était en contact avec la sienne et continuai à frapper sur les touches, elle n'entendit rien. Je rétablis le contact et elle entendit. Je répétai plusieurs fois cette manoeuvre et les résultats furent toujours les mêmes.

Je me fis ensuite remplacer par une de ses sœurs, mais l'expé­rience ne réussit pas.


Je plaçai sa sœur entre elle et moi. D'une main elle touchait la main de sa sœur, de l'autre l'une de mes mains; de mon côté avec la main qui me restait libre je frappais sur les touches de piano. La malade n'entendit aucun son.

ÉTAT  DE  LA   MOTILITÉ

9° POSSIBILITÉ   OU   IMPOSSIBILITÉ  DE   DÉTERMINER L'ÉTAT CATALEPTIQUE DE N'IMPORTE QUEL MUSCLE DU CORPS

Dans le premier degré du sommeil neurique, les membres sou­levés restent dans la position dans laquelle on les abandonne.

Dans te deuxième degré, ils retombent lentement.

Dans le troisième degré, ils retombent inertes et flasques.

Cette disposition à l'état cataleptique des muscles, complète dans le premier degré, incomplète dans le deuxième et nulle dans le troisième degré du sommeil neurique, se trouve mise en relief d'une manière frappante lorsque le sujet passe successivement du premier au deuxième et du deuxième au troisième degré du som­meil. Ce passage d'un degré dans un autre était souvent spon­tané.

La jeune fille vient d'être hypnoneurisée. Je soulève un de ses bras en le saisissant par son extrémité, je l'abandonne par exemple dans la position horizontale. Il reste dans celle position. A ce moment une application digitale palmaire sur le corps du sujet provoque le rire si elle est faite sur un point quelconque de sa section antérieure, et la tristesse si elle est faite sur un point quelconque de sa section postérieure. En d'autres termes le sujet présente à ce moment une réaction antérieure gaie et une réaction postérieure triste. Nous sommes dans le premier degré du som­meil. Mais ensuite le bras commence à descendre et celle des­cente se fait graduellement. A ce moment il y a réaction anté­rieure triste et postérieure gaie; nous sommes dans le deuxième degré de sommeil. Le bras finit par tomber inerte et flasque; à ce


moment il n'y a plus de réaction gaie ou triste. Nous sommes dans le troisième degré.

Mais touchons avec un doigt alternativement l'une, puis l'autre tempo, puis de nouveau la première; cela fait, avec l'autre main soulevons puis abandonnons l'un des bras de la jeune fille, nous le verrons descendre lentement. Touchons le dos de la main il y aura réaction triste. Puis, avant que le bras soit descendu com­plètement, louchons de nouveau les tempes comme précédem­ment. Cela fait nous verrons les caractères d'une cataleptisation complète. Cherchons le genre de réactions : il y aura réaction gaie antérieure. Répétons alors les applications digitales tempo­rales alternes, nous assisterons au réveil complet du sujet.

Pendant toute la série de ces opérations, le sujet» on le voit, a passe par les trois phases du sommeil mais en sens inverse, du troisième degré au réveil, en présentant dans chaque degré des phénomènes réactionnels caractéristiques, et notamment ceux qui se rapportent à l'état cataleptique des muscles.

J'ai pu aussi faire passer la malade du troisième au deuxième degré du sommeil par l'emploi de passes digitales.

La malade était plongée dans le troisième degré du sommeil, je faisais des passes devant les yeux d'abord ascendantes puis des­cendantes, Les paupières se relevaient, et les yeux restaient ouverts. A ce moment les membres qui, auparavant, retombaient inertes lorsqu'après les avoir soulevées on les abandonnait à eux-mêmes, conservaient la position qu'on leur donnait : ils pouvaient ètre cataleptisés (deuxième degré).

Si ensuite les paupières s'abaissaient d'elles-mêmes, la malade repassait dans le troisième degré de sommeil, et, a ce moment, les membres cataleptisés retombaient inertes, d'abord lentement, puis brusquement indiquant le passage par le deuxième degré.

Mais si au lieu de relever les paupières par des passes, dans le troisième degré du sommeil, je les relevais avec mes doigts, la malade continuait son même sommeil. Il faut donc conclure que ce n'est pas la lumière qui tendait à réveiller précédemment la malade, mais l'influence des passes.


CATALEPTISATION DES MUSCL.ES AUTRES QUE CEUX DES BRAS

Si au lieu d'agir seulement sur les muscles des bras nous agis­sions sur d'autres muscles, et même sur l'ensemble des muscles du corps les résultats seraient les mêmes.

Exemple: La jeune fille est dans le premier degré du sommeil, la tete et le corps inclinés dans une position incommode. Saisissant la tête et le tronc entre mes deux mains je peux leur Taire prendre et garder toutes les positions que je désire ou crois les meilleures. Le sujet est a l'état de mannequin articulé.

10   POSSIBILITÉ OU  IMPOSSIBILITÉ   DE  CONTRACTURER OU TÉTANISER N'IMPORTE QUEL MUSCLE OU CORPS

Par des passes centrifuges j'ai pu déterminer la contracture ou la tétanisation de n'importe quel muscle du corps aussi bien d'un seul muscle que de tousles muscles du corps, dans le premier degré du sommeil.

Dans le deuxième et le troisième degré je n'ai réussi à provo­quer la contracture d'aucun muscle (1).

TÉTANISATlON GÉNÉRALE DU CORPS

Les magnétiseurs ne manquent jamais ou presque jamais, dans leurs séances, de provoquer cette tétanisation générale des musles du corps. Ils l'appellent à tort catalepsie générale ou totale du corps. On peut, en effet, fléchir un membre cataleptisé avec la plus grande facilité, mais si on tente de fléchir un membre tétanisé, on

1. Je ne trouve pas noté que dans le deuxième degré du sommeil j'aie fait en égard d'autres muscles que ceux de laface des passes centripètes pour déterminer leur contraction ou leur contracture.


oc fait qu'exagérer sa rigidité. De même pour les autres régions ou pour tout l'ensemble du corps.

Lorsque, dans le premier et le deuxième degré du sommeil neu­rique, on a, par des passes générales descendantes déterminé la tétanisation de tous les muscles, le corps présente la rigidité d'un cadavre. C'est ainsi qu'on peut le soulever tout d'une pièce en le saisissant par la tôle ou par les pieds ou par le milieu du corps. C'est ainsi encore qu'on peut le poser comme une planche rigide entre deux chaises les pieds sur l'une et la téte sur l'autre.

Chez mon sujet, je me suis borné à m'assurer à deux ou trois reprises au plus de la possibilité de celle tétanisation générale; et j'ai eu bien soin de ne pas laisser cet état se prolonger trop longtemps.

J'ai pu aussi déterminer la contracture musculaire plus ou
moins étendue par des radiations digitales fixes, dans le premier
degré du sommeil mais jamais dans le deuxième et le troisième
degré.                               "

MOVENS DE FAIRE CESSER LA TETANISATION DES MUSCLES

Pour rendre aux muscles leur souplesse, il me suffisait ou de malaxer les muscles contractures ou de souffler sur eux, ou encore de prendre les mains du sujet dans les miennes. Pour hâter le retour a l'étal de flaccidité je combinais souvent ces divers moyens, surtout s'il s'agissait d'une tétanisation générale.

Si la tétanisation était partielle ou bien j'approfondissais le sommeil par la préhension des mains, ou bien je réveillais le sujet par des applications digitales temporales alternes ou par le souffle.

PERSISTANCE D'UNE TÉTANISATION SPONTANÉE MALGRELE SOMMEIL PROVOQUÉ

J'ai vu persister durant le sommeil (je n'en ai pas noté le degré) et après le réveil un état tétanique de certains muscles qui s'était développé spontanément dans l'étal de veille.


 


Voici le fait auquel il a été déjà fait allusion à propos de l'action résolutive dos passes' attractives à l'égard de l'état tétanique des muscles.

La jeune fille présentait depuis six heures un état tétanique des membres inférieurs et du tronc. La tète et les bras étaient dans leur état normal habituel. Rendormis la malade espérant que cette tétanisation cesserait. Il n'en fut rien car elle persista non seulement durant le sommeil mais encore après le réveil.

Comment expliquer cette persistance de la tétanisation? Faut-il supposer que la neurisation avait surtout influencé le cerveau et respecté la moelle? Je ne saurais donner une explication sans appel de ce fait particulier.

J'ai pu aussi déterminer la contracture des muscles au moyen des radiations digitales fixes dans le premier degré du sommeil, mais jamais dans le deuxième et surtout dans le troisième degré.

11 POSSIBILITÉ  OU  IMPOSSIBILITÉ  DE  PROVOQUER PAR DES PASSES LA CONTRACTION  DES  MUSCLES  DE LA FACE

Dans le premier et dans le deuxième degré du sommeil on peut provoquer la contraction des muscles de la face par des passes.

Dans le troisième degré on ne réussit pas à provoquer cette contraction.

Les contractions obtenues par les passes dans le premier degré du sommeil ne diffèrent de celles provoquées dans le deuxième degré que par le sens dans lequel ces passes sont faites.

Dans le premier degré, les contractions des muscles de la face ne sont obtenues que par des passes digitales distantes ou appliquées faites dans le même sens apparent de la contraction des muscles.

Vans le deuxième degré les contractions des muscles de laface ne sont obtenues que par des passes digitales distantes ou appliquées faites dans lesenscontraire apparent de la contraction des muscles,

Quel que soit le sens des passes faites dans le troisième degré, les muscles de ta face demeurent inertes.


La possibilité de faire contracter les muscles de la face dans le premier et le deuxième degré du sommeil- m'a permis de faire prendre & la physionomie toutes les expressions possibles.

Je provoquais en même temps dans le cerveau les modifications fonctionnelles correspondantes à ces diverses expressions.

J'ai fait exprimer à mon sujet :

1° Le sourire, le rire, le fou rire, et la gaieté correspondante ;

2° La colère, le courroux, et les sentiments correspondants ;

3° La tristesse;

4° Simultanément la joie et la tristesse; la joie sur une moitié de la figure et la tristesse sur l'autre moitié ;

5° Le mépris, le dédain, la moquerie, et les sentiments corres­pondants;

6° L'étonnement, et le sentiment qui lui correspond ;

7° L'admiration, et le sentiment qui lui correspond, etc.

CONDITIONS NÉCESSAIRES POUR PRODUIRE LES EXPRESSIONS DELA PHYSIONOMIE DANS LE PREMIER DEGRE DU SOMMEIL

Voici comment je procédais.

1°RIRE ETGAIETE

La jeune fille était dans le premier degré du sommeil.

Les paupières étaient abaissées. Je les relevais tout d'abord par des passes digitales ascendantes faites devant elles, à une très faible distance des téguments. Je me servais tantôt de mes deux mains, tantôt d'une seule, employant parfois un seul doigt de chaque main, d'autres fois tous mes doigts allongés et parallèlement placés les uns à côté des autres, afin d'étaler les rayons neuriques suivant une ligne.

Ainsi, plaçant mes mains ouvertes de chaque côté de la figure du sujet, leur face dorsale regardant en haut et en arrière, et les doigts dirigés vers les commissures labiales, je faisais exécuter &


mes doigts et aussi a l'ensemble de mes mains des mouvements répétés et rapides d'extension, comme si j'avais voulu repousser mécaniquement en haut et en dehors les commissures labiales. L'extrémité de mes doigts était distante de la peau de 2 à 3 cen­timètres. Au fur et a mesure que j'exécutais ces mouvements, la malade esquissait un sourire, puis souriait, riait, éclatait derire. Cessant alors ces passes digitales distantes et obliques ascendantes relativement à l'axe du corps, la malade continuait à rire aux éclats.

Elle manifestait en même temps des idées gaies.

Non persistance de la gaieté après te réveil.  Puis si je la réveillais elle ne continuait pas à manifester de la gaieté, elle rede­venaiten apparence ce qu'elle était auparavant dans l'état de veille, et ignorait absolument ce qui s'était passé dans le sommeil.

Parfois, pourtant, la trouvant triste et préoccupée, j'avais recours à ce moyen pour lui donner non seulement le calme mais encore une certaine gaieté qui pouvait se prolonger toute une journée.

2 COLERE, COURROUX

Voulant donner à sa figure l'expression de la colère, je faisais simultanément de chaque côté du front, au-dessus des sourcils, des passa digitales de dehors en dedans, à quelques centimètres de la peau.

Les muscles sourcitiers entraient alors en contraction. Si les passes étaient appliquées les contractions étaient plus promptes.

La figure de la jeune fille prenait ainsi l'expression de la colère, et après quelques instants elle disait spontanément, en dehors de toute suggestion : « Je suis en colère. »

Je l'interrogeais alors, et comme elle ne répondait pas ou tardait à répondre, bien qu'elle fut dans le premier degré du sommeil, je soufflais dans chaque oreille pour lui rendre l'ouïe sans la réveiller. Dûs ce moment je pouvais causer régulièrement et facilement avec elle. Elle n'y voyait pas et ne savait pas tres bien où elle était « Contre qui etes-vous en colère? lui demandai-je.  Contre M. X...» » répondait-elle souvent.


Puis je complétais l'expression de la colère en faisant quelques passes obliques descendantes de dehors en dedans, en regard des joues de chaque côté du nez et de la commissure des lèvres. La physionomie prenait alors l'expression d'une grande colère : les sourcils étaient froncés, et la bouche portée on avant. Puis la jeune fille, chez laquelle l'expression donnée de la physionomie réveillait des sentiments correspondants et proportionnels comme intensité au degré de l'expression, entrait dans les secrets de ses ressentiments contre M. X... Ces secrets n'avaient d'ailleurs aucun carac­tère de grave indiscrétion. Venait habituellement ensuite une scène de mimique dans laquelle du geste et de la physionomie elle imitait le langage de M. X... contre lequel elle continuait d'ailleurs a se montrer très courroucée.

Divers moyens de faire cesser l'expression et les sentiments de colère.  Après cette scène de colère ou de ressentiment mêlée de moquerie, voulant ramener la malade au calme, je faisais des passes en sens contraire de celtes faites précédemment en regard des mêmes régions.

Il m'armait aussi pour faire cesser la colère de provoquer chez elle l'expression du rire et par suite la gaieté.

Je lui demandais ensuite si elle était en colère et elle répondait négativement ajoutant qu'elle était au contraire ou calme ou gaie.

Je pouvais faire cesser brusquement toute expression provoquée. de rire avec gaieté, ou de colère en passant la main ouverte au-devant de la figure de haut en bas. Le rire on l'expression de lu colère s'arrêtaient brusquement, et elle prenait la physionomie qu'elle avait précédemment, les yeux fermés, les traits dénués de toute expression autre que celle du repos le plus absolu.

Passage rapide de la colère à la joie ou au contentement et vice versa.  De la colère ou du courroux je la faisais passer rapide­ment à la gaieté.  J'épanouissais sa figure après l'avoir con­tractée.  Je l'eclaircissais après l'avoir assombrie. Ces expres­sions me paraissent bien exprimer ce qui se passait. En effet, dans l'expression de la colère ou de la tristesse concentrées, les nom­breux plis que forme la peau assombrissent la figure par leurs


ombres.  Dans l'expression de la job, du contentement, tes téguments s'étalent, se déplissent et l'œil brille.

Non persistance des sentiments de colère après le réveil.  Si je la réveillais sans avoir ramené sa figure et, parune action cor­respondante, son cerveau au calme, après lui avoir communiqué l'expression et les sentiments de la colère, elle ne continuait pas à être ou inquiète, ou de mauvaise humeur, ou maussade, ou susceptible a l'excès, etc. Elle se montrait telle qu'elle était avant dans l'état de veille. Elle ignorait du reste absolument ce qui s'était passé quelques secondes ou quelques minutes avant dans le sommeil.

3 TRISTESSE

J'ai provoqué l'expression de la tristesse par des passes qui, faites dedchors en dedans, au niveau des sourcils, les ont froncés légère­ment, et faites de haut en bas au niveau des commissures labiales ont porté celles-ci légèrement en bas.

Interrogée, la malade déclarait être triste sans en connaître la raison. Parfois elle faisait spontanément cette déclaration.

Si j'insistais un peu trop avec les passes (qui étaient descen­dantes) elle déclarait avoir sommeil et vouloir dormir.

4 EXPRESSION DE LA TRISTESSE SUR UNE MOITIE DE LA FACE

ET DE LA JOIE SUR L'AUTRE MOITIE

L'expérience a été faite pour la première fois le 8 octobre 1880.

Au moyen des passes que l'on sait, j'ai provoqué l'expression de la gaicité, du rire sur l'une des moitiés de la figure et l'expression de la tristesse sur l'autre moitié.

Elle a déclaré être à la fois triste et gaie, « Je ne sais pas dire ce que j'éprouve, disait-elle, mais il me semble que je suis moitié triste, moitié gaie, >>

Je provoque alors l'expression de la gaieté, du rire, sur la moitié triste de la face, je provoque en d'autres termes la gaieté


complète ou bilatérale, et aussitôt elle dit : « Ah ! me voila con­tente. 9

Exemple d'indépendance fonctionnelle des hémisphères céré­braux.  Cette expérience constitue un bel exemple d'indépen­dance fonctionnelle des hémisphères cérébraux.

Par l'un de ses hémisphères, la jeune fille était'triste et par l'autre elle était gaie. La personnalité était dédoublée et sa con­science lui rendait compte de ce dédoublement. Pour moi elle était réellement triste d'un côté et gaie de l'autre. Quant à elle, elle se sentait à la fois triste et gaie, moitié triste et moitié gaie.

5 MÉPRIS, DÉDAIN, MOQUERIE

Par des passes obliques descendantes en dehors, faites à partir de l'angle externe de l'un des yeux, je portais cet œil et consécu­tivement l'autre à regarder en bas et en dehors d'un méme côté. Pendant ce temps, avec l'autre main restée libre, je provoquais le relèvement de la lèvre supérieure du même côté au niveau de la dent canine par des passes ascendantes et un peu obliques en dehors (action sur le muscle canin). L'expression du mépris était parfaite.

Elle disait souvent alors spontanément : Je m'en moque, ou je me moque des gens, et elle achevait l'expression de fierté dé­daigneuse en détournant légèrement la tête et en accompagnant ce mouvement d'une expiration nasale brusque.

6 ÉTONNEMENT, PROFONDE SURPRISE

Voulant donner à la figure l'expression de la profonde surprise, je faisais deux opérations tantôt séparément tantôt simultanément. Je faisais relever d'abord les paupières puis les sourcils en agissant en regard des muscles frontaux par des passes digitales ascendantes, et je faisais ouvrir la bouche en agissant en regard des muscles génio-hyoidiens par des passes digitales allant du menton


a l'os hyoïde. Dans ce dernier cas, les passes appliquées agissaient plus vite et plus complètement. Le menton se portait en bas et un peu en arrière et fa malade poussait des < Oh! oh ! » répétés signifi­catif.

7 ADMIRATION

J'ai donné à la figure l'expression de l'admiration en faisant relever les paupières et porter les yeux un peu en haut, puis en provoquant une légère ouverture de la bouche.

Lui ayant demandé ce qu'elle faisait ainsi, elle me répondit : « J'admire ». a Qu'admirez-vous ? » lui dis-je. A cette question elle ne sut quoi répondre.

CONDITIONS NÉCESSAIRES POUR PRODUIRE LES DIVERSES EXPRESSIONS DE LA PHYSIONOMIE, DANS LE DEUXIEME DEGRE DU SOMMEIL

J'ai pu, dans le deuxième degré du sommeil, produire la contrac­tion desmuscles de la face et, en combinant ces contractions d'une certaine manière, provoquer les mômes expressions de la physio­nomie que dans le premier degré du sommeil.

Pour obtenir ces résultais il fallait que les passes digitales, faites en regard des muscles de l'expression faciale, fussent faites dans le sens contraire apparent de leur contraction.

Ainsi pour relever les paupières, il fallait faire des passes des­cendantes, comme si on eût voulu les abaisser.

Pour porter tes commissures labiales en dehors, il fallait faire des passes allant de dehors en dedans comme s'il eut fallu au con­traire les rapprocher l'une de l'autre.

Pour déterminer l'ouverture de la bouche au lieu d'écarter les doigts en haut et en bas, il fallait, en regard du centre de la bouche les rapprocher après les avoir écartés.


12 POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITE D'ATTIRER OU

DE REPOUSSER LES MEMBRES DU SUJET OU LE SUJET LUI-MÊME

La main neurisatricequi s'éloigne du sujet neurisé produit l'attractiondans le premier degré du sommeil et la répulsion dans le deuxième degré.

La main neurisatrice qui se rapproche du sujet neurisé produit la répulsion dans le premier degré du sommeil, et l'attraction dans le deuxième.

Dans le troisième degré du sommeil, ces manœuvres ne produi­sent aucun effet.

Dans le premier et le deuxième degré du sommeil, les passes perpendiculaires nous ont beaucoup servi pour déplacer le sujet à volonté, sans le toucher. Nous avons vu plus haut (p. 393, 394) qu'en combinant les passes attractives et répulsives j'avais fait asseoir la jeune fille endormie, que je l'avais Tait se relever, marcher, se placer dans diverses positions.

Bans ces cas j'agissais sur le corps tout entier. Dans l'état de veille, je n'aurais pu agir sur le corps tout entier parce qu'il aurait fallu anesthésier préalablement tout le corps, et que par suite j'aurais provoqué le sommeil.

PASSES PERPENDICULAIRES VERTICALES, ASCENSIONNELLES

ET DESCENSIONNELLES

Il était intéressant de savoir si par des passes centrifuges ou venant vers soi exercées au-dessus de la tête du sujet, je pourrais le soulever dans le premier degré du sommeil, ou le repousser vers le sol dans le deuxième degré et vice versa.

Je montai sur une chaise a côté du sujet plongé dans le premier degré du sommeil, et, plaçant d'abord une main puis les deux mains à la fois, au-dessus de sa tète, de façon a ce que les doigts fussent dirigés perpendiculairement sur le vertes, je leur


fis exécuter des ascensions verticales répétées. A chaque ascen­sion ou mouvement d'éloignement vertical de la main ou des mains, le sujet se redressait, s'allongeait, puis se posait sur la pointe des pieds et parfois sautait.

Lorsque j'agissais avec une seule main les mouvements d'attrac­tion ascensionnelle étaient moins étendusque lorsquej'opérais avec mes deux mains.

La force et l'étendue de l'attraction ascensionnelle était en pro­portion avec le nombre de doigts employés.

Cela était si vrai qu'ayant prié deux personnes douées d'un cer­tain degré de pouvoir neurisateur de se joindre à moi, nous avons provoqué de véritables bonds ascensionnels de la part de la jeune malade.

Je descendis ensuite de la chaise, et me plaçant tantôt devant, tantôt derrière le sujet, je fis de chaque côté de son corps avec mes deux mains, dont les doigts étaient dirigés en haut, des passes per­pendiculaires descendantes. Aussitôt il se rapprochait du sol en Rechissant ses genoux jusqu'à s'asseoir sur ses talons.

NEUTRALISATION DES PASSES ATTRACTIVES OPPOSÉES

a. En agissant sur tout le corps.  En Taisant à la fois des passes attractives ascendantes et des passes attractives descen­dantes, la malade étant toujours dans le premier degré du som­meil, il s'établit une sorte d'équilibre dans les deux actions qui sollicitaient à la fois la malade à s'allonger en haut ou à se rac­courcir. Elle disait spontanément : <Je ne sais pas, mais j'ai à la fois envie de m'asseoir et de me relever, on me tire en bas, on me tire en haut », et ce disant, elle manifestait une certaine impa­tience.

h. En agissant sur un bras. ~ J'eus ensuite l'idée de tenir un bras en équilibre par des passes attractives opposées. J'attirai d'abord un bras en avant et le fis s'allonger par des passes allant vers moi. Puis je plaçai mes mains de chaque côté à égale distance du bras ainsi immobilisé dans la position horizontale, de manière


a ce que les doigts de chaque main fussent dirigés vers la face correspondante du bras.

Cela fait j'attendis; mais le bras ne subit aucun déplacement. J'éloignai alors l'une de mes mains, le membre se dirigea vers cette main comme s'il l'eût suivie. Ecartant ensuite a la même distance l'autre main» le bras du sujet se rapprochait de cette main et se plaçait en équilibre entre les deux mains.

Dans le deuxième degré du sommeil» j'obtenais des résultats identiques avec cette différence que les passes attractives du pre­mier degré devenaient répulsives, et que les répulsives devenaient attractives.

Distance à laquelle les passes attractives et répulsives étaient faites.  La distance à laquelle les passes étaient faites, variait entre 10 centimètres et 1 mètre et même 2 mètres.

SENSATIONS EPROUVEES PAR LA JEUNE FILLE PENDANT L'ACTION DES PASSES ATTRACTIVES ET REPULSIVES

Pendant que j'attirais ou que je repoussais le sujet par ces passes, je lui demandais quelquefois pourquoi elle venait à moi ou s'éloignait de moi. «Je ne peux pas faire autrement, disait-elle. Il faut résister, ajoutais-je.  Je ne peux pas, répondait la malade.

Mais qu'est-ce qui vous fait ainsi avancer ou reculer malgré
vous? » La réponse était celle-ci : « C'est que tantôt on me pousse
et tantôt on me tire.  Mais qu'éprouvez-vous? répliquais-je : 
Ce sont comme des fils qui me tirent ou me repoussent. »

Cette sensation de fils qui liraient ou qui repoussaient, lui per­mettait de compter le nombre de mes doigts employés au nombre de piqûres ou de sensations de fils éprouvées, soit que je fusse placé devant elle, soit que je fusse placé derrière de manière à ce qu'elle ne pût absolument pas voir mes mains. Elle ne se trompait jamais.

Passes attractives ou répulsives exercées à l'égard de la langue.

Je ne me suis pas borné à agir par les passes attractives ou


répulsives sur l'ensemble du corps ou sur les membres, j'ai opéré de même a l'égard de la langue.

La jeune fille était dans le premier degré du sommeil. J'ai fait d'abord ouvrir la bouche par deux passes verticales, l'une ascen­dante, l'autre descendante, à partir du milieu de cette ouverture. J'employais tantôt les deux mains, et tantôt beaucoup plus sim­plement le pouce et l'index de la même main que j'écartais comme les branches d'un compas après les avoir rapprochés en regard et tout près du milieu de la fente buccale. Puis, après avoir dirigé l'extrémité des doigts d'une môme main réunis en faisceau vers la pointe de la langue à quelques centimètres de l'orifice buccal, je les ai retirés vers moi. La langue est sortie comme attirée par un aimant. Ayant fait ensuite d'autres passes attractives, elle est sortie complètement hors de la bouche en s'attongeant en pointe.

Voulant ta faire rentrer, je fis une passe lente en sens contraire. Puis la langue rentrée, je déterminai l'occlusion de la bouche en rapprochant l'un de l'autre l'index et le pouce préalablement

écartés, et dirigés vers la bouche suivant un plan vertical.

13 14 POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITÉ DE PROVOQUER LES RÊACTIONS GAIE ET TRISTE PAR DIVERS PROCÉDÉS DE NEURISATION AYANT POUR BUT D'INFLUENCER TANTOT LA SECTION ANTÉRIEURE ET TANTOT LA SECTION POSTÉRIEURE DU CORPS.

Si nous convenons d'appeler neuricité antérieure la portion de la neuricité qui occupe et parcourt la moitié antérieure du corps aussi bien chez le sujet neurisateur que chez le sujet neurisable ou neurisé, et neuricitè postérieure celle qui occupe et parcourt la moitié postérieure du corps chez les mômes sujets;  si, d'autre part, nous nous rappelons que la neuricité d'origine oculaire et la neuricité d'origine pneumique font partie de la neuricité posté­rieure, sans oublier toutefois que la neuricité d'origine digitale appartient moitié à la neuricité postérieure, et moitié à la neuri-


cité antérieure, nous pourrons formuler quelques régles très simples.

EMPLOIDE LA NEURICITE ANTERIEURE DIGITALE (Voy. fig. 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 73, 73, 74,75, 76, 77.)

Premier cas (Voy. fig. 64 à 72).  Toutes les fois que la neuricité antérieure digitale du sujet neurisateur est en rapport, à distance, par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou bien par contact, avec la neuricité antérieure ou de même nom du sujet hypno-neurisé, il y a provocation chez ce dernier de pleurs avec tristesse s'il est dans le premier degré du sommeil, et provocation du rire avec gaieté s'il est dans le deuxième degré du sommeil, et enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la moitié inférieure de la figure ou la région mastoïdienne a été influencée.

Deuxième cas (Voy. fig. 64 à 77). -Toutes les fois que laneuricité antérieure digitale est en rapport à distance par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou bien par contact avec la neuricité posté' rieure ou de nom contraire, du sujet hypnoneurisè il y a provo­cation chez ce dernier de la gaieté s'il est dans le premier degré du sommeil et provocation de la tristesse s'il est dans le deuxième degré, et enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la zone dite neutre de la nuque a été influencée.

EMPLOI DE LA NEURICITÉ POSTÉRIEURE DIGITALE

Premier cas (Voy. fig. 64 à 77).  Toutes les fois que la neuricité postérieure digitale du sujet neurisateur est en rapport, à distance par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou bien par contact, avec la neuricité antérieure ou de nom contraire du sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier du rire si le sommeil est au premier degré et provocation de la tristesse si le sommeil est au deuxième degré, et enfin indifférence si le sommeil


est au troisième degré, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la moitié inférieure de la face ou la région mastoïdienne a été influencée.

Deuxième cas(Voy. fig. 64 à 77). Toutes les fois que la neuricité postérieure digitale est en rapport,adistance par voie directe réfléchie ou réfractée, ou bien par contact; avec la neuricité postérieure ou de même nom du sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier de la tristesse s'il est dans le premier degré du sommeil, et provocation de la gaieté s'il est dans le deuxième degré, et enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la zone dite neutre de la nuque a été influencée.

EMPLOI DE LA NEURICITE POSTÉRIEURE. OCULAIRE ET PNEUMIQUE

Premier cas.  Toutes les fois que la neuricité postérieure, ocu­laire ou pneumique du sujet neurisateur est en rapport, par voie directe, réfléchie, ou réfractée, avec la neuricité antérieure ou de nom contraire du sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier du rire si le sommeil est au premier degré et provocation de la tristesse si le sujet est au deuxième degré, et enfin indiffé­rence si le sommeil est au troisième degré, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la moitié inférieure de la face ou la région mastoïdienne ont été influencées.

Deuxième cas.  Toutes les fois que la neuricité postérieure, oculaire on pneumique du sujet neurisateur est en rapport, par voie directe, réfléchie ou réfractée» avec la neuricité postérieure ou de même nom du sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier de la tristesse s'il est dans le premier degré du sommeil, et provocation de là gaieté s'il est dans le deuxième degré,et enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la zone dite neutre de la nuque a été influencée.

11 est facile de remarquer que l'emploi de la neuricité posté­rieure, oculaire ou pneumique équivaut exactement par ses effets à l'emploi de la neuricité postérieure digitale.


Formules plus simples.  L'emploi de la neuricité postérieure digitale par contact, en d'autre terme l'application pulpaire digi­tale étant le moyen le plus commode et le meilleur pour provo­quer les réactions gaies ou tristes nous formulerons les règles suivantes comme étant les plus simples et les plus pratiques :

Le premier degré du sommeil neurique est caractérisé par une réaction gaie antérieure et triste postérieure; et le deuxième degré du sommeil par des réactions inverses,  lorsque la recherche de ces réactions est faite au moyen de l'application du doigt par sa face pulpaire ou palmaire.

La formule abrégée serait celle-ci : Dans le premier degré du sommeil = gaieté antérieure; dans le deuxième degré da sommeil = tristesse antérieure, par application pulpaire.

MOYEN D'ABOLIR LES REACTIOS GAIE ET TRISTE TOUT EN MAINTENANT L'APPLICATION DIGITALE

Dans toutes ces applications si avec la main restée libre on touche le front ne serait-ce que par l'extrémité des doigts de manière à fermer en quelque sorte le circuit, les pleurs ou le rire cessent aussitôt.

MOYEN DE RENFORCER LES RÉACTIONS GAIE ET TRISTE

Mais si, avec celte main libre, au lieu de toucher le front je louche la main du côté opposé, je double les effets réactionnels dans le cas où cette application a lieu par la face de même nom, et je les rends indifférents ou indécis dans le cas où l'application a lieu par une face de nom contraire.

RÉGIONS A RÉACTION LA PLUS GAIE OU LA PLUS TRISTE

Enfin nous devons ajouter que les points du corps où les réactions gaie et triste sont le plus accusées sont le creux épigas­trique et le milieu du ractifs.


RECHERCHE DES RÉACTIONS GAIE ET TRISTE PAR L'EMPLOI DE PARTIES DU CORPS AUTRES QUE L'EXTREMITE DES DOIGTS

Avec le sommet du triangle formé par deux phalanges fléchies j'ai obtenu les mêmes résultais qu'avec l'extrémité des doigts.

Mais je n'ai réussi à provoquer aucune réaction dans aucun cas par l'application du bout du nez.

Jen'ai point fait d'expérience à ce point de vue avec les orteils.

Avec la paume des mains et avec la face palmaire do l'avant-bras j'ai obtenu souvent mais non toujours les memes effets qu'avec la face palmaire de l'extrémité des doigts.

APPLICATIONS DIGITALESSIMULTANES SUR UNE RÉGION A REACTION TRISTE ET SUR UNE RÉGION  OPPOSES A RÉACTION GAIE

En appliquant simultanément un doigt sur un point de lu face antérieure du corps et un doigt sur un point de la face postérieure on provoque un état psychique qui n'est ni la gaieté ni la tristesse mais l'indécision, l'hésitation, que le malade exprime d'ailleurs spontanément par son attitude et ses paroles.

PASSAGE AVEC UN  DOIGT APPLIQUÉ D'UNE REGION A REACTION GAIE

A UNE REGION A REACTION TRISTE ET INVERSEMENT D'UNE

REGION A REACTION TRISTE UNE REGION A REACTION GAIE

Lorsqu'après avoir appliqué un doigt sur un point d'une région à réaction gaie, par exemple, on vient à le déplacer en le faisant glisser sur les téguments de celle région, on s'aperçoit qu'au moment où il atteindra la limite qui sépare cette région de la région contigue à réaction triste, il y a indécision, mais que presque aussitôt après, le doigt continuant sa marche, il y a réaction triste. Si on ramène le doigt eu arrière on fait passer la malade de la réaction triste à la réaction gaie, dés que la limite de séparation se trouve dépassée.


On peut ainsi placer deux doigts de la main écartés, à cheval en quelque sorte sur les limites des deux domaines contigus de la tristesse et de la gaieté. La malade déclare être à la fois triste et gaie, elle se dit partagée entre ta tristesse et la gaieté, elle ne sait si elle est gaie ou triste. Si on soulève alors un des doigts elle est ou franchement gaie ou franchement triste suivant que le doigt reste appliqué touche le domaine de la tristesse ou celui de la gaieté. Si faisant subir aux deux doigts une sorte de balancement on soulève successivement et alternativement l'un et l'autre doigt, la malade passe alternativement de la gaieté & la tristesse.

On peut placer aussi ces deux doigts a cheval sur la ligne de séparation d'une région neutre ou indifférente et d'une région à réaction gaie ou triste suivant le degré du sommeil. Le balance­ment de ces deux doigts fera passer alternativement le malade de l'indifférence a la gaieté ou a la tristesse.

UTILITE DE LA RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE

POUR UNE DÉLIMITATION PLUS EXACTE DES DEUX DOMAINES DES NERFS ASCENDANTS ET DESCENDANTS

Nous avons vu que les modifications de la sensibilité provoquées par les passes sur place et plus ou moins loin de la région visée, se traduisaient tantôt par l'anesthésie et tantôt par l'hyperesthésie suivant la direction même des passes et suivant le sens de la dis­tribution des nerfs sensitifs de la région influencée quelle que fût celle région; que de plus elles occupaient une étendue qui était en rapport avec l'étendue môme des passes et aussi avec l'étendue occupée par les nerfs de même direction.

Il en est résulté que l'élude de la direction des nerf sensitifs, et l'étude de l'étendue occupée par les nerfs de même direction a pris pour nous une importance toute spéciale.

Aussi ai-je été amené à diviser le corps humain en deux domaines : le domaine des nerfs ascendants et le domaine des nerfs descendants.

Les modifications de celte sensibilité psychique d'un ordre spé-


cial qui se traduit par le rire ou les pleurs, obtenus dans le sommeil par les moyens sus-indiqués et surtout par l'application digitale ont, par la localisation spéciale de l'excitation cutanée qui les produisent, confirmé la justesse de cette division tout en la précisant davantage (Voy. p. 122 et suiv.et fig. 4, 6, 7,8,9 et 10). On remarquera que l'oeil, par cette délimitation plus exacte des deux domaines, se trouve compris dans le domaine supérieur.

UTILITÉ DE LA RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE

POUR UNE DELIMITATION PLUS EXACTE

DES SECTIONSANTÉRIEURE ET POSTERIEURE DU CORPS

La recherche de la localisation de l'excitation cutanée suscep­tible de provoquer le rire ou les pleurs est venue aussi confirmer la justesse d'une division de chaque moitié latérale du corps en deux s jetions, une antérieure et une postérieure.

Mais tandis que tous les points du corps sans distinction, à moins d'en excepter la zone post-cervicale, peuvent devenir sous l'influence de la neurisation le siège soit d'une hyperesthésie, soit d'une anesthésie plus ou moins accusée mais positive, il est des régions du corps qui, à la suite d'une application digitale, ne don­nent lieu à aucune réaction soit triste soit gaie.

Ces régions que nous appelons neutres ou indifférentes sont la région faciale inférieure, et la zone post-cervicale inférieure pré­cédemment signalée et décrite.

zone neutre faciale.  Cette zone est comprise entre la portion delaligne de divergence naso-auriculo-cervicale qui de la racine du nez s'étend jusqu'à la limite postéro-inférieure de la région mastoïdienne, le bord inférieur de la branche horizontale du maxillaire inférieur, et une ligne qui partie de l'angle inférieur du maxillaire inférieur va rejoindre l'extrémité inférieure de la limite postérieure de la région mastoïdienne.

Elle comprend donc : 1* la face au-dessous des yeux; 2* les cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles; 3* la région mastoï-


dienne et un petit espace triangulaire situé derrière la branche montante du maxillaire inférieur (Voy. fig. 10).

Les régions limitrophes étant des régions a réaction gaie ou triste suivant le degré du sommeil, la délimitation exacte des deux domaines des nerfs ascendants et descendants a pu être faite d'une manière plus complète et plus précise que n'aurait permis de le faire ta recherche de la localisation de l'hyperesthésie et de l'anes­thésie provoquées par les passes.

Il est résulté de ces recherches patientes et minutieuses que le globe oculaire n'est pas compris dans la zone neutre faciale. En effet, l'application du doigt sur un point quelconque de la sclé­rotique donnait lieu à une réaction qui était gaie dans le premier degré du sommeil et triste dans le deuxième degré.

Il en est résulté aussi que le pavillon des oreilles a pu être divisé en deux parts inégales, la plus grande ou inférieure qui appar­tient & la zone faciale indifférente et son extrémité supérieure qui serrée entre les deux doigts donnait lieu tantôt à une réaction gaie et tantôt à une réaction triste.

Aussi en pinçant le bout supérieur de l'oreille on pouvait dire sans se tromper si la malade était dans le premier, dans le second ou dans le troisième degré du sommeil, suivant que l'on provoquait par cette petite manœuvre une réaction gaie, triste ou indifférente.

Le restant du pavillon des oreilles de même que les autres par­ties de la région faciale inférieure comprises dans les limites sus-indiquées, n'a jamais donné lieu à aucune réaction.

La raison de cette indifférence de la région faciale inférieure nous échappe. Peut-être dépend-elle de l'entrecroisement fréquent des nerfs sensitifs et moteurs.

Zone neutre post-cervicale inférieure.  L'indifférence de celte zone n'est pas douteuse, et semble dépendre de l'enchevêtrement de filets nerveux transversaux appartenant en arrière au cinquième nerf cervical et sur tes côtés à une petite branche postérieure du plexus cervical superficiel.


15POSSIBILITEDE PROVOQUER LA PAROLE PAR L'APPLICATION

DIGITALE SUR L'UNE OU L'AUTRE

APOPHYSEMASTOÏDE ET SUR D'AURTES RÉGIONS

Dans le premier, le deuxième et le troisième degré du sommeil, l'application d'un ou de plusieurs doigts sur l'apophyse mastoïde (régionneutre) provoque la parole.

Dès que le doigt est appliqué sur cette région, la malade jusque-là silencieuse se met à parler, et elle le fait si promptement, si naturellement et si facilement qu'il semble qu'elle con­tinue à haute voix des réflexions qu'elle aurait faites menta­lement. Son discours est gai si l'application digitale est pal­maire, et triste si cette application est dorsale aussi bien dans le premier que dans le deuxième degré du sommeil. Dans le deuxième degré l'expression de gaieté ou de tristesse domine la parole. Dans le troisième degré, la parole est indifférente et faible; la malade parle à voix basse et comme machinalement, sans expression.

Dans le troisième degré du sommeil, je n'ai jamais provoqué la parole en appliquant l'extrémité du doigt sur des régions autres que l'apophyse mastoïde.

Dans le deuxième degré, j'ai pu aussi provoquer la parole en appliquant le doigt sur l'occiput, la nuque et le haut du rachis, régions qui font partie de la section postérieure du corps.

Dans le premier degré j'ai pu aussi provoquer la parole par une application digitale sur les tempes et les bosses frontales régions qui font partie de la section antérieure du corps.

J'ai remarqué aussi bien dans le premier que dans le deuxième degré du sommeil, que l'application digitale sur ces régions autres que la région mastoïdienne, provoquait avec la parole des idées gaies si celle application avait lieu par la face pulpaire, et des idées tristes si elle avait lieu par la face dorsale. Ceci est du reste une confirmation des règles établies puisque les régions frontale


et temporale appartiennent à la section antérieure du corps, et les régions occipitale et cervicale postérieure à la section pos­térieure.

DIFFERENCEDANS LA RÉACTION VERBALE A DROITE ET A GAUCHE

Nous avons remarqué qu'il existait une différence dans l'inten­sité de la réaction verbale & droite et à gauche.

Ainsi l'application unidigitale ou pluridigitale faite à droite sur l'unequelconque des régions signalées commele pointde départ du réflexe verbal, si je puis employer celle expression, ne donne lieu qu'à une parole labiale en quelque sorte. La malade parle avec les lèvres sans émettre de son.

Mais si on fait celle application sur les points d'élection de la moitié gauche du crâne la malade parle en émettant des sons.

Aux limites de ces diverses régions, à gauche, la vois baisse, et elle baisse surtout a la limite des deux moitiés latérales du crâne. A droite le mouvement des lèvres, qui seule traduit la parole, sem­ble aussi s'affaiblir dés qu'on s'écarte des points d'élection.

Toujours elle parlait spontanément, etsi je l'interrogeais durant l'application digitale elle répondait à mes questions. Seulement elle déclarait entendre plus faiblement lorsque je faisais l'applica­tion sur les points d'élection de la moitié droite du crâne.

Explication de cette différence.  Cette réaction verbale plus faible lorsqu'on excite le côté droit du crâne n'est que l'expres­sion d'une hypnotisation plus facile et plus profonde de l'hèmisphère droit correspondant,et non pas du gauche car le nerf au­ditif droit, qui parait ici en cause, est relié directement à l'hémi­sphère droit, et ne s'entre-croise pas avec le gauche pour se rendre à l'hémisphère gauche. Il est juste d'ajouter cependant que d'après les recherches modernes, le centre auditif des mois (relié d'ailleurs au centre du langage articulé) occuperait la première circonvolution temporale gauche.

Nous avons déjà fait remarquer (p. 201) que l'hémisphère céré-


lirai droitde la malade était par lui-même moins éveillé ou en d'autres termes plus endormi que l'hémisphère cérébral gauche. Aussi par les passes anesthésiantes avait-on une action plus prompte et plus accusée sur l'hémisphère cérébral droit que sur le gauche, La différence de la réaction verbale à droite et a gaucho du crâne est venue confirmer cette donnée. D'autre faits viendront encore plus tard la justifier d'une manière éclatante.

VOIR QUE SUIT LA NEURICITE DIGITALE APPLIQUEE POUR PROVOQUER LA REACTION VERBALE

Lu voie que suit la neuricité, dans ces applications pour pro­voquer la réaction verbale, nous parait être celle des nerfs sensi­tifs du pavillon de l'oreille reliés par voie anastomotique d'une part aux nerfs sensitifs des diverses régions point de départ du réllexe verbal, et d'autre part au nerf acoustique.

 

EXPERIENCES RELATIVES A LA RÉACTION VERBALE AVEC UNE TIGE SERVANT D'AGENT INTERMEDIAIRE

Au lieu d'appliquer directement les doigts sur les divers points d'élection dont l'excitation provoque la parole, j'ai eu l'idée de toucher ces mêmes points avec une tige.

Prenant par l'une de ses extrémités une branche de bambou d'un mètre de long environ, j'ai appliqué son extrémité libre tantôt sur la tempe et tantôt sur la région mastoïdienne gauches. Au lieu de parler a haute voix comme cela avait lieu à la suite de l'application digitale directe, elle parlait avec les lèvres sans émettre aucun sou. Mais au fur et à mesure que je faisais glisser mes doigts le long de la lige de manière à les rapprocher des régions sur lesquelles son extremite libre était appuyer, la malade commençait à émet­tre des sons d'abord très faibles, puis graduellement de plus en plus forts. Cette expérience faite a droite ne donnait aucun résultat.


LES APPLICATIONS DIGITALES REVEILLENTL'ACTIVITÉ CEREBRALE PLUTOT QU'ELLES NE LA DEVOILENT

Lorsque j'appliquais mon doigt sur l'un des points d'élection de la moitié gauche du crâne, la maladese mettait à discourir et elle continuait ainsi durant tout le temps que le contact de mon doigt était maintenu. Si je retirais le doigt, aussitôt elle cessait de parler, puis si je le réappliquais elle parlait de nouveau. Or j'ai remarqué qu'en reprenant ainsi la parole elle reprenait son dis­cours ou plutôt son monologue au point où il avait été interrompu & la suite du retrait de ma main. Il arrivait que non seule­ment je pouvais ainsi briser une phase mais même un mol, et ce mot commencé lors d'une première application digitale, inachevé par suite du retrait du doigt, était achevé lors de la réapplication digitale.

Ce fait qui a été constant prouve que l'application digitale seule excite te sujet a parler, mais qu'elle ne révèle pas une activité cérébrale qui serait restée cachée au sens de l'ouïe avant celte application.

16   ÉTAT  DE  LA  CONSCIENCE

La conscience nous a paru conservée ou simplement obscurcie dans le premier et le deuxième degré du sommeil, et abolie dans le troisième degré.

C'est en interrogeant la malade dans le sommeil neurique sans manoeuvre dedéneurisation, avec ou sans application digitale sur les régions à réaction verbale, avec ou sans réveil de l'ouïe par le souffle, que nous avons recherché l'état de sa conscience.

Mais il faut reconnaître que celle recherche était des plus diffi­ciles et des plus délicates.

Un fait certain, c'est que la malade ne savait plus au réveil ce qui s'était passé dans l'étal de sommeil neurique même lorsqu'elle


n'avait été endormie ou réveillée que dans une seule moitié du corps.

Mais au moment même où je parlais A la roulade endormie et qu'elle me répondait, elle paraissait se rendre compte de sa situation comme si elle était éveillée ; elle savait que je l'avais endormie, qu'elle dormait par le fait de l'inflùence que j'avais exercée sur elle, qu'elle ne pouvait pas se réveiller toute seule, qu'elle était étrangère à tout ce qui l'entourait puisqu'elle n'entendait que ma voix.

Ou pourrait penser que ma voix réveillait son ouïe, son intel­ligence et sa conscience, alors même que je n'accompagnais mon interrogation d'aucune manoeuvre hyperesthésiante, d'aucune application digitale.

Sans nier la réalité d'une pareille action, puisqu'on la poussant à répondre à mes questions, je l'ai fait passer quelquefois d'un sommeil plus avancé a un sommeil moins avancé, je dois faire remarquer que dans le sommeil neurique la malade faisait parfois dus réflexions à haute voix : elle disait par exemple qu'elle n'avait aucune envie de dormir et que pourtant elle ne pouvait pas se réveiller; qu'elle voudrait bien se réveiller mais qu'elle ne pouvait pas, etc.

Dans ces cas elle m'a'paru se trouver de préférence dans le premier degré du sommeil assez près du réveil. D'ailleurs elle s'est quelquefois réveillée spontanément après avoir été hypnoneurisée.

Dans le troisième degré il semble qu'il faut l'excitation de la parole, ou quelque application digitale pour qu'elle puisse avoir une certaine conscience de son état actuel.

17   POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITE DE PROVOQUER LE BESOIN DE DORMIR

Si ln malade est dans le premier ou dans le deuxième degré du sommeil mais surtout dans le premier, on peut provoquer chez


elle le besoin de dormir en lui prenant les mains conformément aux règles établies pour l'hypno-neurisation.

Elle tend alors a passer du premier degré au deuxième ou du deuxième nu troisième degré du sommeil. Le besoin de dormir se fait en méme temps sentir chez elle et elle l'exprime soit spontanément, ce qui indique un certain degré de sensibilité interne, soit après des questions qui lui sont adressées sur ce point spécial.

Si la malade est dans le troisième degré le besoin de dormir n'est plus éprouvé par elle, du moins elle ne le manifeste pas,

18°  TROUBLERMOTEURS  ET   SENSITIFS  DANS  LE  SOMMEIL ET  POSSIBILITE   DE  LES  FAIRE  CESSER

Toux.  Parfois la malade toussant dans l'état de veille conti­nuait à tousser après avoir été hypno-neurisée. Mais j'ai pu m'assurer qu'elle ne continuait à tousser que si elle n'était pas parve­nue au troisième degré du sommeil.

Au fur et a mesure que par une nouvelle hypno-neurisation je la luisais passer du premier nu deuxième, puis au troisième degré, sa toux diminuait tout d'abord puis cessait tout à fait, pour revenir de nouveau si elle passait inversement du troisième au deuxième et à plus forte raison au premier degré.

J'en conclus que la sensibilité interne est plus lente à dispa­raître que l'externe et que plus le sommeil est profond plus elle tend à disparaître.

Autres troubles divers. Par une nouvelle hypno-neurisation j'ai pu faire cesser divers troubles, tels que frissons, tremblements, secousses musculaires, etc.

Mais ces résultais n'étaient obtenus que lorsque le sommeil attei­gnait le troisième degré.

Même dans le troisième degré du sommeilla possibilité d'éprou­ver une souffrance n'était pas complètement abolie. En effet, si je venaisa appliquer l'extrémité d'un doigt sur le point d'émergence ou le long du trajet de troncs nerveux importants, la malade


accusait une douleur assez vive le long du trajet do ces nerfs. Dans les trois degrés du sommeil, la malade pouvait se mouvoir et marcher soit spontanément, soit après avoir eté relevée, puis poussée légèrement; mais il était facile de voir que plus le som­meil était profond plus elle éprouvait de la difficulté à se mouvoir librement.

19  POSSIBILITE DE LA DEAMBULATION LIBRE

Dans les deux premiers degrés elle pouvait se mouvoir et mar­cher avec une liberté qui ne différait guère, surtout dans le pre­mier degré, de celle avec laquelle elle se mouvait et marchait dans l'étal de veille.

Mais dans le troisième degré, elle éprouvait manifestement de la lassitude. Elle avait l'attitude d'une personne très fatiguée ou somnolente, et elle se montrait beaucoup plus disposée a s'asseoir qu'arester debout ou marcher. La faiblesse musculaire, ou l'amyosthénie suit donc de près l'anesthésie dans ses degrés.

LESOMNAMBULISME ET LA CATALEPSIE SONT DES PHENOMENES COMMUNS A PLUSIEURS DEGRES DU SOMMEIL NEURIQUE

Notre malade était donc somnambule dans les trois premiers degrés du sommeil, si distincts pourtant par certains phénomènes propres. Mais le somnambulisme tendait à disparaître nu fur et à mesure que le sommeil s'accusait davantage, et il n'existait plus au dela du troisième degré,

Nous avons vu plus haut qu'elle était cataleptisable dans les doux premiers degrés du sommeil et pas du tout dans le troisième; que, dans le premier degré, elle l'était très complètement et trés nettement, mais qu'elle l'était très faiblement dans le deuxième degré.

Il résulte de ces observations bien et dûment faites que chez noire malade il n'y avait durant son sommeil neurique aucune


phase bien distincte pour la catalepsie et surtout pour le somnambulisme. Ces phénomènes étaient communs quoique à des degrés divers, à plusieurs phases distinctes du sommeil.

20 POSSIBILITÉ DES RÊVES

La malade rêvait souvent durant les trois degrés du sommeil neurique, ce qui prouve que l'activité cérébrale n'était pas abolie. Etait-elle diminuée? Nous ne saurions le dire.

21° POSSIBILITÉ DE RÉVEILLER L'UN DES HÉMISPHÉRES CÉRÉBRAUXET PAR CELA MÊME LA MOITIÉ LATÉRALE OPPOSÉE DU CORPS EN SOUFFLANT SUR L'OEIL OPPOSÉ A CET HÉMISPHÈRE.

Nous touchons ici à une question des plus intéressantes et des plus importantes celle de lindépendance fonctionnelle des hémi­sphères cérébraux.

INDÉPENDANCE FONCTIONNELLE DES HÉMISPHERES CÉRÉBRAUX

M. le professeur Brown-Séquard dans une communication à lu Société de biologie (28 juin 1883) soutient qu'il est faux de prétendre que l'hémisphère droit,  peu importe une délimitation plus exacte,  soit le centre de perception des impressions sensitivesde la moitié gauche du corps et réciproquement. « En réalité, dit-il, nous sommes à ce point de vue mieux doués que nous le croyons : nous possédons deux cerveaux. Chaque hémisphère, en effet, ajoute-t-il, est un centre de perception pour les impressions sensibles provenant non pas d'un seul mais des deux côtés du corps. »

Quoi qu'il en soit des résultais obtenus à ce point de vue par les


expériences patientes, ingénieuses et si dignes de considération du célèbre physiologiste, nous avons de notre côté observé des laits qui plaident en faveur de la réalité de l'indépendance fonction­nelle des hémisphères cérébraux et du croisement des impressions extérieures qui se rendent de la périphérie aux centres. Nous ne prétendons pas nier pour cela lés relations qui existent entre les deux hémisphères, et d'ailleurs quelques-uns de nos faits te mon­trent aussi. Ce que nos observations nous permettent de faire rassortir, c'est la réalité d'une indépendance fonctionnelle des deux hémisphères n'excluant pas les relations directes entre eux.

Nos observations viennent ici à l'appui de celles de M. le DrDumont-Pallier (1). Ou du moins nous avons été heureux de voir que des observations faites spontanément par M. le DrDumont-Pallier sont venues confirmer celles que j'avais faites précédemment de mon côté et que diverses circonstances m'ont empêché de publier avant ce jour.

Nous avons opéré dans des conditions un peu différentes. Nos expériences comme les siennes présentent, tout au moins un caractère qui leur est commun, c'est que nous n'avons lésé aucun organe, pas même une petite cellule ou une petite fibre. Aussi les adversaires de la vivisection n'auront-ils rien a nous reprocher.

DIFFERENCEDANS LE DEGRÉ D'IMPRESSIONNABILITÉ DES  DEUX  HEMISPHERES

Nous avons dit précédemment (p. 201) qu'en neurisant le sujet par les passes, la moitié gauche de son corps s'anesthésiait un

1. Demonstration expérimentale du siège hémilatéral ou bilatéral cérébral des hallucinatons. Conference de M. le docteur Dumont-Pallier dans une leçon de M. le professeur Maguanà l'asile Sainte-Anne, on février 1883 et intitulée : Deshallucinations bilatérales à caractère différent suivant le côté affecté dans le délire chronique.  Voy. Union médicale. 15 et 19 mai 1883.

Voyez aussi la thèse du docteur Berillon intitulée Hypnotisme expérimental, Le dualitecérébrale ou l'indépendance fonctionnelle dus deux hemispheres cérébraux. Paris, 1884.


peu plus rapidement et un peu plus profondément que la moitié droite bien que les passes fussent égales a droite et a gauche. D'où il semblait résulter que l'hémisphère droit se trouvait, dans l'état pathologique ordinaire de la malade et en dehors de toute inter­vention neurique, dans des conditions d'excitabilité un peu infé­rieures à celles de l'hémisphère gauche.

Puis les recherches au sujet de la parole provoquée ont paru confirmer cette manière d'interpréter les faits.

Enfin de nouvelles expériences analogues aux premières mais poursuivies avec une attention encore plus soutenue n'ont plus permis d'avoir le moindre doute sur l'existence d'un léger degré d'inégalité dans l'excitabilité des deux hémisphères, le droit étant en quelque sorte un peu moins éveillé que le gauche.

Et ce qui prouve que celle différence ou inégalité était pathologique et faisait partie du cortège des autres troubles fonctionnels éprouvés par la malade, c'est qu'elle a fini par disparaître au fur et a mesure que l'amélioration de la santé faisait des progrès, sauf à se montrer de nouveau mais très accusée et très complète dans la deuxième phase de la maladie (phase de 1882).

Dans cette première phase de la maladie (1880-1881) celte iné­galité fonctionnelle des deux hémisphères n'a jamais été assez accusée pour dépasser les limites d'un des degrés si nettement caractérisés du sommeil. Tandis que, dans la deuxième phase (1882), lorsqu'on venait à endormir la malade, l'hémisphère droit présidait a des réactions sensitivo-scnsorielles et motrices de la moitié gauche du corps qui caractérisaient le deuxième degré du sommeil, l'hémisphère gauche n'était plongé que dans le premier degré du sommeil, caractérisé d'ailleurs du côté de lu moitié droite du corps par des modifications sensitivo-sensorielles et motrices propres à ce premier degré de sommeil.

Lorsque, dans la première phase de la maladie dont nous pour­suivons actuellement l'étude, le sujet était hypno-neurisé soit par la préhension des mains, soit par des radiations digitales fixes, directes ou réfléchies, un certain degré d'inégalité dans l'intensité des modifications indiquait encore que le cerveau gauche était


naturellement(quoique pathologiqement) moins endormi que le droit.

Ici il eut été difficile d'accuser une inégalité dans la neurisation parles passes intéressant par exemple plus la moitié gauche du corps que ta moitié droite.

Ainsi, la malade se trouvant endormie par des procédés autres que celui des passes, je pus faire maintes fois les remarques qui suivent.

Je soulève la paupière gauche, j'interroge la malade mais je n'obtiens pas de réponse. J'abandonne cette paupière qui retombe, puis je soulève la droite et je demande à la malade si elle y voit. Elle répond qu'elle voit trouble. J'observe en même temps que la pupille est mobile de ce côté droit tandis qu'elle est immobile & gauche. Une passe en travers faite devant l'œil droit ouvert suffît alors pour abolir la vue et l'ouïe en môme temps.

Pendant que la malade présentait ainsi cette inégalité dans l'étal dela vue, je n'ai observé aucune différence appréciable soit dans ta sensibilité générale, soit dans les réactions gaie ou triste entre les deux moitiés droite et gauche du corps. Le cerveau gauche était plonge dans le même degré de sommeil que le cerveau droit; l'intensité seule de ce même degré de sommeil différait.

Je rappellerai ici que dans la suite, et bien avant que la malade fut considérée comme guérie, celle inégalité dans le degré d'exci­tabilité des deux cerveaux a disparu ou tout au moins est devenue insignifiante.

Nous considérerons maintenant les deux hémisphères comme reagissant également sous l'influence d'une neurisation éga­lement répartie.

Les effets decette neurisation peuvent varier d'intensité dans l'un ou l'autre hémisphère. Ils peuvent même n'être provoqués que dans un seul hémisphère, ou du moins nous pouvons les observer localisés dans un seul hémisphère.


SOMMEILDE L'UN DES HÉMISPHÈRES ( HEMI-HYPNOSE) ETRÉVEIL DE L'AUTRE

PREMIER CAS. - HEMI-HYPNOSE AU PREMIER DEGRE

La malade est endormie, elle est plongée dans le sommeil neu­rique au premier degré par exemple.

Les yeux sont fermes. Je soulève par exemple la paupière droite, et je souffle sur le globe oculaire, je maintiens ta paupière sou­levée, puis j'interroge la malade, elle répond à mes questions : je lui demande si elle voit, elle répond affirmativement. Je lui dis d'écrire, puis de lire, elle écrit et lit comme si elle était éveillée; elle peut compter mes doigts, me reconnaît, reconnaît également toutes les personnes qui l'entourent. Elle ne voit et n'entend que du côté droit. Si elle sourit, la moitié droite seule de la face prend l'expression du sourire. En un mot sa personnalité cérébrale gauche ou corporelle droite seule est éveillée.

Sa personnalité cérébrale droite ou corporelle gauche reste dans le premier degré du sommeil.

La différence entre l'état de veille de ta moitié latérale droite et l'étal de sommeil de la moitié latérale gauche du corps est rendue manifeste et frappante par les opérations suivantes.

La malade peut commander à la moitié droite de son corps, elle en possède l'usage. Elle ne peut commander à sa moitié laté­rale gauche. D'autre part la vue et l'ouïe sont supprimées à gauche. L'application digitale provoque à gauche une réaction gaie antérieure et triste postérieure, et ne donne que des résultats né­gatifs a droite (côté éveillé).

Le bras ou la jambe gauches soulevés puis abandonnés con­servent la position qu'on leur avait donnée. La cataleptisation complète est possible. Nous avons de l'hémi-catalepsie gauche complète ou plus simplement de l'hèmi-hypnose gauche du pre­mier degré.


Si au lieu do réveiller l'hémisphère gauche j'avais réveillé l'hé­misphère droit j'aurais eu de l'hémi-hypnose au premier degré.

DEUXIEME CAS. - HEMI-HYPNOSE AU DEUXIEME DEGRE (HEMI-CATALEPSIE INCOMPLETE)

Si pendant que la malade est plongée dans le deuxième degré du sommeil neurique je réveille l'un des hémisphères et par conséquent l'une dos moitiés latérales du corps en soufflant sur l'oeil correspondant, l'autre moitié restera plongée dans le deuxième degré du sommeil avec les caractères qui lui sont propres mais bien localisés dans cette moitié du corps (rire postérieur et gaieté antérieure, cataleptisation incomplète). Nous aurons de l'hémi-catalepsie incomplète, ou de l'hémi-hypnose au deuxième degré.

TROISIEME CAS. - HÉMI-HYPNOSE AU TROISIEME DEGRE (HÉMI-LÉTHARGIE)

De même que nous avions pu réveiller l'une des moitiés latérales du corps plongé dans le premier ou dans le deuxième degré de sommeil, do même nous pouvions dans le troisième degré, tou­jours en soufflant dans l'un des yeux et suffisamment longtemps, réveiller le côté correspondant. L'autre côté restait endormi au troisième degré. Nous avions de l'hémi-léthargie en admettant que le troisième degré de sommeil mérite le nom de léthargie; ou en d'autres termes de l'hémi-hypnose au troisième degré.

QUATRIÈME CAS. - HYPNOSE BILATERALE A DES DEGRES DIFFERENTS D'UN COTE ET DE L'AUTRE

Mais lorsque je souillais dans l'un des yeux pour réveiller la moitié correspondante du corps, si le malade était plongé dans un sommeil qui dépassait le premier degré, il m'est arrivé de ne déterminer qu'un réveil incomplète cette moitié du corps.


J'ai pu observer ainsi tantôt de l'hémi-hypnose droite au pre­mier degré, et gauche au deuxième degré, et vice versa ; tantôt de l'hémi-hypnose droite au deuxième degré et gauche au troisième et vice versa. Il en résulte qu'il pouvait y avoir de l'hémi-catalepsie à droite et de l'hémi-léthargie à gauche et vice versa.

La malade pouvait présenter de la gaieté antérieure dans l'une dés moitiés latérales du corps, et postérieure sur l'autre moitié; ou bien de la gaieté antérieure ou postérieure d'un côté et de l'indiffé­rence de l'autre côté.

Il arrivait donc que je la faisais rire en appliquant un doigt sur un point de l'une des moitiés du front et la faisais pleurer en fai­sant celte application sur l'autre moitié de cette région. C'étaient le rire et les pleurs croisés. L'application simultanée des doigts sur l'une et l'autre moitié du front ou de toute autre région du corps provoquait un état intermédiaire entre la gaieté et la tris­tesse.

Toutes les combinaisons basées sur les caractères propres à chaque degré du sommeil étaient ainsi réalisables. Tandis, par exemple, que l'un des bras soulevé puis abandonné retombait inerte (expression du troisième degré) l'autre bras soulevé et aban­donné conservait la position dans laquelle on le laissait (expres­sion du premier degré) ou bien retombait lentement (expression du deuxième degré).

Dans tous ces cas lorsque je soufflais dans l'un des yeux, je soufflais en quelque sorte directement sur l'hémisphère cérébral opposé dont je déterminais sûrement ainsi le réveil, et en quelque sorte aussi directement dans l'oreille du même côté.

DUREE DU REVEIL UNILATERAL PROVOQUE

Nous avons observe que le réveil unilatéral provoqué une première fois et non entretenu tendait à disparaître spontanément de manière à être remplacé par le sommeil à un degré plus ou moins avancé. Mais nous n'avons pas calculé la durée de ce réveil unilatéral abandonné à lui-même.


INFLUENCE DIRECTE D'UN HEMISPHERE SUR L'AUTRE

Si nous considérons que le réveil des deux hémisphères une fois provoque et abandonne a lui-même se maintient, nous sommes conduits à penser que la disparition graduelle du réveil borné à l'un des hémisphères dépend d'une propagation jusqu'à lui de l'état hypnotique dans lequel reste plongé l'hémisphère opposé. S'il en était ainsi il faudrait conclure que l'indépendance fonctionnelle des deux hémisphères tout en étant réelle n'est pas absolue.

INFLUENCE DE L'OUVERTURE ET DE LA FERMETURE DESPAUPIERES

SUR LE MAINTIEN,

L'ABOLITIONOU LE RETOUR DU RÉVEIL UNILATERAL

 

Lorsque l'œil droit par exemple avait été ouvert puis souillé, elle voyait de cet œil et entendait de l'oreille droite correspon­dante et cela avait lieu aussi longtemps que l'oeil restait ouvert. En même temps l'hémisphère gauche était éveillé, l'hémisphère droit restant plongé dans le degré du sommeil dans lequel la malade se trouvait au moment de l'expérience.

Mais si j'invitais la malade à fermer l'œil droit ouvert ou si j'abaissais moi-même la paupière elle ne m'entendait plus. Si à ce moment je relevais la paupière elle m'entendait de nouveau.

Si pendant que la paupière de l'oeil droit soufflé était maintenue soulevée, et qu'ainsi la malade voyait de cet œil et entendait de l'oreille du même côté, je venais à relever la paupière de l'oeil gauche restée abaissée jusque-là, la vue et l'ouïe se trouvaient abolies du côté droit. Ainsi elle ne répondait plus à mes questions, et si précédemment je l'avais prié de lire dans un livre elle cessait de lire.

Si au lieu de pneumo-neuriser l'œil droit, je neurisais de la même manière l'œil gauche, je pouvais en procédant comme pré­cédemment obtenir du côté opposé la même série de phénomènes.


Ces faits, assurément très remarquables, me paraissent assez difficiles à expliquer.

En tout cas ils semblent prouver : 1° que l'intervention ou la non intervention de la lumière entre ici en cause. Ainsi la suppression de l'excitation lumineuse abolit la vue et l'ouïe lorsqu'elle inter­vient directement du côté où la vue et l'ouïe ont été réveillées par le souffle. Puis l'excitation lumineuse elle-même abolit la vue et l'ouïe précédemment réveillées d'un seul côté lorsqu'elle intéresse directement l'œil du côté opposé. Mais par quel mécanisme agis­sent la lumière ou l'obscurité, l'intervention d'une excitation lu­mineuse ou son absence dans les cas cités, je ne saurais le dire.

Plus haut nous avons vu que, plongée dans le sommeil, la malade entendait ma voix pendant qu'elle avait les paupières abaissées, mais qu'elle ne répondait plus à mes questions dès que je venais à les soulever.

2° Les faits rapportés ci-dessus semblent encore prouver que l'un des hémisphères n'est pas sans action sur l'autre. En effet, l'ouverture de l'œil non soufflé supprimait la vue et l'ouïe précé­demment réveillées par le souffle dans la moitié latérale opposée.

LE RÉVEIL DU SENS DE L'OUÏR PROVOQUE-T-IL LE REVEIL. DE L'UN OU DE L'AUTRE DES HÉMISPHÈRES

Lorsqu'au lieu de souffler tout d'abord dans l'un des yeux, je commençais par souffler dans l'une des oreilles, je réveillais cer­tainement le sens de l'ouïe de ce côté, mais je ne me souviens pas d'avoir remarqué si en même temps je réveillais l'un ou l'autre des hémisphères, la vue continuant à être abolie.

RELATION DIRECTE ET RÉCIPROQUE ENTRE L'OEIL ET L'OREILLE DU MÊME COTÉ

Il est certain que le réveil du sens de la vue provoqué par le souffle entraînait aussitôt le réveil du sens de l'ouïe du même côté,


et le réveil de l'hemisphere opposé, tandis que le réveil du sens de l'ouïe d'un côté n'entraînait pas toujours le réveil du sens de la vue, du même côté, à droite ou à gauche, et nous doutons qu'il ait provoqué le réveil de l'un ou de l'autre des hémisphères, et en tout cas, le réveil de l'hémisphère opposé, avant d'avoir provoqué le reveil du sens de la vue du même côte.

22   POSSIBILITÉ  DE NE RÉVEILLERQUE LE SENS DEL'OUÏE

Lorsque par l'emploi du souffle je réveillais le sens de la vue, soit d'un côté, soit de l'autre, soit successivement des deux côtés, je réveillais en même temps le sens de l'ouïe dans les oreilles cor­respondantes.

Je ne me souviens pas d'avoir observé des cas dans lesquels le réveil de la vue n'entraînait pas avec lui le réveil de l'ouïe du même côté.

Le léveil de l'ouïe provoqué par le souffle n'a pas toujours été suivi du réveil de la vue, soit a droite, soit à gauche.

En soufflant dans le conduit auditif de l'une des oreilles, tantôt la vue revenait du même côté, tantôt elle ne revenait pas. De même, si je soufflais successivement dans l'une et l'autre oreille, tantôt la vue revenait des deux côtés et a ta suite le réveil complet des deux hémisphères, et tantôt elle ne revenait pas.

La cause de celle différence m'échappa durant plus de six jours pendant lesquels j'avais fait des expériences quotidiennes avec le souille sur les organes de la vue et de l'ouïe.

Puis je m'aperçus que le réveil ou le non réveil de la vue a la suite du réveil de l'ouïe dépendait essentiellement du temps employé à souffler, c'est-à-dire du degré de la neurisation pneumique.

Ainsi une neurisation pneumique courte faite en regard du con­duit de l'une des oreilles ne réveillait que le sens de l'ouïe de cette oreille. Le malade n'entendait que de cette oreille et ne voyait ni


avec un œil, ni avec l'antre après avoir eu soin de soulever les paupières.

Mais si la neurisation pneumique de l'une des oreilles était suffi­samment prolongée ou répétée, le sens de la vue se trouvait à la suite réveillé dans l'œil du même côté, surtout si préalablement j'avais soin de maintenir les paupières soulevées ou si pendant que soufflant dans l'oreille, je réveillais le sens de l'ouie, je disais à la malade d'ouvrir ses yeux, ce qu'elle pouvait faire alors.

Si au lieu d'opérer ainsi a l'égard d'une seule oreille, j'opérais en regard des deux oreilles, la vue revenait de chaque côté et, avec l'ouïe et la vue, le réveil complet des deux hémisphères.

RÉVEIL DU SENS DE L'OUÏE A DIVERS DEGRÉS

Le degré du réveil de l'ouïe variait suivant que le souffle n'inté­ressait qu'une oreille ou les deux oreilles, et suivant qu'il était plus ou moins répété ou prolongé.

Lorsque je n'avais réveillé l'ouïe que d'un seul côté, même com­plètement, par des radiations pneumiques suffisamment répétées, la malade entendait moins que lorsque j'avais successivement réveillé le sens de l'ouïe dans l'une et dans l'autre oreille.

J'avais à faire en quelque sorte à un cas de surdité unilatérale accidentelle sans suppléance fonctionnelle perfectionnée par un long exercice.

Si le souffle n'avait pas été suffisamment prolongé ou répété, elle ne m'entendait d'abord que faiblement et seulement lorsque je parlais à très haute voix.

Un jour, pendant que la malade était plongée dans un sommeil neurique profond, je soufflai dans ses deux oreilles. Après les premiers souilles très peu nombreux et de courte durée, je demandai à la jeune fille si elle m'entendait et elle répondit textuellement : « Oh ! c'est drôle, j'entends une voix lointaine, une voix qui vient de loin, de loin. » Je soufflai de nouveau : « Ah ! la voix se rap­proche, » dit-elle pendant que je lui adressais de nouveau la parole. De nouveau, je soufflai d'un côté et do l'autre, et elle dit alors en souriant ; « Ah! je vous entends.  Qui suis-je? ajoutai -je.  Le docteur Barély », répondit-elle aussitôt.

Elle n'était pourtant pas éveillée. Le sens de la vue n'avait d'ail­leurs pas été réveillé.

J'aurais pu la réveillér, soit en continuant à souffler dans les oreilles, soit en souillant directement sur les yeux, ainsi que je l'avais fait dans d'antres cas du môme genre. Dans ce cas, je pro­voquai le réveil en faisant des passes ascendantes rapides au-devant de la figure. En se réveillant, la malade fut toute étonnée de se trouver par terre, car un instant auparavant elle s'était laissée glisser du divan, où elle était assise, sur le parquet. Elle n'avait conservé aucun souvenir do ce qui s'était passé durant son som­meil et durant le réveil de l'ouïe.

Au fur et à mesure qu'elle m'entendait davantage, ce qu'elle exprimait en disant que la voix d'abord lointaine se rapprochait de plus en plus, elle passait du troisième degré du sommeil au deuxième, puis au premier, ce dont j'ai pu m'assurer par la recherche des caractères propres à chaque degré.

Ainsi le réveil graduel de l'ouïe amenait le réveil graduel des hémispheres, tantôt d'un seul, si le souffle n'intéressait qu'une oreille, tantôt des deux s'il intéressait les deux oreilles; puis le réveil était complet soit dans l'un, soit dans les deux hémisphères suivant les cas, dès que le sens de la vue était réveillé â son tour, soit dans l'un des yeux si la neurisation pneumique n'intéressait qu'une oreille, soit dans les deux yeux si la neurisation intéressait les deux oreilles. Puis le réveil était complet, soit dans l'hémi­sphère correspondant à l'oreille seule influencée, soit dans les deux hémisphères si les deux oreilles étaient intéressées, dès que la vue revenait dans l'un des yeux correspondant a l'oreille neurisée par le souffle, soit dans les deux yeux lorsque les deux oreilles étaient neurisées chacune successivement par le souffle.


NOUVELLE CONFIRMATION DES RELATIONS PHYSIOLOGIQUES

PATHOLOGIQUES ET ANATOMIQUES

EXISTANT ENTRE L'OEIL ET L'OREILLE DU MÊMECOTÉ

Les expériences que nous venons d'exposer confirmentde nouveau les relations physiologiques, pathologiques et analomiques qui existent entre l'œil et l'oreille, et que mon confrère le DrDransart a mises en relief par sa communication, déjà citée, au Con­grès de Reims (séance du 13 août 1880).

Précédemment (p. 86 et suiv.), nous avons établi que l'anes­thésie provoquée dans l'un des yeux par les radiations digitales fixes pouvait se propager à l'oreille correspondante et que, inver­sement, l'anesthésie provoquée par le môme procédé dans l'une des oreilles pouvait se propager à l'œil correspondant. En d'autres termes en la rendant sourde d'un coté, je la rendais par cela même aveugle du même côté et vice versa. En agissant sur les deux yeux ou sur les deux oreilles, reflet était naturellement double. Mais pour que la propagation de l'anesthésie eût ainsi lieu de l'oreille à l'œil correspondant et vice versa il fallait que la neurisation Tût suffisamment prolongée.

De même, ainsi que nous venons de le voir, le réveil (par l'hyperesthésie d'origine pneumique) provoqué dans l'un des yeux peut se propager à l'oreille du même côté, et inversement, le réveil provoqué par le même procédé et d'après le même principe dans l'une des oreilles, peut se propager dans l'œil correspondant. De même, pour que cette propagation ail lieu, il faut que la neurisa­tion hyperesthésiante soit suffisamment prolongée; et il en doit être ainsi surtout lorsqu'on influence tout d'abord l'oreille.

Si au lieu de n'agir ainsi que sur un seul côté du corps, j'agis­sais sur les deux côtés, les effets étaient doubles et le réveil du sens de l'ouïe et de la vue étant général, le réveil total du corps avait lieu. Dans cette double opération l'excitation portée sur l'un des hémisphères ne contrariait pas les effets préalablement pro­duits sur l'autre.


Leréveil du sons de l'ouïe et de la vue d'un même côté entraînait le réveil de l'hémisphère opposeavec toutes ses conséquences, c'est-à-dire que la malade rentrait en libre possession de toute la moitié du corps a laquelle commande cet hémisphère du côté de l'oeilauquel la vue avait été rendue.

Lorsque, dans l'état de veille complet de la malade, je la rendais sourde et aveugle du même côlé au moyen des radiations digitales fixes, je n'ai pas eu la pensée de rechercher si, en même temps le même côté du corps était anesthésie, si, en d'autres termes l'hémisphère opposé était plongé dans le sommeil à un degré quel­conque.

Il est probable qu'il en était ainsi, mais je ne saurais l'affirmer.

Dans le travail du Dr Dransart, il est dit qu'une opération faite sur un œil malade,alors que la maladie de cet œil, traumatique ou spontanée, avait entraîné la surdité du même côté, pouvait en amé­liorant les conditions pathologiques de l'œil améliorer par cela même l'ouïe du même côté. Il a remarqué aussi que toute amélio­ration de même que toute aggravation spontanée d'un œil malade pouvait entraîner une amélioration ou une aggravation du côté de l'ouïe correspondante.

Or, nous avons vu précisément que le réveil du sens de la vue d'un seul côté entraînait le réveil du sens de l'ouïe du même coté lorsque la malade se trouvait plongée dans le sommeil neu­rique.

Donc les résultats des recherches de physiologie expérimentale, tels que nous les avons obtenus, ont pleinement confirme les résultats des recherches du DrDransart faites essentiellement au point de vue de la pathologie.

L'anesthésie par sa propagation de l'œil à l'oreille du même côté, représentait l'influence pathologique. L'hyperesthésie, en neutra­lisant les effets de l'anesthésie, représentait l'action curative, ou l'amélioration spontanée.

L'audition colorée, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, consti­tuerait un phénomène pathologique indiquant la possibilité de la propagation d'une influence physiologique ou pathologique subie


par le centre auditif au centre visuel ou chromatique correspondant.

Il en serait de même du phénomène de la clarté qui se manifes­tait du même côté par où Jeanne d'Arc entendait la voix (vois intérieure), et auquel il a été aussi fait allusion plus haut.

La notion de cette influence possible d'une modification materielle ou fonctionnelle de l'organe de l'ouïe sur la vue du même côté, a besoin d'être corroborée par de nouvelles observations. En attendant, une voie nouvelle est ouverte û l'observation médi­cale.

Ainsi en présence d'une affection oculaire, on devra rechercher l'état de l'ouïe du même côté; de même lorsqu'on aura constaté une lésion de l'oreille, il faudra s'enquérir du degré d'intégrité de la vue du même côté.

Il y aura même plus à faire; étant donnée une affection de l'œil et de l'oreille du même côté, il y aura lieu de rechercher quelles modifications ont pu survenir dans lu sensibilité et la motilité du même côté du corps.

OUBLI PAR LA  MALADE. APRES LE REVEIL TOTAL ET COMPLET,

DE TOUT CE OUI S'EST PASSE

DURANT LE REVEIL DE L'UN DES HEMISPHERES

Cet oubli a été constaté par moi maintes fois et prouve bien que les hémisphères, tout en agissant pour leur propre compte, ne cessent pas d'agir mutuellement l'un sur l'autre.

Ainsi pendant qu'elle n'était éveillée que d'un seul côté, ne voyant et n'entendant que d'un seul côté, il est arrivé plusieurs fois qu'une personne étrangère est entrée dans le salon de l'appar­tement où elle était. La malade voyait celle personne, la recon­naissait, lui parlait, répondait a ses questions, exactement comme si elle eût été complètement éveillée et en pleine possession d'elle-même.

Ensuite je priais la personne étrangère de passer dans la pièce


voisine, et soufflant sur l'œil endormi de mon sujet, je déterminais le réveil complot.

Elle n'avait plus le souvenir de la visite qu'elle venait de rece­voir. Puis si la personne en visite passait dans le salon, venant à elle, elle l'accueillait comme si elle l'eût vu pour la première fois ce même jour.

Si pendant qu'elle était en hémi-hypnose j'insistais pour qu'elle examinat bien lu personne qui venait d'entrer, et qu'elle fit tous ses efforts pour se souvenir d'elle après son réveil complet, le résultai était le même. Une fois réveillée complètement, elle dé­clarait n'avoir pas encore vu. celle personne ce même jour.

Il faut donc conclure que l'hémisphère hypnotisé empeche l'hémisphère éveillé de conserver le souvenir de ce qui Ta impres­sionné (soit par l'intermédiaire de la vue soit par celui de l'ouïe). Pur quel mécanisme? Je ne saurais le dire.

23 POSSIBILITÉ D'ARRETE LES MOUVEMENTS DÉSORDONNÉS LESMAINS EN SOUFFLANT VIGOREUSEMENT SUR ELLES DE MANIERE A EN RENDRE LES MOUVEMENTS DOULOUREUX.

Parfois dans le sommeil neurique la malade se livrait à des mouvements désordonnés avec ses mains et comme elle apportait ainsi une grande gène dans les recherches que je faisais, j'eus l'idee d'endolorir ses mains en soufflant vigoureusement sur elles. Bientôt elle les tenait immobiles car le moindre mouvement y pro­voquait une vive douleur. Celle hyperesthésie pouvait persister après lu réveil si je ne la neutralisais pas préalablement.

Je cite ce fait parce qu'il prouve que dans le sommeil, expression d'une anesthésie généralisée périphérique et centrale, il y a place pour l'hyperesthésie. Cette hyperesthésie ainsi limitée représente relativement à la sensibilité générale un réveil partiel, lequel a pour pendant, dans les analogies, le réveil d'un des organes des sens représentant le réveil partiel de la sensibilité spéciale.


Je n'ai eu l'occasion de provoquer cette hyperesthésie senaitive (1) que dans le premier et le deuxième degré du sommeil, la malade étant toujours très calme dans le troisième degré.

24 POSSIBILITE DE PROVOQUER LA CRISE DITE  DU  PETIT VEAC EN  SOUFFLANT LEGEREMENT ET LONGUEMENT SUR UNE RÉGION PLUS OU MOINS ÉTENDUE DU CORPS.

Cette crise qui représente une grande excitation du système sensitivo-moteur, peut être provoquée par des radiations pneumiques légères et prolongées dans les trois degrés du sommeil. La malade passe ainsi du sommeil non pas au réveil lequel est l'expression d'une excitation proportionnée à la dépression préalable du système nerveux, mais à un degré d'excitation supérieur a celle qui détermine le simple réveil.

Plus loin nous verrons comment la malade pouvait passer inver­sement de la crise hyperesthésique a la crise anesthésique ou sommeil.

25 POSSIBILITE DE REVEILLER LE SUJET PAR DES PASSES

FAITES   EN   REGARD   DE   LA   FIGURE   ET  DONT   LA   DIRECTION DOIT   VARIER   SELON   LE   DEGRE   DE  SOMMEIL.

Dans Le premier et le troisième degré les passes doivent être ascendantes et dans le deuxième descendantes.

Nous ne saurions affirmer que les régies soientabsolues, car nous n'avons pas pu répéter les expériences un nombre de fois suffisant pour écarter toutes causes d'erreur.

Maïs si un contrôle ultérieur venait àjustifier ces règles données ici sous toute réserve, il faudrait conclure que dans le second sommeil il se produit quelque renversement dans les courants

1. Par opposition à l'hyperesthesie sensorielle.


nerveux du sujet. Ne voyons-nous pas, en effet, la réaction gaie se montrer après une excitation de la moitié antérieure du corps dans le premier degré du sommeil, et, nu contraire, de la moitié postérieure dans le deuxième? De môme une passe sortante, allant du sujet vers l'opérateur, attire dans le premier degré et repousse dans le deuxième. De même enfin, une passe en regard des muscles de la face les fait se contracter, dans le premier degré, lorsqu'elle est faite dans un sons, et dans le deuxième degré, lorsqu'elle est faite dans le sens contraire.

Je ne me souviens pas d'avoir noté si avec ces passes le réveil avait lieu d'emblée ou s'il était graduel, en d'autres termes si en se réveillant le sujet passait directement d'un des degrés avancés du sommeil à l'étal de réveil complet ou s'il passait par les degrés intermédiaires du sommeil. Ce point demeure obscur pour moi et je me borne à le signaler pour un contrôle ultérieur.

DUREE DU SOMMEIL PROVOQUÉ CONDITIONS QUI FONT VARIER CETTE DUREE

Elle était subordonnée : 1 au degré d'amélioration de la santé de la malade ; 2 au degré du sommeil lui-même ; 3 au procédé employé.

1 Au furet à mesure que la santé de la jeune fille s'améliorait lesommeil provoqué semblait avoir une durée de plus en plus courte en même temps qu'il était plus difficile à provoquer.

Nous exprimons ce fait d'une manière dubitative parce que généralement nous réveillions la malade après l'avoir endormie ut nous n'attendions pas que le réveil eût lieu spontanément.

Deux ou trois fois elle s'est réveillée avant notre retour auprès d'elle et nous avons remarqué que cela est survenu lorsqu'elle etait plus près de sa guérison.

2 Plus le sommeil était profond plus il était prolongé.


3 Le procédé de la préhension des mains provoquait un sommeil de plus longue durée que le procédé des passes.

DUREE DU SOMMEIL NEURIQUE

Au début, Ne sachant pas quelles suites heureuses ou facheuses pouvait avoir le sommeil neurique, craignant même quelque suite fâcheuse pour la santé, nous ne laissions la malade endormie que pendant quelques minutes. Puis graduellement nous la laissions plongée dans le sommeil, un quart d'heure, une demi-heure, une heure. Tout d'abord nous restions auprès d'elle, ensuite nous vaquions à d'autres occupations et revenions auprès d'elle non sans être légèrement anxieux. Toujours nous la trouvions calme.

Enfin ayant acquis la certitude que ce sommeil non seulement ne portait aucun préjudice à la malade, mais améliorait même sa santé nous le laissâmes se prolonger plusieurs heures.

Bientôt nous primes l'habitude de l'endormir le soir, et de re­venir la réveiller le lendemain matin.

Ellea ainsi dormi à la suite de l'hypno-neurisation 10, 12, 14, 17 et 18 heures et demie. Ce sommeil se serait môme prolonge davantage si nous n'avions pas cru devoir le faire cesser.

EFFETS CURATIFS DU SOMMEIL NERIQUE

Dès que j'eus assuré dé celle manière le calme de ses nuits l'amélioration de sa santé fit des progrés rapides et de plus en plus manifestes. On le comprendra sans peine si l'on songe qu'elle avait de fréquentes attaques hyperesthésiques et que le correctif ou l'antidote de l'hyperesthésie est l'anesthésie.


DES EFFETS CURATIFS RECIPROQUES DE L'ANESTHESIE ET L'HYPERESTHESIE NEURIQUE PROVOQUEES

Dans la médecine des symptômes il est de tradition do combattre la douleur ou toute excitation du système nerveux par des médi­caments appropriés dits calmants ou sédatifs. Lorsque d'autre part lu sensibilité parait engourdie on cherche à la réveiller, à l'exciter.

L'opium calme les névralgies, mais à son tour la douleur neu­tralise les effets de l'opium.

Dans un travail récent (1) nous avons cru devoir insister sur la nécessité déjà admise d'aillcurs de recourir aux excitations externes dans le traitement de l'empoisonnement par l'opium et les solanés. Nous en avons montré les bons effets dans deux cas d'empoisonnement que nous venions d'observer.

Dans le cas présent c'était l'excitation du système nerveux qu'il fallait calmer.

Les moyens ordinaires,c'est-à-dire les remèdes pharmaceutiques ayant échoué nous eûmes recours à l'hypno-neurisation. Et, fait curieux à noter, nous fîmes bénélicier la malade d'un moyen théra­peutique que l'étude même de sa maladie nous avait appris à connaitre et a manier.

A l'excitation ou hyperesthésie du système nerveux scnsilif, j'opposai l'anesthésie et son équivalent le plus élevé en intensité : le sommeil neurique.

Cette excitation étant chez elle le résultat d'une modification particulière du système nerveux et présentant des caractères que l'on n'qbserve jamais â la suite de l'ingestion de certaines substances toxiques ou médicamenteuses, il semblait qu'il fallait lui opposer non pas l'action de certaines substances médicamenteuses dites sédatives, mais bien au contraire une modification du système

(1)Desbons effets de la douleur provoquée dans le traitement de l'empoisonnement apr. l'uium et les solanees, par le Dr Barety. Gas. hebdom., a" 39, 28 sept, 1883,


nerveux d'ordre inverse mais de môme nature quant nu fond. C'est ainsi qu'à l'hyperesthésie nous avons opposé l'anesthésie, après avoir appris à produire l'une et l'autre de ces modifications du système nerveux au moyen de procédés divers qui, tout en com­portant l'emploi d'un môme agent, peuvent produire précisément des effets tout à fait opposés,

Le môme agent au moyen duquel nous pouvions provoquer les attaques hyperesthésiques, auxquelles la malade était sujette, nous servait pour neutraliser ces attaques. Cet agent c'était la neuricité.

Nous avions donc utilisé pour une application nouvelle la notion de l'unité dans le principe et de la diversité dans les moyens. Et si le vieil adage reste vrai, à savoir que les remèdes montrant la nature des maladies, ne peut-on pas affirmer que du moment où, par l'emploi de la force neurique, je pouvais à volonté entretenir ou exagérer le mal ou le guérir, suivant le procédé adopté, les troubles fonctionnels que présentait la malade devaient être l'expression d'une altération de sa force nerveuse?

Or la force nerveuse ne peut guère être altérée que dans sa quantité et son mode de circulation ou de répartition.

HYPONEURICITE ET HYPERNEURCITE

 

La force neurique était-elle en excès ou en défaut chez ma malade? J'inclinerais à penser qu'elle était en défaut. Cette hyponeuricité me parait môme prouvée par le seul fait d'une amélio­ration, puis d'une guérison obtenue par l'emploi de la force neurique rayonnante qui, lorsqu'elle peut ainsi dépasser les limites du corps humain, indique précisément qu'elle est en excès, que le sujet neurisateur est doué d'hyperneuricité.

Mais la force neurique agit aussi à l'état de force circulante, et nous avons vu que le sens suivant tequel elle se propageait avait une influence réelle et variable sur le sujet neurisé. Il faut donc admettre que si la quantité de neuricilé a une influence, son mode


de circulation on a une aussi. N'avons-nous pas soupçonné plusieurs fois un changement de direction dans les courants nerveux de la malade? Comment expliquer autrement les phéno­mènes dont le caractère est si nettement opposé dans le premier et le deuxième degré du sommeil?

D'autre part notre sujet n'avait-il pas de l'hémianesthésie sinon franchement déclarée, au moins prête à se manifester après les manœuvres neuriques? Et cette hémianesthésie si fréquente et peut-etre constante chez les sujets neurisables ne semble-t-elle pus indiquer une désharmonie dans le fonctionnement des deux hémisphères en môme temps que quelque trouble dans la direc­tion des courants nerveux de chaque moitié latérale du corps?

RESUME DES CARACTERES PRINCIPAUX DU SOMMEIL NEURIQUE,

DES PHENOMENES PRINCIPAUX QUI L'ACCOMPAGNENT ET DE SES EFFETS THÉRAPEUTIQUES

I.  Le sommeil neurique est le dernier terme de la série des phénomènes provoqués parla neurisation anesthésiante, expansive ou circulante.

II. Les procédés employés pour provoquer le sommeil neu­rique sont nombreux. Les principaux sont au nombre de cinq : 1les radiations digitales ou oculaires fixes, immédiates ou médiates; 2 les passes ou radiations digitales mobiles faites dans le sens de la distribution des nerfs, exception faite pour la face postéro-interne des membres; 3la préhension des mains; 4les applications digitales sur le trajet ou le point d'émergence de certains troncs nerveux importants; 5 l'opposition d'un courant neurique propre ou transmis à un agent intermédiaire de forme allongée,  à des nerfs sensitifs du sujet neurisable se distribuant dans le môme sens que ce courant (exception faite encore pour les nerfs sensitifs de la face postérieure des membres).

III.Le sommeil neurique n'est pas un et ne présente par con­séquent pas des caractères invariables dans son ensemble.


Il présente plusieurs degrés.

Ces degrés du sommeil neurique sont au nombre de quatre.

Chacun de ces degrés présente des caractères propres nettement définis.

Le premier degré du sommeil est essentiellement caractérisé: 1°par la possibilité de la cataleptisationcomplète et de la têtanisation des membres; 2° par la réaction gaie antérieure, et triste postérieure sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du doigt; 3° par la contraction des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le sens apparent de cette contraction; 4° par l'attraction et la répulsion positives; 5° par le réveil obtenu au moyen de passes ascendantes devant la figure.

Le deuxième degré du sommeil neurique est essentiellement caractérisé: 1° par la possibilité'de la cataleptisation, mais faible et de courte durée et l'impossibilité de la tétanisalion des muscles; 2° par la réaction triste antérieure, et gaie postérieure sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du doigt (réactions inverses de celles du premier degré); 3° par la contraction des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le sens inverse apparent de cette contraction; 4°par l'attraction et la répulsion négatives; 5° par le réveil obtenu au moyen de passes descendantes devant la figure.

Le troisième degré du sommeil, dit sommeil complet, est essen­tiellement caractérisé : 1° par la flaccidité complète des membres; 2° par l'absence de toute réaction gaie ou triste sous la pression du doigt; 3° par l'absence de toute contraction sous l'influence des passes; 4° par l'absence de tout mouvementd'attraction et de répul­sion sous l'influence des passes perpendiculaires centrifuges et centripètes; 5° par le réveil obtenu au moyen de passes ascen­dantes devant la figure.

Le quatrième degré du sommeil n'est que l'exagération du troisième degré. C'est une sorte de coma.

En d'autres termes le premier degré du sommeil neurique est caractérisé par l'état cataleptique complet et l'état tétanique pos­sibles.


Le deuxième degré est caractérisé par l'état cataleptique incomplet.

Le troisième degré, par l'état léthargique.

Le somnambulisme dans son sons primitif, qui est la possibilité de la déambulalion libre dans le sommeil, est un phénomène commun a ces trois degrés du sommeil. Seulement il est rendu moins facile dans le troisième degré par la fatigue musculaire qui accompagne ce degré plus avancé du sommeil.

IV.     Le temps nécessaire pour provoquer le sommeil neurique a varié, d'une manière générale, entre deux ou trois secondes et quatre ou cinq minutes, rarement plus. En tous cas ce temps était subordonné à la sensibilité neurique de la jeune fille, variable suivantla période de sa maladie, elle procédé choisi de neurisation.

V.    Le début du sommeil s'accompagne de la sensation du besoin de dormir, de lassitude, d'un certain degré de vertige, de lourdeur et de l'abaissement des paupières; puis survient l'affaisse­ment du sujet sur lui-môme, ou une simple inclinaison de sa tôle, et la résolution apparente des membres.

VI.   Le sommeil neurique provoqué a duré de quelques
minutes a plus de dix-huit heures, et il aurait pu se prolonger
plusieurs fois d'avantage si, par prudence, je n'avais pas cru devoir
le faire cesser. En dehors de toute intervention pour la limiter cette
durée était subordonnée : 1°au degré d'amélioration de la santé
de la malade; 2°au degré du sommeil lui-même.

VIL  Les effets curatifs du sommeil neurique provoqué chez. Mlle G... n'ont pas été douteux. Elle souffrait de fréquentes attaques hyperesthésiques spontanées et l'anesthesie a été ici l'antidote de l'hyperesthésie.

VIII.Parmi les phénomènes les plus remarquables qui accom­pagnent ou caractérisent le sommeil neurique en dehors de ceux déjà signalés ici nous devons citer : 1° la conservation de l'ouïe chez le sujet endormi à l'égard du sujet neurisateur seul ;  2° la possibilité de provoquer la parole par certaines applications digitales; 3° la possibilité de réveiller l'un des hémisphères cérébraux.


1° La malade endormie neuriquement devenait étrangère à tout ce qui se passait autour d'elle. Toute communication naturelle avait cessé entre elle et les objets et les personnes qui t'entouraient, excepté avec le sujet neurisaleur. Entre le sujet neurisé et le sujet neurisatcur existait une sorte de trait d'union invisible, une sorte de voie de communication mystérieuse.

Mais si je venais â soulever ses paupières et a maintenir ainsi les yeux ouverts elle ne m'entendait plus. Toute communication avait cessé entre nous.

2° L'application d'un ou de plusieurs doigts par leur face pulpaire sur l'apophyse mastoïde, région indifférente, excitait le sujet à parler, et avec un ton d'indifférence, qu'il fût dans le pre­mier, dans le second ou dans le troisième degré du sommeil.

Dans le troisième degré du sommeil, l'application digitale sur tout autre point rapproché ou éloigné de l'oreille n'excitait pas la parole.

Dans te deuxième degré, la malade était encore excitée a parler tantôt gaiement, tantôt tristement, si l'application digitale était faite sur certains points faisant partie de la section postérieure du corps, et rapprochés de l'oreille, tels que l'occiput, la nuque et le haut du rachis.

Dans le premier degré l'excitation aparler soit gaiement, soit avec tristesse avait encore lieu lorsqu'on touchait certaines régions faisantpartie dela section antérieure du corps, telles les tempes et les bosses frontales.

Dans le deuxième et le premier degré l'application digitale sur les régions signalées autres que la région mastoïdienne donnait un ton de gaieté au monologue du sujet si elle avait lieu par la face pulpaire, et une expression de tristesse si ladite application avait lieu par la face dorsale.

Lorsque l'application avait lieu sur la moitié latérale droite de la malade, la parole n'était que labiale en quelque sorte. Les lèvres se mouvaient mais aucun son n'était émis.

Si l'application était faite à gauche la malade émettait des sons, parlait réellement.


La raison de cette différence me parait ici double. D'une part, l'hémisphère cérébral gauche est le siège (de prédilection) du lan­gage articulé placé dans le pied de la troisième circonvolution frontale. D'autre part, l'hémisphère droit était déjà primitive­ment moins éveillé que lo gauche et par conséquent moins facile en tous cas a reagir.

La voie que suivait la neuricité, dans ces applications, pour provoquer la réaction verbale nous parait dire celle des nerfs sen­sitifs du pavillon de l'oreille reliés, par voie anastomotique, d'une part aux nerfs sensitifs des divers régions point de départ du réflexe verbal, et d'antre part au nerf acoustique, le centre auditif des mots qui occupe la première circonvolution temporale gauche étant d'ailleurs relié au centre du langage articulé qui est placé dans le pied de la troisième circonvolution frontale gauche.

La réaction verbale a pu être provoquée par l'intermédiaire d'une lige en bambou dont l'une des extrémités était tenue dans la main et l'autre appuyée sur une des régions désignées.

3°Nos expériences nous ont montré que les deux hémisphères cérébraux pouvaient agir indépendamment l'an de l'autre, mais que celle indépendance fonctionnelle réelle n'excluait pas des relations directes entre eux.

Mîtes nous ont encore montré que chez notre malade il existait un léger degré d'hémianesthésie gauche, qu'en d'autres termes l'hémisphère cérébral droit était à un degré fonctionnel un peu inférieur à celui du côté gauche.

Le procédé qui nous a servi pour isoler fonclionnellement un hémisphère de l'autre a consisté a souffler tantôt sur l'oeil gauche et tantôt sur l'oeil droit.

La jeune fille étant endormie, lorsque je soufflais sur l'œil gauche je réveillais l'hémisphère droit et toute la moitié gauche du corps; et lorsque je soufflais sur l'œil droit je réveillais l'hé­misphère gauche et toute la moitié droite du corps.

Dans ces conditions, suivant le degré du sommeil, je détermi­nais de l'hémihypnose au premier, au deuxième ou au troisième


degré, c'est-à-dire de l'hémicatalepsie complète ou incomplète, ou de l'hémiléthargie.

Si, la malade étant plongée dans le sommeil assez profondément pour que le troisième degré fût atteint, je venais à souffler sur l'un des yeux, il arrivait que le réveil hémilatéral était incomplet et il pouvait y avoir hémihypnose léthargique d'un côté et hemihypnose cataleptique de l'autre côté, ou bien hémihypnose cata­leptique incomplète de l'autre côté.

Daus ce dernier cas l'application digitale sur les points homo­logues des deux moitiés latérales du corps provoquait le rire ou les pleurs croisés.

Il existe une relation directe et réciproque entre l'œil et l'oreille correspondants. Ainsi en soufflant sur un des yeus, je réveillais la vue dans cet œil et l'ouïe dans l'oreille correspondante et vice versa.

Nous avions ainsi une nouvelle confirmation des relations physiologiques, pathologiques et anatomiques existant entre l'œil et l'oreille du même côté, mises en relief par Dransart et par les auteurs qui se sont occupés du phénomène de l'audition colorée. En soufflant successivement dans l'une et l'autre oreille et sur­tout dans l'un et dans l'autre œil, je pouvais déterminer le réveil total et complet, c'est-à-dire le réveil des deux hémisphères sans trace d'un degré môme minime de sommeil.

Après le réveil total et complet la jeune fille ne conservait aucun souvenir de ce qui s'était passé durant le réveil de l'un des hémisphères.

RÉVEIL

DIVERS  MOYENS DE PROVOQUER LE  RÉVEIL

J'ai pu provoquer le réveil : 1° Par le souffle:


2° Par des applications digitales ;

3° Par des passes ;

4° Par l'opposition de courants.

1°  REVEIL PAR LE  SOUFFLE

Le souffle buccal peut provoquer très facilement le réveil en agissant sur les yeux ou sur les oreilles.

RÉVEIL EN SOUFFLANT DIRECTEMENT SUR LESYEUX ET LES OREILLES

C'est le procédé habituellement employé parles magnétiseurs, et je ne pense pas qu'il en existe d'autres connus.

J'y ai eu recours moi-même très souvent, et tout d'abord lors-qu'ayant endormi la malade pour la première fois je voulus la réveiller. J'y ajoutai le pincement des téguments. Mais bientôt je renonçai â provoquer une douleur qui me parut tout au moins superflue, et je fis usage du souffle seul.

Longtemps je me bornai & ne souffler que dans ou sur les yeux, soit qu'ils fussent fermés, soit de préférence qu'ils fussent ouverts naturellement ou par suite de mon intervention.

Réveil en soufflant dams les oreilles.  Plus tard, je vis que je pouvais réveiller la malade en soufflant dans le conduit auditif de chaque oreille.

Mais ce procédé, outre qu'il est incommode ou moins commode que l'autre, exige quelques efforts et quelques précautions en plus, ainsi que nous l'avons établi ailleurs. Il faut que le souffle soit dirigé à droite et à gauche, qu'il soit prolonge ou répété souvent; et enfin, pour que la réussite soit prompte et facile, il faut sou­vent que les paupières soient en même temps relevées.

Lorsque le souille est dirigé sur les yeux, on peut facilement le porter sur l'un et l'autre de ses organes; cette manœuvre n'exige qu'un faible déplacement. D'autre part nous savons que, toutes


conditions égales, l'influence neurique se propage plus prompte. nient des yeux aux oreilles, que des oreilles aux yeux. Le reveil n'est complet, en effet, que si le sens de la vite et le sens de l'ouïe sont réveillés des deux côtés.

Mais, ainsi que nous l'avons montré, je pouvais ne réveiller, par le souffle, qu'une moitié latérale du corps.

0e plus, dans chaque moitié latérale du corps je pouvais limiter le réveil à l'organe de la vue ou de l'ouïe, et plus facilement à celui de l'ouïe qu'à celui de la vue.

Pour obtenir le réveil isolé de l'ouïe d'un seul côté, il suffisait de souffler lentement et durant un court espace de temps dans le conduit auditif de l'une des oreilles. En soufflant ensuite dans l'autre conduit auditif, et de la même manière, j'obtenais le réveil isolé des deux sens de l'ouïe.

La malade étant alors interrogée, répondait à toutes mes ques­tions avec la plus grande aisance et n'en continuait pas moins à dormir de son sommeil neurique.

Le réveil était d'autant plus prompt que la malade se trouvait dans un degré de sommeil moins avancé.

Si la profondeur du sommeil dépassait le premier et le deuxième degré la malade en se réveillant repassait par ces degrés en sens inverse, et d'autant plus vite que la neurisation pneumique était plus active ou le troisième degré du sommeil moins profond.

Jusqu'ici il n'a été question que de la neurisation pneumique directe.

Mais il m'est arrivé plusieurs fois de réveiller ma malade, soit en faisant réfléchir les rayons pneumiques sur une glace, soit en leur faisant traverser des obstacles plus ou moins nombreux et divers, soit en me servant d'objets préalablement neurises par le souffle, en ayant, dans tous ces cas, les yeux pour point de mire.


J'ai dit plus haut que j'endormais ma malade habituellement le soir, à partir d'une certaine époque, et que je venais la réveiller le lendemain matin.

Après mon arrivée elle se mettait au lit, puis j'étais appelé dans sa chambre, et lui prenant les mains elle s'endormait en quelques secondes. Elle dormait toute la nuit dans le plus grand calme. Le matin je revenais et je la réveillais habituellement en soufflant sur sa figure au niveau des yeux.

Plusieurs fois je l'ai réveillée en souillant sur la glace d'une armoire qui était en face de son lit dans une direction telle que les rayons pneumiques que ma bouche émettait ou semblait émettre allaient frapper sa figure après réflexion sur celle surface (1). Je visais simplement sa ligure réfléchie par cette glace,

REVEIL EN SOUFFLANT A TRAVERS DIVERS OBSTACLES (PAR TRANSRADIATION PNEUMIQUE)

Il m'est arrivé de réveiller la malade couchée dans son lit, tantôt à travers une porte et tantôt à travers une série d'obstacles.

Réveil en soufflantà travers une porte.  Au pied du lit qu'oc­cupait la jeune fille, se trouvait une porte de 0,045 d'épais­seur. Me plaçant derrière cette porte, à 3 mètres de distance de la tête de la malade, je soufflais dans la direction de sa figure, et après une demi-minute environ elle se réveillait, le sommeil étant nu troisième degré.

Reveil en soufflant à travers divers obstacles.  J'ai réussi à la réveiller pendant qu'elle dormait dans son lit, a la suite d'une hypno-neurisation de la veille au soir, a la distance de 5,40, à travers un mur de 0,80 d'épaisseur, d'un espace vide de 1,30,

1. Jel'ai de même endormie plusieurs fois en faisant réfléchir les rayons de mes doigts sur cette glace; en d'autres termes, on visant sa figure dans cette glace.


d'une armoire pleine de linge et épaisse de 0,60, d'une cloison ordinaire et d'un espace vide de2,70.

Connaissant très bien les dispositions de l'appartement, je m'étais placé dans le vestibule derrière le mur de 0,60 d'épaisseur et je soufflais dans la direction de la figure de la malade située a la distance indiquée.

Le réveil avait lieu en une demi-minute.

Possibilité de réveiller en influençant par le souffle d'autres régions que celle des yeux et des oreilles.  Pour que le réveil eût lieu, au moyen du souffle, il n'était pas indispensable d'en localiser l'action sur les yeux ou dnns les oreilles. Le réveil avait lieu aussi lorsqu'on le dirigeait sur la face en général. Il est vrai que dans ces cas les yeux finissaient par être atteints.

Je pouvais aussi réveiller en soufflant sur d'autres points du, corps; mais il m'a semblé que le réveil était plus rapide lorsque j'influençais la face en général et surtout les organes des sens tels que les yeux et les oreilles.

Nous verrons maintenant que le souffle pouvait provoquer aussi le réveil très facilement en influençant l'organe de l'olfac­tion, et l'extrémité des doigts.

RÉVEIL PROVOQUÉ AU MOYEN D'OBJETS INTERMEDIAIRES SOUFFLÉS

Réveil par l'emploi de l'eau neurisée par le souffle.  La malade étant hypno-neurisée j'ai pu la réveiller avec de l'eau soufflée soit en mettant cette eau en contact avec sa figure, soit en la mettant en contact avec ses mains (Voy. p. 281 et suiv.).

Réveil par l'emploi d'un bouquet de fleurs neurisè par le souffle  J'ai pu aussi la réveiller en portant sous son nez un bouquet de fleurs sur lequel j'avais préalablement soufflé.

Réveil par l'emploi d'un miroir neurisé par le souffle. J'ai fréquemment réveillé ma malade en plaçant devant sa figure us miroir sur lequel j'avais préalablement soufflé. En se réveillant


elle se trouvait ainsi, subitement, en présence de son image, ce qui ne manquait jamais de la surprendre et de l'égayer.

Réveil par l'emploi d'un chapeau neurisé par le souffle.  J'ai remplacé plusieurs fois le miroir par un chapeau préalablement soufflé aussi. Elle se réveillait tout aussi facilement,

2 REVEIL  PAR   DES   APPLICATIONS  DIGITALES

Ces applications sont uniques ou répétées.

APPLICATIONS DIGITALES UNIQUES

 

  J'ai pu réveiller le sujet hypno-neurisé soit : 1 en pressant légerement avec l'extrémité du doigt au niveau de l'émergence do l'un des nerfs sus ou sous-orbitaires; 2 en pressant un peu plus fortement en arrière et en dessous de l'angle du maxillaire inférieur. J'ai été amené à découvrir ce dernier procédé en cherchant a agir par l'application de mon doigt sur le ganglion sympathique cervical supérieur. La malade étant donc endormie, je pensais qu'en influençant Je plus directement et le plus immédiatement possible le ganglion cervical supérieur, je provoquerais quelques changements dans la coloration de la face. Il n'en fut rien. Mais j'obtins un résultat que je n'avais pas prévu, ce fut le réveil (7 novembre 1880). La malade se trouvant ainsi réveillée je répétai cette pression, etelle se plaignit d'une vive douleur. Je l'endormis encore une fois puis j'exerçai de nouveau la prèssion comme auparavant. La malade se réveilla brusquement. J'avais trouvé un nouveau procédé pour réveiller, en cherchant autre chose. Depuis lors j'ai employé souvent ce procédé avec le même succès.


Les applications digitales répétées sur une méme région qui n'est pas le siège de l'émergence d'un tronc nerveux important ne provoquent pas le réveil. Mais le réveil a lieu si ces applications sont faites alternativement à droite et à gauche de la ligne médiane sur deux régions homologues, comme la tempe, ainsi qu'il a été dit plus haut a la page 254

Réveil par l'application digitale alterne sur les demi tempes.  Il faut se servir de la même main. Les doigts sont réunis en faisceau; puis on applique les extrémités des cinq doigts ainsi rapprochés d'abord sur l'une des tempes, puis sur l'autre, puis de nouveau sur la première.

Ace moment le réveil complet avait généralement lieu. Mais si je venais à m'apercevoir qu'il ne fût pas complet, ce que je voyais a un certain engourdissement des sens et de l'intelligence de la malade, je répétais ces applications alternes. Seulement lorsque je dépassais le nombre d'applications strictement nécessaire pour provoquer le réveil complet, tes tempes devenaient douloureuses. Une simple passe ascendante en regard des tempes ramenait alors la sensibilité à son état normal.

Réveil par l'application digitale alterne sur le point d'émer­gence des nerfs sus-orbitaires.  Nous avons appliqué ce procédé pour la première fois le 26 décembre 1880.

Durant celte application la jeune fille, si elle était primitive­ment plongée dans le troisième degré du sommeil, passait succèssivement par le deuxième et le premier degré, et aussi par toutes les rétrogradations non définies de ces degrés, si bien définis, au contraire, du sommeil neurique (Voy. p. 365-366).

Remarques.  Il nous parait toujours évident en raison de tout ce qui a été dit jusqu'à présent sur les effets des passes et des applications digito-manuelles, que la neuricité n'agit pas immé­diatement et directement sur l'encéphale à travers les parois du crâne mais bien par l'intermédiaire des nerfs sensitifs.


3° REVEIL PAR DES PASSES

PASSES EFFECTIVES

De même que les passes centrifuges (faites suivant le sens de la distribution des nerfs exception faite pour la face postérieure des membres) endorment, les passes contraires ou centripètes réveillent. Mais elles ne réveillent que si le sujet se trouve dans le pre­mier ou le troisième degré du sommeil. Dans le deuxième degré. du sommeil il nous a paru que le réveil ne s'obtenait que par des passes centrifuges.

Je ne saurais dire, parce que mon attention n'a pas été suffi­samment éveillée sur ce point, si par ces passes le réveil a lieu immédiatement ou si ces passes faisant passer le sujet dans le premier degré du sommeil doivent, pour amener le réveil com­plet être suivies de passes centripètes. Je suis porté à croire que ta vérité est dans celte dernière manière de voir.

Les passes effectives réveillantes peuvent être générales ou bien circonscrites. Dans ce dernier cas elles sont surtout efficaces lors­qu'elles sont faites soit en regard du crâne soit en regard de la face, en d'autres termes aussi près que possible du cerveau.

Plus elles sont faites loin de la tête plus elles doivent être éten­dues afin de neutraliser les effets opposés produits, virtuellement ou indirectement ou si l'on préfère par voie réflexe dans les centres, sur d'autres régions.

passes VIRTUELLES

Nous avons donné ce nom à des passes supposées faites en regard de certaines régions, en raison des modifications de la sensibilité qui s'y manifestent entraînant des modifications équivalentes dans les centres, à la suite de passes réelles ou effectives faites en regard d'autres régions.


Ainsi, le sujet se trouvant dans le premier degré du sommeil, nous pouvions déterminer l'hyperesthésie frontale et par là le réveil de deux manières : soit directement par des passes descen­dantes en regard du front, soit indirectement par dos passes descendantes faites au-devant des tibias, même d'un seul côté.

Dans ce dernier cas nous avions fait une passe effective au-devant du tibia et par cela même une passe virtuelle au-devant du front (hyperesthésiante) en vertu du mécanisme apparent et supposé exposé ailleurs (Voy. p. 149,152,193 et 194).

Si au lieu de faire la passe prétibiale descendante nous l'avions faite ascendante, l'hyperesthésie prétibialese serait trouvée neutralisee dans ses effets par la passe virtuelle préfrontale ascendante et anesthésiante consécutive. Nous avons admis qu'à égalité d'étendue de deux effets contraires, produits par une passe, l'un sur place et l'autre éloigné, c'est l'effet provoqué le plus prés du cerveau qui remporte sur l'autre.

Mais si au lieu de limiter la passe ascendante effective à la longueur du tibia, je prolongeais la passe plus haut, il arrivait un moment où la longueur de celte passe dépassant de beaucoup celle de la passe virtuelle préfrontale ascendante, les effets anesthésiants de celle-ci ne pouvaient plus compenser les effets hyperesthésiants de l'autre et le sujet se réveillait.

4 REVEIL PAR L'OPPOSITION DE COURANTS NEURIQUES

a. Courants naturels,généraux et partiels.  Nous avons exposé ailleurs qu'en nous plaçant à côté du sujet et parallèlement a la direction de son corps, mais dans un sens opposé, soit à sa droite soit à sa gauche, nous pouvions provoquer son réveil.

Ce procédé inconnu jusqu'à ce jour nous a donné des résultats constants et positifs chez ce même sujet.

Au lieu d'opposer les courants généraux j'opposais parfois des courants partiels, ceux de la main par exemple. C'est ainsi qu'en plaçant ma main, les doigts dirigés en haut et ta face palmaire en


bas, en regard de son front, j'ai pu déterminer le réveil de mon sujet (couché).

b. Courants artificiels. Je me suis servi de baguettes diverses plus ou moins longues, et plus ou moins épaisses. Elles étaient généralement en bois.

Je ne saurais dire quelle part d'influence il faudrait faire à la nature de ces baguettes, n'ayant pas fait d'expériences a ce sujet.

Une baguette en fer agit-elle mieux qu'une baguette en tout autre métal, ou en bois ou en verre? Je ne saurais le dire. Je suis porté à croire, cependant, qu'il existe des différences dans le degré d'action des diverses baguettes et que ces différences dépen­dent non pas seulement de leur plus ou moins grande conducti­bilité neurique, mais encore d'une affinite plus ou moins grande du corps du sujet pour la substance dont ces baguettes se com­posent.

Quoi qu'il en soit de ces différences possibles dans le degré d'action des diverses tiges ou baguettes que l'on peut employer, il est intéressant de rappeler ici qu'en tenant à la main une simple règle en bois, une canne, un bambou, j'ai pu réveiller le sujet, à distance.

La malade était-elle dans le premier degré du sommeil, je saisissais une simple règle par l'une de ses extrémités et la pré­sentais soit devant sa poitrine soit devant sa face, à quelques centimètres de distance, de manière à ce qu'elle fût dans la direc­tion de l'axe du corps et parallèle à la surface de la région et son extrémité libre dirigée vers la tète, et après quelques secondes d'attente la malade se réveillait brusquement.

On connaissait avant moi l'impositiondes mains qui, je crois, ne différait pas de la manière de présenter la main devant le front du sujet, telle que je l'ai indiquée dans cet ouvrage. On a beaucoup parlé aussi de l'emploi de baguettes dites magiques, mais per­sonne n'avait même pensé à la possibilité de l'existence de cou­rants soit dans la main ou tout autre partie du corps, soit dans les tiges ou baguettes, et de leur action à distance sur d'autres corps animés.


Aurai-je réussi à éclaircir certains mystères tout en confirmant par cela même une bonne part de leur réalité? Je laisse le soin de décider aux savants, experts en magie.

Je ne ferai que rappeler, maintenant, l'emploi d'autres objets intermédiaires pour réveiller le sujet hypnoneurisé : les ressorts en boudin; la ficelle enroulée autour du corps;

PHÉNOMÈNES  QUI  ACCOMPAGNENT LE RÉVEIL  RÉVEIL   COMPLET ET   RÉVEIL INCOMPLET

Le réveil est généralement subit. Ce n'est que la transition d'un degré plus avancé a un degré moins avancé du sommeil qui peut être lente.

Ainsi brusquement le sujet, endormi ouvre les yeux, et la figure prend l'expression de la surprise et fréquemment du contente­ment, indice du bien-être qu'il ressent.

Le sommeil peut être incomplet; il peut aussi être partiel.

Ce sont deux termes qu'il ne faut pas confondre.

Le sommeil est dit incomplet lorsqu'il en reste quelque trace après et malgré toutes les apparences du réveil.

11 est dit partiel lorsqu'il est limité à une partie du champ de la sensibilité générale ou spéciale coïncidemment ou séparément.

DIFFICULTÉS  POUR  RÉVEILLER

Je n'ai pas toujours éprouvé de la facilité a réveiller mon sujet. Parfois j'ai cru que je ne réussirais pas à le réveiller. J'y suis parvenu pourtant, mais cela a exigé une très grande concentration d'esprit de ma part afin de pouvoir saisir la circonstance ou la raison cachée qui m'empêchait de réveiller ma malade alors même que j'employais les procédés qui habituellement me réussissaient si bien.

La première difficulté que j'ai éprouvée provenait d'une erreur


dans l'interprétation des phénomènes provoqués. Aussi n'en par­lons-nous ici quepour bien spécifier ce que nous entendons parles difficultés pour réveiller.

La jeune fille était en attaque convulsive, dans la crise du petit veau. Je croyais au début que cette attaque n'était au fond qu'un semmeilagité avec perversion des sensations et j'espéraîs pouvoir la réveiller par les procédés ordinaires. Je n'y réussis pas. Je m'aperçus bientôt qu'il fallait provoquer tout d'abord le som­meil, c'est-à-dire combattre avant tout l'attaque hyperesthésique par son antidote, l'anesthésie.

Bans les autres cas, la malade était réellement dans le sommeil neurique.

Premier exemple, Une fois je faillis désespérer de pouvoir réveiller Mlle C..., après l'avoir régulièrement endormie. J'usais de tous les procédés et je ne parvenais pas a provoquer le réveil.

Finalement j'eus l'idée de l'éloigner du canapé sur lequel elle était couchée et sur lequel je l'avais endormie au moyen dépasses, et je réussis à l'éveiller rapidement.

Je dus conclure de ce fait que les oreillers et le matelas du divan sur lesquels elle reposait étaient imprégnés en quelque sorte de la force neurique.

Deuxième exemple.  Le deuxième exemple que nous allons donner prouve clairement que l'interprétation que je viens de donner des difficultés pour réveiller est conforme à la vérité.

J'avais remis dans les mains de la jeune fille un petit carré de papier blanc neurisé par les radiations digitales fixes. Mais voulant ensuite la réveiller je ne réussis pas. J'étais tout aussi inquiet que a première fois et môme davantage, parce que le sujet était isolé de tous les meubles, de tous les objets en général et de toutes les personnes qui auraient gêné son réveil par leur contact avec elle, lorsque je m'avisai qu'elle avait encore entre les doigts le petit carré de papier que j'avais préalablement neurisé par les doigts. Je relirai ce petit carré de papier et je pus alors la réveiller sans aucune difficulté. Troisième exemple.  Un jour j'endormis lamalade après lui


avoir tétanisé les mains. Puis voulant la réveiller je n'y parvins qu'après avoir fait disparaître la contracture.

PERSISTANCE   APRES LE RÉVEIL  DE  LA   GAIETÉ ET DE LA TRISTESSE PROVOQUÉES DURANT LE SOMMEIL NEURIQUE

Si je réveillais la malade après l'avoir fortement attristée par des applications répétées sur les régions à réaction triste (postérieures dans le premier degré du sommeil, et antérieures dans le deuxième degré) elle persistait à être triste quoique un peu moins. Lorsque je lui en faisais la remarque, lui demandant ce qu'elle avait, elle répondait : << n'ai rien, seulement je ne suis pas gaie, je suis un peu triste. »

Si au contraire je la réveillais après l'avoir fortement égayée par des applications digitales sur les régions à réactions gaies, elle conservait une partie de cette gaieté.

OUBLI DANS   LE REVEIL  DE CE  QUI   S'EST  PASSÉ DANS LE   SOMMEIL   COMPLET

Nous avons déjà vu que la malade, dans le réveil complet, ne se souvenait plus de ce qu'elle avait dit, vu ou fait dans l'hémi-hypnose.

De même, dans le réveil complet, elle ne se souvenait plus de ce qu'elle avait dit, vu ou fait dans le sommeil complet.

Parfois au moment mémo où elle se réveillait elle venait de parler; mais aussitôt réveillée elle ignorait absolument ce qu'elle venait de dire. D'autres fois, quelques secondes avant que je la réveillasse, elle se laissait choir par terre; mais réveillée elle était tout étonnée de se trouver dans cette position.

En général dans le sommeil elle se souvenait de ce qu'elle avait dit, fait ou vu dans un autre sommeil.


RÉSUMÊ DES NOTIONS  RELATIVES AU  RÉVEIL

1. Le réveil a pu être provoqué par le souffle, des applications digitales, des passes et l'oppositionde courants.

1° Le réveil a pu être obtenu soit en soufflant sur les yeux, soit en soufflant dans les oreilles.

Lorsqu'on se propose de réveiller en souillant dans les oreilles il est bon,pour mieux réussir, de relever préalablement les paupières.

Le réveil est plus facile à obtenir lorsqu'on souffle sur les yeux que lorsqu'on souffle dans les oreilles. En effet, l'influence neu­rique se propage plus facilement des yeux aux oreilles que des oreilles aux yeux. Or pour que le réveil soit complet il faut que les sens de l'ouïe et de la vue soient réveillés des deux côtés.

Au lieu d'employer pour le réveil le souffle direct, on peut l'em­ployer réfléchi, ou mémo à travers des obstacles, ou encore par l'intermédiaire d'un objet.

2° J'ai pu réveiller aussi par des applications digitales simples et répétées, simples au niveau du point d'émergence de nerfs, ou en arrière de l'angle du maxillaire inférieur; répétées en les alternant sur les deux tempes ou au niveau des points d'émergence des nerfs sus-orbilaires.

3° J'ai pu encore réveiller par des passes soit effectives soit virtuelles.

Les passes, qu'elles soient effectives ou virtuelles, réveillent dans le premier et le troisième degré du sommeil si elles sont cen­tripètes, et dans le deuxième degré si elles sont centrifuges.

4° Enfin le réveil pouvait être obtenu soit en opposant la totalité ou une partie de mon corps àla totalité ou à une partie du corps du sujet, de manière à ce que les nerfs sensitifs des régions opposées se trouvassent dans une direction inverse; soit en opposant une tige ou baguette en bois, par exemple, a une région choisie du corps de manière à ce que lecourant communiquéquiparcourait cette tige


suivît une direction opposée au sens de la distribution dés nerfs sensitifs de la région influencée.

II. Le réveil est généralement subit s'il s'agit du premier degré du sommeil. S'il s'agit de degrés plus avancés, il peut être graduel et lent. Mais même dans le premier degré le réveil peut être lent. Le réveil peut être complet ou incomplet totalou partiel.

Il est complet lorsqu'il ne reste aucune trace de sommeil.

Il est incomplet lorsqu'il reste quelque trace du sommeil, fût-elle minime.

Le réveil est dit partiel lorsqu'il est borné à une moitié du corps, à un organe des sens, ou bien lorsqu'il s'est manifesté partout excepté dans un organe des sens.

Il est dit total, lorsque la sensibilité générale et spéciale est entièrement réveillée.

III.La difficulté du réveil provoqué peut provenir du contact du sujet avec un objet neurisé. Il faut alors préalablement ou déneuriser ces objets ou les éloigner du sujet.

Elle peut aussi provenir de la persistance d'une contracture sur quelque point du corps, non encore résolue. Or comme toute con­tracture a pour condition essentielle l'anesthésie des téguments correspondants, on comprend qu'il faut d'abord faire disparaître cette anesthésie, sorte de sommeil local, et par cela même la contracture.

IV. La gaieté ou la tristesse provoquées durant le sommeil neurique peuvent persister quelque temps après le réveil.

V. Après le réveil le sujet ne conserve aucun souvenir de ce qui s'est passé dans le sommeil.

ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE (DITE OU PETIT VEAU)

Cette attaque dont nous avons donné les caractères dans le courant de cet ouvrage et déterminé les conditions de production (1).

1.Voy.p. 226 et 227.


pouvait survenir aussi spontanément et elle était alors habituelle­ment précédée d'une sorte d'aura, consistant en une douleur sié­geant ordinairement au creux de l'estomac. D'abord nombreuses, ces attaques sont devenues plus rares avec l'amélioration de la santé, obtenue par l'hypno-neurisation.

Elles etaient très frequentes, de beaucoup plus fréquentes que le sommeil spontané. Elles constituaient le fond de la maladie; tantôt la douleur et la tristesse y dominaient, tantôt la gaieté, tantôt l'esprit de méchanceté. C'est de ces attaques que la jeune fille souffrait et c'est d'elles qu'il fallait la guérir.

Je fus singulièrement éclairé sur leur nature, ou la cause in­time, essentielle de leur reproduction, le jour où je m'aperçus que je pouvais â volonté provoquer, exactement la môme attaque par l'hyperesthésiation d'origine pneumique ou digitale.

L'ntlaqne hyperesthésique (attaque du petit veau) et l'attaque ancslhésique (sommeil neurique) avaient chacune leurs caractères bien tranchés.

ATTAQUES MIXTES

Pourtant il me parait aujourd'hui que parfois ces deux attaques se mélangeaient ou coexistaient, et que l'attaque ancslhésique dominait l'autre. Aussi je suis porté à croire que les cas de som­meil dans lesquels j'ai dû intervenir pour calmer certaines névral­gie, arrêter certains mouvements désordonnés des membres, étaient des cas mixtes. Il me suffisait d'approfondir le sommeil pour faire disparaître ces troubles.

ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE D'UNE MOITIÉ DU CORPS

ET   ATTAQUE    HYPNOTIQUE    DE   L'AUTRE   MOITIÉ    (ATTAQUES

HÉMI-HYPERESTHÉSIQUE ET HÉMI-HYPNOTIQUE COMBINÉES)

Si pendant que la malade était en pleine attaque violente je prenais une de ses mains, toute la moitié correspondante du corps


et par conséquent l'hémisphère cérébral opposé, tombait dans le sommeil (hémi-hypnose). Pendant ce temps, le bras et la jambe de l'autre côté du corps continuaient a s'agiter.

Si j'abandonnais la main que j'avais saisie, l'hémi-hypnose disparaissait et elle retombait dans l'attaque violente complète, inté­ressant les deux hémisphères.

Si je parvenais à saisir ses deux mains, sa main gauche avec ma droite et sa main droite avec ma gauche, elle se calmait rapidement. Mais dès qu'elle redevenait libre à moins que je n'eusse prolongé assez longtemps ce contact, elle retombait dans l'attaque violente.

DIFFICULTE POUR FAIRE PASSER LA MELEDE DE L'ATTAQUE VIOLENTS DANS L'ÉTAT NORMAL

La malade étant en pleine attaque violente je ne réussissais par aucun procédé à la réveiller; je ne faisais qu'exagérer les trouble; sensitifs et moteurs propres a cette attaque.

NÉCESSITÉ D'UNE HYPNOTlSATION PREALABLE POUR LA REVEILLER

Enfin je compris un jour que pour la réveiller, c'est-à-dire pour la remettre dans son état normal, je devais préalablement l'endormir puis la réveiller par l'un quelconque des procédés que je connaissais et que j'avais si souvent appliqués chez elle. En d'autres termes, il fallait que je neutralisasse d'abord l'attaque violente par l'anesthésiation, et le sujet se trouvant alors dans les conditions ordinaires de son sommeil neurique, il ne me restait plus qu'à le laisser reposer plus ou moins longtemps ou à le réveiller inconti­nent par les procédés déjà connus.


RÉVRIL PROVOQUÉ PAR DIVERS PROCÉDÉS

APRÈS ANESTHÉSIATION ET HYPNOSE PRÉALABLES OBTENUES

PAR LA PRÉHENSION DES MAINS, OU PAR LES PASSES

Je saisis donc chacune de ses mains pendant qu'elleétait au plus fort de l'attaque violente, essayant de fuir, de me frapper, de me mordre même, et je la rendis calme. Mais ayant chacune de mes mains engagées, j'essayai tout d'abord de la réveiller en souf­flant sur ses yeux. Je réussis généralement, complètement et faci­lement, mais parfois j'éprouvai une certaine difficulté,

Pendant que je tenais ses deux mains et qu'elle était ainsi calme, hypno-neurisée, je pouvais ne réveiller que la moitié du corps en soufflant sur un seul œil.

Si tenant une seule de ses mains et provoquant ainsi de l'hémi-hypnose de ce côté, je soufflais sur l'œil correspondant, je la réveillais de ce côté. Mais si je soufflais sur l'autre œil je ne faisais qu'exagérer la crise violente unilatérale correspondante.

De celle manière l'attaque violente était limitée à une moitié latérale du corps, où elle pouvait être exagérée par le souffle.

Si dans sa crise violente ou bilatérale je soufflais même (ou peut-être surtout) avec une simple paille sur un point quelconque de son corps, je ne faisais qu'accroître son agitation, elle frappait les meubles et les personnes, tout ce qu'elle rencontrait. Fréquem­ment ses attaques avaient un caractère gai, d'autres fois la souffrance dominait.

Voulant me servir du procédé des applications digitales alterna­tivement faites sur les tempes, j'eus l'idée de saisir ses deux mains avec l'une des miennes, la gauche par exemple. Ma main droite restant libre, je fis avec celle-ci, pendant qu'elle était calme, endormie, des applications digitales alternes et répétées sur les tempes et elle se réveilla, ignorant à ce moment et dans la suite qu'elle venait de se débattre dans une attaque douloureuse et désor­donnée, et ne se plaignant d'aucune fatigue.

Je réussis toujours par ce procédé a l'endormir puis à la réveil-


ler. Mais, très souvent, j'éprouvais beaucoup de peine à m'emparer de ses mains. C'était une vraie lutte entre la malade et le médecin. Mais les résultats étaient tout au profit de la malade et de la science.

J'ai aussi réussi a la calmer au moyen de grandes passes des­cendantes. Mais ce procédé était d'une application assez difficile, car la malade se dérobait et frappait quiconque s'approchait d'elle pour la retenir et l'empêcher de se blesser. D'autre part, il ne donnait pas des résultats aussi complets et aussi sûrs que le pro« cédé de la préhension des mains.

IMMOBILISATION  PAR DES PASSES

Des grandes passes descendantes m'ont été utiles quelquefois, car par elles j'ai pu l'immobiliser sur place, en déterminant la tétanisation de ses muscles. Cette immobilisation me permettait de m'emparer plus librement de ses mains et de l'endormir.

IMMOBILISATION PAR L'INTERMEDIAIRE DU SOL NEURISE

J'ai pu, dans ses attaques violentes, l'immobiliser en traçant préalablement une ligne fictive sur le sol, ou soit en ncurisant au moyen des doigts le sol suivant une bande. Dès qu'elle posait les pieds sur cette portion neurisée du sol, elle y demeurait fixée, agitant le reste du corps mais en vain. Elle aurait été collée, rivée au sol qu'elle n'eût pas été moins libre des mouvements de ses membres inférieurs.

Ces faits montrent qne ses muscles pouvaient être contracture ou tétanisés dans l'attaque violente.

DEGRÉS DANS L'INTENSITE DE L'ATTAQUE VIOLENTE

L'attaque violente  ou  hyperesthésique comporte-t-elle  des degrés nettement caractérisés comme l'hypnose neurique? Le


fait est possible, mais je n'ai pas eu la pensée de faire des recherches dans ce sens et je no voudrais pas me livrer a de simples conjec­tures. Je n'apporte ici que des faits positifs, signalant les doutes do mon esprit toutes les fois que mes expériences ne m'ont pas parti suffisamment démonstratives.

ATTAQUE VIOLENTE ABANDONNEEA ELLE-MEME

Si l'attaque violente était abandonnée à elle-même elle finissait par s'épuiser en quelque sorte, et la malade passait spontanément dans l'étal de sommeil.

Une fois réveillée la malade ne conservait plus le souvenir de ce qu'elle avait dit on fait durant l'attaque violente, mais dans une nouvelle attaque elle pouvait se souvenir de ce qu'elle avait dit ou fait dans l'attaque précédente. Ceci doit peu nous étonner si l'on songe que l'attaque violente comporte une exaltation parfois extreme de l'imagination.

RÉSUMÉ DES NOTIONS RELATIVES A L'ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE

I.   L'attaque hyperesthésique ou crise du petit veau provoquée
était l'expression la plus élevée et la plus grave de la neurisation
hyperesthésiante.

II.      Spontanément survenue, cette attaque constituait le fond
de la maladie du sujet en observation. Elle était alors habituellement
précédée d'une sorte d'aura consistant en une douleur peu
variable dans son siège.

III.      L'attaque hyperesthésique est caractérisée par des phé­nomènes ou des troubles fonctionnels qui sont l'opposé de ceux qui constituent l'attaque anesthésique.

IV.     Les deux attaques ont paru être quelquefois associées spontanément et dans ce cas l'attaque anesthésique dominait l'hyperesthésique. L'attaque était alors mixte.


V. L'attaque mixte était d'autres fois provoquée par la neuri-
sation. Il s'agissait alors de la combinaison d'une attaque hémi-
hyperesthésique avec une attaque hémi-hypnotique. C'était un
nouvel exemple de la dualité fonctionnelle du cerveau.

VI. L'attaque hyperesthésique ne pouvait être combattue que
par l'anesthésie, qui représentait ainsi son antidote. Mais l'anes­
thésie provoquée devait être poussée jusqu'au sommeil. L'hypnotisation devenait ainsi la condition préalable nécessaire pour la
réveiller.

En d'autres termes il fallait la faire passer de l'attaque hyperes­thésique dans l'attaque hypnotique pour pouvoir ensuite la réveiller.

Jamais par aucune manœuvre elle n'a pu sortir directement de l'attaque hyperesthésique.

VII.  Le souffle exagérait, exaspérait toujours l'attaque hy­peresthésique de même qu'il pouvait la provoquer d'emblée.

VIII.  Le procédé le plus habituellement employé pour faire passer le sujet de l'attaque hyperesthésique dans l'attaque anesthésique consistait dans la préhension des mains.

IX.  Si cette préhension ne s'exerçait que sur l'une des mains, l'hypnose ne se produisait que sur la moitié correspondante du corps. Il y avait alors hémi-hypnose de ce côté tandis que l'autre coté ou moitié latérale opposée restait dans l'attaque hyperesthé­sique.

X.     Pour obtenir une hypnose totale et complète il fallait donc
saisir les deux mains.

XI. Le réveil était provoqué alors de la manière suivante :
Pendant que l'une de mes mains tenait les siennes, l'autre main
faisait sur les tempes des applications digitales alternes.

XII. Le passage de l'attaque hyperesthésique dans l'attaque
hypnotique avait lieu spontanément toutes les fois qu'on l'aban­
donnait à elle-même. Mais il en résultait une grande fatigue pour
la malade.

XIII.   Après le réveil spontané ou provoqué la malade ne
conservait plus le souvenir de ce qu'elle avait dit ou fait durant


l'attaque violente. Mais elle pouvait se souvenir de ce qu'elle avait fait ou dit durant l'attaque précédente.

CONSIDÉRATIONS  RÉTROSPECTIVES SUR L'ÉVOLUTION

DE LA MALADIE DE MLLE C... DURANT SA PREMIÈRE PHASE,

DE   1880-1881

Ici finissent nos observations faites chez Mlle C... durant la pre­mière période de sa maladie.

Cette première période s'étend du milieu du mois de sep­tembre 1880 au mois de juin 4881. Elle comprend donc une durée totale de huit mois et demi. Mais déjà au mois de mars la malade pouvait être considérée comme guérie, de telle sorte que la durée réelle ne comprend que cinq mois et demi.

J'ai été appelé à traiter celte jeune fille le 30 octobre 1880. Elle était alors malade depuis un mois et demi au moins et son état au lieu de s'améliorer ou de rester même simplement stationnaire s'était au contraire aggravé. J'ai rendu justice ailleurs aux soins éclairés dont cette jeune fille avait été entourée auparavant par un de mes confrères. Biais tout ce que la science prescrivait de tenter pour soulager celle malade n'avait pas empeché le mal de pro­gresser. Lorsqu'aux derniers jours d'octobre 1880 la famille, que je connaissais d'ailleurs de longue date, et lorsque aussi mon con­frère, qui portait à la malade le plus vif intérêt, eurent constaté que j'avais une influence salutaire sur elle, il fut convenu que je continuerais seul â la traiter.

Le fond de mon traitement consistait à calmer ses douleurs, résoudre ses contractures, lui donner le repos qui lui faisait défaut, et enfin lui permettre de garder les aliments qu'elle pouvait prendre, même en très petite quantité.

Avec les divers procédés de neurisation sur lesquels je me suis longuement étendu et que je perfectionnais tous les jours, je par­vins rapidement à la soulager, a diminuer le nombre, la durée et


l'intensité de ses attaques nerveuses, a réveiller l'appétit, a favoriser les digestions, a calmer la fièvre, etc., etc.

Mes premiers essais dans un genre do traitement absolument nouveau pour moi furent donc très encourageants. Un mois et demi de traitements antérieurs, divers, rationnels, et intelligemment appliqués, n'avaient pas empêché le mal de progresser, et n'avaient jamais apporté le moindre soulagement.

La neurisation apporta un soulagement immédiat et qui ne fit que s'accroître de jour en jour,

L'amélioration se traduisait parle retour à la régularité et au complet exercice de ses diverses fonctions. En même temps sa sen­sibilité neurique s'émoussait peu à peu; son aptitude à éprouver les divers effets de la neurisation disparaissait peu à peu. Le sommeil neurique demandait plus de temps pour être provoqué. Dans le sommeil neurique le rire et la tristesse provoqués devenaient graduellement moins intenses.

Dans l'état de veille, le transfert de l'anesthésie et de l'hyperes­thésie avait lieu plus lentement et moins complètement.

En un mol tous tes phénomènes provoqués devenaient graduellement plus difficiles à produira et ne présentaient plus la même netteté.

C'est surtout au mois de mars 1881 que la différence dans la sensibilité neurique spéciale du sujet (la neurisabilité) a été bien caractérisée.

A partir du milieu de mars 1881 je ne fis plus que de rares visites a la malade.

Toutes les observations, toutes les expériences que j'ai consignées dans cette deuxième partie de mon ouvrage ont donc été faites dans une période d'environ cinq mois.

Au mois de juin l'état de sa neurisabilite était le suivant et tel qu'il est consigné dans mes notes :

Des passes soit descendantes soit ascendantes faites en regard de la face dorsale du bras et longtemps répétées ne produisent aucun changement dans la sensibilité des téguments.

La préhension des mains ne provoque qu'un peu de lourdeur de


tete après cinq ou six minutes. En persistant je ne produis pas d'autre trouble. Puis quelques passes ascendantes au-devant du front font disparaître cette céphalalgie légère.

L'état général est d'ailleurs excellent, et je constate que la malade a grandi. Elle se plaint d'ailleurs encore de douleurs situées immédiatement au-dessus des genoux et qui datent de quelques semaines.

Le travail de croissance, d'abord silencieux au point de vue de la douleur, a pu ne pas être complètement étranger a la mani­festation de troubles nerveux que nous avions d'abord attribués exclusivement â d'autres causes.

Mlle C... parut jouir d'une parfaite santé durant les mois de mai, juin, juillet et août 1881.

En septembre de la même année elle eut une petite attaque ner­veuse, peut-être mixte, mais assez calme, d'un quart d'heure de durée.

Ensuite, quoique se portant généralement bien, elle eut entre septembre et fin décembre 1881 quelques petites attaques ner­veuses â l'occasion de légères douleurs d'estomac.

État de la menstruation.  Durant toute cette première phase elle eut parfois des retards plus ou moins longs.

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