CHAPITRE III
EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION
DIVISION DU SUJET
Les effets produits
par la neurisation du corps humain sont de deux ordres : 1° d'ordre
physiologique; 3° d'ordre thérapeutique, liais comme ces deux ordres
d'effets se confondent généralement, nous ne les étudierons pas toujours séparément.
Les modifications
fonctionnelles qui caractérisent ces effets portent : 1° sur la sensibilité générale des
téguments cutanés et muqueux accessibles;
2° sur la sensibilité spéciale, ou soit sur les organes des sens;3° sur la motilité;4°sur les fonctions cérébrales ou psychiques.
Ces modifications
peuvent s'obtenir dans deux états différents du sujet neurisable : 1° a
l'état de veille tantôt sans anesthésie ou hyperesthésie préalables
provoquées d'un point ou d'une région choisis du corps, et tantôt
avec anesthésie ou hyperesthésie préalables provoquées ou spontanées d'un point ou
d'une région choisis du corps; 2 à l'état
de sommeil, survenu spontanément ou provoqué par la neurisation.
I.
- EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION
DANS L'ÉTAT DE VEILLE
SANS ANESTHESIE OU
HYPERESTHÉSIE PRÉALABLES
PROVOQUEES CHEZ LE SUJET
Comme la neurisation
se pratique tantôt par l'emploi de la force neurique rayonnante, à distance, on par contact et avec ou sans
intermédiaire, tantôt par l'emploi de la force neurique circulante avec ou sans intermédiaire il nous faut
distinguer nettement ces deux cas.
A. - NEURISATION A DISTANCE
OU SANS CONTACT
1
NEURISATION A DISTANCE PAR L'EMPLOI
DE LA FORCE
NEURIQUE RAYONNANTE
SANS LE
SECOURS D'AGENTS INTERMEDIARES
EMPLOI DES DOIGTS
neurisation
DIGITALE A DISTANCE 1. RADIATIONS DIGITALES FIXES
Les radiations
digitales fixes ou à l'état fixe, dans l'état de veille sans anesthésie ou hyperesthésie
préalables spontanées ou provoquées du sujet, peuvent produire l'anesthêsie(avec analgésie) et l'hyperesthésie des
téguments, l'anesthésie et l'hyperesthésie des organes des sens, la contraction,
la contracture ou tétanisa-lion d'un ou de plusieurs muscles,
d'une ou de plusieurs régions musculaires; elles peuvent aussi provoquer le sommeil
Mais avant d'aborder
l'élude des effets produits par la neurisation il convient d'avoir présentes
à l'esprit les principales notions d'anatomie et de physiologie qui se rapportent à la sensibilité
générale et spéciale.
DE LA SENSIBILITE EN GÉNÉRAL ET DE
LA SENSIBILITE GENERALE ET SPECIALE
La sensibilité envisagée dans sa
signification ta plus large est la propriété des corps vivants qui les met en
rapport d'une part avec le monde extérieur et d'autre part avec eux-mêmes
c'est-à-dire avec leur milieu intérieur.
Elle peut par conséquent se diviser en sensibilité
externe et en sensibilité interne.
Placée entre le monde extérieur et notre
milieu intérieur, la sensibilité est donc notre gardienne. Mais il faut
reconnaître que si elle nous renseigne d'une manière assez exacte et en
tous cas suffisante, dans son état d'intégrité, sur le monde extérieur, elle ne nous fournit que des notions vagues sur notre
milieu intérieur.
La sensibilité
externe a sur la sensibilité interne de très grands avantages par lesquels elle est la source
de toutes nos connais-naissances et qui par conséquent mérite une sérieuse
attention.
Ces avantages lui sont donnés par
l'adjonction d'organes des sens destinés à nous renseigner sur les
propriétés spéciales des corps ou mieux sur
les diverses modes d'activité dont ils peuvent étre le siège ou
la raison.
Dans la sensibilité
externe nous distinguerons, avec les ailleurs, une sensibilité générale et une sensibilité
spéciale.
SENSIBILITÉ GENERALE
La sensibilité générale se borne
à nous avertir de l'existence d'un monde extérieur, et au point de vue
de la pure physique à nous faire connaître l'existence delà matière qui nous entoure. Mais il faut avouer que cette distinction est
subtile, car il nous semble qu'on ne
peut avoir conscience de l'existence de la matière qu'autant que
celle-ci agit sur nous par ses propriétés.
SENSIBILITÉ SPÉCIALE
La sensibilité spéciale va plus loin, elle nous renseigne sur les
divers modes d'activité ou propriétés essentielles ou communiquées de la matière, selon que l'on
admet une force où dés forces activant la matière ou se
confondant avec elle.
DE LA
MATIÈRE EN GÉNÉRAL
Mais qu'est-ce que la matière? et
que sont ses propriétés? Grave question qui de tous temps n'a cessé d'occuper
les esprits les plus sérieux, les philosophes et les savants.
Qu'il nous suffise de dire qu'il est
généralement admis que la matière
existe partout et que les espaces considérés comme vides ne le sont
qu'en apparence parce que la matière y est plus ténue, et dilatée en quelque sorte. Aujourd'hui il
serait puéril de considérer la matière simplement comme une substance
plus ou moins dure et plus ou moins
opaque pouvant impressionner brutalement et visiblement nos sens. Elle
peut, a l'opposé, être extrêmement ténue, transparente, invisible
et intangible.
Mais quels que soient le mode et le degré
de condensation de la matière, nous devons reconnaître qu'elle ne se
borne pas à exister mais que surtout elle agit.
Activité de la matière. L'activité de la matière est sa
caractéristique selon les uns, et pour d'autres elle ne lui est communiquée
que par des forces.
En tous cas si la matière était
inerte elle ne pourrait pas se révéler
à nos sens et ceux-ci n'auraient pas d'ailleurs leur raison d'être.
Ce serait alors la mort partout, la mort générale.
Quoi qu'il en soit de toutes les
hypothèses les mieux établies disons que la matière est
essentiellement active, qu'elle se meut.
Ce mouvement a lieu ou en masse, par
déplacement, ou bien dans ses parties indivisibles, et sur place.
Déplacement en masse. Le déplacement en masse peut
avoir lieu de deux manières, c'est-à-dire tantôt dans une même
direction, tantôt dans deux directions alternativement opposées. Dans le
premier cas nous avons le mouvement de translation et de rotation, ce qui
arrive pour les planètes qui se meuvent dans t'espace, et qui consiste
dans la pénétration d'une portion de la matière plus ténue par
une portion de la matière plus dense. Dans le
second cas il s'agit d'un mouvement par vibration. Exemple : la vibration d'une
corde, d'un diapason, ete.
Le mouvement de
translation est sous la dépendance de l'attraction universelle, propriété générale de la
matière. La pesanteur, la cohésion sont des exemples de
cette force universelle.
Le mouvement de
vibration est lui-même sous la dépendance de la cohésion. En effet, c'est en vertu de la
cohésion que les éléments d'une corde qui exécutent des oscillations
régulières perceptibles autour de
leur position d'équilibre, tendent a reprendre leur position
première.
Mouvements intimes de la matière. Quant à ce genre de mouvements
que l'on est généralement convenu de désigner sous le nom de mouvements intimes
de la matière, ce seraient des mouvements des parties indivisibles ou
atomes de celle-ci, se transmettant de
proche en proche par voie de continuité sans que la masse qui en est le
siège subisse par cela même et forcément un déplacement dans sa
totalité. Nous aurions ainsi les mouvements ondulatoires qu'il faudrait placer
à côté des mouvements vibratoires et de translation. Mais je n'ignore
pas que cette théorie est sérieusement et sévèrement attaquée depuis
quelque temps, et que l'on semble revenir à la conception d'une force ou
de forces indépendantes de la matière.
Nous n'avons pas qualité pour trancher la question et nous dirons que tous
les mouvements connus de la matière, ou, si l'on préfère, tous
les modes d'activité qui ont pour siège la matière constituent
des forces.
Forces. L'action de l'attraction universelle se
manifeste à l'état de force dans le fait de la translation des
planètes, dans la chute des corps ou
pesanteur, dans la cohésion qui unit les molécules entre elles, dans les vibrations sonores.
D'autre part, tes
mouvements intimes de la matière ou les modifications intimes dont
elle est le siège se traduisent en forces sous forme de chaleur,
de lumière, d'électricité et de magnétisme, d'odeur et de saveur.
Diverses formes de la force.
Les diverses formes de la force prise danssonsensleplusgénéraletactuellement connuessontdonc:
1La pesanteur et la cohésion; 2°le sou; 3 la chaleur; 4la lumière ; 5 l'électricité; 6 les saveurs;
7 les odeurs (1).
En
rappelant les données de la physique qui précèdent, notre
1.
De la nature probable des odeurs, par M J. Leclerc,
professeur do physique an lycée de Rice (Voy. Annales de la Société des
lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes,
t. III, 1875, p. 205). M.
Leclerc dit que la théorie d'après laquelle les odeurs sont dues à des émanations gazeuses
ou vaporeuses qui sortent de certains corps dits odorants est inadmissible, et
qu'il faut substituer à cette théorie ancienne et généralement adoptée celle d'après
laquelle les odeurs sont dues a un mouvement vibratoires analogue à ceux qui produisent le son, la
chaleur ou la lumière.
Arguments :
1* Beaucoup de corps sont odorants sans être
volatils.
Il combat
l'exemple de l'odeur du mute donné comme preuve de la grande divisibilité
de la matière, parce que le grain de muse qui peut embaumer pendant plusieurs
années un appartement no perd rien ou presque rien de sou poids.
Le cuivre
et le soufre qui no sont pas odorants le deviennent s'ils sont
frottés. Le frottement no ferait qu'exciter les vibrations
odorantes de ces corps de même qu'il peut exciter leurs vibrations calorifiques.
L'acide
arsenieux jeté sur un charbon ardent produit une épaisse fumée grise et donne
lieu a une odeur d'ail ; jeté sur une brique rougie ilproduit la mémo
futaie mais ne donne lieu a aucune odeur.
L'odeur
n'est point due ici au corps lui-même mais à une action chimique.
Dans le premier cas le charbon enlevé l'oxygène a l'acide
arsénieux et l'amené a l'état d'arsenic. Cet
arsenic volatilisé s'oxyde au contact de l'air et en redevenant ainsi acide
arsénieux produit l'odeur d'ail. Dans le deuxième cas l'acide arsénieux
est volatilise sans décomposition, il n'y a pas d'odeur.
2 Les
insectes n'ont pas d'organe de l'adora!, pourtant » l'odeur de la viande
décomposée ou même de l'Arum macutatum les attire Ils doivent
percevoir les vibrations odorantes par les antennes.
3
Dans trois de nos sens, l'ouïe, la vue, le toucher, l'agent qui détermine
la sensibilité, c'est le mouvement.
Ne doit-il pas en être de mémo pour l'odorat et le goût?
«
Unité dans les moyens, diversité dans les résultats, tel semble, dit-il, devoir
dire dans un prochain avenir le couronnement des découvertes
scientifiques. »
M.
Leclerc a cherché a faire interférer les odeurs comme on fait interférer
tes sons et la lumière, mais ses expériences quoique
non absolument concluantes, dit-il, sont tres encourageantes. Il ne les
publie pas encore et se réserve de répéter les essais.
préoccupation a été de montrer qu'il doit
exister en nous autant de sens qu'il existe dans la nature de forces ou mieux
de formes ou modalités de la force.
La preuve absolue de
ce que nous avançons, en raison d'une logique aussi sévère que possible,
est difficile a donner aujourd'hui. Mais nous pensons que cette manière
d'envisager la question est une voie ouverte à des observations
ultérieures intéressantes et plus conformes à une méthode rationnelle.
Si la pesanteur et la cohésion, le son, la
chaleur, la lumière, l'odeur et la saveur ont actuellement leurs sens
correspondants, il n'en est pas de même de l'électricité (1).
Sens de l'électricité. Existe-t-il? Nous sommes forcés d'admettre que la
faculté de percevoir l'électricité n'est pas encore une nécessité
de notre organisme. On admet généralement que la nécessité d'une fonction crée
l'organe, de môme que l'inutilité d'une fonction annihile l'organe qui lui
correspond. 11 est donc permis d'espérer que si réellement et même dans
des cas exceptionnels l'organisme humain
n'est armé actuellement d'aucun organe spécial pour percevoir
l'électricité comme force particulière, un jour viendra où
à cette force de l'univers répondra dans l'organisme un appareil convenable qui en assurera la perception. Devons-nous
admettre d'autre part que les forces énumérées ci-dessus sont les seules qui
existent dans l'univers ?Je ne le pense pas. Pourquoi, en effet, les forces
seraient-elles bornées à celles que nous pouvons actuellement apprécier?
Et pourquoi, si nous croyons à un perfectionnement de toutes choses, par
évolution, rejeter cette possibilité? La
stricte observation des faits ne saurait condamner tout travail d'induction
de la part de l'esprit humain, car ce serait condamner tout progrès.
Nous avons fait plus haut des réserves
concernant l'existence d'un sens pour l'électricité, et ces réserves ont plutôt
porté sur le présent que sur l'avenir.
1. i. Ochorowicz, Essai
sur le sens du toucher et le uns du magnétisme, in Revue scientifique, 1885,3 série, 4 année, 1
semestre, t. XXXIII, p. 553.
Sens de la pesanteur. Existe-t-il? Existe-i-il un sens de la pensateur? Nous le croyons. On a appelé ce sens sens
musculaire; c'est un terme que l'on peut conserver.
Le sens de In
cohésion se confond avec celui de la pesanteur, car la force qui préside
à la pesanteur et a la cohésion est la même.
Le sens de la pesanteur s'exerce sur
nous-mêmes et sur les objets extérieurs.
Il s'exerce sur nous-mêmes
relativement aux parties que les muscles sont charges de soutenir et do
mouvoir. C'est bien une sensation particulière que celle qui nous permet
de nous rendre compte de l'attraction qu'exerce sur nous le centre do la terre.
Le sens de lu pesanteur s'exerce aussi sur
les objets extérieurs soit a l'égard de leur poids soit à l'égard do la
cohésion de leurs éléments. C'est en vertu
d'une sensation particulière que nous nous rendons compte du poids plus ou moins grand d'un
objet et de la cohésion plus ou moins grande de ses éléments, soit
lorsque nous voulons soulever, soutenir ou déplacer cet objet, soit lorsque
nous voulons le diviser ou le morceler en exerçant sur lui des tractions.
Les sens du toucher, de l'ouïe ou du
son, de la vue ou de la lumière, de l'olfaction ou des odeurs, du
goût ou des saveurs, et enfin le sens
thermique ou du chaud et du froid étant admis par tout le monde, nous n'avons
pas à tes mettre en discussion. Nous aurions peut-être quelques
observations à faire au sujet du sens thermique au point de vue
des derniers travaux qui nous le font mieux
connaître. Nous nous bornerons à renvoyer le lecteurà ces travaux (1).
Le sens du loucher donne lieu encore
à quelques discussions. Les uns en font un sens simple, d'autres en plus
grand nombre en font un sens complexe sous le nom de tact ou sens
tactile.
Le sens
du toucher pourrait être considéré dans sa simplicité, en ce sens que par lui nous aurions conscience de
la présence des objets extérieurs en contact avec nos téguments.
1. Voyez les travaux do Blix,
Eulenburg, Rerzen, Goldscheider, Donaldson, analyses dans
la Revue scientifique, année 1885, 3 série, 5
annee, 1 semestre, t. XXXV, p. 700,733 et 765.
Il ne deviendrait
complexe que lorsqu'il ferait appel, pour une parfaite connaissance de ces
objets, a d'autres sens tels que le sens musculaire ou de la pesanteur et de la cohésion,
et le sens thermique.C'est alors surtout que le toucher deviendrait le tact.
Mais cette distinction serait encore subtile puisque, semble-t-il, la
matière ne peut se révéler à nous que par suite de son activité reçue
ou propre.
Ainsi que nous venons de le voir, les
sens sont multiples parce que multiples sont les forces qui existent dans la
nature. S'il n'existait qu'une seule matière et qu'une seule force,
un seul sens suffirait pour les faire
reconnaître. Mais cette unité de la matière et de la force n'est
qu'une conception de haute physique et n'est pas une réalité reconnue.
APPAHE1LS DES SENS
Les organes des sens sont en réalité des
appareils formés d'organes.
Dans tout appareil d'un sens déterminé
nous trouvons trois organes principaux qui
sont : 1 un organe périphérique de réception;2 un organe central de perception; 3 un organe
intermédiaire de conduction.
Organe de réception. L'organe de réception dans les appareils
des sens se trouve à la périphérie des nerfs sensitifs, et est muni
souvent d'autres organes dits de renforcement, tels que la rétine pour l'appareil optique, l'organe do Corti
pour l'appareil auditif, les corpuscules de Meissner, de Krause, de Pacini pour
l'appareil tactile.
Organe de perception.
L'organe de perception se trouve dans les centres nerveux dont la
topographie n'est d'ailleurs pas encore faite complètement.
Organe
de transmission.
L'organe de transmission est cons-
tilué par les nerfs de sensibilité générale et les
nerfs de sensibilité spéciale.
SPÉCIFICITÉ
DES SENSATIONS
La spécificité des sensations est sous la
dépendance des connexions des nerfs sensitifs avec les organes périphériques
qui recueillent les impressions et avec les centres nerveux (centres ou
zones
sensitives) qui les convertissent en perceptions.
CONDUCTILITÉ
INDIFFÉRENTE DES NERFS SENSITFS
Quant
aux nerfs sensitifs ils ne seraient que les conducteurs
indifférents de telle ou telle impression ainsi qu'il résulte des
recherches de MM. Valpian et Philipeaux (1) et de celles de Paul
Bert(2), contrairement à l'opinion de Claude
Bernard3.
TOPOGRAPHIE
DE L'INNERVATION CUTANÉE
La sensibilité générale extérieure étant
la plus fréquemment et souvent la
première intéressée par les divers procédés de neurisation, nous devons tout d'abord rappeler
brièvement quels sont les nerfs qui y président, quelles sont les
origines de ces nerfs et surtout quel est leur mode de distribution et de
répartition à la surface du corps.
Nous ferons, en d'autres termes, la
topographie de l'innervation cutanée, et nous nous inspirerons pour celte
élude des renseignements si précis que
contiennent nos ouvrages classiques d'anatomie, notamment celui de
Beaunis et Bouchard.
1. Vulpian, Leçons sur la physiologie générale
et comparée du système nerveux, l'aris, 1885. 2. P. Dort, Soc.
de biologie, 1863 et1876. 3. Cl. Bernard, Rapport sur les progrès
de la physiologie.
Ces auteurs ont orné leur Traité de
figures très intéressantes sur lesquelles on petit facilement suivre
tous les détails qui forment la base d'unetopographie de
l'innervation cutanée (1).
Nous nous sommes
également inspiré de ces figures en traçant les nôtres (Voy. fig, 3 et 5); mais il est facile
de voir qu'elles ont subi quelques
modifications importantes rendues nécessaires par nos propres
recherches.
Nous apporterons, en
effet, dans cette étude, des documents nouveaux acquis au moyen d'une méthode
nouvelle.
NERFS RACHIDIENS OU SPINAUX
POSTÉRIEURS ET TRIJUMEAU .
La sensibilité
générale des téguments est sous la dépendance des nerfs rachidiens ou spinaux postérieurs, y compris
le trijumeau.
I. ORIGINE DES SERFS
RACHIDIENS POSTERIEURS
Ces nerfs naissent
par deux ordres de racines, les racines antérieures ou motrices, et les racines
postérieures ou sensitives, munies d'un ganglion*.
Il en résulte que les nerfs rachidiens
postérieurs forment un cordon mixte, sensitif et moteur à la fois.
Les racines motrices ou antérieures
s'insèrent dans le sillon collatéral antérieur, entre les cordons
antérieurs et les cordons latéraux.
Les racines sensitives ou postérieures
s'insèrent dans le sillon collatéral
postérieur entre les cordons latéraux et les cordons postérieurs.
Origine des racines sensitives dans la
moelle. Si nous
suivons les racines sensitives dans la
moelle nous voyons qu'elles s'y divi
1. Nouveaux elements
d'anatomie descriptive, par R. Beaunis et A. Bouchard» 1868, p.
920-921.
S.
Les ganglions nerveux sont considérés comme des multiplicateurs et des réservoirs do la force nerveuse
(Longet, etc.).
sent en deux groupes : 1° un groupe externe dit
fibres radiculaires externes; 2* un groupe interne dit fibres
radiculaires internes.
Ces fibres radiculaires internes se dirigent vers les cornes antérieures de substance grise et peuvent être
suivies jusqu'au groupe des cellules nerveuses motrices. (C'est la lésion des
fibres radiculaires internes qui,
d'après M. Charcot (1), serait la cause des
douleurs fulgurantes
de l'ataxice)
Les fibres radiculaires externes pénètrent
dans la substance gélatineuse de Rolando,
puis dans la substance grise, soit directement, soit après un trajet
ascendant et descendant.
Peut-étre ces deux
ordres de fibres radiculaires correspondent-ils à deux grandes régions de distribution
des nerfs sensitifs à la périphérie, régions qui seraient constituées
d'une part par toute la section antérieure, et d'autre part par toute la
section postérieure du corps (2) (Voy. fig.
2).
II. ORIGINE DU NERF TRIJUMEAU
Le trijumeau (cinquième paire) a
son origine apparente au bord externe de la protubérance. Comme les nerfs
rachidiens, il naît par deux racines, l'une
ganglionnaire (sensitive), l'autre non ganglionnaire (motrice).
La racine motrice provient
du faisceau antéro-latéral de la moelle (faisceau moteur). *
La racine sensitive peut être
poursuivie jusqu'au bulbe où elle présente trois racines l'une de
mouvement, l'autre de sensibilité générale et une de sensibilité spéciale.
Celle-ci s'anastomose avec le nerf auditif.
L'élude de la localisation
de certaines modifications de la sensibilité organique (anesthésie et hyperesthésie) et
celle de certaines
1. Leçons sur les maladies du système nerveux, t. II, 2 édition, p. 29.
2. «
La mosaïque que l'on trouve dans le système nerveux central doit
nécessairement correspondre à des expansions
nerveuses périphériques. Il nous faut d'abord connaître et
comprendre ta loi de ces expansions périphériques avant d'entreprendre avec
quelque chance de succès la tâche infiniment difficile de pénétrer dans
la texture du systeme nerveux central. » (Rosenthal, Traité clinique du
système nerveux, trad. par le Dr A. Lubanski, p. 423.)
modifications do la
sensibilité psychique (rire avec gaieté et pleurs avec tristesse), provoquées
par certains procédés de neurisation, nous a montré, ainsi qu'on le verra plus tard, que
le corps humain depuis le haut du crane
jusqu'aux extrémités devait etre divisé en deux grandes sections : celle
de la partie antérieure et cette de la partie postérieure séparées par une
ligne fictive que nous appellerons cranio-podale (Voy. fig. 2).
Aucun anatomiste ni aucun physiologiste
n'a encore proposé cette division. La suite de l'ouvrage nous montrera qu'elle
a sa raison d'être parce qu'elle est
basée sur le résultat d'expériences variées et nombreuses qui concordent
toutes entre elles.
APERÇU GÉNÉRAL SUR LE
TRAJET DE LA LIGNE DITE
CRANIO-PODALE DIVISANT LA SURFACE Ut) CORPS EN DEUX SECTIONS, L'UNE ANTERIEURE, L'AUTRE POSTÉRIEURE.
La ligne de
séparation de ces deux sections antérieure et postérieure du corps désignée
sous le nom de ligne cranio-podale est la suivante :
Au niveau de la tète,
du cou, du tronc et des membres inférieurs.
Elle pari,sur chaque
coté du corps, du sommet de la tête, tombe perpendiculairement sur la ligne zygomatique,
un peu en avant du pavillon de l'oreille (Voy. fig. 2, 3 et 4).
Ensuite elle se
porte en arrière, traverse le bord supérieur du pavillon de l'oreille à l'union de
son sixième supérieur avec ses cinq sixièmes inférieurs,
contourne plus en arrière la région de l'apophyse mastoide, descend le
long de la face latérale du cou à
l'union de ses deux tiers antérieurs avec son tiers postérieur, suit le bord
supérieur de l'épaule, le contourne, puis se porte encore eu arrière poursuivre la face
latérale du thorax et de l'abdomen, du tronc en un mot, à l'union de son tiers
postérieur avec ses deux tiers antérieurs.
Au niveau du bassin elle se porte un peu en avant et divise cette région
et ensuite les membres inférieurs en deux
Fig. 2.
Division du corps en section antérieure et en section posterieure par la ligne craoi-podale
bilaterale.
parties égales en suivant le
milieu de leur face externe. La face plantaire des pieds appartient ainsi à la
section postérieure et la face dorsale à la section antérieure du corps.
Au niveau des membres
supérieure.
La position naturelle des bras pendants de
chaque coté du corps est cette de la
pronation. Nos recherches spéciales nous ont montré que c'est d'après
celte position des bras qu'il faut diviser leurs téguments en deux
parts, celle de la section ou face antérieure et celle de la section ou face
postérieure.
La section ou face antérieure regarde
en réalité un peu en dehors et nous la
désignerons souvent par le nom de face antéro-externe; la face
postérieure est en réalité une facepostéro-interne. Il en résulte que la face
palmaire de la main fait partie de lu face postéro-interne et que sa face dite
dorsale fait en réalité partie de la face antéro-externe du membre supérieur (Voy. fig. 2, 3, 4, 5, 6, 11 et
12).
La ligne de
séparation de ces deux faces part de l'épaule, descend en arrière du bras à l'union de
son tiers externe avec ses deux tiers internes, se dirige vers le coude, se
porte un peu en dehors, suit le milieu du bord externe de la main, le long du carpe, du cinquième métacarpien et du petit
doigt, contourne tous les doigts en
suivant le milieu de leurs extrémités et de leurs faces latérales,
remonte le long du milieu du bord interne du pouce, du premier métacarpien et
du carpe. Elle atteint ainsi le bord interne
de l'avant-bras qu'il suit le long; du bord interne du radius jusque
vers son milieu, se dirige ensuite vers le milieu du pli du coude, et remonte jusqu'au bord antérieur de
l'aisselle le long du bras a l'union de son tiers interne avec ses deux tiers
externes (1).
Les deux parts en lesquelles cette ligne
divise le corps humain ne sont pas égales, aussi avons-nous désigné la part
antérieure sous le nom de face ou section antérieure et la part postérieure
sous le nom de face ou section postérieure.
1. Sur les
figures 3,4,5,
6, le bras droit est placé en pronation (vraie position) et le bras gauche en supination
(fausse position).
distribution
générale des nerfs rachidiens postérieurs
Les troncs de ces nerfs formés donc de la fusion des racines
antérieures (motrices) et postérieures
(sensitives, munies d'un ganglion) se divisent eux-mêmes en deux
branches, l'une antérieure et l'autre postérieure.
Les branches postérieures se
distribuent aux muscles et aux téguments de la surface postérieure du tronc,
à la peau du segment postérieur de
la téte et de la région fessiere. - Les branches antérieures se rendent
aux muscles et aux léguments des parties latérales et antérieures du
tronc, et des extrémités supérieures et inférieures.
DISTRIBUTION GÉNÊRALE DES BRANCHES OU TRIJUMEAU
Le trijumeau distribue ses filets
sensitifs a toute la tète excepté sa région postérieure,
c'est-à-dire à toute la face, à la cavité orbitaire et a
l'œil, aux fosses nasales, à la muqueuse buccale, a la langue, au
palais et aux dents, a la face externe du pavillon de l'oreille et au conduit
auditif externe ; de plus à la muqueuse de la base de la langue,
à une portion du pharynx, aux piliers du voile du palais, à la trompe d'Eustache et a la cavité du tympan.
NERFS
DE SENSIBILITE DANS LA SECTION ANTÉRIEURE OU CORPS (Voy. fig. 2, 3, 4, 9
et 10).
1 A la tête, nous
distinguerons les nerfs cutanés du crâne et de la face.
a. Au crâne nous ferons la
distinction de trois régions, les régions frontale, oculaire et temporale.
Les téguments
de la région frontale sont sensibilisés de dedans en dehors : 1° par les
filets frontaux du nerf nasal externe ;
2° par
les nerfs frontaux (nerfs
frontal interne et frontal externe ou sus-orbitaire, branche de l'ophthalmique
de Willis).
Fig. 3.
Topographie do l'innervation culanee de la face antérieure du corps (main
on pronation à droite et on supination à gauche).
Les téguments de ta région oculaire comprennent
la peau et la muqueuse des paupières, et la conjonctive oculaire.
La peau, la muqueuse des paupières
supérieures et une partie
de la conjonctive oculaire sont
sensibilisées de dedans en dehors
par des filets du frontal interne, le
frontal externe (sus-orbitaire)
et par une branche
palpébrale du nerf lacrymal (rameau de l'ophthalmique).
Lapeau, la maquese des paupieres inferieuresetune partie
de la conjonctive oculaire sont
sensibilisées par des filets nasaux.
du nasal externe, et les branches
palpébrales du sous-orbitaire.
Les téguments de la région temporale sont
sensibilisés d'avant
en arrière par des filets temporaux
du nerf lacrymal, par des
rameaux de l'auriculo-temporal anastomosés
avec les branches
temporales du facial. Quant aux rameaux directs
do l'auriculo-
temporal, ils se
répandent aux téguments de la moitié postérieure
du crâne immédiatement en arriére de la
ligne de séparation de
la moitié ou section postérieure et de la
moitié ou section antérieure de celle région.
b. A la face nous distinguerons la
face proprement dite, les cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles,
les régions mastoïdiennes, et un petit espace triangulaire situé de chaque
côté derrière la branche montante de l'os maxillaire inférieur.
A la face sa distribuent: 1 les
rameaux du nerf sous-orbitaire (branche du maxillaire supérieur); 2 les rameaux du nerf dentaire inférieur (branche du maxillaire
inférieur); 3* des rameaux du nerf auriculo-temporal (branche du
maxillaire inférieur).
Aux cinq sixièmes inférieurs du
pavillon des oreilles se distribuent des filets sensitifs qui proviennent : 1* de la branche
auriculaire ou ascendante moyenne du
plexus cervical ; 2 de l'auriculo-temporal (branche du maxillaire
inférieur) ; tous nerfs qui font précisément partie de la section antérieure du
corps comme la face.
Les téguments delà région de
l'apophyse mastoïde sont sensibilisés : 1 par des rameaux de la petite branche
mastoïdienne; 2 par des rameaux de la branche auriculaire (ascendante
moyenne), tous nerfs provenant du plexus cervical superficiel et appartenant a
la section antérieure du corps comme la face.
Les
téguments de l'espace triangulaire sont sensibilisés par des rameaux de la branche auriculaire (ascendante
moyenne). 2° Au cou, les téguments des faces antérieure et
latérales sont
Fig.
4. Topographie do l'innervation culanee de la section ou face antérieure de
la tôle, du tronc et des membres supérieurs avec l'indication des domaines des
nerfs ascendants et descendants et de la zone neutre raciale.
sensibilisés par les branches antérieure et descendantes
du plexus cervical.
3 Au thorax, les
faces antérieure et latérales reçoivent les ramifications cutanées des nerfs intercostaux qui sont
les branches antérieures des nerfs rachidiens dorsaux.
4 A l'abdomen, les téguments do la
face antérieure reçoivent les branches antérieures des nerfs lombaires.
5' Aux membres supérieurs, il faut
distinguer l'épaule, le bras, l'avant-bras et la main.
a.A
l'épaule, la face antéro-externe
reçoit les rameaux sensitifs cutanés des branches descendantes du
plexus cervical.
b.Au bras, les téguments de la face
antéro-externe sont sensi
bilisés par le nerf circonflexe.
c.A l'avant-bras, les téguments de laface antéro-externe
reçoi vent leurs filets
sensitifs extérieurement du nerf radial, et en
dedans du nerf musculo-cutané.
d.A
lamain, la face antero-externe dite dorsale est sensibilisée
par le nerf radial en dedans et par le nerf cubital en dehors.
6° Aux membres inférieurs, nous
distinguerons les nerfs de la cuisse, de la jambe et du pied.
a. A la misse, la section ou face
antérieure reçoit ses filets sensitifs : 1
en dehors, du nerf fémoral cutané, branche collatérale du plexus lombaire; 2 sur le milieu, des branches
perforantes supérieure et moyenne provenant du faisceau superficiel du nerf
crural; 3 en dedans, du nerf obturateur, branche du plexus lombaire.
h. A la jambe, la face on section
antérieure reçoit ses filets sensitifs, en dedans : du nerf
saphène interne, branche cutanée du faisceau
profond du nerf crural; et en dehors : du nerf sciatique poplité
externe qui est une des branches terminales du nerf sciatique.
c. Aupied, la face antérieure ou
dorsale est sensibilisée par le nerf saphène externe.
NEUFS DIS
SENSIBILITÉ DANS LA SECTION POSTÉRIEURE DU CORPS (Yoy. fig. 2,5,6, 9 et 10).
1 A la tête, font partie de la section postérieure du
corps la moitié postérieure du crâne et le sixième supérieur du pavillon
des oreilles.
a, Région cranienne postérieure. La peau
de cette région est
sensibilisée en arriére :
par le premier nerf cervical, et surtout
Fig. 5. Topographie de
l'innervation culanee de la face postérieure du corps (Main
en pronation à droite et en supination a gauche).
par le deuxième nerf cervical dit nerf sous-occipital; en dehors,
par
les rameaux de la branche mastoïdienne (occipito-auriculaire
de Chaussior) faisant partie des branches ascendantes du
plexus cervical
superficiel; sur les côtés, en avant, par les ramifications de
l'auriculo-temporal. b. Pavillon de l'oreille. D'une manière
generale les nerfs
Fig.
6. Topographie de l'inneration cutanée de la section ou face postérieure de
la tête, du tronc et des membres supérieurs, avec
l'indication des domaines des nerfs ascendants
et descendants et de la zone neutre intermédiaire post-cervicale.
sensitifs du pavillon de
l'oreille proviennent de la cinquième paire et du plexus cervical superficiel. Quant au
sixième supérieur du pavillon il reçoit plus spécialement sa
sensibilité : 1 en arrière, d'un
filet provenant de la branche mastoïdienne on occipito-auriculaire
de Chaussier qui est une branche ascendante du plexus
cervical superficiel; 2 en avant, de
rameaux provenant du nerf auriculo-temporal branche du nerf maxillaire
inférieur (trijumeau). Cette portion du pavillon de l'oreille est donc
sensibilisée par des filets nerveux qui font partie de la section postérieure du
corps.
2 Au cou, la section postérieure (tiers postérieur) est
sensibilisée par les branches postérieures des nerfs cervicaux, par les branches postérieures du plexus cervical
superficiel, par l'ascendante
postérieure ou branche mastoïdienne qui forme précisément la limite
en ce point entre la section antérieure et la section postérieure du corps;
par la petite mastoïdienne et enfin par une petite branche à direction transverse et ascendante.
3° Au thorax, la section
postérieure (tiers postérieur) reçoit ses rameaux
cutanés des branches postérieures des nerfs dorsaux ou rachidiens.
4° A l'abdomen la face postérieure
reçoit ses nerfs sensitifs des branches nerveuses abdomino-pelviennes.
5° Aux membres
supérieurs nous distinguerons quatre parties : l'épaule, le bras, l'avant-bras et la main.
a. A l'épaule, la
face supéro-postérieure reçoit les filets sensitifs des branches descendantes du plexus
cervical.
h. Au bras, la face postéro-interne
reçoit ses filets sensitifs du brachial cutané interne.
c.A
l'avant-bras, la face postéro-interne reçoit ses nerfs sensi
tifs du même nerf, le brachial cutané interne.
d.A
la main, la face postéro-interne (face palmaire) est sensi
bilisée par le nerf médian en dedans et le nerf cubital en dehors.
6° Aux membres inférieurs, nous
ferons encore une distinction entre la cuisse, la jambe et le pied.
a. A la cuisse,
la face ou section postérieure reçoit ses nerfs sensitifs de la branche
fémoro-cutanée en dehors; du nerf obturateur en dedans, et du nerf fessier inférieur ou petit
sciatique dans les autres points. Le nerf fessier inférieur ou petit
sciatique se trouve ainsi opposé aux
branches perforantes qui proviennent, en avant, du faisceau superficiel
du crural.
b.A la jambe, la face postérieure
est sensibilisée en dehors par lenerf sciatique poplité externe, une des
branches terminales du nerf sciatique, et en dedans par le nerf saphène
interne, branche cutanée du faisceau
profond du nerf crural.
c. Au pied, la face plantaire ou
postérieure reçoit ses nerfs cutanes du rameau plantaire du nerf tibial postérieur, du nerf plantaire
interne et du nerf plantaire externe.
DÉTAILS ANATOMIQUES RELATIFS AU
TRAJET DE LA LIGNE CRANIO-PODALE
Après avoir
découvert qu'il existait une grande ligne divisant le corps en deux parties ou sections
antérieure et postérieure, après avoir noté quels étaient les nerfs qui
donnaient la sensibilité aux téguments de chacune de ces sections, je voulus
savoir si le tracé de cette ligne, motivé
par certaines données de laneurisation, serait aussi justifié, au moins dans les parties
essentielles de son trajet, par une certaine
distinction apparente entre le champ de distribution des nerfs de la
sensibilité de la section postérieure et celui des nerfs de la section
antérieure du corps.
L'anatomie s'est
trouvée d'accord avec les résultats de l'expérimentation physico et
psycho-neurique(Voy. fig. 9).
Ainsi au crâne celle ligne passe
tout d'abord, au vertex, entre le champ
de distribution des nerfs frontaux en avant et le champ de distribution
des nerfs occipitaux en arrière; sur les côtés entre le champ de distribution des filets directs du nerf
auriculo-temporal et celui des branches temporales du facial qui reçoit
des filets anastomotiques en arrière
du même nerf auriculo-temporal et en avant du nerf lacrymal.
En réalité le nerf sensitif auriculo-temporal se distribue à la peau de toute la région temporale, soit
directement en arrière, soi par
voie d'anastomose avec le facial en avant. C'est précisétment parla ligne verticale suivant laquelle se fait celte
anastomose que passe la ligne de division que nous décrivons.
En avant de la région faciale la
ligne cranio-podale suit un trajet qui mérite toute notre attention.
Tout d'abord elle se détache à
angle droit de sa portion crânienne verticale au niveau de l'arcade
zygomatique et un peu en avant du pavillon
de l'oreille pour se porter vers celui-ci. Là elle coupe
transversalement le tronc de l'auriculo-temporal au point où il se
divise en rameaux temporaux et où il fournit un filet nerveux au sixième supérieur du pavillon
de l'oreille.
Ensuite elle
traverse la partie supérieure du pavillon de l'oreille à l'union de son sixième
supérieur avec ses cinq sixièmes inférieurs.
Nous avons dit que le sixième supérieur et les cinq sixièmes inférieurs
du pavillon des oreilles recevaient des filets nerveux distincts quoique de même provenance originelle.
Puis elle contourne la limite supérieure
et postérieure de l'apophyse mastoide un peu en avant d'une branche nerveuse
qu'elle suitparallèlement.
Cette branche nerveuse est formée par la branche occipito-auriculaire, ou
branche ascendante postérieure du plexus cervical superficiel ; elle fournit un rameau au
sixième supérieur de l'oreille.
Arrivée à la
limite inférieure du la région mastoïdienne, au point où finit en arrière la
limite inférieure de la face, elle descend entre
le tronc de l'ascendante postérieure (branche occipito-auriculaire) en
arrière et celui de l'ascendante moyenne du plexus cervical superficiel
en avant.
Puis elle passe
verticalement à travers le point d'émergence des branches du plexus
cervical superficiel, au niveau de la zone neutre post-cervicale, pour se diriger vers la
face postérieure de l'épaule en arrière de la branche la plus
postérieure parmi les branches descendantes du plexus cervical superficiel.
Durant tout ce trajet cervical cette ligne
laisse en arrière le champ de
distribution cutané des nerfs cervicaux postérieurs.
De la face
postérieure des épaules la ligne cranio-podale descend le long de la
limite extérieure du champ de distribution des branches postérieures des nerfs dorsaux et
lombaires.
Aux
membres supérieurs la ligne de séparation est assez nette-
ment indiquée, pourvu que
ces membres soient en pronation, position que nous avons reconnue être la
plus naturelle (Voy. fig.3,4,5,6).
Ainsi au bras et
à l'avant-bras elle se trouve à la limite du champ de distribution du brachialcutané interne qui
occupe toute la face postéro-interne
de ces deux régions.
Le long du bord
interne de la main elle sépare le champ de distribution du nerf radial, qui occupe la moitié
interne de la face dorsale de la main, du
champ de distribution du nerf médian qui occupe la moitié interne de la
face palmaire de cette portion du membre.
Le long du bord externe de la main elle
marque la séparation entre le champ de distribution dorsal et celui de
distribution palmaire de deux branches d'un
môme nerf, le nerf cubital.
Aux membres inférieurs cette ligne suit un
trajet assez bien indiqué anatomiquement a la cuisse et au pied, et moins nettement
à la jambe.
TOPOGRAPHIE DE L'INNERVATION MUSCULAIRE
Gomme la neurisation ne produit pas
seulement des modifications dans la sensibilité des téguments mais encore des
modifications dans la motilité musculaire, il semble qu'il y aurait lieu
d'établir une topographie des nerfs musculaires. Mais ce serait une tâche au moins superflue, parce que la
plupart des nerfs cutanés sont on même temps musculaires et que, d'autre
part, ainsi que nous le montrerons
plus loin, les modifications de la motilité musculaire sont toujours
consécutives à une modification dé la sensibilité cutanée. Ce qui semblerait prouver précisément que, tout au moins dans la majorité des cas, c'est par voie
réflexe, après une action sur les nerfs de sensibilité cutanée
que les nerfs moteurs entrent à leur tour en action pour faire
contracter les muscles.
ACTION DES RADIATIONS
DIGITALES FIXES
SUR LA SENSIBILITÉ GÉNÉRALE
DES TEGUMENTS
ET SUR
LA SENSIBILITÉ SPÉCIALE
ANESTHESIE
Lorsque, avec un doigt et a plus forte
raison avec plusieurs doigts, par exemple les cinq doigts réunis en faisceau,
on vient a viser, a la distance de quelques
centimètres à quelques décimètres et plus
même, un point du corps, la sensibilité cutanée disparaît au point visé
sur une étendue qui est égale à celle de la surface de section du doigt
ou des doigts neurisateurs réunis.
L'anesthésie ou insensibilité tactile
s'accompagne d'analgésie ou insensibilité a la douleur, et d'insensibilité a la
température. L'analgésie peut etre telle qu'une aiguille transperçant la peau
n'est pas sentie.
Celle anesthesie,
qui peut être produite à des degrés divers suivant la durée de
l'opération, persiste ensuite plus ou moins longtemps, mais nous n'avons pas
de données suffisantes pour en évaluer la durée moyenne. Elle existait encore
dans un cas après cinq heures de temps écoulé et dans un autre cas
après quinze heures.
TRANSFERT DE L'ANESTHESIE
Supposons
que l'anesthésie ail été ainsi produite sur le milieu de la face dorsale de la main droite du sujet. Si après cette
opération on vient à explorer
l'étal de la sensibilité sur l'autre main, la main gauche, on trouve qu'elle y a aussi disparu précisément sur le milieu de sa face dorsale et sur une même
étendue. En un mot la région homologue de la main gauche a perdu sa
sensibilité. Il y a eu transfert de l'anesthésie (1).
Pendant ce temps
l'anesthésie a persisté sur la face dorsale de la main droite primitivement visée.
Mais si alors on vient à viser le
milieu de la face dorsale de la main
gauche» puis de nouveau la région homologué de la main droite, et si ensuite on
vient a explorer la sensibilité de ces deux régions on constatera
facilement que la sensibilité y est complètement revenue (2). (Cette expérience a été
faite le 15 septembre 1880, époque alaquelle le malade, étant beaucoup
mieux, réagissait beaucoup
moins bien.)
Reprenons cette
expérience. La sensibilité est intacte, normale aux deux mains. Les cinq doigts de ma main réunis
en faisceau sont dirigés à une petite distance vers un point choisi de
la face dorsale de la main droite du sujet.
En quelques secondes la région visée se trouve anesthésiée. Mais si au
lieu d'éloigner mes doigts dès que cette anesthésie est produite je les
maintiens un certain temps dans leur
position, à l'anesthésie ne tarde pas & succéder de l'hyperesthésie. Si alors j'explore la sensibilité
de l'autre main, je trouve non pas de l'hyperesthésie mais de
l'anesthésie, comme dans la précédente expérience. Si alors je transporte mes
doigts ou les rayons digitaux en regard de cette région anesthésie par transfert, a cette anesthésie produite par le
transfert succède
1.
La commission de la Societe de biologie, chargée do faire un rapport sur les
decouvertes du D Burq concernant la métalloscopie, a
constaté un phénomène qui avait échappé a la sagacité du D Burq lui-méme. Ce
phénomène auquel elle a donné le nom de transfert consiste dans l'apparition de
l'anesthésie sur une région ou sur un organe symétrique de celui sur lequel l'anesthésie
préexistante de nature hystérique
ou mémo causée par une lésion organique du cerveau, à disparu à
la suite d'une application
métallique. ,
En d'autres termes c'est
en apparence, le transport sur une moitié latérale du corps, de l'anesthésie qui existait sur l'autre
moitié et qu'une application métallique en a en quelque sorte chassé.
D'autre
part si l'application métallique au lieu d'être faite sur le coté
insensible est laite sur le coté sensible il se produit une anesthésie locale,
limitée au point d'application, et coincidemment l'apparition de la sensibilité
dans le point symétrique du cote où siège l'hémianesthésie.
Dans
le premier cas le transfert ou transport s'est fait du point d'application au point
symétrique. Dans le second cas il s'est fait en sens inverse, c'est-à-dire
du point symétrique au point d'application, par une sorte d'appel.
1. J'ai
pu par les mêmes radiations digitales alternes opérer le transfert de
l'anesthésie et déterminer le retour de la sensibilité sur les
deux tempes.
l'hypcresthésie et en môme temps
l'hyperesthésie de la main droite primitivement visée est remplacée par de l'anesthésie. Si ensuite je vise
de nouveau cette dernière région (le dos de la main droite la
sensibilité redevient normale sur l'une et l'autre main.
Si les radiations digitales ont lieu en
regard d'une région très musculeuse,
l'hyperesthésie s'accompagne ordinairement de contracture musculaire,
à moins que ces radiations ne soient de très courte durée.
Mais alors méme que
cette contracture se produit on peut la résoudre en malaxant la
région, sans faire disparaître l'anesthésie cutanée.
L'hyperesthésie, telle que nous l'avons
provoquée dans celte expérience, se traduit par de ta douleur perçue et accusée
par le sujet, mais l'anesthésie persiste pour nous, c'est-à-dire qu'en explorant la région siège de douleurs,
nous ne découvrons que de l'insensibilité.
Nous verrons plus loin que ce genre d'hyperesthésie subjective diffère d'une autre hyperesthésie à la fois subjective et
objective.
DIFFUSION DE L'ANESTHÉSlE
Si la légion visée par les rayons digitaux
est le siège d'un ou plusieurs nerfs
importants, l'anesthésie, après s'être produite sur la partie
visée, peut se propager plus loin par diffusion.
Si par exemple je
dirige les doigts de ma main vers le creux sus-claviculaire du sujet au niveau du plexus brachial
et près de la colonne vertébrale, la peau de la région visée devient
insensible, puis l'anesthésie gagne rapidement tout le bras, qui en même
temps devient immobile par raideur musculaire et peut garder toutes les positions dans lesquelles on le place
et que comporte le mouvement de ses articulations (catalepsie).
En même temps,
et parce que selon toute probabilité il y a diffusion dans l'autre sens jusqu'à la moelle,
toute la moitié correspondante du corps se trouve anesthésiee
(hémianesthésie).
Il arrive parfois dans ces cas que
l'anesthésie, s'étendant plus loin et gagnant ainsi le cerveau, le sujet
s'endort (1).
HYPERESTHESIE
Nous avons dit plus
haut que les radiations digitales prolongées Taisaient succéder l'hyperesthésie
à l'anesthésie. Cette hyperesthésie s'accuse par une douleur plus ou moins
accusée, sous l'influence de laquelle le sujet relire vivement la partie du
corps qui en est affectée, la main par
exemple, si c'est la main que les rayons digitaux ont viséc. C'est une hyperesthésie subjective et elle persiste
plue ou moins longtemps après l'opération qui la fait naître.
Fréquemment, durant cette expérience, je
priais la malade de fermer les yeux ou de détourner la tête, et alors
elle pouvait compter le nombre de doigts que j'employais, d'après le
nombre de piqûres qu'elle ressentait.
ACTION SUR LES MUQUEUSES
La muqueuse des
lèvres, de l'intérieur de la bouche, la muqueuse ocuto-palpébrale ou
conjonctive peuvent perdre leur sensibilité, par l'action a distance des rayons
digitaux fixes.
La sensibilité
tactile du bout de la langue notamment peut être abolie.
On peut aussi anesthesier la muqueuse de
l'entrée des narines de telle manière que le sujet n'a pas conscience de
l'entrée ou de la sortie de l'air, sans que pour cela on ait porté atteinte au
sens de l'odorat.
1. La
commission de ta Société do biologie, chargée do faire un rapport sur les phénomènes
métalloscopiques signales par M. leD
Burq, a constaté que l'application faite sur une hystérique
autrefois sensible aun métal mais dont la sensibilité était actuellement
normale, produisait l'anesthésie autour du métal, qu'ensuite cette anesthésie
s'etendait progressivement jusqu'à se généraliser et
qu'enfin il pouvait y avoir des effets d'hypnotisme.
On peut
anesthésier isolément les paupières et la muqueuse | conjonctivale.
ACTION DES RADIATIONS DIGITALES A L'ÉTAT FIXE
SUR LA
SENSIBILITE SPÉCIALE
SENS
DU TOUCHER
En traitant de l'anesthésie en
général, nous avons vu comment l'abolition du sensdu toucher
accompagnait celle de la sensibilité à la douleur et a la température sur les
téguments.
SENS DE LA VUE
L'appareil qui
préside au sens de la vue est un appareil complexe dans lequel, comme pour tous les appareils
des sens spéciaux il faut distinguer la sensibilité générale au toucher, A la
douleur et à la température, et la sensibilité qui, précisément,
caractérise l'appareil.
Dans l'appareil de
la vision, nous l'avons vu plus haut, l'anesthésie a pu porter sur la peau et
la muqueuse des paupières, et la muqueuse oculaire proprement dite. Mais elle peut
porter aussi sur la vision elle-même en l'abolissant. Dans ce cas, c'est
le nerf optique, nerf de sensibilité spéciale, qui se trouve directement
intéressé.
Cet effet, je veux
dire l'abolition du sens de la vue, peut être obtenu soit avec un seul doigt, soit mieux
encore avec plusieurs doigts, par exemple
les cinq doigts d'une main réunis en faisceau et placés à une
petite distance de la cornée et la visant.
Avec un seul doigt l'expérience est plus commode et
l'anesthesie peut mieux se circonscrire au nerf optique et à la rétine
& travers la
pupille. Voici ce qui se passe alors : le
globe oculaire devient insensible,
la pupille dilatée et l'iris immobile ensuite. En
mémo temps la vue se trouble de plus en plus
jusqu'à la cécité complète.
Puis, si on persiste a viser ainsi
l'œil, le sujet y accuse une douleur
plus ou moins vive. Il se passe ici ce que nous avons constaté au sujet des téguments : à
l'anesthésie succède l'hyperesthésie
DIFFUSION DE L'ANESTHSSlE
RETIENNE
Diffusion à
l'oreille correspondante et aux centres. Habituellement, à la cécité de l'œil
neurisé succède la surdité de l'oreille correspondante si les radiations
digitales fixes se prolongent un peu, et le
sommeil, plus ou moins profond, peut survenir à la suite si
surtout la neurisation a intéressé les deux yeux et, par suite de la
propagation de l'anesthésie, les deux oreilles.
Si l'opération est de très courte durée, la
rétine seule est anesthésiéeet il n'y a
pas de propagation à l'oreille correspondante.
SENS DE L'OUIE
Ce que nous avons
dit de la vue peut s'appliquer à l'ouïe. Si, réunissant les doigts
en forme de faisceau conique, on dirige leurs extrémités vers le conduit
auditif de l'une des oreilles du sujet et qu'on les maintienne ainsi
durant un très court espace de temps, l'ouïe peut être supprimée de ce côté
sans que la vue soit supprimée ou seulement diminuée du même côté.
DIFFUSION
DE L'ANESTHESIE AUDITIVE
Diffusion à
l'œil correspondant et aux centres. Mais si l'opération dure quelques secondes de plus,
l'œil correspondant perd la faculté de voir.
On peut obtenir ces
effets soit en opérant simultanément, soit en opérant séparément sur l'une et
l'autre oreille.
Lorsque l'ouïe et, par propagation de
l'anesthésie auditive, la vue, sont
supprimées des deux côtés, le sujet tombe dans un sommeil plus ou moins
profond suivant la durée et l'intensité de la neurisation.
Un jour, ayant agi
sur l'ouïe des deux côtés par des radiations digitales fixes de courte durée, Mlle C... déclara
qu'elle n'entendait plus ni d'un côté ni de l'autre. Elle se plaignit d'avoir
les oreilles bouchées. Je lui parlai, je la questionnai, elle ne répondit jamais. Comprenant enfin mon insistance, elle me
dit qu'elle voyait remuer mes lèvres, mais qu'elle n'entendait
rien. Plusieurs fois elle porta son doigt
dans le conduit auditif comme pour le déboucher. Lui ayant rendu l'ouïe
par le procédé qui sera indiqué plus loin, je pus répéter ensuite
plusieurs fois celte expérience.
RELATIONS
PHYSIOLOGIQUES PATHOLOGIQUES ET
ANATOMIQUES ENTRE LES YEUX ET LES OREILLES
Nous avons vuqu'il existait une relation fonctionnelle étroite, directe et réciproque
entre les yeux et les oreilles, c'est-à-dire entre chaque œil et
chaque oreille correspondants.
Rappelons
brièvement les faits. Le sujet, étant éveillé, si je dirige les doigts durant un temps très
court vers l'un des yeux, il perd la vue de ce côté sans que l'ouïe
soit atteinte ni d'un côté ni de l'autre. Mais si j'insiste,
c'est-à-dire si je prolonge la durée des radiations digitales fixes, il
perd aussi l'ouïe du môme côté.
Si j'agis sur les deux yeux l'effet est
double et subit les memes variations
suivant que les radiations digitales fixes sont de courte ou de longue
durée. De plus, le sommeil peut se produire.
Les radiations digitales fixes peuvent
être remplacées par les radiations digitales mobiles descendantes.
Si, au lieu d'agir d'abord sur l'œil,
j'agis sur l'oreille, et si les radiations
digitales fixes sont de courte durée, je ne fais que supprimer l'ouïe de ce côté, mais si je persiste
la malade perd aussi la vue de ce
même côté. Si j'agis sur les deux oreilles simultanément
le sujet perd l'ouie et la vue des deux côtés, et
il peut s'endormir, La relation fonctionnelle ainsi établie réciproquement entre
l'oeil et l'oreille correspondants trouve sa
confirmation dans l'nnatomie, dans certains faits pathologiques ou
physio-pathologiques, et dans certains faits physiologiques.
FAITS
PATHOLOGIQUES
Réaction de
l'œil sur l'oreille.
1° Je connais une
dame qui, jeune encore, dut subir l'opération de la cataracte. La vue n'a guère été
améliorée par cette opération, et depuis elle est devenue sourde du même
côté, l'œil opéré (le gauche) continuant a fonctionner tres
imparfaitement.
Voici
un autre fait.
2 Me trouvant à Milan dans les
premiers jours de septembre 1880, à l'occasion du congres de
laryngologie qui y eut lieu à cette époque, je fis la connaissance d'un
jeune professeur de l'école suisse de Gènes, M. A. B... J'avais été frappé
de ce que M. A. B... cherchait toujours & se placer a ma droite pendant que
nous causions en nous promenant. Je m'aperçus bientôt que lorsqu'il était placé
à ma gauche j'avais de la peine à me faire entendre de lui. A un
certain moment il s'excusa de devoir se placer
a ma droite, ajoutant qu'il n'entendait pas bien de l'oreille droite. Il me raconta alors que la surdité de
l'oreille droite remontait à plusieurs années et qu'elle était
survenue a la suite d'une blessure qu'il
avait reçue à l'oeil ; il combattait sous les ordres de Garibaldi et il fut frappé d'une balle morte au
rebord inférieur de l'orbite à droite. Je m'expliquai alors la
signification ou la cause de la présence
d'une dépression cicatricielle, en ce point, quej'avais précédemment
remarquée sans y attacher une importance particulière. A là suite de celle blessure
il perdit la vue du côté droit et en même temps l'ouïe du même
côté.
3 Je me rappelai alors des faits analogues qui, un mois
aupara-
vaut,,
avaient été communiqués au congrès de Reims par notre excellent confrère
et ami, le DrDransart (de Somain) (1).
Le travail du DrDransart est basé sur l'observation de huit cas
d'affections oculaires parmi lesquelles deux étaient d'origine traumatique et six d'origine organique et
dyscrasique. Ces affections intéressaient la cornée, l'iris, ou la conjonctive
oculo-palpebrale, et dans toutes il y avait
eu consécutivement surditédu même côté. Trois de ces malades ont été opérés (deux
iridectomies dont une double, une opération de l'entropion). Chez eux
l'opération, en améliorant la vue, avait amené une amélioration manifeste du
côté de l'ouïe.
Sur les cinq autres non opérés et sur
celui qui a été opéré de l'entropion, le Dr
Dransart a remarque que toutes les fois que l'affection oculaire
s'aggravait il se produisait en même temps une aggravation dans la
surdité, et que toute amélioration de l'affection
oculaire provoquait une diminution de la surdité.
Explication anatomique. Voulant expliquer ces faits le Dr Dransart rappelle les relations anatomiques
qui existent entre l'œil et l'oreille par l'intermédiaire du
trijumeau qui fournit à l'œil d'une part et a l'oreille d'autre
part par le ganglion otique. Mais M.
François Franck, discutant cette communication, se demande si on est en
droit d'attribuer au trijumeau les troubles observés par M. Dransart; il ne
voit pas quelle peut être l'action du trijumeau sur l'appareil nerveux de
l'audition; il croit plus prudent
d'invoquer, sans préciser autrement, l'influence du système nerveux
se manifestant surtout par une suspension fonctionnelle de l'appareil auditif.
Aujourd'hui on dirait
avec M. Brown-Sequard qu'il y a eu inhibition de la fonction auditive.
1. Considérations cliniqeus
et pathogéniques sur les rapports pathologiques entre l'oeil et l'oreille. Communication
par le Dr Dransart au congrès de Reims dansla séance du 13 aout
1880 (Voy. p. 903 du volume).
Voy.
aussi le Bulletin médical du Nord (1880) dans lequel la communication du
Dr
Dransart se trouve in extenso.
Réaction de l'oreille sur
l'oeil.
Notons que dans ces
cas cités par M. le Dr Dransart et dans les nôtres c'est l'œil qui est lé premier
intéressé, l'oreille ne l'étant que postérieurement dans ses fondions
spéciales.
Or il étaitintéressant de savoir si jamais la vue avait
pu subir quelque trouble à lu suite d'une affection auditive. Le Dr
Dransart, examinant lui-même cette question, cite tout d'abord Sichel qui en 1865 publia dans les Annales
d'oculistique (t. LIII, p. 187) un travail intitulé: De la coexistence de la cécilé avec
la surdité, et surtout avec la surdi-mutité. Il rappelle ensuite une
communication que le Dr Coppez (de
Bruxelles) fit en 1878 au congrès de Genève, se rapportant à une série de faits dans lesquels
l'affection oculaire avait son
origine dans un traumatisme ou dans une affection de l'oreille.
Ainsi donc M. Coppez établissait en 1878
que l'oreille réagit sur l'œil et M. Dransart prouvait en 1880 que
l'œil à son tour réagit sur l'oreille.
FAITS PHYSIOLOGIQUES
Réaction de
l'oreille sur l'œil.
AUDITION COLOREE
A l'appuides faits
de lésions del'oreilleconsidérées comme
causes d'une
altération de la vue du même côté, ainsi que de l'influence de la neuricité sur l'oeil par l'intermédiaire de
l'oreille correspondante, nous pouvons citer les faits d'excitation de
l'ouïe, physiologiques pour
les uns,pathologiques pour les autres,qui chezcertaines personnes provoquent des sensations
lumineuses et colorées.
Ce phénomène extrêmement
curieux porte le nom d'audition colorée (hearing colour des Anglais).
Le Dr Pedrono a publié en 1882 un article
pleint d'intérêt sur ce phénomène.
1. De
l'audition coloree par le Dr Pedrono (Voy. Annales d'oculistique do
Warlomont. Nov. et déc. 1882, 5 et 6 livres, t. LXXXVIII,
12 série, T. S., p. 224).
L'auteur définit l'audition
colorée un fait dans lequel deux sens distincts sont mis simultanément en activité par
une excitation portant seulement sur l'un d'eux.
Pour donner une définition plus directe et
plus explicite on peut dire que l'audition colorée est l'audition d'un
son accompagnée immédiatement. d'une sensation
lumineuse et colorée.
Les premières
observations sur ce phénomène ont été publiées par les Allemands qui ont créé d'ailleurs le
nom d'audition colorée (Nussbaumer, 1873.; Bleuler et Lehman).
Le Dr
Pedrono, qui a lui-môme étudié ce phénomène, dit que la première
sensation perçue est une sensation lumineuse, que la sensation colorée,
lorqu'elle se produit vient après et dépend de l'intensité du son ou du bruit.
En
effet tout son et tout bruit produisent chez quelques sujets (disons-les
privilégiés) une perception chromatique. Si c'est un son, son d'un instrument
ou son de la voix humaine parlée ou chantée, il s'accompagne de la perception
d'une couleur qui varie peut-être
avec les notes mais sûrementavec les instruments
et avec les personnes,
tout en étant toujours ta même pour la même personne. Celle couleur est plus ou moins brillante
suivant que le son est plus ou moins haut et plus ou moins
intense. Les voix bleues seraient les plus communes, les voix vertes les plus
rares, et les voix jaunes les plus agréables. Si c'est un bruit les couleurs
sont toujours sombres. L'auteurajoute que les
sensations colorées n'ont rien d'objectif; qu'elles sont extériorisées et que
leur extériorisation est purement subjective.
Il nie que l'image colorée soit dans le champ
visuel. Elle est pour lui dans le champ auditif et siège là
où le son retentit.
Abordant l'explication duphénomène ilcroit qu'il existe un centre chromatique, que ce centre
chromatique est en communication avec le
centre auditif, soit par continuité soit par contiguïté. Cela étant
admis le phénomène se produirait de la manière suivante : un son
ou un bruit après avoir impressionné l'organe de l'audition est transmis parle nerf acoustique
(conducteur indif-
feront) au centra
auditif, là il excite telle cellule auditive qui serait en rapport avec telle cellule centrale
chromatique. Il en résulte une perception lumineuse et colorée qui est
extériorisée dans le champ auditif.
Le Dr Baratoux partage la
manière de voir sur ce point du Dr Pedrono. Le Dr Grazzi (de Florence)
incline pour la même interprétation dans un travail original
qu'il a bien voulu nous envoyer*.
Nous pensons, nous, que les communications
établies par le trijumeau entre l'oreille et l'œil peuvent suffire pour
expliquer l'audition colorée.
Dans le phénomène de l'audition
colorée c'est l'oreille qui est la première en cause, la première
impressionnée, et l'impression qu'elle reçoit serait donc transmise aux
cellules centrales auditives et se
propagerait de là aux cellules centrales chromatiques, ou bien
elle divergerait après un certain trajet : une partie serait portée
directement au centre auditif et l'autre au centre chromatique par les
anastomoses.
Réaction de l'œil sur
l'oreille.
VISIONSONORE
Le 0' Pedrono dit qu'on a observé, chez
quatre personnes, des sensations auditives résultant de sensations de
lumière et de couleur.
Ici l'impression
transmise d'un centre à l'autre ou d'un nerf de sensibilité spéciale à un autre
suivrait donc un trajet inverse de celui suivi dans le phénomène de l'audition
colorée. Ce serait le phénomène de la vision sonore.
De même que certaines personnes
verraient par les oreilles d'autres entendraient par les yeux.
1. L'adizione colorata (Bolletino
delle malattie dellorecchio, dellagola e del naso, anno 1, n 3, 1880).
APPENDICE
VOIX DE JEANNE D'ARC ACCOMPAGNEE DE CLARTE
En lisant le Procès de
condamnation de Jeanne d'Arc publie par Joseph Fabro (2 edition, 1884,
p. 55 et 56) j'ai ete frappe par ce passage du deuxième
interrogatoire publié où il est dit que, répondant à ses juges, Jeanne d'Are déclare qu'elle avait treize
ans quand elle eut une vois et que cette voix vint vers l'heure de midi,
en été, dans le jardin de son père; qu'elle entendait celle voix
à droite, vers l'église; que rarement elle l'entendait sans
clarte, que celle clarté se manifestait du même côté par où elle
entendait la voix, ajoutant qu'il y avait communément une grande clarté.
Ici l'excitation du
centre auditif ne partait pas de l'extérieur, elle était le produit d'une
hallucination, mais elle n'en était pas moins réelle pour cela. Or celte
excitation du centre auditif, quoique de provenance interne, ne se
propageait pas moins au centre qui préside aux perceptions lumineuses.
Telle est l'explication que la science
moderne me semble pouvoir donner de ce phénomène particulier survenu
dans la vie de Jeanne d'Arc et qu'aucune
auteurne parait avoir fourni avant moi, On remarquera que non seulement la voix
était entendue par elle avec une grande
clarté mais que cette clarté se manifestait du
méme côté par où elle entendait cette voix.
L'extérioration de la perception lumineuse
semblait se faire dans le champ auditif le premier impressionné quoique
subjectivement.
SENS DE L'ODORAT
Le sens de l'odorat
a pu être aboli en dirigeant les doigts d'une main réunis eu
faisceau vers l'ouverture de l'une ou de l'autre narine ou séparément
vers l'une d'elles si l'on voulait ne supprimer que d'un côté la faculté de percevoir les odeurs.
L'épreuve et la contre-épreuve ont été laites avec de l'eau de Cologne que nous
avions sous la main.
SENS DU GOUT
Il aurait pu être supprimé
complètement en anesthésiant tout l'intérieur de la bouche, mais nous ne
l'avons pas fait pour des raisons de convenances. Nous nous sommes borné
à agir sur les deux tiers antérieurs
de la langue en nous servant pour le contrôle de diverses substances
amères et sucrées. A ce propos nous rappellerons que le nerf lingual
donne la sensibilité générale et spéciale
aux deux tiers antérieurs de la langue et le glosso-pharyngien au tiers
postérieur.
En finissant l'étude
des modifications produites par les; radiations digitales fixes sur les fonctions des
organes des sens, nous ferons remarquer que
de même que l'anesthésie et l'hyperesthésie des téguments avaient pu se montrer a des degrés
divers, do même la cécité, la surdité, la suppression de l'odorat
ont pu se montrer à des degrés plus
ou moins accusés suivant la durée des radiations digitales fixes.
EFFETS THERAPEUTIQUES DE L'ANESTHÉSIE PROVOQUÉE
La propriété qu'ont
les radiations digitales fixes d'anesthésier une région donnée du corps a
été souvent mise à contribution par nous pour calmer des
douleurs chez mademoiselle G,.. Très souvent elle se plaignait de vives
douleurs épigastrique, c'était même le symptôme prédominant parmi
les phénomènes douloureux observés chez elle. Ces
douleurs disparaissaient en quelques secondes lorsque, nous dirigions nos doigts vers la région
qui en était le siège. Le calme s'annonçait toujours par un soupir
profond et une exclamation de grande satisfaction.
Mais je dois dire que celle radiation
digitale intéressant sinon le diaphragme, tout au moins les muscles
thoraciques voisins, causait parfois de la gène dans le jeu mécanique de
la respiration.
TOUX
J'ai pu calmer la toux plusieurs fois en
visant avec mes doigts la région du larynx
au-devant du cou. Cette toux de nature nerveuse dans un cas se
trouvait, dans d'autres cas, liée à une légère laryngé-trachéite
et était accompagnée de coryza.
NEVRALGIE DENTAIRE
J'ai de même réussi a calmer des douleurs
provoquées par la carie d'une dent en neurisant la dent malade avec les rayons
digitaux.
DISPARITION DE LA NEVROLOGIE
DENTAIRE EN RENDANT LA MALADE SOURDE
Nous pûmes cependant calmer cette
douleur plus sûrement et plus complètement en neurisant les oreilles
de manière à amener la surdité.
Voici les faits.
C'était le 5 novembre 1880; comme notre
jeune malade se plaignait de souffrir des dents, j'examinai sa bouche et je
découvris une dent molaire très cariée à gauche; je dirigeai mes
doigts vers cette dent, mais la douleur ne fut que très peu diminuée. Ayant répété cette expérience, dans le désir de
calmer complètement la douleur, la malade s'endormit. Je la
réveillai, mais elle accusa de nouveau de
la douleur. De nouveau je dirigeai mes doigts vers la dent malade et de
nouveau elle s'endormit. Je la laissai alors reposer un instant espérant
qu'à son réveil elle continuerait à ne plus souffrir comme dans
l'étal de sommeil. Mais l'ayant réveillée
elle se plaignit de nouveau de souffrir. Mon but était de calmer la
douleur sans déterminer le sommeil.
J'eus alors l'idée de
supprimer l'ouïe isolément, en un mot de la rendre sourde. J'anesthésiai
d'abord une oreille dans sa profondeur en présentant mes doigts
réunis en faisceau devant le conduit auditif du même côté;
mais la douleur dentaire ne fut qu'atténuée. Je fis la même
opération pour l'autre oreille et aussitôt la malade ne souffrit plus;
seulement elle n'entendait plus, elle était complètement sourde, elle
voyait remuer les lèvres des personnes qui lui parlaient et
cherchait à deviner ainsi, de même qu'à leurs gestes, ce qu'on lui disait ou
demandait; elle affirmait ne pas souffrir de lu dent si douloureuse un instant auparavant.
Je rendis alors
l'ouïe à l'oreille droite (en soufflant dans le conduit auditif droit) et elle entendit
faiblement mais se plaignit en même
temps d'une légère douleur à la dent. J'agis ensuite de
même sur l'oreille gauche et elle entendit très
distinctement et complètement mais
aussi elle souffrit complètement de la dent.
Je lui proposai de là rendre sourde
et de la laisser ainsi quelques heures mais elle préféra souffrir de sa carie
dentaire.
RELATION ANATOMIQUE ENTRE LE NERF
AUDITIF ET LE TRIJUMEAU
Le résultat remarquable que nous avons
ainsi obtenu trouve son explication dans
l'anastomose qui existe entre le nerf auditif et le trijumeau.
La racine
ganglionnaire ou sensitive du trijumeau présente a son origine dans le bulbe une anastomose avec le
nerf auditif (racine de sensibilité spéciale).
Or c'est évidemment
par l'intermédiaire de celle racine anastomotique que l'anesthésie de l'oreille s'est
propagée au nerf dentaire ou souffrance (dépendance du trijumeau).
Ainsi s'explique l'action favorable des
divers calmants placés dans le conduit auditif dans le but de faire cesser les
douleurs dentaires, qu'il s'agisse d'une
simple névralgie ou de douleurs liées à la carie des dents.
ACTION DES RADIATIONS
DIGITALES FIXES SUR LA MOTILITÉ
Les radiations digitales fixes dirigées
vers un muscle en déterminent la
contraction après quelques secondes et celte contraction est tantôt continue et tantôt intermittente. Mais
pour que la contraction du muscle visé ait lieu il faut que préalablement la
région visée soit anesthésiée. Or celle anesthésie a lieu forcément par
le seul fait de viser avec les doigts une
région choisie des téguments.
Quand on vient à diriger les doigts
maintenus immobiles vers une région
musculeuse du corps, il se produit d'abord de l'anesthésie sur la
région visée puis bientôt la contraction du muscle ou des muscles
sous-jacents,si l'opération dure un certain temps. A l'anesthésie devrait en réalité succéder tout d'abord l'hyperesthésie,
mais comme la contraction musculaire survient rapidement, cette phase de l'hyperesthésie passe inaperçue parce qu'elle est
très courte. Celle hyperesthésie consécutive à l'anesthésie n'est
bien perçue que dans les régions ou dominent les tissus fibreux.
Aussi, bien que l'anesthésie préalable
soit la condition nécessaire de la contracture musculaire dans l'emploi des
radiations digitales fixes, dans l'étal de veille, et comme précisément cette anesthésie est inévitable, nous maintiendrons
à cette place l'élude
1. Voy. p. 90 les
relations établies entra tes yeux et tes oreilles.
de la contracture musculaire qui la suit
lorsque les radiations digitales fixes sont
maintenues durant un laps de temps suffisant.
ACTION DES RADIOATIONS DIGITALES FIXES SUR
LES MUSCLES DE LA VIE VEGETATIVE
Les radiations digitales
fixes ont toujours porte leur action
sur les muscles de la
vie de relation, et nous n'avons pas le souvenir de cas dans lesquels ces radiations aient impressionné les muscles de
la vie végétative. Pourtant celle dernière influence nous parait possible.
ACTION DES RADIATIONS DIGITALES FIXES SUR LES
MUSCLES DE LA VIE DE RELATION
Plus haut (p. 45 et 46), nous avons
raconté comment à trois reprises différentes nous avions pu déterminer
la résolution d'une contracture des musclesde la jambe qui plaçait les pieds dans l'attitude du pied bot varus.
Le 1" novembre 1880 nous avions, dans
la matinée par des passes appliquées déterminé pour la deuxième fois la
résolution de la contracture musculaire qui
tordait les pieds en dedans.
Après celle opération qui avait
pleinement réussi, la malade restant éveillée et assise sur un canapé, je m'assis
en face d'elle à la distance déplus de deux mètres.
Jelui demandai alors si elle avait encore les pieds tordus, et pendant
ce temps, accompagnant la parole du geste, j'avais ma main dirigée vers son
pied gauche. Comprenant que je lui demandais de me montrer le pied gauche elle
voulut le porter en avant et le dégager des
vêtements qui le recouvraient mais elle ne put le mouvoir. Alors m'étant approché je constatai que la jambe était raide
dans la position qu'elle occupait lorsque je m'étais assis en face
de la malade, c'est-à-dire dans la flexion à angle aigu de la
jambe sur la cuisse et du pied sur la jambe.
J'avais dès le
principe pris l'habitude de ne jamais passer outre lorsqu'un fait nouveau et
jusque-là inexpliqué se présentait à mon
observation. Cette contracture, cette
raideur musculaire, qui n'existait pas un
instant auparavant et qui s'était produite depuis que m'étant assis en face do
la malade j'avais, tout en la questionnant, dirigé mes mains vers son
pied, fixa mon attention, et je pensai
qu'il pourrait bien y avoir quelque corrélation entre elle et le geste que j'avais fuit. Je m'abstins de faire
la moindre remarque sur ce point encore obscur qui en excitant ma
curiosité exigeait une vérification ou une contre-épreuve. D'ailleurs je m'étais
fait une régle de ne jamais manifester, dans
la mesure du possible, soit par la
voix, soit par le geste, soit par l'expression de ma physionomie le
sujet de mes préoccupations, ni de montrer le but que je poursuivais lorsque
je cherchais la solution des problèmes qui dans le cours de mes visites
s'offraient a moi si fréquemment.
Le fait que je venais
d'observer fortuitement et dont j'avais cru deviner tes conditions essentielles de production,
exigeait donc une vérification.
Devant donc me placer dans les mêmes
conditions essentielles d'expérimentation
je commençai par résoudre la contracture. Il me suffît pour cela de
malaxer le pied et la partie inférieure de la jambe.
La jeune fille resta assise sur le canapé
maîtresse de tons ses mouvements; je m'assurai du reste que tous les muscles
étaient dans la résolution et qu'il
n'existait de l'anesthésie nulle part, qu'en un mot elle se trouvait dans les conditions habituelles de l'état de veille.
Je repris ma place ; je priai alors la
malade de se pencher en avant pour regarder son pied que je désignai d'ailleurs
du geste avec ma main ouverte, les doigts légèrement écartés. Dés que sa
tête fut sur le prolongement de l'un de mes doigts elle ne put plus la
mouvoir malgré toute mes sollicitations. Je cessai un moment alors de viser
son pied avec mes doigts et lui dis de porter sa
main droite vers ce mémo pied, ce qu'elle fit, et ayant porté de nouveau
ma main en avant et dans la direction dela main droite du sujet je vis que je l'avais immobilisée, car sur mon
invitation la malade ne put la mouvoir.
Toutes ces
opérations furent exécutées en moins d'une minute peut-être. Je cessai de nouveau do viser
quelque point du corps que ce fût.
A ce moment donc elle
avait la tète et le bras droit immobilisés; je m'approchai et je
constatai une raideur des muscles du cou, de l'avant-bras droit et de la main droite et aussi
desmusclesde la jambe et du pied qui conjointement avaient été visés.
En portant doucement
la tête et les membres, ainsi rendus immobiles, dans les divers sens de leurs mouvements,
je redonnai aux muscles contractures toute leur souplesse et la malade reprit
sa position naturelle et put exécuter
spontanément tous les mouvements qu'elle voulut ou que je lui
conseillai de faire.
Je repris ma place, puis visant tantôt un
bras tantôt l'autre, je pus immobiliser chaque fois les régions musculeuses
visées, et m'assurer en môme temps qu'il suffisait do cinq secondes pour cela
faire.
Ainsi donc à
la distance d'environ 2 mètres et en cinq secondes de temps je pouvais provoquer la raideur
d'une main en la visant
avec mes doigts.
J'ai varié plus tard l'expérience, car
j'ai eu l'occasion de la répéter souvent, aussi bien devant l'entourage
habituel de la malade que devant des confrères.
Un jour j'invitai la
malade à prendre son mouchoir et à se moucher, ce qu'elle fit; puis dès
qu'elle eut saisi son nez, je dirigeai vers
cet organe les doigts de l'une de mes mains; sa main resta comme adhérente et dans la position exacte
qu'elle avait au moment où je
dirigeai vers elle l'extrémité de mes doigts.
Je répétai plusieurs fois cette expérience
et comme on peut le supposer elle excitait
toujours une grande hilarité chez la malade et surtout chez les
personnes présentes.
J'avais employé fréquemment la malaxation
de la région ainsi raidie pour faire cesser la contracture. Fréquemment
aussi j'employai un autre moyen très
commode et très prompt dans ses effets, je veux dire le souffle. Il en sera longuement question plus lard.
La contracture une
fois produite, j'ai à peine besoin de le dire, ne pouvait être
combattue par les moyens ordinaires. On aurait plutôt brisé les os ou déterminé quelque grave
lésion du côté des ligaments et des surfaces articulaires. Ce danger était
d'autant plus a craindre que plus on
faisait d'efforts pour redonner aux membres contractures et fléchis ou étendus
leur souplesse et leur position naturelle, plus les muscles se
contractaient.
Les personnes dénuées
de pouvoir neurique et qui intervenaient se consumaient en vains efforts
quelles que fussent les manœuvres employées, aussi bien les manœuvres
ordinaires que celles méthodiques spéciales de la neurisation résolutive.
Moi-même je devais recourir à
celles-ci, malaxer la région, souffler dessus, ou faire certaines passes ainsi
qu'il sera dit plus loin.
Je pourrais citer ici un de nos maîtres
les plus éminents en physiologie qui ne put réussir a faire cesser une raideur
musculaire de toute la main et du poignet
que par des radiations digitales fixes je venais de produire à
distance sous ses yeux. Et comme je liens à être précis en tout,
je dirai que c'était le 20 février 1881, à deux heures et demie de
l'après-midi.
Tout le monde peut disposer d'un courant
électrique et l'employer avec plus ou
moins d'à-propos suivant les circonstances et suivant les connaissances acquises. Mais tout le
monde, semble-t-il, n'a pas à sa disposition celle force
particulière dont j'ai étudié plus
haut les propriétés physiques si remarquables et dont j'expose en ce moment les propriétés physiologiques et
thérapeutiques non moins importantes. Désignez cette force qui émane du
corps humain du nom qu'il vous plaira, peu importe; faites-la naître, se
développer, circuler dans l'organe ou les organes qu'il vous conviendra le
mieux, assimilez-la à telle ou telle force connue, distinguez-la de telle ou telle autre force, vous
ne sauriez empêcher qu'à
des effets certains ne réponde une cause toute aussi certaine malgré
l'obscurité qui peut encore entourer sa nature.
Surpris sans doute et peut-être
stupéfait de ce qu'il venait de constater,
l'éminent professeur ne consentit pas à reconnaître que
cette sorte de tétanisation des muscles, ainsi
produite à distance par le seul fait de tes avoir visés avec le bout de
mes doigts, pût être causée par
Faction de quelque force particulière émanant de mes
doigts memes. Selon lui, ce devait être en tous cas un agent connu : la
chaleur, par exemple, a un degré très bas, ou dans des conditions non
encore déterminées. Mais personne n'ignore qu'il n'y a pas différentes espèces ou qualités de chaleur, et par
conséquent n'importe qui, avec la
chaleur naturelle de son corps ou avec la chaleur artificielle d'une
lampe, d'un foyer de chaleur quelconque, aurait pu obtenir les effets que je
suis forcé d'attribuer, moi, a une force
particulière. Or aucun effet de l'ordre de ceux obtenus avec
l'emploi de la force neurique n'a jamais été obtenu par l'emploi de la chaleur
(1).
La force particulière que j'appelle
neurique, car il fallait bien
la baptiser, semble
être nulle chez un grand nombre de personnes,
extrêmement faible chez d'autres, et
plus ou moins intense chez
quelques-unes. Jusqu'à ce jour le
nombre des personnes qui en
seraient douées à un haut degré
parait rare. Mais il convient de
faire remarquer que beaucoup parmi celles
qui en sont douées
réellement l'ignorent et ne s'en
aperçoivent souvent un beau jour
que par suite de
circonstances fortuites. A quel âge se montre celte
force, quand disparaît-elle, quelles sont
les conditions de santé ou
de maladie qui la renforcent ou
l'affaiblissent? ce sont autant de
questions qui méritent des recherches
sérieuses. J'espère bien
qu'un jour la
lumière se fera sur tous ces points encore enveloppés
d'obscurité, et ce sera peut-être
grâce à la confection de quelque
appareil, avec lequel il sera possible de
mesurer la force neurique
de chacun, quel que soit d'ailleurs le nom
donné à cette force,
qu'elle soit dite électro-neurique,
zoique, thermique ou thermo-
neurique.
i. Je
me bornerai a mentionner à ce propos que le Dr Azam (de fardeaux) a
fait intervenir, pour l'interprétation de certains
phénomènes, l'hyperesthésie du sens thermique. Grâce a cette
hyperesthésie, les plus faibles traces do chaleur seraient vivement perçues.(Cité
par M. Mathias Duval : Leçons sur la physiologie dusystème
nerveux (sensibilité.)
D'ailleurs peu importe ici le choix des
mots, et je fais pour ma part volontiers
abandon de toute théorie, jugeant qu'il convient de tenir avant tout aux faits. Faut-il rappeler ici
que les théories avant qu'elles ne soient définitivement adoptées ou
rejetées ne sont que de simples
hypothèses destinées a servir de guide aux chercheurs dans les nombreux tâtonnements auxquels ils sont
exposés?
Le chercheur consciencieux, respectueux de
lui-même et des autres, a pour
principal objectif l'observation rigoureuse des faits, et quand il les a
exposés tels qu'il les a observés, il ne saurait admettre qu'on les rejette
sans contrôle. Aussi, pour que cette tache
puisse être remplie, il a toujours soin de bien indiquer dans quelles
conditions il a opéré en poursuivant ses recherches.
J'ai toujours pris grand soin, pour ma part, de me conformer à ces préceptes.
Celte discussion un peu longue me sera
pardonnée, je l'espère, car elle
trouvait bien ici sa place à côté d'un des faits qui peut être invoqué
comme l'un des plus démonstratifs de l'existence réelle d'une force particulière dans le corps humain et de la propriété
qu'elle a d'en émaner pour produire, suivant les circonstances et dans un autre corps humain, certaines
modifications de fonctions. On peut opposer, il est vrai, et c'est une tendance
bien marquée du jour, qu'il ne s'est agi que d'un fait de suggestion.
Je ne le crois pas, car le fait de la suggestion ne pouvait certainement
pas être invoqué le jour où,
pour la première fois et bien inconsciemment, je provoquai la contracture musculaire à
distance. D'ailleurs les faits démonstratifs
ne manqueront pas d'être variés et nombreux dans le courant de cet
ouvrage.
Pour mettre fin à cette digression,
nous n'ajouterons qu'une simple remarque :
c'est que la science n'est pas basée toute entière sur des
procédés de recherches qui ont la vivisection pour condition essentielle. Je
reprends maintenant la suite de l'exposé de nos recherches. J'ai varié mes expériences tout en leur
conservant les caractères essentiels qui les distinguent. Un jour que la malade était assise et éveillée
sans anesthésie sur
aucun point du corps et sans
contracture d'aucun muscle, je l'engageai à relever son pied au-dessus du sol
on étendant horizontalement la jambe, ce qu'elle fit. Après m'etre
assuré que les muscles n'étaient pas
contractures, je dirigeai aussitôt mes doigts vers le milieu de la
jambe; au bout de quelques secondes, les muselés de la région étaient comme tétanisés
et te membre se maintenait ainsi immobile
dans la position horizontale. Je fis la môme opération pour l'autre jambe et les deux membres inférieurs restèrent ainsi parallèlement
immobiles dans la position horizon-laïc.
Nous les laissames dans cette position le temps qui nous parut suffisant
pour acquérir un surcroît de preuves de la réalité des phénomènes provoqués. Puis nous déterminâmes le relâchement des
muscles et la chute des membres, au moyen du souffle.
Dans une autre
circonstance,et plusieurs fois depuis, nous fîmes une expérience qui paraissait frapper
beaucoup l'esprit des personnes qui en étaient témoins.
La malade étant
éveillée, debout» dans les conditions ordinaires, je lui dis de prendre ses dispositions pour me
donner un bon soufflet sur la joue. Je passe sur la surprise que lui
causa celle proposition et sur ses hésitations premières. Mais comme je
la priais avec beaucoup d'insistance de me frapper a la figure, elle se mit en
mesure d'obéir. Elle leva son bras, le porta un peu en dehors horizontalement, comme pour prendre l'élan, puis le porta vivement
vers moi la main ouverte dans la direction de ma joue. De mon côté, je me tenais prêt à opérer, et dirigeant
brusquement ma main ouverte et les doigts tendus en cercle vers son
bras, à une certaine distance, je l'arrêtai en l'immobilisant.
Nous avons vu plus haut en traitant de
l'anesthésie provoquée par les radiations digitales fixes que la tétanisation
des muscles suivait fréquemment l'anesthésie de la région.
Dans ces expériences, où la
tétanisation est déterminée par les radiations
digitales fixes, il arrivait souvent que l'action neurisante gagnant les
centres nerveux par diffusion, probablementle long des nerfs, le sommeil survenait.
CONTRACTIONS INTERMITTENTES
Jusqu'à présent il n'a été question
que des contractions continues ou
contractures, ou tétanisation, provoquées par les radiations digitales
fixes. Mais j'ai pu parfois provoquer des contractions intermittentes ; cela
n'advenait, me semble-t-il, que lorsque je
n'agissais que sur un muscle, et en réalité ce fait ne s'est produit bien nettement que lorsqu'il s'agissait des
muscles qui font mouvoir les doigts. Soit un muscle extenseur d'un dos
doigts : si je dirige fixement l'extrémité des doigts de ma main réunis en
faisceau ou celle de deux ou trois doigts
seulement vers un point de la longueur du
muscle ou de son tendon, le doigt correspondant auquel se rend le muscle
devient le siège de mouvements intermittents; les mouvements cessent de
se produire dès que mes doigts se sont éloignés.
SPASME PROVOQUEE DES MUSCLESLARYNGÉS
Précédemment j'avais
pu, par des radiations digitales fixes faites en regard du larynx au-devant du
cou, faire cesser la toux sans supprimer la voix. Dans ce cas
l'anesthésie de la muqueuse laryngée ou laryngo-trachéale n'avait pas été
suivie de contracture des muscles de la région parce que l'opération avait été
très courte. Mais si les radiations digitales se prolongent un peu plus, les muscles se contractent d'une manière continue et la
voix se trouve supprimée.
Nous n'avons pas
fait d'examen laryngoscopique parce que nous craignions d'agir trop profondément par les rayons
oculaires réfléchis sur le miroir. D'autre part, lorsque nous supprimions ainsi la voix, nous n'avions pas a côté de nous
un confrère qui pût faire sans inconvénient possible des
examens pour nous. Mais si nous jugeons de ce qui s'est passe profondément par
les effets obtenus dans d'autres régions,
sous l'influence des radiations digitales fixes, il est légitime de conclure
qu'il s'est produit un spasme des muscles qui concourent aux mouvements
des cordes vocales
et que leur immobilité
spasmodique est la vraie cause de l'aphonie. D'ailleurs, sur cette même région, nous
pourrons juger de ce qui s'est passé profondément du côté du larynx
lui-même par ce que nous avons pu
constater superficiellement. Les muscles superficiels du cou,
accessibles au toucher, étaient contractures, et la
respiration était unpeu gênée par suite de l'immobilisation des premières côtes. J'ai
saisi alors la tète dela malade et t'ai inclinée doucement dans les divers sens jusqu'à
ce que la souplesse fût revenue au cou. La jeune fille continua a
être aphone; je n'avais fait que
relâcher les muscles qui entourent ou avoisinent le larynx au cou et
n'ont aucune action sur les mouvements des cordes vocales. Je rendis la voix à la jeune fille par
l'emploi du souille.
Celle expérience si intéressante a été répétée dans la même
séance
et plusieurs fois depuis avec un égal succès.
RADIATIONS DIGITALES FIXES REFLECHIES
Au lieu de suivre une ligne droite, les rayons
digitaux peuvent se briser sur leur parcours en se réfléchissant soit sur une
surface plane, telle qu'une glace ou même un mur, soit sur une surface
courbe. Nos premières expériences nous avaient montré qu'une force
particulière ou si l'on préfère des ondulations
particulières, partaient de l'extrémité de nos doigts pour se propager
dans l'espace ambiant. Or, considérant que les ondulations sonores, que les
ondulations lumineuses ou calorifiques avec lesquelles, la force neurique ou zoïque,
peu importe le nom, a les plus grandes analogies pouvaient se réfléchir
sur les faces planes, telles que les glaces, je pensai qu'il pourrait en
être de même de laneuricite ou zoïcité.
Le 3 novembre 1880, étant auprès de
la malade, je fis apporter
une petite glace de forme carrée. Je la pris
dans ma main gauche
et tournai le dos à la jeune fille
qui se trouvait éloignée de l'objet
de 2,50 environ. Puis ayant cherché son
visage dans cette glace, je dirigeai les
doigts de ma main droite restée libre dans la direction de l'imago formée et je réussis a produire,
tout d'abord, dans cette première séance, l'exagération ou le réveil de
l'hyperesthésie du cuir chevelu en
visant précisémentsa tête. Plus tard, complétant l'expérience,je produisis sur elle
par réflexion tous les divers effets que comporte l'emploi des rayons digitaux fixes, y
compris le sommeil.
J'obtins les mômes
résultats en visant un point choisi do l'image formée dans la grande glace de la cheminée, lu
malade étant à 3 mètres de distance de celle-ci. De môme, en me
servant du mur de la chambre comme surface de réflexion.
Le lendemain 4
novembre j'utilisai comme surface de réflexion le plafond, le sol, la concavité d'un petit
chapeau de feutre dur, la concavité d'un petit miroir servant de réflecteur en
ophthalmoscopie.
Toutes ces expériences furent répétées souvent
depuis, et toujours avec succès, du
moins tant que l'amélioration de la santé de ta jeune fille ne fut pas très prononcée et que par cela
même la sensibilité à l'action de la neuricité persista
chez elle.
A la date du 3 novembre 1880 je trouve la
note suivante qui prouve que les radiations digitales fixes réfléchies
n'agissent pas seulement sur la sensibilité mais qu'elles ont aussi une
influence sur la motilité :« J'ai remarqué que
dans la réflexion des rayons digitaux je ne provoquais pas seulement des sensations douloureuses dansle cuir chevelu
visé, mais que je provoquaisencore de la raideur musculaire dans
d'autres parties du corps que les rayons neuiques réfléchis atteignaient, telles que le cou
ou bien la main du sujet au moment où elle se portail inopinément
à la tete. »
1.
Ainsi le 7 mars,à
7 heures du soir, j'ai endormi Mlle C... de la manière suivante: Pondant
qu'elle était au lit, j'ai dirigé l«s doigte do mes deux mains sur sa figure rèflèchie
sur la glace de l'armoire qui setrouvait au pied de son lit. Au bout
d'une demi-minute environ la jeune fille était endormie.
TIUNSIUDIATION DIGITALE
FIXE
Nous avons pu aussi
employer la radiation digitale fixe avec tons ses effets connus a travers une lentille et un
prisme en cristal, ainsi qu'à travers divers obstacles apparents, tels
qu'une porte, une plaque de carton épais,
un mur en maçonnerie plus ou moins profond, etc,
RADIATIONS DlGITALES FIXES REFRACTEES
Les effets provoqués par les radiations
digitales fixes à travers une lentille biconvexe en cristal sont les
mEmes que ceux obtenus
directement, mais plus intenses. Les circonstances
ne nous ont pas permis de réaliser le projet que nous avions formé d'opérer
avec une très forte lentille biconvexe, capable d'augmenter d'une
manière très notable l'intensité d'action des rayons neuriques.
Cet appareil dans notre pensée aurait servi
à révéler le degré même le plus faible de force neurique chez
une personne donnée, à utiliser la force neurique réunie d'un nombre
déterminé de personnes et à employer ainsi la force neurique en la
graduant et en proportionnant son degré d'action à celui des effets
qu'on se proposait d'obtenir. Nous avions déjà tracé dans notre esprit
une ébauche de cet appareil. 11 consistait en un cylindre fait avec quelque
substance isolatrice de la force neurique. Ce cylindre aurait été muni
à l'une de ses extrémités d'une forte lentille disposée de
manière à obtenir un foyer de concentration de rayon à une
distance voulue, et à l'autre extrémité d'une sorte d'entonnoir de môme
substance que le cylindre. L'extrémité munie de la lentille étant dirigée vers
un point choisi du corps sur lequel on se propose de déterminer certains
effets, on placerait à l'autre extrémité qui est munie d'un entonnoir
une ou plusieurs mains, les doigts disposés dans la direction de l'axe du
cylindre. L'idée
fondamentale de ce projet, que nous avions conçue dès le début de nos
recherches en 1880, a, précisément durant celte même année, conduit de son
côté M. Martin Ziegler (de Genève) à construire un appareil composé de plusieurs
lentilles. Avec cet appareil, qui donne une forte tension au rayonnement
magnétique . terrestre qui le traverse, M.
Martin Ziegler a pu utiliser le rayonnement humain émané de
l'extrémité des doigts et même du creuse de la main et obtenir les mémes effets
qu'arec Je rayonnement magnétique terrestre, déterminer des mouvements
péristaltiques violents dans l'intestin de lapins, irriter telle ou
telle partie du cœur de cesanimaux, etc.
Des expériences relatées dans le mémoire du môme
auteur paru en 1861 et intitulé : Le rayonnement magnétique, et de
celles brièvement indiquées dans
celles de ces lettres qui sont rapportées plus loin il résulte :
1° Que M. Martin
Ziegler admet l'existence d'un rayonnement humain : < Depuis 1874, dit-il dans sa brochure, j'ai eu
très souvent l'occasion de constater qu'une rayonnement irritant émane
d'une manière constante de l'homme
et des animaux »;
2 Qu'il peut au
moyen d'un appareil formé de lentilles combinées, localiser le rayonnement
humain dans tel ou tel viscère ou dans telle ou telle partie d'un viscère
d'un animal et même de l'homme.
Nous transcrirons
maintenant ici, à titra de documents, quelques extraits de lettres reçues de M. Martin
Ziegler en date des 8, 16 et 18 juillet 1883.
Extrait
d'une lettre de M. Martin Ziegler du 8 juillet 1883
« En 1880, j'ai fait
une expérience qui peut vous intéresser. J'ai mis dans un panier un lapin chez
lequel on ne remarquait pas les mouvements péristaltiques des intestins. Latéralement, à la distance de la longueur du foyer magnétique, j'ai
placé verticalement une forte lentille, puis j'ai placé ma main gauche
ouverte dans le
foyer opposé. En moins d'une minute de violents
mouvements péristaltiques ont soulevé les flancs de l'animal.
» Cette expérience a été en plusieurs
séances répétée et contrôlée par le
professeur Schiff, le professeur Yung, le docteur Silvestre fils et M.
de Môle.
» A la mêmeépoque, j'ai construit un appareilcomposé de huit lentilles. Cet appareil donne une forte
tension au rayonnement magnétique qui
revient, dans ce nouvel état de tension, réagir sur la personne
même de laquelle il est émané. »
Extrait
d'une lettre de M. Martin Ziegler du 16 juillet 4883
a 11 y a dix-sept ans que j'ai commencé
mon étude et je lui ai
voué tout mon temps pendant dix ans. J'ai
employé les quatre
réactifs suivants :
1° ma propre personne; 2°des hommes robustes ;
3° quelques centaines
de lapins ; 4°les drosera et d'autres plantes.
Enfin j'ai traité et
guéri cent deux fiévreux.
» En ce moment je n'emploie que mon appareil à aimant arec deux de
ses angles seulement (appareil perfectionné cette année). Je localise l'action en faisant passer le courant
par mes cartouches graduées et cette localisation est tellement correcte
que je peux porter l'action à
volonté sur l'oreillette droite ou gauche du cœur ou sur l'un des
deux ventricules. Preuves : le mois dernier j'ai préparé un coeur de
lapin destiné à l'école de médecine. Après avoir irrité plusieurs jours de suite l'oreillette
droite pendant deux heures, j'ai tué l'animal, j'ai lié les gros
vaisseaux du cœur et j'ai extirpé cet organe avec les poumons. Puis en
présence du Dr Prévost j'ai lavé le tout a grande eau sous le robinet et j'ai
introduit cœur et poumons dans un verre à boire; il était trois
heures de l'après-midi. L'oreillette droite a continué à battre
et battait avec force a cinq heures quand
M. Prévost s'est retiré. Enfin celle oreillette, après avoir
battu toute la nuit, a encore battu jusqu'à midi et a servi à dix heures du matin à M. Élernod pour
expliquer à ses étudiants la théorie mécanique de ces mouvements. En
hiver la décomposition étant retardée la survie est encore plus longue.
» Si je localise l'irritation dans une
autre direction, la survie n'est que de
quelques minutes, de 5m à 45 minutes.
» Si j'irrite le
cœur droit d'un étudiant ou d'une autre personne, et si avant et
pendant l'opération je trace avec le sphygmographe les courbes des pulsations,
j'obtiens des tracés dans lesquels aucun physiologiste ne pourrait reconnaitre des
pulsations humaines.
» J'ajouterai pour votre gouverne que j'obtiens les
mêmes résultats en localisant dans le cœur le rayonnement humain,
à travers mes lentilles combinées, même celui qui émane du creux
de la main.
» En agissant sur le
foie et sur la partie cervicale, je peux ou favoriser ou empecher totalement la formation du sucre
dans le foie.
» Enfin j'ai le plaisir do pouvoir vous dire que
je ne manque plus aucune expérience depuis que je sais comment mes agents agissent dans l'organisme. Tout cela se passe
selon une loi physique physiologique. Cette loi n'a rien de choquant
dans la physique , officielle
et académique.
»On peut calmer ou irriter
individuellement chaque organe. »
Extrait d'une lettre
de M. Martin Ziegler du 18 juillet 1983
» Je
pourrais très facilement vous prouver que le rayonnement magnétique
émane do tous les points du corps avec la mêmeabondance,
comme le calorique.
» Un physiologiste italien a supposé dans
le temps que l'émission magnétique se faisait par les nerfs tactiles des doigts.
Moi j'ai de sérieuses raisons de croire que ces nerfs ont tout
simplement la propriété de donner au fluide
magnétique plus de tension, comme on peut augmenter la tension de
l'électricité sans en augmenter la quantité. La rétine peut avoir la méme
propriété. Je possède des appareils qui décuplent la tension du fluide
magnétique pris à une faible source et qui pourraient faire croire
à une émission dix fois plus grande. il y a plus, la structure des nerfs
tactiles est telle que je ne peux pas m'empêcher de les comparer à
de petits multiplicateurs. J'ai vu des oiseaux saisir
des mouches comme un moineau saisirait un grain de
blé. Les oiseaux ont des nerfs tactiles dans le bec et les insectes en question
ont tout l'air d'avoir subi une fascination, car vous ne réussirez pas souvent
a saisir un moucheron avec une petite pince. Le chat, qui est si magnétisable
et qui sait si bien fasciner un petit oiseau, a le péritoine garni de nerfs
tactiles qui ne se rencontrent pas dans le péritoine du chien.
»En résumé, le
rayonnement magnétique qui émane de l'avant-bras, de la poitrine ou d'une partie quelconque du
corps, peut être poussé à une
tension supérieure à celle que possède le magnétisme qui
émane spontanément des doigts.
» L'homme neutre n'existe pas; s'il ne
communique rien, c'est que chez lui la tension est un peu inférieure.
» Si je neutralise un lapin autant qu'il
m'est donné de pouvoir le faire, il meurt
anémique le septième, le neuvième ou le vingt et unième
jour, sans avoir donné le moindre signe de malaise. Ce n'est que Pavant-dernier
jour qu'il cesse de prendre de la nourriture, puis il s'endort pour ne plus se
réveiller. L'autopsie plusieurs fois faite avec Schiff et Zahn n'indique que de
la maigreur et une anémie extrême. »
« P.-S. L'expérience prouve que
tous les points d'un corps qui peuvent recevoir du magnétisme peuvent aussi en
émettre.
» Mes
lentilles vous prouvent que je suis parfaitement d'accord avec vous sur la question de la réfraction. Et
depuis longtemps je constate la réflexion. »
RADIATIONS
DIGITALES FIXES
REFRACTEES A TRAVERS UN PRISME
Un prisme interposé sur le trajet des
rayons digitaux non seulement les laisse passer, mais en rend encore les
effets plus intenses, et ces effets ne
cessent d'être ceux obtenus directement par les radiations
digitales fixes, c'est-â-dire l'exaltation de la sensibilité.
Mes premières expériences avec le
prisme eurent lieu le 18 novembre 1880.
RADIATIONS
DIGITALES, FIXES A TRAVERS DIVERS OBSTACLES APPARENTS
Nous savons
déjà qu'une porte, un morceau de carton, un coussin garni de laine, un châle plié en huit,
un mur épais de 0,50 a 0,80, etc., n'interceptent pas le passage des rayons
digitaux fixes. Il en est de môme des vêtements qui recouvrent le sujet. Nous avons pu agir aussi, les mains étant
gantées. Mais tout en se laissant
traverser par les dits rayons, ces objets en diminuent légèrement le degré d'action ainsi que la vitesse
relativement à ce qui se passe à l'air libre. Les effets
obtenus n'en sont pas moins certains et en tous points les mêmes que
ceux obtenus directement : anesthésie, hypéresthésie, tétanisation et sommeil
consécutifs.
Étant donné par exemple un mur en
maçonnerie de 0,50 d'épaisseur, je plaçais la malade à 0,40 ou 0,12 de
celui-ci, et de mon côté, passant dans la pièce voisine, je plaçais ma
main à 0,50 ou 0,60 de ce même mur, les doigts dirigés vers tel ou
tel point du corps de la malade.
J'ai pu ainsi tétaniser par, exemple
là main et le poignet du sujet. Nous ne reviendrons pas ici sur
l'interception produite par certains papiers colorés, etc.
Nous reviendrons par contre avec de plus
amples détails sur tes radiations neuriques fixes a travers les obstacles
apparents lorsque nous aurons à nous occuper des radiations oculaires et
pneumiques fixes ou mobiles. Nous dirons alors quelles précautions nous avions
prises pour que la malade ne pût en aucune façon connaître ce qui se
passait derrière le mur de mon côté autrement que par les effets par
elle éprouvés.
Les premières
expériences au moyen des radiations neuriques à travers une porte ou
un mur furent faites le 3 et le 6 novembre 1880.
Tour que l'étude de la transradiation digitale fixe
fût complète,
il aurait fallu la
poursuivre aussi dans ses effets relativement aux divers liquides et aux divers gaz interposés. Mais
nos observations n'ont porté que sur l'air ambiant et l'eau.
Les variations
hygrométriques, électriques ou autres, de l'air ambiant ont-elles quelque influence pour faire
varier le degré d'émission ou de tenaient de la force neurique? Nos
observations étant incomplètes sur ce point, nous ne pourrions rien dire
de précis pour le moment et il est facile de prévoir qu'on sera forcé de s'en
tenir a certaines conjectures jusqu'au jour où quoique instrument, neuro-dynamomètre ou zoo-dynamomètre,
permettra, avec l'aide des
instruments météorologiques déjà connus, d'établir, quelle
corrélation il peut exister entre les variations atmosphériques et les variations
neuriques.
Muni de tous ces
instruments de précision il sera possible alors de rechercher dans des
conditions d'expérimentation rigoureuses quelles modifications pourrait
apporter dans les effets des radiations neuriques digitales et autres l'interposition
d'un des nombreux gaz connus.
En ce qui touche aux
liquides, nos observations n'ont porté que sur Veau commune. Nous nous
bornerons à rappeler ici que l'eau ne se laisse pas traverser par les rayons
neuriques quels qu'ils soient, mais les
emmagasine, s'en imprègne, les absorbe, sauf à les restituer
lorsqu'elle est mise en contact avec le sujet choisi pour la neurisation.
La solution de ces
divers problèmes appartient aujourd'hui aux savants qui se sont voués à la recherche
d'un instrument capable de mesurer la force neurique ou magnétique.
EFFETS THERAPEUTIQUES DU POUVOIR
CONTRACTURANT DES RADIATIONS DIGITALES
FIXES
Les douleurs épigastriques dont se
plaignait la malade s'accompagnaient
fréquemment d'un gonflement sonore de la région, symptomatique de pneumatose
stomacale et par conséquent d'une
sorte de relâchement ou de
paresse des parois de l'estomac et des muscles droits du l'abdomen.
Il me suffisait alors de diriger les doigts d'une seule main vers la région
épigastrique plus ou moins soulevée par les gaz pour qu'aussitôt ou presque aussitôt il se produisit un
affaissemement, indice du retour de l'estomac à ses dimensions normales sous l'influence d'un retour
de sa contractilité et de celle des
muscles droits, en môme temps que la cessation des douleurs et le calme
parfait a la suite.
CONSIDÉRATIONS
GENERALESSUR LES VARIATIONS
DANS LES EFFETS DE LA NEURISATION PAR LES RADIATIONS DIGITALES FIXES
Les modifications de
la sensibilité générale périphérique et centrale, de la sensibilité spéciale et de la
motilité, les plus faibles, les plus
superficielles, les moins étendues, les moins rapides et les moins
durables, consécutives a l'emploi de la radiation digitale fixe, ont été celles
qui, a la plus grande distance possible, avec le plus d'obstacles interposés mais dianeuriques, avec un seul doigt, durant
le temps le plus court possible et sur une région la moins riche en troncs nerveux sensitifs importants,
étaient provoquées par le sujet doué du pouvoir neurique le plus bas, chez le
sujet neurisable au moment où il était doué de la réceptivité
neurique la plus faible.
Les modifications de la sensibilité
générale périphérique et centrale, delà sensibilité spéciale et de la motilitélesplus intenses,
les plus profondes, les plus étendues et les plus durables, consécutives
à l'emploi de la radiation digitale fixe, ont été celles qui, à
laplus petite distance possible, sans obstacle interposé, avec le plus grand nombre de doigts, durant le temps
le plus long possible et sur une région la plus riche en troncs nerveux
sensitifs importants, étaient provoquées
par le sujet doué du pouvoir neurique le plus élevé, chez le sujet au
moment où il était doué de la réceptivité neurique la plus grande.
Entre ces conditions
extrêmes on pouvait observer tous les degrés intermédiaires.
J'ai dit que le sujet
neurisateur était doué tantôt d'un degré de pouvoir neurique très
élevé et tantôt d'un degré très inférieur.
Je représentais
habituellement le sujet neurisateur, et mon pouvoir neurique que je crois
très prononcé n'a jamais varié, autant quej'aipu enjuger.
Mais j'ai eu l'occasion plusieurs fois do
charger de mon rôle d'autres personnes d'un
âge adulte, douées d'une bonne santé, Or les unes ne parvenaient à exercer aucune action sur la jeune
fille, d'autres n'en exerçaient
qu'une très faible, d'autres enfin avaient une action assez
accusée quoique bien inférieure à la mienne.
Je n'ai pas pu faire des recherches sur
l'influence de l'âge, du tempérament et de la santé sur le pouvoir neurique de
chacun. C'est une étude beaucoup plus
générale que celle à laquelle je me suis consacré, mais qui
mériterait une sérieuse attention.
11 serait intéressant de savoir à
quel âge commence à se développer
le pouvoir neurique d'une personne et a quel âge il s'affaiblit et
s'éteint;quelle est l'influence du tempérament
nerveux, de la capacité intellectuelle, des
maladies en général et spécialement de celles du système nerveux.
D'autre part, j'ai
dit que le sujet neurisable, que nous traitions et observions, était doué d'une
réceptivité neurique dont la puissance variait.
Chez cette jeune fille, la faculté
d'être impressionnée par la force neurique, très prononcée au
début de sa maladie, s'était affaiblie
graduellement jusqu'à disparaître presque complètement an
fur et à mesure que je la traitais.
J'ai aussi remarqué
que le degré de réceptivité ou d'impressionnabilité neurique augmentait
chez elle après chaque série de pratiques neuriques faites en vue de la traiter et de
l'étudier. Mais cette impressionnabilité
ainsi augmentée ne dépassa jamais le plus haut degré auquel elle avait
atteint dès le début, et, en général, comparée
à celle d'époques antérieures, elle lui était certainement inférieure.
RÉSUMÉ DES PRINCIPALES
MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE
ET DE LA MOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES
RADIATIONS DIGITALES FIXES
tes
radiations digitales fixes employées dans l'état de veille et sans anesthésie
préalable, spontanée ou provoquée, du sujet sur un point
quelconque de ses téguments peuvent :
1°
Anesthésier momentanément les téguments, quand elles sont de
courte durée; produire cette anesthésie sur place ou plus loin par transfert ou par
diffusion ;
2°
Hyperesthésier momentanément les téguments si elles persistent ;
3°
Provoquer la contraction intermittente ou continue, de durée variable,
des muscles de la région visée, si elles persistent davantage;
4°
Endormir à des degrés divers, si elles persistent encore davantage,
ou si elles intéressent quelque tronc nerveux important ou une région voisine du
cerveau;
5°
Affaiblir ou abolir momentanément ta vue, l'ouïe, l'odorat, la sensibilité tactile de la
langue;
6° Calmer des
névralgies, la toux, etc. ;
7° Supprimer la
voix;
8° Faire cesser la pneumatose stocamale, etc.
L'intensité
des effets produits est proportionnelle a la durée de l'opération et au nombre
des doigts employés.
La réflexion
sur les surfaces planes ou courbes, la transradiation simple
ou réfractée parles lentilles et dispersée
par les prismes n'entravent pas les effets produits
directement par les radiations digitales fixes, excepté dans
le cas où l'on interpose des corps ou substances aneuriques telles que
l'eau, des feuilles de papier jaune ou violet, etc.
2. RADIATIONS DIGITALES MOBILES OU PASSES PROMENENT DITES
TRAITE
DES PASSES MAGNETIQUES OU NEURIQUES
Les radiations digitales mobiles employées
dans l'état de veille et sans anesthésie préalable spontanée ou provoquée chez
le sujet en un point quelconque de son corps peuvent, comme les radiations
digitales fixes, et suivant leur mode d'emploi, produire tantôt l'anesthésie, tantôt l'hyperesthésie, tantôt
la contracture musculaire ou tétanisation, tantôt le sommeil
neurique à des degrés divers, et tantôt enfin une crise nerveuse dite
hyperesthésique ou du petit veau.
Inversement aussi
elles peuvent, suivant le mode d'emploi, faire disparaitrel'anesthésieou l'hyperesthésie, déterminer
la résolution des muscles contractures, réveiller le sujet
hypno-neurisé, calmer ou faire
cesser la crise hyperesthésique.
DIVISION DE LA SURFACE DU
CORPS EN REGIONS D'APRÈS LE SENS DE LA DIRECTION DES NERFS
Nos recherches nous ayant appris que les
effets des passés ne dépendent pas seulement de leur étendue, de leur
siège et de leur direction, mais
encore du sens dans lequel se distribuent les nerfs qu'elles
influencent, nous devons rappeler ici quelques notions très simples d'anatomie dont l'importance toute spéciale devait nécessairement échapper jusqu'à cejoura l'attention des
médecins.
Ces notions
d'anatomie ne portent que sur la direction affectée en général par les nerfs
périphériques et basée sur le sens de leur distribution.
Une observation attentive du système
nerveux périphérique, nous montre que certains nerfs se distribuent de bas en
haut et d'autres de haut enbas, plus ou
moins verticalement ou plus ou moins
obliquement.
Les nerfs qui se
distribuent do bas en haut occupent précisément une région distincte de
celle occupée par les nerfs dont la distribution se fait de haut en bas.
DOMAINES DES NERFS ASCENDANTS ET DESCENDANTS
Nous distinguerons donc ala surface du corps deux régions particulières : 1° la
région ou le domaine des nerfs ascendants; 2° la
Fig. 7.
Domaines des nerfs ascendants et des nerfs descendants, à la face antérieure
du corps, avec l'indication de la zone neutre faciale.
région
ou le domaine des nerfs descendants (Voy. fig. 4, 6, 7, 8, 9 et 10).
LIGNE DE SEPARATION DES DEUX DOMAINES
OU LIGNE NASO-AURICULO-CERVICALE
(Voy. fig. 9 et 10.)
La ligna de séparation entre le domaine des nerfs
ascendants et celui
des nerfs descendants est la suivante : Elle commence à la racine du nez
pour aboutir à la région cer-
Fig. 8.
Domaine des nerfs ascendants et «les nerfs descendants, a la face postérieure
du corps, avec l'indication de la zone intermediaire post-cervicale neutre.
vicale postérieure et moyenne en passant par la partie
supérieure du pavillon
do l'oreille, de chaque côté.
Fit. 9. Nerfs sensitifs des
régions du crâne, dle la face et du cou.
XX", portion cranio-cervicalo de la ligne
cranioo-podale ou ligne de separtion des deux sections antérieure et posterieure du corps; X'X", ligne naso-auriculo-cerriealo
ou ligne de séparation des deux domines des nerfs attendants et
descendants; F, champ d'expansion des
raincaux nerveux frontaux; -T F, champ d'expansion des filets temporaux du
facial (nerf moteur) anastomoses
avec les filets de l'aurieulo-temporal (nerf sensitif);T A.champd'expansion
des
filets de l'auricalo-temporal; S 0, champ d'expansion des filets du nerf
sous-occipital; 0 M, champ d'expansion des flets occipitaux de la branche
mastoïdienne ; Fr. ext., nerf frontal externe; Vr. int., nerf
frontal interne; N. est., nerf nosal externe; N. nerf naso-lobaire; - S. o.
Nerf sous-orbitaire; D. inf., nerf dentaire inférieur; Dr. cerv. suport. ou
asc. ont., branche cervicale sopeficielle ou ascendante antérieure du plexus
cerriealsuperfciel; H. sus-st., R. sus-et., R. sus-ser., rameausnerveus sus-sternaux, sus-clariculaireset
sus-acromiaux du plexus cerrical superficiel; Aur. temp., nerf auriculo-temporal;
Fac, nerf facial (moteur) ; S. occ., nerf sous-occipital (2 paire cervicale);
Pet. mast., petite mastoïdienne, branche du plxus cervical superficiel;
Dr, mast. on occ. aur. ou asc. p., branche mastoïdienne ouoceipito-aorieulaire de
Chaussier, ou ascendante posterieure du
plexus cervical superficiel; Br. aur. ou asc. moy., branche auriculaire ou
ascendante moyenne du plexus cervical superficiel 5 p. cerv,, émergence de la
5 paire cervicale; Br. asc., branches ascendantes du plexus cervical
superficiel; Plex, cerv. superf., émergence
du plexus cervical superficiel ; Br. dose, ou pest., branches descendantes posterieures
du plexus cervical superficiel.
De la racine du nez elle se porte vers l'angle
interne de l'œil, descend et contourne le globe oculaire le long du bord
interne et
Ligne
cranio-podale séparant la section anterieure de la
Mellon postérieure du domaine des nerfs ascendants.
Fig.
10. Cette figure est destinée à montrer le trajet des lignes
naso-auriculo-cervicale et cranio-podale,les parties
antérieure et postérieure du domaine des nerfs ascendants vues
par leurs faces latérales, elles points d'émergencedes nerfs
suivants :
N. sus-o., nerf «sus-orbitaire; N. sous-o., nerf sous-orbitaire;
N. nerf naso-orbitaire; N. d. t., nerf dentaire inférieur; N.
a.-t.. nerf auriculo-temporal; N. s.-o., nerf sous-occipital; P. e. s.,
plexus cervical superficiel; 5 N. c., nerf cervical.
On y voit de plus l'indication do
deux régions importantes :
T, espace triangulaireretro-massillaire faisent
partie de la région ou sons neutre faciale; M. région mastoïdienne.
inférieur de l'orbite, remonte ensuite le long du
bord externe de cette cavité jusqu'au
niveau de l'angle externe de l'œil.
De là elle se porte horizontalement
en arrière jusqu'au-devant de la
partie supérieure du pavillon de l'oreille, le long de l'arcade zygomatique.
A partir de ce point elle
suit jusqu'à la partie moyenne et postérieure du cou un trajet déjà connu, puisqu
il se confond avec la portion
correspondante dela ligne de separation des deux sections antérieure et postérieure du corps (ligne
crano-podiale).
Au niveau, ou
à peu près, du point de divergence des branches du plexus cervical
superficie), cette ligne se porte en arrière, limitant en haut une petite zone dite neutre (nous
dirons plus tard pourquoi).
Toute la région qui est au-dessus de cette
ligne de séparation que nous appellerons naso-auriculo-cervicale
est parcourue par des nerfs cutanés sensitifs dont la direction
générale est ascendante; elle forme le domaine des nerfs ascendants.
Toute la vaste
région qui est située au-dessous de celle ligne est parcourue par des
nerfs cutanés sensitifs a direction descendante ; elle constitue le vaste domaine des nerfs
descendants.
La ligne de division
naso-auriculo-cervicale marque précisément les points de divergence de ces nerfs.
Ainsi à la
racine du nez elle passe entre la branche ascendante et la branche
descendante du nerf nasal externe.
Au niveau des yeux
elle est placée entre les nerfs frontaux ascendants et le nerf sous-orbitaire descendant.
Au niveau des tempes elle laisse
au-dessus d'elle les ramifications
temporales du nerf auriculo-temporal (branche née surtout de la portion
sensitive du maxillaire inférieur), les unes anastomosées entre elles et les autres avec les filets temporaux du facial.
Au-dessous nous trouvons des rameaux du facial pour la plupart transversaux
accolés à des filets qui proviennent du tronc de l'auriculo-temporal au niveau du col du condyle
du maxillaire inférieur.
Au niveau des oreilles elle coupe
la partie supérieure du pavillon à l'union de son sixième
supérieur environ avec ses cinq sixièmes
inférieurs, en laissant au-dessous les ramifications auriculaires supérieures du nerf auriculo-temporal et
les ramifications auriculaires du nerf
occipito-auriculaire (de Chaussier).
Au niveau de la limite postérieure de l'apophyse
mastoïde elle suit le filet auriculaire du nerf occipito-auriculaire,
puis le tronc de ce nerf, laissant au-dessus les rameaux ascendants occipitaux
de ce même nerf.
Enfin au niveau de la partie
postérieure et moyenne du cou elle limite
en haut une zone neutre, laissant au-dessus d'elle, de haut en bas : le nerf
sous-occipital si important par son volume et l'étendue de sa distribution, qui a lieu entièrement
dans lesens ascendant, te rameau occtpitalascendantdunerf
occipito-auriculaire (de Chaussier), la petite mastoïdienne, les rameaux
ascendants d'une petite branche postérieure du plexus cervical superficiel, et
enfin tout à fait
en arrière, et à partir du nerf sous-occipital, les rameaux
obliques ascendants des branches postérieures des troisième et
quatrième nerfs cervicaux.
ZONE
NEUTRE CERVICALE POSTÉRIEURE
(Voy. fig. 8, 9 et 10.)
Cette zone correspond au champ de
distribution des rameaux de la branche postérieure du cinquième nerf
cervical et des rameaux transverses
postérieurs de la petite branche postérieure émanant du plexus cervical
superficiel.
Sa hauteur est en moyenne de 0,03 et elle
occupe en largeur tout le tiers postérieur correspondant du pourtour du cou,
limité de chaque côté par la ligne cranio-podale.
Elle est dite neutre
pour deux raisons, se justifiant l'une par l'autre. La raison physiologique
sera donnée plus lard. La raison analomtque consiste dans la direction purement
transversale des rameaux nerveux qui s'y distribuent.
Cettezoneestlelieu de passage du domaine des nerfs
ascendants au domaine des nerfs descendants
au même titre que la ligne naso-auriculo-cervicale dont
elle est fait partie.
Au-dessous de cette zone intermédiaire
neutre ou indifférente les nerfs sensitifs
prennent une direction franchement descendante ou oblique descendante
à partir des rameaux postérieurs du sixième nerf cervical.
FORME
GÉNÉRALÉ RELATIVE DU DOMAINE
DES NERFS ASCENDANTS
Le domaine des nerfs
ascendants affecte la forme d'un casque qui recouvrirait exactement
lecrâne, les yeux et la nuque en laissant à découvert la plus grande partie du
pavillon des oreilles.
Il est douze
à treize fois moins étendu que le domaine des nerfs descendants (Voy. fig. 3 et 4).
C'est le domaine inférieur que les passes
influencent le plus généralement.
LIGNE
TRANSVERSE DE DIVERGENCE
La ligne de
séparation de ces deux domaines pourrait être désignée sous le nom de ligne transverse de
divergence, parce qu'elle passe transversalement (au moins dans les parties
essentielles) par les points ou zones de
divergence des nerfs sensitifs ascendants et des nerfs sensitifs
descendants.
LIGNE VERTICALE BILATERALE
DE CONVERGENCE
Par contre la ligne qui divise le corps en
deux sections antérieure et postérieure et indiquée ailleurs sous le
nom de ligne cranio-podale bilatérale pourrait être nommée ligne
verticale bilatérale de convergence, parce qu'elle passe par
les points où les nerfs sensitifs des
deux sections antérieure et postérieure du corps convergent ou tendent
à converger de chaque côté du corps (Voy. fig. 2).
VERTICALE
MÉDIANE ANTERIEURE ET POSTÉRIEURE
A ces deux lignes il convient d'en ajouter
une autre dont l'importance ressortira
d'avantage dans la suite de cet ouvrage. Celle ligne est double elle
passe par l'axe du corps et divise les deux sections antérieure et postérieure
du corps en deux moitiés latérales, gauche et droite (Voy. fig. 3, 4, 11 et
12).
Nous l'appellerons : ligne verticale
médiane antérieure et postérieure ou plus simplement ligne médiane.
En réalité elle est une ligne de
divergence le long du milieu de la face postérieure du corps où les
nerfs sensitifs divergent, et une ligne de convergence le long du milieu de la
face antérieure où les nerfs convergentau contraire.
Cette ligne médiane
double n'est que l'indice superficiel d'une division profonde du corps
humain suivant un plan vertical antéropostérieur passant exactement par son
milieu et séparant ainsi sa moitié droite de sa moitié gauche.
Ce plan suivant
lequel le corps est divisé en deux moitiés droite et gauche ne trouve pas
seulement sa raison d'être dans la divergence postérieure et la
convergence antérieure médianes des nerfs sensitifs, mais encore et surtout dans la division
du cerveau en deux hémisphères qui
tout en communiquant entre eux n'en commandent pas moins chacun à une moitié correspondante du corps : l'hémisphère
gauche à la moitié droite du corps et l'hémisphère droit à
la moitié gauche.
Ce fait est de
notion vulgaire et nos expériences viendront confirmer les faits anciens et récents, maintenant
bien connus, de fonctionnement indépendant
des hémisphères cérébraux, faits d'après lesquels l'homme serait
un être double aussi bien physiquement que physiologiquement et
peut-être psychiquement.
Mais ce qui n'était
pas connu et ce que nos expériences mettront en relief, c'est que chaque moitié
latérale du corps doit être divisée elle-même en section antérieure et en
section postérieure.
D'où l'on
peut conclure qu'une disposition spéciale correspon-
Fig. II. Division du tronc en deux moitiés latérales, et de
chaque moitié latérale en deux sections antérieure et postérieure. Division
des membres en faces antéro-externe et postero-interne (Yoy. fig. 12).
Fig. 13. Division du
tronc en deux moitiés latérales et de chaque moitié latérale en deux sections antérieure et postérieure.
Division des membres en faces antero-externe et postero-interne (Voy.
fig. 11).
dante doit exister dans chaque moitié latérale du cerveau
et de la moelle.
EFFETS PRODUITS PAR LES
RADIATIONS DIGITALES MOBILES
Ces détails
d'anatomie topographique étant connus nous aborderons l'étude des passes et de leur
effets.
Premières
constatations.J'avais remarqué tout d'abord et d'une manière générale que des passes
unimanuelles ou bimanuelles faites en regard de la face antérieure du corps
anestthésiaient les téguments, faisaient
aussi contracter les muscles, et finissaient par amener le sommeil si
elles étaient descendantes; et par contre hyperesthésiatent les téguments,
décontracturaient les muscles et pouvaient produire la crise dite du petit
veau si elles étaient ascendantes.
En ne constatant comme modification de la
sensibilité que de l'anesthésie, ou j'étais
dans le vrai et je n'avais peut-être alors fait partir les
passes que du niveau des yeux, ou je me trompais et alors j'avais commencé probablement mes passes de ta partie
supérieure du front. Je m'aperçus bien vite que dans ce dernier cas, tandis que
de l'anesthésie existait à la face, au-devant du cou, du thorax
et des jambes, il existait de l'hyperesthésie au front.
Si alors je faisais des passes en sens
inverse de même longueur l'anesthésie
et l'hyperesthésie disparaissaient également.
Puis si je continuais ces passes
ascendantes, des phénomènes inverses des précédents étaient produits. Le
front s'anesthésiait tandis que le devant
des. jambes, du tronc et de la face s'hypercsthésiaienl. En les continuant
davantage j'amenais la crise du petit veau.
Une ou plusieurs passes descendantes de
même longueur redonnaient aux téguments leur sensibilité, et continuées
pouvaient provoquer le sommeil.
Les particularités de ces faits m'avaient
d'autant plus frappé que je ne tes avais ni prévues ni recherchées
volontairement en
vertu
de quelque idée préconçue. Je résolus de les bien étudier.
Premiers
faits acquis.
Les faits suivants étaient acquis ;
1 Une même passe, partie du haut du
front pour aboutir plus oumoinsprèsdel'extrémitédesmembresinférieurs,hyperesthèsiait le front et anesthèsiait
toute la partie du corps située en dessous etintéresséeparlapasse;
2 Une mêmepasse partie des pieds et aboutissant à la
partie supérieure du front front provoquait inversement l'hyperesthésie jusqu'aux yeux et
l'anesthésie au-dessus ;
3 Cette passe ascendante, si elle était
faite après la passe descendante,
détruisait d'abord les effets de celle-ci, ramenant la sensibilité
à l'état normal.
De même si
lapasse descendante était faite après la passe ascendante, elle en détruisait les effets, ramenant
la sensibilité à l'état normal.
Puis si l'une ou l'autre étaient
continuées, elles produisaient les effets signalés ci-dessus : te sommeil si
elles étaient descendantes, la crise du petit veau si elles étaient
ascendantes.
RECURECUE DE LA LIGNE
DE SEPARATION ENTRE LA
REGION ANESTHÉSIEE ET LA REGION HYPERESTHESIE PAR LA MEME PASSE
Avant de chercher la
raison de ces phénomènes il fallait connaître exactement la ligne do
séparation entre la région hyperesthésiée et la région anesthésie par une même
passe unimanuelle, ou
bimanuelle unique ou multiple, mais intéressant toujours en tous cas une
certaine largeur des téguments.
Ces modifications de
la sensibilité étant ainsi obtenues je parvins à connaître assez
exactement cette ligne de démarcation en procédant de la manière suivante :
Je promenais la
pointe d'un crayon d'abord de haut en bas puis de bas en haut sur la peau,
de manière à passer par la racine du nez et par les paupières; dès que
l'anesthésie faisait place à l'hyperesthésie
ou inversement l'hyperesthésie à l'anesthésie, ou bien dès que la réaction était incertaine,
je marquais ce point et le figurais aussitôt sur un dessin préalablement
préparé et repré-
sentant l'image du corps
humain. Après avoir ainsi opéré sur toute la largeur des téguments que la passe ou les
passes avaient pu influencer, j'obtins une
ligne de démarcation qui, née à la racine du nez,
descendait jusque vers l'angle interne de l'œil et se retrouvait ensuite
vers l'angle externe après avoir a la fois' circonscrit le globe de
l'oeil en haut et en bas à la naissance des paupieres. Il en résultait que l'œil recouvert par les
paupières paraissait occuper une
zone en quelque sorte indifférente. En tous cas, immédiatement en dessus et
immédiatement en dessous les réactions positive (hyperesthésie) et
négative (anesthésie) se manifestaient d'une manière très
précise.
Plus tard la recherche et la délimitation
d'autres réactions (pleurs et rire)
m'apprirent qu'il fallait placer la région oculaire dans le domaine des
nerfs ascendants.
En opérant comme
précédemment sur tout le pourtour dé la partie supérieure du corps, je parvins
a tracer la ligne de séparation des nerfs ascendants et des nerfs descendante, ligne
naso-auriculo-cervicale, ou de divergence, que j'ai décrite plus haut (Voy. p.
123 et 128 et fig. 9 et 10).
Sur la face
postérieure du cou je fus frappé de l'existence d'une zone qui, explorée
après les passes faites en regard de celle région du corps, ne donna que des réactions
incertaines, tandis que ces réactions étaient nettement positives ou négatives
soit au-dessus soit au-dessous, suivant que les passes avaient été descendantes
ou ascendantes.
Je dois faire
remarquer qu'après avoir découvert qu'il existait entre l'hyperesthésie
du front et l'anesthésie de la face ou vice versa une ligne et peut-être une zone
(très étroite en tous cas) de séparation, je fus conduit aussitôt et
tout naturellement à penser que la
direction des nerfs ou mieux lesens de la
distribution des nerfs pouvait ne pas être étranger à ces
localisations des modifications positive et négative de la sensibilité, le ne pouvais ignorer qu'au-dessus de l'œil émerge le nerf sus-orbitaire
qui se dirige en haut et se ramifie
sur la région frontale, qu'au-dessous émerge le nerf sous-orbitaire qui
se dirige en bas en éparpillant ses filets en éventail.
Je me gardai bien
cependant do formuler encore aucune loi. Je me contentai de l'entrevoir et je
m'en servis provisoirement à titre de simple hypothèse.
Je me trouvais donc
en présence do deux régions particulièrement importantes, celle des nerfs ascendants et
celle des nerfs descendants.
Je fis alors des recherches isolément sur chacune de ces
régions.
EFFETS DIRECTS DES PASSES FAITES EN
REGARD DU DOMAINE DES NEUFS ASCENDANTS
(Voy. fig.
13, 14, 10, 20, 21 et 22.) Influence sur la sensibilité générale.
En regard du domaine des nerfs ascendants
je fis des passes en tous sens, ne dépassant pas ou presque pas la ligne transverse
de divergence (ligne naso-auriculo-cervicale).
J'obtins les résultats suivants :
1 Des passes descendantes faites en regard de
n'importe quel point du pourtour de ce
domaine provoquaient l'hyperesthésie des régions directement influencées
et cette hyperesthésie s'étendait du vertex
à la partie correspondante de la ligne naso-auriculo-cervicale
(ligne de divergence) au-dessous de laquelle la sensibilité était diminuée, abolie ou naturelle, suivant,
d'après toute apparence, que
les passes descendantes l'avaient dépassée ou s'étaient arrêtées
à son niveau;
2 Des passes ascendantes, faites en
regard de n'importe quel point du pourtour de ce même domaine des nerfs
ascendants, en commençant soit un peu au-dessous, soit au niveau de la ligne de
divergence naso-auriculo-cervicalepour aboutir au
vertex, provoquaient
l'anesthésie de la région influencée, mais cette anesthésie était exactement limitée en bas à la portion
correspondante de la ligne transverse de divergence;
3 Des passes
obliques descendantes donnaientlesmêmesrésultats que les verticales descendantes;
4 Des passes obliques ascendantesdonnaient les mêmes résultats que les verticales
ascendantes;
Fig. 13. Passes directement anesthésiantes et
hypnotisantes faites, dans les deux domaines des
nerfs ascendants et descendants, en regard du crâne, de la face et du cou.
5° Des passes
transverses ou circulaires provoquaient l'anesthésie ; 6° Des passes
anesthésiantes pouvaient produire le sommeil et
des passes
hypéresthésiantes la crise violente dite du petit veau, le sommeil représentant le degré le plus avancé de
l'anesthésie et sa
Fig.
14. Passes directement hyperesthésiantes et réveillantes faites, dans les deux domaines des nerfs
ascendants ci descendants, on regard du crâne, dela face et du cou.
diffusion dans les centres, et la crise violente
représentant de même le degré le plus
avancé de l'hyperesthésie et aussi sa généralisation dans les centres ;
(Ceseffets représentant
uneintensité plusgrandedesphénomènes provoqués étaient on rapport direct avec le nombre
des passes faites, l'étendue de ces passes, et le nombre de mains ou de doigts
employés.)
7° Les
effets produits par les passes pouvaient se neutraliser réciproquement
s'ils étaient de nature opposée.
Ainsi l'anesthésie
faisait disparaître l'hyperesthésie, et vice versa. De même le
sommeil neurique provoque pouvait faire disparaître la crise
hyperesthesique, et l'hyperesthésie faire cesser le sommeil.
Je profitai de cette propriété des passes
de pouvoir neutraliser réciproquement leurs effets de nature opposée pour
mieux étudier isolément les effets de chaque genre de passes en ramenant après chacune d'elles la
sensibilité de la peau & son état normal.
Ces diverses constatations ayant été
faites maintes fois, nous nous crumes
suffisammentautorisé à formuler les règles
suivantes essentiellement
basées sur l'influence qu'exerce sur les effets des passes le sens de la
distribution des nerfs sensitifs.
Dans le domaine des nerfs ascendants:
1° Des passes verticales
centripètes, c'est-à-dire faites parallèlement ou
obliquement en sens contraire de la distribution des nerfs sensitifs cutanés,
hyperesthesient la région directement influencée.
2° Des passes
verticales centrifuges, c'est-à-dire faites parallèlement ou obliquement dans le même
sens de la distribution des nerfs sensitifs cutanés anesthésiant la région
directement influencée.
3° Des passes croisées,
c'est-à-dire faites perpendiculairement à la direction des nerfs sensitifs cutanés, anesthesientla région directement influencée.
Tels sont les effets des passes limités
en apparence à la périphérie.
Ce n'est en effet qu'une apparence, car aux modifications de la sensibilité
périphérique doit correspondre une modification équivalente dans les
centres. Seulement lorsque cette modification de la sensibilité périphérique
n'est ni très étendue ni très
accusée, la modification correspondante dans le
contre ne se traduit
par aucun phénomène appréciable.
4° Des passes centrifugesou des passes
croisées endorment, et des passes centripètes produisent ta crise
hyperesthésique ou bien réveillent le sujet précédemment hypno-neurisé, si elles
sont répétées un nombre de fois ou moins considérable.
Le sommeil, la crise
hyperesthesique et le réveil deviennent ainsi l'expression d'une action
des passes à la fois plus intense et plus étendue dans les centres nerveux.
5° Les passes
centripètes détruisent on neutralisent les effets directs
périphériques et centraux des passes centrifuges et croisées, et inversement les
passes centrifuges et croisées neutralisent les effets directs des passes centripètes.
EFFETS INDIRECTS
DBS PASSES FAITES EN REGARD DES
DIVERSES REGIONS
DANS LE DOMAINE DES NEUFS
ASCENDANTS
J'ai dit que les
modifications provoquées de la sensibilité (anesthésie ou hyperesthésie)
s'étendaient exactement du vertex à la ligne naso-auriculo-cervicale
sur tous les points correspondants a la région influencée par les passes.
Je voulus connaître
quelle étendue en largeur occupaient ces modifications de la
sensibilité ainsi provoquées.
Je fis une passe
verticale ascendante unimanuelle depuis la racine du nez et le niveau
des yeux jusqu'à la partie supérieure du front en regard de la ligne
médiane du corps. Je ne fis qu'une passe parce que plusieurs
passes auraient amené le sommeil et par conséquent l'anesthésie générale (Voy. fig. 13
et fig. 15).
1. Le sujet est figuré les
yeux fermes pour indiquer que la passe directement anesthésiante et non encore
hypnotisante pourrait le devenir si elle était répétée un nombre de fois
suffisant. Avec une seule passe le sujet resta éveillé et les effets produits
se bernent a des modifications de ta sensibilité directes et indirectes. La
succession dos phénomènes est celle-ci : après la première
passe, et parfois après deux trois ou
même un plus grand nombre de passes, on provoque tout «l'abord de l'anesthésie
frontale directe et de l'hyperesthésie occiptio-cervicale indirecte, puis si la
neurisation est prolongée l'hypnose survient et avec elle l'anesthésie
générale.
Avec une pointe mousse (celle d'un crayon par exemple ou
d'une aiguille &
tricoter) j'explorai la sensibilité des
téguments sur
Fig.
15. Effet indirect d'une passe (représentée par la flèche) directement
anesthésiante et hypnotisante, faite dans te domaine des nerfs
ascendants, en regard du front ou soit dans la région crânienne antérieure.
toute
la largeur du front : la malade ne sentit rien. Je prolongeai l'exploration sur les cotés, le sujet continua
à ne rien percevoir.
Puis je m'avançai vers la région de la
section postérieure du crâne pour en faire
Je tour, dès que j'eus touché un certain point je vis que je provoquais
de la douleur : c'était à peu près entre ta région temporale et
la région occipitale ; je revins en arrière et le sujet n'accusa
aucune douleur.
M'étant rendu compte
de la position exacte de ce point au dela duquel existait de l'hyperesthésie et
en deçà duquel je trouvais do l'anesthésie, je poursuivis
mon exploration en avançant vers l'occiput; la malade continuait
à percevoir une vive sensibilité. Je fis le tour de la région occipitale
et toujours je provoquai de l'hyperesthésie jusqu'à ce que, arrivé de
l'autre côté du corps, l'instrument explorateur tomba sur un point insensible.
Ce point
attentivement examiné, situé entre ta région temporale et la région occipitale
était le point homologue decelui de la région opposée primitivement explorée.
J'entrevis alors la possibilité de la
division de la région cranienne en deux
sections, une antérieure et une postérieure (Voyez, fig. 2). Mais je ne
pouvais pas m'expliquer la présence de cette hyperesthésie sur une région que
je n'avais pas directement influencée par les passes. Je notai le fait.
Je repris alors
l'exploration du pourtour de la région cranienne à des hauteurs différentes, de
manière à ne laisser aucun point inexploré, et je m'aperçus alors que toute la moitié antérieure du crâne
était anesthésie et toute ta moitié postérieure du crâne hyperesthésiée.
J'explorai aussi le cou et je
constatai que l'hyperesthésie qui descendait
jusqu'à la zone neutre post-cervicale s'arrêtait sur les côtés
le long de la portion descendante de la ligne de divergence.
Au crâne la
séparation entre la région antérieure anesthésiée à la postérieure
hyperesthésiée avait lieu suivant une ligne qui partie du vertex venait
tomber sur l'arcade zygomatique un peu en avant de l'oreille.
Cette ligne, on le
voit, Tait partie de la grande ligne bilatérale cranio-podale ou de
convergence qui divise le corps en deux sections : une antérieure et une postérieure.
Pensant que cette hyperesthésie do la
région crânio-cervicale postérieure pouvait etre un reliquat
d'hyperesthésie précédemment provoquée et non neutralisée, je ramenai la sensibilité de tout le domaine
des nerfs ascendants a son état normal par des passes appropriées.
Je
refis ensuite l'expérience qui donna lesmêmes résultats.
De nouveau je ramenai la sensibilité
à l'état normal. Puis je procédai aune nouvelle expérience,
mais faite dans des conditions opposées afin qu'elle pût servir de contrôle à la
première.
Ainsi au lieu de faire une passe
ascendante en regard du front je fis une passe descendante.
L'exploration de la
sensibilité faite avec soin sur toute l'étendue du cuir chevelu et du cou en arrière dans
le domaine des nerfs ascendants me montra que toute la moitié antérieure de ce
domaine était hyperesthésiee tandis que sur la moitié postérieure tout
entière la sensibilité était abolie.
Je ramenai partout
la sensibilité à l'état normal et relis l'expérience qui me donna les mômes résultats.
Ilen résultait pour
moi qu'une passe descendante faite au-devant du front équivalait pour
l'occiput à une passe ascendante puisqu'il s'y montrait de l'hyperesthésie
sans que j'eusse influencé directement cette région (Voy. fig. 16).
Inversement une
passe ascendante faite au-devant du front équivalait pour l'occiput a une
passe ascendante puisqu'il s'y montrait de l'anesthésie sans que
j'eusse influencé directement cette région (Voy. fig. 15).
Si au lieu d'opérer
primitivement en regard du front je faisais mes passes en regard de la région occipitale, il
se produisait du côté du front les mômes
modifications que précédemment du côté de l'occiput (Voy. fig. 17et
18).
Donc un nouveau fait était acquis.
Toute modification
de la sensibilité provoquée par des passes sur l'une des sections antérieure ou
postérieure du domaine des nerfs ascendants produit dans la section directement
opposée une modification inverse de la sensibilité.
Jusqu'à présentnousavons étudié leseffets despasses
lorsqu'elles sont
faites en regard de la ligne médiane du corps soit en avant
Fig.
16. Effet indirect d'une patte directement hyperesthesiante faite, dans le domaine
des nerfs ascendants en regard du front ou soit de la régies crânienne antérieure.
soit en arrière du
domaine des nerfs ascendants, c'est-à-dire tantôt en regard de la
ligne médiane du front et tantôt en regard de la ligne médiane de l'occiput.
Nous avons vu que l'anesthésie ou l'hyperesthésie ainsi
provoquée soit sur la
section du domaine directement influencée soit
Fig. 17. Effet indirect
d'une passe directement anesthésiant faite, dans le domaine des nerfs ascendants, en regard de l'occiput ou soit de la région
cranio-cervicale postérieure.
sur la section opposée, occupait toute
l'etendue de ces sections. Ces modifications de la sensibilité n'étaient donc
pas limitées
exactement
a la surface des téguments comprise dans les limites des radiations digitales.
Ainsi une passe unimanuelle faite en regard de la ligne
Fig. 18.
Effet indirect d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans le
domaine des nerfs ascendants, en regard de l'occiput ou
soit de la région cranioservicale postérieure.
mediane du front influençait les téguments
sur une largeur qui ne dépassait pas celle de la main, et pourtant la
modification de la
sensibilité ainsi provoquée au-devant du front
s'étendait sur les côtés et en haut jusqu'à la limite indiquée des
moitiés antérieure et postérieure du crâne.
Elle avait donc gagné de proche en proche selon toute apparence.
J'eus l'idée alors
de n'influencer que l'une des moitiés latérales soit de la région frontale soit de la région
occipitale.
Je commençai par le front ; en regard de
la moitié droite du front du sujet je fis une passe verticale descendante avec
trois doigts rapprochés de manière
à n'influencer qu'une bande étroite.
Or le résultat fut que l'hyperesthésie fut
ainsi provoquée non seulement sur toute la
moitié latérale droite du front directement influencée (Voy. fig. 20)
mais encore sur toute la moitié latérale gauche.
En faisant cette
exploration immédiatement après la passe j'ai constaté pourtant que l'hyperesthésie
était d'abord bornée ala bande
des téguments directement influencés sur la moitié latérale droite et en
môme temps à une égale bande des téguments sur la région homologue de la
moitié latérale gauche du front. Puis l'hyperesthésie s'étendait et couvrait
en quelque sorte toute la moitié
antérieure du crâne dans les limites déjà tracées.
En opérant
primitivement sur la moitié latérale gauche du front j'obtenais sur place et secondairement de
l'autre côté les mêmes phénomènes.
Si au lieu d'opérer
en regard de l'une ou de l'autre moitié latérale du front j'opérais de
même à l'égard de l'une ou de l'autre moitié latérale de la région
occipitale je provoquais des effets identiques.
En même temps
dans ces expériences ta moitié opposée, postérieure ou antérieure, devenait le
siège d'une modification inverse de la sensibilité comme précédemment lorsque je
faisais la passe en regard de la ligne médiane du front.
Si au lieu de
provoquer primitivement l'hyperesthésie nous provoquions l'anesthésie sur
une partie de l'une des moitiés latérales du corps, soit dans la section
antérieure, soit danslasection postérieure du domaine des nerfs
ascendants, les résultats étaient identiques : de l'anesthésie se développait sur la
région homologue
de l'autre moitié latérale
et de l'hyperesthésie sur la section antérieure ou postérieure opposée.
Nous avions donc
à ajouter au fait précédent un nouveau fait; et ces deux faits rapprochés peuvent
être ainsi formulés:
Toute modification
dela sensibilité provoquée par des passes sur unepartie des tégumentsde l'une moities latérales d'une section antérieure ou postérieure
du, domaine des nerfs ascendants provoque d'une part une modification identique sur la
région homologue de Vautre moitié latérale, et, par extension, sur toute
l'étendue des deux moitiés latérales, et d'autre part, secondairement ou
coincidemment une modification de la sensibilité d'un ordre inverse dans toute la section antérieure ou postérieure opposée du
même domaine.
Voyant qu'une passe
faite en regard d'une région choisie du domaine des nerfs ascendants provoquait
une modification de la sensibilité non seulement sur la région directement influencée mais encore
sur d'autres régions de ce môme domaine, il eût été naturel de rechercher si quelque modification de
la sensibilité ne viendrait pas à se produire secondairement ou
coïncidemment sur un point quelconque
du domaine des nerfs descendants.
Je lis celle
recherche, mais ce ne fut point en vertu d'un raisonnement de ce genre.
Le hasard seul éveilla tout d'abord dans mon esprit l'idée de la possibilité d'une telle
influence lointaine.
Ayant fait une passe
hyperesthésiante en regard du front sans dépasser en bas la ligne naso-auriculo-cervicale,
je constatai que la région occipitale et la région cervicale postérieure
supérieure étaient insensibles (Voy. fig. 16).
Pendant que j'explorais cette
dernière région j'en dépassai les limites inférieures, et je fus surpris
de trouver qu'au-dessous de la zone neutre
ou indifférente, à l'anesthésie constatée au-dessus succédait
de l'hyperesthésie et que celle hyperesthésie se prolongeait sur toute la
région dorsale.
Ensuite, portant mon attention sur la section
antérieure du corps, je constatai que la région faciale et la face antérieure
du thorax étaient le siège d'une anesthésie non douteuse.
Ainsi j'avais provoqué de l'hyperesthésie
an front, de l'anesthésie à
l'occiput, de l'hyperesthésie au dos, et de l'anesthésie aux régions
faciale et thoracique antérieure.
Celle constatation
étant faite, je ramenai la sensibilité A l'état normal, et je refis l'expérience; elle donna les mêmes résultats.
Je la variai en provoquantprimitivement sur le
front del'anesthésie par
une ou deux passes ascendantes : l'occiput devint le siège d'une vive
sensibilité, le dos s'aneslhésia, la région faciale et le devant de la poitrine
s'hyperésthésièrent.
Puis au lieu d'agir
ainsi primitivement sur la section antérieure du domaine des nerfs ascendants,
j'opérai en regard de la section postérieure, c'est-a-dire de la région occipitale, tantôt en y provoquant l'hyperesthésie et tantot l'anesthésie :
les résultats Turent identiques à ceux obtenus, précédemment, en
opérant en regard du front.
En hyperesthésiant directement la région
occipilo-cervicale, je provoquais par cela
même l'anesthésie de la région frontale, l'hyperesthésie de la
face et du devant du tronc, et l'anesthésie de la région du dos.
En anesthésiant d'autre part directement
la région occipito-cervicale, je provoquais
en même temps de l'hyperesthésie au front, de l'anesthésie
à la face et au-devant du thorax et de l'hyperesthésie au dos.
Un autre fait était
encore acquis, c'est que l'influence d'une passe sur la sensibilité d'une régionaugreque celle en regard de laquelle elle est
faite, dans le domaine des nerfs ascendants, peut dépasser les limites de ce
domaine, et se montrer dans le domaine, des nerfs descendants.
MODE DE PRODUCTIONDE L'ANESTHÉSIE OU DEL'HYPERESTHESIE
SIMULTANEMENT SUR DES REGIONS AUTRES QUE
CELLE DIRECTEMENT
INFLUENCÉE PAR UNE OU PLUSIEURS PASSES.
Il reste à
savoir maintenant en vertu de quel mécanisme se produit dans les différents cas énumérés
l'influence d'une passe sur
la sensibilité d'une région autre que celle qui
est directement intéressée dans le domaine des nerfs ascendants.
Rappelons un des faits les plus complets
et les plus simples on môme temps.
Une passe descendante étant faite en
regard de la moitié droite du frront du sujet, il se
produira de l'hyperesthésie sur toute l'étendue dela régiondu front parcourue
par la passe. En même temps ou pourra constater des modifications de la sensibilité sur des régions
situées immédiatement au delà des diverses lignes qui
circonscrivent celle région :
A gauche au
delà de la ligne médiane on constatera do l'hyperesthésie.
En
avant, au-dessous de la ligne naso-auriculo-cervicale, de l'anesthésie. En
arrière, au delà de la ligne cranio-podale, de l'anesthésie. Enfin beaucoup plus loin, en arrière, au-dessous
de ht zone neutre post-cervicale, il se produira de l'hyperesthésie.
Cette influence plus ou moins lointaine
s'est-elle exercée par réflexion dans les centres nerveux ou bien par une sorte
de propagation périphérique de l'action propre de la passe ?
Il semble que
l'influence sur la région homologue de l'autre côté du front est le résultat d'une action
réflexe sur les centres (transfert), tandis que l'influence exercée sur
les autres régions serait le résultat d'une sorte d'action de voisinage se
faisant de proche en proche et plus ou moins loin.
En effet, si en regard de chaque région
ainsi influencée nous figurons une
flèche dirigée dans le sens de la passe réelle qui aurait provoqué
la modification de la sensibilité, telle qu'elle existe sur chacune de ces régions, nous voyons que toutes
les flèches suivent le long de la ligne médiane la môme direction
que celle qui est figurée en regard de la
région frontale primitivement et directement influencée.
D'ou il résulterait
que celte passe descendante aurait paru tenir lieu d'une sorte de passe
descendante en avant et au-dessous de la ligne de divergence, et d'une sorte de
passe ascendante en arrière
d'abord au delà do la
ligne de convergence (au sommet du crâne), puis au delà de la zone neutre
post-cervicale.
En d'autres termes, une passe réelle
aurait donné lieu a l'action de passes virtuelles de même direction par
voie de continuité.
Lamême explication
pourrait être donnée pour la compréhension des phénomènes du
même ordre qui ont lieu dans les combinaisons diverses de la même expérience.
Nous nous bornons
pour le moment a émettre cette simple hypothèse qui peut suffire pour aider a
comprendre les actions des passes sur place et plus ou moins loin de la région
directement intéressée. Nous verrons plus tard s'il n'y a pas-lieu de modifier
celte interprétation et defaire
intervenir quelque action sur des courants qui, semble-t-il, parcourent tout
corps humain.
Influence sur la motilité
Dans le domaine des
nerfs ascendants, j'ai pu provoquer des contractions siégeant dans les muscles
frontaux ou sourciliers.
Deux conditions étaient nécessaires pour
que ces contractions eussent lieu. Il fallait que les téguments correspondants fussent anesthésiés préalablement et que des passes
fussent faites dans le sens de la contraction de ces muscles. Mais comme
ces faits se rapportent a l'élude spéciale que nous avons faite ailleurs des
contractions des muscles de l'expression faciale dans certaines conditions déterminées, nous y renverrons le
lecteur (Voy.p. 369).
APERÇU GÉNÉRAL SUR LES EFFETS DIRECTS
ET INDIRECTS
DES PASSES FAITES EN
REGARD DU DOMAINE
DES NERFS DESCENDANTS
Influence
sur la sensibilité générale
Le domaine des nerfs descendants comprend deux parties
qu'il convient de
distinguer, les membres et le tronc. Le tronc comprend ici toutes les parties
de ce domaine autres
que les membres,
c'est-à-dire la portion inférieure dela face et du cou, le thorax et l'abdomen.
Précédemment nous
avons distingué leseffets des passes on effets directs et en effets indirects.
Les effets directs
sont ceux qui sont produits sur la région directement influencée.
Les effets
indirects sont ceux qui sont produits sur des régions non directement
influencées et plus ou moins rapprochées de la région primitivement influencée.
Or nous avons reconnu :
1°Que les passes faites en regard du tronc et de
la face antérieure des membres produisent sur la sensibilité générale des
effets directs auxquels sont applicables les lois formulées
pour les effets directs produits sur la sensibilité générale dans le
domaine des nerfs ascendants (Voy. fig. 26 et 27);
2° Quepar contre les passes
faites en regard de la face postérieure des membres produisent des effets
directs qui sont l'opposé de ceux auxquels s'appliquent les lois
formulées pour les effets directs produits sur la sensibilité générale dans le domaine
des nerfs ascendants. En d'autres termes :
1°Des passes faites en
regard d'une région quelconque du tronc (dans le domaine des nerfs inférieurs)
et des faces antéro-externes des membres supérieurs et antérieures des membres inférieurs provoquent directement l'anesthésie si elles sont
centrifuges (descendantes l'hyperesthésie si elles sont centripètes
(ascendantes); 2° Par contre des passes faites en regard des faces
postéro-internes des membres supérieurs et
postérieures des membres inférieurs provoquent directement l'hyperesthésie
si elles sont centrifuges et l'anesthésie si elles sont centripètes.
Il semblerait, d'après la nature
des effets directs ainsi produits par des passes faites en regard des faces
postérieures desmembres, que les nerfs s'y
distribuent de bas en haut, faisant suite en quelque sorte aux nerfs
sensitifs des faces antérieures, après avoir
contourné l'extrémité des doigts où d'ailleurs les nerfs colla-
téraux s'anastomosent au
moyen d'un réseau à mailles nombreuses et serrées.
D'après les
effets directs produits par les passes, il faudrait considérer les nerfs dela face antérieure
des membres comme des nerfs descendants et les nerfs do la face postérieure comme des nerfs
ascendants.
L'ensemble des nerfs
sensitifs des membres formerait une sorte d'anse que les membres en se
développant sur les côtés du corps auraient en quelque sorte poussée devant eux.
Quant aux effets
indirects sur la sensibilité générale provoqués par des passes faites
en regard de n'importe quelle région du domaine des nerfs descendants, ils
sont régis par les mômes lois que les effets indirects provoqués par des
passes dans le domaine des nerfs ascendants.
En résumé toutle domaine des nerfs
descendants, & l'exception des faces postérieures des membres, est influencé par les passes suivant
les mêmes lois d'après lesquelles agissent les passes dans le
domaine des nerfs ascendants.
EFFETS DIRECTS DES
PASSES FAITES EN REGARD DES
DIVERSES RÉGIONS DANS LE
DOMAINE
DES NEUFS DESCENDANTS
(Voy. fig. 13,14, 19, 20,
21, 22 et 23.)
Après avoir
nettement établi cette distinction entre les effets directs différents
produits par des passes de même genre, tantôt faites en regard de la face
postérieure des membres et tantôt en regard de n'importe quelle autre région du domaine des
nerfs descendants, nous étudierons les
effets directs des passes sur la sensibilité générale séparément sur les
principales régions de ce domaine : 1° sur le tronc; 2° sur les membres.
EFFETS DIRECTS DBS PASSES FAITES EN REGARD DESDIVERSES
RÉGIONS DU TRONC
1° Région faciale
Dans domine des nerfs descendants, des passes faites devant la figure soit en
regard de la ligne médiane, soit en regard du côté
droit ou gauche, anesthesient d'abord la région directement influencée
et peuvent ensuite provoquer le sommeil si elles sont verticales descendantes
(centrifuges), obliques descendantes, ou transversales (Voy. fig. 13 et 19).
Elles
hyperesthésient, au contraire, tout d'abord la région directement influencée et peuvent ensuite
provoquer la crise violente dite du petit
veau, ou bien réveiller le sujet s'il avait été préalablement
hypno-neurisé, si elles sont verticales ascendantes (centripètes) ou
obliques ascendantes (Voy. fig. 14 et 20).
L'étendue en largeur de l'anesthésie ou de
l'hyperesthésie ainsi directement provoquée
et considérée isolément peut varier suivant le nombre de doigts employés
et suivant leur écartement et aussi suivant le nombre des passes. "
Quant à l'étendue en hauteur, pour
une même modification de la sensibilité, elle peut dépasser les limites
inférieures de la face mais elle ne dépasse
pas en haut la ligne transverse de divergence. Au niveau de l'oeil les modifications de la sensibilité ainsi directement
provoquées peuvent comprendre les paupières.
Pavillon de l'oreille. Des passes faites en regard du pavillon
des oreilles anesthésient ses cinq sixièmes inférieurs si elles sont faites verticalement ou obliquement de haut en
bas, ou transversalement; elles l'hyperesthésient sur la même
étendue si elles sont faites verticalement ou obliquement de bas en haut (Voyez
fig. 13 et 14).
Région
mastoïdienne. Il en est de même pour la région mastoïdienne où la limite
supérieure des modifications obtenues de la sensibilité marque les points par
lesquels passe la ligne de divergence.
Fig. 10. Passes
directement anesthesiantes et hypnotisantes faites dans les deux domaines des
nerfs ascendants et descendants en regard de ta section antérieure du corps.
An.S. Anesthesie et sommeil.
Ftc. 20. - Passes
directement hyperesthesiantes et réveillantes faites dans les deux domaines des
nerfs ascendants et descendante, en regard de la section antérieure du corps.
Hyp.R. ou HR.
Hyperesthésie et réveil.
Si on venait a répéter un nombre de fois
suffisant les passes descendantes en regard du pavillon de l'oreille et do la
région mastoïdienne on finirait par
provoquer le sommeil, que des passes en sens contraire en regard des
mêmes régions pourraient ensuite faire cesser.
2 Region cervicale
L'action
directe des passes y est la même qu'à la région faciale.
Si on vient à
les faire tout autour du cou, les effets directs propres a chaque genre
de passes se limitent exactement à la ligne bilatérale de convergence (ligne
cranio-podale) et à la zone neutre post-cervicale dans la partie
postéro-supérieure du cou.
Celte ligne peut
être assez nettement tracée sur toute la hauteur du cou, de chaque côté, en faisant des
passes anesthésiantes en regard de la face antéro-latérale de cette région et
des passes hyperesthésiantes en regard de
sa face postéro-inférieure (Voyez fig. 10 et 11).
3 Région thoracique
L'action directe des
passes y est la même qu'aux régions faciale et cervicale aussi bien sur sa face antérieure que
sur les côtés et en arrière.
Si l'on vient
à faire des passes descendantes ou anesthésiantes en regard de la face antéro-latérale du
thorax et des passes ascendantes en regard de sa face postéro-latérale, on
pourra tracer la limite verticale de
séparation entre l'anesthésie antérieure et l'hyperesthésie postérieure sur chaque côté du thorax à l'union du
tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs de cette région. Cette
ligne fait partie de la grande ligne cranio-podale ou bilatérale de
convergence.
Outre l'anesthésie
et l'hyperesthésie on peut aussi produire un degreplusavancédecesétatsqui esttantôtlesommeilettantôtle réveil.
Plusieursfoisj'ai pardespassesalternativementanesthésiantes et
hyperesthésiastes,
provoqué alternativement le sommeil et le réveil.
Je rendais la démonstration très
complète, puisque J'écartais
Fig. 21. Passes
directement anesthésiantes et hypnotisantes, biles dans les deux domaines des nerfs ascendants et descendants, en
regard de la section postérieure du corps.
An. S. Anesthesie et sommeil.
Fig.
22. Passes directement hyperesthesiantes et réveillantes, faites dans
les deux domaines des nerfs ascendants et descendants, en
regard do la section postérieure du corps.
Hyp.R ou HR. Hyperesthésie et réveil.
Fig. 23.
Passes directement anesthésiantes et hyperesthesiantes. faites
en regard de la face latérale du thorax.
Passe. An.S.
Anesthésiante et hypnotisante (sommeil); et HR.
Hyperesthésiante
et reveillante.
ainsi la possibilité de toute suggestion en
faisant ces passes alternativement en regard du dos ou de l'un des côtes du
thorax, a l'insu et hors du champ visuel du sujet (Voy. fig. 23).
Passes thoraciques latérales.Dès
que, en regard par exemple de la partie
latérale et postérieure du thorax (à travers les vêtements), je faisais quelques passes obliques
descendantesantérieures, la jeune fille
s'endormait. Puis dès que, changeant la direction de mes passes je les faisais
obliquement de bas en haut et d'avant en arrière, c'est-à-dire en
sens inverse, elle se réveillait. Je répétai ensuite plusieurs fois cette
double opération et je pus faire passer la jeune fille alternativement du
réveil au sommeil et du sommeil au réveil.
Passes thoraciques
antérieures et postérieures, J'ai pu obtenir les memes résultats sur d'autres points de la
région.
C'est ainsi que j'ai
réussi à endormir maintes fois la jeune malade par des passes descendantes faites on regard
du dos. Je la réveillais ensuite par des
passes ascendantes en regard de la même région.
D'autres fois je
l'endormais en faisant des passes descendantes au-devant du thorax, et je ta
réveillais ensuite au moyen do passes ascendantes faites en regard du dos et vice
versa,
4 Régions abdominale et
lombaire
Les passes faites en regard des régions
abdominale, lombaire et lombo-abdominale donnaient les mêmes résultais
que celles faites en regard des autres régions du tronc.
5 Effets directs des passe» laites
en regard du tronc tout entier dans le domaine des nerfs descendants
(Voy. fig. 19, 20, 21 et
22.)
Des passes faites
verticalement ou obliquement depuis la ligne transverse de divergence ou
naso-auriculo-cervicale jusqu'à l'ex-
trémité inférieure du tronc et inversement depuis
l'extrémité inférieure du tronc
jusqu'à la ligne transverse de divergence, produisent les
mêmes effets que les passes fuites suivant les mêmes directions en regard des diverses régions du
tronc, avec cette différence que les
passes étant plus étendues et influençant, par conséquent, une plus grande étendue du corps
produisent souvent des effets plus rapides et plus complets.
EFFETS DIRECTS DES PASSES
FAITES EN REGARD DES MEMBRES SUPÉRIEURS ET INFERIEURS
(Voy. fig. 19 et 20.)
Des passes descendantes ou centrifuges
faites en regard de la moitié antéro-externe
des membres supérieurs depuis le moignon de l'épaule jusqu'à l'extrémité
des doigts y provoquent directement l'anesthésie.
Ces mômes passes
faites en regard de la face postéro-interne de ces mêmes membres y provoquent au contraire
l'hyperesthésie.
D'autre part des passes ascendantes ou
centripètes faites en regard de la
face antéro-externe y provoquent l'hyperesthésie et faites en regard de là face
postéro-interne y provoquent l'anesthésie.
Enfin des passes
transverses ou croisées faites en regard de l'une ou del'autre facedes membressupérieursy provoquent
l'anesthésie.
Il résulte de cet exposé que les
règles précédemment établies, justes
pour toutes tes régions du corps en général ne te sont plus pour la face
postérieure ou postéro-interne des membres supérieurs, a moins d'admettre que
les nerfs sensitifs cutanés s'y distribuent de bas en haut, de l'extrémité des
doigts à l'épaule.
Cette supposition excellente comme moyen
mnémotechnique ne saurait convenir
considérée comme l'expression exacte d'une disposition anatomique.
Nous nous bornerons donc, pour le moment,
à noter simplement le fait.
Après avoir découvert celle anomalie dans l'action des passes aux
membres supérieurs, nous voulûmes savoir si elle se répétait à
l'égard des membres inférieurs.
Des expériences
nombreuses, quoique moins commodes à faire avec les membres inférieurs qu'avec les membres
supérieurs, nous montrèrent que les membres inférieurs se comportaient
comme les membres supérieurs à l'égard des passes.
Ainsi des passes
faites en regard de la face antérieure des membres inférieurs y produisaient
l'anesthésie si elles étaient descendantes (centrifuges), et
l'hypèresthésie si elles étaient ascendantes ; mais par contre des passes fuites en
regard de la face postérieure y produisaient l'hyperesthésie si elles étaient
descendantes, et l'anesthésie si elles étaient ascendantes. Des passes
trànsverses (croisées) faites en
regard de l'une et de l'autre face y provoquaient l'anesthésie.
En faisant des
passes tantôt ascendantes, tantôt descendantes tout autour des membres
supérieurs et inférieurs, j'ai pu marquer exactement les limites réciproques de leurs
moitiés antérieure et et postérieure telles qu'elles ont été indiqués plus haut
(Voyez p. 70, 72 et 82, et fig. 3,4, 5 et 6).
Le procédé pour la détermination de ces
limites était des plus simples; aux membres
supérieurs je procédais de la manière suivante: j'appliquais la pointe mousse d'une tige quelconque sur un point
des téguments et je la faisais glisser lentement à des hauteurs différentes sur tout le pourtour d'abord des
doigts, puis de la main, puis de l'avant-bras et du bras. Là
où finissait l'anesthésie et commençait
l'hyperesthésie et vice versat suivant que je procédais d'avant on arrière ou d'arrière eu
avant et suivant que l'anesthésie siégeait en avant ou en arriére, je
marquais un point. J'opérais de manière à ce que ces points
fussent suffisamment rapprochés les uns des
autres. Les reliant ensuite entre eux j'obtenais la ligne de séparation des
deux moitiés antérieure et postérieure.
Aux membres inférieures j'opérais
plus sommairement et à travers les vetements. Mais cette exploration de
la sensibilité, malgré certaines difficultés, a été faite avec assez de soin et de précision pour pouvoir donner comme exacte dans son ensemble
la ligne de séparation entre les moitiés antérieure et postérieure.
Lorsque les bras sont naturellement pendants de chaque côté
du corps, la face antéro-externe de chacun d'eux
fait en quelque sorte suite à la
face antérieure du tronc. Les faces postéro-internes de ces
membres se trouvent ainsi appliquées contre les faces latérales du corps.
Dans ces conditions
des passes faites en regard de la section antérieure du corps, dansle domaine des
nerfs descendants,depuis les yeux et les oreilles jusqu'aux pieds ou
inversement depuis les pieds jusqu'aux yeux
et aux oreilles, parcourent une vaste région dans laquelle les nerfs
sensitifs se distribuent tous dans le méme sens et le long de laquelle les
modifications de la sensibilité ne présentent
aucune différence sous l'influence d'une môme passe.
PROCÈDE
OPÉRATOIRE POURLES GRANDES PASSES ANTÉRIEURES
DANS LE DOMAINE DES NERFS DESCENDANTS
(Voy. fig. 19 et 20.)
Ces passes, qu'on
pourrait appeler grandes passes ou passes générales antérieures et qui sont
les plus généralement employées et connues, étaient habituellement pratiquées
par moi de la manière suivante:
le sujet neurisable est debout, assis ou couché; le
plus souvent assis ou couché.
Supposons qu'il soit couché sur le dos les
bras ramenés sur les côtés du corps.
On se propose de faire des passes descendantes (centrifuges).
L'opérateur se place
en face du sujet et a sa droite, la jambe gauche en avant et la droite en
arriére avec un écart assez grand pour pouvoir faire osciller facilementson corps sur une
certaine étendue
tantôt en avant tantôt en arriére.
Plaçant ensuite ses mains l'une à
côté de l'autre, les doigts recourbés dans la flexion, il les porte assez
rapidement en regard des yeux, au niveau de la ligne de divergence, a la
distance de 10 à 12 centimètres des téguments. Puis étendant
rapidement les doigts en les écartant légèrement, il fait exécuter aux
mains un mouvement lent et régulier de
descente jusqu'aux pieds en suivant
la ligne médiane du corps, lit main gauche d'un
côté et la main droite de l'autre côté de cette ligne.
Arrivé au niveau des
orteils il recourbe les doigts dans la flexion, ramène légèrement ses mains à
lui et les porte de nouveau assez rapidement en regard des yeux.
De nouveau il allonge rapidement les
doigts en les écartant légèrement,
puis les promène une deuxième fois de haut en bas en regard du corps non plus le long de la ligne
médiane mais le long de la partie
externe du corps, de manière à influencer la face antéro-externe
des membres supérieurs et la partie externe de la face antérieure des membres
inférieurs.
Par cotte double passe
descendante toute la section antérieure du corps, dans le domaine des nerfs
descendants, se trouve influencée. Ces passes médianes et antéro-latérales
descendantes ainsi alternées sont ainsi répétées un nombre variable de fois,
suivant que l'on veut borner les effets à l'anesthésie ou les prolonger
jusqu'au sommeil.
Ces passes, au lieu d'être bimanuelles
pourraient êtreunimanuelles.
Mais dans ce dernier cas pour un même nombre et dans un même laps de temps donné, leurs effets
seraient moitié moins accusés. Avec un sujet très sensible et si
l'opérateur est doué d'un pou» voir
neurique considérable, on peut obtenir facilement et rapidement des
effets avec une seule main.
Si l'on voulait
faire des passes ascendantes en regard des mêmes régions, l'opérateur se placerait de
préférence à la gauche du sujet, sa face tournée vers les pieds de
celui-ci, les jambes disposées comme
précédemment. Puis il ferait des passes ascendantes allant des pieds jusqu'au niveau des yeux,
médianes et bilatérales, soit avec
les deux mains à la fois soit avec une seule main.
Il ferait ces passes plus ou moins
nombreuses suivant qu'il voudrait se borner
a provoquer l'hyperesthésie des régions influencées, ou bien courir le risque de provoquer une crise violente, ou bien encore réveiller le sujet précédemment
endormi ou enfin plus simplement neutraliser l'anesthésie produite par des
passes ascendantes.
PROCÉDÉ
OPÉRATOIRE POURLES GRANDES PASSES
POSTÉRIEURES DANS LE DOMAINS DES NEUFS ASCENDANTS
(Voy. fig. 21 et 22.)
Ces passes sont
comprises entre ta zone neutre post-cervicale et les pieds.
Le procédé pour pratiquer
ces passes tantôt descendantes tantôt-ascendantes est le même que celui
précédemment décrit, avec cette seule différence que le sujet est couché sur le ventre.
Mais ces passes ne
sont guère usitées dans ce que Ton pourrait appeler la pratique. On peut môme dire que les magnétiseurs
de profession qui font un usage si fréquent et môme exclusif des grandes passes antérieures n'y ont jamais
recours. Parmi les médecins je ne connais personne qui en ait fait
usage ou les emploie actuellement.
Elles sont peu
commodes, et je ne les ai pratiquées pour ma part que pour compléter le mieux
possible mon œuvre de recherches. D'ailleurs sur cette vaste étendue postérieure
comprise entre la nuque et les talons, une
môme passe peut produire les deux modifications opposées de la
sensibilité puisqu'elle rencontre la face postero-interne
des membres supérieurs et la face postérieure des membres inférieurs. Sur ces
dernières régions, nous le savons, les passes produisent des
effets opposés a ceux prévus par les régies établies et basées sur la relation
existant entre la direction des passes et le sens de ht distribution des nerfs.
Lorsque, faisant des
passes postérieures, on veut n'obtenir directement que des modifications
de la sensibilité de même ordre, on doit ne pas influencer les membres supérieurs
et inférieurs mais borner l'opération à lu face postérieure du tronc.
Là les passes
descendantes sont partout anesthésiantes et les passes ascendantes partout hyperesthésiantes.
ÉTENDUE DES PASSES
Nous avons vu que, soit dans le domaine
des nerfs ascendants soit dans le domaine
des nerfs descendants, les passes parcourent une étendue plus ou moins
grande. La longueur de ces passes est limitée soit par l'étendue plus ou moins
grande de la région influencée elle-même, soit par la volonté de
l'opérateur,
Ces passes peuvent donc être réduites
à une longueur de quelques
millimètres. Malgré la petitesse extrême de la course que l'on fait
faire aux doigts, les modifications de la sensibilité ne se produisent pas moins telles qu'elles sont prévues
par les règlesétablies. Toutes les régions du corps
peuvent servir pour ces expériences. Je choisissais de préférence l'extrémité des
membres supérieurs ou la région faciale parce que ce sont des régions habituellement
découvertes.
J'ai pu ainsi anesthésier ou
hyperesthésier les téguments avec un seul doigt, très superficiellement
ou profondément suivant le nombre de
passes; sur une étendue plus ou moins grande suivant la longueur et le
rapprochement des passes; pour un temps plus ou moins long suivant le degré
obtenu de ces manifestations de la
sensibilité, enfin suivant des formes variables, suivant certaines combinaisons
dans la directions des passes.
J'ai pu
ainsi tracer des lignes, des croix, des échelons d'anesthêsie ou d'hyperesthésie. L'avant-bras et la main
étaient certainement les régions
les plus commodes pour ce genre
d'expériences. L'anesthésie et l'hyperesthésie, même tres limitées, provoquées
par les passes obéissent aux mêmes
lois que l'anesthésie et l'hyperesthésie provoquées de la méme
manière sur une grande étendue. Or quand ces modifications de la
sensibilité sont ainsi très limitées elles occupent une région
où les nerfs ne sauraient avoir de
direction générale très définie en apparence puisqu'ils y forment un réseau a mailles plus ou moins serrées. Mais
on remarquera que, dans ce réseau, les filets nerveux ont, en dernière
analyse, une direction générale indiquant un sens de distribution
franchement ascendant ou descendant, de telle
façon que les passes les rencontreront
parallèlement ou obliquement en remontant ou en descendant, ou parfois
transversalement.
LIMITATION DES EFFETS DES
PASSES
J'ai pu observer que
l'anesthésie ou l'hyperesthésie consécutives a une passe faite avec un ou plusieurs doigts,
mais unique ou répétée seulement un petit nombre de fois et sur une région
où les troncs nerveux sensitifs d'un
certain volume n'existent pas ou sont profonds, restaient limitées
à l'étendue visée par la passe et n'avaient
pas de tendance à s'étendre. On eût dit que ces modifications
de la sensibilité étaient bornées à la couche la plus superficielle du
derme.
EXTENSION DES EFFETS DBS
PASSES
Mais si l'anesthésie ou l'hyperesthésie
étaient provoquées par des passes faites avec plusieurs doigts et plusieurs
fois répétées sur une région où des
troncs nerveux d'un certain volume existent et sont assez superficiels,
elles avaient une tendance à s'étendre d'abord vers ta périphérie en longueur et en largeur» puis vers les centres.
Dans ces cas l'une
ou l'autre de ces modifications de la sensibilité avaient sansdoute gagné on
profondeur et, trouvant probablement dans les filets nerveux sensitifs d'un certain
volume une voie de propagation facile,
s'étaient étendues hors les limites parcourues par les passes.
Le degré, la profondeur et le pouvoir d'extension
de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie provoquées par les passes étaient en
général d'autant plus accusés que ces
passes intéressaient des régions dans lesquelles les nerfs sensitifs
étaient les plus volumineux, les plus serrés elles plus rapprochés du cerveau. Ces conditions paraissaient se réaliser
sur la téte, aux régions crânienne et faciale.
CONDITION DE
L'EXTENSION DES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE PRODUITES PAR
LES PASSES
Enfin l'intensité, la rapidité, la durée
et le pouvoir d'extension de l'anesthésie et de l'hyperesthèsie
ainsi provoquées étaient d'autant plus accusés que le sujet était plus
près du début de sa maladie. Au fur et à mesure que grâce
à l'hypnoneurisation son étal s'améliorait elle devenait moins
sensible à mon action.
DUREE DES
MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ PRODUITE PAR LES PASSES
Quant à la durée de
l'anesthésie on de l'hyperesthésie provoquées
par les passes elle a été pour toutes ces raisons variable.
Un jour,
après avoir anesthésie tout le cuir chevelu, le front et une petite étendue de la paume de la main
a 41 heures du matin, je retrouvai ces
régions insensibles à 4 heures 1/2 de l'après-midi.
CAUSE
DE L'EXTENSION PÉRIPHÉRIQUE DES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ
ET RELATION ENTRE LES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ PÉRIPHÉRIQUE ET LES MODIFICATIONS DES
CENTRES.
Nous avons fait
allusion plusieurs fois à une extension périphérique et centrale de
l'anesthésie et de l'hyperesthésie provoquées par les passes.
Il serait intéressant de savoir si celle
extension périphérique est l'indice d'une extension correspondante dans les
centres.
Mais, pour résoudre
ce problème, il faudrait d'abord savoir si les modifications de la sensibilité provoquées sur une région plus ou moins étendue des téguments et à un
degré d'intensité plus ou moins
accusé sont toujours l'expression d'une modification correspondante des
centres nerveux, ou si, parfois, tout au moins, elles
sont indépendantes d'une modification concomitante
on môme primordiale des centres nerveux.
En d'autres termes, en anesthésiant ou en
hyperesthésiant un point des téguments par les passes, agit-on tout d'abord sur
tes centres par la voie des nerfs sensitifs, ou bien faction porte-t-elle
exclusivement sur les nerfs périphériques?
Us nerfs n'étant quedes conducteurs, les modifications de la
sensibilité ne peuvent s'expliquer en général que si des centres nerveux
sensitifs sont influencés.
Or quels sont les
centres nerveux sensitifs ? Ce sont l'encéphale et la moelle.
Mais a ces centres
ne faut-il pas ajouter les corpuscules du tact qui sont à l'extrémité
périphérique des nerfs sensitifs?
Les centres nerveux divers
peuvent être considérés comme de condensateurs de la force nerveuse qui,
bien que reliés entre eux, n'en ont pas moins une certaine indépendance.
Dans ces conditions ne peut-on pas
admettre que des passes dont l'action n'est
ni trop intense ni trop prolongée peuvent n'intéresser tout d'abord à la périphérie que les corpuscules du tact
et le réseau nerveux superficiel?
On pourrait peut-être expliquer ainsi la
persistance pendant des heures de certaines
anesthésies ou hyperesthésies provoquées à la périphérie par les passes,
sans que ces modifications viennent à gagner les centres nerveux ou du moins à se manifester par
des phénomènes qui expriment une modification subie par les centres. Pourtant certains faits paraissent être en
contradictionavec cette manière d'expliquer.
Nous avons vu en
effet que quelque limitée que fût l'anesthésie provoquée sur le dos de la
main du sujet par des radiations digitales fixes, et quelque
limitée que fût la modification de la sensibilité provoquée par
des passes en regard d'une moitié latérale du front ou de l'occiput, elles se
réfléchissaient sur la moelle pour se montrer dans un point homologue de l'autre côté.
Cette modification
secondaire de la sensibilité périphérique dépendait évidemment d'une modification centrale
correspon-
dante, laquelle n'était
elle-même que l'extension de la modification de l'autre moitié du centre, influencé
lui-même par une action périphérique.
Toute modification
survenue dans la sensibilité périphérique no serait donc que l'expression d'une modification
équivalente provoquée dans les contres, médiatementparles nerfs ou par voie de propagation dans
les centres mêmes.
Mais peut-être
cette manière d'interpréter les faits est-elle trop absolue.
Quoiqu'il en soit, il
nous a paru qu'une modification peu profonde de la sensibilité périphérique, d'abord
limitée au champ influencé par la passe,
pouvait ensuite s'étendre dans la même région. Voilà le fait.
Plaque d'anesthesie bordée
(l'hyperesthésie et vice versa. Nous avons aussi observé un autre fait encore plus
intéressant. C'est qu'une modification de
la sensibilité provoquée sur un région du domaine des nerfs descendants
étaitparfois bordée d'une modification
d'ordre opposée de la sensibilité.
Ainsi lorsque par des passes je provoquais de
l'anesthésie sur une partie limitée soit de la face antérieure ou postérieure
dés avant-bras, soit sur la face postérieure du tronc, les régions contiguës du
même domaine situées au-dessus et au-dessous de cette plaque d'anesthésie étaient le siège d'une
hyperesthésie manifeste. Inversement, lorsque par des passes je
produisais une plaque d'hyperesthésie, les régions contigue situées au-dessus
et au-dessous, sur le même domaine, se trouvaient anesthéstées.
Ces modifications particulières de
la sensibilité m'ont paru se réaliser lorsque je ne faisais que des passes peu
nombreuses de manière a ne modifier que superficiellement la
sensibilité.
Faut-il admettre que, dans ces cas,
l'influence des passes respectant les centres n'avait porté que sur la
périphérie?
L'explication de la
production de cette modification positive de la sensibilité bordant la
modification négative directement provoquée et vice versa n'en
deviendrait pas plus facile si on niait toute influence directe à la périphérie.
La question serait vite
tranchée si toujours nous avions exploré la sensibilité de la moitié latérale
opposée ou de la section opposée du même côté du corps : 1° dans le cas
où nous constations qu'une modification
de la sensibilité provoquée par les passes persistait fixe sans
s'atténuer, et sans s'étendre sur la région directement influencée ; 2° dans les
cas ou telle modification de la sensibilité provoquée directement sur
une région se trouvait par ce fait bordée d'une modification inverse de
la sensibilité.
Tour nous, toutes
les fois qu'une modification de la sensibilité provoquéedirectement
surun point dela périphérie s'accompagne d'une
modification d'un point situé ailleurs, soit sur le même côté du
corps soit sur l'autre côté, nous admettons en dernière analyse que les
centres nerveux ont éte influencés.
Toutes les fois que
nous avons exploré la sensibilité sur despoints autres que ceux directement
influencés, nous avons trouvé qu'elle était modifiée.
Cette modification
indirecte de la sensibilité ne pouvait se faire que par l'intermédiaire des centres nerveux,
puisque l'intégrité de la sensibilité périphérique dépend de l'intégrité des
centres. L'anatomie pathologique et
l'expérimentation physiologique le prouvent.
Là où quelque obscurité
s'est présentée pour l'interprétation des phénomènes, nous n'avions
observé qu'incomplètement.
CONCLUSION
AU SUJET DE LA RELATION ENTRE LES MODIFICATIONS
DE LA SENSIBILITE
PÉRIPHÉRIQUE ET CELLES
DE
LA SENSIBILITE CENTRALE
Il faut donc conclure que l'état de la
sensibilité à la périphérie du corps
sur les téguments traduit fidèlement Vêlai de la sensibilité dans
les centres; que les téguments
sont ace point de vue te miroir des centres
nerveux, pourvu toutefois que les nerfs sensitifs conducteurs,
intermédiaires entre les téguments et la moelle, soient intacts (1).
1. Consulter
les recherches de Dejerine sur les altérations de la sensibilité periphé-
EFFETS INDIRECTS DES PASSES FAITES EN REGARD
DES DIVERSES REGIONS DANS
LE DOMAINE
DES NERFS DESCENDANTS
(Voy. fig. 24, 25, 26, 27, 28, 29,30,31,32,33,34, 35, 36, 37, 38 et 39.)
Dans le domaine des nerfs ascendants toute
passe, même très peu étendue,
faite en regard d'une région appartenante l'une des moitiés latérales du
corps modifiait, ainsi que nous l'avons vu, non seulement la sensibilité de
cette région mais encore celles d'autres
régions du même côté; en môme temps cette double modification directe et
indirecte de cette moitié latérale du corps se produisait avec les
mêmes caractères sur l'autre moitié latérale.
Autrement dit, toute
modification de la sensibilité provoquée directement ou indirectement par les passes sur le
territoire dépendant de l'un des
hémisphères cérébraux se reproduisait avec les mêmes
caractèreset la même disposition sur le
territoire dépendant de l'autre moitié
latérale des centres nerveux.
Dans le domaine des
nerfs descendants nous avons observé les mêmes faits, de telle
sorte que les règles précédentes sont applicables aux deux domaines et par conséquent
à tout l'ensemble du corps.
Aussi bien, si l'on
considère que l'homme est bicéphale, on peut dire que toute modification de la
sensibilité directement ou indirectement provoquée par les passes sur la
personnalité gauche de Mlle C..., se reproduisait sur sa personnalité droite.
Voici quelques
exemples de ces effets indirects de passes faites dans le domaine des nerfs
descendants et sur diverses régions.
rique, dans l'ataxie produite par la
dégénérescence des nerfs culanes et musculaires. (Archives de physiologie, no 2,
1884.)
Fig. 24. - Effets indirects d'une
passe directement anesthesiante faite, dans le domaine des nerfs descendants, en regard de la section postérieure du
trône.
La fichereprésente
la passeeffective et sa direction; en regard d'elle se trouve inscrit le genre de
modificationde la sensibilité directement proroque. Ailleurs en voit inscrit le genre
de modification de la sensibilité indirectement proroque.
Fig. 25. Effets
indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans te domaine des nerfs descendants, en regard de la
section postérieure du tronc.
La flèchereprésente lapasse effective et sadirection;
en regard d'elle se trouve inscrit le genre de
modificationde 1a
sensibilité directement provoqué. Ailleurs on voit inscrit le genre de
modification de la sensibilité indirectement provoque.
Fig.
26. Passes descendantes intéressant les membres
supérieurs : anesthésiantessi elles sont faites en regard de
la face antéro-externe de ces membres et hyperesthésiantes si elles sont
faites en regard de leur face postero-interne (exception a la règle dans
ce dernier cas).
Fig.
27. Passes attendantes intéressant les membres supérieurs : hyperesthesianetssi elles sont faites en
regard de in face antéro-externe de ces membre*, et anesthesiantes si elles
sont (biles en regard de leur face postero-interne (exception ala régle dans ce dernier
cas).
EFFETS
INDIRECTS DES PASSES FAITES EN REGARD DES DIVERSES RÉGIONS DU TRONC
1°Région faciale (Voy.
fig.28,29 et 30.)
a. Une ou plusieurs
passes descendantes sont faites en regard de la moitié droite de la région faciale.
La portion de la
région faciale directement influencéepar les passes devient insensible.
En même temps la portion homologue
de la moitié latérale gauche de la région faciale devient insensible.
En même temps aussi la région
frontale devient hyperesthésique à droite et à gauche et la
région occipitale insensible des deux côtés
et la région dorsale hyperesthésique sur l'une et l'autre moitié
latérale (Voy. fig. 28 et 30).
6. Une ou plusieurs passes ascendantes sont
faites en regard de la moitié latérale
gauche de la région faciale.
11 en
résulte, sur la moitié latérale gauche du corps :
1° Une hémihyperesthésie faciale directement provoquée;
2° Une
hémianesthésie frontale, une hémihyperesthésie occipitale etunehémianesthésie dorsale, indirectement
provoquées;
3°
En même temps les mêmes modifications de la sensibilité se montrent
sur les régions homologues de la moitié droite opposée du corps. (Voy. fig.
29).
Si au lieu d'influencer tout d'abord et
directement par les passes la moitié gauche de la région on influence la moitié
droite, les effets directs et indirects seront identiques.
2° Région thoraco-abdominale
antérieure
(Voy. fig. 24,25, 31, 32, 33,
34, 35 et 36.)
Une ou plusieurs passes faites en regard de l'une des moitiés latérales de
cette région ont produit sur la sensibilité cutanée des
Fig. 28. Effets Indirects d'une
passe directement anesthesiante,faite, dans le domaine des nerfs descendants, en
regard de la région faciale.
Fig. 29.
Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans ledomaine des nerfs descendants, en regardde la région faciale.
Fig. 30. Effets
indirects d'une passe directement anesthésiante faite,
dans
le domaine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale droite
de la
région faciale.
An.S. Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante et
hypnotisante).
Fig.
31. Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite, dans le domaine
des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale gauche de la section antérieure du corps.
An.S. Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante et
hypnotisante).
effets directs et
indirects identiques à ceux provoqués par les passes faites devant l'une
ou l'autre moitié de la face.
a. Une ou plusieurs passes descendantes sont faites
on regard de l'une des moitiés de la région
thoraco-abdominale antérieure, la gauche, par exemple (Voy. fig. 31 et
32).
Les effets sont les suivants:
1° Hémianesthésie directe;
2°
Hemihyperesthésie frontale, hémianesthésie occipitale et hémihyperesthésie dorsale, indirectes, du
même côté;
3° Mêmes modifications de la
sensibilité sur l'autre moitié latérale du corps,
b. Une ou plusieurs passes ascendantes
sont faites en regard de l'une des moitiés latérales de la même région,
la gauche, par exemple, (Voy. fig. 33
et 34).
Les effets opposés aux précédents, sont les suivants :
1° Hémihyperesthésie directe ;
2° Hémianesthésie
frontale, hémihyperesthésie occipitale et hémianesthésie dorsale, indirectes, du môme côté;
3° Mêmes modifications de la
sensibilité sur l'autre moitié latérale du corps.
3°
Région thoraco-lombaire ou dorsale du tronc
a. Une ou plusieurs passes descendantes
sont faites en regard de l'une des moitiés latérales de cette région, la
gauche, par exemple (Voy. fig. 35 et 24).
On observera :
1° Une hémianesthésie directe;
2° Une hémihyperesthésie occipitale, une
hémianesthésie frontale et une hémihyperesthésie thoracique antérieure
indirectes du même côté; de plus de hyperesthesie le long de la face
postérieure du membre inférieur correspondant;
3°
Les memes modifications de la sensibilité sur l'autre moitié latérale du tronc
et sur la face postérieure de l'autre membre inférieur.
Fig. 32. Effets indirects d'une
passe directement anesthesiante faite, dans le domaine des nerfs descendants,
on regard de la section antérieure du troue.
Fig.
33. Effets indirects d'une passe directement hyperesthésiante faite, dans le domaine
des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale gauche de la section antérieure du corps.
Hyp.R
- Hyperesthésieet Réveil(Pasehyperesthésiante et reveillante).
Fig. 34. Effets indirects d'une
passe directement hyperesthésiante faite, dans domaine des nerfs descendants,
eu regard de la section antérieure du tronc.
Fig.
35. Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite, dans
ledomaine des nerfs descendants, en regard de la moitié latérale droite dela
section postérieure du corps.
An.S.
Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante
et
hypnotisante).
b. Une ou plusieurs
passes ascendantes faites en regard de l'une des moitiés latérales de la région
dorsale du tronc provoquent des effets directs ou indirects identiques mais de
caractère opposé, c'est-à-dire que 1a où dans le cas
précédent se trouvait de l'anesthésie, on observera maintenantde
l'hyperesthésie et vice versa (Voy. fig. 36et25).
EFFETS
INDIRECTS DES PASSES FAITES EN REGARD
DES MEMBRES SUPÉRIEURS ET INFERIEURS
(Voy. fig. 37,38 et 39.)
1° Membres supérieurs
a. Je fais une passe descendante en regard de la face
antéroexterne de l'un des bras, à gauche, par exemple (Voy. fig. 37).
Il en
résulte :
1°De l'anesthésie le long de la face antéro-externe de ce bras;
2° De l'hyperesthésie sur la face
postéro-interne opposée du même bras;
3° De
l'hémihyperesthésie frontale du môme côté (Les régions occipitale, thoracique
antérieureetdorsale n'ont pas été explorées, mais il est probable que j'aurais trouvé de
l'anesthésie occipitale et de l'hyperesthésie dorsale) ;
4° Les mêmes modifications de la
sensibilité sur les régions homologues de la moitié latérale opposée du corps,
c'est-a-dire de l'anesthésie sur la face
antéro-externe et de l'hyperesthésie sur la face postéro-interne de
l'autre bras, de l'hémihyperesthésie frontale de ce même côté opposé.
b. En faisant une passe
ascendante en regard de la face antéro-externe de l'un des bras, j'obtiens des effets
directs et indirects identiques mais de caractère opposé,
c'est-à-dire d'un côté et de l'autre
: hyperesthésie brachiale antéro-externe avec anesthésie brachiale
postéro-interne et hyperesthésie frontale (Voy. fig. 38).
Fig. 36. Effets indirects d'une
passe directement hyperesthésiante faite, dans le domaine des nerfs
descendants, en regard de la moitié latérale droite de la section postérieure
du corps.
Hyp.R -
Hyperesthésieet Réveil(Passehyperesthésiante et reveillante).
fig. 37. Effets indirects d'une
passe directement anesthésiante faite en regard de la face antéro-externe d'un des membres supérieurs.
An.S.
Anesthésie et Sommeil (Passeanesthésiante et hypnotisante).
Fig. 38. Effets indirects d'une passe directement anesthésiante faite on
regard
do ta face antero-externe d'un des membres supérieurs.
Hyp.R - Hyperesthésieet
Réveil(Passehyperesthésiante
et reveillante).
2° Membres inférieure
a. Je fais des passes descendantes en regard de la
face antérieure des membres inférieurs.
Les
résultats obtenus sont :
1°De l'anesthésie sur la face antérieure des deux
jambes;
2° De l'hyperesthésie sur leur face postérieure;
3° De l'hyperesthésie frontale.
b. Je fais une passe ascendante en regard de la face
antérieure de l'un ou de l'autre des
membres inférieurs et j'obtiens :
1° De l'hyperesthésie sur la face
antérieure et de l'anesthésie sur la face postérieure des membres inférieurs;
2° De l'anesthésie frontale.
c. En opérant en regard de la face postéro-interne
des bras on obtient des effets indirects identiques, mais dont le
caractère est subordonné à
celui que les passes ont provoqué directement.
COMPARAISON ENTRE LES EFFETS DES PASSES
BILATERALES ET LES EFFETS DES PASSES UNILATÉRALES
Mode de production des modifications
indirectes de la sensibilité sur la moitié latèraledu corps opposéeàcelle qui a été directement influencée par les passes. Si en regard des
régions de l'un et de l'autre domaine, c'est-à-dire si en regard de
n'importe quelle région du corps je fais des passes bilatérales soit antérieures soit postérieures, au lieu de les faire unilatérales, les
modifications de sensibilité ainsi provoquées ne changeront pas d'ordre et de
caractère. Elles seront seulement renforcées dans leur intensité, et
favorisées dans larapiditédeleurdéveloppement,cequi se comprend
aisément.
Des passes plus
étendues que celles qui viennent d'être signalées et qui intéressaient la
totalité ou presque la totalité de la longueur du domaine des nerfs descendants donnaient
généralement les mêmes résultats.
Fig. 39. Effets indirects
d'une pacte directement hyperesthésiante faite en regard de la faceantéro-externe d'un des
membres supérieurs.
Hyp.R
- Hyperesthésieet Réveil(Passehyperesthésiante
et reveillante).
Parfois cependant
j'ai pu par dos passes localiser l'anesthésie exactement sur toute une moitié latérale du corps
sans que la sensibilité de l'autre moitié fût changée d'aucune
manière.
Cette localisation
de l'anesthésie sous forme d'hémianesthésie générale tenait-elle a la
généralisation et à la rapidité des passes? Je ne saurais le dire.
L'anesthésie ou
l'hyperesthésie directement provoquées sur une moitié latérale du corps ne se répètent
donc pas toujours sur l'autre moitié du
corps. Mais lorsque cette propagation transmédullaire latérale a lieu
elle se fait en vertu d'une loi fort simple : l'une des moitiés latérales du corps reproduit dans les mêmes régions
et avec les mêmes caractères les modifications de la
sensibilité qui ont été provoquées par les passes sur l'autre moitié latérale.
Mode de production des modifications
indirectes de la sensibilité sur la moitié latérale ducorps qui a été directement influencée par les
passes.
L'apparition de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie sur des régions autres que
colle qui a été directement influencée par les passes mais appartenant
à la même moitié du corps semble plus difficile à
expliquer.
Nous avons proposé plus haut (p. 149 et
452) une sorte d'explication qui n'a pour
butque de faciliter le travail de la mémoire en servant de moyen mnémotechnique.
Celle explication purement hypothétique
n'est applicable aux
phénomènes du même ordre qui ont pour théâtre le domaine des
nerfs descendants, qu'autant qu'il s'agît de ceux qui se produisent sur le
tronc y compris la région faciale inférieure. Sur les membres mêmes, en
effet, les conditions changent. Ainsi, en regard du troney compris la région
faciale inférieure des passes môme très limitées faites au-devant de l'une des moitiés latérales du corps
ou sur les deux moitiés à la fois, équivalent à une passe
générale, laquelle ne serait elle-même que la continuation d'une
autre passe générale ayant intéressé la face opposée du corps»
Prenons un exemple. Une passe descendante faite
au-devant du thorax unilatéralement ou bilatéralement équivaut au
point de vue
des effets directe et
indirects sur la sensibilité générale à une passe qui d'abord effective se
continuerait ensuite virtuellement dans le sens de sa direction.
Dans l'exemple
choisi, cette passe virtuelle se continuerait en bas le long de la face antérieure de l'un des
membres inférieurs ou des deux ala fois,contournerait la
face plantaire des piedsd'avant en arrière,
remonterait ensuite le long de la face postérieure du corps, latéralement ou
bilatéralement, atteindrait le sommet de la tôle, le contournerait
d'arrière en avant, descendrait, unilatéralement ou bilatéralement
au-devant du corps et rejoindrait la passe effective.
Avec des passes
effectives ascendantes préthoraciques les effets sont analogues quoique de caractère opposé.
Sur les membres supérieurs et inférieurs
eux-mêmes les choses se passent un peu différemment.
Ainsi les passes
descendantes, en regard des faces antéro-externces des membres supérieurs ou antérieures des membres
inférieurs, anesthésient directement ces faces et hypéresthésient indirectement
les faces opposées.
Il semblerait que dans ces cas les passes
effectives donnent lieu à des passes virtuelles de même sens sur
la moitié opposée de la région.
Avec des passes
effectives ascendantes les effets sont analogues mais de caractère opposé.
Ces manières
d'expliquer ces apparitions d'anesthésie et d'hyperesthesie ailleurs que sur la région directement
intéressée par les passes sont des moyens purement conventionnels pour mieux se rendre compte des effets produits et aussi pour
les prévoir dans les divers cas.
Il est bien certain que ce n'est pas
à la périphérie même que ces modifications de ta sensibilité se
produisent et se diffusent. Leur apparition
et leur diffusion à la périphérie n'est que l'expression
appréciable extérieurement des modifications qui sont provoquées dans les parties
correspondantes des centres nerveux.
INFLUENCE
RECIPROQUE DE L'ANESTHÉSIE ET DE
L'HYPERESTHÉSIE
PROVOQUEES INDIRECTEMENT
L'anesthésie et l'hyperesthésie provoquées
indirectement par les passes ont une
influence réciproque semblable & colle qu'ont l'une sur l'autre
celles qui ont été obtenues directement.
Ainsi de
l'hyperesthésie indirecte, provoquée sur une région précédemment
anesthésiée indirectement, neutralise cette anesthésie et ramène la
sensibilité à l'état normal sur celte région, et vice versa.
Exemple.Une passe ascendante devant les tibias anesthésie
indirectement le front. Une passe descendante au-devant des tibias pourra ensuite neutraliser cette
anesthésie frontale. Inversement une
passe ascendante prétibiale neutralisera l'hyperesthésie frontale
provoquée précédemment par une passe prétibiale descendante.
INFLUENCE
D'UNE MODIFICATION DE LA SENSIBILITÉ
DRIECTEMENT
PROVOQUEE SUR UNE
MODIFICATION DE LA SBNSIBILITE
INDIRECTEMENT
PROVOQUÉE
D'autre part une modification directe de
la sensibilité peut neutraliser une modification indirecte de la sensibilité de
caractère opposé et vice versa.
Ainsi dans l'exemple
précédent si après avoir fait des passes descendantes au-devant des
tibias et avoir ainsi déterminé de l'hyperesthésie frontale, on
vient à faire des passes ascendantes au-devant du front, on fait cesser l'hyperesthésie de
cette région et on provoque d'autre part le retour de la sensibilité dans les
membres inférieurs Si les passes sont continuées au-devant du front il s'y
développe de l'anesthésie, et en même temps la face antérieure des jambes s'hyperesthésie. En refaisant alors les pre-
mieres passes descendantes au-devant des jambes on
peut y ramener la
sensibilité normale, ainsi qu'au front.
Supposons maintenant
que ces passes prétibiales aient été répétées assez, souvent pour modifier de nouveau la
sensibilité sur place et au loin ; nous
aurons donc de l'anesthésie au-devant des jambes et de l'hyperesthésie au front. Nous pouvons alors ramener la
sensibilité à l'état normal dans ces deux régions en faisant des passes
ascendantes au-devant des tibias; mais il faut que ces passes soient ni trop
rares ni trop fréquentes, car si elles sont trop fréquentes le but
est dépassé et au lieu de ramener la sensibilité à l'état normal dans
les deux régions tibiale et frontale, elle produisent de l'hyperesthésie
prétibiale et de l'anesthésie frontale.
CONSÉQUENCES D'UNE DENEURISATION INCOMPLÈTE
Si par contre ces
passesprétibiales ascendantes ne tant pas faites un nombre suffisant defois, on reste en deçà du but et la déneurisation
ou le retour a la sensibilité normale ne sont pas complets sur tu tibia. Cela étant, si on vient a faire des
passes ascendantes au-devant du front au lieu de produire en ce point de
l'anesthésie (et même a la suite le sommeil) on y détermine de l'hyperesthésie.
Si, au contraire, les passes descendantes au-devant des jambes ont été suffisamment nombreuses pour y neutraliser complètement les effets
des passes descendantes, des passes ascendantes au front y produiront l'anesthésie et le sommeil pourra
même survenir après.
Si, dans toutes ces expériences, au lieu
d'agir sur le devant des jambes on avait opéré en regard de la face
antéro-externe des membres supérieurs les résultats obtenus eussent été
identiques, ce que l'expérience a d'ailleurs prouvé.
Comment pourrait-on
expliquer l'anomalie que nous venons de signaler et qui consiste dans l'exagération de la
sensibilité provoquée nu front par des
passes ascendantes lorsque nous savons que ces passes y produisent
régulièrement l'anesthésie? La déneurisation incomplète des
membres peut elle de quelque manière nous donner la clef de ce
problème?
Nous avons fait
beaucoup d'hypothèses mais l'explication simple et naturelle de cette anomalie nous échappe.
Nous' soupçonnons pourtant que la
déneurisation incomplète dos jambes en déneurisant incomplètement
le front a produit quelque trouble dans les
courants neuriques ou nerveux qui doivent parcourir cette région.
Ce trouble consiste-t-il en quelque
renversement de. courant? Nous no saurions nous prononcer a ce sujet.
H nous suffira pour
le moment d'avoir noté le fait anormal et signalé la difficulté de son explication.
J'ai note sur
d'autresrégions des anomalies de ce genre survenues dans les mêmes conditions.
Aussi
ai-je cru devoir formuler la règle suivante :
Toutes tes fois qu'une passe faite en regard
d'une région du corps au lieu d'y produire telle modification de la sensibilité
que l'élude des faits habituels permet de prévoir y produit la modification inverse, il y a lieu de rechercher quelle est
la région du corps qui après avoir été neurisée n'aurait pas été
complètement déneurisée.
Enfin de même
que des passes provoquent soit directement soit indirectement l'anesthésie, elles peuvent aussi
provoquer soit directement soit indirectement le sommeil. Et de même que
l'hyperesthésie directe ou indirecte peut
neutraliser l'anesthésie directe ou indirecte elle peut aussi
neutraliser le sommeil neurique, c'est-à-dire réveiller.
SOMMEILS ET RÉVEILS ALTERNATIFS
PROVOQUÉS PAR LES MÊMES PASSES RÉPÉTÉES
Une ou plusieurs
passes descendantes sur le devant du thorax ou de la face y produisent directement l'anesthésie
et déterminent indirectement
l'hyperesthésie du front et l'anesthésie de la nuque. Si je continue ces
passes, le sujet ne tarde pas às'endormir et, bien entendu, l'insensibilité devient alors
égale sur tout le corps.
Or il m'est arrivé que faisant ces passes descendantes
au-devant
de la face, sans discontinuer, le sujet
s'endormait puis se réveillait, puis s'endormait de nouveau et ainsi de suite.
Je
n'avais pas bien compris d'abord fa signification do cette succession de sommeils et
de réveils et j'avoue que je me contentais difficilement d'une explication qui
eût consisté dans la simple
constatation du fait en établissant d'après la loi formulée par M. Dumont-Pallier que la même cause qui
endormait était capable de réveiller et vice versa.
Or,
lorsque j'eus découvert qu'une passe anesthésiante pouvait déterminer
l'hyperesthésie d'une région voisine contigue ou plus ou moins éloignée, je
crus y trouver l'explication moins simple, mais en tout
cas beaucoup plus satisfaisante pour l'esprit, de celle action
double et différente des mêmes passes persistantes.
En
effet les premières passes faites, de haut en bas (descendantes, centrifuges)
au-devant de la figure anesthésiant la figure et hyperesthésiant le
front; celles qui viennent après déterminent sur place
une anesthésie plus profonde laquelle venant a se généraliser dans
les centres nerveux détermine le sommeil. Les autres passes ne
font qu'accentuer, approfondir le sommeil, mais il semble qu'il y ail
une limite, et alors l'hyperesthésie déterminée par action de continuité
sur le front détermine le réveil de plus eu plus complet du sujet. Puis de
nouveau tes passes persistantes l'endorment, puis de nouveau le réveillent et ainsi
de suite.
Il
semble que la condition essentielle pour que ces sommeils
alternatifs aient lieu, est que les passes anesthésiantes aient lieu sur une petite étendue et
non loin du cerveau, et que surtout l'étendue de la région parcourue
par les passes effectives soit nu moins égale a celle sur laquelle
agissent les passes virtuelles en y provoquant des effets opposés.
Ce
qui semble bien établir l'importance de cette dernière condition,
c'est que des passes descendantes laites au-devant do domaine des
nerfs descendants depuis les yeuxjusquesaux
pieds provoquent le sommeil, et si elles sont répétées elles ne font qu'endormir plus
profondément le sujet sans qu'il s'ensuive cette succession de réveils et de
sommeils alternatifs dont nous avons parlé.
Sans ce cas la somme
des anesthésies directes et indirectes provoquées par les passes est supérieure a la somme
des hyperesthésies provoquées indirectement.
Nous avons nettement
remarqué que te pouvoir qu'avaient les passes de faire apparaître l'anesthésie et
l'hyperesthésie sur des régions autres que celles directement visées ou
influencéess'affaiblissait
au furet a mesure que la jeune fille revenait à
la santé.
Ce qui ressort nettement de l'étude des
effets que les passes exercent directement
ou indirectement sur la sensibilité générale, c'est que la partie du
système nerveux, la première intéressée, est représentée
par les nerfs sensitifs superficiels ou périphériques aussi bien à la tete, où le centre nerveux encéphalique
est très rapproché de l'action des passes qui se pratiquent en
regard de cette région, que dans les autres points du corps.
Ce serait dont une
erreur de croire que, au crâne notamment les passes peuvent agir directement sur le cerveau.
INFLUENCE DES
PASSES DIGITALES SUR LA
SENSIBILITÉ SPÉCIALE INFLUENCE SUR LA VUE ET
SUR L'OUÏE
Vue.
Lorsque la malade
étant éveillée je faisais devant ses yeux quelques passes tantôt
descendantes et tantôt transversales elle perdait la vue sans perdre l'ouïe.
Mais si je répétais les passes plus
nombreuses elle perdait la vue et l'ouïe.
Ensuite je ramenais
la sensibilité spéciale des yeux et des oreilles à leur état normal en souillant sur eux.
Ouïe.
Si au lieu d'agir tout d'abord sur les
yeux j'agissais sur les oreilles les résultats obtenus étaient les suivants:
En faisant dos passes descendantes
au-devant des oreilles et au fur et à mesure de la répétition de ces
passes je provoquais :
1° L'anesthésie du pavillon ;
2° La
diminution puis la suppression de l'ouïe.
3° La diminution puis la suppression de la vue
à°
Le sommeil.
St au lieu d'influencer les deux yeux ou les deux
oreilles à la fois je limitais mes passes à un seul œil on
à une seule oreille j'obtenais les mômes effets directs et indirects
mais d'un seul côté. II n'y avait pas de propagation aux organes similaires de
l'autre moitié latérale du corps.
Ainsi des passes fuites en regard de
l'œil droit anesthésiaient d'abord cet
œil puis l'oreille droite, c'est-à-dire que la vue puis l'ouï
c se perdaient du côté droit. Lavue
et l'ouïe restaient intactsà gauche.
Si j'agissais en
regard de l'œil gauche les effets directs par l'œil et indirects par l'oreille correspondante
étaient identiques.
Si au lieu d'agir ainsi d'abord sur l'un ou
l'autre des yeux j'agissais un premier lieu
sur l'une ou l'autre oreille je supprimais l'ouïe dans l'oreille intéressée, puis la vuedans l'œil
correspondant. Une fois (14 décembre 1880) je fis une expérience
particulièrement
intéressante.
La jeune fille étant
éveillée je fis des passes descendantes devant son œil gauche. Mais elle continuait
à voir de ce côté gauche comme d'ailleurs de l'autre côte.
J'eus l'idée alors de fermer momentanément
l'œil droit (non influencé). Je constatai ensuite qu'elle ne voyait plus
avec l'œil gauche et n'entendait plus avec l'oreille correspondante.
J'ouvris l'œil droit que j'avais
fermé, elle voyait avec cet oeil, mais elle continuait à ne pas voir
avec l'œil gauche et à ne pas entendre avec l'oreille gauche
correspondante.
Que s'était-il passe
pendant que je fermais l'œil droit? Je suppose que j'ai empeché le
lumière d'exciter le centre de perception lumineuse correspondant et
par voie d'anastomose te centre de perception lumineuse de l'œil gauche neurise.
Cette excitation ainsi transmise d'un centre
non neurise à un autre centre neurisé devait
empocher l'action
anesthésiante do la neurisation. En supprimant celle excitation j'ai dulaissera la neurisation anesthésiante toute son action.
Puis une fois le
centre de perception lumineuse de l'œil gauche anesthésie, la réouverture de l'œil,
quoique permettant la transmission de
l'excitation lumineuse par voie réfléchie, n'aplus permis a celle-ci d'agir.
Les effets des passes faites en regard
d'un œil ou d'une oreille n'ont jamais
franchi la limite de séparation des deux moitiés latérales du corps.
La diffusion no
s'est faite que dans la même moitié latérale, de l'organe de la vue à celui de
l'ouie et vice versa.
LÉGÉRE
INÉGALITÉ FONCTIONNELLE ENTRE LES DEUX
HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX
Soit que les modifications fonctionnelles
provoquées par les passes eussent intéressé les nerfs de la sensibilité
générale, soit qu'elles eussent intéressé les nerfs de ht sensibilité spéciale,
nous avons cru longtemps, en observant ces modifications de la sensibilité,
que les deux moitiés latérales du corps réagissaient également,
c'est-à-dire sans inégalité marquée, ce qui paraissait indiquer une harmonie parfaite ou suffisamment
parfaite dans le degré d'excitabilité des deux hémisphères
cérébraux.
Mais après de nombreuses
expériences, il nous a paru que les mêmes
passes anesthésiant les faites également en regard de chaque moitié latérale du corps influençaient un peu plus
promptement et un peu plus
profondément les sensibilités générale et particulière du côté
gauche que celles du côté droit du corps.
Cette légère inégalité
fonctionnelle entre les deux hémisphères cérébraux, à peine perceptible dans cette première phase
dela maladie de Mlle C..., ressortira davantage plus tard lorsque nous étudierons les phénomènes qui
caractérisent les divers degrés du sommeil neurique et surtout lorsque nous
traiterons des phénomènes observés
dans la deuxième période de la maladie.
INFLUENCE DES
PASSES DIGITALES SUR
LA MOTILITÉ DANS LE DOMAINE DES NERFS DESCENDANTS
Région faciale.
Nous ferons au sujet do la région faciale,
considérée dans la portion qui faitpartiedu domaine dos nerfs
descendants, les mêmes observations que nous avons faites plus haut (p. 150) au sujet de la région
frontale et oculaire.
Pour que les muscles faciaux
se contractent sous l'influence des passes il faut que la région
faciale soit préalablement anesthésiee, etque les passes soient faites dans le sens apparent
de la contraction des muscles.
Cou.
Des passes descendantes au cou
anesthésient les téguments et déterminent
la contracture des muscles influencés. Tout d'abord les téguments deviennent
insensibles, puis la contracture musculaire a lieu. Cette contracture
peut être généralisée a tous les muscles du cou, si les passes sont
faites sur tout le pourtour de cette région.
Tronc.
Des passes
descendantes faites en regard du tronc y déterminent aussi la contraction des muscles.
Membres.
Faites en regard des
membres, les passes descendantes y déterminent la contracture si elles sont descendantes
en regard de la face antérieure, et
ascendantes eu regard de la face postérieure.
D'après ces
données on comprend que des passes générales descendantes faites dans le domaine des nerfs
descendants ont
pu déterminer la contracture de tous les muscles du corps.
Le
procédé opératoire est le même que pour les passes générales
anesthésiantes et hypnotisantes dont il a été question plus haut (p. 163, 164 et 165).
Contracture
musculaire générale. Des passes générales
anesthésiantes et subsequemment contracturantes, ne peuvent pas déterminer
le sommeil avant de provoquer la contracture, mais elles peuvent
provoquer et la contracture et le sommeil.
J'ai réussi a provoquer la
contracture générale des muscles tout en maintenant la malade éveillée.
Dés qu'elle paraissait
céder au besoin de dormir je soufflais sur ses yeux.
J'ai
fait alors une expérience que tes magnétiseurs ne manquent jamais
de produire en public et qui est bien propre, il faut le reconnaître, à
frapper l'esprit des spectateurs.
Ayant
disposé deux chaises, l'une en regard de l'autre, j'ai placé la tete ou plutôt
la base du cou de la jeune fille ainsi contracturée, mais
maintenue réveillée, sur le bord de l'une des chaises, et les pieds
sur le bord de l'autre. Elle a pu se maintenir dans cette position
assez longtemps pour qu'il fût acquis que la contracture musculaire était
capable de résister aux effets de la pesanteur.
Cessant
un moment de souffler sur ses yeux (ce que je faisais pour la maintenir,
éveillée de telle manière qu'elle pouvait assister elle-même à cette expérience), elle s'est
endormie, et la contracture s'est maintenue.
J'ai
ensuite fait cesser cette contracture et réveillé le sujet en soufflant
sur les yeux et sur les diverses régions du corps.
ACTION DES RADIATIONS DIGITALES MOBILES SUR LA MOTILITÉ A L'ÉGARD DES MEMBRES SUPÉRIEURS ET SPÉCIALEMENT DES
DOIGTS
Les
passes faites le long des membres supérieurs ou inférieurs, descendantes
en regard de leur face antérieure et ascendantes en regard de leur face
postérieure, ne sont pas seulement anesthé-
siantes, elles sont aussi contracturantes, de manière à
placer le membre ainsi neurise dans l'extension forcée. Si ces passes
sont faites, par exemple, en regard de toute la
Fig 40. Details d'anatomie
descriptive relatifs aux doigts
longueur de l'un des bras,
depuis et y compris le muscle deltoïde jusqu'à l'extrémité des doigts, ce membre
se raidira tout entier etfut-il pendant sur le côté du corps, il se placera graduellement dans la position
horizontale et la dépassera même. Pour que ce
résultat ait lieu, il convient que le muscle
deltoïde soit soumis exactement
à l'action des pusses. Si cette condition n'est pas remplie le
bras demeure contracture dans la position verticale et comme collé contre le
tronc, c'est-à-dire dans la position qu'il occupait tout d'abord.
Si le muscles deltoïde qui
est le muscle releveur de tout le bras est compris dans la passe, on voit le membre se
lever peu à peu comme une barre rigide au fur et à mesure que les
passes sont répétées et atteindre ainsi la position horizontale et la dépasser
mime. Pendant ce temps les doigts s'incurvent dans l'extension forcée.
Si on tente alors par des efforts de
combattre cette contracture on ne fait que l'exagérer. Il suffit pour redonner
au membre toute sa souplesse de souffler sur lui, ou de te malaxer, ou do faire
des passes ascendantes en regard de sa face postéro-externe ou antérieure.
L'intensité de cette
contracture ne serait pas difficile à calculer; nous n'avons fait aucune tentative dans ce
sens par l'emploi de poids, etc. Quant a sa
durée, elle peut dépasser celle que la volonté seule permettrait de
faire atteindre à des muscles non neurises.
Limitées a la main et spécialement
aux doigtst les passes y provoquent des contractions et des
contractures qui méritent une étude particulière soit à cause de
leurs caractères propres, soit à cause du genre même de
passes qui les provoquent.
Une passe digitale descendante lente faite
en regard de la face dite dorsale ou
antéro-externe d'un doigt depuis et y compris le métacarpien jusqu'à son extrémité libre, provoque des mouvements
intermittents de tout ce doigt dans le sens de la flexion. On
peut constater en même temps que toute
l'étendue des téguments visée parles passes est devenue insensible (Voy. fig. 41 A).
On obtient le même résultat en faisant des
passes ascendantes sur la face postéro-interne ou palmaire du doigt (Voy. fig.
41 A).
Si tes passes sont un peumoins lentes, si
surtout elles commencent du milieu ou de l'extrémité supérieure de la face
antéro-externe du bras, ou bien si en regard de la face postéro-interne
elles remontent
assez haut, ce ne sont plus des mouvements intermittents des doigts que l'on obtient, mais leur
raideur dans l'extension forcée avec participation du bras a cette raideur. En
môme temps les parties visées par les passes s'anesthésient. La différence des
mouvements obtenus par les mômes ma-
Fig.
41. Les flèches indiquent le sens de la direction des rayons
digitaux oculaires ou pneumiques employés (passes
digitales oculaires ou pneumiques) ainsi que le lieu et
le sens del'application de l'extrémité digitale du sujet neurisateur
(Voyez p. 265).
nœuvresfaites en regard des doigts seuls dans un cas, etenregard du bras
dans l'autre, pourrait dépendre de la disposition des muscles inter-rosseux,
aussi bien que de la rapidité variable de la
passe. C'est une étude délicate qui aurait besoin d'être reprise. Si
nu lieu de faire les passes sur toute l'etendue du doigt on les
limitait soit au métacarpien
correspondant, soit a la phalange, soit a la phalangine, soit a la phalangette,
voici quels étaient les résultat» obtenus :
Fig.
42. Les flèchesindiquent le sens de la direction des rayons
digitaux oculaires ou pneumiques employés (passes
digitales oculaires ou pneumiques ainsi que le lieu et le sens de l'applicationde
l'extrémité digitale du sujet neurisateur(Voyez p.
295).
s'agiter dans la flexion par des mouvements
intermittents. Si elle était faite en
regard de la face dorsale de la première phalange, la deuxième
et la troisième phalange s'agitaient dans le sens de la flexion en restant en droite ligne. Si la passe
était faite en regard de la deuxième phalange ou phalangine,
celle-ci et la troisième
s'agitaient
dans le sens de la flexion en faisant ensemble une légère courbe.
Si enfin la passe était faite en regard de la troisième phalange ou phalangette
celle-ci seule s'agitait dans le sens de la flexion (Voy. fig. 41 B).
Les
memes particularités se remarquent lorsque des passes ainsi
limitées et ascendantes lentes sont faites en regard de la face palmaire ou
postéro-interne du doigt.
Nous
avons remarqué qu'une passe descendante rapide pouvait déneuriser le doigt (Voy.
fig. 41 A et B).
Des
passes ascendantes lentes faites en regard de la face dite dorsale d'un doigt et des
passes descendantes lentes faites en regard
de la face palmaire, soit tantôt sur toute la longueur du doigt, soit
tantôt en regard du métacarpien ou de l'une ou de l'autre phalange, produisent l'extension du doigt ou successivement de
chaque phalange si le doigt est fléchi, ou exagèrent l'extension si le doigt est déjà allongé (Voy.
fig. 42).
Supposons
le doigt du sujet fléchi; des passes ascendantes lentes faites
en regard de sa face dite dorsale et sur toute sa longueur en déterminent
l'extension. Si on opère ainsi en regard de chaque phalange voici ce que
l'on observera : une passe ou des passes ascendantes lentes faites en regard de
la phalangette en déterminent l'extension mais
incomplètement -, faites en regard de la phalangine elles
complètent l'extension de la phalangette qui se place alors dans la direction de
la phalangine elle-même. Si la passe est
faite en regard de la phalange, la troisième et la deuxième phalange (phalangette et phalangine) s'allongent
et se placent dans la direction de la première. Enfin une passe faite en
regard du métacarpien détermine
rallongement des trois phalanges et par suite la raideur du doigt dans l'extension forcée.
Si le
doigt étant très légèrement fléchi on fait des passes descendantes
lentes le long de sa face palmaire, il s'étend en se raidissant.
Puis l'extension se complète et s'exagère au fur et à
mesure que l'on fait une passe en regard des phalanges soit en
descendant en regard de la face palmaire, soit en remontant
en regard de la face dite dorsale (Voy. fig. 42 B).
Toujours dans ces expériences l'anesthésie
dos téguments en regard desquels on opérait a précédé la contraction des
muscles. L'anesthésie préalable des téguments est donc la condition essentielle
de la contracture dus muscles sous-jacents. Mais celle contracture se produit assez rapidement pour que la
période anesthésique intermédiaire et constante puisse être
considérée comme intimement liée a celle de
la contracture. El comme il convient de distinguer ces deux périodes
successives quoique intimement liées ensemble il convient d'en reporter
l'étude acette partie de l'ouvrage ou il est spécialement question des
effets produits par la neurisation dans l'état de veille, après
anesthésie préalable des téguments sur lesquels on agit (p. 326).
Qu'il nous suffise
pour le moment d'avoir signalé par quelques exemples frappants la possibilité
des contractures sous l'influence des passes et certaines conditions essentielles d'après lesquelles elles s'effectuent. Nous réserverons donc pour
l'autre partie de l'ouvrage à laquelle nous faisions allusion
divers phénomènes de contraction ou de contracture tels que le
relèvement et l'abaissement des
paupières, la contraction des muscles de l'expression faciale, la
contracture isolée de tels ou tels muscles des autres régions du corps, la contracture généralisée a tous les muscles ou
mieux a presque tous les muscles du corps, etc., etc., toutes modifications
de la motilité pouvant être obtenues au moyen des radiations digitales
mobiles.
Passes
rentrantes et sortantes ou perpendiculaires
Jusqu'à présent nous avons exposé
les effets des passes ascendantes,
descendantes, obliques et tranverses. Ces passes, ainsi que nous l'avons
minutieusement exposé, consistent à passer ou promener la main
ouverte en regard d'une région choisie du corps et a une distance variable mais
qui généralement est de 5 à 10centimètres. Dans cette opération les doigts
très légèrement écartés les uns des autres sont dirigés vers une
région en regard de laquelle et sur
laquelle on opère. La main est ainsi promenée tantôt
de haut on bas du corps,
tantôt do bas en haut, tantôt obliquement, et tantôt transversalement relativement a l'axe du
corps. Des effets spéciaux sont obtenus avec
chacune de ces manières d'agir; nous n'avons pas ales rappeler ici.
D'autres fois la
main ouverte, les doigts étant allongés et légèrement écartés ou bien disposés circulairement
comme dans l'attitude préparatoire de la préhension, peut être mise en
regard du sujet de manière à
se porter tantôt vers lui et tantôt à s'en éloigner.
Bien qu'en réalité ces mouvements de la
main ne constituent pas des passes, on
pourra leur donner ce nom pour ne pas compliquer le langage. Nous les
appelerons passes perpendiculaires par opposition
aux autres, ou encore avec la qualification spéciale de rentrantes on
centripètes, de sortantes, ou centrifuges suivant que la main se
rapproche ou s'éloigne du sujet.
Ces passes
perpendiculaires produisent des effets qui sont surtout appréciables dans
l'état de sommeil neurique ou après anesthésie préalable de la région
en regard de laquelle elles sont faites.
En dehors de ces conditions préalables
elles ne peuvent agir que comme les radiations digitales fixes.
Si nous les signalons
ici, c'est parce que leur place y est naturellement marquée en raison du
plan que nous avons adopté (Voyez p. 202 et suiv.).
TRANSRADIATIONSDIGITALES MOBILES
Les radiations digitales mobiles ou passes
proprement dites peuvent agir non seulement directement et librement à
travers l'air ambiant, mais encore à
travers divers obstacles.
Dans les expériences
que nous avons relatées, les passes n'agissaient librement et directement sur les téguments
que lorsqu'il s'agissait de régions habituellement découvertes, la face, le
cou, les mains et parfois les avant-bras.
Ailleurs elles devaient agir sur les téguments à travers des
vêtements plus ou moins épais; à la
tete, c'est à travers
une épaisse chevelure qu'elles devaient porter leur action sur le cuir chevelu.
Dans le deuxième livre nous verrons
les passes agir & travers d'autres obstacles.
PREMIERS
ESSAIS DES PASSES ET PREMIERS EFFETS OBTENUS
Nous rappellerons ici que ce fut le 30
octobre 1880 que nous fîmes pour la première fois l'essai des passes sur
Mlle C... Les effets obtenus alors nous
frappèrent vivement. Ayant à plusieurs reprises passé de
haut en bas la main ouverte au-devant de la figure de la jeune malade, celle-ci
ne tarda pas à s'endormir et à s'affaisser
sur elle-même après s'être plaint d'avoir sommeil. Nous constatâmes
alors qu'elle donnait réellement (tout au moins d'un sommeil particulier) et
qu'elle était partout insensible.
Avec le sommeil s'était donc produite
l'anesthésie générale. Quelques jours
après, le 2 novembre, je vis que je pouvais par des passes en
regard de diverses régions du corps produire de l'anesthésie sans sommeil, et
limitée à la région parcourue par les passes. J'ai pu ainsi anesthésier
un doigt, le nez, une oreille, l'une des paupières, une moitié latérale
du corps, et ce par des passes descendantes.
EFFETS
THÉRAPEUTIQUES DES PASSES
ANESTHÉSIANTES EFFECTIVES OU
DIRECTES
Ce fut a l'occasion des premières
passes que je fis le 30 novembre 1880 que je constatai pour la première
fois leurs effets thérapeutiques. J'ai
déjà dit que le sommeil survenait a la suite de ces passes et que
l'anesthésie était généralisée. Or pendant ce temps la douleur de la région
occipitale et celle du creux épigastrique qui
étaient si vives avaient complètement disparu.
Quelques
jours après, le 4 novembre 1880, la malade étant
en état de veille et
continuant à souffrir cruellement d'une vive sensibilité sur tout le cuir chevelu
(hyperesthésie) j'eus l'idée de passer ma main au-devant du front et au-dessus
de la tete en cercle. Toute douleur cessa. Je venais d'obtenir ce soulagement par des passes transversales relativement a la
direction des nerfs. Dans la même journée ayant assisté au début d'une
attaque convulsive je l'arrêtai pur des passes descendantes le
long du corps. Déjà avant l'attaque
elle s'était plaint de souffrir d'une dent. Ayant fait une passe le long
de la mâchoire d'arrière en avant et de haut en bas, la douleur cessa.
Une autre fois (9 novembre 4880) la malade
étant dans le sommeil neurique paraissait
souffrir au niveau du front, car elle y appliquait fréquemment la main. Je fis
une passe ascendante (anesthésiante)
à ce niveau. Alors elle dit textuellement : < Comme c'est
agréable de souffrir, puis de ne plus souffrir; il est vrai qu'il vaudrait
mieux ne pas souffrir. »
Très fréquemment
elle s'est plaint d'une douleur sus-orbitaire (migraine), dans l'état de
veille, et toujours je l'ai calmée en quelques secondes au moyen de passes anesthesiantes.
Le 8 février 1881 elle me déclara que
depuis huit jours elle souffrait de
douleurs aux genoux et le long des jambes jusqu'aux pieds. Quelques
passes descendantes le long des membres inférieurs,
en avant, suffirent pour faire disparaître complètement ces douleurs.
EFFETS THÉRAPEUTIQUES DES
PASSES ANESTHESIANTES VIRTUELLES OU SOIT DE L'ANESTHÉSIE PRODUITE INDIRECTEMENT SUR
UNE RÉGION SITUÉE PLUS OU MOINS LOIN DE CELLE SOUMISE DIRECTEMENT AUX PASSES
(OU RADIATIONS DIGITALES MOBILES),
Névralgie
sus-orbitaire. Migraine. J'ai dit plus haut que fréquemment j'ai fait
cesser une névralgie sus-orbitaire en faisant des passes en regard de la région endolorie dans
le sens de la
distribution dos nerfs
intéressés, c'est-à-dire do bas en haut, soit verticalement soit un peu obliquement.
Nous avons établi d'autre part que des
passes ascendantes (hyperesthésiantes),
soit au-devant des tibias, soit au-devant de la face antéro-externe des
membres supérieurs portaient leur influence sur la région frontale où les nerfs ont une
direction opposée et y déterminaient l'anesthésie comme si elles y avaient été
faites directement.
Or dans les cas où la région
frontale était le siège de douleurs névralgiques, ces passes éloignées
do la région affectée ont suffi pour les faire cesser.
Résolution
par des passes descendantes d'une contracture ayant placé les doux pieds en
varus
Des passes descendantes m'ont servi pour
remettre dans sa position normale un pied varus (31 oct. 1880). J'ai
fait ces passes à une certaine distance en regard de la face externe du
pied.
Résolution
d'une contracture rebelle par des passes perpendiculaires sortantes
Nous rappelerons ici que des passes
sortantes faites en regard d'une région
siège d'une contracture (les pieds) rebelle aux moyens ordinaires,
ont pu déterminer la résolution des muscles et le redressement des parties
placées dans une position vicieuse par cette contracture.
RÉSUMÉ DES PRINCIPALES
MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ ET DE LA MOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES RADIATIONS
DIGITALES MOBILES OU PASSES.
I. La surface du
corps se divise en deux grandes régions ou domaines, le domaine des
nerfs ascendants et le domaine des nerfs descendants.
II. Ces deux domaines sont séparés par une ligne
dite naso-auriculo-cervicale qui, parité de la racine du nés, va aboutir de chaque côté ala partie postérieure
et moyenne du cou a la limite supérieure d'une zone
dite zone neutre cervicale postérieure, en
passant par le rebord inférieur de la cavité orbitaire, l'angle externe des yeux, l'arcade zygomatique,
l'extrémitésupérieure du pavillon de l'oreille, la limite postérieure de la région
mastoï dienne, et l'union du tiers postérieur avec
les deux tiers antérieurs de la face latérale du cou.
III. Le domaine des nerfs ascendants est
au-dessus et le domaine des nerfs descendants est au-dessous de cette ligne.
IV.
Les
radiations digitales mobiles ou passes employées dans l'étai de veille et sans anesthésie préalable sur un point quelconque
des téguments, en regard de l'un ou de l'autre des deux domaines des nerfs :
1° Anesthésiant les téguments et les
tissus sous-jacents plus ou moins
profondément, contracturent ou font simplement contracter les muscles de
la région directement intéressée, et endorment plus ou moins profondément au fur et a mesure de leur répétition, si
elles sont faites dans le sens de la distribution des nerfs.
2° Inversement elles hyperesthésient les
téguments et peuvent déterminer une attaque nerveuse violente ou
hyperesthésique (dite du petit veau dans notre cas), si elles sont
faites en sens contraire de lu distribution des nerfs.
De plus ces passes faites en sens
contraire de la distribution des nerfs ont la propriété de détruire les effets
des passes faites dans le même sens de la distribution des nerfs,
c'est-à-dire de ramener la
sensibilité à l'état normal en faisant disparaître l'anesthésie,
de relâcher les muscles, de réveiller.
De même les passes faites dans le
sens de la distribution des nerfs ont la propriété de détruire les effets des
passes faites dans le sens opposé a cette distribution, c'est-à-dire de
ramener la sensibilité a l'étal normal en faisant disparaître l'hyperesthésie,
et de calmer le sujet surexcité et préparer ainsi le retour à l'état
normal.
3° Elles
produisent aussi l'anesthésie, la contraction musculaire et le sommeil
si elles sont faites transversalement et perpendiculairement, ou obliquement
dans le sens de la distribution des nerfs.
4° D'autre part,
elles produisent l'hyperesthésie, le relâchement des muscles et le réveil, et même l'attaque
nerveuse hyperesthésique si elles sont faites obliquement dans le sens
contraire de la distribution des nerfs.
V. Ces règles comportent une exception
lorsqu'il s'agit de la (ace postéro-interne
des membres supérieurs et inférieurs. En
regard de ces régions les passes agissent comme si les nerfs sensitifs s'y
distribuaient de bas en haut.
VI. Quelque limitées que soient les passes, leurs effets sont toujours subordonnés aux lois et à
l'exception sus-indiquées.
VII. Les effets locaux
des passes sont exactement limités à l'étendue de ta région
ou de la partie circonscrite qui se trouve directement influencée. Aussi peut-on, avec
un doigt promené en
regard d'une région choisie des téguments, déterminer de l'anes
thésie ou de l'hyperesthésie sous forme de lignes, d'arcs de cercle, de hachures, anesthésier l'une ou l'autre seulement des moitiés latérales du corps, avec flaccidité ou d'autres
fois avec une légère raideur des membres de ce côté.
VIII. L'anesthésie ou l'hyperesthésie provoquées
sur une région de l'une des moitiés latérales du
corps s'accompagne ou est suivie de très près de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie
de la
région homologue, c'est-à-dire de la région de même nom située
sur le côté opposé du corps.
En même temps on s'aperçoit que sur
les membres les faces opposées à
celles sur lesquelles l'anesthésie ou l'hyperesthésie ont été provoquées directement ou par transfert présentent
une modification de la sensibilité exactement semblable à celle
des faces correspondantes du même côté.
IX. Des passes faites
en regard d'une région ne déterminent pas seulement des
modifications de la sensibilité sur place et par
transfert sur la région opposée du môme côté, s'il s'agit d'un
membre, et sur les
régions homologues de la moitié latérale opposée, mais elles agissent aussi par voie
réflexe simple ou par le mécanisme supposé des passes virtuelles sur les
régions voisines, et aussi sur des régions plus éloignées, en y déterminant des modifications de
la sensibilité qui dépendent et du sens des passes faites sur la région
choisie et du sens de la distribution des nerfs dans ces régions plus ou moins
éloignées.
Les passes qui
agissent sur la région visée sont dites passes effectives, et lorsqu'elles sont
considérées au point de vue de leur action à distance par voie réflexe simple ou
croisée (transfert) elles
sont dites virtuelles.
X. Le degré, la profondeur et le pouvoir
d'extension de
l'anesthésie ou de l'hyperesthésie provoquées par les passes sont en
général d'autant plus accusés que ces passes intéressent des régions
dans lesquelles les nerfs sensitifs sont les plus volumineux, les
plus serrés et les plus rapprochés du cerveau.
XI. La sensibilité neurique diminuait chez la malade
avec l'amélioration de sa santé.
XII. Il y a,
semble-t-il, un rapport exact et constant entre les
modifications de la sensibilité à la périphérie du corps et une modification
des centres. En d'autres termes l'état de la sensibilité à
la périphérie du corps, sur les téguments, traduit fidèlement l'état de la sensibilité dans
les centres.
XIII. Des passes
descendantes on transversales faites au-devant d'un œil abolissent d'abord la vue
dans cet œil, puis l'ouïe dans l'oreille correspondante.
XIV.Des passes
descendantes ou transversales faites en regard d'une oreille suppriment
d'abord l'ouïe de ce côté, puis la vue du même côté.
XV. Jamais les
effets des passes faites en regard d'un œil ou d'une oreille ne
franchissent la limite de séparation des deux moitiés du corps. En d'autres
tenues il n'y a pas de propagation aux organes similaires de l'autre moitié latérale.
XVI.Lorsqu'on neveut
neuriserqu'un seul œil,on estquelquefois obligé, pour réussir, de fermer l'autre œil
pendant l'opération.
XVII.
En
examinant les effets des passes sûr chaque moitié latérale du corps, nous avons pu nous convaincre qu'il existait une
légère inégalité fonctionnelle entre les deux hémisphères
cérébraux et que cette inégalité avait lieu au détriment de l'hémisphère
droit. D'en il s'ensuit que le sujet
était atteint d'un léger degré d'hémianesthésie gauche.
XVIII. Les passes ne déterminent la contracture
des muscles qu'autant qu'elles ont provoqué préalablement l'anesthésie de la région
influencée.
XIX. On peut déterminer
et maintenir par les passes la contracture générale des muscles, tout en tenant la
malade éveillée par le souille.
XX.La contracture
provoquée par les passes peut être limitée à un muscle ou à un groupe do muscles.
Limitées aux doigts les passes y provoquent les effets suivants : XXI. Une passe digitale lente descendante en regard
de la face dorsale d'un doigt et ascendante en regard de sa face palmaire
détermine des mouvements intermittents de tout ce doigt dans le sens de la flexion. Les téguments visés
deviennent en même temps insensibles.
XXII. Des passes
digitales lentes ascendantes en regard de la face dorsale d'un doigt et descendantes en regard
de la face palmaire produisent l'extension du doigt s'il est fléchi, ou
exagèrent son extension si elle existe déjà.
XXIII.Nous avons vu des
passes transversales faites en regard du milieu de la face dorsale de l'un des bras, et
à la distance de 12 à 15 centimètres, produire la
contraction des muscles successivement visés.
XXIV.Les vêtements
même épais ne sont pas un obstacle pour l'action des passes.
XXV.Les passes
perpendiculaires neproduisent généralement
aucun effet qui leur soit propre, à
l'état de veille et sans anesthésiation préalable de la région en regard de
laquelle elles agissent.
XXVI. Les passes ont des effets thérapeutiques
certains,
qu'elles soient considérées comme
effectives ou comme virtuelles.
XXVII. Elles
peuvent etre employées à combattre certaines névralgies, et spécialement certaines
migraines.
XXVIII. Elles peuvent
déterminer lu résolution d'une contracture.
XXXIX. Les passes
perpendiculaires sortantes, peuvent par une sorte d'action
attractive déterminer la résolution de certaines contractures rebelles à la médication
habituelle.
EMPLOI DES YEUX
NEURISATION OCULAIRE RADIATIONS
OCULAIRES DIRECTES FIXES
Action
sur la sensibilité générale et la motilitè
Ce que nous avons dit
des effets obtenus par la neurisation digitale à distance peut,
d'une manière générale, être appliqué a la neurisation oculaire aussi bien
lorsqu'elle est fixe que lorsqu'elle est mobile.
Ainsi un point de la surface tégumentaire
étant visé par les yeux, à la distance de 0,50,0,60 ou 1mètre, jepouvais provoquer l'anesthésie, puis l'hyperesthêsie
de ce point, puis la contraction on la contracture des
muscles sous-jacents.
I. Extrait d'une lettre de M. Martin Ziegler, du 24 juillet 1883. « Hier soir j'ai soupe avec M. Kubo,
peintre très connu d'ici. M. K. m'a raconté que dans le temps il avait fait le portrait d'une dame
et qu'a la flu de la première pote cette dame lui avait déclaré qu'elle avait ressenti un petit point
douloureux sur toutes les places du buste et de la figure où lui
(l'artiste) avait arrêté pendant quelque temps son regard.
» Kulm m'a dit que comme contrôle il a prie cette
dame de lui tourner le dos et il m'a assuré que, sans jamais se tromper, la
dame lui avait plusieurs fois indiqué tres exactement les
points sur lesquels il dardait ses yeux, depuis la nuque jusqu'au coude. » Expériences de M. le Dr
Mervy.
Dans le courant de juillet 1884 j'ai vu le Dr
Mervy, a Paris, provoquer des contractions
musculaires dans une région quelconque du corps qu'il fixait avec ses yeux, et cela en quelques secondes.
Ce fait vient a l'appui des résultats de nos
propres expériences.
J'ai pu ainsi immobiliser
un bras, une jambe, le poignet, etc. Cette
contracture persistait lorsque j'éloignais ou détournais le regard de la région ainsi visée. Pour la résoudre
il me suffisait de souffler sur cette région ou d'en malaxer les tissus
avec la main.
J'ai
pu supprimer la voix en fixant par le regard le cartilage thyroïde
a ladistance de 0,20. Ce résultatest
identique a celui obtenu au moyen des radiations digitales fixes,
J'ai
constaté aussi le transfert de l'anesthésie provoqué par le regard.
Enfin
l'anesthésie ainsi provoquée sur une région visée par le regard
peut s'étendre plus loin. En effet si le bras du sujet étant dans la flaccidité et
normalement sensible, je projette sur le poignet des rayons oculaires, je
détermine de l'anesthésie cutanée du poignet
et, on même temps ou consécutivement de très près, de toute
la main, avec conservation de la sensibilité au-dessus. En même
temps aussi les muscles sous-jacents de la région visée se contracturent.
Ainsi le regard est
anesthésiant, hyperesthésiant et contracturant,
et j'ajouterai qu'il a ces propriétés à plus d'un mètre de distance.
Le
regard est aussi hypnotisant soit par suite de la
propagation, ou mieux par diffusion dans les centres, de
l'anesthésie qu'il a provoquée sur une région quelconque du corps, soit
après avoir été fixé sur les yeux mêmes du
sujet. Dans ce dernier cas l'action hypnotisante est rapide puisqu'elle n'a
demandé que dix à douze secondes pour s'accomplir.
Action
sur les organes des sens
Vue.
La fixation des yeux du sujet peut n'entraîner qu'un
peu de
trouble de la vision si elle n'a qu'une durée de quelques secondes. En persistant la vue se trouble
davantage et l'on peut saisir le moment où la vue est abolie
lorsque le sujet n'est pas encore tombé dans le sommeil.
Ouïe. En regardant attentivement
et de près le conduit auditif de l'une ou de l'autre oreille j'ai rendu sourde
ht malade soit de l'un soit de l'autre côté, ou des deux cotés successivement.
En agissant ainsi
sur lu vue et sur l'ouïe, je ne me souviens pas d'avoir observé quelque
phénomène qui établisse dans le cas particulier une corrélation entre la vue et
l'ouïe et vice versa, ainsi
que l'action desradiations digitales fixes m'a permis de
le faire.
RADIATIONS OCULAIRES FIXES
REFLECHIES
Les radiations oculaires n'agissent pas
seulement par voie directe, j'ai pu aussi provoquer de l'anesthésie et le
sommeil en faisant réfléchir les rayons neuriques oculaires sur le sol.
Ainsi ayant regardé
fixement le sol dans une direction telle que les rayons neuriques de mes yeux pussent, en se
réfléchissant, atteindre le dos de la main
du sujet, j'ai provoqué de l'anesthésie sur cette région.
Dans une autre expérience, ayant pris les
dispositions nécessaires pour que les rayons oculaires réfléchis sur le sol
allassent atteindre les yeux du sujet, celui-ci ne tarda pas à
s'endormir.
D'ailleurs il n'est
pas rare de voir des magnétiseurs de profession endormir leur sujet en fixant ses yeux dans
une glace, même à une distance de plusieurs mètres.
TRANSRADIATION
NEURIQUE
OCULAIRE
Divers objets
interposés entre l'opérateur et le sujet ne sont pas un obstacle pour la production réelle des
effets ordinaires de l'action des rayons neuriques oculaires.
Nous avons dit que notre jeune malade
présentait habituellement de l'hyperesthésie
du cuir chevelu. Il suffisait d'effleurer ses cheveux pour exalter ou réveiller cette hyperesthésie suffisamment faible par moments
pour donner a penser qu'elle eût disparu. Les
doigts dirigés vers cette région avaient aussi la
propriété de réveiller ou d'exulter celle sensibilité déjà si grande. Il
en était de même du regard.
Je voulus donc m'assurer si le regard
aurait une action réelle sur celle région a travers un mur. Le mur qui séparait
le salon de l'antichambreavait au moins 0,50 d'epaisseur. Je fis placer
là malade dans
le salon le dos tourné au mur, à 0,50 de ce mur et à environ 1 mètre de distance du bord de la
porte de communication avec l'antichambre.
De mon côté je me
plaçai dans l'antichambre en face de ce même mur et à la distance de 1 mètre de
manière à ce qu'une ligne fictive parlant de mes yeux tombât
perpendiculairement sur ce mur et pût rencontrer la tôle du sujet.
Un confrère placé sur te seuil de
la porte de communication surveillait l'opération.
Dès que le rayon visuel se fut
trouvé dans la direction de cette ligne
fictive, en d'autres termes dès qu'à travers ce mur j'eus visé
avec mon regard la tete du sujet celui-ci accusa une vive douleur. Cette
douleur continua tant que je restai ainsi placé les yeux ouverts. J'eus l'idée
alors de les fermer, aussitôt la douleur cessa. Je les rouvris, aussitôt la
douleur se fit sentir de nouveau. Je les fermai encore et la douleur cessa.
J'opérai de la sorte plusieurs fois de façon à bien me convaincre et
à convaincre mon confrère que
l'action du regard se faisait réellement sentira travers ce mur. Aucun bruit, aucune
circonstance ne pouvait avertir le sujet qu'à tel moment précis je fermais ou rouvrais
mes yeux.
Celle expérience que
j'estime comme l'une des plus importantes que j'ai faites a été répétée
plusieurs fois par moi et toujours avec les mêmes résultats probants.
RADIATIONS OCULAIRES MOBILES
Voyant que le regard
fixe ou soit les rayons oculaires fixes jouissaient,d'une manière
générale, des memes propriétés que les rayons
digitaux fixes, j'ai eu l'idée de les
employer à l'etat mobile. En d'autres termes j'ai eu l'idée de faire des
passes oculaires. Au lieu de promener ma main en regard d'une région, je
promenais ma tête ou plutôt mon
regard de manière a lui faire parcourir une certaine étendue.
J'ai pu m'assurer ainsi que, abstraction
faite de la loi d'exception indiquée pour
les passes digitales, des passes oculaires faites dans le sens de la
distribution des nerfs étaient anesthesiantes et contracturantes,et que des passes oculaires faites en sens
contraire étaient
désanesthésiantes et décontracturantes, ou simplement hyperesthésiantes.
Les passes oculaires
se comportent à l'égard des doigts du sujet de la môme manière que les passes digitales
(Voy. plus haut, p. 203 et suiv.).
Les passes oculaires
sont assez fatigantes, en tout cas peu commodes, aussi ai-je donné en général la préférence
aux passes digitales.
PASSES
OCULAIRES PERPENDICULAIRES
Ce que nous avons dit des passes digitales
perpendiculaires (Voy. p. 209 et suiv.) est applicable aux passes oculaires
perpendiculaires.
RÉSUMÉ
Ce que nous avons dit des
effets des radiations digitales fixes et mobiles peutêtre appliqué aux effets des radiations
oculaires fixes ou
mobiles. Aussi ne croyons-nous pas utile de donner ici un résume de ces
derniers effets.
Nous ferons seulement
remarquer qu'avec les rayons neuriques oculaires nous n'avons pas pu, en influençant un
œil, influencer par suite l'oreille correspondante et vice versa.
Ensuite nous appellerons l'attention sur les effets du
regard sur
la sensibilité et la motilité des régions visées,
et sur ceux que l'on obtient à travers un obstacle.
EMPLOI DU SOUFFLE
NEURISATION PNEUMIQUE
L'emploi du souffle
buccal dans les expériences et les pratiques du magnétisme est connu depuis longtemps et
quelques auteurs ont su discerner en lui des
propriétés spécifiques absolument indépendantes
de ses propriétés physiques qui sont la pression qu'il exerce et la sensation
de froid ou de chaud qu'il provoque sur les téguments. Mais il faut reconnaître
que ce moyen de neurisation est resté l'apanage de quelques magnétiseurs
au point de vue de certaines interventions
thérapeutiques peu démonstratives d'ailleurs. Les magnétiseurs
l'emploient le plus habituellement pour réveiller leur sujet.
Premiers essais. Le premier usage que je fis
moi-même du souffle fut pour réveiller la jeune fille que je venais
d'endormir pour la première fois en
faisant des passes descendantes au-devant de sa figure.
Mais bientôt je fus
amené a l'employer méthodiquement, dès le jour où je reconnus en lui des propriétés
spéciales assimilables aux propriétés des doigts et des yeux.
Lit première
expérience qui me fit penser que le souffle agissait en vertu d'une propriété
particulière date du 4 novembre 1880.
Effets nuls avec un soufflet. Je savais que le souffle réveille, qu'il
hyperesthésie, ou exalte une hyperesthésie déjà existante, qu'il neutralise enfin l'anesthésie provoquée. Je
voulus remplacer mon souille par celui d'un soufflet ordinaire ; je ne
réussis pas. Les résultats furent nuls
aussi avec le souffle d'une tierce personne reconnue comme n'étant pas
douée du pouvoir de neuriser ; ils furent négatifs encore avec le propre
souffle du sujet.
Action nulle du souffle nasal. Si au lieu du souffle buccal j'employais le souffle nasal je n'obtenais aucun
effet.
La longue série des
expériences ultérieures m'a permis de bien déterminer quelles étaient les propriétés des
rayons pneumiques ou soit du souffle.
Rappel des propriétés physiques du souffle
neurique. Je rappelerai tout d'abord que les rayons pneumiques
obéissent aux mêmes lois physiques que les rayons digitaux et
oculaires; qu'ils se propagent en ligne droite, se réfléchissent sur les
glaces, et en général sur les surfaces
planes, se réfractent à travers les lentilles et les prismes et
sont susceptibles de traverser certains obstacles (portes, murs, etc.).
Forme conique de l'ensemble des rayons
pneumiques. Le faisceau des rayons pneumiques forme un cône dont le
sommet est aux lèvres lorsque celles-ci sont rapprochées comme dans l'action de siffler, et dont la base se perd dans
l'air ambiant et est d'autant plus large qu'on s'éloigne d'avantage des
lèvres.
ACTION DES
RADIATIONS PNEUMIQUES SUR LA SENSIBILITÉ GÉNÉRALEET
LA MOTILITÉ
Propriétés
spéciales des radiations pneumiques fixes
Contrairement aux radiations digitales ou
oculaires fixes qui qui sont avant tout
anesthésiantes et ne sont hyperesthésiantes que temporairement et par leur persistance pour devenir ensuite contracturantes et finalement déterminer le sommeil
neurique,les radiations pneumiques
fixes semblent être essentiellement hyperesthésiantes.
Hyperesthésie. En réalité, et cela nous a paru évident
à la suite d'un petit nombre de constatations, celle hyperesthésie est précédée d'un certain degré d'anesthésie sur la
région directement influencée, mais
celle anesthésie est transitoire. L'hyperesthésie la remplace presque
aussitôt et persiste seule avec ses effets.
Caractères
de l'hyperesthésie d'origine pneumique. Quant
aux caractères de cette
hyperesthésie d'origine pneumique, ce sont
les suivants: cette hyperesthésie est en quelque sorte latente; en
effet elle n'est perçue que durant l'action du souffle, et lorsque, le souffle cessant, le sujet fuit
exécuter des mouvements à la région qui en est le siège,
ou encore lorsqu'on dirige vers cette région
des rayons digitauxou oculaires,
oudenouvenu
des rayons
pneumiques.
Cette
hyperesthésie est annulée par l'application de la paume de la main.
Étendue de la surface
hyperesthèsièe. Celle étendue est d'autant plus grande que la surface influencée est plus éloignée de la bouche. Elle est proportionnelle a l'étendue
de la surface de coupe du faisceau conique pneumique.
Étant donc essentiellement
hyperesthésiantes les radiations pneumiques
fixes défont ce que les radiations digitales et oculaires ont fait : elles desanesthesient, ramènent
la sensibilité à son état normal, décontracturent et réveillent.
Lorsque
l'anesthésie s'accompagne de contracture, elle ne peut disparaître sous
l'influence du souffle qu'après la résolution de la contracture.
L'action résolutive du souffle sur la contracture
provoquée est d'ailleurs très nette et j'y ai eu souvent recours.
Transfert
de l'hyperesthésie d'origine pneumique. De môme que
l'anesthésie d'origine digitale et oculaire, l'hyperesthésie provenant du souffle peut
subir le transfert.
Diffusion de l'action
dèsanesthèsiante et décontracturante du souffle à toute une
région du corps. Dans la partie consacrée à l'élude de l'action des radiations digitales fixes au point de
vue de la diffusion de l'anesthésie (Voy. p. 86) nous avons vu qu'en projetant
des rayons digitaux dans le creux sus-clavieulaire au niveau du plexus
brachial et près de la colonne vertébrale je pouvais déterminer
l'anesthésie de tout le bras correspondant et
son immobilité par la tétanisation ou contracture, avec possibilité de cataleptiser ce membre ou soit de lui
faire garder toutes les positions qu'il peut prendre. Nous avons vu aussi qu'en
même
temps toute la
moitié correspondante du corps se trouvait anesthésiée. Or, en soufflant dans
le creux sus-claviculaire tout a disparu : l'anesthésie et la
contraction. Le bras est retombé, à la suite de la résolution de ses muscles
contractés.
Diffusion aux centres nerveux de
l'hyperesthésie d'origine pneumique. Crise du petit veau provoquée par lesouffle. Pour compléter
le parallèle, nous dirons que de même que les radiations digitales et oculaires sont hypnotisantes, c'est-à-dire
capables de provoquer une attaque de sommeil particulier, de même les
radiations pneumiques, semblables d'ailleurs en cela aux passes
centripètes hyperesthésiantes, peuvent provoquer une attaque
particulière que j'appelerai hyperesthèsique et qui n'est
autre chose que la crise dite du petit veau.
Attaque d'hyperesthésie comparée à
l'attaque d'anesthésie ou de sommeil. Ainsi, d'une part,
les radiations digitales ou oculaires fixes qui sont essentiellement anesthésiantes peuvent amener une attaque
anesthesique laquelle ne semble être que la diffusion et la généralisation de l'anesthésie dans les centres nerveux;
et, d'autre part, les radiations pneumiques fixes qui sont essentiellement
hyperesthésiantes peuvent provoquer une attaque hyperesthésique
témoignant ainsi, selon toute probabilité, d'une diffusion ou d'une
généralisation de l'hyperesthésie dans les centres.
En d'autres termes
nous avons d'une part le calme,de l'autre l'excitation, ou soit dans un cas l'hypo-esthèsie,
et dans l'autre l'hyperesthésie des centres sensitifs.
Nous voyons
qu'à l'hypo-esthésie de la périphérie correspond, par suite
peut-être d'un phénomène de diffusion, l'hypo-esthésie des centres
ou tout au moins de certaines parties des centres nerveux. Cet état
d'hypo-esthésie des centres est caractérisé par le sommeil neurique.
Nous voyons encore qu'à
l'hyperesthésie de la périphérie correspond
celle des centres ou de certaines de ses parties, caractérisée par un
état particulier qui semble être tout l'oppose du sommeil neurique, et
qui su révèle par l'exaltation des fonctions
secnsitives, motrices et intellectuelles, non sans
une certaine perversion de ces fonctions.
Cette attaque
hyperesthésique ou du petit veau (nous avons dit pourquoi a la p. 3) a été tantôt spontanée
et tantôt provoquée.
L'attaque hyperesthêsique n'a lieu que lorsqu'on souffle
doucement Nousdevons insister sur ce point que cette crise du petit
veau, lorsqu'elle était provoquée par le souffle, ne se produisait que si le souffle était doux, lent et
prolongé, quel que futle point du
corps sur lequel il était dirigé. S'il était fort il ne provoquait que de
l'hyperesthésie.
C'est en soufflant
de près, directement, légèrement et d'une manière continue sur la face
dorsale de l'une des mains du sujet que j'ai
vu se produire les premières attaques hyperesthésiques, et je fus
aussitôt frappé de culte relation de cause à effet.
Principaux caractères de l'attaque
hyperesthésique.
Ce qui prédominait dans celte crise ou attaque du petit veau c'étaient
les mouvements des membres. La malade
marchait, frappait les personnes qui étaient autour d'elle, parlait
beaucoup et avec animation; si alors je soufflais sur elle l'exaltation
devenait excessive et elle n'avait plus de repos.
Pour bien faire
connaître la nature de cette attaque hyperesthesique nous ajouterons enfin que lorsqu'elle
survenait spontanément elle était précédée de quelque douleur
très vive (névralgie intercostale, etc.).
Propriétés spéciales
des radiations pneumiques mobiles
Tandis que les radiations pneumiques, si
elles sont fixes, diffèrent des radiations digitales et oculaires fixes
en ce qu'elles sont essentiellement hyperesthésiantes, elles deviennent en tous
points assimilables, dans leurs effets, aux radiations digitales et oculaires
mobiles, si elles sont elles-mêmes mobiles.
Centrifuges, les
passes pneumiques ou soufflées anesthésie; centripètes, elles hyperesthésiant, sauf,
comme pour les autres
passes, ala face postéro-interne des membres ou les
effets sont inverses.
Action des radiations pneumiques mobiles
sur la motilitê. Eu égard aux doigts des mains les
passes pneumiques se comportent comme les autres passes, avec les différences
signalées suivant que ces passes sont lentes ou rapides (Voy. p. 203 et
suiv., et fig. 43,44,45 et 46).
ACTION DES RADIATIONS PNEUMIQUES SUR
LASENSIBILITÉ SPÉCIALE
La propriété qu'ont
les radiations pneumiques fixes d'hyperes-thésierles téguments,
c'est-à-dire d'exalter la sensibilité générale, s'étend aux organes de
sensibilité spéciale. Grace à ce pouvoir remarquable du souffle nous
avons pu exalter la sensibilité naturelle des divers organes des sens, ou bien
neutraliser ou détruire l'anesthésie dont ces organes se trouvaient affectes a
la suite de l'action sur eux des radiations
digitalesou oculaires. D'autres fois son action nom a
été d'un précieux service pour l'étude de l'indépendance fonctionnelle des deux
hémisphères, aussi bien que pour l'étude des rapports des organes des
sens entre eux.
Ouïe
Mes premières
expériences sur l'action du souffle sur les organes des sens remontent au
4 novembre 1880. Je commençai par l'ouïe.
Me plaçant à
côté de la jeune tille parfaitement éveillée, je soufflai huita dix fois dans l'oreille correspondante. Interrogée alors elle commença
à se plaindre que je parlais trop haut. Je fis la môme opération pour l'oreille du côté opposé et
lui ayant alors de nouveau parlé
elle se boucha les oreilles disant qu'elle ne pouvait pas supporter ma
voix, que je parlais trop haut.
Pour faire cesser cette hyperesthésie de
l'ouïe (hyperacousie), je plaçai durant quelques secondes ma main
entr'ouverte devant
le conduit auditif de chaque oreille et elle déclara que
je ne parlais plus
trop haut.
Fig 43, 44, 45, 46. Influence
des radiations pneumiques mobiles sur les mouvements des doigts.
S. Lot fleches indiquent le
sent dans lequel asouffle est promené. M. Moments intermittents dans le sens de la flexion
R. Raideur dans l'extension forcée.
Je soufflai de nouveau dans les oreilles et de
nouveau elle se plaignit que je parlais trop haut. Je me mis alors à
sussurrer
quelques paroles et elle prétendit
que je parlais comme d'habitude. Je me plaçai ensuite a distance et me mis a parlera voix basse : elle
déclara entendre parfaitement.
Je ne songeai pas
à rechercher si en exaltant l'ouïe j'exaltais en même temps, par propagation, la vue.
Vue
Je voulus ensuite essayer d'exalter le sens de la vue.
Je soufflai de même huit à dix fois sur chaque œil. Alors
la malade dit qu'elle voyait tout les objets grandis; que la chambre
était plus grande, que la fenêtre était devenue une porte-fenétre. Puis
elle se mit à me toiser disant que j'étais très grand et
très fort. Elle trouva aussi les
autres personnes de l'entourage grossies et grandies.
Diffusion de l'hyperesthésie des yeux aux
oreilles. Il advint
qu'à ce moment l'ouïe se trouva aussi exaltée. Ce fut évidemment par propagation, et ce faitmontraitdéjà les
relations que nous
avons vu exister dans d'autres expériences entre l'oeil et l'oreille.
Voulant ramener la vue et l'ouïe
à leur état normal ou degré normal
d'acuité je passai la main devant les yeux et devant les oreilles.
Exaltation de l'imagination. Après cette expérience la jeune fille avoua qu'elle avait conscienceque son imagination
était exaltée en
méme temps que l'étaient l'ouïe et la vue.
J'eus ensuite l'idée de n'exalter ta vue
que d'un seul côté; ce que je fis en ne soufflant que dans un œil. Avec
cet œil seul elle voyait très
gros (mégalopsie), avec l'autre normalement, avec les deux à la
fois moins gros quoique gros encore.
Je passai la main devant l'œil
influencé et tout rentra dans l'ordre.
Impossibilité de voir, les yeux fermés,
après exaltation de la vue par le
souffle. Une autre fois, après avoir exalté la vue par le
souffle je dis
à la malade de fermer les yeux, et lui demandai
alors si elle voyait, elle me répondit que non.
Mon but était de rechercher si la vue étant exaltée elle pourrait voir et lire
les yeux fermes.
Possibilité de lire dans l'obscurité,
après exaltation de la vue par le souffle. A une autre de mes visites, voulant
savoir si l'hyperacuite de la vue ainsi
obtenue lui permettrait de voir dans l'obscurité, je soufflai sur ses
yeux. Elle déclara avec beaucoup d'étonnément,
bien que cela lui fût déjà arrivé, et on même temps avec une
certaine expression de gaieté, qu'elle voyait tout le monde et tous les
objets extrêmement gros (mégalopsie). Examinant ses pupilles, il me
sembla qu'elles étaient relativement dilatées.
Je fis fermer alors les volets et la
chambre se trouva plongée dans l'obscurité. Puis je mis entre ses mains un
livre ouvert qu'elle tint à environ 25 centimètres de ses yeux,
et elle put lire distinctement sans
embarras, tandis que de mon côté, placé à côté d'elle, je ne
distinguais pas les lettres.
Il est bon de ne pas trop prolonger ou
répéter le souffle parce que l'œil devient alors le siège d'une
trop vive douleur. Je ne me souviens pas
qu'une attaque hyperesthésique soit jamais survenue a la suite de la
neurisation par le souffle soit des yeux, soit des oreilles.
Odorat
Pour des raisons de simple convenance je
n'ai pas cru devoir l'aire des expériences sur l'odorat en soufflant directement
sur l'orifice des narines. On verra plus
loin (p. 2:37) comment j'ai pu exalter le sens de l'odorat en agissant
sur lui indirectement avec le souffle.
Goût
Je n'ai rien a dire
nu sujet du goût, n'ayant fait aucune expérience avec le souille pour en
modifier le degré d'acuité.
RESUME
DES PRINCIPALES MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITE
ET DE LAMOTILITÉ PROVOQUÉES PAR LES
RADIATIONS PNEUMIQUES
I. Lesouffle buccal a des propriétés spécifiques absolument indépendantes de ses propriétés
physiques.
II. Les radiations pneumiques (le
souffle) employées à l'état fixe sont essentiellement hyperesthésiantes.
III. L'hyperesthésie d'origine pneumique est en
quelque sorte latente.
IV.
Son
étendue est proportionnelle a l'étendue de lasurface decoupe du faisceau conique pneumique.
V.Elle peut subir le transfert.
VI. Elle peut se diffuser dans les centres nerveux
et produire
l'attaque dite hyperesthésique. Dans ce cas il faut que le souffle
ait été doux et prolongé.
VU. Les radiations pneumiques fixes
exaltent l'ouïe et la vue. Elles
provoquent aussi le phénomène de la mégalopsie.
VIII. L'hyperesthésie
d'origine pneumique peut se propager de l'œil à
l'oreille.
IX.Les radiations
pneumiques fixes étant essentiellement hyperesthésiantes défont ce que les radiations digitales
et oculaires ont fait. Ainsi : 1 elles désanesthésient, ramenant ainsi la
sensibilité à son état normal; 2 elles décontracturent; 3 elles
réveillent.
X.
Leur
action désanesthesiante et décontracturante peut se diffuser le long des troncs
nerveux.
XI. Les effets produits par les radiations pneumiques mobiles
sont complètement assimilables à ceux provoqués par les
radiations digitales et oculaires mobiles.
2
NEURISATION A DISTANCE PAR L'EMPLOI DE LA FORCE NEURIQUE
CIRCULANTE, SANS LE SECOURS D'AGENTS INTERMÉDIAIRES
EMPLOI DES RÉGIONS PLANTES DU CORPS
NEURODYNAMIQUE
OU
ÉTUDE
DE L'ACTION DES COURANTS NEURIQUES
DU SUJET NEURISATEUR
SUR LES COURANTS
NEURIQUES DU SUJET NEURISÉ
En étudiant les passes digitales j'ai été
amené à les considérer comme étant l'équivalent de courants neuriques
que je pouvais opposer à des
courants nerveux ou bien a des courants neuriques supposés existants dans le corps du sujet
récepteur, probablement le long de ses nerfs.
De là à opposer les courants
que je supposais exister dans mes nerfs, ou
a côté d'eux, aux courants qui devaient exister de méme dans les nerfs,
ou à côté des nerfs du sujet, il n'y avait qu'un pas.
Définition de la neurodynamique. J'appelle neurodynamique l'étude
des actions des courants neuriques du sujet neurisateur sur les courants
neuriques du sujet à neuriser, par analogie avec l'électrodynamique.
Neurisation par induction. Nous appellerons quelquefois ce mode de neurisation : neurisation par influence
simple ou encore neurisation par induction.
La comparaison entre
l'induction neurique supposée et l'induction magnétique ou électro-magnétique n'est
peut-être pas très rigoureuse
mais comme il se pourrait, ainsi que nous le dirons plus loin, que les courants nerveux du sujet
neurisateur vinssent à déterminer
un changement dans la direction des courants nerveux
dit sujet a neuriser et même y développer un
nouveau courant (courant
neurique?), les physiciens me pardonneront d'avoir placé le phénomène de
l'induction a côté de celui de l'influence des courants sur les courants connu
en physique sous le nom d'électrodynamique
et employé ici sous celui de neurodynamique. Ce manque de distinction
absolu provient de certaines difficultés dans
l'interprétai ion du phénomène que nous étudions.
La seule présence d'une personne dans le voisinage d'une autre peut indiquer l'étal nerveux particulier
de l'une d'elles par certains effets que celle-ci éprouvera.
Cette sorte d'action de présence n'est
peut-être pas une nouveauté absolue dans son application aux relations
sociales, et si je venais a réclamer la
priorité de sa constatation il s'élèverait probablement plus d'une voix
pour réclamer à leur tour en prétextant des phénomènes de
sympathie et d'antipathie, de troubles divers éprouvés par certaines personnes,
etc. Mais je ne pense pas que jamais
personne ait établi môme dans des termes vagues que cette influence d'un sujet
sur un autre alors qu'il n'a recours ni aux radiations fixes ou mobiles
des yeux, ni à celles des doigts, ni à celles du souffle, dans les conditions précédemment établies, peut dépendre
de l'action des courants neuriques de l'une des personnes sur les courants
neuriques de l'autre.
Division des
courants neuriques en grands et petite
Quelle que soit la nature des courants
neuriques, il parait certains qu'ils ont des rapports étroits, tout au
moins comme siège, avec les
courant nerveux dont l'existence ne saurait d'ailleurs être niée.
Or, par suite de la disposition générale des nerfs sensitifs et moteurs dans le
corps humain, il existe des courants dont les uns occupent une grande étendue
du corps et d'autres une étendue moindre, ou plus limitée. Aussi, de même que
nous avons divisé les passes en grandes et petites d'après l'etendue
occupée par tes nerfs de même direction générale, de même nous diviserons
les courants neuriques en grands et petits.
Les grands courants neuriques sont
ceux qui occupent la presque totalité du corps, et qui siègent soit
clans l'ensemble des nerfs descendants soit a côté d'eux.
Les petits courants neuriques sont ceux qui intéressent des régions moins étendues, telles que celles des
nerfs ascendants, ou encore des portions limitées de la région des nerfs
descendants, aux membres supérieurs ou inférieurs, par exemple.
Il en résulte, ce qui d'ailleurs est
conforme aux faits, qu'une personne peut
influencer une autre personne, a distance et a son insu, soit par la
totalité ou presque totalité de son corps, soit par des portions de son corps.
Elle peut opposer
toute la longueur de son corps atoute la longueur du corps d'une autre personne, ou
bien un bras aun bras, un doigt à un doigt, etc.
Elle peut opposer aussi des régions qui ne
sont pas similaires. Ainsi elle peut opposer la main au front, à
l'occiput, a la face, au thorax, etc.
PHÉNOMÈNES
D'ABORDMÉCONNUS DANS LEUR SIGNIFICATION,
MAIS DEPENDANT EN REALITE DE L'ACTION DES COURANTS NEURIQUES
DU SUJET NEURISATEUR SUR CEUX DU SUJET A NEURISER OU NEURISABLE
Premier fait. J'ai dit que mes premières
expériences sur les phénomènes
nerveux présentés par Mlle C... dataient du 31 octobre 1880. Le lendemain, 1 novembre, je provoquai,
durant l'étal de veille, la contracture ou plutôt un état
cataleptoïde d'un des bras de ce sujet,
en prenant ce bras avec une main, le plaçant horizontalement puis faisant
glisser mes doigts tout de son long depuis sa racine jusqu'à son
extrémité digitale. Cela fait, j'eus l'idée de placer ma main a une certaine distance de sa tète pour me rendre compte
de nouveau de l'action de mes doigts sur la sensibilité générale. Je présentai donc la face palmaire de ma main au-dessus de sa tête et derrière l'occiput, a
une certaine distance de manière
à éviter de frôler quelque cheveu flottant.
Après quelques secondes le bras tomba en résolution,
Je
notai simplement le fait.
Deuxième fait. Le 6 novembre 1880, au soir, je fus
appelé auprès de ma jeune malade en proie a une attaque hyperesthésique qui était la sixième de la journée.
Cette attaque durait depuis quinze a vingt minutes.
J'eus l'idée de
placer la paume de ma main au-dessus de sa tète en regard de la
partie supérieure du front. Presque aussitôt Mlle C... cessa de pleurer et de se débattre.
Celte
fois encore je me bornai à prendre note du fait.
Troisième fuit. Autre exemple : le 8 novembre suivant,
j'arrivai chez la malade vers dix heures du malin. Je m'assis à côté d'elle à une petite distance, et me
mis A causer, évitant avec avec soin de la regarder ou de diriger ma main
vers elle, sachant que je l'aurais ainsi neurisée sans le vouloir. Or, au
bout de dix à douze minutes elle tomba endormie et glissa de sa chaise
sur le sol. Je l'avais donc encore neurisée bien malgré moi, mais cette
fois par un procédé qui m'était inconnu encore.
Quatrième fuit. Dans la soirée de ce même jour
ayant procédé de même, elle
s'endormit de la même manière, mais plus rapidement.
Autres faits. Ce fait s'est renouvelé encore d'autres
fois depuis.
J'ai aussi remarqué
que lorsque j'arrivais auprès d'elle durant une attaque hyperesthésique, cette attaque prenait
aussitôt un caractère moins violent. Le fait seul de me trouver
auprès d'elle amenait donc un calme relatif.
Je ne compris la valeur spéciale de tous
ces faits que plus tard, lorsque, d'une part, une élude attentive et minutieuse
des passes cul fait naître dans mon esprit
l'idée que la neuricité rayonnante, promenée par les passes en regard d'une
région du corps pouvait équivaloir a un courant comparable au courant
existant dans les nerfs, et que, d'autre part, je m'aperçus un jour que mon
doigt placé parallèlement au-dessus de celui de la jeune fille en modi-
fiail
la sensibilité et la motilitè, par le seul fait de celle opposition.
Cette circonstance
fut le point de départ d'une série d'expériences dont nous allons
faire la relation avec les détails qu'elles comportent et en conservant l'ordre dans lequel elles
ont été faites.
MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ ET I)K LA MOTILITÊ OBTENUES PAR
L'OPPOSITION D'UNIS RÉGION PLUS OU MOINS ÉTENDUE DU CORPS
NEURISATEUR A UNE RÉGION PLUS OU MOINS ÉTENDUE, SIMILAIRE OU NON, DO CORPS NEURISABLE
MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ
(Voy.fig. 4T et 48).
Ces modifications de
la sensibilité sont tantôt l'anesthésie suivie ou non du sommeil, tantot l'hyperesthésie, et
tantôt le réveil.
1' Influence
des doigts du sujet neurisateur sur les doigts du sujet neurisable
Première expérience. Je place un de mes doigts, le doigt indicateur, par exemple, parallèlement
au-dessus de l'un des doigts de la jeune fille à la distance de
un centimètre environ dans une direction
opposée et de manière que
la face palmaire de mon doigt regarde la face dite dorsale du doigt du sujet en
expérience (Voy. fig. 47).
Presque aussitôt, deux
modifications ont lieu dans le doigt soumis a l'expérience. L'une de ces
modifications porte sur la sensibilité et l'autre sur la motilité. Ainsi le doigt influencé se roidil dans l'extension forcée. En même temps, toute
l'étendue de sa face dorsale placée en regard de la face palmaire de mon doigt
devient insensible, pendant que, d'autre parl, sa face opposée ou
palmaire s'hyperesthèsie.
Deuxième expérience. Je place mon doigt
au-dessus du doigt
do la jeune fille comme dans la première
expérience avec celle
Fig. 47 et 48.
R. Raideur telapique dans l'extension forcee. M.
Mouremnis intemittents, dans la
flexion.
seule différence que les doigts se trouvent dans la
même direction (Voy.
fig. 48).
Presque aussitôt on
voit le doigt de la jeune fille agité de mouvements intermittents et rapides dans le sens de la flexion, et
si on vient a explorer l'étal de sa sensibilité on trouve que sa face
dorsale est le siège
d'une hypereslhésie non douteuse
tandis que sa face palmaire est anesthèsiée.
Cette deuxième
position des doigts peut neutraliser les effets de la première.
Si, au lieu
d'opposer la face palmaire de mon doigt, j'oppose la face dorsale, le résultat
est le même dans les deux genres d'expériences, mais plus faible et plus lent à se
produire.
J'ai répété plusieurs fois ces deux
expériences et â des époques . diverses, et
toujours elles m'ont donné le même résultat.
Ce qu'il faut surtout retenir pour le
moment, c'est que dans la première expérience on détermine de l'anesthésie
sur la région directement influencée, et, par une sorte de transfert ou de
compensation, de l'hyperesthésie sur la région localement opposée ; tandis que
dans la deuxième expérience on détermine de l'hyperesthésie sur
la région directement influencée, et de l'anesthésie sur la région localement
opposée.
Nous reviendrons,
dans un paragraphe spécial, sur les modifications de la motilité que provoque l'opposition des
doigts envisagée dans diverses combinaisons.
2* Influence
du bras do sujet neurisateur sur le bras du sujet neurisable.
J'avais pensé qu'en
opposant mon bras à celui du sujet, je pourrais peut-être obtenir les résultats que
j'obtenais au moyen de mon doigt opposé au doigt du sujet. Le résultat des
expériences que je fisalors fut
confirmatif.
Première expérience. 4e plaçai mon bras le long du bras du sujet récepteur de manière à ce que
mamain étant dirigée vers son épaule la face postéro-interne du membre
regardât, à la distance de quelques centimètres, la face
antéro-externe du bras du sujet.
Quelques secondes
après, je constatais de l'anesthésie sur toute cette face antéro-externe
du bras neurisé; de plus, je vis le bras se
raidir dans l'extension
forcée. Depuis, ayant élevé mon bras parallèlement a l'autre d'une manière
lente, je vis le bras du sujet suivre te mien.
Deuxième expérience. Je plaçai le bras dans une direction contraire. Le bras du sujet tomba dans la
résolution. Puis en persistant, ou autrement dit, en maintenant mon
bras dans cette position le sujet n'a pas lardé à éprouver de
l'hyperesthésie le long de la face
antèro-externe de son bras (opposée précisément à la face
postéro-interne du mien).
9 Influence do la main du sujet neurisateur
sur la région crânienne du sujet neurisable
Première expérience.Ensuite, la jeune malade étant toujours
éveillée, je me plaçai devant elle et je présentai la face palmaire dema main droite ouverte, les doigts dirigés en
haut,au-devant de son front. 11 se produisit bientôt de l'hyperesthésie
frontale' et aussi de l'anesthésie occipitale par transfert simple ou de voisinage.
Deuxième expérience (Influence sur
les centres nerveux). En plaçant ma main dans une direction
opposée j'obtins des effets contraires : le retour de la sensibilité
naturelle tout d'abord, puis l'anesthésie, puis le somme il.
Troisième et quatrième
expérience.
J'opérai do même à l'égard de la région occipitale et je provoquai les
mêmes modifications directes et indirectes de la sensibilité.
4» Influence
de la main du sujet neurisateur sur la région thoracique du sujet neurisable
Première expérience (Influence sur
les centres nerveux). En présentant la paume de la main,
au-devant de la poitrine, les doigts
1. Celle expérience, sur
laquelle nous Appelons toute l'attention du lecteur, a été mise il profil par
nous, plut tard, pour réveiller le sujet endormi. Elle offre' cet
intérêt particulier que la manœuvre qui la caractérise nous paratt
être colle de l'imposition des mains.
dirigés en haut, et à une distance do
quelques centimètres, la région du thorax directement influencée
s'anesthésia, et en persistant le sujet s'endormit.
Deuxième
expérience (Influence surles
centres nerveux).
Je présentai alors la face dorsale de la main en la retournant sur
elle - même, et la Jeune fille se réveilla.
Conclusion. J'en conclus qu'il existait un courant
descendant (?) le long de la face antéro-externe de mon bras et un courant
ascendant (?) le long de sa facepostéro-interne.
5
Influence du corps entier du sujet neurisateur sur le
corps du sujet neurisable. Influence sur les centres
nerveux. Sommeil et réveil.
Première expérience. En présence des résultats constatés dans
les expériences précédentes lesquelles consistaient à opposer des
régions limitées a des régions limitées je fus conduit à opposer
l'ensemble du corps. Je me plaçai donc & côté de la jeune fille parallèlement
â la direction de son corps et dans le même sens, ma tête étant
à côté de sa tête et mes pieds lcôté de ses pieds. Quelques
secondes après elle était endormie.
Deuxième expérience. Ensuite je me plaçai de nouveau a côté
d'elle mais dans le sens opposé, mes pieds étant à côté de sa tête
et ma tête à côté de ses pieds; après quelques secondes
elle s'éveilla complètement.
Je répétai plusieurs fois, ce même jour et
dans la suite, ces expériences, en me plaçant tantôt à droite, tantôt a
gauche, tantôt en avant et tantôt en arrière du sujet. Toujours les
résultats furent identiques. L'opposition corporelle totale do même sens
provoquait le sommeil; l'opposition de sens contraire, le réveil.
Dans ce dernier cas le sujet, s'il n'était
pas préalablement hypno-neurisé, éprouvait un grand malaise, de l'hyperesthésie
généralisée, des mouvements toni-cloniques, et un commencement d'attaque
douloureuse convulsive (attaque du petit veau ou attaque hyperesthésique.
En présence de tous ces résultats ainsi
obtenus je me rappelai
l'action déneurisante de ma main placée en regard
de la région crânienne de la malade observée quoique temps auparavant, les
accès de sommeil neurique dans lesquels elle tombait autrefois lorsque je m'asseyais a ses cotés: tous
phénomènes dont la raison, au moins apparente, m'avait échappé
jusqu'alors.
REMARQUES SUR LES CINQ CROUPES
D'EXPÉRIENCES RAPORTES CI DESSUS
Les faits relatés sont pour nous positifs
parce que, observés maintes fois dans les mêmes conditions déterminées,
ils se sont toujours présentés avec les mômes caractères. Mais si nous
n'hésitons pas à affirmer qu'ils sont tels que nous les avons rapportés
nous éprouvons par contre quelque embarras a en donner l'explication.
D'une manière
générale quelle que soit la région de mon corps que j'oppose parallèlement à l'ne
quelconque des régions similaires ou non
similaires du corps du sujet neurisable toujours il se produit sur
celles-ci des modifications qui portent tantôt sur la sensibilité seule et
tantôt sur la sensibilité et la motilite. ces
modifications delà sensibilité peuvent influencer
suffisamment les
centres nerveux pour y provoquer des changements fonctionnels appréciables.
Tels sont les faits. Mais quelle
explication peut-on en donner? Nous avons
supposé que le corps était parcouru par des courants dits neuriques parce que
si ce ne sont pas les courants nerveux
eux-mêmes ce doivent etre tout au moins, nous semble -t-il, des courants dérives engendrés par l'action
réciproquedes courants sensitifs et moteurs sur une môme personne.
Si ces courants neuriques sont des
courants dérivés nous ignorons quelle est
leur direction et tout au plus pouvons-nous la supposer d'après le
rapprochement que l'on peut faire entre une passe neurique et un courant
neurique d'après leurs effets sur la sensibilité.
Si ce sont des courants nerveux nous
dirons seulement que, selon toute
apparence, ils ont lieu, dans les nerfs sensitifs, suivant le sens
contraire A la distribution de ces nerfs, et, dans les nerfs moteurs, suivant
le sens même de leur distribution.
Or ces courants nerveux existent aussi
bien dans le corps du sujet neurisateur que dans le corps du sujet neurisé. Et
sans savoir quel est au juste le trouble du système nerveux chez les
hystériques ou d'autres sujets échappant à l'hystérie il est certain que ce trouble existe. Se
caractérise-t-cllc par une disproportion dans l'intensité des courants
moteurs et sensitifs; par un renversement
partiel des courants nerveux ; par un changement particulier inconnu dans sa nature dans les courants pouvant dériver d'une action réciproque supposée des courants
nerveux sensilifs et moteurs?
Ce sont autant d'hypothèses.
Nous dirons seulement
pour le moment que la comparaison des modifications de la
sensibilité et par suite de la motilité obtenues d'un côté par les passes et
d'autre part par les oppositions de régions des corps neurisateur
et neurisé, nous autorise à penser que la tôle, le tronc et la
moitié antéro-externe des membres du sujet neurisateur sont parcourues par des courants
neuriques qui ont la même direction
que le sens de la distribution des nerfs sensitifs, tandis que la face
postéro-interne des membres faisant exception à
la régie serait parcourue par des courants de sens contraire.
Du côté du sujet
neurisé nous ne savons pas quelle est, au juste, la direction des courants neuriques ni leur
intensité relative si toutefois ils y
existent. Nous ferons done grâce au lecteur de toutes les hypothèses qui
n'ont pas manqué de se présenter à notrecspril.
REGLES Voici quelques régies
dégagées de toute hypothèse : 1° Toutes les fois qu'une région, du corps du
sujet neurisateur est opposée à une autre région du corps du sujet
neurisable, ily
a anesthésie de cette
dernière, puis sommeil, si les nerfs sensitifs des deux régions
opposées se distribuent dans le même sens; il y a par contre
hypereslhèsie et attaque d'hypereslhèsie si les nerfs des deux
régions opposées se distribuent dans un sens inverse.
Ily a exception pour la
moilié postèro-interne des membres dans laquelle les nerfs doivent
être considérés comme se dirigeant dans un sens inverse de
celui qu'indique l'anatomie.
2* Les effets de
l'un des modes d'opposition détruit les effets de Vautre et vice versa.
Si toutefois on
voulait tenir compte de l'influence dûs courants neuriques du sujet
neurisateur tels que nous les avons indiqués ci-dessus sur les courants nerveux
du sujet neurisé on pourrait formuler ces règles de la manière suivante :
4° Touteslesfois qu'un courant
neurique du sujet neurisateur est opposé à uncourantnerveuxsensitif dusujet neurisable il
y aura anesthesie et sommeil si ces deux ordres de courant sont dirigés dans un sens
contraire, et hyperesthésie et attaque kyperesthè-sique, s'ils sont
diriges dans le même sens en tenant compte de l'exception signalée
pour la face postero-intere des membres. 2' Les effets de l'un des
modes d'opposition d'un courant neurique à un courant
nerveux détruit les effets de l'autre et vice versa.
MODIFICATIONS DE
LA MOTILITÊ (Voy. flg. 49, 50, 51,
52, 83, 54,55,et 56.)
Influence
dos doigts sur les doigts.
PREMIERE SÈRIED'EXPÉRIENCES POSITION
DES DOIGTS DANS UNE DIRECTION
INVERSE
Première expérience
{Fig. 49). Le doigt indicateur du sujet neurisateur est placé à quelques
millimètres sous le doigt indi-
cateur du sujet neurisable parallèlement et
dans une direction opposée de manière a ce que sa face dorsale regarde
la face palmaire de l'autre doigt. Presque aussitôt le doigt du sujet
neurise devient
Fig. 49
et 50. Influence de l'oppositionparallèle du doigt
neurisateur au doigt neurisable au point de vue des mouvements.
M. Mouvements intermittents.
le siège de mouvements intermittents (M)
rapides, dans le sens de la flexion.
Deuxième expérience (Fig. 50). Si, dans cette môme disposition
générale des doigts, j'oppose la face palmaire de mon doigt, le résultat est le
même (M).
Troisième
et quatrième expériences (Fig. 51 et 52). Si au
lieu de
placer mon doigt au-dessous, je te place au-dessus, la face palmaire ou bien la
face dorsale du mienregardant la face dor-
Fig. 51 et
52. Influence de l'opposition parallele du doigt neurisateur au doigt
neurisable au point de vue des mouvements.
R. Raidons tétaniquedans
l'extension.
sale de
l'autre, le doigt neurisé deviendra raide dans l'extension forcée (R).
2 SERIE D'EXPÉRIENCES. POSITION DES DOIGTS DANS UNE MEME DIRECTION
Cinquième expérience (Fig. 53). Mon doigt est placé parallèlement
au-dessous de celui du sujet neurisé et dans la même
direction, de telle manière que la face
palmaire du mien regarde la face palmaire de l'autre. Le doigt du sujet neurise
se raidit dans l'extension forcée.
Sixième expérience (Fig. 54). J'oppose au contraire mon
doigt parla face dorsale. Même résultat.
Septième et huttièmé expériences(Fig. 55 et 56). Je place
Fig. 53 et
54. Influence de l'opposition parallèle du doigt neurisateur au
doigt neurisable au point do vue des mouvements.
R. Raideurtétanique dans
l'extension.
mon
doigt au-dessus de celui du sujet tantôt opposé par sa face dorsale et tantôt
par sa face palmaire. Dans les deux cas, le doigt du sujet neurisé exécute des
mouvements intermittents rapides dans le sens de la flexion. Si nous comparons
maintenant ces expériences entre elles par
Je
rapprochement des figures qui, dans les doux séries d'expériences indiquent
des résultats identiques, nous voyons :
1° Que la figure 55 indique une disposition
expérimentale qui pourrait avoir sa place au-dessous do celle de la figure 49
en ce
Fig, 55 et
56. Influence de l'opposition parallèle du doigt neurisateur au
doigt neurisable au point de vue des mouvements.
M. Mesurements intermittents.
sens
qu'il semble que le doigt neurisateur est passé de la position de la figure 49
a celle de la figure 55 en glissant le long du doigt neurisé et en le contournant ensuite à son extrémité unguéale
par un mouvement de bascule; 2 Que la figure 56 peut ètre placée
après la figure 50 pour des
considérations
du même genre, autrementditparceque
le résultat sur la motilité est le même, et que pour prendre la position indiquée dans la figure 56, le doigt neurisateur
après avoir occupé la position indiquée dans la figure 50
semble avoir glissé le long du doigt
neurisé, pour le contourner ensuite a son extrémité;
3° Que des considérations du même ordre peuvent exister a l'égard de la figure 53 comparée & la figure
51 et à l'égard de la figure 54 comparée à la figure 52. L'examen attentif de ces figures provoque
d'autres remarques. Ainsi,
considérant que tes mouvements intermittents (M) intéressent les muscles
fléchisseurs situés dans la moitié palmaire des doigts et que le
mouvement de raideur dans l'extension (R) intéresse les muscles extenseurs, ou
soit la moitié dorsale des doigts, nous voyons que les mouvements
intermittents de flexion ont lieu dans le doigt neurisé : 1° toutes les
fois que le doigt neurisateur oppose à la face palmaire du doigt neurisé, parallèle"
ment et dans une direction contraire soit sa face dorsale (fig. 49) soit
sa face palmaire (fig. 50); 2° toutes les fois que le doigt neurisateur
oppose A la face dorsale du
doigt neurisé, parallèlement et dans une même direction soit sa
face dorsale (fig. 55) soit sa face palmaire (fig. 56).
D'autre part la raideur
dans l'extension a lieu dans le doigt neurisé:
1° toutes les fois quele
doigt neurisateur oppose à la face dorsale, parallèlement et
dans une direction contraire, soit sa face palmaire (fig. 51) soit sa face
dorsale (fig. 52) ; 2° toutes les fois
que le doigt neurisateur oppose a la face palmaire du doigt neurisé,
parallèlement et dans une même direction, soit sa face palmaire
(fig. 53) soit sa face dorsale (fig. 54).
Nous
ayons dit plus haut (p. 150 et 202) que l'anesthésie préalable des
téguments est la condition essentielle de la contraction continue
ou intermittente des muscles sous-jacents.
Nous ajouterons que ce rôle d'intermédiaire obligé
s'applique aussi bien a l'anesthésie directe qu'à
l'anesthésie indirecte. Or, nous voyons ici que les modifications dela
motilité se pro-
duisent toujours la où se montre
l'anesthésie qu'elle soit directement ou indirectement provoquée (fig. 47 et 48).
Nous dirons donc:
Toutes les fois qu'un doigt neurisateur sera opposé à undoigt neurisable, il
pourra se produite une modification de la motilité dam la région qui aura été
anesthésiée directement
ou indirectement.
Si l'anesthésie intéresse
la face dorsale du doigt neurisable il y aura raideur dans l'extension ; si elle affecte
la face palmaire il y aura des mouvements de flexion intermittents.
RÉSUMÉ DES MODIFICATIONS
DE LA SENSIBILITÉ: ET DE LA MOTILITÊ PROVOQUEES PAR L'EMPLOI DE LA NEURICITE
CIRCULANTE (SANS LE SECOURS D'AGENTS INTERMÉDIAIRES).
Les faits observés
nous autorisent a penser que le corps humain est parcouru par des courants
que nous appelons neuriques.
Nous pensons que ces
courants dits neuriques, s'ils ne sont pas les courants nerveux
eux-mêmes en sont des dérives.
En effet il se
pourrait que les courants nerveux qui parcourent les nerfs sensitifs et les
nerfs moteurs en s'influençant réciproquement vinssent à déterminer dans ces nerfs
d'autres courants et que les courants dérivés, sortes d'extra-courants. vinssent
à leur tour, dans certaines circonstances favorables, modifier le sens de la direction des
courants nerveux propres ou dérivés d'un autre sujet.
Ces courants dérivés seraient les courants neuriques.
Nous ne donnons celle
hypothèse que pour ce qu'elle vaut ; nous tenons avant tout aux faits.
Or les faits les
voici : quelle que soit la région de mon corps que j'oppose parallèlement
à l'une quelconque des régions similaires
ou non similaires du corps du
sujet neurisable toujours il se produit sur ces dernières régions des
modifications qui portent tantôt sur la sensibilité seule et tantôt sur la sensibilité et la motilité. De plus ces modifications de la sensibilité
peuvent influencer suffisamment les
centres nerveux pour y provoquer des changements fonctionnels
appréciables.
Voici les règles concernant les
modifications de la sensibilité provoquées par simple influence de
voisinage.
1° Toutes les fois
qu'une région du corps du sujet neurisateur est opposée a une autre région du corps du sujet
neurisable, il y a anesthésie de cette dernière, puis sommeil, si les
nerfs sensitifs des deux régions opposées se distribuent dans le même sens; il
y a par conséquent hyperesthésie et attaque
d'hyperesthésie si les nerfs des deux régions opposées se distribuent dans un
sens réciproquement inverse.
Il y a exception pour la moitié
postéro-interne des membres dans laquelle
les nerfs doivent etre considérés comme se dirigeant dans un sens inverse de celui qu'indique
l'anatomie.
2° Les effets de
l'un des modes d'opposition détruit les effets de l'autre et vice versa.
Au point de vue des modifications de la
motilité nous
dirons : toutes les fois qu'un doigt neurisateur sera opposé à un doigt
neurisé il pourra se produire une modification de la motilité dans la région
qui aura été anesthésie directement ou indirectement.
Si l'anesthésie
intéresse la face dorsale du doigt neurisable il y aura raideur dans l'extension; si elle affecte la
face palmaire il y aura des mouvements de
flexion intermittents.
B.- NEURISATION IMMÉDIATE
OU PAR CONTACT DIRECT
EFFETS
DES APPLICATIONS MANUELLES
(DANS L'ÉTAT DE
VEILLE ET SANS
ANESTHÉSIE PRÉALABLE
SPONTANÉE
OU PROVOQUÉE)
Ces effets varient suivant que les
applications sont fixes ou mobiles.
D'une manière générale, on peut
dire que les règles établies pour
les effets des radiations digitales, à distance fixes et mobiles sont
applicables aux effets de la neurisation par contact fixe ou mobile.
APPLICATIONS MANUELLES
FIXES 1 Applications digitales fixes
Nous rappellerons qu'elles consistent
habituellement à appliquer sur un
point quelconque du corps l'extrémité pulpaire d'un ou de plusieurs
doigts, soit par superposition simple, soit par l'action de saisir.
Les effets varieront un peu suivant que
l'application digitale sera faite sur un point indifférent de la surface du
corps, sur le point d'émergence ou sur un
point du trajet d'un nerf important, ou bien près d'un organe des
sens.
ACTION SUR LES NERFS DE
SENSIBILITE GÉNÉRALE
Anesthésie Si j'applique
l'extremite pulpaire de mon doigt sur le milieu du dos de la main du sujet, le
point touché des téguments devient insensible.
Transfert de l'anesthésie. En môme temps le point exactement
homologue de la face dorsale de l'autre main devient insensible (Voy. p. 84). De plus il survient de l'hyperesthésie sur les
points opposés de la face palmaire des deux mains.
Hyperesthésie. Si je porte alors
mon doigt surce point homologue et de nouveau ensuite sur le point
primitivement touché l'anesthésie disparaît
d'un côté et de l'autre. Mais si je persiste a faire cette application
alternative les points touchés deviennent le siège d'une vive
hyperesthésie. Cette hyperesthésie est dite effective parce
que le sujet en souffre spontanément. Elle possède aussi ce caractère particulier qu'elle est
annulée par le souffle (1).
Vers le milieu de décembre 1880, époque a
laquelle la jeune fille se trouvait mieux et était par suite un peu moins
sensible à mon action je fis l'expérience suivante :
Ayant appliqué aplusieurs reprises et
successivement les doigts sur le dos de chaque main de la jeune fille, aux
points homologues je
déterminai de l'hyperesthésie sur ces points.
Je remarquai que cette hyperesthésie
augmentait si je laissais les doigts appliqués sur le dos de l'une des mains
au point choisi.
Pendant ce temps si je passais la paume
de la main sur le point hyperesthetique
homologue de, l'autre côté, il n'y avait pas disparition de
l'hyperesthésie; mais dès que je soulevai mes doigts maintenus appliqués
il y eut retour de la sensibilité normale sur les deux points homologues.
1. Voy. p. 224, les
caractères de l'hyperesthésie talents ou pneumique.
Cette expérience
montre que l'hyperesthésie était entretenue par mes doigts appliqués.
Cette application
faite sur les tempes alternativement de chaque côté donne les mêmes résultats (hyperesthésie),
et d'autant plus rapides et intenses que le nombre de doigts employés est
plus grand. Ainsi au lien d'appliquer un seul doigt on peut appliquer les cinq doigts d'une même main réunis en
faisceau conique (1).
Diffusion de l'anesthésie. Application d'un doigt sur
l'avant-bras, En soulevant le bras pendant du sujet avec l'extrémité
libre d'un seul doigt, l'index, appliqué sur la partie moyenne de sa face
postéro-interne, j'ai déterminé par ce fait l'anesthésie cutanée de toute la
portion inférieure du bras et la contracture de tous ses muscles.
Application de la main sur l'avant-bras. Préhension. En saisissant le
bras a pleine main pour le soulever j'ai provoqué les mêmes
phénomènes. Dans l'un et dans l'autre cas il y avait pression et cette
pression était proportionnée au poids du membre.
Application d'un doigt dans le creux
sus-claviculaire. Si avec la pulpe d'un seul doigt je
pressais légèrement dans le creux sus-claviculaire au niveau du plexus brachial et près de la
colonne-vertébrale je provoquais
l'anesthésie de tout le bras et son immobilité par contracture avec possibilité de faire garder au bras et aux doigts toutes les positions qu'on pouvait leur
donner. En même temps les effets de cette application ne se produisaient
pas seulement vers la périphérie du
même côté; ils se réfléchissaient encore sur la moelle, car toute la
moitié correspondante du corps se trouvait anesthésiée.
En soufflant dans le
creux sus-claviculaire, tout ce que l'application digitale avait fait se trouvait défait.
Nous avons vu plus
haut (p. 86) que celle production de l'anesthésie avec diffusion avait été
obtenue dans les mômes conditions
I. Cette manœuvre m'a
ensuite servi de procédé toujours efficace pour réveiller ma malade
hypnoneurisee.
au moyen des radiations
digitales fixes. D'où il résulte que le doigt neurisateur même
distant des téguments s'y relie parquelque chose, et ce quelque
chose nous l'avons appelé neuricité, force neurique.
Application digitale sur le tragus. Un doigt appliqué sur le tragus de l'une ou de l'autre oreille amène
le vertige tout d'abord, etsil'oncontinue l'application le sommeil a lieu. Le vertige est plus accentué et
plus prompt, et le sommeil survient plus tôt si l'on applique un doigt sur le
tragus de chaque oreille (Voy. fig. 9 et 10).
Appliqué
sur la tempe le doigt n'a pas provoqué le vertige. Une fois j'ai endormi la malade en deux
minutes en saisissant le bout de son nez avec les cinq doigts d'une main.
Diffusion de l'hyperesthésie. Application digitale au niveau de
l'émergence des nerfs sus et sous-orbitaire. Appliqué avec une pression légère au-dessus et
au-dessous du rebord orbitaire, au niveau de l'émergence des nerfs sus
et sous-orbitaire, mon doigt indicateur ne tardait pas à provoquer do la
douleur dans l'oeil correspondant, puis du vertige, puis le sommeil.
Application digitale sur l'apophyse
mastoïde.
L'application du doigt sur l'apophyse
mastoïde provoquait bientôt de la douleur dans l'oreille
correspondante, puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et 10).
Application digitale au niveau de
l'émergence du nerf dentaire inférieur. L'application du
doigt sur la face externe du maxillaire inférieur au niveau de
l'émergence du nerf dentaire inférieur provoquait de la douleur dans toutes les dents de
la moitié correspondante des maxillaires
inférieur et supérieur, puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et
10).
Application du doigt sur le trajet du nerf
cubital.
L'application du doigt sur le trajet du
nerf cubital, du coude, au niveau de la gouttière formée par
l'épitrochlée et l'olécrane provoquait de vives douleurs dans toute la
partie inférieure du bras, spécialement dans les deux derniers doigts, puis le
vertige et le sommeil.
Application du doigt au niveau de
l'émergence du nerf naso-lobaire. L'application du
doigt sur la partie latérale et moyenne du nez au niveau de
l'émergence du nerf naso-lobaire provoquait
de la douleur do chaque côté de la racine du nez,
puis le vertige et le sommeil (Voy. fig. 9 et 10).
Application du doigt sur ta dent incisive
médiane droite supérieure. L'application du doigt sur la dent incisive médiane droite supérieure a été bientôt suivie d'une vivo
douleur dans les quatre incisives
médianes et latérales et les deux canines du môme maxillaire supérieurs,
ainsi que dans
tout le nez
jusqu'à sa racine. Puis est survenu le vertige et ensuite le sommeil.
Celte expérience
montre en particulier les relations qui existent entre les dents incisives et canines supérieures
et le nez. J'ai vu pour ma part le coryza
accompagnant exactement le travail de la sortie des dents canines supérieures chez l'enfant.
Application du doigt sur une des incisives
médianes du maxillaire inférieur. Cette application a donné des résultats identiques a ceux de la précédente expérience :
douleur dans les quatre incisives médianes
et latérales, et les deux canines; puis le vertige et le sommeil.
Notions anatomiques, L'anatomie nous donne l'explication de
celte limitation de la diffusion de l'hyperesthésie dans un groupe de dents.
Elle nous enseigne en effet que le groupe des dents
formé par les quatre incisives et les deux canines reçoit dans chaque
maxillaire, les nerfs d'un même tronc ; dans le maxillaire supérieur, du nerf dentaire antérieur et
supérieur, branche du nerf maxillaire supérieur; dans le maxillaire inférieur,
du nerf dentaire inférieur, branche du nerf maxillaire inférieur.
Remarques an sujet des expériences
précédentes.
Dans les diverses expériences que nous venons de relater nous voyons le vertige
et le sommeil survenir après l'hyperesthésie. Il semble que cette hyperesthésie aurait dû être
suivie plutôt d'une crise du petit veau. Je ferai
remarquer que cette hyperesthésie n'est pas primitive
parce que l'application digitale commence par provoquer l'anesthésie. L'hyperesthésie est ici
interposée et ne constitue qu'une des phases secondaires de l'action du doigt
appliqué. Nous avons vu que la crise du petit veau succédait aux
hyperesthésies primitives, à celle provoquée par des passes faites en
sens con-
traire de la
distribution des nerfs, et à celle provoquée par l'action d'un
souffle ient, doux et prolongé. Or ces deux genres d'hyperesthésie et
surtout la première sont des hyperesthésies produites d'emblée.
Nous
avons constate la sensation de vertige et vu se produire le sommeil
après certaines applications manuelles
sans que le sujet ait accusé cette hyperesthesie
interposée ou secondaire dont il vient d'etre question.
Application
de la pulpe de mes doigts contre celle des doigts du sujet.J'avais
remarqué que lorsque j'appliquais dans une direction opposée
la pulpe de mes doigts contre la pulpe des doigts du sujet,
celui-ci ne tardait pas a éprouver du vertige puis a s'endormir.
Mais
si je venais à retirer mes doigts au moment où elle éprouvait
ce vertige je pouvais l'empêcher de s'abandonner au sommeil qui
l'envahissait en lui recommandant impérieusement de lutter. Ensuite
je complétais lu réveil en soufflant directement sur sa ligure
(d'autres fois, ainsi qu'il sera dit plus loin en son temps, en plaçant
devant sa figure un objet sur lequel j'avais préalablement soufflé).
Application
successive de un, deux et trois doigts, pulpe
contre pulpe. Si je me
bornais à appliquer la pulpe d'un de mes doigts contre
celle d'un seul doigt de la jeune fille, toujours dans une direction
opposée, je ne provoquais aucun effet. Mais elle commençait
a éprouver un léger vertige si j'appliquais en plus la pulpe d'un
autre de mes doigts contre celle d'un deuxième doigt de la malade.
Puis ce vertige s'accusait d'avantage si j'appliquais un troisième
doigt contre un troisième doigt de manière à avoir alors trois
doigts contre trois doigts, pulpe contre pulpe.
Je
recommandais alors à la malade de lutter contre le sommeil dont le
besoin commençait à s'imposer. Je retirais successivement un doigt, puis deux, puis
trois et le vertige diminuait. Mais la jeune malade ne revenait bien à
elle que si je souillais sur sa figure.
Application de la pulpe de mes
doigts sur la face dorsale des
doigts de la malade. Une fois (6 décembre 1880) j'ai pu l'endormir
en plaçant la pulpe de mes doigts sur la face dorsale dises doigts. Puis je
l'ai réveillée en faisant des passes ascendantes au-devant de sa figure.
Application de la face palmaire de mes doigts
contre la face palmaire des doigts de la malade. Ayant appliqué la face palmaire de mes quatre derniers doigts contre ta face
palmaire des doigts correspondants de la main du sujet et dans une
direction opposée je vis que le sommeil ne
se produisait pas. Mais ayant eu l'idée d'appliquer alors mon pouce
resté libre sur la face dorsale de ses doigts le sommeil eut lieu aussitôt.
Dans cette position (Voy. fig. 57) les
quatre derniers doigts du sujet se trouvaient pris entre mon pouce et
les quatre autres doigts.
Deux jours plus tard
j'ai pu provoquer le sommeil par la seule superposition des doigts, sans avoir a faire
intervenir le pouce. Cela indique, ainsi qu'il ressort d'ailleurs d'autres
expériences comparatives, que les dispositions du sujet ou peut-etre les miennes
pouvaient varier.
Application de la face palmaire de mes
doigts contre la face dorsale de ceux de la jeune fille. Cette expérience est l'équivalente de
la précédente. Ayant appliqué la face palmaire des quatre derniers doigts de ma
main sur la face dorsale des doigts correspondants du sujet neurisable le
sommeil n'eut pas lieu, mais il survint dès que j'eus appliqué le pouce
resté libre contre la face palmaire des quatre derniers doigts du sujet.
Deux jours plus tard
celle application du pouce ne fut pas nécessaire pour endormir la malade.
2
Applications carpe-métacarpiennes et digitales fixes
Application de la face palmaire de mes
doigts et de la paume de mamain contre les faces palmaire et dorsale à
la fois des doigts de la malade. - Cette application a été réalisée de la
manière suivante qui est colloque
j'employais habituellement pourendormir la jeune fille (Voy. fig. 58).
fie. 57. Application de la face
palmaire des doigts du sujet neurisateur contre la face palmaire des doigts du
sujet neurisable.
Fig. 58. Préhension des mains pour l'hypnotisation
(position croisee).
Préhension
manuelle croisée. Ma main droite saisissait la main
droite de la jeune fille et ma main gauche sa main gauche. Ce
mode de préhension était tel que les quatre derniers doigts de mes
mains fléchis et rapprochés recevaient, dans la gouttière qu'ils formatent
ainsi, l'extrémité des quatre derniers doigts de la main du sujet, de
manière que la pulpe de mes doigts fût appliquée sur la pulpe des
doigts saisis de même nom. Quant au pouce il était appliqué
par sa face palmaire sur la portion accessible de la face palmaire
du pouce opposé. De plus une portion de la face palmaire
de mes doigts et de la paume de la main se trouvait appliquée sur la face dorsale
des doigts du sujet.
De
cette manière le contact des mains opposées et similaires était
aussi complet que possible. Ce mode d'application avait aussi l'avantage
de bien maintenir le sujet et de ne pas le fatiguer. Il nous
a été surtout utile lorsque la jeune fille se trouvant en pleine attaque
hyperesthésique il nous fallait la maintenir lotit en essayant de la
faire passer dans l'attaque anesthésique. Nous reviendrons sur ce point.
Dans
cette position les bras du sujet et ceux de l'opérateur se trouvaient croisés.
Préhension
manuelle directe. Maintes fois je me suis contenté de
saisir sa main droite avec ma main gauche et sa main gauche avec ma main droite.
C'était la préhension manuelle directe, l'autre manière constituant la
préhension manuelle croisée (Voy. fig. 59).
Lapréhension
directe ne permettait que l'affrontement des pulpes des
quatre derniers doigts des deux mains opposées.
Le
sommeil n'en était pas moins provoqué et avec une promptitude presque égale.
Les
deux modes d'applications manuelles que nous avons à décrire
maintenant montrent d'une part l'opposition des faces palmaires
des mains et d'autre part l'opposition de la face palmaire de ma main à
la face dorsale de celte du sujet dans une môme direction.
Application symétrique de la face
palmaire de mes mains contre
la face
'palmaire des mains du sujet. La figure 60 montre suffisamment
cette disposition qui rappelle très exactement la position
Fig. 59.
Préhension des mains pour l'hypnotisation (position simple).
des mains jointes dans l'attitude de la
supplication, avec cette différence que
chaque main opposée appartient a une personne différente.
Avec ce
modo d'application le sommeil survient rapidement, plus rapidement qu'avec le
mode suivant. Application symétrique de la face palmaire de mes mains contre
Fig.
60. Applicationde la face palmaire do
la main du sujet neurisateur contre la face palmaire du sujet
neurisable.
Fig. 61.
Application contre la face dorsale.
la
face dorsale des mains du sujet. La figure 61 indique nettement celte combinaison, qui, il faut le
reconnaître est très incommode et avec laquelle le sommeil est
plus lent à se produire. Application de la paume de la main seule sur
un point quel-
conque du
corps. La main appliquée par la paume seule a des propriétés
déneurisantes qui seront indiquées en leur lieu.
Préhension
des orteils. Je voulus savoir si la préhension des orteils nu
donnerait les memes résultats que la préhension des doigts.
Je saisis donc entre la pulpe de mes doigts et la paume de
.... ma
main les orteils de la jeune malade. En cinq ou six secondes
le sommeil neurique survint (24 novembre 1880).
ACTION SUR LA
MOTILITÈ
Contracture.
Catalepsie.. Nous avons vu plus haut la contracture
et la catalepsie partielles accompagner ou suivre do très près l'anesthésie
provoquée par des applications digitales.
Arrêt de la
respiration par application digitale sur les côtés de la poitrine. Le 7 novembre 1880, la
malade toussant un peu, je l'auscultai, mais je ne trouvai rien
de particulier.
J'eus
alors l'idée d'agir sur la respiration. J'appliquai l'extrémité
do mes doigts sur un des côtés de la poitrine. Je pus constater
alors par l'auscultation que Pair n'entrait plus de ce côté et n'entrait que
faiblement de l'autre. J'appliquai ensuite les doigts des
deux côtés et la respiration s'arrêta car je n'entendais plus le murmure
respiratoire et la cage thoracique ne se mouvait plus.
Dès que j'eus retiré les doigts la
respiration reprit.
Je
répétai celle expérience plusieurs fois, tantôt en appliquant les doigts un peu
plus en arrière, tantôt un peu plus en avant sur les
côtés de lu poitrine, et je m'assurai que la respiration pouvait s'arrêter
à n'importe quel moment de l'inspiration ou de l'expiration.
Les doigts étant retirés la malade reprenait sa respiration, soit
en continuant et complétant le mouvement d'inspiration commencé
et arrêté par l'application de mes doigts, soit en continuant et
complétant le mouvement d'expiration lorsque l'application de mes doigts était venu
l'interrompre.
Cet
arrêt de la respiration avait pour cause immédiate le spasme des muscles respiratoires
thoraciques.
Lorsque j'appliquais les doigts sur la région
dorsale du sujet, je n'obtenais pas ces effets.
Suppression de la voix par pression sur le
trajet du pneumogastrique au cou. Le même jour
j'appliquai, on pressant légèrement, l'extrémité démon doigt sur le
trajet du pneumogastrique vers le milieu du cou. La malade se
plaignit alors de constrtction à la gorge et me dit avec la voix
voilée, rauque même, qu'elle se sentait
serrée au cou et qu'elle avait de la peine à parler. Elle pouvait
tout au plus respirer. J'appliquai le pouce de l'autre main sur la région
homologue ou opposée du cou et la voix fut totalement supprimée.
J'ai obtenu les mêmes résultats en
faisant la compression au-dessus de l'articulation sterno-claviculaire.
Des applications digitales alternes de
chaque côté du cou ont redonné la voix ainsi perdue.
Action sur le pouls. Tandis que j'appliquais les doigts le
long du pneumogastrique au cou, je voulus
savoir s'il y avait quelque modification
du pouls. Ilm'a semblé que tant que la pression
avait lieu les pulsations précédemment faibles devenaient plus perceptibles.
Je bornai là
mes expériences sur le pneumogastrique craignant de provoquer quelque accident.
Action sur les
doigts. L'application de l'extrémité digitale du sujet neurisateur sur la face palmaire ou dorsale
des doigts du sujet neurisable, produit des modifications de la motilité dans ces doigts qui dépendent du point où cette
application a lieu et du sens de la direction du doigt appliqué (Voy. fig. 41
et 42,p. 206 et 207) et
qui sont semblables en tous cas à celles que provoquent les radiations digitales oculaires ou pneumiques
faites dans les mêmes conditions de lieu et de direction.
APPLICATIONS
MANUELLES MODIFIES
Dans les passes manuelles
appliquées, il faut employer surtout tes doigts et il est
nécessaire que ces passes soient faites avec régularité.
Cela dit, nous
pourrions renvoyer simplement le lecteur à ce que nous avons dit dos
radiations digitales mobiles distantes ou passes distantes proprement dites. Les effets sont les
mîmes aussi bien pour les grandes régions du corps que pour des régions
limitées, pour les doigts par exemple.
Ainsi les passes appliquées
faites dans le sens de la distribution des nerfs sont anesthésiantes et contracturantes,
et faites dans le sens opposé elles sont dèsanesthesiantes et
décontracturantes et aussi hypèresthésiantes.
La loi d'exception
relative a l'action des passes sur la sensibilité et la motilité de la moitié
postéro-interne des membres supérieurs et de la moitié postérieure, des membres
inférieurs conserve ici toute sa valeur.
Au moyen de passes
générales appliquées et descendantes, on peut donc déterminer la
contracture de tous les muscles du corps, et l'on peut, par des passes
également appliquées et conformes aux règles établies, borner celle action aux
membres supérieurs ou inférieurs.
Au sujet des passes appliquées intéressant
les doigts, nous aurons quelques remarques à faire qui contribueront
à nous éclairer davantage sur l'action spéciale de la paume de la
main.
Action de ta paume de la main. Apres avoir promené la face palmaire des doigts de bas en haut sur la face
dorsale ou antéro-externe des doigts, de la main, et du bras du sujet, on
constate de l'hyperesthésie sur les régions parcourues.
Si l'on applique alors la paume de la
main successivement sur tous les points
de la région hyperesthésiée, ou ramène la sensibilité à
l'état normal.
Par elle-même
la paume de la main appliquée et promenée soit do haut on bas, soit de bas en haut, no provoque
ni l'anesthésie, ni l'hyperesthésie.
Les doigts, quelle
que soit leur direction, appliqués et promenés en passes par leur face palmaire, agissent
conformément aux règles établies; Promenes ainsi par leursfaces dorsales ils n'agissent pas, ou n'agissent
que fort peu.
EFFETS
THERAPEUTIQUES DES PASSES APPLIQUEES ET DE LA MALAXATION
Effets
sur la sensibilité générale
Soulagement et guérison de la migraine. Des passes appliquées faites dans le
sens de la distribution des nerfs affectés dans la migraine ont une action très favorable sur cette névralgie.
J'ai remarqué qu'elles réussissaient beaucoup plus souvent que les
passes distantes.
Effets sur la motilité
Résolution d'une contracture datant de
quinte jours, opérée par les passes appliquées mobiles et la malaxation, Le 31 octobre 1880, nous voulûmes intervenir auprès de la jeune malade
atteinte depuis quinze jours environ
de pied-bot varus double par suite de contracture musculaire. Cette
contracture, ainsi que nous l'avons déjà
dit, avait résisté à tous les traitements les plus rationnels. Les parents s'étaient résignés à envelopper les
pieds de linges épais pour permettre a la malade de faire quelques pas
tout en étant soutenue. Ayant fait retirer ces linges, je passai plusieurs
fois légèrement les doigts le long de la face externe de la région du
cou-de-pied et du pied. La contracture n'ayant pas cédé complètement, je
saisis le pied et le malaxai légèrement, la contracture céda.
J'avais, je dois le
dire, commencé par malaxer le pied et n'avais pu vaincre la résistance des
muscles contractures. Les passes appliquées suivies de la malaxation ont eu
raison de cette contracture. Plus tard je pus la résoudre plus simplement.
Dès que la contracture fut vaincue,
la malade prit plaisir à remuer ses
pieds dans tous les sens, puis elle se chaussa etmarcha. Est-il
besoin d'ajouter qu'elle éprouva un grand soulagement et un vif contentement 1 Je ne
parlerai pas naturellement de la stupéfaction des assistants.
J'ai eu l'occasion de répéter cette
application pour le même désordre fonctionnel et toujours avec le môme
succès. J'ai pu remarquer en même temps que la simple passe digitale, si
elle était faite dans le sens de la distribution des nerfs pouvait préparer la résolution de la contracture, que la
malaxation achevait ensuite.
Résolution par la malaxation de
contractures plus récentes provoquées par la neurisation. Lorsque les divers procédés de
neurisation avaient provoqué la contracture d'un membre ou de toute autre partie du corps, j'en obtenais
rapidement et sûrement la résolution complète en malaxant la
partie a ficelée.
ASSIMILATION DE L'INFLUENCEDES PASSES APPLIQUES A CELLE DU MASSAGE
Le massage dont les effets thérapeutiques
sont aujourd'hui admis sans conteste, n'agit-il qu'en vertu d'une action
purement mécanique? Nous ne le croyons pas. Les résultats que nous avons obtenus au moyen de nos passes appliquées et de la
malaxation, pratiques qui semblent assez bien réaliser une bonne partie
de celles du massage proprement dit, nous portent à penser en effet que dans le massage, à l'action purement
mécanique qui le caractérise seule en apparence s'en ajoute une autre,
au moins dans bien des' cas; et que cette autre action dépend de l'influence
exercée par la force neurique.
Il n'est pas rare d'ailleurs
que les masseurs endorment leurs malades ou que tout au moins il les calment en pratiquant le massage
instinctivement selon les règles d'après lesquelles les passes appliquées deviennent anesthésiantes et
décontracturantes.
Il est reconnu que, par le massage, on
détermine aussi bien la résolution de
certains muscles contractures, que le soulagement de certaines migraines1.
Par les passes appliquées nous avons obtenu les mômes résultats.
REMARQUES GENERALES SUR LA NEURISATION PAR CONTACT
DIRECT
Bien que les règles établies pour
les effets des radiations digitales fixes
et mobiles soient applicables en généra) aux effets de la neurisation
par contact fixe ou mobile, nous devons appeler l'attention sur certains effets
particulièrement intéressants provoqués par la neurisation immédiate..
Nous signalerons
tout d'abord, dans les modifications de la sensibilité, la douleur, le vertige et le sommeil provoqués par
certaines applications manuelles fixes, ainsi que In diffusion de l'anesthésie
provoquée le long de certains filets nerveux, venant confirmer des
connaissances anatomiques déjà acquises sur la distribution et les
anastomoses de certains nerfs.
Une partie importante
de ce paragraphe est consacrée à la provocation du sommeil par divers
modes ou combinaisons d'application et de préhension manuelles.
Enfin une mention
toute spéciale doit être faite des bons effets des passes digitales appliquées dans les
cas de migraines le long, des nerfs affectés et dans le sens de leur
distribution.
Parmi les modifications de la
motilitè nous signalerons l'arrêt de la respiration provoqué
par l'application digitale sur les côtés
1. Voy. plus loin liv. II,
obs. IV, p. 555.
2 Traitement
de la migraine par le massage par la Dr G. Nostrom. Paris, 1885.
, de la poitrine, la suppression de la
voix par une application digitale au cou sur un point du trajet du
pneumogastrique, et enfin l'action sur le cœur par cette même action sur
le trajet du pneumogastrique.
L'action de la
paume de la main mérite d'être rappelée ici. L'application fixe ou mobile de la paume de la
main sur un point du corps dont là sensibilité a été modifiée par la
neurisation ramène la sensibilité a l'état normal.
Cette application simple ou sous forme de malaxation
nous a servi à résoudre des
contractures provoquées datant de quelques minutes, et des contractures
spontanées existant depuis plusieurs jours.
Nous appellerons l'attention sur
l'assimilation que nous avons faite de l'influence des passes appliquées
à celle du massage.
Tels sont les principaux faits qui
méritaient d'être mis en relief.
- Mais le fait qui domine et
qui doit être particulièrement dégagé de tous les autres qui lui sont surbordonnés c'est
que la neurisation a eu lieu ici sans intermédiaire aucun. Ilsemble que la force
neurique du sujet neurisateur a été transfusée dans le corps du
sujet neurisable et le long de ses nerfs pour de là gagner les centres
nerveux.
C. - NEURISATION MÉDIATE
OU SOIT AU MOYEN D'AGENTS
INTERMÉDIAIRES
Définition. La neurisation médiate est un mode
particulier de neurisation qui se pratique au moyen d'objets, de substances ou de corps qui, ayant le pouvoir d'emmagasiner
(pour un temps variable) la neuricite quelle qu'en soit la source,
acquièrent, en vertu de leur conductibilité et de leur pouvoir émissif
les propriétés de la variété de neuricité
qui est intervenue, et même certaines propriétés
particulières, mais seulement entre tes mains
ou par l'intermédiaire du sujet de qui émanent ces
rayons
(1), les substances diverses qui servent ainsi
d'intermédiaire sont employées tantôt
après avoir été influencées par les rayons neuriques, et tantôt
sans aucune préparation préalable. En un mot tantôt elles sont préneurisées et
tantôt elles ne le sont pas.
Mais il est juste de faire remarquer que la
neurisation du corps humain faite
à travers certaines substances ou par leur intermédiaire, par réflexion des rayons
neuriques sur elles, est capabled'influencer ces
substances. Celle influence a lieu parce qu'une partie de la force neurique
reste emmagasinée en elles.
Agents préneurisés et non
prèneurisés. Nous maintiendrons pourtant celle distinction on corps ou agents prènenrisès
et en corps ou agents non préneurises, non seulement pour ce que la
clarté dans l'exposition de nos expériences doit y gagner, mais aussi et surtout parce qu'en neurisant
préalablement un objet, un corps ou une substance donnés on peut, si le
corps est solide et selon sa forme, y localiser la force neurique, et diversement,
suivant qu'elle a pour foyer la bouche par le souille, les doigts ou les yeux,
l'y faire circuler dans tel ou tel sens, et, si la substance est liquide, transporter la force neurique par son intermédiaire dans des régions du corpsdirectementinaccessiblesaux rayons neuriques divers; produire enfin, par cela même,
des effets qui ont une physionomie et un intérêt particuliers.
La force neurique
ainsi emmagasinée peut ensuite acquérir une puissance plus grande par une nouvelle
intervention des rayons neuriques.
Liste
des substances ou objets ayant servi d'intermédiaire actif. Les objets ou substances préneurisés qui
nous ont servi comme agents neuriseurs dans nos expériences se trouvent
à lu portée de tout le monde. Ce sont les suivantes : De l'eau ; Du
bouillon; Des carrés de papier blanc;
1. Voy. p. 51 et suiv.
Une table;
Le sol
d'un appartement;
Un mur;
Un miroir;
Un livre ;
Un
mouchoir;
Une
fleur;
Des pièces de monnaie d'or ou d'argent;
Un
bouton en porcelaine;
Des
aiguilles en acier;
Un dé;
Des ciseaux ;
Une bague;
Un
éventail;
Une règle ordinaire ;
Un manche à balai;
Une
ficelle, etc.
J'ajouterai a cette liste : mes propres doigts, une
tierce personne.
Substances ou objets ayant servi d'intermédiaire
passif. Les substances non préneurisées et non destinées
dans ma pensée à servir d'intermédiaire actif n'étaient
autres que celles qui se trouvaient
naturellement, ou que je plaçais moi-même, sur le trajet des rayons neuriques et qui par conséquentne semblaientpas servir par eux-mêmes
d'agents neuriseurs même partiellement. C'étaient: une lentille, un prisme, une porte, un
écran, un mur, diverses feuilles de papier, des gants, etc. Nous n'aurons
à nous en occuper ici
qu'incidemment, les considérant comme des intermédiaires passifs, et
nous renverrons pour de plus amples détails aux parties de cet ouvrage dans lesquelles il est question de
la transradiation, de la réflexion et de la réfraction des rayons neuriques.
La neurisation
médiate comprend la neurisation par contact et la neurisation à distance.
Les
agents intermédiaires sont solides ou liquides.
Ils sont neurisés
tantôt par les doigts, tantôt par les yeux (rarement) et tantôt par le souffle.
Propriétés des agents intermédiaires
preneurisés.
D'une manière générale les propriétés des corps ou agents intermédiaires
préneurisés sont exactement celles des rayons neuriques employés dans les mêmes conditions dans lesquelles ces propriétés se
manifestent.
Propriétés
des agents intermédiares
preneurises par les rayons
digitaux. Ainsi : 1° A l'état fixe un agent
intermédiaire, prêneurisé par les rayons digitaux, anesthésie ou
hyperesthésie les téguments, contracture les muscles, endort soit à
distance directement, par réflexion ou par réfraction, soit par contact,
suivant la durée de son emploi. Il anesthésie, contracture les muscles et endort si la main du neurisateur qui le lient lui
fait exécuter des passes centrifuges appliquées ou non;
hyperesthésie et réveille si les passes qu'il exécute appliquées ou à
distance sont centripètes dans les régions autres que les faces
postérieures des membres, sur lesquelles les
effets sont inverses, d'ailleurs, conformément à la règle
établie plus haut.
Propriétés des agents intermédiaires
préneurisés par le souffle. 2° Un agent intermédiaire préneurisé par les rayons pneumiques (le
souffle), hyperesthésie et réveille soit à distance directement ou par réflexion, soit par contact suivant
la durée de son emploi, à l'état fixe. Employé en passes
il se comporte dans ses effets comme
les radiations pneumiques elles-mêmes.
A ces propriétés communiquées
a divers agents servant d'intermédiaireil faut en ajouter deux autres :
Modification des propriétés sapides ou
odorifères des agents intermédiaires préneurisés. 3° Si l'agent intermédiaire préneurisé
par les doigts, et employé à l'état fixe, est doué d'une saveur ou d'une odeur propre, il la perd pour le sujet
neurisable. Si par contre ce même agent est préneurisé par le
souffle, l'odeur et la saveur qu'il possède en propre, même a un
degré peu appréciable pour tous, subit une
exaltation marquée pour le sujet neurisable (1).
1.
A la page 231 nous avons dit que pour
des raisons de convenance nous n'avions
Propriété* hilarantes des agents
intermédiaires préneurisés par le souffle. 4° L'agent intermédiaire préneurisé par le souffle et employe en contact ou à distance
acquiert une propriété singulière, celle d'égayer, de provoquer
le rire; nous dirons plus loin dans quelles conditions.
Propriétés qu'ont certains agents
intermédiaires de devenir le siège d'un courant et d'agir par le moyen
de ce courant.
Enfin une autre propriété que peut acquérir
l'agent intermédiaire préneurisé et qui complète l'analogie avec
les propriétés de la force neurique prise à ses diverses sources
est la suivante : un objet de forme
allongée préneurisé ou non, s'il est tenu dans la main du sujet neurisateur par une de ses extrémités se
trouve parcouru par un courant
neurique qui se dirige vers l'autre extrémité. Dans ces conditions il
tient lieu d'un courant qui peut être opposé aux courants naturels qui parcourent les diverses régions du corps et en
général le corps du sujet neurisable, et produire ainsi sur tel sujet
neurisable les mêmes effets que les courants du sujet neurisateur lui-même, dans les mômes
conditions d'expérimentation.
Ainsi avec les
agents intermédiaires, le plus souvent préneurisés, d'autres fois non
préneurisés mais alimentés en quelque sorte par une des sources de la
neuricité, on peut neuriser par contact, a distance par rayonnement fixe ou mobile, et par induction
ou influence.
Neurisation avec la main nue et la main
armée, Ailleurs
il a été question de la neurisation faite directement par les divers foyers
neuriques, et en particulier de la neurisation sans l'intermédiaire d'aucun corps, objet ou substance, en
d'autres termes avec la main nue. Nous aurons à nous
occuper ici de la neurisation avec l'aide
d'agents intermédiaires et particulièrement avec la main
armée.
En effet le plus
souvent ces corps, substances ou objets intermédiaires, sont tenus à
la main de telle sorte qu'à laneurisation avec
pas soufflé directement dans les
narines de la jeune filledans le but de nous assurer si le souffle était capable
d'exalter Je sens de l'odorat comme il exaltait celui do la vue et de
l'ouïe. L'expérience faite avec un objet soufflé a répondu
affirmativement.
la main nue nous pouvons naturellement
opposer la neurisation avec lamain armée. Cette expression
indique bien que l'objet qui sert d'intermédiaire doit être en rapport direct avec le corps de l'opérateur. C'est une condition nécessaire,
indispensable, pour la réussite de l'expérience. Parfois cette
communication semble ne pas exister, mais
nous verrons qu'il n'en est rien enrealité. Dans ces cas l'objet préneurise et servant
d'intermédiaire se trouve en communication avec l'opérateur, par le sol par
exemple, de telle sorte que le point de
communication se trouve être à la plante des pieds par
l'intermédiaire des chaussures.
Règle concernant les
conditions nécessaires pour que des agents intermédiaires puissent agir. Unerègle absolue pour
nous est donc celle-ci : tout corps, tout
objet, toute substance préneurisée ou non et servant d'intermédiaire pour la
neurisation doit, pour agir, se trouver en communication avec le corps
du sujet neurisateur ou tout au moins ne pas passer par les mains d'une
tierce-personne non susceptible de
neuriser. Celte communication peut avoir lieu, et c'est le cas habituel,
par le contact des mains, par l'action de rayons neuriques digitaux, par les
pieds et le sol sur lequel ils reposent.
Si la substance intermédiaire est liquide,
la communication avec le sujet neurisateur aura lieu bien entendu par le vase
ou l'objet qui le contient.
Agents intermédiaires préneurisés agissant
comme accumulateurs de la force neurique. L'importance de la prêneurisation des
corps, substances ou objets qui doivent servir comme intermédiaires actifs tenus à la main ou
maintenus en communication avec le corps du neurisateur par le sol, provient
surtout de ce que ces corps, substances ou objets acquièrent
aussi des propriétés neuriques spéciales
qui, emmagasinées en eux, en font en quelque sorte des accumulateurs, mais des accumulateurs d'un genre spécial
puisque les propriétés neuriques qui leur sont données ne peuvent se manifester
que s'ils se trouvent en communication avec la source neurisante.
Ce qui prouve que ce sont des accumulateurs ou
condensateurs
c'est que non préneurises
ils n'agissent pas entre mes doigts (certains métauxexceptés pourtant) (1) et que préneurisés, non
seulement ils agissent
tous entre mes mains, mais encore mec une intensité plus grande
que si j'employais simplement mes doigts ou mon souffle, et qu'enfin ils
peuvent communiquer leurs propriétés ainsi
acquises à d'autres corps, objets ou substances avec lesquels on
les met on contact.
Une autre preuve est
la suivante : c'est que le sujet qui garde sur lui un objet préneurisé ne
peut être déneurisé (c'est-à-dire réveillé s'il a été
préalablement endormi) que si on lui soustrait cet objet.
Agents intermédiaires servant de
condensateurs sans préneurisation apparente. Y a-t-il des substances qui, par leur nature
propre, puissent servir de condensateurs ou accumulateurs entre les
mains de l'opérateur sans avoir été préneurisés? Nous avons acquis la
conviction que cela était surtoutà une
époque postérieure à celle à laquelle se rapportent les
expériences que nous aurons a relater
maintenant. Nous verrons, en effet, dans l'exposé que nous ferons plus
loin des phénomènes observés dans la deuxième
phase traversée par la jeune fille, que certains métaux, bien que non
préneurisés, avaient entre mes mains la propriété d'augmenter d'une manière appréciable mon pouvoir neurique (Voy.p.
298).
Propriétés qu'ont les agents
intermédiaires de pouvoir être neurisès en même temps de
deux manières différentes. Nos expériences
n'ont pas mis seulement en relief le pouvoir d'emmagasiner ou d'accumuler, puis d'émettre la force
neurique que beaucoup de substances
possèdent dans certaines conditions déterminées, elles ont aussi
montré que les propriétés particulières du souffle ne se modifient pas lorsqu'elles ont été
communiquées à ces substances et que même elles peuvent
s'y fixer sans la moindre altération et
pour un temps variable à côté des propriétés spéciales et différentes des rayons digitaux. Ainsi un agent
intermédiaire préneurisé peut l'être de manière à
être anesthésiant par l'une de ses moitiés et hyperesthésiant
par l'autre moitié; ou bien successivement et alternativement anesthésiant et
hyperesthésiant suivant des zones ou tranches égales.
1.
Peut-être auraient-ils agi à la longue, c'est-à-dire en
donnant a la force neurique de mes doigts le temps d'iufluencer
suffisamment l'objet qu'ils tenaient.
D'où il résulte que la neuricité,
qu'elle soit anesthésiante ou hyperesthésiante, peut être localisée et
limitée dans les agents serrant
d'intermediaire;de plus cette localisation et cettelimitation peuvent y subir toutes les combinaisons possibles.
EMPLOI DE LA
NEURICITÊ COMMUNIQUÉE A DES
SUBSTANCES INANIMÉES
DE l'EMPLOI PAR CONTACT FIXE OU MOBILE Et a
DISTANCE PAB BADIATIONS FIXES OU
MOB1LES DI RECTES, REPLECBIES OU PBACTBBS, DE DIVERS AGENTSINTERMEDIAIRES PRENEUBISES OU NON PRENEURISES.
EMPLOI DES LIQUIDES EAU
NEURISATION DE L'EAU PAR
LES HAYONS NEURIQUES
Expériences avec un verre d'eau. Le 3 novembre 4880, me souvenant d'avoir ouï dire que certains
magnétiseurs se servaient d'eau magnétisée dans leurs expériences et leur
thérapeutique, je résolus de neuriser de l'eau et de la donner à
boire a la jeune fille.
Ce fut la
première neurisation que je fis d'une substance devant servir d'intermédiaire; j'ignorais la
manière de neuriser l'eau employée
parles magnétiseurs, j'ignorais aussi quels phénomènes j'obtiendrais. Au surplus la jeune fille ne reçut
aucune communication de ce que je voulais faire.
Je fis apporter un verre à moitié
rempli d'eau, puis donnant à ta jeune fille ce verre je la priai de
boire : elle but à peu près
toute l'eau qui y
était contenue. J'attendis plus d'un quart d'heure ; il ne se produisit aucun effet
particulier.
NEURISATION PAR LES RADIATIONS
DIGITALES FIXE* DE L'EAU CONTENUE DANS UN
VERRE
Je repris le verre et me relirai dans la
chambre voisine et là je le remplis à moitié d'eau, puis j'imaginai de neuriser celle eau en dirigeant et maintenant dirigés, durant huit
à dix secondes vers le fond du verre et a peu de distance de la
surface de l'eau, les cinq doigts de ma main réunis en faisceau.
Ingestion de Verni
neurisée par les doigts Cela fait, je revins auprès de la jeune fille et
l'engageai à boire de cette eau; elle en but la moitié. Puis, comme elle
avait probablement pensé que j'avais ajouté quelque chose â cette eau, elle me
déclara aussitôt qu'elle n'avait aucun goût particulier.
Effets produits par
celte ingestion. Au bout de douze & quatorze secondes environ, je m'aperçus que son
cou était devenu raide. Je n'avais pourtant fait aucun mouvement. La jeune
fille regardait & ce moment du côté de
la fenêtre et me présentait sa joue gauche; j'étais distant d'elle d'un
mètre environ. Peu d'instants après elle tomba dans le sommeil
ou plutôt dans un demi-sommeil.
Je raconte les faits
tels qu'ils se sont passés. Durant ce sommeil elle se plaignit de ses jambes : «Oh! mes
jambes} mes jambes ! » disait-elle.
Quelques passes descendantes au-devant des jambes firent cesser la
douleur dont elles étaient le siège. Puis elle se plaignit de souffrir au creux épigastrique et
elle eut même quelques mouvements toni-cloniques ; je dirigeai
mes doigts vers le creux de l'estomac et au bout de quelques secondes elle
parut tranquille car elle poussa un Ah!
de satisfaction très caractéristique. Gomme elle se
plaignait aussi de sa tête, je fis quelques passes ascendantes au-devant
du front et elle fut alors plongée dans le sommeil complet.
Je l'ai
éveillée ensuite par un des procédés ordinaires.
Je fis quelques instants après la
contre-épreuve do cette expérience. Je passai dans la chambre voisine, je
versai de l'eau dans un verre et je
l'apportai aussitôt a la malade qui en but la moitié. Aucun effet
particulier ne se produisit a la suite.
Remarques. -Ainsi la deglutîtîon d'un peu
d'eau neurisée par des radiations digitales fixes a produit la contracture
des muscles du cou
puis le sommeil.
NEURISATION DE L'EAU PAR LE SOUFFLE
Ingestion d'eau neurisée par le souffle. Deux jours après (le 5 novembre1880) me rappelant que j'avais
endormi Mlle G... en lui Taisant
boire un peu d'eau neurisée par les radiations digitales fixes, considérant d'autre part que je
pouvais exalter la sensibilité cutanée et celle des sens par le
souffle, l'idée me vint de souffler sur un peu d'eau versée au fond d'un verre
et de faire boire celle eau a la malade. Je
versai donc de l'eau dans un verre, et a l'insu de la malade et loin de
ses yeux dans une chambre voisine je soufflai sur celle eau.
Effets produits par cette ingestion. Rire. Je revins auprès de
la jeune fille et lui fis boire de celle eau. Quel ne fut pas mon étonnement
lorsqu'aprés quinze a vingt minutes d'attente elle commença à rire, puis
à éclater de rire au point de ne pas pouvoir se maîtriser. Cela dura six minutes environ, puis
tout rentra dans l'ordre.
Adhérence des doigts du sujet au fond du
verre neurisé par les doigts. Je lui dis alors de plonger l'index et le médius réunis dans l'intérieur
du verre et de les-retirer aussitôt après et elle exécuta avec aisance
ce double mouvement. A mon tour je plongeai deux doigts dans ce verre, et je
fis répéter l'opération à la malade. Elle put introduire les doigts,
mais elle ne put pas les
1. Je n'ai pas recherché si ta sensibilité
avait diminué ou disparu.
retirer. Je dus les retirer
de force. Je soufflai ensuite dans le verre et aucun phénomène d'adhérence ne put etre
produit.
Remarques. La première partie de cette
expérience nous montre un phénomène
tout nouveau, non constaté encore : la déglutition de l'eau soufflée
provoquant le rire.
Dans la
deuxième partie, nous assistons encore a la production d'un
phénomène nouveau. Tout d'abord les doigts du sujet plongés dans le fond du verre peuvent en
être retirés avec aisance, mais si
j'ai neurisé préalablement le fond du verre par les radiations digitales fixes les doigts y restent comme comme
collés. Puis nous voyons le souffle détruire les effets des radiations
digitales fixes.
Effets d'une nouvelle
ingestion d'eau soufflée. Rire. Le lendemain (9 septembre)
après avoir soufflé sur l'eau qui se trouvait dans un récipient, j'en pris une cuillerée
à café que je fis avaler à la jeune fille. Quelques secondes
après elle riait aux éclats. Une passe
descendante au-devant du cou a suffi pour la ramener à l'état normal.
EFFETS THERAPEUTIQUES DE L'EAU SOUFFLÉE
L'ingestion d'eau
soufflée m'a servi a résoudre des spasmes des voies digestives supérieures et des voies
respiratoires.
Résolution d'un spasme du pharynx et de
l'œsophage par l'ingestion d'eau soufflée. Le 15 novembre 1880, je trouvai la malade
éveillée et se plaignant d'avaler avec difficulté les substances solides et
même les liquides. Elle éprouvait, disait-elle, une sorte de constriction
à la gorge.
Pensant que celle gène pouvait
être fa conséquence de l'ingestion
d'un peu d'eau neurisée par les doigts et administrée la veille au soir,
je donnai à boire de l'eau, puis du bouillon neurisés par te souffle. La première gorgée de liquide a
ete avalée avec quelque difficulté, puis les autres ont clé avalées avec
une facilité de plus en plus grande. Celle
ingestion l'a égayée. Enfin elle n'a pas lardé à avaler avec la facilité
habituelle. Elle était guérie.
Gêne respiratoire guérie par Veau
soufflée. Le 19
novembre je trouvai la malade avec de la
fièvre (38°,6) mais se plaignant surtout de la gene de la
respiration, dyspnée, respiration fréquente et par moments arrêt
de la respiration dans l'inspiration.
L'ingestion d'eau soufflée et des gouttes
de cette eau soufflée projetées sur le cou ont fait cesser ces trombles respiratoires.
La fièvre n'a pas été modifiée,
mais elle a causé une sensation de chaleur moindre.
NEURISATION
DE l'EAU ALTERNATIVEMENT PAR
LES DOIGTS ET PAU LE SOUFFLE. EFFETS COMPARATIFS
Expériencesavecune cuvette d'eau.Immersion des mains. Effets produits.Le 7 novembre 1880 je fis l'expérience suivante : Ayant versé de l'eau dans une cuvette je
magnétisai cette eau avec les doigts, à l'écart, de
manière que la jeune fille ne pût voir ce que je faisais. Celle-ci était assise ; j'apportai la
cuvette devant elle et l'engageai
à y plonger les mains, ce qu'elle fit. Quelques secondes après
elle s'endormait. Je retirai la cuvette et après avoir soufflé sur
l'eau je la posai de nouveau au-devant de la malade. Je pris ses mains et les plongeai dans l'eau de la
cuvette; presque aussitôt elle
éprouva une secousse et se réveilla complètement.
Une autre fois
après l'avoir endormie par le contact des mains, je la réveillai en lui plongeant les mains
dans de l'eau soufflée.
Contre-épreuve de l'xpérience positive. Je fis la contre-épreuve de l'expérience précédente, c'est-â-dire que je fis plonger les
mains de la jeune fille éveillée dans de l'eau non neurisée, quoique par les
détails de l'expérience elle eût pu penser que j'avais fait subir à l'eau quelque préparation; les résultats
furent négatifs. Je fis une contre-épreuve analogue, la malade ayant été préalablement endormie : je plongeai ses mains
dans de l'eau non soufflée et elle
ne se réveilla pas. Dans ces deux contre-épreuves j'avais eu soin, et j'insiste
sur ce point, de simuler tout l'ensemble des menus détails de l'expérience,
sauf de neuriser l'eau.
Effets produits par le contact avec ta figure du sujet d'une serviette
préalablement trempée dans de Veau neurisée. Je variai le
même jourl'expérience positive. Ayant placé à la
portée de la jeune fille assise une cuvette â moitié pleine d'eau qu'A son
insu, d'ailleurs» j'avais neurisée par les doigts, je l'engageai a plonger
l'un des coins de
cette serviette dans cette eau et à la passér Ainsi mouillée sur sa figure. C'est ce qu'elle fit, mais
avant môme d'avoir parcouru toute
l'étendue de sa figure elle tomba dans le sommeil.
Dans le sommeil
neurique ou du moins dans une certaine phase de ce sommeil dont il sera question plus loin,
elle put m'en-tendre et obéir à mes ordres. J'eus donc l'idée de la
réveiller par une manœuvre analogue à celle qui avait déterminé le
sommeil. Je soufflai dans l'eau de la cuvette que je disposai devant la jeune fille endormie, et lui ayant mis
entre les mains la serviette par un de ses angles je lui commandai de la
plonger dans l'eau do la cuvette qui était
au-devant d'elle, et de passer lu partie mouillée sur sa figure. Elle exécuta
fidèlement cette opération, mais dès qu'elle cul passé la
serviette sur sa figure elle se réveilla toute étonnée de se trouver dans cette
position.
Expérience avec une goutte d'eau
préneurisée et déposée sur la langue du sujet. Le même jour, la malade étant éveillée, je
neurisai de l'eau avec les doigts, puis j'en
pris une goutte avec une petite cuiller et je la laissai tomber sur le
milieu de la langue de la jeune fille.
Aussitôt le point touché de cet organe devient raide, dur, par
contracture. Je pris alors une goulte d'eau neurisée par le souffle et la
déposai sur celte partie dure de la langue, la souplesse revint aussitôt.
Expérience avec de Veau aspergée. Le même jour je variai encore
l'expérience. Si, ayant préalablement plongé mes doigts dans l'eau d'une cuvette neurisée par le souille, je projetais de cette
eau, par un mouvement brusque de ma
main, sur la figure de le jeune fille éveillée et sans anesthésie
préalable, je provoquais le rire. Mais si l'eau avait été neurisée par les
doigts, la môme opération provoquait le sommeil.
Remarques.
Je crois utile de
dire que, de même que pour les
autres expériences, j'ai
répété celles-ci plusieurs fois à des dates diverses, et que j'ai
toujours réussi de même dans les mêmes conditions d'expérimentation.
BOUILLON. COGNAC
Afin de compléter ce que nous avons
à dire de nos expériences faites avec les liquides préneurisés nous
exposerons en peu de roots tes résultats
obtenus en faisant boire à la malade du bouillon et du cognac.
Expérience avec le bouillon neurisé. Le 14 septembre 1880, ayant donné à boire à la jeune
fille du bouillon souillé, dans le but de calmer ce spasme des voies
digestives supérieures dont il a été question plus haut, elle déclara que ce
bouillon avait le goût de gras
très prononcé. Je le neurisai alors avec les doigts, l'odeur de
gras disparut du bouillon qui fut même trouvé très agréable.
Expérience avec du cognac. Je relate ici
pour mémoire une expérience dont l'exposé
doit trouver sa place ailleurs parce qu'elle a été faite, la malade
étant dans te sommeil neurique.
Cette jeune fille aimait beaucoup le
cognac et en demandait souvent durant le sommeil neurique, affirmant du reste
qu'elle s'en trouvait fort bien. C'est avec avidité qu'elle avalait chaque petit verre de cognac qu'on lui donnait. Un jour
que, dans le sommeil neurique, elle
en demandait en ma présence, je soufflai dans le verre avant de lui donner à boire le cognac qu'il contenait.
Mais après en avoir approché les lèvres et en avoir
à peine flairé et dégusté le contenu, elle le repoussa disant que c'était
mauvais et trop fort.
Je repris le verre,
je dirigeai pendant quelques secondes l'extrémité de mes doigts vers l'intérieur du verre par
son ouverture, et le remis à la malade qui en but le contenu déclarant
que c'était très bon.
EMPLOI DES SOLIDES
Afin de no pas
interrompre l'exposé des résultats que nous avons obtenus par l'emploi de
substances neurisées douées d'une saveur ou d'une odeur propres nous
commencerons l'élude de la neurisation des substances solides par celle des fleurs.
EMPLOI
DES SUBSTANCES DOUÉES D'ODEOR
Expérience avec une fleur d'héliotrope.Le 7 novembre 1880 je fis cueillir dans
le jardin attenant à la maison qu'habitait la jeune fille une branche
fleurie d'héliotrope. Je la donnai à sentir à la jeune fille,
parfaitement éveillée, qui trouva en elle l'odeur habituelle.
Tenant alors cette fleur d'une main, je
dirigeai vers elle a une petite distance le sommet des doigts rapprochés de
l'autre main. Puis je la portai sous le nez do la jeune fille qui déclara, tout
étonnée, ne rien sentir. Je souillai alors
sur cette fleur, je la représentai de nouveau à la malade qui
aussitôt l'éloigna de son néz, déclarant que l'odeur en était trop forte. Je
répétai cette expérience plusieurs fois, le même jour.
Expérience* avec un bouquet de fleurs. Une semaine plus tard je repris les expériences avec les fleurs. Je donnai à la
jeune fille un bouquet formé de
fleurs odorantes, la priant d'en respirer le parfum. Elle trouva A ce bouquet
une odeur naturelle. Je le lui fis
présenter ensuite par une tierce personne, une de ses amies, et elle
déclara que l'odeur était la môme.
J'ai ensuite soufflé sur ce bouquet et le
lui ai donné, l'invitant à le porter a son nez. Mais elle recula et
éloigna le bouquet dès qu'elle l'eut
porté à son nez déclarant ne pas pouvoir en supporter l'odeur qui
était trop forte.
Je lui ai fait donner le môme bouquet par son amie et
elle lui a
trouvé une odeur naturelle,
ordinaire. Mais pendant que son amie tenait le bouquet sous son nez et qu'elle
déclarait ne lui trouver que son odeur naturelle il me suffisait, à
l'insu de la malade, de toucher môme
très légèrement avec un doigt l'extrémité d'une des feuilles
composant le bouquet, pour qu'aussitôt elle déclarât l'odeur très forte,
et cela pendant tout le temps que durait le contact.
De môme, si j'avais
préalablement neurisé avec les doigts et à distlance ce bouquet et si ensuite son amie la
tenait sous le nez de la malade qui lui
trouvait son odeur naturelle il me suffisait de toucher le bout d'une feuille
ou d'un pétale pour que toute odeur disparût.
Expérience avec un mouchoir. Tenant à varier, autant que possible, mes expériences, j'eus recours, le
même jour, a l'emploi d'un mouchoir.
La jeune fille était
éveillée, je pris son mouchoir et après l'avoir souillé, je le portai sous son nez. Elle
le repoussa alors en disant qu'il sentait
trop la lessive. Mais l'ayant ensuite neurisé avec les doigts elle
n'accusa plus celte odeur.
EXPERIENCES AVEC DBS CARRÉS
DE PAPIER BLANC
Le 4 novembre 1880 je commençai une série
d'expériences avec des carrés de papier blanc et les continuai les jours suivants
en les variant autant que possible.
Je pris deux petits carrés de papier
blanc, puis m'étant retiré dans la chambre voisine de celle où se tenait
la jeune fille, j'en neurisai un en
maintenant mes doigts dirigés vers une de ses faces, durant quelques
secondes.
Ensuite,
après avoir fait une corne a celui des deux carrés que j'avais neurisé, dans le but de le
reconnaître, je les plaçai l'un contre l'autre, puis les tenant saisis
entre le pouce et l'index, je revins
auprès de Mademoiselle G... Je l'engageai alors & prendre l'un
des deux carrés de papier. Or, elle choisit précisément
celui que je n'avais pas neurisé, c'est-a-dire
celui qui n'avait pas été marqué. Malgré cela, au bout de quelques secondes, elle tomba dans le sommeil gardant le carré do papier
entre ses doigts raidis.
Devant ce résultat positif au lieu du
résultat négatif auquel je m'attendais, je pensai que le carré de papier
neurisé ayant été accolé â celui qui ne
Tétait pas, lui avait communiqué ses propriétés neuriques. Le hasard, peu
d'instants après, devait confirmer l'exactitude de cette
interprétation.
Réveil empêché par la présence entre
les mains du. sujet d'un morceau de papier préalablement neurisé. J'ai voulu alors réveiller la jeune fille ; j'employai pour cela les procédés qui toujours
réussissaient, mais je n'y parvins pas. Voyant ' qu'elle
gardait le carré de papier serré entre ses doigts, feus Vidée de le retirer,
je le pris en effet et le plaçai sur la table voisine. Je commençai alors les manoeuvres qui avaient pour
but de réveiller la malade et j'y parvins. Mais je vis bien que je dus la
retirer d'un sommeil profond.
Explication. Évidemment, l'impossibilité dans
laquelle je m'étais trouvé de la réveiller
et qui un moment, je l'avoue, m'avait assez
troublé, tenait à ce que les effets des manœuvres que je faisais pour la réveiller, et qui habituellement ne
manquaient pas de se produira, étaient neutralisés par le carré
de papier tenu entre les doigts de la jeune
fille. Ce carré de papier chargé de neuricité saturait son organisme. Nous
verrons plus loin que d'autres faits donnent raison à cette
interprétation.
La jeune fille était
donc parfaitement réveillée. Je voulus refaire alors l'expérience avec
l'autre carré de papier, celui qui avait été marqué. Dès qu'elle l'eut saisi elle
tomba dans le sommeil. Instruit par l'expérience précédente, j'eus soin de
reprendre à la jeune fille le carré de papier qu'elle avait gardé entre
ses doigts, et je le plaçai sur la
table voisine distant de celui que j'y avais déjà
déposé. Puis je réveillai sans difficulté la malade.
Il importe maintenant de bien noter ce qui
va se passer. La jeune fille est réveillée,
près d'elle se trouve une table sur laquelle
nous avions déposé deux carrés do papier blanc qui
avaient servi pour
rendormir.
Adhérence de la main du sujet sur un point
de la table qu'avait recouvert précédemment
un papier neurisé digitalement. Je crus devoir retirer ces
deux carrés de papier. Un instant après la jeune fille qui avait glissé
sa main sur la table pour saisir un objet éloigné, nous appela pour nous faire remarquer que sa main
était restée collée sur la table. J'en fus tout surpris et j'avoue que
je ne pensais pas au carré de papier qui
peu d'instants auparavant se trouvait sur cette table, lorsqu'une des
sœurs de cette jeune fille qui avait suivi avec attention mes expériences
me dit que ma malade avait précisément touché le point de la table sur lequel
j'avais déposé précédemment un des carrés de papier.
De fait la main se
trouvait comme collée à la table. Je la trouvai raidie ainsi que le bras. Je voulus
détacher la main de la table en tirant sur le bras, en essayant de faire
glisser la main, je n'y parvins pas. Je saisis alors le bras et l'avant-bras et
je pus fléchir le coude, la main seule resta raide, immobile. La malade faisait
elle-même tous ses efforts pour
détacher la main de ce meuble, elle n'y
parvenait pas. Enfin je réussis non sans peine à l'en détacher.
Je soufflai ensuite sur cette partie de la table;
sur mon invitation la malade y
rappliquasamain, mais elle n'y resta pas adhérente.
Mais il restait un point de la table qui
avait dû être influencé par l'autre carré de papier que j'y avais
déposé pour l'en retirer ensuite. Ce point
fut facilement trouvé par la malade. Elle parcourut la surface du
meuble avec la paume de sa main et arrivée en un certain point, la main se
roidit et resta adhérente au meuble. Je réussis a l'en détacher en soufflant
sur elle.
Il semblait évident
que chaque carré de papier neurisé avait neurisé à son tour le point de la table sur
lequel il avait été posé et lui avait
communiqué ses propriétés. C'est ainsi qu'au début de l'expérience l'un des
carrés de papier neurisé avait neurisé l'autre par le fait de leur
juxtaposition. Je me rappelai alors que les doigts de la jeune fille étaient
restés adhérents et raidis au fond du verre
que j'avais magnétisé par les doigts précédemment.
Mais je ne devais
pas me considérer comme satisfait.
Adhérence du pied du sujet sur un point du
parquet (soi) précédemment neurisé par le contact d'un morceau de papier
préneurisé parles doigts. Je pris un do ces carrés de papier et je le posai une ou deux secondes par terre ou pour mieux dire sur le parquet en briques de l'appartement. Après
ravoir retire, je dis à la
jeune fille de poser le pied sur lu partie du sol qu'avait recouvert le
papier. Elle le fit ainsi, mais elle ne put plus retirer son pied qui resta comme collé au parquet. Je parvins
cependant à le retirer de force.
Déneurisation par le
souffle. Elle répéta l'expérience : môme résultat. Je
soufflai alors sur le parquet au niveau du point intéressé, puis la malade y
ayant réappliqué le pied elle put l'en retirer sans difficulté.
Passe appliquée faite avec l'angled'un carré de papier. Effets
produits. Ensuite prenant un de
ces carrés de papier par un de ses angles, je le promenai de haut en
bas, rapidement, sur le dos de la main de la jeune fille. La main devient
raide, immobile; je ta malaxai avec la mienne et elle redevint souple.
Je soufflai alors sur
le carré de papier et lis la même manoeuvre ; il n'y eut pas d'effet particulier
produit.
AUTRES EXPÉRIENCES AVEC DES CARRÉS
DE PAPIER BLANC NEURISÉS
Conditions à remplir pour la
réussite des expériences. Deux jours plus tard, le 6 novembre,
je me suis confirmé dans l'idée que pour obtenir une action avec les
carrés de papier préneurisés il fallait absolument qu'ils fussent remis par
moi à la jeune fille.
Remise au sujet par une tierce personne du
papier préneurisé. Effets nuls. J'ai donc neurisé par les rayons digitaux un carré de papier blanc et je l'ai fait remettre
par une tierce personne neutre
à la jeune fille éveillée. Il ne s'est produit aucun effet.
J'ai ensuite neurisé par les rayons pneumiqes un autre
carré de
papier et je l'ai de même fait remettre
à la jeune malade éveillée. Aucun phénomène particulier ne s'est
montré A la suite.
Remise, par moi au sujet, du morceau de papier neurisé. Effets positifs. J'ai alors repris le premier carré de papier,
celui que j'avais neurisé avec les doigts, je l'ai donné à la
malade et elleest tombée endormie. J'ai ensuite pris
deuxième carré sur lequel j'ai
souillé, et je l'ai mis à la place du premier dans la main de ma malade endormie. Aussitôt elle s'est mise
à rire aux éclats, et il en fut ainsi durant un temps fort
long. Mais ayant retiré le papier de ses mains elle cessa de rire.
Je lis encore dans mes notes les détails
suivants que je crois utile de transcrire ici bien qu'ils trouveraient mieux
leur place dans la partie consacrée a l'élude du sommeil neurique.
Tenant le papier ainsi doué d'un pouvoir
égayant, je lui ai Tait toucher plusieurs fois légèrement un point
quelconque du corps de la jeune fille; aussitôt elle partait d'un éclat de
rire. ' Ayant promené le papier, ainsi
neurisé par le souffle, sur la face, l'imagination de la jeune fille
s'exalta, elle parla dos autres villes qu'elle avait habitées, cita des faits
et sembla voir par l'esprit des personnes
qu'elle y avait connues. En retirant le papier cette excitation ne larda pas a
se calmer mais il était facile de la provoquer de nouveau.
Plus loin, je trouve noté que ces
phénomènes, le rire et l'exaltation de l'imagination, avaient pu
être reproduits, la malade étant
éveillée; que du papier rouge
préalablement soufflé, puis appliqué faisait rire; que deux feuilles
de papier l'une rouge l'autre blanche superposées l'une à l'autre,
préneurisées par le souffle et appliquées
ensuite faisaient aussi rire aux éclats.
Nécessité d'une communication directe on
indirecte mais positive pour la production d'une action. Immédiatement après je relève celle phrase qui a une grande
importance : une tierce personne ne réussissait pas; pour obtenir les effets
décrits, je devais donner le papier moi-même ou le placer
à côté de la malade qui le prenait (1).
1. La
jeune fille était assise sur on divan.
Remarques. Ici il s'agit
toujours d'un objet préneurisé remis par mot, mais avec cette différence qu'il
y a eu un intervalle entre le moment où je me suis dessaisi du carré de papier et celui
où la jeune fille s'en est emparé.
Cet intervalle dans les conditions où la remise du papier a été
faite n'a pas été suffisant pour lui faire perdre
ses propriétés. Il est vrai qu'on le plaçant a coté d'elle il y avait des probabilités pour qu'une communication
s'établît tout d'abord entre l'objet et elle-même. Lorsque l'objet était
remis par une tierce personne, sa sœur ou une de ses amies, l'effet était
nul; cette tierce personne semblait deneuriser l'objet, par absorption,
au moins momentanément. Je fais cette dernière réserve en vue de
ce que j'aurai à dire un peu plus loin.
AUTRES EXPÉRIENCES AVEC LES CARRES DE
PAPIER
Hyperesthésie produite par le contact du
papier soufflé.
Le lendemain,17 novembre 4880, ayant souillé
sur un carré de papier blanc et l'ayant appliqué sur diverses parties du
corps du sujet, voici ce que j'ai obtenu. Sur le cuir chevelu, la face, les
bras, les mains j'ai provoqué une vive
douleur. Le papier étant retiré lu douleur
ne cessait pas complètement, mais je pouvais en compléter la disparition parl'application de la
paume de la main ou par les radiations digitales.
Mouvements imprimés à lalangue par le contact de l'angle d'un carré de
papier préalablement soufflé. Sur le bout de la langue les effets de l'application d'un angle du carré
de papier neurisé par le souffle ont été des plus singuliers. La langue,
à peine touchée, s'est mise à exécuter des mouvements alternes et
rapides de sortie et de rentrée que je ne faisais cesser que par des passes digitales. J'ai en effet répété
plusieurs fois l'expérience.
EXPERIENCESAVEC UNE TABLE
Dans les précédentes expériences il a été
plusieurs fois question de la neurisation
d'un point de la surfaced'une table.
L'expérience qui
suit montre de quelle manière j'ai pu déneuriser ta partie préneurisée de cette table. J'ai
dit précédemment que j'avais pu assouplir
et détacher la main du sujet adhérente sur ce point en soufflant sur
elle.
DÉNEURISATION PAR LA PAUME
DE LA MAIN
Le 5 novembre je neurisai donc, avec les
doigts, un point, ou mieux une petite
étendue de la surface de la table. La malade sur mon invitation y
appliqua la paume de sa main qui resta adhérente
et raide. Je la détachai de force. De nouveau sur mon invitation elle
rappliqua et de nouveau elle resta collée en quelque sorte. D'où il
résulte déjà que ce point spécial de la table était resté neurisé.
Après avoir encore une fois retiré de force la main du sujet, je posai
ma main sur la place qu'avait occupée celle du sujet, je la soulevai puis la
réappliquai et la soulevai de nouveau à
deux ou trois reprises. Puis la malade y ayant appliqué la main à son
tour, elle put l'en retirer avec la plus grande facilité. J'avais donc déneurisé
le point de la table précédemment neurisé.
DÉNEURISATION PAR LE SOUFFLE
Dans une autre expérience au lieu de
déneuriser par la paume de la main je
déneurisai par le souffle. Le moyen le plus simple et le plus rapide pour détacher la main du sujet de
la table consistait en tous cas
à souffler précisément sur sa main. Celle-ci se décontracturait
et la table se trouvait déneurisée en même temps.
NEURISATION DU SOL A TRAVERS
UNE TABLE
Le lendemain je fis une expérience particulièrement intéressante.
Je neurisai une petite
étendue de la surface de la table, autant que pouvaient en viser les cinq
doigts de ma main réunis en faisceau. Je priai alors la malade d'y appliquer
la main, ce qu'elle fit, mais elle ne put
la retirer. J'essayai de la déneuriser on appliquant sur elle la paume
de la main, mais je n'y parvins pas. Je pris le parti de la détacher de force,
sans déneuriser ni la main ni la table d'autant plus que l'idée me vint
à ce moment de rechercher si la neurisation de la table se limitait
à la surface visée ou si au contraire elle ne pénétrait pas dans
l'épaisseur du bois au point môme d'atteindre sa face opposée,
c'est-à-dire le dessous de la table.
Pour bien m'assurer que
la table n'avait pas été déneurisée, je fis placer de nouveau la main du sujet
sur le point intéressé, et elle y resta collée. Je la détachai de force et la
fis placer sur la face inférieure de la table au point exactement opposé : elle
y resta aussi collée. Pensantalorsque les rayons neuriques digitaux avaient pu influencer aussi le sol a travers la table en droite ligne, je
fis appliquer le pied de mon sujet sur le sol au point qui correspondait exactement au prolongement d'une ligne
fictive perpendiculaire passant par le point de la surface de la table
qui avait été neurisé. Le pied resta collé sur ce point.
Remarques. Je dois faire remarquer
que, répétant l'expérience je ne faisais pas placer toujours la main ou le
pied immédiatement sur le point neurisé de la table ou du sol mais je les
faisais glisser graduellement jusqu'à ce point pour bien m'assurer que
la neurisation du sol ou de la table était bien limitée à un petit
espace. L'adhérence n'était complète et forte que lorsque toute la
petite surface neurisée était couverte par la main ou par le pied.
Autres remarques. Agent intermédiaire passif devenant actif. L'expérience dont nous venons de faire la relation est un exemple
frappant d'emmagasinage et de transradiation neurique après laquelle un
nouvel emmagasinage a pu se faire. Elle montre que l'agent intermédiaire
traversé par les rayons neuriques, agent passif en apparence, peut
être réellement agent actif.
Sommeil provoqué par la fixation d'un
point de la table neurisé par les rayons digitaux, Jusqu'à présent la table n'a
servi d'intermédiaire que pour neuriser la main et le bras du sujet. H est
probable d'ailleurs que si la main du sujet avait été laissée plus longtemps en contact avec la table, le
sommeil serait survenu par extension et diffusion aux centres nerveux
encéphaliques. Dans l'expérience suivante»
c*est directement sur les yeux du sujet que nous avons agi par l'intermédiaire de la table.
Après avoir
neurisé par les rayons digitaux un point limité de la table, j'invitai la malade a regarder ce
point. Elle se mit alors a fixer ce point
et après quelques secondes elle tomba endormie.
Remarques. J'ai à peine besoin d'ajouter que
cette expérience rapprochée des autres
conserve toute sa valeur, qu'elle est démonstrative pour moi; pour les braidistes
il en sera autrement. Je me bornerai
à une simple remarque : il est telle expérience qui à elle seule
est démonstrative, mais il en est qu'il faut rapprocher et comparer pour leur conserver la valeur
particulière qu'on leur attribue.
Je doisreconnattre pourtant que l'objection des braidistes aurait ici quelque fondement sérieux parce que je
n'ai pas songé à faire la contre-épreuve qui eût consisté
à faire regarder au sujet un point de la table non préneurisé.
EXPÉRIENCES AVEC LE
SOL
Nous avons vu comment
le parquet en briques de l'appartement avait pu être influencé par la neurisation
digitale à travers la table.
Voici
une expérience qui peut prendre rang parmi les plus eu-
rieuses et les plus démonstratives. Elle
fut en quelque sorte improvisée comme
d'ailleurs la plupart des autres.
Neurisation du sol suivant une ligne par
les rayons digitaaux. La malade était debout et éveillée, j'étais éloigné d'elle de 2,50a 3 mètres. Je Tais un pas et avec ma main
droite entr'ouverte, les doigts légèrement écartés, je trace une ligne
ou, bande transversale fictive en regard du
sol, les doigts se trouvant à la distance de celui-ci de 10
& 15 centimètres.
Puis je me reporte un peu en
arrière de cette ligne fictive et je dis
à la malade qui était de l'autre côté de courir vers moi. Arrivée au
niveau de cette ligne, elle resta immobile l'un des pieds raide fixé au sol, l'autre soulevé et immobile aussi dans
l'altitude fixe de la course. On eût dit une statue.
La saisissant alors par le tronc je l'ai
soulevée de force en la détachant du sol avec peine, et l'ayant assise sur une
chaise plus loin j'ai redonné aux membres inférieurs leur souplesse.
Gela fait je l'ai
priée de retourner à sa première place. Elle devait pour cela
traverser la même ligne, je dirais presque la même barrière. Cette fois elle marchait;
arrivée au niveau de la ligne fictive elle
n'a plus pu remuer et j'ai dû encore l'enlever de force de celle
place.
Déneurisatipn du sol par le souffle. Ensuite j'ai soufflé le long de la partie du sol que j'avais précédemment
neurisée par les doigts. Engagée
alors a traverser cette partie du sol ainsi soufflée elle l'a fait sans
empêchement aucun.
Déneurisation incomplète de la
bande neurisée du sol. Ici vient se placer une observation
qui a certainement une grande importance.
Un instant après la jeune fille ayant fait quelques pas dans un certain sens elle me montra un de ses
pieds adhérant au sol. Le hasard avait voulu qu'elle plaçât son pied sur
une partie du sol qui correspondait à l'extrémité de la ligne fictive
que mes doigts avaient tracée. Je dus en conclure que lorsque j'avais voulu
déneiriser la bande du sol neurisée par les doigts, mon souffle n'avait pas atteint l'extrémité de cette bande au niveau de laquelle elle venait précisément de poser son
pied.
En
concevant cette expérience j'ignorais ce que j'obtiendrais et ne
m'en faisais aucune idée. Puis eu déneurisant la bande du sol neurisée
je ne pouvais pas prévoir que je ne la déneuriserais pas jusqu'au
boul et que la malade viendrait poser son pied sur la partie
non Doneurisée. On ne saurait, par conséquent, accuser l'imagination de la malade
et faireinternaitla suggestion même pensée, en
admettant toutefois que celte variété de suggestion existe réellement.
Neurisation d'une bande du sol
faite à l'insu de la malade. Mais voulant me mettre à l'abri de celle cause possible d'erreur
et éviter tout reproche, j'ai,
répétant dans la suite celte expérience, pris une précaution essentielle. J'évitai de dire ou de laisser deviner
à la malade, par un geste quelconque, ce que je me proposais de
Taire. Pendant qu'elle était dans une pièce voisine, ou bien lorsque nous attendions qu'elle descendit de sa
chambre, je traçai avec les doigts en regard du sol sans le toucher comme
précédemment une ligne fictive
allant par exemple du pied d'une table au pied d'une chaise. Je me tenais avec
les amis de la malade ou les membres de sa famille en deçà de
celte ligne, puis la malade venait vers
nous soit qu'on l'appelai soit que sachant que je l'attendais elle vint se présenter d'elle-même.
Dès que son pied avait touché la partie du sol au niveau de
laquelle passait la ligne ou bande fictive
elle s'arrêtait brusquement, immobile; le picdqu'eile y avait pose était
raide, contracture et comme adhérent au sol. Lu contracture s'étendait aussi
aux muscles de la jambe.
Communication
de la bande neurisée du sol avec le sujet neurisateurpar
le sol même. Nécessité de celte
communication pour le maintien de l'adhérence du pied du sujet neurisable. Quelques jours plus tard, refaisant l'expérience, j'attendis plus de vingt minutes à côté dela
malade pour savoirsi peu a peu elle finirait par
détacher son pied ou ses pieds d'elle-même. Mais l'adhérence aun
sol se maintenait la même. J'eus l'idée, voyant cela, de m'éloigner et
je sortis dans le jardin après avoir recommandé à l'entourage de
bien observer ce quise passerait et notamment de voir si la malade, avertie
aussi directement par moi, ne pourrait se détacher du soi.
Je revins
après cinq a six minutes d'absence et il me fut dit que la malade avait
pu remuer ses pieds et les faire glisser un peu sur le sol. Seulement a ce moment, probablement
parce que j'étais revenue auprès d'elle, elle avait ses pieds tout aussi
adhérents qu'auparavant. Je m'éloignai de nouveau recommandant d'aller me
quérir dès qu'elle pourrait mettre le pied hors de celle zone soit en le soulevant soit en le faisant glisser.
An bout d'un quart d'heure environ on
m'appela, la malade avait pu franchir la barrière en faisant glisser son pied. Voulant m'assurer si la zone influencée
conservait ses propriétés je dis à la malade de glisser vers elle son pied très lentement. Arrivé
à un certain point il y eut un commencement d'adhérence. Je
soufflai sur le pied et le long de la zone influencée et la malade put circuler
librement.
Déneurisation du sol par la paume de la
main. Une autre fois je déneurisai le sol avec la paume de la
main, mais en général je donnais la préférence nu souffle.
Neurisation du sol par les yeux. Si les radiations oculaires fixes ont
réellement les mêmes propriétés que les radiations digitales fixes, je devais pouvoir neuriser le sol
avec les yeux. C'est ce que j'ai réussi à l'aire sans difficulté.
Après avoir regardé fixement
pendant quelques secondes un point du sol, je priai la jeune malade d'y poser
son pied. Elle
fit ainsi mais elle ne put pas le soulever. Je soufflai dans sa direction et il reprit toute sa liberté d'action.
EXPÉRIENCES AVEC UN MUR
De même que j'avais pu neuriser le
sol j'ai réussi à neuriser un mur.
Je dirige mes doigts vers un point du mur,
puis la jeune fille y applique sa main qui se raidit et demeure en quelque
sorte collée à ce mur. Je souffle sur la main et tout rentre dans l'état
normal.
Une autre fois je neurisé une petite étendue de la
surface du
mur, la malade sur mon invitation y
applique ses épaules et elle fait ensuite des efforts pour se détacher du mur
sans pouvoir y réussir ; je souffle sur les épaules et tout rentre dans
l'ordre.
EXPÉRIENCE AVEC DES MÉTAUX EXPÉRIENCEAVEC UNE BAGUE
Je neurisé avec les
doigts une bague en or, je lapasse a l'un des doigts de la jeune fille: ce
doigt devient raide, immobile; je souffle sur le doigt et il redevient souple, mobile (24
novembre 4880).
EXPÉRIENCE AVEC UNE PAIRE DES CISEAUX
Je donne à la
jeune fille une paire de ciseaux en acier la priant de les l'aire jouer, ce qu'elle Tait sans
difficulté. Je prends les ciseaux, je les
neurisé digitalement, je les Tais donner à la malade par une tierce
personne et elle peut encore s'en servir sans aucune difficulté. Les reprenant,
je les donno moi-même à la malade mais des qu'elle eut
passé les doigts dans les anneaux ils se raidirent. Je reprends de nouveau les ciseaux, je souffle sur
eux tout le long, je les redonne à la jeune fille et je n'observe
plus aucun effet particulier.
Je répète
l'expérience et elle donne les mêmes résultats dans les mêmes conditions déterminées.
expérience avEc un de
Un dé neurisé par les doigts et venant
à coiffer un doigt de la jeune fille l'immobilisait dans la raideur.
EXPÉRIENCESAVEC
UNE AIGULLE EN ACIER
Je pris une aiguille
a coudre d'un volume moyen, je piquai la peau du dos de la main de la malade et elle
sentit.
Neurisation digitale de l'aiguille -- Puis ayant saisi cette
aiguille de la main gauche je
passai les doigts de ma main droite à une petite distance d'elle, suivant sa
longueur et je piquai de nouveau, la malade ne sentit rien.
Action à distance de l'aiguille
neurisée digitalement. Ensuite je dirigeai la pointe de cette aiguille vers la peau de la face
de la malade, a une distance de 15 à 20 centimètres. La jeune
fille accusa une vive douleur au point visé.
Neurisation de l'aiguille par le souffle.
Je soufflai
alors sur celte aiguille, je piquai la malade qui sentit. Je ne fis ensuite que
rapprocher de la peau en visant un point et la malade ne sentit rien.
Neurisation d'un point du sol avec
l'aiguille prèneuriseedigitalement. Je neurisai de nouveau cette aiguille avec les
doigts et je piquai un point du sol. Sur
mon invitation la malade couvrit de son pied (chaussé) le point piqué;
mais le pied resta adhérent au sol et elle eut une certaine peine à l'en
détacher.
EXPÉRIENCES
AVEC DES PIECES DE MONNAIE
Les expériences qui vont suivre montrent
que l'oret l'argent se trouvaient, par le simple contact avec mes
doigts, suffisamment chargées de neuricité pour servir d'intermédiaire actif. Dans le cas où cette explication ne sera il pas la vraie ou ne
contiendrait qu'une portion de la vérité, il faudrait conclure que,
à l'égard de la jeune fille, par
suite d'une sorte d'idiosyncrasie de sa part, l'or et l'argent avaient
une action propre que la neuricité pouvait rendre plus intense. Des expériences
fuites durant la deuxième phase
pathologique de 1881-82 semblent donner une grande valeur
a cette deuxième
interprétation des phénomènes (Voy, p. 498). Anesthésie et transfert de l'anesthésie
par l'application d'une pièce d'or. Quoi qu'il en soit voici le fait. Voulant réaliser
le phénomène du transfert j'applique
une pièce de vingt francs en or non préneurisée sur le
milieu du dos de la main gauche de la jeune
fille. Aussitôt j'explore l'état de lasensibilité de la face dorsale
de la main droite opposée, et je constate qu'il existe là une surface
insensible de l'étendue exacte de la surface couverte par la pièce d'or
sur le dos de la main gauche, et dans un point homologue.
Je soulève la pièce et je
m'assure que la surrace qu'elle recouvrait
est aussi insensible ; je m'assure aussi que pendant ce temps la surface
homologue du dos de l'autre main reste insensible. Je couvre alors celle
surface homologue avec la pièce d'or et je m'assure que la surface
primitivement couverte reste insensible je transporte denouveau sur
celte dernière région (la première couverte) la pièce d'or, et je constate que la sensibilité est
revenue sur la face dorsale des deux
mains aux points précédemment anesthésies (Voy. p. 23 et 84).
Je varie
l'expérience. Après avoir placé la pièce sur la face dorsale de l'une des mains et m'étre assuré
que la sensibilité a disparu sur la surface
homologue de l'autre main, je soulève la pièce d'or et je la
remplace au même point par une autre : la sensibilité réapparaît d'un
côté et de l'autre.
Remarque. Cette expérience est particulièrement
instructive, car elle prouve que si l'or a une action propre il n'en a pas moins besoin d'être chargé de neuricite
pour agir.
Autre expérience variée. Variant encore l'expérience j'ai remarqué que si après avoir appliqué la
pièce d'or, je la soulève, je souffle sur elle, et je
l'applique de nouveau, l'anesthésie qu'avait
provoquée la première application disparaît d'un côté et de
l'autre.
Remarque. Cette pièce
avait d'abord été neurisée une première fois par mes doigts par le
simple fait de l'avoir saisie. Puis elle a été déneurisée par le souffle.
Expérience avec une pièce d'argent.
Avec une pièce
d'argent nous obtenions les mêmes phénomènes mais bien moins
accusés et parfois incomplets.
EXPÉRIENCES
AVEC UN AIMANT
J'ai fait quelques essais avec un aimant
de la force de 5 kilogrammes mais je n'ai obtenu aucun effet appréciable.
EXPÉRIENCES AVEC MES PROPRES DOIGTS SOUFFLÉS SERVANT D'INTERMEDIAIRE
Si je m'étais servi toujours de mes doigts
considérés dans leurs propriétés neuriques inhérentes, je ne saurais les
considérer comme des intermédiaires
possibles. Ils constituent en effet un des trois foyers principaux du corps humain desquels émane la force neurique.
Mais comme le souffle employé à l'étal fixe a par lui-même des propriétés opposés à celles
dus rayons digitaux employés à
l'étal fixe aussi, il y avait intérêt à savoir si à l'égard
de la neuricité d'origine pneumique mes doigts ou ceux d'une tierce personne
se comporteraient comme des corps inanimés et ambiants.
J'ai procédé de la
manière suivante: tout d'abord, pour que mes expériences eussent une base solide, la
malade se trouvant éveillée et sans anesthésie préalable je me suis assuré par
le toucher et le pincement que la peau
était sensible également partout. J'ai fait alors une application
digitale simple sur divers points du corps, mais je n'ai provoqué aucune
réaction soit gaie soit triste.
Réaction gaie ou triste par application du
doigt neurisé par le souffle. Mais j'ai des ce
moment légèrement modifié les conditions de l'expérience. Au
lieu d'appliquer mon doigt sans préparation aucune j'ai soufflé sur
son extrémité puis je l'ai appliqué sur divers points du corps du
sujet et j'ai provoqué tantôt une réaction gaie, tantôt une réaction triste suivant la région
touchée.
Même expérience avec un boulon en
porcelaine préneurisé par le souffle. Avec un bouton
en porcelaine préalablement neurisé par le souffle j'ai obtenu les memes effets.
REMARQUES
Jusqu'à
présent nous avons vu que de l'eau, un carré de papier blanc, un bouton en
porcelaine et mes propres doigts soufflés mis en contact avec le corps du sujet
y provoquaient le rire, les uns toujours, et les autres tantôt le rire, tantôt la
tristesse suivant la région touchée. Disons ici pour mémoire que, dans les
conditions précitées,
c'est-à-dire la malade étant éveillée et sans anesthésie sur aucun point du corps, la région qui, ainsi
touchée, préside au rire, à la gaieté, est la région ou section
antérieure du corps et que celle qui préside a la tristesse est la section
opposée ou postérieure (1).
Il importe de bien
noter que les rayons pneumiques projetés directement sur un point
quelconque du corps n'y provoquent que l'hyperesthésie, que jamais ils ne provoquent la
gaieté ou lu tristesse. De plus si au lieu de souffler sur le bout des doigts
avant de les appliquer je soufflais sur la région qui devait être
touchée, celte application ne donnait lieu à aucune réaction gaie ou
triste. Pour que ces deux états se révèlent il faut donc que la
neuricité d'origine pneumique soit portée ou projetée sur le
corps du sujet par un agent intermédiaire influencé par elle (doigt, carré
de papier, miroir, etc.) Quelle en est la raison? Nous tenterons
peut-être une explication plus loin.
Nous ferons
remarquer d'autre part, que l'eau déglutie provoquant toujours le rire, on est conduit à
penser que la muqueuse des voies digestives
(supérieures tout au moins) fait partie de la moitié ou section antérieure du
corps. Ici c'est un agent intermédiaire (l'eau) qui met la neuricité en
rapport direct avec le corps du sujet parle tégument interne.
1. Voy. p. 312, 369, 381, 382 et 413.
La liste n'est pas
close des objets, substances ou corps intermédiaires qui neurisés par le
souille et appliqués sur certains points du corps du sujet provoquent chez lui un
accès de gaieté ou de tristesse
invincibles, suivant la région touchée. On le verra dans la suite.
Mais pour en finir
avec ce que nous savons des effets produits par l'application de nos doigts souffles, il
nous reste à faire connaître une autre expérience qui porte non plus
sur la sensibilité mais sur la motilité.
Troubles de la
motilité. Pendant que la malade était éveillée j'ai soufflé sur mes doigts, puis avec
ceux-ci j'ai saisi ceux de la malade,
lesquels aussitôt se sont mis à remuer comme dans l'acte de jouer
du piano. Une passe, l'application de ma main faisaient disparaître ces contractures intermittentes. Je
pouvais limiter ces effets à un seul doigt.
Cette expérience rappelle celle faite la
veille sur la langue avec le papier souffle. La langue sortait et rentrait
alternativement (Voy. p. 290).
REFLEXION SUR UNE GLACE DE LA
NEURICITE PNEUMIQUE EMMAGASINÉE PRÉALABLEMENT
A L'EXTREMITE DE MES DOIGTS
Jusqu'à
présent nous avons vu la neuricité pneumique emmagasinée soit dans un objet quelconque, soit
au bout même de mes doigts agir par
application, c'est-à-dire par voie directe. L'expérience qui
suit montre que la neuricité pneumique emmagasinée au bout de mes doigts peut agir par réflexion. Nous verrons ailleurs
(expérience avec le miroir) qu'elle peut agir à distance.
Effets produits par réflexion du souffle
sur un miroir. Rire
provoqué. Le 11 novembre 1880, désirant savoir si les rayons pneumiques étaient susceptibles de se réfléchir
comme les rayons digitaux et oculaires et de produire par cette voie
brisée les mêmes effets que lorsqu'ils sont employés par voie directe, je
fis apporter un petit miroir rectangulaire ayant environ 30 centi-
mètres
do long pour 25 centimètres do large. Je le plaçai perpendiculairement,
sur une table, entre la jeune fille et moi et à une certaine
distance de chacun de nous. Puis je soufflai légèrement dans
la direction de ce miroir de manière à ce que les rayons
pneumiques pussent, en se réfléchissant sur la glace, atteindre tantôt le
dos de lamain, tantot la face de la
jeune fille. Dès que ces conditions étaient réalisées
elle riait plus ou moins fort. Si, retournant le
miroir, je faisais réfléchir le souffle sur le plan en bois
qui garnissait la face opposée, j'obtenais les mêmes résultats.
La
distance a laquelle j'étais du miroir, et à laquelle le miroir se trouvait de la jeune
fille excluait toute possibilité d'action directe
du souffle, comme aussi d'une
colonne d'air qui, déplacée, se serait réfléchie sur la glace.
Effets produits par la réflexion
sur le miroir du souffle emmagasine au bout
de mes doigts. Rire provoqué. Ensuite,
voulant donnera cette expérience toute la rigueur désirable,
je soufflai prealablement sur mes doigts et
j'en dirigeai les extrémités réunies en faisceau vers la
glace, de manière a ce que les rayons que je supposais
en partir pussent, en se réfléchissant sur la surface de
la glace, atteindre tantôt la face, tantôt le dos de la main de lu jeune fille. Aussitôt la
maladie riait.
Remarques.
Cette expérience dans les trois variantes qu'elle a
subies prête a quelques remarques intéressantes.
Tout d'abord il est acquis
que les rayons pneumiques partis de leur
foyer naturel ou d'un agent intermédiaire dans lequel ils ont été emmagasinés
(mes doigts dans le cas présent) peuvent se réfléchir sur une surface plane (glace, ou planche en bois). En second
lieu il est prouvé que si le souffle a pu provoquer le rire après s'être réfléchi sur une glace,
mais sans avoir été préalablement emmagasiné
dans un agent intermédiaire, c'est que la glace elle-même a servi d'agent intermédiaire
accumulateur. La glace sur laquelle j'avais soufflé s'est chargée de neuricité
pneumique et l'a émise à son tour. Enfin il a été démontré que
réellement la neuricté pneumique (le souffle neurique) peut être
localisée, emmagasinée au bout de
mes propres doigts malgré le pouvoir que ceux-ci
ont
d'emettre des rayons neuriques dont l'action intrinsèque diffère
comme on le sait de celle des rayons pneumiques.
EXPÉRIENCES AVEC UNE TIERCE
PERSONNE SERVANT D'INTERMEDIAIRE
Après avoir étudié mes propres
doigts, considérés comme agents intermédiaires chargés du mode de neuricité
qu'ils ne possèdent pas
eux-mêmes, nous sommes naturellement conduits à nous
demander quelle pourra être l'action d'une tierce personne considérée
à son tour comme agent intermédiaire.
Je n'ai pas réussi à charger de
neuricité une tierce personne neutre et à la rendre capable de neuriser
à son tour, en perdant tout contact avec ma personne, mais j'ai pu enfaire un conducteur non indifférent de la neuricité
digitale et pneumique.
Je fis d'abord l'expérience avec un jeune
homme ami de la famille, puis avec une des sœurs de la jeune fille.
Conductibilité neurique d'une tierce
personne intermédiaire. Je dis à la personne intermédiaire de prendre la main do ta malade
dans l'une de ses mains et de me donner ensuite l'autre. Dès que celte
personne se trouva ainsi en contact d'une part avec la jeune malade, et d'autre
part avec moi, la main de la malade devint
immobile, raide, contracture clans la main de la tierce personne. Je retirai
alors ma main mise précédemment en contact avec celle de cette tierce
personne et aussitôt la main engagée de la jeune fille malade redevint souple.
Je variai celte expérience; au lieu de
rompre la chaîne en lâchant la main de la personne intermédiaire, je me bornai
à souiller sur ses doigts que je tenais saisis, aussitôt la main contracturée
de la malade redevint souple.
Remarques. On voit par cette expérience que le pouvoir contracturant de la neuricité digitale et le
pouvoir décontracturant de a neurité pneumique, ont pu s'exercer sur la
jeune malade par l'intermédiaire du corps
d'une tierce personne, reconnue
comme
ne possédant aucune action neurisante propre. Elle n'a été qu'un
instrument, qu'un agent intermédiaire entre mes mains, un simple
anneau de la chaîne momentanément influencé; en d'autres termes
un simple trait d'union, une sorte de pont, ou un moyen de
passage pour la force neurique entre moi et la jeune fille.
Avec l'électricité on réalise des expériences du
même genre.
Mais
si l'expérience dont il vient d'être question montre que le corps
humain est un conducteur de la neuricité, elle nous renseigne
très insuffisamment sur la question de savoir si le corps d'une
personne intermédiaire peut être chargé de neuricité sinon dans
sa totalité, au moins dans certaines de ses parties.
Inaptitude
d'une tierce personne intermédiaire à emmagasiner et
à émettre la force neurique qui lui est communiquée.
L'expérience suivante nous fournitquelqueséclaircissements
a ce sujet.
J'ai
projeté des rayons neuriques digitaux sur la surface nue de la
main de l'une des sœurs de Mlle C... et j'ai dit à cette
dernière d'y appliquer sa main. Il n'y a eu aucun
phénomène d'adhérence, d'attraction, ou de contracture. Mais ayant
neurisé par des radiations digitales fixes le genou de la sœur (tierce
personne) qui était recouvert d'une étoffe
de moyenne épaisseur, et ayant invité Mlle C.... à y poser sa
main, il y eut adhérence.
Remarques.
Ainsi dans la première de ces deux expériences, si la
main ne reste pas adhérente, c'est que le corps de la tierce personne
n'est pas susceptible d'être chargé de neuricité ; et si l'adhérence
a lieu dans la deuxième expérience, c'est que l'emmasinagede la neuricité s'est
faite dans les vêtements; ceux-ci, en tous
as, ont pu garder assez, de force neurique pour pouvoir neuriser
à leur tour, la communication entre celle tierce personne et moi ne pouvant se faire que par le sol
(Voy. p. 405).
AUTRES EXPERIENCES AVEC UN MIROIR
Nous avons montré plus haut
(p. 302 et 303) que des rayons pneumiques atteignant la
surface d'un miroir s'y réfléchissaient
et s'y enmaganisaient, soit que ces rayons pneumiques vinssent directement
de leur foyer, soit qu'ils vinssent d'un agent intermédiaire dans lequel je
les avais préalablement emmagasinés.
Nous continuerons l'exposé des autres
expériences que nous avons faites avec ce miroir.
Elles s'accordent
toutes pour montrer que les rayons neuriques digitaux et les rayons neuriques
pneumiques peuvent être emmagasinés dans ou sur cet objet.
Sommeil provoqué par un miroir neurisé
digitalement. Réveil
par le même miroir soufflé. Un miroir neurisé par les doigts et
placé devant les yeux du sujet l'endort. Si, ensuite, ce miroir est neurisé par le souffle et s'il est de
nouveau placé devant la figure du sujet il le réveille.
Rire provoqué par un miroir soufflé. Un miroir neurisé par le souffle et placé, au contraire, devant la
figure du sujet réveillé, provoque chez lui le rire.
Telles sont les trois expériences
fondamentales faites avec un miroir et exposées dans toute leur simplicité.
La neurisation du
miroir fut faite à l'insu et loin des yeux de lu jeune fille au
début. Plus tard, ayant acquis la conviction que son imagination n'était
pour rien dans la production des phénomènes signalés, nous fimes devant
le sujet toutes les opérations préliminaires.
Durée du rire provoqué. J'ai dit que le miroir neurisé par le souffle et présenté devant la figure de la jeune
fille provoquait le rire. Ce rire
durait tant que le miroir pneumo-neurisé était maintenu devant sa
figure.
Je me suis assuré
dans d'autres expériences que le rire pouvait être provoqué en
présentant le miroir ainsi neurisé devant d'autres parties de la section antérieure du corps.
Miroirneurisé présenté par une tierce personne.Effets nuls. Si je faisais présenter ce miroir neurisé par
une tierce personne neutre il n'y avait
pas d'action. Mais pour redonner a cet agent intermédiaire toute son
action, qui était de faire rire la malade ou de l'endormir, suivant qu'il avait
été neurisé par le
souffle ou par les rayons digitaux, il me suffisait
de le toucher, ou méme
de l'effleurer avec le bout de mon doigt. Mais l'action ne durait que le temps
que durait le contact.
Remarque. Entre les mains
d'une tierce personne le miroir n'avait donc pas perdu son pouvoir
neurisànt, il était momentanément neutralise.Par quelmécanisme? je ne saurais le dire (Voy. p.
842).
Réflexion sur le sol des rayons pneumiques
emmagasinés dans un miroir. De même que je pouvais faire se refléchir sur
le sol les rayons neuriques digitaux, oculaires ou pneumiques directs, j'ai pu
faire se réfléchir sur le sol les rayons neuriques emmagasinés dans le miroir.
Tenant en main le miroir préneurisé par le
souffle, je l'inclinais de manière
à ce que la glace fût en regard du sol, et que, dans celle position, des rayions partis de
cette surface polie pussent, en se réfléchissant sur le sol, atteindre la
figure de la jeune fille. Dès que ces conditions étaient
réalisées elle poussait des éclats de rire.
J'ai cru remarquer que les éclats de rire étaient en rapport direct avec
l'étendue de la surface neurisée par le souffle.
Remarques, Dans une précédente expérience (p. 303),
nous avons vu la neuricité agir sur le sujet neurisable par l'intermédiaire
à la fois de deux agents : les doigts, et un miroir. Ici nous retrouvons encore deux agents intermédiaires
intervenant dans la même expérience : le miroir etle sol, l'un neurisant l'autre.
EXPÉRIENCES AVEC UN LIVRE
La lecture par la jeune fille d'un livre neurisé
a été le sujet d'expériences souvent
répétées. Les effets que j'obtenais était bien faits pour frapper l'imagination
des témoins et exciter leur curiosité. J'ai dû céder par
conséquent plusieurs fois aux pressantes sollicitations de la famille, elle-même,
de la jeune fille et refaire une expérience qui était à la fois
innocente, élégante, instructive
308 LE MAGNÉTISME ANIMAL.
et aussi, disons-le, amusante.
Toutefois nous évitâmes d'abuser de ce mode d'observation.
Dans
une chambre voisine de celle où ou tient ht jeune fille, accompagné de
témoins je prends un livre, je l'ouvre au hasard puis je
l'apporte à lire à mon sujet. Elle lit la page ouverte sans éprouver ou manifester le moindre trouble.
Neurisation de la moitié
d'une page d'un livre par le souffle et de Vautre moitié par les rayons
digitaux. Effets singuliers produits par la
lecture de cette page, ainsineurisée.
Je reprends ce livre et
l'emporte dans la chambre voisine suivi des témoins. Là,
ouvrant de nouveau le livre je choisis un passage plutôt lugubre destiné
à être lu par la malade. Je neurisé ensuite celle page de deux
manières différentes : je souffle sur la première moitié de la page
choisie et je fais des passes transversales sur l'autre moitié. J'hyperesthésie
en quelque sorte la première moitié de la page et j'anesthésie,
si je puis ainsi m'exprimes la deuxième moitié. En d'autres
termes j'imprègne de neuricité excitante la premiere moitié et de
neuricité déprimante la deuxième moitié de la page.
Je reviens auprès de la
jeune fille et lui remets le livre pour qu'elle
lise la page choisie, que je lui désigne d'ailleurs. Elle commence la
lecture, mais presque aussitôt elle ne peut s'empècher de rire et ce rire continue durant la lecture de
la première moitié de la page malgré le caractère plus que
sérieux du texte. Puis parvenue à la
deuxième moitié elle cesse de rire, ralentit la lecture, hésite,
puis laisse tomber le livre de ses mains et reste endormie avant d'avoir achevé la lecture de la page.
J'ai
dû plus lard disposer un peu différemment la neurisation d'une
page quelconque choisie pour la lecture afin de rendre l'expérience plus frappante et plus
concluante.
Neurisation
d'une page d'un livre par le souffle et les doigts suivant d'autres dispositions.
Au lieu de neuriser exactement la
première moitié de la page par le souffle et la deuxième moitie par
les rayons digitaux, j'ai partagé la page en quatre portions ou zones.
Le premier quart n'était pas neurisé, le deuxième quart était
neurisé par le souffle, le troisième quart n'était pas neurisé
et le quatrième quart était
neurisé par les rayons digitaux. En lisant
le premier quart elle n'éprouvait rien, puis elle commençait a rira et continuait ainsi jusqu'à
la troisième zone. Ensuite ellecommençait
à devenir très sérieuse, comme fatiguée, lisait plus lentement, hésitait et finalement
s'endormait en laissant tomber te livre.
D'autres
fois je mettais plus d'écart entre les zones neurisées et non
neurisées, ou bien je me bornais à ne neuriser que quelques lignes, an
choix des témoins. Dès qu'en lisant ses yeux se fixaient sur
les parties neurisées elle éprouvait les effets que comportait le genre de neurisation.
EXPÉRIENCES AVEC UN
ÉVENTAIL
Etant donné qu'un objet soufflé
mis entre les mains et devant la figure de
la jeune fille provoquait chez elle le rire et la gaieté, et queneurisé
par les rayons digitaux il provoquait le calme et le sommeil, il devenait facile de varier les
expériences et de leur donner une
tournure à la fois originale et plaisante. Je fis avec un
éventail ordinaire en bois, muni à son manche d'un long cordon en soie, des expériences analogues à celles que je
venais de faire avec un livre.
Neurisation
de l'éventail par le souffle. Rire provoqué en donnant cet éventail de la
main à la main. Si l'éventail avait été
neurisé parle souffle dans toutes ses parties elle ne pouvait s'en servir, quand je le lui donnais de la main
à la main, sans rire aux éclats,
et, s'il avait été neurisé par les rayons digitaux, sans tomber dans le
sommeil.
Effets
nuls en jetant l'éventail sur les genoux du sujet qui le prenait
ensuite. Rire ou sommeil provoqué dès que je
louchais l'extrémité libre du cordon de l'éventail.
D'autres fois, au lieu de lui donner l'éventail
préneurisé, de la main à la main, je le lui jetais, mais je n'assistais ni aux
éclats de rire ni au sommeil. Il me suffisait alors de toucher l'extrémité du
cordon qui pendait
du manche de cet
éventail et qui pouvait présurrrau moins 30 centimètres de long,
pour qu'aussitôt elle éclatât de rire ou s'endormit, suivant que l'objet avait
été préneurisé par les rayons pneumiques ou par les rayons digitaux.
Neurisation du cordon de l'éventail par zones
alternativement soufflées ou digitées. J'ai dit qu'à cet éventail était appendu
un cordon épais en soie d'environ 30 centimètres de long. Je neurisai ce
cordon avec te souffle, depuis son extrémité libre jusqu'au manche où il était fixé, puis le long et
en regard de ce cordon je fis avec ma
main disposée a plat et placée transversalement, à distance, des
sections fictives de manière a neuriser le cordon digitalement par zones. Si les deux sortes de neurisation
avaient pu être rendues visibles on aurait aperçu successivement
et alternativement une zone d'une couleur (celle du souffle) et une zone d'une
autre couleur (celles des rayons
digitaux). Cela fait, je donnai l'éventail à la jeune fille en
ayant soin de laisser flotter le cordon. Je pris ce cordon d'une main (la
gauche) et la jeune fille se mit a rire, puis le
saisissant entre le pouce et l'index de la main droite je fis courir ces
doigts tout le long du cordon jusqu'au manche;il y eut une succession d'éclats
de rire et de silences qui alternaient, et qui, chacun, correspondaient à la section neurisée différemment.
EXPÉRIENCES AVEC
UNE FICELLE ORDINAIRE
J'ai fait la même expérience avec
une ficelle ordinaire de moyenne épaisseur.
Cette même ficelle saisie à
l'une de ses extrémités par la jeune fille
à qui je la faisais remettre par une tierce personne, et saisie par moi
à l'autre extrémité, devenait le conducteur de la force neurique et la
jeune fille s'endormait après avoir eu les doigts qui tenaient cette ficelle raidis, et d'autres fois
atteints d'une vive douleur qui lui faisait lâcher l'objet.
EXPÉRIENCES AVEC UN BATON
Je me suis servi dans les mêmes
conditions et avec un égal succès d'un simple baton.
J'ai aussi pu neuriser par le souffle
l'une des extrémités du bâton et par les
rayons digitaux l'autre extrémité, et obtenir avec chacune des extrémités des
effets différents et positifs.
Lorsque j'eus acquis la conviction que,
disposant mon corps longitudinalement en
regard et parallèlement à celui de la malade, je
l'endormais si j'étais placé dans le même sens et je l'hyperesthésiais ou
la faisais tomber dans la crise dite du petit veau si elle était éveillée, ou
je la réveillais si elle était préalablement endormie;
j'eus l'idée que ces effets devaient être le résultai d'une influence
exercée par des courants neuriques parcourant mon corps sur des courants
neuriques parcourant de même le corps de
la jeune malade. Je tentai d'en donner une démonstration en rapprochant ces
effets de ceux des passes (Voy. p. 233 et suiv.). '
Mais si j'étais en droit de penser ou
mieux de supposer que réellement le corps humain était parcouru par des
courants et que les courants de deux corps humains mis en présence pouvaient, par une influence réciproque ou plutôt
prépondérante de ceux d'un des corps sur ceux de l'autre, produire chez ce
dernier certaines modifications de la sensibilité et de la motilité, je
n'avais aucune raison valable pour penser que ces courants avaient telle
direction plutôt que telle autre.
Sens de la direction d'un courant
communiqué dans un objet de forme allongée. Me rappelant un jour que les objets de forme
allongée, des tiges, une ficelle, etc.,
tenus dans une main par une de leurs extrémités transmettaient la force
neurique qui était en moi, je fus conduit
tout naturellement a penser que cette force, en se propageant ainsi dans
ce corps do l'extrémité saisie a l'extrémité libre y formait un courant dont
le sens no pouvait être douteux.
EXPERIENCESAVEC DIVERSES TIGES
EXPERIENCE AVEC UNE
CANNE EN BAMBOU, UNE
RÈGLE, UN MANCHE A BALAI
Le 12 janvier 1881
je me présentai chez la malade muni d'une canne en bambou.
Expériences la malade étant debout.
Sommeil et réveilprovoqués
suivant la direction de la tige saisie par une de ses extrémités. Je saisis cette lige par l'une de ses
extrémités et la posai verticalement devant
la malade en regard de son tronc de manière à ce que ma
main placée à la hauteur de sa figure tint suspendue cette tige dont
l'extrémité libre regardait le sol. Je me tenais à l'écart le plus que
je pouvais. La distance entre la tige etle sujet était d'environ vingt à
vingt-cinq centimètres. La jeune fille s'endormit après
quelques secondes.
Ce sommeil neurique ayant été bien et
dament constaté je retournai la tige dans l'autre sens de manière ace que son extrémité libre dirigé vers le plafond
fût en regard de la figure de la jeune tille. Elle se réveilla presque
aussitôt après avoir éprouvé une légère secousse.
Je remis la lige
dans la première position, elle s'endormit, je la plaçai dans ta deuxième position,
clic se réveilla.
Avec une
petite règle carrée j'obtins les mêmes résultats.
De même avec un long manche
à balai et à la distance de trois à quatre mètres. Quand je me servais du manche à
balai je le posais
perpendiculairement
sur le sol, en regard de la malade debout et comme toujours prête a
être soutenue, ou pouvant tomber sur un divan de manière a éviter
tonte blessure. Je commençai par placer ma main à l'extrémité supérieure de cette
barre, et la malade ne tarda pas a
s'endormir. Puis faisant glisser ma main à son extrémité
inférieure (reposant sur lesol) la malade
se réveilla bientôt.
Si au lieu de saisir tout d'abord la lige,
quelle qu'elle fût, pat-son extrémité supérieure je la saisissais par son
extrémité inférieure de manière a
ce que son extrémité libre regardai le plafond ; la malade ressentait un malaise, un endolorissement général, et si je
persistais elle tombait en crise hyperesthésique.
Expériences la malade étant couchée. Pour plus de commodité j'ai fait les
mêmes expériences la malade étant couchée. Je n'avais qu'à diriger
l'extrémité libre de la tige tantôt vers la tôle tantôt vers les pieds pour
obtenir dans le premier cas l'hyperesthésie ou le réveil et dans le second cas
le sommeil.
Jusqu'à présent il n'a été question
que des effets obtenus en agissant sur l'ensemble du corps, et il est bon de
dire que les résultais étaient positifs, que
l'expérience fût faite en regard de la face antérieure ou du dos
de la malade.
Ensuite
nous avons voulu agir sur les diverses régions.
EXPERIENCESAVEC
UNE TIGE INFLUENÇANT DIVERSESRÉGIONS
CIRCONSCRITES DU CORPS
Région frontale. Prenant une simple
règle ou un crayon nous l'avons placé en regard du front et
parallèlement à l'axe du corps. Si la tige était tenue par l'extrémité inférieure
la région frontale perdait d'abord sa sensibilité, puis le sommeil survenait
plus ou moins profond. Si la lige était alors saisie par l'extrémité supérieure
la malade se réveillait.
Si la malade étant éveillée je maintenais
la tige dans cette deuxième position devant le front, je provoquais de
l'hyperesthésie frontale.
Région occipitale. Opérant en regard
do la région occipitale j'obtenais des effets analogues.
EFFETS PRODUITS AVEC UNE TIGE TENUE PAR LE MILIEU DE SA LONGUEUR
Lorsque, tenant la règle par le
milieu de sa longueur, entre le pouce et
l'index, je la présentais devant le front de la jeune fille elle s'endormait si je présentais la moitié supérieure
en regard de cette région, et se réveillait si je présentais la moitié
inférieure.
Cette dernière expérience montre
qu'il s'était fait dans fa tige un double courant
partant chacun des doigts qui la tenaient et se dirigeant vers
l'extrémité correspondante.
Dans les autres expériences le courant
partait de l'extrémité saisie par les doigts et se dirigeait vers l'autre
extrémité. Cela résulte clairement dos faits précédents.
RÈGLES OU LOIS DÉDUITES DES
EXPERIENCESPRÉCÉDENTES
Ces diverses
expériences que nous avons variées et multipliées, et que nous avons eu soin d'ailleurs de répéter
à l'égard des diverses régions du corps, nous ont démontré qu'un courant
descendant, en regard d'une région à nerfs descendants y produisait
l'anesthésie et provoquait ensuite le sommeil, et, en regard d'une
région à nerfs ascendants y produisait l'hyperesthésie et pouvait
provoquer une crise d'hyperesthèsie, ou bien le réveil si la malade
avait été préalablement endormie. Elles nous ont démontré aussi que l'exception
signalée pour les faces postérieures des membres conservait la valeur que
nous lui avons reconnue : qu'un courant ascendant y provoquait l'anesthésie et
un courant descendant l'hyperesthésie, etc.
Si nous rapprochons les effets produits au
moyen de liges placées dans une certaine
direction et parcourues par un courant
neurique, de ceux produits avec la main
(Voy. p. 132 et suiv.) placée dans une certaine direction aussi, nous sommes
amenés a penser que la face externe du bras neurisateur est parcourue par un
courant descendant (allant de l'épaule aux doigts) et la face
postèro-interne par un courant ascendant (allant des doigts à
l'épaule).
Mais en résulte-t-il
que les courants qui évidemment existent aussi dans le corps du sujet
neurisable, aient la même direction? Aucune expérience,
jusqu'à ce jour, ne nous permet de l'affirmer. Nous serions plutôt
enclins à penser que les courants ont subi chez lui un changement de
direction ou soit une inversion. Toutefois il semble démontré que quelle que soit chez
lui à l'état de veille la direction
des courants naturels, cette direction doit changer dans le
deuxième degré du sommeil (Voy. p. 373).
Reprenons maintenant la suite de nos expériences.
Nous avons démontré
ou cru démontrer jusqu'à présent que le courant d'une tige neurisée mis en regard parallèlement
d'un grand courant ou d'un courant
partiel du corps du sujet neurisable déterminait chez celui-ci des
effets en rapport avec la direction de l'un et de l'autre courant.
D'autre part nous
savons déjà que des passes descendantes ou ascendantes produisaient les
mêmes effets que des passes parallèles déscendantes ou ascendantes.
Les expériences suivantes, tout en corroborant d'une
manière frappante les résultats
généraux acquis par les précédentes expériences avec diverses tjges,
montreront de nouveau que des courants obliques descendants auront la
même valeur que les courants
directement descendants et des courants obliques ascendants la
même valeur que les courants directement ascendants (Voy. p. 51).
EXPÉRIENCEAVEC UNE FICELLE ENROULEE
AUTOUR DU CORPS DU SUJET
J'enroule une longue ficelle autour du
corps de la jeune fille, par-dessus ses vêtements, de manière
à figurer une spirale. Je saisis
ensuite entre le pouce et l'index le bout supérieur : ta jeune fille
s'endort. Je saisis le bout inférieur, elle se réveille.
Je saisis en même temps les bouts
supérieur et inférieur, clic reste éveillée
sans éprouver aucune sensation particulière. Cela prouve que la
force neurique qui se dégage de chaque bras est égale et que l'une neutralise
les effets de l'autre.
Je saisis tout d'abord le bout inférieur :
la jeune fille ne larde pas à accuser de la douleur tout le long du
corps, Si je persiste à tenir saisi
le bout inférieur de la ficelle, elle tombe dans la crise du petit
veau. Je fais cesser celle crise en touchant le bout supérieur. Elle passe ainsi dans l'attaque
anesthésique ou sommeil neurique. Il suffit pour la réveiller de loucher
le bout inférieur.
EXPÉRIENCEAVEC UNE FICELLE ENROULEE
AUTOUR D'UN BRAS
Si au lieu d'enrouler la ficelle autour du
corps je l'enroule autour d'un bras et si
je touche alors le bout inférieur le bras devient bientôt
douloureux le long de sa face antero-externe seulement, puis si je saisis
l'autre bout, ou bout supérieur, celte hyperesthésie cesse aussitôt.
EXPERIENCE AVEC UNE FICELLETENUE SUSPENDUE A LA MAIN
J'ai pu déterminer le
sommeil neurique en tenant un morceau de ficelle suspendu
verticalement devant le sujet ou en regard de son
dos,
et j'ai pu le réveiller en jetant sur ses genoux ce morceau de ficelle tenu à son
extrémité inférieure.
EXPERIENCEAVEC UN FIL DE FERENROULE EN FORME DE
RESSORT EN BOUDIN
Je
pris un fil de fer de moyenne grosseur et l'ayant enroulé autour
d'un manche a balai, j'obtins une sorte de ressort en boudin avec
un écart de 0,005 environ entre chaque tour de spire (Voy. fig.
62).
Ce
ressort en boudin était long de 0,15 et son diamètre était de
0,04. La longueur du fil était d'environ 1,30.
Tenu
par une de ces extrémités et placé en regard de la section antérieure
du thorax ou de la face de ta jeune fille, il provoquait le sommeil
s'il était dirigé en bas par son extrémité libre, et réveillait
s'il était dirigé en haut. Cette double action avait lieu aussi bien de près
qu'à la distance de 3 a 4 mètres.
Dirigé en bas le long de
la face postéro-interne d'un bras il réveillait le sujet endormi.
J'ai
cru remarquer que ce ressort en boudin avait a distance égale
une plus grande action que le manche à balai.
EXPÉRIENCE AVEC UNRESSORT EN BOUDIN PLUS
PETIT
J'ai
aussi employé un ressort en boudin plus petit, fait avec un fil de fer lin,
long de 0,09 et large de 0,012.Il
agissait moins rapidement que le gros ressort en boudin.
EXPÉRIENCE AVEC
UNE BOBINE D'UN APPAREIL ELECTRO-MEDICAL
J'ai
eu l'idée d'employer une bobine de l'appareil à induction de Gaiffe et Tripier.
Lorsque je tenais cette bobine par l'un de
ses bouts les doigts
Fie. 03. Grand ressorten boudin (Hypnoscope-Ressort).
sur le
bois il y avait une action moins rapide que lorsque je la tenais par le bout
métallique du fil enfoncé dans l'un des trous
de l'extrémité par lequel ce fil
communique avec le fil de la bobine.
EXPERIENCE AVEC LE GROS RESSORT EN
BOUDIN PASSÉ AUTOUR DU DOIGT DU SUJET
Tenant le gros ressort en boudin par l'une
de ses extrémités je priai la jeune fille
d'introduire un doigt dans l'intérieur, à l'autre extrémité; ce qu'elle
fit. Quelques secondes après elle accusa dans ce doigt une
sensation de chaleur telle qu'elle dut le retirer.
Cette action du ressort en boudin sur le
doigt qu'il enveloppait en quelque sorte
m'avait beaucoup Frappé, mais je n'eus pas l'idée de l'utiliser pour la
recherche de la réceptivité neurique.
L'hypnoscope de M. Julian Ochorowicz répond au but que
je n'avais pas songé à poursuivre alors avec le ressort en boudin. Mais
il y répond d'autant mieux qu'il est à la portée de tout le monde, ce qui n'a pas lieu pour la force neurique
quel que soit le degré de renforcement que puisse lui communiquer le
ressort métallique en boudin.
Nous croyons donc
utile de donner ici quelques renseignements sur l'hypnoscope de M. J. Ochorowicz (Voy. fig.
63).
HYPNOSCOPE DE M.J. OCHOROWICZ (1)
Définition. L'hypnoscope est un petit tube en acier
aimanté présentant une solution de continuité longitudinale.
Description. Sa forme résulte
de l'enroulement d'une plaque d'acier dont les bords ne se rejoindraient pas. Elle rappelle celle de
l'électro-aimant Joule, avec celle différence que les lignes de
1.
Note surun critère do la sensibilité
hypnotique; l'hypnoscope; une nouvelle méthode de
diagnostic, par M. J. Ochorowicz (Comptes
rendusde la
Soc. debiologie,
séance du 17 mai 1884).
force sont dirigées on dedans et non en
dehors du tube aimanté.
Les
bords sont donc les pèles de l'aimant.
Les dimensions de cet instrumentsont les suivantes :
la longueur est de 5 a
6 centimètres et le diamètre de 3 à 4 centimètres.
Le poids est de 1G9 grammes.
La
forceen est telle qu'il porte vingt fois son poids.
Fig. 63. Hypnoscope d'Ochorowicz. A. Cylindre aimante ouvert longitudialement. B.
Armature d'acier.
A l'état de repos, une petite plaque
d'acier rejoint les deux bords ou pôles (Voy. fig. 63).
Ses propriétés. L'hypnoscope, ainsi que l'indique son
nom, est destiné à déceler la sensibilité hypnotique.
M. J. Ochorowicz entend par
sensibilité hypnotique, une apltitude nerveuse spéciale qui n'est pas la nervosité et qui surtout n'est pas synonyme de sommeil nerveux avec
porte de souvenir.
Ainsi d'après
M. J. Ochorowicz le sommeil nerveux n'est possible que chez 15 personnes sur 100, et le sommeil
incomplet
accompagné d'autres
phénomènes hypnotiques se retrouve chez 5 autres sur 100.
Donc pour M. J. Ochorowicz la sensibilité hypnotique n'implique pas
forcément l'idée d'un sommeil complet ou incomplet, elle s'applique à
des phénomènes nerveux d'un ordre particulier et divers.
« Toutes les personnes
sensibles a l'aimant sont hypnotisantes», dit M. J. Ochorowicz. Le terme aimant
est ici synonyme d'hypnoscope.
Mode d'emploi.On introduit l'index de
la personne soumise à l'épreuve dans le tube de l'hypnoscope de
manière à toucher les deux pôles à la fois, et
après deux minutes on le retire, en examinant les modifications
qui ont pu se produire dans le doigt.
Dans les applications que
j'ai faites de l'hypnoscope je me suis borné ale passer autour du doigt
de la personne soumise à l'épreuve sans exiger une position
particulière de ce doigt. De plus j'ai toujours laissé l'instrument en
place au delà de cinq minutes.
Effets produits. Les effets produits par celle
application ont lieu dans le doigt et sur d'autres points du corps. Les
modifications produites sont de deux sortes, les unes subjectives et les autres
objectives.
« Les premières
consistent en sensations subjectives dont voici les principales : un
souffle froid ou chaud, fourmillement et picotement, sensation de gonflement
dans la peau, d'engourdissement dans les muscles, de douleurs de différentes
nuances, de lourdeur dans le doigt et dans le bras entier, (1) etc. »
« Les modifications
objectives appartiennent à l'une des trois catégories suivantes :
« a. Mouvements
involontaires, trépidation irrésistible dans l'index ou dans la main
entière ;
« b. Insensibilité plus ou moins prononcée, analgésie, anes-
1. Tour
les détails do ces sensations voyez la Revue scientifique du 3 mai 1884,
3* série, 4* année, t. XXXIII;Essai sur le sens du
toucher et le sens du magnétisme, par M. Julian Ochorowicz.
thésic surtout au bout du doigt,
quelquefois dans tout le bras;
« c. Paralysie et contracture plus
ou moins manifeste jusqu'à rigidité
complète, rigidité élastique (« doigt a ressort » de Nélaton).
« Les phénomènes provoqués, ajoute
l'auteur, disparaissent au bout de quelques
minutes sous l'influence d'un massage léger; sans cela ils peuvent durer
plusieurs minutes et même plusieurs heures. »
Au point de vue des
modifications éloignées, c'est-à-dire autres que celles localisées au doigt elles sont
variables. L'auteur en indique
quelques-unes. Nous avons eu pour notre part l'occasion d'en noter quelques-unes parmi lesquelles certaines
nous ont fourni la démonstration que l'hypnoscope n'était pas seulement un
instrument de diagnostic, mais qu'il pouvait encore servir de moyen thérapeutique
dans certains cas.
Un autre appareil
qui reste à construire c'est le neurodynamoscopeau moyen duquel on
pourrait mesurer et connaître l'intensité de la force neurique de chacun.
Il y aurait encore
d'autres appareils à construire pour concentrer et multiplier la force neurique (1).
la baquet de Mesmer. Appareils à construire,
Mesmer, allant de déduction en déduction, et n'obéissant, ainsi que j'aime à le croire pour sa mémoire, qu'aux
impulsions d'une logique qui s'imposait & son esprit, finit par
construire un baquet, le trop fameux
baquet. Cet instrument, sorte de condensateur et de multiplicateur de
l'action du magnétisme, a ce qu'il me semble, a été l'argument tangible, matériel, par lequel on n'a cessé de l'accabler de
tous les sarcasmes que suggère l'incrédulité et l'horreur du nouveau (le
misonéisme selon l'expression du professeur Lombroso) et enfin l'envie, passion funeste née d'un
orgueil démesuré et non justifié.
J'ai eu
la pensée moi-même, je l'avoue, de construire quelque
1.
M. Martin Ziegler semble être parvenu a cet
important résultat, ainsi qu'on pourra s'en convaincre par la
lecture do fragments do ses lettres rapportés aux pages 112 et suivantes.
appareil condensateur et multiplicateur, mais la
préoccupation dominante de rédiger les notes que j'avais recueillies m'en a
empêché
jusqu'à ce jour.
Il s'agissait de
faire unappareil, sorte do cage cylindrique ouverte à ses deux extrémités, formée de fils
métalliques en spire le long desquels on
ferait passer un courant neurique tantôt descendant et tantôt ascendant,
en louchant tantôt un bouton et tantôt un autre. Le sujet en expérience
où en traitement serait placé dans cette cage.
Un autre appareil
consisterait à disposer autour d'une roue une série d'aimants puissants.
On ferait ensuite tourner cette roue en face d'un sujet ou d'une région choisie d'un sujet
en expérience ou en traitement, tantôt dans un sens et tantôt dans un autre.
Ces deux appareils
reposeraient sur le principe des courants les uns naturels émanant du
corps humain, et les autres représentées par les passes que feraient les aimants.
On pourrait aussi
diposer la cage de manière à faire passer des courants
électriques plus ou moins intenses dans les fils et à tenter de remplacer la neuricitepar l'électricité.
Dans le cas où on ne jugerait pas
à propos d'agir sur tout le pourtour du corps, lé sujet pourrait
être placé en dehors de la cage. Ou
bien on pourraitsecontenter d'un grand ressort à boudin, ou
encore d'une bande de fils métalliques parallèles, plus ou moins nombreux. En
touchant tantôt l'une et tantôt l'autre extrémité du fil unique, ou du
fil dans lequel viendraient se confondre les autres, on pourrait avoir
tantôt descourants ascendants ou obliquesascendants et tantôt des
courants descendants ou obliques descendants.
il pourrait en
résulter qu'en touchant l'une ou l'autre des extrémités du fil (commodément
disposées à la portée de l'opérateur), on endormit ou réveillât le sujet neurisable placé
en regard et plus ou moins loin de l'appareil, et qu'en général on déterminât
chez lui les modifications fonctionnelles sensitives et motrices que nous
avons vu avoir lieu par l'emploi de la force neurique sans l'intermédiaire
d'aucun appareil. L'opérateur pourrait ne pas être unique. Si l'on
imagine plu-
sieurs opérateurs doués de la faculté de
neuriser et se servant du même
appareil, on pourrait doubler, tripler, quadrupler la puissance des
courants.
Je m'arrête,
car j'en arriverai peut-être moi-même au fameux baquet.
On remarquera que j'ai négligé de parler
de liges qui se détacheraient de ces appareils ou qu'on pourrait y adapter et
dont l'extrémité libre pourrait être
dirigée vers telle ou telle région du corps pour l'influencer.
RÉSUME DES PRINCIPALES MODIFICATIONS FONCTIONNELLES PRODUITES
PAU L'EMPLOI DE LA NEURISATION MÉDIATE
I.La neurisation
médiate est un mode particulier de neurisation qui se pratique au moyen
d'objets, de substances ou de corps qui ayant le pouvoir
d'emmagasiner (pour un temps variable) la neuricité quelle qu'en soit la
source, acquièrent, en vertu de leur conductibilité et de leur pouvoir émissif, les
propriétés de la variété dela neuricité qui est
intervenue et memequelques propriétés particulières, mais seulement entre les
mains ou par l'intermédiaire du sujet de qui émanent les rayons.
II. Les agents intermédiaires sont liquides ou
solides, et tres divers.
III. Ils sont neurisés
tantôt par les doigts, tantôt par les yeux (rarement), tantôt par
le souffle.
IV.Les agents
intermédiaires ainsi préneurisésacquièrent les propriétés déjà
connues des divers genres de neuricité qui les ont influencés.
V. De plus, si l'agent intermédiaire est doué d'une
odeur ou d'une saveur, celte
odeur et celle saveur seront abolies, pour le
sujetneurisé, par les radiations digitales
fixes, et exaltées par les
radiations pneumiques fixes.
VI. Une autre propriété
bien remarquable que peuvent acquérir les agents intermédiaires préneurisés est la
suivante : préneu-
risés par le souffle et employés en contact ou
à distance les agents servant d'intermédiaire acquièrent, dans certaines conditions la
propriété d'égayer.
VIl. Les agents intermédiaires de l'orme
allongée (lige rigide, ficelle, etc.), preneurisés ou non, et tenus entre les
doigts par l'une ou l'autre extrémité deviennent le siège d'un courant
neurique et peuvent agir par le moyen de ce
courant artificiel, et l'action de ce courant, dont la direction a lieu
du point de contact manuel à l'extrémité ou aux
extrémités libres, obéit aux mêmes lois que l'action des courants
neuriques du corps humain.
VIII. Avec les agents
intermédiaires le plus souvent preneu risés, d'autres fois
non preneurisés, mais alimentés en quelque sorte par une des sources de la neuricité
on peut donc neuriser par contact, à distance, par
rayonnement fixe ou mobile, on enfin par une sorte d'induction.
IX. Tout corps, tout
objet ou toute substance preneurisés ou
non preneurisés et servant d'intermédiaire pour la neurisation doivent, pour agir, se
trouver en communication avec le corps du sujet neurisateur ou tout au moins ne pas
passer par les mains d'une tierce personne non susceptible de neuriser.
X.
Les
agents intermédiaires preneurisés constituent des sortes d'accumulateurs ou
de condensateurs de la force neurique.
XI.
Un même agent intermédiaire peut être neurisé en
deux points
quelconques de son étendue, de deux manières directement opposées.
XII.
La
neuricité qu'elle soit anesthésiante ou hyperesthésiante peut donc être localisée dans des agents servant
d'intermédiaire; et cette
localisation peut y subir toutes les formes possibles.
XIII. La neuricité ne
peut pas être emmagasinée dans le corps même d'une tierce personne neutre, de
manière à ce que celle-ci puisse l'emettre ensuite.
XIV. Par contre, j'ai pu accumuler et localiser
la neuricité pneumique au bout de mes
doigts et me servir ainsi de ces parties ducorpscommed'agentsintermédiairesdouésdugenredepropriété qui dépendait du genre de
neuricité qui y avait été emmagasinée.
XV. - D'autre part il
est certain que le corps d'une tierce personne neutre est un excellent conducteur de la
force neurique,
XVI. Un carré de
papier, un boulon de porcelaine soufflés, de même que l'extrémité de mes doigts
préalablement souillés, mis en contact avec
un point du corps du sujet neurisable, provoquent tantôt le rire et la
gaieté et tantôt la tristesse. Ces agents intermédiaires ainsi influencés par
le souffle provoquent le rire lorsqu'ils touchent un point de la section
antérieure du corps, et la tristesse lorsqu'ils
sont mis en contact avec un point desa section
postérieure.
II. - EFFETS PRODUITS PAR LA NEURISATION
DANS L'ÉTAT DE VEILLE
AVEC ANESTHESIE OU HYPERESTHESIE
PRÉALABLE
PROVOQUÉE OU SPONTANEE CHEZ LE SUJET (1)
Dès le début
de ce travail nous avons eu soin de faire remarquer (Voy. p. 2) que dans les intervalles des
accès nerveux spéciaux auxquels la
jeune malade était sujette, la sensibilité cutanée n'était nulle part
diminuée ou abolie, du moins d'une manière appréciable.
Nous avons montré dans la suite que, dans
l'intervalle de ces accès, la sensibilité générale et spéciale pouvaient
être modifiées par la neurisation, que, notamment, nous pouvions
anesthésier ou hyperesthésier les téguments sur des régions diverses et plus ou
moins étendues du corps, abolir ou exalter tel ou tel sens, sans produire pour
cela soit l'attaque anesthésique (sommeil neurique) soit l'attaque
hyperesthésique (crise du petit veau).
Comme dans ces conditions d'anesthésie, ou
d'hyperesthésie préalables, mais surtout
d'anesthésie préalable une nouvelle neurisation (si toutefois l'anesthésie préalable avait été provoquée) faite soit
directement sur les régions préneurisées, soit dans d'autres régions, pouvaitdonner lieu a des
réactions particulières, incapables d'etre produites, ou
différentesdecellesqui se produisaient, lorsque
1. Voy. p. 89.
la sensibilité était intacte, nous avons
dû nous occuper tout d'abord (Voy. p.
59) des effets produits par la neurisation dans l'état de veille sans
anesthésie ou hyperesthésie préalable provoquée ou spontanée chez le sujet. Nous devons maintenant aborder l'étude
de ces effets produits dans l'êtat de veille mais avec anesthésie ou hyperesthésie préalable chez le sujet.
Ce sera la
transition naturelle entre l'étude des phénomènes étudiés dans l'état de veille et ceux
observés dans Tétai de sommeil neurique.
Toute anesthésie,
quelque circonscrite qu'elle soit, et intéressant soit les nerfs de la sensibilité générale soit les
nerfs de la sensibilité spéciale, équivaut
a une sorte de sommeil neurique partiel périphérique, abstraction faite des modifications
correspondantes produites dans les centres nerveux.
Nous verrons, d'ailleurs, que les
effets produits dans l'ètat de veille avec prèanesthèsie,
par exemple, correspondent exactement à ceux provoqués dans ta phase du
sommeil neurique la plus voisine de l'ètat de veille ou soit dam le
premier degré du sommeil neurique,
Cette partie de notre
travail sera donc comme une introduction à l'élude des
phénomènes observés et provoqués dans le premier degré du sommeil neurique.
Il en ressortira tout
d'abord et d'une manière générale que le sommeil neurique est l'indice de l'extension et de
la généralisation plus ou moins parfaite de l'anesthésie dans les centres nerveux, et que s'il nous était donné de connaître la
nature intime ou plutôt le mécanisme intime de la production de l'anesthésie
cutanée sensitive et sensorielle, nous connaîtrions le mécanisme intime
du sommeil neurique, tant il est vrai que les centres nerveux sont les appareils enregistreurs,
condensateurs et reproducteurs ou
réflecteurs des impressions recueillies et transmises par les nerfs de
sensibilité générale et spéciale.
Que le sommeil neurique survienne
après une anesthésiation partielle
limitée de la périphérie ou après une anesthésiation plus étendue,
toujours il s'accompagne d'une anesthésie générale
périphérique, et
plus le sommeil neurique est profond et plus l'anesthésie périphérique est profonde.
On sérail donc en droit de dire que le
sommeil neurique vrai ou sommeil neurique central a son correspondant et
son premier degré, ou prélude, dans le sommeil périphérique lequel
consiste dans l'anesthésie plus ou moins étendue des nerfs de sensibilité
générale et spéciale.
Il semble que, au fur et à mesure que l'on
ferme la porte ou mieux les portes aux
impressions extérieures (par l'anesthésiation périphérique), le sommeil
(ou ce qui lui équivaut, l'anesthésie) s'étend dans les centres. Cette
proposition pourrait d'ailleurs être retournée.
Puis, quand les
portes sont fermées, le sommeil est caractérisé. Puis encore si les portes,
qu'on ne permette la comparaison, sont doublées, triplées, quadruplées d'épaisseur, ou,
en d'autres termes si l'anesthésie périphérique généralisée devient do plus en
plus intense, le sommeil devient de plus en plus profond.
Le même genre
de raisonnement est applicable aux phénomènes locaux et généraux
périphériques et centraux provoqués par l'hyperesthésiation, en tenant compte toutefois du
caractère spécial de ces phénomènes.
Ces considérations
préliminaires étaient nécessaires pour mieux faire comprendre les faits
que nous aurons à exposer maintenant, môme très succinctement.
EFFETS PRODUITS PAR LA
NEURISATION DANS
L'ÉTAT DE VEILLE
AVEC ANESTHÉSIE PRÉALABLE
Si les manœuvres de neurisation qui
ont pour premier effet l'anesthésie périphérique plus ou moins étendue sont
continuées, elles peuvent, avant de
provoquer l'effet ultime qui est le sommeil ou l'anesthésie dans les
centres, déterminer une série d'effets in-
lermédiaires
qui sont l'hyperesthésie, des modifications de la motilité
telles que la contraction musculaire en général et en particulier
la contraction des muscles de l'expression faciale, la contracture,
la catalepsie, l'attraction et la répulsion, et enfin des manifestations de la
gaieté et de la tristesse.
MODIFICATION DE LA SENSIBILITÉ HYPERESTHÉSIE
L'hyperesthésie
produite par la neurisation présente quelques caractères
particuliers, suivant le mode de neurisation. Mais on peut
dire qu'elle a pour caractère presque constant de succéder à de l'anesthésie
plus ou moins accusée et plus ou moins durable. L'hyperesthésie
pneumique, elle-même, ne semble pas échapper à cette règle.
HYPERESTHESIE PROVOQUEE PAR LES
RADIATIONS
DIGITALES ET OCCULAIRES FIXES
Les
radiations digitales et oculaires produisent d'abord de l'anesthésie
puis de l'hyperesthésie. Cette hyperesthésie est passagère;
car si les radiations continuent elle est remplacée par la contraction
ou la contracture musculaire. La persistance des radiations neuriques
l'exagère seule, le sujet la perçoit spontanément, durant les
radiations et pendant un temps très court après la cessation de
la neurisation. Mais l'exploration directe par le neurisateur
ne fait découvrir que de l'anesthésie aux points intéressés.
Nous avons appelé celle hyperesthésie subjective pour bien indiquer
qu'elle était surtout perçue par le sujet neurisé (Voyez p. 86, 87 et 224).
HYPÉRESTHÉSIE
PROVOQUÉE PAR DES APPLICATIONS DIGITALES RÉPÉTÉS
Les applications digitales répétées
alternativement sur deux points homologues du corps du sujet neurisable
déterminent d'abord de l'anesthésie, puis de
l'hyperesthésie directement et par transfert sur ces deux points. Si on
continue les applications, elle s'exagère
et sa durée n'est limitée que par le développement d'une attaque hyperesthésique ou du petit veau. Si on
cesse les applications, la malade
continue encore a en souffrir spontanément durant un temps variable. Les radiations pneumiques,
nous l'avons déjà dit, peuventlafaire disparaître,
bien loin de l'exaspérer(Voy.p.253).
L'hyperesthésie peut
encore se montrer à la suite d'applications digitales sur le trajet de troncs nerveux
importants, ou au point d'émergence de certains nerfs. Dans ces cas nous
n'avons pas recherché si l'anesthésie avait précédé l'hyperesthésie.
Nous avons appelé
cette hyperesthésie effective par opposition a la suivante.
HYPERESTHÉSIE
PROVOQUÉE PAR LES RADIATIONS PNEUMIQUES
L'hyperesthésie
provoquée par le souffle fixe nous avait paru tout d'abord être toujours primitive ; mais
nous avons reconnu plus tard, dans un certain nombre de constatations, que
cette hyperesthésie était précédée par un léger degré d'anesthésie, de courte
durée d'ailleurs.
Celte hyperesthésie est dite latente parce
que le sujet n'en souffre plus après la cessation du souffle. Elle n'est
réveillée ensuite que par les mouvements
imprimés à la région intéressée ou par des radiations digitales,
oculaires ou pneumiques. Elle est annulée par l'application dela paume de la matn(Voy. p. 225).
HYPERESTHESIE
PROVOQUÉE PAR DBS PASSES CENTRIPETES
Lespasses oculaires ou
pneumiques faites dans le sens contraire a la distribution des nerfs provoquent une
hyperesthésie réelle. Nous n'avons fait aucune recherche pour savoir si cette
hyperesthésie était précédée d'anesthésie.
HYPERESTHESIE PAR ACTION RÉFLEXE SIMPLE OU
CROISEE (TRANSFERT)
Cette hyperesthésie
a pour prélude l'anesthésie, soit que l'anesthésie ait été provoquée par des radiations
digitales, par des passes centrifuges, ou même par des radiations pneumiques lesquelles nous ont paru parfois, en effet,
provoquer tout d'abord l'anesthésie de la région intéressée.
ACTION DES MÉTAUX
J'anesthésie au
moyen d'une passe centrifuge la face dorsale de l'avant-bras de la malade.
Ensuite je prends successivement une rondelle de cuivre, de zinc, de fer, et je fais
glisser chacune de ces rondelles sur la peau, le long de la surface dela peau anesthésiée. Je ne constate pas de retour
a la sensibilité.
Je me sers ensuite d'une pièce de
20 francs et la sensibilité revient instantanément : je fais la même
expérience avec une pièce d'argent
de 2 francs et le résultat est le môme.
MODIFICATIONS DE LA MOTILITÉ
Je n'ai jamais pu obtenir aucune modification de
la motilité sans anesthésiation préalable de la région intéressée. Ces modifi-
cations do la motilité sont étroitement
liées à l'anesthésie, en ce sens que cette anesthésie est la condition sine
qua non de leur production. L'anesthésie peut ne pas être suivie de
modifications de la motilité, mais celles-ci sont toujours précédées et accompagnées
d'anesthésie dans la région où elles ont lieu. Aussi peut-on résoudre la
contraction, la contracture ou l'état cataleptique des muscles neurisés sans faire disparaitre l'anesthésie correspondante, mais
on ne peut pas supprimer l'anesthésie sans déterminer en même temps la
résolution musculaire, s'il y a lieu.
CONTRACTION MUSCULAIRE
Nous donnons ce nom
au raccourcissement fonctionnel passager du muscle.
CONTRACTURE MUSCULAIRE
Ce terme est réservé
au raccourcissement fonctionnel durable. Nous l'appelons quelquefois lélanisation, étal
lelanique.
CATALEPSIE
Nous appelons ainsi cet état des muscles
qui permet de donner et de faire garder au corps ou aux membres la position
tout d'abord imprimée.
Durant la
manœuvre de la neurisation qui peut déterminer la contraction plus ou
moins durable des muscles intéressés, le temps qui s'écoule entre l'anesthésie et la contraction
musculaire est souvent très court, a tel point que si on n'explorait pas
la sensibilité des téguments influencés on ne croirait pas qu'elle ail pu
être abolie.
La même
manœuvre qui anesthésie peut déterminer la contraction musculaire. Ce n'est qu'une question
de temps et ce temps peut être très court.
La même manœuvre qui détermine la
contraction peut-elle déterminer la contracture et la catalepsie?
MANIÈRE
DE PROVOQUER LA CONTRACTION
Les contractions passagères et
intermittentes ont été obtenues soit par des passes anesthésiantes, soit par
influence simple ou par induction, soit
par des applicationsd'agents intermédiaires neu-risés.
MANIERE dE provoquer LAcontracture
Les contractures ont
été obtenues par des radiations digitales ou oculaires fixes, des passes anesthésiantes et par
influence.
MANIÈRE DE PROVOQUER LA
CATALEPSIE
Quant à la
catalepsie nous ne sommes pas bien fixé sur le mécanisme de sa production dans
l'étal de veille. L'anesthésie préalable est évidemment nécessaire.
Nous obtenions habituellement et l'anesthésie et la catalepsie ala
suite en faisant glisser doucement nos doigts sur l'extrémité de la main du sujet
qu'ils saisissaient tout en la soulevant pour
se rendre compte si le bras retomberait ou resterait dans la position occupée
par lui à ce moment. Or, le bras
ne retombait pas et restait précisément dans la position dans laquelle
je l'avais laissé en éloignant mes doigts et abandonnant le bras
à son propre poids.
Je me suis assuré que, dans celle
manœuvre, pour que la cataleptisation des muscles du bras eût lieu,
il fallait qu'ait moins l'extrémité
d'un doigt fût anesthésie préalablement. C'est ce qui arrivait lorsque tout en soulevant le bras du sujet
dont j'avais saisi l'extrémité des doigts entre ceux de ma mm je
faisais glisser mes doigts le long de ceux du sujet.
Ce glissement de mes doigts
équivalait a une passe anesthésiante. Cela est si vrai que d'autres
fois, lorsque je me bornais à soulever le bras en saisissant l'extrémité
de sa main avec mes doigts et que je retirais ceux-ci sans les faire glisser sur les doigts du sujet,
le bras de celui-ci retombait ou bien se
trouvait complètement soumis à
la volonté de la malade comme dans l'état normal.
Mais si alors j'avais
soin de l'anesthésier par des passes digitales et de le soulever de nouveau
comme précédemment, il entrait en catalepsie et gardait toutes les positions que je lui donnais.
Il nous a semblé que la catalepsie ou état
cataleptique des muscles était un degré
moindre de la contracture.
DISTINCTION ENTRE LA CATALEPSIE ET
LA CONTRACTURE
Très souvent on confond la catalepsie
ou état cataleptique des muscles avec
leur contracture ou tétanisation. Quand le bras est contracture vous ne pouvez
pas le plier, il est raide comme une barre de fer, il en est de môme do
la contracture générale qui permet de poser
le sujet, comme une planche, couché entre deux chaises, la tôle reposant
sur l'une des chaises et les pieds sur l'autre (Voy. p. 203). Plus on
cherche alors à vaincre mécaniquement celle contracture, plus on
l'exagère.
Lorsque le bras est
calaleptise il peut être placé dans toutes les positions que
comporte le mouvement de ses articulations, comme le bras d'un mannequin. Il
est flexible mais non flasque.
CONTRACTION DES MUSCLES DE
L'AVANT-BRAS OBTENUE A DISTANCE PAR DES PASSES TRANSVERSALES
Si après avoir anesthésie par des passes
l'une ou l'autre des faces opposées des
avant-bras, je fais en regard et à la distance de 15 à 20
centimètres de la région anesthésiée une ou plusieurs passes transversales, a chaque passe chaque
muscle extenseur ou fléchisseur atteint successivement par les rayons
neuriques digitaux se contracte visiblement.
Je pense qu'il sera difficile d'accuser
ici encore la suggestion.
MOUVEMENTSD'ATTRACTION ET DE
RÉPULSION
Premier fait observé. Le 31 octobre 4880, le lendemain du jour
où je fis les premiers essais de neurisation sur Mlle C..., j'observai pour la première fois certains
mouvements d'attraction. Je faisais des passes descendantes lentes et
régulières en regard de sa figure, et je vis que, toutes les fois que ma
main descendait et se retirait un peu vers moi pour recommencer la passe
de haut en bas sa tete se penchait en avant vers ma main.
PHÈNOMENES
D'ATTRACTION ET DE RÉPULSION NON RÉALISABLES DANS L'ÉTAT DE
VEILLE SANS ANESTHÉSIE PRÉALABLE
Un peu plus tard (8 octobre 4880) ayant
constaté que par des passes propulsives ou
attractives faites dans l'étal de sommeil je pouvais à distance et sans
contact repousser ou attirer soit tout le corps, soit l'un ou l'autre
des membres du sujet, je voulus savoir si, dans l'état do veille avec intégrité
de la sensibilité, je pourrais déterminer les mêmes phénomènes. Je
ne réussis pas.
PHENOMENE
D'ATTRACTION ET DE RÉPULSION
REALISABLES
DANS L'ÉTAT DE VEILLE AVEC ANESTHÉSIE
ET LÉGER DEGRE DE
CONTRACTURE
Supposant qu'il
fallait préalablement anesthésier larégion que les passes devaient
influencer, et ayant choisi pour mon expérience le bras du sujet, je
commençai pas faire une passe descendante le long de sa face antéro-externe. Je
constatai après que la sensibilité y avait disparu et que les muscles
étaient le siège d'un léger degré de contracture. Au moyen de passes à
distance, attractives et répulsives,
horizontales, obliques, circulaires, je fis alors exécuter au membre
tous les mouvements possibles. La malade accusait
dos sensations de tractions ou de poussées
comme si on la tirait avec des fils ou comme si on la poussait tout en la
piquant avec des aiguilles.
PHÉNOMENES D'ATTRACTION ET DE
RÉPULSION RÉALISABLES DANS L'ÉTAT DE VEILLE AVEC ANESTHÉSIE PRÉALABLE SEULE
En raison d'un
certain degré de contracture qui accompagnait l'anesthésie du membre ou du
moins de la face antéro-externe du membre, je crus ne pas devoir
considérer cette expérience comme suffisamment démonstrative.
Je résolus donc de
faire disparaître la contracture musculaire tout en conservant l'anesthésie. Je résolus de
redonner au bras toute sa souplesse en le
malaxant légèrement sur toute sa longueur, durant quelques secondes. J'explorai la
sensibilité : elle n'était pas revenue.
Je recommençai
l'expérience sur ce bras simplement anesthésie et je réussis complètement.
La jeune fille crut,
à un moment donné, pouvoir soustraire son bras à mon action et le plaça
derrière son dos. Mais je réussis à l'attirer malgré elle par des passes attractives répétées.
CORRESPONDANCE
EXACTE ENTRE LE NOMBRE DES DOIGTS
EMPLOYÉS ET LE NOMBRE DE PIQURES RESSENTIES
Ensuite je lui fis
fermer les yeux et je lui fis compter le nombre de doigts que j'employais dans les passes. Elle
fit ce calcul très exactement, car
chaque doigt provoquait au point visé des téguments une piqûre ou
un tiraillement, comme le ferait un fil adhérent sur lequel on tirerait.
Dans la suite je refis un grand nombre de
fois ces expériences en les variant. Ainsi
au lieu d'agir directementsur le bras j'agissais sur les doigts, et par des
passes tantôt attractives, tantôt répulsives, je les faisais se mouvoir
à distance ensemble ou séparément dans le sens que je voulais.
Il est bon de remarquer que l'état
dans lequel se mouvaient ainsi al le bras et les doigts
du sujet offrait avec l'état cataleptique une similitude frappante.
Mais
il est juste de dire aussi que l'attraction et la répulsion peuvent
s'exercer sur des membres contractures.
REMARQUES
Les
passes perpendiculaires que nous avons faites avec les doigts dans
toutes ces expériences étaient les unes sortantes ou centrifuges,
c'est-à-dire faites la main revenant du voisinage du sujet, considéré
comme centre, vers moi; celles-là produisaient l'attraction
ou soit le rapprochement de la région qu'elles visaient ; elles méritaient
donc bien le nom de passes attractives. Les autres étaient
rentrantes ou centripètes, c'est-à-dire faites la main allant vers
le sujet toujours considéré comme centre. Celles-ci produisaient
la répulsion, l'éloignement, et elles méritaient bien le nom de passes répulsives.
LOI
D'où
celte conclusion sous forme de règle ou de loi : Dans l'ètat de
veille et avec anesthésie préalable, des passes digitales perpendiculaires
faites en regard de la région anesthèsièe produisent l'attraction
si elles sont sortantes ou centrifuges,et la répulsion si elles
sont rentrantes ou centripètes, le corps du sujet neurisé étant
considéré comme un centre. En d'autres ternies la main neurisatrice
qui s'éloigne du sujet neurisé produit l'attraction, et la main qui s'en rapproche la
répulsion, et cela indépendamment de tout contact.
EFFETS
THERAPEUTIQUES DES PASSES DIGITALES
SORTANTES
OU ATTRACTIVES DANS UN CAS DE CONTRACTURE
AVEC
ANESTHÉSIE SPONTANÉE PROBABLE
Le
11 novembre 1880 vers dix heures du matin, je trouvai ma malade éveillée mais
affectée depuis la veille nu soir, après une attaque nerveuse, d'une contracture des muscles des jambes qui maintenait
les pieds tournés en dedans.
Ni
les frictions ni les efforts des personnes qui l'entouraient n'avaient pu, pas
plus qu'autrefois, déterminer la résolution de cette contracture ou la vaincre.
Il me
suffît de faire quelques passes sortantes, allant du sujet vers
moi, à la distance de plus d'un mètre et en regard de la face externe de l'un et de l'autre
pied, pour les redresser et rendre aux muscles toute leur souplesse.
Dix
jours plus tard m'étant rendit chez la malade vers six heures du
soir je la trouvai couchée et se plaignant de ne pas pouvoir se mouvoir depuis
une heure de l'après-midi. Je constatai que les membres inférieurs et le
tronc étaient raidis par la tétanisation des muscles et que je ne pouvais pas
remuer la malade sans la faire vivement
souffrir. Je fis alors en regard des muscles contractures des passes attractives qui
redonnèrent aux membres inférieurs et nu tronc toute leur
souplesse.
REMARQUES
Bien
qu'il n'y ait pas eu d'anesthésiation préalable, ces faits rentrent
dans la catégorie de ceux que nous étudions maintenant, attendu
que toute contracture s'accompagnait chez notre sujet d'anesthésie
de la région correspondante. Ici nous n'avons pas pensé a explorer la sensibilité,
mais elle devait être abolie. En effet,
les phénomènes spontanés que présentait la malade trouvaient leurs équivalents dans ceux que je
provoquais chez elle.
PASSES OCULAIRES PERPENDICULAIRES
Les
passes oculaires perpendiculaires agissent dans les meômes conditions
et produisent les meumes effets que les passes digitales perpendiculaires.
EFFETS THERAPEUTIQUES DES
PASSES OCULAIRES PERPENDICULAIRES
DANS
LE MEME CAS
DE
CONTRACTURE AVEC ANESTHESIE SPONTANEE PROBABLE
Le 12
novembre 1880, le lendemain du jour où je réussissais, par
des passes digitales sortantes, à résoudre une contraction des muscles
des jambes qui maintenait les pieds en varus, j'eus à intervenir
pour le même accident qui s'était reproduit la veille au soir à la suite
d'une nouvelle attaque nerveuse.
Au
lieu des doigts j'employai cette fois les yeux. Me rappelant en effet que les
rayons neuriques oculaires avaient tu même propriété que les rayons neuriques
digitaux, je fis en regard de la face
externe de l'un des pieds des passes attractives avec les yeux. Ayant
arrêté mon regard sur la face externe de ce pied, à la distnce d'environ 1,50, je relirai ma tête
à plusieurs reprises successives. Aussitôt le pied se dirigea
spontanément en dehors en se redressant et
reprit ainsi en quelques secondes sa position normale et sa mobilité
naturelle.
Pour
l'autre pied, j'employai des passes digitales attractives qui réussirent
de même à résoudre entièrement la contracture dont il était le siège.
REMARQUES
Les
remarques que nous avons faîtes au sujet de la précédente intervention
thérapeutique dans laquelle j'avais employé les passes digitales perpendiculaires
et au sujet de laquelle j'avais admis
une anesthésie
préalable, sont applicables a cette deuxième intervention au moyen des
passes oculaires perpendiculaires.
Au Heu d'influencer
par des passes perpendiculaires certaines régions circonscrites du
corps et faciles a se mouvoir, telles que les bras, j'aurais pu agir
sur tout l'ensemble du corps, mais il m'aurait fallu anesthésier une surface
des téguments plus étendue et la malade serait tombée dans le sommeil.
Dans l'étude que nous
ferons bientôt des phénomènes qui accompagnent et provoquent le sommeil neurique ou
que le sommeil permet de provoquer nous reprendrons celte éluda des passes attractives et
répulsives et nous la compléterons.
MOUVEMENTS
D'ATTRACTIONOBTENUSDANS
LA NEURISATION PAR INFLUENCE (PAR
OPPOSITION DE COURANTS NEURIQUES)
Nous avons dit plus
haut que lorsque j'étendais mon bras au-dessus de celui du sujet tenu horizontalement de manière à ce que la face postéro-interne de mon
bras fût exactement opposée
à la lace postéro-externe de celui du sujet, cette dernière
région devenait insensible (pendant que la région opposée devenait
hyperesthésique) (Voy. p. 213,238 et 239).
Si après
avoir laissé mon bras pendant quelques secondes dans cette position Je le soulevais en
masse, le bras du sujet placé au-dessous le suivait comme s'il était attiré par lui
(Voy. p. 240). Parfois à ce moment l'anesthésie du bras du sujet était
accompagnée d'une contracture plus ou moins accusée (extension forcée). Mais cette
contracture n'empêchait pas le mouvement d'ascension*.
1.
Dans le sommeil où l'anesthésie est générale on voit parfois le sujet
neurisé, a l'egardnl duquel on ne fait pas de fiasses
attractives, suivre le sujet ncurisateur. Je pense que
cette attraction est du mene genre que celle-ci, reconnaît la même cause:
l'opposition
de courants.
CONTRACTION DESMUSCLES DE L'EXPRESSION
FACIALE
ETASPECTS DIVERS DE LA PHYSIONOMIE
ACCOMPAGNEES OU SUIVIS
DES SENTIMENTS QU'ILS EXPRIMENT
Le 4
novembre 1880, lajeune
fille setrouvant
|plongee dans le sommeil
neurique, j'avais, pour la première fois, par des passes digitales faites en regard
et a une petite distance des divers muscles
de la face, réussi a provoquer non seulement les diverses expressions de
la physionomie, mais encore les sentiments qui leur correspondent. Depuis je fis une étude complète, détaillée
de ce mode d'action de la
neurisation. Mais je ne l'avais pratiqué que dans l'état de sommeil du
sujet.
Le17
novembre 1880, j'eus l'idée de faire des essais dans l'état de
veille. Ces essais ne furent suivis d'aucun résultat. La cause de ces
insuccès tenait à ce que j'opérais sans avoir anesthésie
préalablement les téguments de la face.
Mais
toutes les fois que j'avais soin d'anesthésier préalablement les téguments de la face
par des passes descendants le résultat etait le même que dans le sommeil.
CONCLUSION - PROPOSITIONS
Je
suis arrive à cette conclusion que je formulerai sous forme depropositions :
Dans l'ètat de
veiltedu sujet neurisable, avec anesthésie préalablement provoquée des téguments
de la face, des passes digitales faites en regard des muscles de celle région
déterminent leur contraction si elles sont faites dans le sens apparent de leur
contraction, c'est-à-dire de leur point d'insertion mobile à leur
point d'insertion fixe.
Le degré de contraction de
ces muscles est enrapport direct avec le nombre des passes.
Ces passes, faites en regard de certains groupes musculaires ou
successivement en regard de plusieurs muscles,
peuventprovoquer successivement tontes les expressions de la physionomie.
Le degré de ces
expressions est en rapport direct avec le nombre des passes,
Chaque expression de la
physionomie ainsi provoquée provoque à son tour les
sentiments qui lui correspondent. Si les passes au lieu d'être faites
à distance sont appliquées, on obtient les mêmes effets,
Les mêmes
passes distantes ou appliquées produisent les mêmes effets dans le
premier degré du sommeil neurique.
Lorsque nous
exposerons les caractères propres à chaque degré du sommeil neurique,
nous reviendrons sur cctte question des expressions provoquées de la physionomie.
REACTION GAIE OU TRISTE
Nous nous bornerons
à résumer ici sous forme de propositions les conditions
expérimentales dans lesquelles nous avons, par divers triodes d'emploi de la
foire neurique, provoqué tantôt le rire et la gaieté, tantôt l'ennui et la tristesse.
Nous nous réservons
de revenir en détail sur cette importante question dans la partie
consacrée al'étude du sommeil neurique.
REACTIONGAIE
OU TRISTE PAR NEURISATION
DIGITALE APPLIQUEE IMMEDIATE
OU MEDIATE
REACTION
GAIE OU TRISTE PAR NEURISATION DIGITALE
APPLIQUEE
Dans l'étal de
veille : 1° L'application de lu face palmaire ou postérieure d'un ou de
plusieurs de mes doigts provoque le rire et ta gaieté si elle est faite
sur un point quelconque préalablement anesthésie de la section ou face antérieure du
corps du sujet neurisable, la moitié inférieure de la région faciale et les cinq
sixièmes inférieurs des oreilles
exceptés; et l'ennui ou la tristesse si elle est faite sur un point quelconque
préalablement anesthésie de la section postérieure (Voy. fig. 64et 65).
2
L'application de la face dorsale ou antérieure d'un ou de plusieurs de mes
doigts provoque la tristesse si elle est faite sur
Fig (64 et
65. Influences sur les réactions psychiques (gaieté ou tristesse) par l'aplication
du doigt neurisateur parallèlement sur le doigt
neurisable préanesthesié.
un point quelconque préanesthésié de la section
antérieure du corps du sujet neurisable, la moitié inférieure de ta région faciale et les cinq sixièmes inférieurs des
oreilles exceptés; et la gaieté si elle est
faite sur un point quelconque
préalablement anesthésie de la section postérieure (Voy. fig. 66 et 67).
En d'autres termes le contact de deux points de
régions de même nom appartenant l'un au sujet neurisateur et
l'autre au
sujet neurisable provoque chez le sujet neurisable
la tristesse, et le contact de deux régions
de nom contraire la gaieté, si on se place dans les conditions
préétablies.
Les résultats et la règle qui en découlent
sont les memes si les applications digitales
ne sont faites que sur la main préalablement
Fig. 66 et
67. Influence sur les réactions psychiques (gaieté ou tristesse) par l'application
du doigt neurisateur parallèlement sur le doigt
neurisablepréanesthésie.
anesthésiée du sujet, au lieu d'être faites
sur un point quelconque du corps, avec
cette particularité que, si au lieu d'appliquer mon doigt sur celui du sujet j'applique ma main sur sa main, tes résultats
sont plus accusés, le rire et la tristesse doublent ou triplent d'intensité,
Si dans toutes ces applications je ferme en
quelque sorte le circuit en appliquant sur le front du sujet l'autre main
restée
libre que ce soit par sa face palmaire ou
dorsale, le rire et la tristesse provoqués cessent aussitôt.
REACTIONGAIE
OU TRISTE NULLE PAR NEURISATION
DIGITALE MEDIATE
Un agent intermédiaire préneurisé ou non
par des radiations digitales, tenu entra les doigts et appliqué sur un point
préanesthesié du corps du sujet, ne donne
lieu à aucune réaction gaie ou triste pas plus que les radiations
digitales fixes, dans les memes conditions.
REACTIONGAIE
OU TRISTE PAR NEURISATION PNEUMIQUEMEDIATE
REACTION GAIE OU TRISTE PAR NEURISATION PNEUMIQUE
MEDIATE DIRECTE OU REFLECHIE
Un agent intermédiaire préneurisé par le
souffle et dirigé par voie directe ou réfléchie sur un point du corps du sujet,
même non anesthésie préalablement (Voy. p. 300 et suiv.) provoque le rire et la
gaieté si la région visée fait partie de la section antérieure du corps, et la
tristesse si la région visée est située dans la section postérieure.
Nous n'avons pas fait d'expériences avec
des agents intermédiaires neurisés par les yeux.
REACTIONGAIE OU TRISTE PAR
NEURISATION DIGITALE A DISTANCE
DISSOCIATION
DU FAISCEAU NEURIQUES DIGITAL, ETSA DIVISION EN
FAISCEAU DORSAL ET EN FAISCEAU PALMAIRE
RADIATIONS DIGITALES
DISTANTES DIRECTES
Les radiations digitales distantes directes
agissent comme les applications digitales palmaires, mais voyant les effets différents pro-
duils
par l'application de la face palmaire etde
la face dorsale de mes doigts sur l'une ou l'autre des
faces de la main du sujet neurisable, je pensai
que, peut-être, lu faisceau de rayons neuriques qui se dégage
de l'extrémité de chaque doigt était constitué par lu réunion
des rayons dorsaux et des rayons palmaires.
Division du faisceau de
rayons neuriques digitaux en rayons dorsaux et palmaires. Partout de cette
hypothèse, je cherchai le moyen de
dissocier ces deux groupes de rayons.
PREMIERE DEMONSTRATION DISSOCIATION
AU MOYEN DE L'INTERPOSITION D'UNE CARTE DE VISITE
Je combinai alors l'expérience
suivante, représentée par la figure 68.
Mon
doigt indicateur, horizontalement placé dans l'altitude qui lui
a valu son nom, est figure projetant des rayons neuriques. Ceux-ci
forment un faisceau qu'une carte de visite, horizontalement
placée, divise en rayons dorsaux et en rayons palmaires, c'est-à-dire en
rayons dont les uns émanent de la moitié dorsale du doigt et les autres de sa
moitié palmaire.
Au
bord opposé de la carte, nous voyons figuré le doigt replié du sujet neurisable qui
oppose sa face dorsale à l'extrémité de mon doigt tout d'abord dans un premier temps de manière a
n'être atteint que par les
rayons émanant de la moitié dorsale de mon doigt, et ensuite dans un
deuxième temps de manière a n'être atteint que par les rayons émanant de la moitié palmaire de ce même
doigt.
Or
nous avons constaté que lorsque la face dorsale préneurisée du
doigt du sujet récepteur se trouvait en regard exclusivement des rayons dorsaux de mon
doigt, il y avait tristesse provoquée, et
lorsqu'elle se trouvait eu regard exclusivement des rayons palmaires, il y avait, au contraire, gaieté
provoquée.
La
première position (premier temps) équivalait a l'application de
la face dorsale de mon doigt sur la face dorsale (de méme nom)
Fig.. 68.
Dissociation du faisceau neurique digital nu moyen de l'interposition d'une simple carte de
visite.
du
doigt préneurisé du sujet. La deuxième position (deuxième temps)
équivalait à l'application de la l'ace palmaire de mon doigt sur la face dorsale du
doigt du préneurisé sujet. Les résultats étaient dans chaque cas les
mêmes.
DEUXIEME DEMONSTRATION
TRANSMISSION DES RAYONS DORSAUX ET DES HAYONS PALMAIRES, SEPAREMENT l'Ail UNE AIGUILE A
TRICOTER EN AC1ER
Mo
rappelant la propriété qu'ont les tiges en général, et en particulier
de simples aiguilles A tricoter en acier, de transmettre la force
neurique depuis l'extrémité qui est saisie jusqu'à l'extrémité libre
ut au delà de celle-ci ' ; je fis et répétai avec un résultat toujours identique les expériences
suivantes.
Premier
cas. Saisissant une aiguille à tricoter en
acier entre mes doigts, soit entre deux doigts, soit entre les cinq doigts
réunis de manière à ce qu'elle ne fût en
contact qu'avec la face palmaire de leurs extrémités, je dirigeai l'extremite libre
de celle aiguille vers la face dorsale
préanesthésiée de la main du sujet : il y eut rire provoqué.
Je
visai ensuite la face palmaire et il y eut tantôt indifférence, tantôt sentiment d'ennui
(Voy. fig. 09 et 70).
Deuxième
cas. Conservant l'aiguille entré les doigts,
j'arquai ceux-ci en forme de griffe de
manière à ce que la moitié dorsate seule de
leurs extrémités se trouvai en contact avec l'aiguille. Si ensuite
je visais un point de la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet, je
provoquais la tristesse, et si, au contraire, je dirigeais
l'extrémité de l'aiguille vers un point préanesthésié de la
face palmaire, je provoquais la gaieté (Voy. fig, 71).
Tenant
l'aiguille entre mes doigts et visant avec elle un pointde;
la face dorsale préanesthésiée de la main du sujet, il me
suffisait
Voy. p. 12 et 13. Expérience avec des
aiguilles à tricoter transmettant
la fora neurique à travers une lentille biconvexe.
de faire exécuter
aux doigts seuls un mouvement d'avancement ou de retrait tout en tenant
l'aiguille saisie au même point pour que
Fig. 69 et
70. Action de la neuricité palmaire (surface ombree) par
l'intermédiaire d'une aiguille a tricoter.
celle-ci fut en contact
tantôt avec la face palmaire, et tantôt avec l'extrémité de la face
dorsale du doigt. Dans ces conditions j'obtenais successivement la gaieté et la tristesse
(Voy. fig, 70 et 71).
Fig. 71 et 72.
Action de la neuricité dorsale (surface en blanc) par l'intermédiaire d'une
aiguille à tricoter.
Opérant
à l'égard de la face palmaire préneurisée du sujet, les résultats etaientles memes.
Troisième
cas. Comme j'aurais pu douter do la valeur de
l'experience dans laquelle je me proposais de mettre en
contact avec l'aiguille la portion dorsale de l'extrémité dé mes
doigts (deuxième vus), je fis l'experience
suivante qui servit de contrôle et confirma lesdonnées énoncées
ci-dessus.
Si saisissant
l'aiguille entre les faces dorsales de deux de mes doigts
appartenant chacun à une main différente, je la dirigeais la face dorsale préanesthésiée de la main du
sujet je provoquais la gaieté, et si je la dirigeais vers la
face opposée ; la tristesse (Voy. fig. 72).
RADIATIONS DIGITALES AVEC RÉFRACTION A TRAVERS UN PRISME
TROISIEME DÉMONSTRATION
DISSOCIATION DE FAISCEAU NEURIQUE DIGITAI. AU MOYEN D'UN PRISME Il était
intéressant de savoir si un prisme place sur le trajet du faisceau neurique
digital dissocierait ce faisceau. Des expériences ont été
faites maintes fois par nous dans ce but et nous ont montré que
le cône spectral est composé de deux segments : un supérieur et un inférieur,
le supérieur un peu plus grand que l'inférieur, et separes
l'un de l'autre en regard du point du prisme visé par le doigt, par une zone
horizontale large de 2 à 4 centimètres (Voy. Kg. 73).
Si
le doigt placé en regard et très prés de l'une des faces du prisme
a sa face palmaire regardant en bas, le segment supérieur du
prisme représente l'épanouissement des rayons dorsaux et le segment
inférieur l'épanouissement des rayons palmaires (Voy. . fig. 74). L'inverse
a lieu si le doigt est retourné, sa face palmaire regardant en haut.
1. Voj.
p. 17.
Ce qui prouve
péremptoirement qu'il en est ainsi, c'est que si, dans la première position du doigt (face palmaire en bas), les rayons
réfractas appartenant au segment supérieur sont dirigés sur la face dorsale
préanesthésiée de la main du sujet récepteur,
Fig.
73 Base du cône spectral neurique à la distance de 4",90 du
prisme, - traverse horizontalement et vers son milieu par la bande ou zone indifférente
ou nentre. Grandeur au I p. 200.
Moyenne do la grandeur de la base des cones spectraux pour les trois sortes de
rayons neuriques.
il y a tristesse ou
indifférence provoques; tandis qu'il y a rire et gaieté provoqués si ces
mêmes rayons du segment supérieur atteignent la face postérieure ou palmaire de la main.
D'autre part si on fait agir les rayons du
segment inférieur on obtient des réactions inverses (Voy. fig 74)
Enfin si le doigt est placé dans la
deuxième position (face palmaire en
haut) les résultats sont faciles à prévoir puisque le segment
supérieur des rayons
réfractés répondra aux rayons palmaires et le segment inférieur aux
rayons dorsaux. Cette expérience sert de contrôle pour la précédente.
Ajoutons qu'en
regard de la zone intermédiaire aucune réaction ne se produit.
De ces diverses
expériences dans lesquelles le foyer neurique employé est digital, nous
tirerons les conclusions suivantes sous forme de proposition.
PREMIERE PROPOSITION LE DOIGT
NEURISATEUR EST PLACÉ LA FACE PALMAIRE EN
BAS
1° Les rayons digitaux- dirigés
à travers un prisme sur la face dorsale de la main préunesthésiée du
sujet provoquent le rire dans la moitié inférieure ou segment inférieur du cône
spectral, la tristesse dans le segment supérieur et l'indifférence dans toute
la longueur de la bande transversale intermédiaire dite pour cette raison zone
neutre ou indifférente, si le doigt qui neurisé est placé la face
palmaire en bas.
Dans ce cas on
pourrait appeler le segment supérieur du cône spectral segment dorsal et le
segment inférieur segment palmaire.
DEUXIEME PROPOSITION LE DOIGT
NEURISATEUR EST PLACÉ LA PALMAIRE EN
HAUT
2 Les rayons digitatuX dirigés à
travers un prisme s ur la face dorsale de la main prèanesthesiée du
sujet provoquent la tristesse danste segment
inférieur du cône spectral, la gaieté avec rire dans le segment supérieur et
l'indifférence dans la zone intermédiaire,si le doigt qui neurisé est placéla face
palmaire enhaut.
Dans ce cas le
segment supérieur du cône spectral devient segment palmaire et te segment
inférieur segment dorsal.
3 Dans
chacun des deux cas précédents les réactions provo-
quees sontinverses si au lieu d'agir
sur la face dorsale on agit sur la face palmure préanesthèsiée du sujet
récepteur.
Il résulte enfin de
tous ces faits que les rayons neuriques qui se dégagent de l'extrémité de
chaque doigt ne sont pas simples mais doubles.
Chaque faisceau de
rayonsdigitaux est composê de rayons dorsaux ou antérieurs et de
rayons palmaires ou postérieurs.
RADIATIONS
OCULAIRES ET PNEMIQUES REFRACTES A TRAVERSE UN PRISME
RÉACTION GAIE
OU TRISTE PAR NEURISATION OCULAIRE ET PNEUMIGUE REFRACTES
Lorsqu'au lieu du
doigt on emploie les yeux (rayons neuriques oculaires) ou le souffle (rayons
pneumiques), les deux segments supérieur et in rérieur du spectre neurique oculaire ou
pneumique obtenu n'agissent pas différemment, ils agissent l'un et l'autre comme le segment
palmaire du cône spectral digital.
RADIATIONS
OCULAIRESET PNEUMIQUES DIRECTES
Les radiations
oculaires et pneumiques dirigées vers un point préanesthésié du corps du
sujet provoquent le rire si ce point visé fait partie de la section antérieure
du corps, et la tristesse si ce point fait partie de la section postérieure.En un mot elles agissent, dans ces
conditions, comme les rayons digitaux non dissocies et les applications digitales palmaires.
Ces résultats confirment ceux obtenus à travers le
prisme.
REMARQUES
Il est à
peine besoin de rappeler que tous les phénomènes de réaction gaie ou
triste dont il vient d'être question sont observés,
dans les mêmes conditions, dans le premier degré du sommeil
neurique.
IMITATION FORCEE DE LA
PAINT DU SUJET ACTES FAITS ET DES ATTITUDES
PRISES DEVANT LUI. - SUGGESTION D'ACTES
'La'jeûne fille étant éveillée, je
magnétisais l'un de ses bras, le gauche par
exemple, puis, me plaçant devant elle, j'étendais mon liras droit en
regard de son bras gauche resté pendant.
Je lui recommandais de ne pas m'imiter et
d'avoir une volonté a elle; elle mête promettait mais bientôt son bras
mu, comme par un ressort, prenait la position du mien. Si ensuite j'ouvrais successivement les doigtsaprès avoir
fermé la main, elle Taisait exactement de même. Si je
donnais à mon bras l'altitude de l'indication elle exécutait le
même mouvement. Interrogée pourquoi elle agissait ainsi elle répondait qu'elle ne
pouvait pas faire autrement.
J'ai fait aussi dans
l'état de veille avec anesthésie préalable des expériences en plaçant un écran
devant les yeux du sujet. Ces expériences répétées dans l'état de sommeil sont exposées aux pages 300 et
suivantes.
J'ajouterai que le
phénomène de l'imitation forcée a pu se produire aussi dans l'étal de veille sans anesthésie
préalable aucune.
DIMINUTION GRADUELLE DE LA SENSIBILITE NEURIQUEDE LA MALADE EN RAPORT AVEC L'AMELIORATION DE SA SANTÉ
REMARQUES GENERALE
Au début de la maladie de la jeune fille,
l'anesthésie préalable seule permettait de provoquer le rire ou la tristesse
par les divers procédés indiqués.
Plus lard, lorsque probablement l'amélioration obtenue chez celle malade
exigeait une anesthesiation préalable plus profonde
pour provoquer ces réactions, ces réactions n'avaient lieu que si l'anesthésie s'accompagnait d'un
certain degré de contracture musculaire dans la même région.
D'ailleurs, vers le 13 novembre 1880,
c'est-a-dirc un mois et demi après
le premier essai de neurisation, je remarquai que la sensibilité de la
malade, à l'égard de la neurisation, tendait a disparaître.
EFFETS PRODUITS PAU LA
NEUTRISATION DANS l'ÉTAT DE VEILLE
AVEC HYPERESTHÉSIE PREALABLE
EFFETS SUR LA MOTILITE
Nous avons dit plus haut (p. 334} que,
dans une région préanesthesiee passes digitales transversales avaient pu
déterminer la contraction des muscles. J'ai
constate que, sur cette même région prehyperesthèsiée par
des passes, j'obtenais lesmémes effets.
EFFETS SUR LA SENSIBILITÉ
Ces effets se
bornent une exagération possible de l'hyperesthésie parles divers modes de neurisation reconnus
capables de provoquer l'hyperesthésie.
L'aboutissant de
cette exagération de l'hyperesthésie est la crise dite du petit veau, dont
nous avons fait la description et donné les caractères.
Il nous reste
maintenant à nous occuper de l'autre attaque, l'attaque anesthésique ou sommeil neurique.
résume
Des principales modifications de la sensIBIlité et de la motilité produites paR la neurisation* dans l'état de veille avec anesthésie ou hyperesthésie préalaBles
phovoquéEs ou spontanées.
I« Si les
manœuvres de neurisation qui ont pour premier et principal effet l'anesthésie périphérique
plus ou moins étendue, sont continuées
durant un temps suffisant, elles peuvent, avant de
provoquer l'effet ultime qtii est le
sommeil ou
anesthésie dans les centres, déterminer une série d'effets intermédiaires qui
sont : l'hyperesthésie ; des modifications de la motilité telles que la contraction
musculaire en général, et, en particulier, la contraction des muscles de
l'expression faciale, la contracture, la catalepsie, l'attraction et la répulsion;
et enfin des manifestations de la gaieté et de ta tristesse.
II. -L'hyperesthésie provoquée par des
radiations digitales et oculaires fixes suffisamment prolongées est un effet qui
succède à l'anesthésie et précède la
contraction ou la contracture musculaire et le sommeil.
Cette hyperesthésie est dite subjective.
En effet, le sujet la perçoil
spontanément durant la neurisation et pendant un temps très court
après cette opération. De plus, si une nouvelle neurisation la réveille en l'exagérant, la simple exploration
des téguments par le sujet neurisateur ne Tait découvrir que de
l'anesthésie sur les parties intéressées.
III. L'hyperesthésie
directe ou réflexe (par transfert) provoquée
par des applications digitales simples ou répétées alternativement
sur deux points homologues du corps, succède encore à de
l'anes
thésie et précède l'attaque hyperesthésique.
Cette hyperesthésie
perçue spontanément par la malade se prolonge quelque temps après l'opération qui
lui a donné naissance. Le souille (radiations pneumiques) peut la faire
disparaître au lieu de l'exagérer. Elle est
dite effective pur opposition à celle dite latente et
provoquée directement parle souffle.
IV. L'hyperesthésie provoquée par te souffle fixe
succède aussi
ade l'anesthésie, mais celte anesthésie est
de très courte durée, aussi est-elle difficile à constater.
Elle précède l'attaque hypères- thésique.
Elle est dite latente
parce que le sujet n'en souffre plus après la cessation du souille et qu'elle peut
être réveillée par les mouvements
spontanés (myosalgie?) ou provoqués imprimés à la région intéressée.
Elle est d'ailleurs annulée par l'application de la paume de la main.
V.L'hyperesthésie
provoquèepar
des passes centripèles est une hyperesthésie
effective. Mais nous no savons pas si elle est précédée
d'anesthésie, n'ayant pas fait do recherches dans ce sens.
VI. L'hyperesthésie
obtenue par action réflexe simple ou croisée
(transfert) a aussi pour prélude
l'anesthésie quel que soit le mode de neurisation employé.
VII. Ainsi l'hyperesthésie quel que soit le mode de
neurisation qui la provoque
succède toujours ou presque toujours à l'anesthésie qui est la première modification
fonctionnelle appréciable produite.
.Après
l'hyperesthésie surviennent encore d'autres modifications qui
portent sur la sensibilité ou sur la motilité et qui mieux que l'hyperesthésie,
malgré ses variétés, caractérisent chaque mode de neurisation.
VIII. Des pièces d'or etd'argentl
appliquées sur des parties anes- thésiées par des passes ont ramené la sensibilité
à l'état normal.
IX. L'anesthésie est le prélude nécessaire de toute
modification provoquée de la motilité, contraction, contracture ou
catalepsie.
Il en
résulte que si on peut déterminer la résolution de la contraction,
de la contracture ou de l'étal cataleptique des muscles provoqués
par la neurisation, sans faire disparaître l'anesthésie correspondante et
préalablement obtenue, on ne peut pas supprimer cette anesthésie sans
déterminer en même temps la résolution de la contraction, contracture ou
état cataleptique des muscles, de la région correspondante.
En
d'autres termes, les modifications de la motilité sont intimement
liées à l'anesthésie de la région correspondante.
X. La
catalepsie ou étal cataleptique des muscles est un degré inférieur
de la contracture.
XI.
La contracture ou état tétanique des muscles ne
doit pus être confondue avec leur état cataleptique.
XII.
Dans l'etatde veille et avccanesthésie
préalable, des passes digitales et
même oculaires, perpendiculaires, faites en regard de la
région anesthésiée produisent l'attraction si elles sont sortantes ou centrifuges, et la
répulsion si elles sont rentrantes ou centri-
pètes, le corps du sujet neurisé
étant considéré comme un centre. En d'autres termes, la main neurisatrice qui
s'éloigne du sujet neurisé produit l'attraction, et la main qui s'en rapproche,
la répulsion et cela indépendamment de tout contact.
XIII. L'état de
contracture préalable étant une phase plus avancée de la
neurisation anesthésiante n'empêche pas l'action
attractive ou répulsive des passes
perpendiculaires.
XIV. Ces passes
perpendiculaires ont pu jouer un rôle théra
peutique dans des cas de contracture môme spontanée, chez notre malade, en ramenant
les régions affectées dans leur direction et
position normales.
XV. Des mouvements d'attraction peuvent être
aussi obtenus dans la neurisation
par influence.
XVI. Dans l'état de
veille du sujet neurisable avec anesthésie préalablement
provoquée des téguments de la face, des passes
digitales faites en regard des muscles de cette région déterminent
leur contraction si elles sont faites dans le sens apparent de leur
contraction, c'est-à-dire de leur point d'insertion mobile à leur
point d'insertion fixe.
Le degré do contraction de ces muscles est
en rapport direct avec le nombre de passes.
Ces passes faites en regard de certains
groupes musculaires ou successivement en regard de plusieurs muscles do la face
peuvent provoquer succcssivementaussi toutes les
expressions de la physionomie.
Le degré de ces
expressions est en rapport direct avec le nombre des passes.
Chaque expression de la physionomie ainsi
produite provoque à son tour le sentiment qui lui correspond.
Si les passes, au lieu d'étre faites a
distance en regard des muscles de l'expression faciale, sont appliquées on
obtient les mêmes effets.
XV11. Dans l'état de
veille, le contact de deux points déregions de même nom appartenant, Tune au sujet
neurisateur et l'autre au sujet neurisable, provoque chez ce dernier la
tristesse; tandis
que le contact de deux régions de nom
contraire provoque la gaieté, pourvu toutefois que la région intéressée du
sujet neurisable ail été préalablement anesthésiée.
La partie du corps du
sujet neurisateeur qui se prête le mieux à
ce genre d'expériences est l'un ou l'autre des membres supé
rieurs.XVIII. Si dans ces applications
faites avec l'une des mains (les doigts ou la paume de
la main), je ferme en quelque sorte le cir
cuit en posant l'autre main restée libre sur le front du sujet, soit par sa face dorsale, soit par sa face
palmaire, le rire ou les gémisments provoqués cessent aussitôt.
XIX. Un agent
intermédiaire préneurisé ou non par les doigts ne donne lieu à
aucune réaction.
XX. Un agent
intermédiaire préneurïsé par le souffle et dirigé
par voie directe ou réfléchie sur un point du corps du sujet même non anesthésie préalablement
provoque le rire ou la gaieté, sui
vant la région visée.
XXI. Les radiations
digitales directes agissent comme les applications digitales palmaires.
XXII. Chaque faisceau derayons digitaux estcomposéderayons dorsaux ou antérieurs et de rayons
palmaires ou postérieurs.
Les rayons dorsaux agissent comme les
applications digitales dorsales et les rayons palmaires commes les applications
digitales palmaires.
La réunion des rayons dorsaux et palmaires
agit comme les rayons palmaires.
XXIII Des passes
transversales faites en regard d'une région préhyperesthésiée ont déterminé la contraction des
muscles de la région. La préhyperesthésie a joué ici le même rôle que la
préanesthesie.
XXIV. Au point de vue des
modifications de Iasensibilité, toute neurisation intéressant une
région préhyperesthésiée provoque l'exagération de celle hyperesthésie suivie ou non de l'attaque
hyperesthésique.
PLACE
QU'OCCUPE LE SOMMEILDANS I.A
SÉRIE DBS PHÉNOMÉNES NEURIQUESPROVOQUES
Le
sommeil neurique est le dernier terme de in série des phenomenes
provoqués parla neurisation anesthésiante,
comme l'ataque convulsive dite du petit veau est la
dernière et la plus liante expression des effets
provoqués par la neurisation hyperesthésiante.
DE L'EMPLOI METHODIQUE DE LA NEURICITE RAYONNANTE ET
CIRCULANTE POUR LA PRODUCTION DU SOMMEIL NEURIQUE
D'autre
part, la neurisation anesthésiante et subséquemment hypnotisante
comporte l'emploi méthodique des deux modalités principales de la neuricité qui
sont : 1 la neuricité ou force neurique rayonnante, représentant sous forme de
rayons (a portion extériorisé!!delà neuricité;
2 laneuricite circulante qui représente sous forme de
courants la portion de la neuricité retenue dans le corps.
PROCÉDÉS POUR
PROVOQUER LE SOMMEIL
NEURIQUE
Les
procédés qui m'ont permis d'utiliser les rayons et les courants neuriques pour
provoquer l'anesthésie et le sommeil ont été exposés précédemment avec tous les
développements qu'ils comportaient. .Je me bornerai â les
rappeler très sommairement.
Ce sont :
1 Les
radiations digitales et oculaires fixes avec ou sans agents intermédiaires,
directes, réfléchies, réfractées ou traversant des
obstacles
divers, et intéressant les nerfs de sensibilité générale et spéciale du sujet
neurisable ;
2* Les radiations digitales
mobiles ou passes faites en sens inverse
de lu distribution des nerfs, en regard des faces postérointernes des
membres supérieurs et des faces postérieures des membres inférieurs; et faitesdans
le sens de la direction desnerfs
en regard de toutes les autres régions du corps du sujet neurisable ;
8' La préhension des mains;
4*
Les applications digitales sur le trajet ou sur le point d'émergence de certains nerfs
importants;
5°
L'opposition d'un courant neurique, propre ou transmis à un agent
intermédiaire, à des nerfs sensitifs du sujet neurisable se distribuant
dans le même sens que ce courant (exception faite encore
pour les nerfs sensitifs de la face postérieure des membres).
TEMPS NECESSAIRE POUR
PROVOQUER LE SOMMEIL NEURIQUE
Le
temps nécessaire pour amener le sommeil neurique a été assez
variable, il était subordonné au procédé de neurisation et surtout à la
sensibilité neurique de la jeune fille; et cette
sensibilité neurique était d'autant plus grande que l'on se
trouvait plus rapproché du début de la maladie, et que la
neurisation était pratiquée plus souvent.
On
peut dire d'une manière générale que ce temps a varié de une,
deux ou trois secondes à quatre ou cinq minutes, et rarement plus.
SYMPTOMES DU DEBUT DU SOMMEIL NEURIQUE
Lorsque
le sommeil survenait graduellement, il s'annonçait par de lu
lassitude, le besoin de dormir, un certain de degré de vertige, la lourdeur des paupières,
et leur abaissement graduel, enfin par
l'affaissement du sujet sur lui-même et la résolution des membres comme
dans le sommeil ordinaire.
Lorsque le sommeil
survenait brusquement, l'affaissement du corps suivait de très près les
autres symptômes et la malade avait a peine le temps de s'en rendre compte.
Parfois le
sommeil neurique survenait spontanément. SOMMEIL CONFIRME
A partier de ce moment la malade restait étrangère à
tout ce qui se passait autour d'elle, ne
sentait rien, ne voyait rien et n'entendait rien, à moins que ce
fat le son de ma voix, et encore dans certaines conditions
particulières.
CARACTERES DU SOMMEIL NEURIQUE
Conditions préliminaires. Le sommeil neurique confirmé, qu'il ail été provoqué ou spontané, présente des
caractères propres qui permettent de lui assigner une place apart
dans les troubles du système
nerveux, en le distinguant du sommeil ordinaire, et de déterminer
à quel degré il est parvenu.
DEGRES DIVERS du sommeil NEURIQUE
Le sommeil neurique est en'effet plus ou moins léger et plus ou moins
profond.
A la suite de
nombreuses et patientes observations j'ai pu distinguer en lui plusieurs degrés se caractérisant
chacun par des phénomènes propres.
Division du sommeil neurique en degrés, J'ai donc divisé le sommeil neurique :
1 En sommeil
du premier degré (premier degré du sommeil);
2 En sommeil du deuxième degrê (deuxième
degré du sommeil);
3 En sommeil
proprement dit ou complet (troisième degré);
4 En sommeil comateux ou coma
neurique qui est le sommeil complet profond (quatrième degré).
PASSAGE
SUCCESSIF DU. AUX 2 ET 4 DEGRES DU SOMMEIL NEU-RIQUE PAR LA NEURISATION HYPNOTISANTE PROLONGÉE
Lorsque je neurisais lamalade pur
les pratiques anesthésiantes elle tombait
tantôt dans le premier degré, tantôt dans le deuxième degré,
tantôt dans le troisième degré. Cela dépendait de la durée de la neurisation. Plus la neurisation était
prolongée, plus le sommeil était profond, et nu fur et à mesure
que j'agissais pour rendormir, elle passait successivement par le premier, le
deuxième et lu troisième degré jusqu'au coma.
PASSAGE
OU 4 AUX 3,2 ET 1 DEGRES DU SOMMEIL
NEURIQUE
ET ENSUITE A L'ÉTAT DE
VEILLE
l'Ail
LA NEURISATION RÉVEILLANTE PROLONGEE
De même
lorsque je voulais la réveiller, le temps employé pour cela faire était d'autant plus long que te
sommeil était plus protond. Si elle se trouvait alors dans le sommeil
comateux, au fur et à mesure que
j'agissais dans le but de la réveiller, elle passait successivement par
le troisième, le deuxième et le premier degré du sommeil,
ETUDE DES DIVERSES PHASES OU SOMMEIL. RENDUE POSSIBLE ET FACILE
PAR LES NEURISATIONS HYPNOTISANTE ET
REVEILLANTE PROLONGÉES
J'ai donc pu étudier
tout à mon aise les diverses phases du sommeil neurique, soit par l'emploi graduellement
persistant de ta neurisation anesthésiante
et par conséquent hypnotisante, lorsque je me proposais de faire passer la
malade de l'étal de veille à l'état de sommeil, soit par l'emploi
de la neurisation hyperesthésiante et
conséquemment réveillante, lorsqu'au contraire j'avais pour but
de faire passer lajeune fille de l'état do sommeil à l'état
de veille;
Par cette double
opération j'établissais un contrôle mutuel entre les résultats obtenus dans un sens et ceux obtenus
dans l'autre sens, et aucune phase du sommeil, ayant des caractères
propres et fut-elle très transitoire,
ne pouvait échapper a mon observation.
En d'autres tenues
j'ai pu ainsi explorer le champ du sommeil neurique dans tous les sens, de
manière à ne laisser dans l'ombre, ou inexplorée, aucune de ses parties.
PROCEDE HABITUEL POUR ENDORMiR
GRADUELEMENT
Le procédé dont je me suis servi le pins
souvent pour endormir graduellementet de plus en plus profondément le sujet est la préhension des mains
pulpe contre pulpe.
PROCEDE HABITUEL POUR
REVEILLER GRADUELLEMENT
Le procédé auquel
j'ai eu recours uniquement pour déterminer graduellement le réveil
complet du sujet a été l'application répétée d'un doigt alternativement sur chaque
tempe.
REMARQUES AU
SUJET DE PROCEDE HABITUEL POURl
RÉVEILLER GRADUELLEMNT
J'ai ainsi procédé avec un seul doigt en
vertu du raisonnement suivant, que les faits ont complètement justifié.
Je savais que l'application alternative
sur les deux tempes de cinq doigts réunis en faisceau réveillait
complètement le sujet endormi, quel que fut le degré du sommeil dans
lequel il était plongé. Je pensai donc
qu'avec un seul doigt l'effet pour le réveil serait cinq fois moindre, environ, car il y
avait lieu de tenir compte de la différence du volume des doigts d'une
même main.
Je
m'assurai en effet que chaque manœuvre composée de trois
PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUE
DE
LA
FORCE NEURIQUE 307
applications avec un seul
doigt alternativement sur l'une et l'autre tempe diminuait la profondeur du sommeil d'environ
un degré, de telle manière que si la
malade se trouvait plongée dans le sommeil complet (troisième
degré), elle passait, après une première triple application digitale simple alternée,du troisième au
deuxième degré. Puis
après une autre application, du deuxième au premier degre et
après une troisième application, du premier degré du sommeil
au réveil complet.
REMARQUES AU
SUJET OU PROCEDE HABITUELPOUR ENDORMIR GRADUELLEMENT ET COMPARAISON DE PROCÉDÉ
AVEC L'AUTRE
Avec la préhension
des mains le fractionnement exact de l'hypnotisât ion est moins précis. La succession des
degrés de plus en plus avancés du sommeil ne peut être obtenue que par un
calcul approximatif de la durée de l'application des doigts. Le premier degre
est facile à obtenir, il suffit d'abandonner les mains du sujet
dés qu'on le voit près de s'endormir. Mais souvent l'action hypnotisante
continue malgré le retrait des mains et le sujet, après un court laps de
temps, peut passer dans le deuxième et dans le
troisième degré.
D'autre part le
procédé de la préhension des mains pour l'hyp-notisation graduelle a encore ce désavantage
d'engager les deux mains de l'opérateur, ce qui n'a pas lieu avec le procédé
des applications temporales alternes avec les
doigts, faites dans le but «le provoquer le réveil graduel.
COMBINAISON DES DEUX
PROCEDE POUR LA DÉTERMINAT10N ET
L'ETUDE DES DlVERS DEGRES DU SOMMEIL
Mais on comprend que par la combinaison
des deux procédés on puisse étudier
très complètement toute la série des phénomènes auxquels
peut donner lieu le sommeil neurique, depuis son premier degré jusqu'à son
quatrième, au delà duquel d'ailleurs nous n'avons pas cru
devoir essayer de parvenir.
Ainsi supposons que
je veuille étudier les caractères du deuxième degré du sommeil :
je commence par endormir la malade en prenant ses mains. Or il se trouve, par
exemple, que la neurisation. hypnotisante a dépassé le but que je voulais
atteindre parce qu'elle a été prolongée ou que le sommeil est devenu plus profond
de lui* méme. Au lieu
de déterminér le deuxième degré du sommeil, j'ai
provoqué le troisième. Pour ramener le sujet au deuxième degré du
sommeil, H me suffira alors de toucher légèrement avec un seul et meôme
doigt alternativement la tempe droite, la tempe gauche, puis de nouveau la
tempe droite.
Si alors je veux étudier le
troisième ou le quatrième degré du sommeil, j'y parviendrai en
prenant les mains du sujet dans les mien nos.
C'est une opération
qui consiste en quelque sorte tantôt a avancer, tantôt à reculer, de manière
à trouver la position exacte marquée d'avance ou mieux la position dans
laquelle certains phénomènes doivent
se produire. C'est, en d'autres termes, une sorte detâlonnement qui permet d'obtenir des résultats plus précis.
Tous ces préliminaires étant
posés nous devons aborder l'étude des caractères qui sont propres à chaque degré du sommeil neurique.
Nous ferons d'abord
l'énumération des phénomènes propres et caractéristiques de chaque degré du sommeil
neurique, nous en dresserons le tableau
comparatif, et nous consacrerons ensuite à chacun d'eux les
développements qu'il comporte.
RÉSUME DES PHÉNOMENS PROPRES A
CHAQUE DEGRÉ OU SOMMEIL NEURIQUE
PHÉNOMÈNES PROPRES
AU PREMIER DEGRÉ DU SOMMEIL NEURIQUE
1 Anesthésie et
analgésie générales de la peau, des tissus sous-jacenis, et des muqueuses accessibles.
2° Paupières
fermées ou entr'ouvertes.
3° Pupille
dilatée,mobilité ou immobilité de l'iris,sensibilité conservée ou à
peinediminuée de la cornée et de la sclérotique.
4° Abolition absolue de la vue.
5°impressionnabilité inconsciente de la
rétine a l'égard des images, et possibilité de faire reproduire au sujet toutes
les attitudes prises devant lui, par simple
suggestion ou imitation,
6° Abolition de l'odorat.
7° Abolition de l'ouïe a l'égard de
tous les sons, de tous les bruits, et a l'égard de la voix de tout le monde.
8° Conservation de
l'ouïe a l'égard de la voix du sujet neurisateur.
Abolition de l'ome à l'égard de la
voix du sujet neurisateur si celui-ci
soulève les paupières du sujet neurisé, et simple affaiblissement de l'ouïe si une seule paupière
est soulevée.
Conservation de
l'ouïe à l'égard d'un son produit par un instrument (un piano par
exemple) mis en communication avec le sujet neurisé par l'intermédiaire
du sujet neurisateur.
9° Possibilité de
déterminer l'etat cataleptique nettement caractérisé de tous les muselés du corps.
10° Possibilité de tétaniser n'importe
quel muscle du corps.
11° Possibilité de provoquer la
contraction des divers muscles de la face, de provoquer ainsi à
volonté tous les jeux de physionomie possibles, et coincidemment ou à
la suite les impressions cérébrales qui y correspondent, au moyen des passes
digitales distantes ou appliquées faites dam le sens apparent de la
contraction de ces muscles.
12°
Possibilité d'attirer les membres du sujet ou le sujet lui-même
par des passes attractives et de les repousser par des passes répulsives.
13° Par des applications
digitales palmaires, par des radiations digitales, oculaires et pneumiques directes et
réfléchies, par des radiations digitales
palmaires réfractées parle prisme (radiations du segment palmaire du spectre neurique, Voy, fig. 74) par des radiations
oculaires et pneumiques réfractées par le prisme et
appartenant à
l'un ou à l'autre des deux segments du spectre neurique, possibilité
do provoquer le rire et la gaieté si elles intéressent un point quelconque de la
section antérieure du corps (exception faite de lu moitié inférieure de ta
face, des cinq sixièmes inférieurs du pavillon dos oreilles, et aussi de la région mastoïdienne des deux côtés, toutes régions dont la
réaction est neutre); et possibilité
de provoquer l'ennui, la tristesse ou les pleurs si elles intéressent
un point quelconque de la section postérieure du corps y compris le sixième supérieur du pavillon
des oreilles (Voy. fig. 74, 75 et 70).
14° Par des applications digitales dorsales,
par des radiations digitales dorsales
directes et réfractées par le prisme, possibilité de provoquer les pleurst
l'ennui ou la tristesse, si elles intéressent un point quelconque de la
section antérieure du corps (exception
faite delà moitié inférieure de la face» des cinq sixièmes inférieurs
du pavillon des oreilles, et de la région mastoidienne des deux côtés, toutes
régions dont la réaction est neutre) ; et possibilité de provoquer le rire
et la gaieté si elles intéressent un point quelconque de la section
postérieure du corps y compris le sixième
supérieur du pavillon des oreilles (Voy. fig. 74, 75 et 7G).
15° Possibilité de
provoquer la parole par l'application d'un ou do plusieurs doigts sur les tempes, les bosses
frontales, les apophyses mastoides et le dos des mains, avec idées gaies si
l'application est faite par la face
palmaire, et idées tristes si elle est faite par la face dorsale.
16° Obscurcissement
mais non abolition de la conscience (son sation de fatigue, de sommeil ou non sommeil
exprimée).
47° Possibilité de
provoquer le besoin de dormir par lapréhension des mains.
18° Possibilité de
certains troubles nerveux éprouvés par la malade tels que frissons, tremblements, secousses
musculaires, mouvements désordonnés, et
possibilité de les faire cesser par la préhension des mains.
19° Possibilité de la déambulation.
20° Possibilité des rêves.
21°Ppossibilité do réveiller l'un dos
hémisphères cérébraux et
Fig.
75. Section anterieuro du carps (en blanc) dont l'incitation neurique
provoque le rire et la gaiolé dans le premier degré du
sommeil neurique et loi gémissements et la
tristesse dans te deuxième, degré. Main droite on pronation et main
gauche en supination.
par
cela même la moitié opposée du corps en soufflant sur l'œil opposé
à cet hémisphère.
22° Possibilité do
ne réveiller que le sens de l'ouïe.
Fig.
76. Section postérieure du corps (ombrée) dont l'incitation neurique provoque
le
rira et la gaieté dans le premier degré du sommeil et les gémissements et la
tristesse dans le deuxième degré. Main droite en pronation et main gauche
en supination.
23° Possibilité
d'arrêter les mouvements désordonnés des mains
on soufflant
vigoureusement sur elles de manière à en rendre les mouvements douloureux (myosalgie?).
24* Possibilité de provoquer la crise dite
du petit veau en souillant légèrement et longuement sur un point
quelconque du corps.
25°
Possibilité de réveiller le sujet par des passes devant la figure (moitié
inférieure) pourvu qu'elles soient ascendantes.
PASSAGE DU1 AU 2 DEGRÉ OU SOMMEIL
NEURIQUE
Indécision dans les réactions provoquées.
»
PHENOMENES PROPRES AU
DEUXIÈME DEGRE DU
SOMMEIL NEURIQUE
1° Anesthésie et
analgésie générales de la peau, des tissus sous-jacents à la peau et des muqueuses
accessibles.
2°
Paupières fermées ou entrouvertes.
3° Pupille dilatée
{?).Mobilité ou immobilité de l'iris.Sensibilité légèrement diminuée de la cornée et de la
sclérotique.
4° Abolition apparente de la vue.
5° Impressionnabilité inconsciente de la
rétine & l'égard des images. Possibilité de faire répéter au sujet toutes
les altitudes prises devant lui, par simple suggestion ou imitation.
6° Abolition de l'odorat.
7°
Abolition de l'ouïe à l'égard de tous les sons, de tous les bruits,
et a regard de la voix de tout le monde.
8° Conservation de l'ouien l'égard de la voix du
sujet neurisateur.
Abolition de Toute
à l'égard de la voix du sujet neurîsateur si celui-ci soulève les deux
paupières du sujet neurisé, et simple affaiblissement de la vue si une
seule paupière est soulevée.
Conservation de l'ouïe à l'égard d'un son
produit par un objet
mis en communication avec le sujet neurisé par l'intermédiaire du sujet
neurisateur.
9° Possibilité de déterminer l'état
cataleptique de tous les muscles du corps, mais d'une manière
incomplète,
10° Impossibilité de tétaniser les muscles par aucun
moyen.
14° Possibilité de
provoquer la contraction des divers musclés de la face, de provoquer ainsi tous
les jeux de physionomie possibles, et coïncidemment les impressions
cérébrales qui y correspondent, par des passes digitales distantes ou appliquées faites dans le
sens contraire apparent de la contraction de ces muscles,
12° Possibilité d'attirer les membres
seulement par des passes répulsives et de les éloigner seulement par des passes
attractives.
13* Par des
applications digitales palmaires, par des radiations digitales oculaires
et pneumiques directes et réfléchies, par tes radiations digitales palmaires du
spectre neurique (Voy. fig. 77), par les radiations oculaires et pneumiques des
deux segments du spectre
neurique, possibilité de provoquer l'ennui ou la tristesse si elles
intéressent un point quelconque de la section antérieure du corps (exception
faite de la moitié inférieure de la face, des cinq sixièmes inférieurs
du pavillon des oreilles et de la région mastoïdienne,
dont la réaction est neutre) ; et possibilité de provoquer le rire et
la gaieté, si elles intéressent un point quelconque de la section
postérieure du corps y compris le sixième supérieur du pavillon des oreilles mais exception faite de
la zone dite neutre post-cervicale (Voy. fig. 75,76 et 77).
44° Par des applications digitales dorsales,
par des radiations digitales dorsales
directes et réfractées parle prisme (Voy. fig. 77), possibilité de
provoquer le rire et la gaieté, si elles intéressent un point quelconque de la section antérieure du
corps (exception faite de la
moitié inférieure de la face, des cinq sixièmes inférieurs du pavillon des oreilles et de la région
mastoïdienne, dont la réaction est neutre) ; et possibilité de
provoquer l'ennui ou la tristesse, si elles intéressent un point
quelconque de la section postérieure du corps,
y compris le sixième
supérieur du pavillon des oreilles mais exception faite de la zone dite
post-cervicale (Voy. fig. 75,76et 77).
15° Possibilité do
provoquer la parole par l'application d'un ou de plusieurs doigts sur l'une ou l'autre apophyse
mastoïde, l'occiput, la nuque et le
haut du rachis ; avec idées gaies si l'application est faite par la face palmaire, et idées tristes
si elle est faite par la l'ace
dorsale. L'expression de la gaieté ou de la tristesse domine la parole.16° Obscurcissement mais
non abolition complète de la conscience.
17° Possibilité de provoquer le besoin de
dormir par la préhension des mains.
18° Possibilité de
certaines souffrances ou de troubles nerveux éprouvés par la malade ; et possibilité de les
faire cesser par la préhension des mains.
49° Possibilité
de ta déambulation.
20°
Possibilité des rêves.
24°
Possibilité do réveiller l'un des hémisphères cérébraux et par cela même
la moitié opposée du corps en soufflant sur l'œil opposé à cet
hémisphère.
22° Possibilité de ne réveiller que le sens
de l'ouïe.
28° Possibilité d'arrêter
les mouvements désordonnés des mains en soufflant vigoureusement sur elles de
manière a en rendre les mouvements douloureux (myosalgie?).
24° Possibilité de
provoquer la crise dite du petit veau en soufflant légèrement et longuement sur
un point du corps.
25°
Possibilité de réveiller le sujet par des passes devant la figure (moitié
inférieure) pourvu qu'elles soient descendantes.
PHENOMENES PROPRES AU TROISIEME
DEGRÊ DU SOMMEIL NEURIQUE,
OU S0MMEIL COMPLET
1°
Anesthésie et analgésie générales de la peau et des tissus sous-jacents, et des
muqueuses accessibles. 2°
Paupières fermées. 3° Mobilité de
l'iris quand on approche brusquement une lumière
après l'avoir
soigneusement cachée. Notable diminution de la sensibilite de la cornée et do
la sclérotique; mais possibilité par cette exploration de provoquer de la douleur dans
l'œil. Sensibilité de l'œil
à l'examen ophthalmoscopique. A l'ophthalimoscope état turgidedes veines rétiniennes.
4°
Abolition apparente de la vue.
5° Aucune
impressionnabilité de la rétine. Impossibilité de faire reproduire au sujet par simple suggestion
ou imitation les attitudes prises devant lui.
6° Abolition de l'odorat.
8° Abolition do
l'ouïe môme à l'égard de la voix du sujet neurisateur à moins que celui-ci ne
répète plusieurs fois et avec insistance ses questions.
9° Impossibilité de
déterminer l'état cataleptique des muscles. Les membres soulevés et abandonnés
retombent flasques.
10° Impossibilité de provoquer la
contracture ou tétanisation des muscles.
11°
Impossibilité de provoquer la contracture des muscles de l'expression faciale
par les mêmes procédés.
12° Impossibilité de
provoquer aucun mouvement d'attraction ou de répulsion.
13° et 14° Impossibilité de provoquer le
rire ou la tristesse.
15° Impossibilité de
provoquer la parole par des applications digitales sur l'une ou l'autre tempe
ou sur les deux à la fois. Mais possibilité de la provoquer par des applications
digitales sur les apophyses mastoides séparément ou simultanément.
16°
Abolition de la conscience (?).
17° Le sommeil étant complet,
impossibilité do provoquer le besoin de dormir.
18° Cessation de toutes souffrances ou de
tous troubles nerveux. Possibilité de provoquer des douleurs (inconscientes)
le long des troncs nerveux accessibles, par des applications digitales.
19° Possibilité de mouvements spontanés.
Possibilité pour le sujet de rester assis ou debout, et même de marcher,
mais avec
l'attitude d'une personne fatiguée et somnolente,
si on vient à le soulever et & l'aider, soit pour rester assis ou
debout, soit pour se déplacer et marcher.
20° Possibilité des raves.
21° Possibilité de réveiller l'un des
hémisphères cérébraux et par cela
même la moitié opposée du corps en soufflant sur l'oeil opposé
à ces hémisphères.
22° Possibilité de ne réveiller que le sens
de Toute.
23° Cessation de tous mouvements désordonnés..*
24° Possibilité de provoquer la crise du petit veau parle souffle.
25° Possibilité de
réveiller le sujet par des passes faites devant la figure (moitié inférieure)
pourvu qu'elles soient ascendantes.
SOMMEIL NEURIQUE COMATEUX
1° Respiration
profonde, bruyante, plaintive, parfois assez fréquente.
2° Possibilité de
rendre la respiration calme, non bruyante, en touchant légèrement
et alternativement les deux tempes.
3° Même état des pupilles.
4° Possibilité de
réveiller l'ouïe, et de provoquer alors la parole par des questions.
Parmi les
phénomènes qui sont propres à chacun des trois degrés du sommeil neurique, il en est qui sont
communs a ces trois degrés et d'autres qui
sont spéciaux à chacun d'eux.
D'où il résulte
que les trois phases du sommeil comparées entre elles présentent des
phénomènes communs et d'autres différentiels. Nous avons pensé que le meilleur moyen de
bien mettre en relief les phénomènes
caractéristiques de chaque degré du sommeil consistait à dresser un tableau comparatif de tous ces mêmes
phénomènes.
PHÉNOMÈNES
CARACTÊRISTIQUES DES DIVERS
DEGRES DU SOMMEIL, LES PLUS
UTILES A CONNAITRE
Les
phénomènes dont les conditions variables de manifestation sont les plus utiles
a connaître pour la détermination exacte du degré du sommeil sont ; 1° la catalepsie; 2° les réactions gale ou triste; 3° la contraction des muscles dela face;4°l'attraction ou la répulsion; 5° le réveil parles passes.
Ainsi le premier
degré du sommeil neurique est essentiellement caractérisé :
1° Par la possibilité de lacataleptisation
complète des membres;
2° Par les réactions
gaie antérieure et triste postérieure, sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du
doigt;
3°
Par la contraction des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le
sens apparent de cette contraction;
4° Par l'attraction et la répulsion
positives;
5°Par le réveil obtenu
au moyen de passes ascendantes devant la figure.
Le deuxième degré du sommeil est
essentiellement caractérisé :
1°Par la
possibilité de la cataleptisation mais faibleet de courte durée;
2° Par la réaction triste antérieure et
gaie postérieure sous la pression de la
face palmaire de l'extrémité du doigt;
3° Par la contraction des muscles de la
face obtenue par des passes faites dans le
sens inverse apparent de celle contraction;
4° Par
l'attraction et la répulsion négatives;
5° Par le réveil
obtenu au moyen depasses descendantes devant la figure.
Le troisième degré du sommeil ou
sommeil complet est essentiellement caractérisé :
l°Par la flaccidité
complète des membres qui soulevés et abandonnés à leur propre poids retombent
inertes;
2° Par l'absence de
toute réaction gaie ou triste sous la pression du doigt;
3° Par l'absence do
toute contraction sous l'influence des passes;
4° Par l'absence de
tout mouvement d'attraction et de répulsion sous t'influence des passes
perpendiculaires centrifuges et centripètes;
5° Par le réveil obtenu au moyen de passes ascendantes.
DÉTERMINATION FACILE
ET RAPIDE OU
DEGRÉ DU SOMMEIL PAR LA RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE
Les phénomènes qui, par leur mode
de production, leur existence ou leur
absence même, caractérisent le mieux chaque degré du sommeil neurique sont le rire ou la gaieté et
ta tristesse.
Dans le premier degré du sommeil la
section antérieure du corps, touché par la
face palmaire de l'extrémité du doigt, réagit par la gaieté et la section
postérieure par la tristesse.
L'inverse a lieu dans le deuxième degré du
sommeil.
Dans le troisième degré il ne se
produit aucune réaction sous la pression du doigt, qu'elle intéresse la section
antérieure ou la section postérieure du corps.
Muni de ces données, et la malade étant
endormie, il m'était toujours facile de savoir dans quel degré de sommeil elle
se trouvait; il me suffisait de poser l'extrémité
de mon doigt indicateur, par sa face palmaire, sur un point quelconque
facilement accessible de la section
antérieure du corps, le milieu du dos de la main, le front, etc., par
exemple. Si la jeune fille riait, partait gaiement,
cela m'indiquait qu'elle était dans le premier degré du sommeil ; si, au contraire, elle pleurait,
geignait tristement, je savais alors qu'elle était dans le
deuxième degré, si enfin elle ne réagissait
ni par le rire ni par la tristesse j'avais la preuve qu'elle était
plongée dans le sommeil complet.
Ilm'était ensuite facile de compléter mes
renseignements et de contrôler
la valeur de ces premières indications, en cherchant à provoquer la catalepsie, la contraction des
muscles de la face, l'attraction ou la répulsion des membres, etc., etc.
ETUDE SPÉCIALE DE CHACUN DES PHENOMENES,
OUI CARACTERISENT
LES DIVERS DEGRES DU SOMMEIL NEURIQUE
ÉTAT DE LA SENSIBILITÉ GÉNÉRALE
1° ANESTHESIE ET ANALGÉSIE GÉNÉRALES DE LA PEAU, DES TISSUS
SOUS-JACENTS ET DES
MUQUEUSES ACCESSIBLES
Lorsque le sujet est dans le sommeil
neurique, et quel que soit le degré de ce sommeil on peut toucher, frôler,
frotter, presser, pincer, piquer, transpercer la peau, atteindre ainsi
même des tissus profonds sans que le
sujet neurisé accuse la moindre sensation,
la moindre douleur soit par le geste, soit par la parole. Il ne sent
rien.
J'ai fait des
applications de corps froids sur la peau : méme insensibilité.
Les muqueuses
accessibles, muqueuse des lèvres, de la bouche, du nez et des conjonctives sont de
même insensibles.
Il convient de faire
remarquer que la sclérotique et la cornée n'ont jamais perdu leur sensibilité dans les trois
degrés du sommeil neurique. La sensibilité
de ces organes n'était qu'affaiblie, et
cet affaiblissement augmentait avec la profondeur ou les phases plus
avancées du sommeil.
Bien qu'il ne fut pas possible de
provoquer chez le sujet des manifestations d'une impression sentie, sur la peau
et les muqueuses accessibles eu général, la sclérotique et la cornée exceptées,
il m'a semblé plusieurs fois qu'il était capable d'avoir la notion des
résistances tout au moins dans le premier degré du sommeil; car si en marchant elle rencontrait un obstacle elle l'évitait tantôt après l'avoir heurté,
tantôt avant, ce qui semblerait prouver,
par parenthèse, que la vision n'était pas complètement abolie.
ÉTAT DE
LA SENSIBILITÉ SPÉCIALE,
ET DES ORGANES QUI Y
PRÉSIDENT. ÉTAT DES YEUX ET DE LA VUE
a) PAUPIÈRES 2° PAUPIERES FERMEES OU ENTR'OUVERTES
Généralement les
paupières étaient closes, parfois elles étaient entr'ouvertes d'une manière visible.
Mais lors môme qu'elles paraissaient
closes il existait toujours un petit écart entre leurs bords qui permettait
à la rétine d'être impressionnée par les objets extérieurs.
On peut dire d'une
manière générale que, au fur et à mesure que le sommeil devenait plus profond, ce léger
écart des paupière tendait à disparaître.
Dans les crises
hyperesthésiques les yeux étaient généralement entr'ouverts et parfois grands ouverts tantôt sans
expression comme des yeux amaurotiques tantôt avec l'expression de la terreur.
b) PUPILLES
3° ETAT DES PUPILLES SENSIBILITÉ DE LA CORNÉE ET DE LA SCLEROTIQUE
L'état des pupilles a varié. Je les
ai trouvées dilatées dans le premier degré, et variables dans les autres
degrés.
Leur mobilité était tantôt conservée mais
difficile à provoquer parfois, par
exemple dans le troisième degré. Elle était nulle quelquefois.
c) CORNÉE ET SCLÉROTIQUE
En
résumé mobilité et dilatation variables de la pupille. Sur la sensibilité de la
cornée et de la sclérotique nous nous sommes expliqués plus haut
(p. 386).
d) RÉTINE 4° ABOLITION
APPARENTE DE LA VUE
La malade ne regardait rien ni personne. Sa
vue ne seposait
sur aucun objet, sur aucune
personne, tout lui semblait indiffèrent ainsi qu'à un
aveugle, môme lorsqu'on prenait la précaution do soulever tes paupières.
Si on venait alors
à faire passer devant ses yeux un objet quelconque, même une vive
lumière, ses paupières n'éprouvaient pas le moindre tressaillement» les globes oculaires demeuraient immobiles,
la tête ne se mouvait dans aucun sens. En un mot il ne se produisait aucun mouvement qui pût indiquer
qu'une impression visuelle était ressentie.
Et pourtant les
impressions produites sur la rétine étaient conduites au cerveau.
Nous avons dit, en
effet, ci-dessus, que dans la déambulatlion, surtout dans le premier degré du
sommeil elle évitait souvent les obstacles qui barraient son chemin, quoique les
paupières fussent baissées.
e) RETINE 5° IMPRESSIONNABILITÉ
INCONSCIENTE DE LA RETINE
La rétine restait
donc impressionnable dans le sommeil neurique et les impressions qu'elle
recevait étaient transmises au cerveau, mais celui-ci n'en avait pas ou semblait ne pas en
avoir conscience. La jeune fille semblait obéira ses instincts-naturels.
Les expériences qui
suivent, tout en s'accordant pour démontrer la réalité de l'impressionnabililé de la rétine et
de sa transmission au cerveau, ont été contradictoires pour prouver l'inconscience absolue du sujet et la nécessité d'une
impression préalable sur la rétine pour l'imitation forcée de certains
gestes faits ou
de certaines attitudes prises en sa
présence par le sujet neurisateur.
IMITATION
FORCÉE PAR LE SUJET NEURISE DES GESTES FAITS OU DES ATTITUDES PRISES PAR LE
SUJET NEURISATEUR
AU
SUJET DE L'INCONSCIENCE DU SUJET DURANT
CETTE IMITATION
ET DE LA NÉCESSITÉ D'UNE
IMPRESSION PREALABLE SUR
LA RÉTINE POUR QUE CETTE
IMITATION AIT LIEU
Les premières expériences Turent
faites dans l'état de veille avec anesthésie préalable du bras qui devait
imiter, malgré la volonté de ta malade, les mouvements où les attitudes
particulières du mien. Il en est question a la page 356.
Vers ta fin de cette
expérience, qui me démontrait nettement que le sujet, malgré sa volonté
contraire, était forcé de m'imiter, la jeune fille s'endormit, a la
suite, probablement, de la diffusion dans les centres de l'anesthésie que
j'avais provoquée dans un de ses bras. Elle était dans le premier degré du sommeil, car
je pus la faire se relever de la position assise dans laquelle elle était, par
des passes attractives.
Placé devant elle toujours endormie (1 degré), je
fis certains mouvements avec l'un do mes bras, et lui fis prendre certaines attitudes qu'elle répétait exactement, mais tout
à fait malgré sa volonté. Elle résistait, se déballait en quelque
sorte, cachait instinctivement sa main,
protestait à haute voix. Cette résistance au besoin impérieux de
m'imiter qui s'emparait d'elle commençait par
une sorte de malaise et d'inquiétude, se traduisait ensuite par le dépit
dès qu'elle sentait que son bras se préparait à prendre la position
qu'avait le mien. Puis peu à peu elle s'exaltait, protestait par des non!
non! répétés, frappait autour d'elle, etc. Enfin son bras mu comme par un
ressort prenait la position exacte qu'avait
le mien et ses doigts se mouvaient exactement comme les miens. J'aivoulu ensuite lui bander les yeux pour
supprimer l'impres-
sion qui devait
avoir lieu sur la rétine, et essayer de lui faire répéter ainsi les divers mouvements de mon
bras et de ma main. Elle a voulu s'emparer du mouchoir que j'avais réussi
déjà à placer autour de sa
tête pour lui couvrir les yeux, mais visant ses bras avec mes
doigts je les immobilisai. J'immobilisai ses pieds par la même
manœuvre et je réussis alors a lui bander las yeux sans avoir éprouvé de
résistance '.
Or, avec les yeux bandés elle a refait
exactement avec son bras les mouvements que le mien exécutait et j'avais eu
soin de ne pas faire le même genre de mouvements que dans la précédente expérience dans laquelle les yeux n'étaient pas
bandés.
Mais bientôt la
liberté des mouvements lui étant revenue elle a enlevé de force le mouchoir qui couvrait sas doigts
et s'est montrée très en colère.
Aussitôt je fis au niveau du front et de la bouche quelques passes transversales centrifuges avec
mes deux mains et sa figure prit
l'expression du contentement. Le cerveau dut réagir dans le même sens car elle
exprima sa satisfaction par un « Ah ! » significatif.
Puis dès
qu'elle parut de nouveau devenir indocile, je l'immobilisai droite par des passes verticales
descendantes faites avec mes deux mains.
Je l'ai ensuite
faite asseoir sur un divan après lui avoir communique un peu de calme, et, pendant qu'elle
reposait sa tétesur le coussin
du divan, j'ai couvert ses yeux solidement et de très près, avec
deux mouchoirs plies en quatre et liés par les bouts derrière la tète. Puis j'ai par des passes
centrifuges attiré son bras pour le détacher du corps et pendant que ce bras
restait ainsi soulevé et étendu, j'ai ouvert successivementmes doigts
de diverses manières, et elle a répété exactement les mêmes
mouvements (9 novembre 1880).
n peu plus tard (13 novembre 1880) la
malade étant encore dans le premier degré
du sommeil neurique j'ai fuit placer un largo
1.
Celte résistance dlu sujet qui imptiqtique on apparence un état conscient
assois prononcé, n'est elle-même qu'un phénomène do
suggestion car dans l'état do veille je lui avais bien recommandé
do ne pas m'imiter, d'avoir une volonté a elle (Yoy. p. 350).
écran opaque devant ses yeux. Puis ayant
cataleptisé un de ses
bras je
l'ai placé dans la position horizontale la main entièrement
ouverte. J'ai alors placé mon bras dansune
position analogue et telle
que
l'écran pouvait empêcher ses rétines d'être impressionnées
par lui. Mais tandis que les doigts de sa main étaient tous
étendus, je maintenais
les miens fermés A l'exception du petit doigt. J'ai attendu assez longtemps dans cette position, mais la malade
n'a pas
fait prendre a ses doigts la position des miens, elle ne m'a
pas imité.
J'ai fait retirer alors
l'écran et dit à la jeune malade de regarder ma main, aux doigts do laquelle j'avais laissé
la même position. Après quatre ou cinq secondes j'ai fait replacer
l'écran comme précédemment, clj'ai attendu. Au
bout de dix à douze secondes peut-etre quinze, la main de la malade
(malgré sa volonté contraire rendue évidente par l'hésitation
éprouvée, et la lutte soutenue) a fait exécuter d'abord lentement puis
brusquement a ses doigts certains mouvements qui les ont placés exactement dans la
position des miens. Je m'assurai ensuite
par de nouvelles expériences que le mouvement imitatif avait lieu plus tôt si
je maintenais l'écran écarté.
Toutes les expériences ci-dessus exposées,
répétées dans le deuxième degré du
sommeil, ont donné les mêmes résultats généraux et contradictoires mais
avec beaucoup de lenteur et d'hésitation.
Dans le troisième degré du sommeil
elles ne donnaient aucun résultat.
REFLEXIONS AU SUJET
DE LA SUGGESTION' D'ACTES
Le principe de toutes
ces expériences sur l'imitation forcée consiste en réalité dans une suggestion d'actes.
Cette suggestion d'actes nous l'avons vue
suivie d'effets dans l'état de veille avec anesthésie préalable de la partie du
corps du sujet qui devait accomplir les
actes suggérés; nous la retrouvons réalisable et suivie d'effets dans l'état de
sommeil.
L'obéissance forcée du cerveau qui fait
imiter exactement les actes suggérés
passivement sans que la parole intervienne, est positive dans certains cas, et manque dans d'autres
et nous avons dit dans quelles conditions.
Ce que nous voulons
faire ressortir ici c'est que cette obéissance s'affaiblit jusqu'à
cesser au fur et à mesure que le sujet atteint un degré plus avancé du sommeil neurique.
Quant au fait de la
suggestion, nous ferons cette simple remarque : c'est que, aujourd'hui, si
la suggestion sert d'explication à beaucoup de phénomènes où évidemment elle
semble agir par elle-même, elle est
trop souvent invoquée encore comme explication de phénomènes qui
précisément ne dépendent pas d'elle. ' Il est certain qu'il faut
toujours tenir compte de la possibilité d'une
suggestion de parole, de geste, d'actes et l'avenir nous dira s'il fautaussi être sur
ses gardes au sujet de la suggestion de pensée.
Au moment où je commençais mes
recherches et pendant les deux périodes dans lesquelles je les continuai, il
était encore peu question de suggestion en
médecine, mais je n'ignorais pas que l'esprit imitatif des sujets en
expérience est quelquefois poussé très loin et qu'il faut toujours se
garder de toute parole, de tout mouvement de lèvre, de tout geste, de
toute attitude et de tout acte qui puissent leur faire deviner le genre de
préoccupation auquel on est en proie. Il
est des sujets qui ont pour la devination de l'objet des préoccupations de l'opérateur une disposition naturelle
très remarquable.
La jeune fille que
j'observais n'était pas douée en général et surtout dans l'état de
veille de cette exquise impressionnabilité qui est si fréquente chez es
personnes souffrant du môme mal.
EXPERIENCES
MONTRANT L'EXTRÊME IMPRESSIONNABILITÉ DU SUJET
DANS LE PREMIER DEGRÉ DU SOMMEIL
Un soir pourtant, le 8
novembre 1880, après une journée consacrée à de nombreuses
expériences elle se montra, dans le sommeil,
pour la
première et unique fois, douée d'une impressionnabilité vraiment étonnante.
Elle était dans le
premier degré du sommeil. Je commençai par diriger les doigts de l'une do mes mains vers te
plafond dans le but d'y faire réfléchir les
rayons neuriques de façon a leur faire atteindre ensuite la tête
de la jeune fille. Aussitôt elle se leva. Je visai ensuite avec mes
doigts la paroi de la chambre a laquelle elle tournait le dos : aussitôt elle
s'y appuya. Je visai de même d'autres parois et elle s'y porta. Si pendant qu'elle était
debout je visais de nouveau le plafond elle se redressait et s'élevait
même sur la pointe de ses pieds; si je visais le parquet elle se baissait
fléchissant ses genoux.
Évidemment elle
obéissait inconsciemment et malgré elle à mes gestes ou du moins a la
signification apparente de mes gestes.
Durant toutes ces
opérations je me trouvais tantôt à cinquante centimètres ou
un mètre de la jeune fille, tantôt & trois mètres environ.
Comme la jeune malade
avait les yeux ouverts et que malgré cela elle ne paraissait pas y voir, je voulais savoir
jusqu'à quel point une impression
même inconsciente sur la rétine pouvait intervenir dans la
production de tous ces phénomènes.
Par des passes
attractives et propulsives combinées, je fis lever la malade du divan sur lequel elle était assise et
la conduisis au milieu de la pièce.
Je me plaçai ensuite derrière elle, suffisamment éloigné pour
étre libre dans mes mouvements et assez près pour que je ne fusse pas
dans son champ visuel, elle obéit à tous les mouvements que je fis et
pendant lesquels j'avais le plus grand soin de ne faire aucun bruit. Je levais
la main, elle s'élevait sur la pointe de
ses pieds ; je la baissais elle se rapprochait du sol ; je la dirigeais en
avant elle se portait en avant, je la relirais elle revenait vers moi.
Le mouvement de se porter en avant ou en
arriére peut être interprété comme
étant sous la dépendance de passes attractives ou répulsives. Mais le mouvement
de se lever ou de se baisser ne peut
s'expliquer que par l'effet d'une singulière impressionnabilité
des tissus de la jeune fille, en dehors de toute
impression sur la rétine rendue d'ailleurs impossible.
Au moyen de passes attractives et
répulsives combinées je fis asseoir la
malade, toujours endormie, sur le divan pour qu'elle ne se fatiguât pas,
et restai debout devant elle.
J'eus alors l'idée de faire divers gestes.
Elle refit tous les plus petits mouvements que je faisais devant elle, bien que
ma figure fût dans l'ombre. Je remuais
mes doigts de diverses manières, elle répétait exactement et immédiatement ces mouvements. Je remuais la
tète, elle faisait de môme; je remuais les lèvres même
très faiblement, elle tes remuait à son tour de la même
manière. Je ne pourais faire aucun
mouvement sans qu'elle le répétât.
Elle avait les yeux
ouverts et pouvait m'entendre, car j'avais précédemment réveillé son ouïe par le
souffle, mais elle dormait réellement.
Ensuite j'étendis mes bras
horizontalement; elle hésita un moment. Elle
sembla lutter contre une volonté extérieure et supérieure à la sienne,
mais bientôt elle répéta les mêmes mouvements. Je comptai à
haute voix sur mes doigts et elle compta sur les siens avec une expression de
dépit comme si elle obéissait par contrainte.
Je refis quelques mouvements
imperceptibles avec mes lèvres et elle les répéta. J'avais pourtant, je
le répète, ma figure dans l'ombre.
Ma figure prenait-elle une expression de
sévérité, sa figure copiait la mienne. Comptais-je sur mes doigts sans parler
elle refaisait les memes mouvements qui consistaient à ouvrir successivement les doigts depuis le pouce
jusqu'à l'auriculaire.
L'ayant faite se
lever, je lui fis signe après d'aller s'asseoir, sans lui parler; elle
obéit. C'était un automate que je faisais mouvoir à volonté, sur un
petit signe, ou un geste en apparence insignifiant.
Pendant qu'elle
était de nouveau debout je me replaçai derrière elle et comptais sur mes doigs sans parler
ni remuer mes lèvres, elle compta sur ses doigts. Je dois reconnaître
que la répétition de ces mouvements quoique
positive et indéniable était moins par-
faite que lorsque je les faisais devant
ses yeux ou dans son champ visuel. Or, placé derrière elle, j'échappais
a son champ visuel.
J'ai noté que
certains gestes qu'elle répétait provoquaient chez elle certaines pensées on harmonie avec ces
gestes, et elle exprimait ces pensées par la parole.
J'ai noté aussi qu'elle mettait une grande
résistance arépéter mes mouvements et que souvent elle piétinait, se
révoltait, disait « Non !non ! »
Voulant me soustraire à sa présence
je me suis placé derrière la porte
du salon voisin. Là, j'ai fait quelques gestes mais ils n'ont pas
été répétés. Je me suis alors porté derrière la cloison qui me séparait du divan sur lequel elle était assise,
j'ai renouvelé quelques gestes mais aucun d'eux n'a était refait par la
jeune fille.
J'ai reparu dans la pièce où
elle était, et j'ai refait des gestes assez loin d'elle : elle les a exactement
répétés, non sans montrer de la résistance.
Puis comme elle
avait déclaré qu'elle était fatiguée, je l'ai réveillée et aussitôt je lui ai demandé si elle
était fatiguée : « Mais non, me
répondit-elle, je ne suis nullement fatiguée. Etes-vous bien réveillée? ai-je
ajouté. Mais oui », dit-elle aussitôt. En effet elle était parfaitement
réveillée à ce moment.
ÉTAT DE L'ODORAT 6 ABOLITION DE L'ODORAT
C'est un
phénomène commun aux trois degrés de l'hypnose neurique et dont la
constatation n'a donné lieu à aucune remarque particulière.
ÉTAT DE L'OUIE
7 ABOLITION DE L'OUÏE
A L'EGARD DE TOUS LES SONS,
DE TOUS LES
BRUITS
ET A L'ÉGARD DE LA VOIX DE
TOUT LE MONDE
Dans les divers degrés du sommeil la jeune
fille ne paraît impressionnée par aucun
son, par aucun bruit, ni par la voix de ses parents, de ses amis ou
connaissances, elle parait absolument sourde.
On fait du bruit autour d'elle, on joue du
piano, on cause à haute voix, on l'interroge, on la questionne, le chien
de la maison aboie, elle n'entend rien car
elle ne répond à aucune question, ne fait aucune observation, ni aucun mouvement, ne prend aucune expression de physionomie qui indique qu'elle
entend.
8 CONSERVATIONDE L'OUIE A L'EGARD DE LA VOIX DU SUJET NRURISATEUR
Mais si je lui
adresse la parole, elle me répond, dans le premier et le deuxième degré du sommeil. Dans
le troisième sommeil elle ne répond
pas tout d'abord, mais si je persiste à l'interroger, elle finit par me répondre. J'ai cru reconnaître qu'a ce
moment elle passait, probablement sous l'influence spéciale de ma voix,
du troisième degré au deuxième
degré du sommeil. Cette particularité indique encore tout au moins que
le troisième degré représente un état d'anesthésie plus avancé.
Elle répond donc à mes questions
tandis qu'elle ne répond à aucune de celles que lui font ses sœurs
ou sa mère ou ses amies. Ce contraste est frappant.
Je lui demande, par
exemple, si elle entend ses soeurs lui parler; elle dit qu'elle ne les entend pas, quelque
insistance que celles-ci mettent a se faire entendre. Elle demeure impassible.
Pendant
que je cause avec
elle, le chien de la maison aboie près d'elle fortement et à plusieurs reprises, «
Entendez-vous le chien aboyer? lui
dis-je.Non, je n'entends rien.Mais vous m'entendez bien? Oui. Vous me reconnaissez? Non I Qui
suis-je ? Je ne sais pas. »
Ainsi elle entend ma voix et ne la
reconnaît pas, mais je n'ai pas noté si
c'est dans le troisième degré plutôt que dans les autres.
Je crois pourtant me souvenir qu'elle a
quelquefois reconnu ma voix lorsqu'elle
était dans le premier degré du sommeil. Mais je ne puis affirmer que ce
que je retrouve dans mes notes, et celles-ci ne sont pas explicites sur ce
point.
Pouvant l'interroger
dans le sommeil, je me suis assuré qu'elle avait une certaine conscience
de son état actuel; elle savait qu'elle était endormie et qu'elle ne pouvait pas se
réveiller, bien qu'elle n'eût pas envie de dormir.
REMARQUES
Je me souviens
très bien que plus le sommeil était profond, plus je devais parler
à haute voix et répéter mes paroles pour être entendu par la malade,
ou en d'autres termes pour réveiller son ouïe.
En même temps que je réveillais
ainsi son ouïe, je crois avoir remarqué
que je diminuais la profondeur de son sommeil.
Gomment expliquer la
propriété qu'avait ma voix de réveiller l'ouïe de la malade? Je pense que les
ondulations sonores formées par la vibration de mes cordes vocales servaient
de moyen de propagation de la force neurique
pneumique,jusqu'àsesoreilles. De telle sorte que
lui parler équivalait à souffler dans ses oreilles.
CONSERVATION DE
L'OUÏE A L'EGARDDE LA VOIX
LORSQUE SES
PAUPIÈRES SONT ABAISSES ET ABOLITION DE L'OUÏS
LORSQU'ELLES
SONT RELEVÉES
Pendant qu'elle causait avec
moi comme si elle était éveillée, ses paupières étaient baissées. J'eus l'idée un
jour de les soulever
pendant que je
l'interrogeais et je m'aperçus qu'elle ne répondait plus, qu'elle Reparaissait
plus m'entendre Je tes laissai tomber et elle me répondit; je les relevai, de nouveau elle
garda le silence. Je répétai plusieurs fois
cette expérience le même jour et les jours suivants. Toujours
elle entendait lorsqu'elle avait les paupières abaissées, jamais elle m
m'entendait
lorsque je saulevais ses paupières et durant tout le temps que je les maintenais soulevées.
Si je ne soulevais
qu'une seule paupière elle ne m'entendait que tres faiblement.
CONSERVATIONDE
L'OUÏS A L'ÉGARD D'UN SON PRODUIT
PAR
UN OBJET MIS EN COMMUNICATION AVEC LE SUJET NEURISE
PAR L'INTERMEDIAIRE DU
SUJET NEURISATEUR
Ses sœurs
m'avaient raconté qu'un matin pendant que je sonnais à la porte et
qu'elle était dans son lit plongée dans le sommeil neurique, provoqué par moi
la veille et dont je constatai d'ailleurs la réalité, elle avait
spontanément annoncé qu'on avait cloché.
Un jour, pendant
qu'elle était dans le sommeil neurique, j'allai clocher à la porte,
mais je m'assurai qu'elle n'avait rien entendu.
J'eus l'idée alors de faire une autre expérience.
Pendant qu'elle se
trouvait dans le troisième degré du sommeil et au moment du passage au
deuxième degré, je questionnai la jeune malade et elle m'entendit. J'étais placé
entre mon sujet et un piano. D'une main je frappais sur les touches, mais la
jeune fille interrogée pour savoir si elle
entendait quelque chose répondit
négativement. Continuant à loucher du piano avec une main je posai
l'autre main restée libre sur le dos de la main de la jeune fille. Interrogée alors elle répondit que l'on
jouait du piano. Je relirai la main qui était en contact avec la sienne
et continuai à frapper sur les
touches, elle n'entendit rien. Je rétablis le contact et elle entendit. Je
répétai plusieurs fois cette manoeuvre et les résultats furent toujours
les mêmes.
Je me fis ensuite
remplacer par une de ses sœurs, mais l'expérience ne réussit pas.
Je plaçai sa sœur entre elle et moi.
D'une main elle touchait la main de sa sœur, de l'autre l'une de mes
mains; de mon côté avec la main qui me restait libre je frappais sur les
touches de piano. La malade n'entendit aucun son.
ÉTAT DE LA MOTILITÉ
9° POSSIBILITÉ OU
IMPOSSIBILITÉ DE DÉTERMINER L'ÉTAT CATALEPTIQUE DE N'IMPORTE
QUEL MUSCLE DU CORPS
Dans le premier degré
du sommeil neurique, les membres soulevés restent dans la
position dans laquelle on les abandonne.
Dans te
deuxième degré, ils retombent lentement.
Dans le
troisième degré, ils retombent inertes et flasques.
Cette disposition à l'état
cataleptique des muscles, complète dans
le premier degré, incomplète dans le deuxième et nulle dans le
troisième degré du sommeil neurique, se trouve mise en relief d'une manière frappante lorsque le sujet
passe successivement du premier au
deuxième et du deuxième au troisième degré du sommeil.
Ce passage d'un degré dans un autre était souvent spontané.
La jeune fille vient d'être
hypnoneurisée. Je soulève un de ses bras en le saisissant par son
extrémité, je l'abandonne par exemple dans la position horizontale. Il reste
dans celle position. A ce moment une application digitale palmaire sur le corps
du sujet provoque le rire si elle est faite sur un point quelconque de sa
section antérieure, et la tristesse si elle est faite sur un point quelconque
de sa section postérieure. En d'autres termes le sujet présente à ce moment une réaction antérieure gaie et une réaction
postérieure triste. Nous sommes dans le premier degré du sommeil. Mais
ensuite le bras commence à descendre et celle descente se fait
graduellement. A ce moment il y a réaction antérieure triste et postérieure
gaie; nous sommes dans le deuxième degré
de sommeil. Le bras finit par tomber inerte et flasque; à ce
moment
il n'y a plus de réaction gaie ou triste. Nous sommes dans le troisième
degré.
Mais touchons avec
un doigt alternativement l'une, puis l'autre tempo, puis de nouveau la première;
cela fait, avec l'autre main soulevons puis abandonnons l'un des bras de la
jeune fille, nous le verrons
descendre lentement. Touchons le dos de la main il y aura réaction triste. Puis, avant que le bras soit
descendu complètement, louchons de nouveau les tempes comme précédemment. Cela fait nous verrons les
caractères d'une cataleptisation complète. Cherchons le
genre de réactions : il y aura réaction gaie antérieure. Répétons alors les
applications digitales temporales alternes, nous assisterons au réveil complet
du sujet.
Pendant toute la série de ces opérations,
le sujet» on le voit, a passe par les trois phases du sommeil mais en sens
inverse, du troisième degré au réveil, en présentant dans chaque degré
des phénomènes réactionnels caractéristiques, et notamment ceux qui se rapportent à l'état cataleptique
des muscles.
J'ai pu aussi faire
passer la malade du troisième au deuxième degré du sommeil par l'emploi de passes
digitales.
La malade était
plongée dans le troisième degré du sommeil, je faisais des passes devant les yeux d'abord
ascendantes puis descendantes, Les paupières se relevaient, et les
yeux restaient ouverts. A ce moment les
membres qui, auparavant, retombaient inertes
lorsqu'après les avoir soulevées on les abandonnait à eux-mêmes, conservaient la position qu'on leur
donnait : ils pouvaient ètre cataleptisés (deuxième
degré).
Si ensuite les
paupières s'abaissaient d'elles-mêmes, la malade repassait dans le troisième degré
de sommeil, et, a ce moment, les membres
cataleptisés retombaient inertes, d'abord lentement, puis brusquement indiquant
le passage par le deuxième degré.
Mais si au lieu de
relever les paupières par des passes, dans le troisième degré du sommeil, je les
relevais avec mes doigts, la malade continuait son même sommeil. Il faut
donc conclure que ce n'est pas la lumière qui tendait à
réveiller précédemment la malade, mais l'influence des passes.
CATALEPTISATION DES
MUSCL.ES AUTRES QUE CEUX DES BRAS
Si au lieu d'agir seulement sur les
muscles des bras nous agissions sur
d'autres muscles, et même sur l'ensemble des muscles du corps les résultats seraient les
mêmes.
Exemple: La jeune fille est dans le
premier degré du sommeil, la tete et le corps inclinés dans une position
incommode. Saisissant la tête et le tronc entre mes deux mains je peux
leur Taire prendre et garder toutes les positions que je désire ou crois les meilleures. Le sujet est a l'état de mannequin
articulé.
10 POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITÉ DE CONTRACTURER OU TÉTANISER N'IMPORTE QUEL
MUSCLE OU CORPS
Par des passes
centrifuges j'ai pu déterminer la contracture ou la tétanisation de n'importe
quel muscle du corps aussi bien d'un seul muscle que de tousles muscles du corps, dans le premier degré du sommeil.
Dans le deuxième et le
troisième degré je n'ai réussi à provoquer la contracture
d'aucun muscle (1).
TÉTANISATlON GÉNÉRALE DU
CORPS
Les magnétiseurs ne
manquent jamais ou presque jamais, dans leurs séances, de provoquer cette
tétanisation générale des musles du corps. Ils l'appellent à tort catalepsie générale ou totale du corps. On peut, en effet, fléchir un membre
cataleptisé avec la plus grande facilité, mais si on tente de fléchir un
membre tétanisé, on
1. Je ne trouve pas noté que dans
le deuxième degré du sommeil j'aie fait en égard d'autres muscles que
ceux de laface des passes centripètes pour déterminer leur contraction
ou leur contracture.
oc fait
qu'exagérer sa rigidité. De même pour les autres régions ou pour tout
l'ensemble du corps.
Lorsque, dans le
premier et le deuxième degré du sommeil neurique, on a, par des passes générales descendantes
déterminé la tétanisation de tous les muscles, le corps présente la rigidité
d'un cadavre. C'est ainsi qu'on peut le soulever tout d'une pièce en le
saisissant par la tôle ou par les pieds ou par le milieu du corps. C'est ainsi encore qu'on peut le poser comme une
planche rigide entre deux chaises les pieds sur l'une et la téte sur l'autre.
Chez mon sujet, je me suis borné à
m'assurer à deux ou trois reprises au plus de la possibilité de celle
tétanisation générale; et j'ai eu bien soin de ne pas laisser cet état se
prolonger trop longtemps.
J'ai pu aussi déterminer
la contracture musculaire plus ou moins étendue par des radiations digitales
fixes, dans le premier degré du sommeil mais jamais dans le deuxième et le
troisième
degré. "
MOVENS
DE FAIRE CESSER LA TETANISATION DES MUSCLES
Pour rendre aux muscles leur souplesse, il
me suffisait ou de malaxer les muscles
contractures ou de souffler sur eux, ou encore de prendre les mains du
sujet dans les miennes. Pour hâter le retour
a l'étal de flaccidité je combinais souvent ces divers moyens, surtout
s'il s'agissait d'une tétanisation générale.
Si la tétanisation était partielle ou bien
j'approfondissais le sommeil par la
préhension des mains, ou bien je réveillais le sujet par des applications digitales temporales
alternes ou par le souffle.
PERSISTANCE
D'UNE TÉTANISATION SPONTANÉE MALGRELE
SOMMEIL PROVOQUÉ
J'ai vu persister
durant le sommeil (je n'en ai pas noté le degré) et après le réveil un
état tétanique de certains muscles qui s'était développé spontanément dans l'étal de veille.
Voici le fait auquel
il a été déjà fait allusion à propos de l'action résolutive dos
passes' attractives à l'égard de l'état tétanique des muscles.
La jeune fille
présentait depuis six heures un état tétanique des membres inférieurs et du tronc. La tète et
les bras étaient dans leur état normal habituel. Rendormis la malade espérant
que cette tétanisation cesserait. Il n'en fut rien car elle persista non seulement durant le sommeil mais encore
après le réveil.
Comment expliquer
cette persistance de la tétanisation? Faut-il supposer que la neurisation
avait surtout influencé le cerveau et respecté la moelle? Je ne
saurais donner une explication sans appel de ce fait particulier.
J'ai pu aussi déterminer
la contracture des muscles au moyen des radiations digitales fixes dans le
premier degré du sommeil, mais jamais dans le deuxième et surtout dans
le troisième degré.
11 POSSIBILITÉ OU
IMPOSSIBILITÉ DE PROVOQUER PAR DES PASSES LA CONTRACTION DES
MUSCLES DE LA FACE
Dans le premier et
dans le deuxième degré du sommeil on peut provoquer la contraction des muscles de la face
par des passes.
Dans le troisième degré on ne
réussit pas à provoquer cette contraction.
Les contractions
obtenues par les passes dans le premier degré du sommeil ne diffèrent de celles
provoquées dans le deuxième degré que par le sens dans lequel ces passes
sont faites.
Dans le premier
degré, les contractions des muscles de la face ne sont obtenues que par des passes digitales
distantes ou appliquées faites dans le même sens apparent de la
contraction des muscles.
Vans le deuxième degré les
contractions des muscles de laface ne sont
obtenues que par des passes digitales distantes ou appliquées faites dans lesenscontraire apparent
de la contraction des muscles,
Quel que soit le sens
des passes faites dans le troisième degré, les muscles de ta face demeurent inertes.
La possibilité de
faire contracter les muscles de la face dans le premier et le deuxième degré du sommeil-
m'a permis de faire prendre & la physionomie toutes les expressions possibles.
Je provoquais en
même temps dans le cerveau les modifications fonctionnelles correspondantes à ces
diverses expressions.
J'ai fait exprimer à mon sujet :
1° Le
sourire, le rire, le fou rire, et la gaieté correspondante ;
2° La
colère, le courroux, et les sentiments correspondants ;
3° La tristesse;
4° Simultanément la joie et la tristesse;
la joie sur une moitié de la figure et la tristesse sur l'autre moitié ;
5° Le mépris, le dédain, la moquerie, et
les sentiments correspondants;
6° L'étonnement, et le sentiment qui lui correspond ;
7° L'admiration, et le sentiment qui lui
correspond, etc.
CONDITIONS NÉCESSAIRES POUR
PRODUIRE LES EXPRESSIONS DELA PHYSIONOMIE DANS LE PREMIER
DEGRE DU SOMMEIL
Voici comment je procédais.
1°RIRE ETGAIETE
La
jeune fille était dans le premier degré du sommeil.
Les paupières
étaient abaissées. Je les relevais tout d'abord par des passes digitales
ascendantes faites devant elles, à une très faible distance des
téguments. Je me servais tantôt de mes deux mains, tantôt d'une seule, employant parfois un seul
doigt de chaque main, d'autres fois tous mes doigts allongés et
parallèlement placés les uns
à côté des autres, afin d'étaler les rayons neuriques suivant une
ligne.
Ainsi, plaçant mes
mains ouvertes de chaque côté de la figure du sujet, leur face dorsale regardant en haut et en
arrière, et les doigts dirigés vers les commissures labiales, je faisais
exécuter &
mes doigts et aussi a l'ensemble de mes
mains des mouvements répétés et rapides d'extension, comme si j'avais voulu
repousser mécaniquement en haut et en dehors les commissures labiales.
L'extrémité de mes doigts était distante de la peau de 2 à 3 centimètres.
Au fur et a mesure que j'exécutais ces mouvements, la malade esquissait un sourire, puis souriait, riait, éclatait derire.
Cessant alors ces passes digitales distantes et obliques ascendantes relativement à l'axe du corps, la malade
continuait à rire aux éclats.
Elle
manifestait en même temps des idées gaies.
Non persistance de la gaieté après
te réveil. Puis
si je la réveillais elle ne continuait pas
à manifester de la gaieté, elle redevenaiten apparence ce qu'elle était auparavant dans
l'état de veille, et ignorait absolument ce qui s'était passé dans le
sommeil.
Parfois, pourtant, la
trouvant triste et préoccupée, j'avais recours à ce moyen pour lui
donner non seulement le calme mais encore une certaine gaieté qui pouvait se
prolonger toute une journée.
2 COLERE, COURROUX
Voulant donner à sa figure
l'expression de la colère, je faisais simultanément
de chaque côté du front, au-dessus des sourcils, des passa digitales
de dehors en dedans, à quelques centimètres de la peau.
Les muscles sourcitiers entraient alors en
contraction. Si les passes étaient appliquées les contractions étaient plus
promptes.
La figure de la
jeune fille prenait ainsi l'expression de la colère, et après
quelques instants elle disait spontanément, en dehors de toute suggestion : « Je suis en colère. »
Je l'interrogeais
alors, et comme elle ne répondait pas ou tardait à répondre, bien
qu'elle fut dans le premier degré du sommeil, je soufflais dans chaque oreille
pour lui rendre l'ouïe sans la réveiller. Dûs ce moment je
pouvais causer régulièrement et facilement avec elle. Elle n'y voyait pas et ne savait pas
tres bien où elle était « Contre qui etes-vous en colère? lui
demandai-je. Contre M. X...» » répondait-elle souvent.
Puis je complétais
l'expression de la colère en faisant quelques passes obliques
descendantes de dehors en dedans, en regard des joues de chaque côté du nez et de la commissure
des lèvres. La physionomie prenait alors l'expression d'une grande
colère : les sourcils étaient
froncés, et la bouche portée on avant. Puis la jeune fille, chez laquelle
l'expression donnée de la physionomie réveillait des sentiments correspondants
et proportionnels comme intensité au degré de l'expression, entrait dans
les secrets de ses ressentiments contre M. X... Ces secrets n'avaient
d'ailleurs aucun caractère de grave indiscrétion. Venait habituellement ensuite une scène de mimique dans laquelle du geste et
de la physionomie elle imitait le
langage de M. X... contre lequel elle continuait d'ailleurs a se montrer très courroucée.
Divers moyens de faire cesser l'expression
et les sentiments de colère. Après cette
scène de colère ou de ressentiment mêlée de moquerie, voulant ramener la malade au
calme, je faisais des passes en sens
contraire de celtes faites précédemment en regard des mêmes
régions.
Il m'armait aussi
pour faire cesser la colère de provoquer chez elle l'expression du rire et par suite la
gaieté.
Je lui demandais ensuite si elle était en
colère et elle répondait négativement
ajoutant qu'elle était au contraire ou calme ou gaie.
Je pouvais faire
cesser brusquement toute expression provoquée. de rire avec gaieté, ou de colère en
passant la main ouverte au-devant de la figure de haut en bas. Le rire on
l'expression de lu colère s'arrêtaient brusquement, et elle
prenait la physionomie qu'elle avait précédemment, les yeux fermés, les traits
dénués de toute expression autre que celle
du repos le plus absolu.
Passage rapide de la colère
à la joie ou au contentement et vice versa.
De la colère ou du courroux je la faisais passer rapidement
à la gaieté. J'épanouissais sa figure après l'avoir contractée. Je l'eclaircissais après l'avoir
assombrie. Ces expressions me paraissent bien exprimer ce qui se passait. En
effet, dans l'expression de la
colère ou de la tristesse concentrées, les nombreux plis que
forme la peau assombrissent la figure par leurs
ombres. Dans l'expression de la job, du
contentement, tes téguments s'étalent, se déplissent et l'œil brille.
Non persistance des sentiments de
colère après le réveil. Si je la réveillais sans avoir ramené sa figure
et, parune action correspondante, son cerveau
au calme, après lui avoir communiqué l'expression et les
sentiments de la colère, elle ne continuait pas à être ou
inquiète, ou de mauvaise humeur, ou maussade, ou susceptible a
l'excès, etc. Elle se montrait telle qu'elle était avant dans l'état de
veille. Elle ignorait du reste absolument ce qui s'était passé quelques secondes ou quelques minutes avant dans le sommeil.
3 TRISTESSE
J'ai provoqué
l'expression de la tristesse par des passes qui, faites dedchors en dedans,
au niveau des sourcils, les ont froncés légèrement, et faites de
haut en bas au niveau des commissures labiales ont porté celles-ci légèrement en bas.
Interrogée, la
malade déclarait être triste sans en connaître la raison. Parfois elle
faisait spontanément cette déclaration.
Si j'insistais un peu trop avec les passes
(qui étaient descendantes) elle déclarait
avoir sommeil et vouloir dormir.
4 EXPRESSION DE LA TRISTESSE SUR
UNE MOITIE DE LA FACE
ET DE LA JOIE
SUR L'AUTRE MOITIE
L'expérience a été faite pour la première fois le
8 octobre 1880.
Au moyen des passes
que l'on sait, j'ai provoqué l'expression de la gaicité, du rire sur l'une des
moitiés de la figure et l'expression de la tristesse sur l'autre moitié.
Elle a déclaré être à la fois
triste et gaie, « Je ne sais pas dire ce que j'éprouve, disait-elle, mais il me
semble que je suis moitié triste, moitié gaie, >>
Je provoque alors l'expression de la
gaieté, du rire, sur la moitié triste de la face, je provoque en d'autres
termes la gaieté
complète ou
bilatérale, et aussitôt elle dit : « Ah ! me voila contente. 9
Exemple d'indépendance fonctionnelle des
hémisphères cérébraux. Cette expérience
constitue un bel exemple d'indépendance fonctionnelle des hémisphères
cérébraux.
Par l'un de ses hémisphères, la
jeune fille était'triste et par l'autre elle était gaie. La personnalité était dédoublée et
sa conscience lui rendait compte de ce dédoublement. Pour moi elle était
réellement triste d'un côté et gaie de l'autre. Quant à elle, elle se
sentait à la fois triste et gaie, moitié triste et moitié gaie.
5 MÉPRIS, DÉDAIN, MOQUERIE
Par des passes
obliques descendantes en dehors, faites à partir de l'angle externe de l'un des yeux, je
portais cet œil et consécutivement
l'autre à regarder en bas et en dehors d'un méme côté. Pendant ce temps, avec l'autre main restée libre,
je provoquais le relèvement de la lèvre supérieure du même
côté au niveau de la dent canine par des passes ascendantes et un peu obliques
en dehors (action sur le muscle canin).
L'expression du mépris était parfaite.
Elle disait souvent alors spontanément : Je
m'en moque, ou je me moque des gens, et elle achevait l'expression
de fierté dédaigneuse en détournant légèrement la tête et en
accompagnant ce mouvement d'une expiration nasale brusque.
6
ÉTONNEMENT, PROFONDE SURPRISE
Voulant donner
à la figure l'expression de la profonde surprise, je faisais deux
opérations tantôt séparément tantôt simultanément. Je faisais relever d'abord
les paupières puis les sourcils en agissant en regard des muscles frontaux par des passes
digitales ascendantes, et je faisais ouvrir la bouche en agissant en regard des
muscles génio-hyoidiens par des passes
digitales allant du menton
a l'os hyoïde.
Dans ce dernier cas, les passes appliquées agissaient plus vite et plus complètement. Le
menton se portait en bas et un peu en
arrière et fa malade poussait des < Oh! oh ! » répétés significatif.
7
ADMIRATION
J'ai donné à la figure l'expression
de l'admiration en faisant relever les paupières et porter les yeux un
peu en haut, puis en provoquant une légère ouverture de la bouche.
Lui ayant demandé ce qu'elle faisait ainsi,
elle me répondit : « J'admire ». a
Qu'admirez-vous ? » lui dis-je. A cette question elle ne sut quoi
répondre.
CONDITIONS
NÉCESSAIRES POUR PRODUIRE LES DIVERSES EXPRESSIONS DE
LA PHYSIONOMIE, DANS LE DEUXIEME DEGRE DU SOMMEIL
J'ai pu, dans le
deuxième degré du sommeil, produire la contraction desmuscles
de la face et, en combinant ces contractions d'une certaine manière,
provoquer les mômes expressions de la physionomie que dans le premier degré du sommeil.
Pour obtenir ces
résultais il fallait que les passes digitales, faites en regard des muscles
de l'expression faciale, fussent faites dans le sens contraire apparent de leur contraction.
Ainsi pour relever les paupières,
il fallait faire des passes descendantes, comme si on eût voulu les
abaisser.
Pour porter tes commissures labiales en
dehors, il fallait faire des passes allant
de dehors en dedans comme s'il eut fallu au contraire les rapprocher
l'une de l'autre.
Pour déterminer l'ouverture de la bouche
au lieu d'écarter les doigts en haut et en bas, il fallait, en regard du centre
de la bouche les rapprocher après les avoir écartés.
12 POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITE D'ATTIRER OU
DE REPOUSSER LES MEMBRES DU SUJET
OU LE SUJET LUI-MÊME
La main neurisatricequi s'éloigne du sujet neurisé produit
l'attractiondans le premier
degré du sommeil et la répulsion dans le deuxième degré.
La main neurisatrice qui se rapproche du
sujet neurisé produit la répulsion dans le
premier degré du sommeil, et l'attraction dans le deuxième.
Dans le
troisième degré du sommeil, ces manœuvres ne produisent aucun effet.
Dans le premier et le deuxième
degré du sommeil, les passes perpendiculaires
nous ont beaucoup servi pour déplacer le sujet à volonté, sans le
toucher. Nous avons vu plus haut (p. 393, 394) qu'en combinant les passes attractives et répulsives j'avais fait asseoir
la jeune fille endormie, que je l'avais Tait se relever, marcher, se placer
dans diverses positions.
Bans ces cas j'agissais sur le corps tout
entier. Dans l'état de veille, je n'aurais pu agir sur le corps tout entier
parce qu'il aurait fallu anesthésier préalablement tout le corps, et que par
suite j'aurais provoqué le sommeil.
PASSES PERPENDICULAIRES VERTICALES,
ASCENSIONNELLES
ET DESCENSIONNELLES
Il était intéressant
de savoir si par des passes centrifuges ou venant vers soi exercées au-dessus
de la tête du sujet, je pourrais le soulever dans le premier degré du sommeil, ou
le repousser vers le sol dans le deuxième degré et vice versa.
Je montai sur une
chaise a côté du sujet plongé dans le premier degré du sommeil, et, plaçant d'abord une main
puis les deux mains à la fois, au-dessus de sa tète, de façon a
ce que les doigts fussent dirigés perpendiculairement sur le vertes, je leur
fis exécuter des ascensions verticales
répétées. A chaque ascension ou mouvement d'éloignement vertical de la main ou
des mains, le sujet se redressait, s'allongeait, puis se posait sur la pointe
des pieds et parfois sautait.
Lorsque j'agissais
avec une seule main les mouvements d'attraction ascensionnelle étaient moins étendusque lorsquej'opérais avec mes deux mains.
La force et l'étendue de l'attraction
ascensionnelle était en proportion avec le nombre de doigts employés.
Cela était si vrai
qu'ayant prié deux personnes douées d'un certain degré de pouvoir
neurisateur de se joindre à moi, nous avons provoqué de véritables bonds
ascensionnels de la part de la jeune malade.
Je descendis ensuite
de la chaise, et me plaçant tantôt devant, tantôt derrière le
sujet, je fis de chaque côté de son corps avec mes deux mains, dont les doigts
étaient dirigés en haut, des passes perpendiculaires descendantes.
Aussitôt il se rapprochait du sol en Rechissant ses genoux jusqu'à s'asseoir sur ses talons.
NEUTRALISATION DES PASSES
ATTRACTIVES OPPOSÉES
a. En agissant sur tout le corps.
En Taisant à la fois des passes
attractives ascendantes et des passes attractives descendantes, la malade
étant toujours dans le premier degré du sommeil, il s'établit une sorte
d'équilibre dans les deux actions qui sollicitaient à la fois la malade
à s'allonger en haut ou à se raccourcir. Elle disait spontanément : <Je ne sais pas, mais j'ai
à la fois envie de m'asseoir et de me relever, on me tire en bas, on me tire
en haut », et ce disant, elle manifestait une certaine impatience.
h. En agissant sur un bras. ~ J'eus
ensuite l'idée de tenir un bras en équilibre par des passes attractives
opposées. J'attirai d'abord un bras en
avant et le fis s'allonger par des passes allant vers moi. Puis je plaçai mes mains de chaque côté à égale
distance du bras ainsi immobilisé
dans la position horizontale, de manière
a ce que les doigts de chaque main fussent
dirigés vers la face correspondante du bras.
Cela fait
j'attendis; mais le bras ne subit aucun déplacement. J'éloignai alors l'une de mes mains, le
membre se dirigea vers cette main comme
s'il l'eût suivie. Ecartant ensuite a la même distance l'autre
main» le bras du sujet se rapprochait de cette main et se plaçait en équilibre
entre les deux mains.
Dans le deuxième degré du sommeil»
j'obtenais des résultats identiques avec
cette différence que les passes attractives du premier degré devenaient répulsives, et que les
répulsives devenaient attractives.
Distance à laquelle les passes
attractives et répulsives étaient faites. La distance à laquelle les passes
étaient faites, variait entre 10 centimètres et 1 mètre et même 2 mètres.
SENSATIONS
EPROUVEES PAR LA JEUNE
FILLE PENDANT L'ACTION DES PASSES ATTRACTIVES ET REPULSIVES
Pendant que j'attirais ou que je
repoussais le sujet par ces passes, je lui demandais quelquefois pourquoi elle
venait à moi ou s'éloignait de moi.
«Je ne peux pas faire autrement, disait-elle. Il faut résister, ajoutais-je. Je ne peux pas, répondait la malade.
Mais qu'est-ce qui vous fait ainsi avancer ou
reculer malgré vous? » La réponse était celle-ci : «
C'est que tantôt on me pousse
et tantôt on me tire. Mais qu'éprouvez-vous? répliquais-je : Ce sont comme des fils qui me tirent ou me repoussent. »
Cette sensation de
fils qui liraient ou qui repoussaient, lui permettait de compter le nombre
de mes doigts employés au nombre de piqûres ou de sensations de fils éprouvées, soit que je
fusse placé devant elle, soit que je fusse
placé derrière de manière à ce qu'elle ne pût absolument pas voir mes
mains. Elle ne se trompait jamais.
Passes
attractives ou répulsives exercées à l'égard de la langue.
Je ne me suis pas borné à
agir par les passes attractives ou
répulsives sur l'ensemble du corps ou sur les
membres, j'ai opéré de
même a l'égard de la langue.
La jeune fille était dans le premier degré
du sommeil. J'ai fait d'abord ouvrir la
bouche par deux passes verticales, l'une ascendante, l'autre
descendante, à partir du milieu de cette ouverture. J'employais tantôt les deux mains, et tantôt
beaucoup plus simplement le pouce et
l'index de la même main que j'écartais comme les branches d'un
compas après les avoir rapprochés en regard et tout près du milieu de la fente buccale. Puis, après
avoir dirigé l'extrémité des doigts
d'une môme main réunis en faisceau vers la pointe de la langue à
quelques centimètres de l'orifice buccal, je les ai retirés vers moi. La
langue est sortie comme attirée par un aimant.
Ayant fait ensuite d'autres passes attractives, elle est sortie complètement hors de la bouche en
s'attongeant en pointe.
Voulant ta faire
rentrer, je fis une passe lente en sens contraire. Puis la langue rentrée, je déterminai l'occlusion
de la bouche en rapprochant l'un de l'autre l'index et le pouce préalablement
écartés, et dirigés vers la bouche suivant un plan
vertical.
13 14 POSSIBILITÉ OU
IMPOSSIBILITÉ DE PROVOQUER LES RÊACTIONS GAIE ET TRISTE PAR DIVERS
PROCÉDÉS DE NEURISATION AYANT POUR BUT D'INFLUENCER TANTOT LA SECTION
ANTÉRIEURE ET TANTOT LA SECTION POSTÉRIEURE DU CORPS.
Si nous convenons d'appeler neuricité
antérieure la portion de la neuricité
qui occupe et parcourt la moitié antérieure du corps aussi bien chez le sujet neurisateur que chez le
sujet neurisable ou neurisé, et neuricitè postérieure celle
qui occupe et parcourt la moitié postérieure du corps chez les mômes sujets;
si, d'autre part, nous nous rappelons que
la neuricité d'origine oculaire et la neuricité d'origine pneumique font
partie de la neuricité postérieure, sans oublier toutefois que la neuricité
d'origine digitale appartient moitié à la neuricité postérieure, et
moitié à la neuri-
cité antérieure, nous pourrons formuler quelques régles très
simples.
EMPLOIDE
LA NEURICITE ANTERIEURE DIGITALE (Voy. fig. 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 73, 73,
74,75, 76, 77.)
Premier cas (Voy. fig. 64 à 72). Toutes les
fois que la neuricité antérieure digitale du sujet neurisateur est en
rapport, à distance, par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou
bien par contact, avec la neuricité antérieure ou de même nom du
sujet hypno-neurisé, il y a provocation chez
ce dernier de pleurs avec tristesse
s'il est dans le premier degré du sommeil, et provocation du rire
avec gaieté s'il est dans le deuxième degré du sommeil, et
enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du
sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la moitié inférieure
de la figure ou la région mastoïdienne a été influencée.
Deuxième cas (Voy. fig. 64
à 77). -Toutes les fois que laneuricité antérieure digitale est en rapport à
distance par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou bien par contact avec
la neuricité posté' rieure ou de nom contraire, du sujet hypnoneurisè il y a provocation
chez ce dernier de la gaieté s'il est dans le premier degré du sommeil et provocation de la tristesse s'il est dans le
deuxième degré, et enfin indifférence s'il est dans
le troisième degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du
sommeil, la zone dite neutre de la nuque a été influencée.
EMPLOI
DE LA NEURICITÉ POSTÉRIEURE DIGITALE
Premier cas (Voy. fig. 64 à 77). Toutes les
fois que la neuricité postérieure digitale du sujet neurisateur est en
rapport, à distance par voie directe, réfléchie ou réfractée, ou
bien par contact, avec la neuricité antérieure ou de nom contraire du
sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier du rire si le sommeil est au premier degré et provocation de la tristesse si le sommeil est au deuxième degré, et enfin indifférence si le sommeil
est au troisième degré, ou si, quel que soit le degré du
sommeil, la moitié inférieure de la face ou la région mastoïdienne a
été influencée.
Deuxième cas(Voy. fig. 64 à 77). Toutes les
fois que la neuricité postérieure
digitale est en rapport,adistance par voie
directe réfléchie ou réfractée, ou bien par contact; avec la neuricité postérieure
ou de même nom du sujet hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier de la tristesse s'il
est dans le premier degré du sommeil, et provocation de la gaieté s'il est dans
le deuxième degré, et
enfin indifférence s'il est dans le troisième degré du sommeil, ou si,
quel que soit le degré du sommeil, la zone dite neutre de la nuque a été
influencée.
EMPLOI
DE LA NEURICITE POSTÉRIEURE.
OCULAIRE ET PNEUMIQUE
Premier cas. Toutes les fois
que la neuricité postérieure, oculaire ou pneumique du sujet neurisateur est en rapport, par
voie directe, réfléchie, ou réfractée, avec
la neuricité antérieure ou de nom contraire du sujet hypnoneurisé, il y a
provocation chez ce dernier du rire si le sommeil est au premier
degré et provocation de la tristesse si le sujet est au deuxième
degré, et enfin indifférence si le sommeil est au troisième
degré, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la moitié inférieure de
la face ou la région mastoïdienne ont été influencées.
Deuxième cas. Toutes les fois que la neuricité
postérieure, oculaire on pneumique du sujet neurisateur est en rapport, par
voie directe, réfléchie ou réfractée» avec
la neuricité postérieure ou de même nom du sujet
hypnoneurisé, il y a provocation chez ce dernier de la tristesse s'il
est dans le premier degré du sommeil, et
provocation de là gaieté s'il est dans le deuxième
degré,et enfin indifférence s'il est dans le troisième
degré du sommeil, ou si, quel que soit le degré du sommeil, la zone dite
neutre de la nuque a été influencée.
11 est facile de remarquer que l'emploi de
la neuricité postérieure, oculaire ou
pneumique équivaut exactement par ses effets à l'emploi de la
neuricité postérieure digitale.
Formules plus simples. L'emploi de la
neuricité postérieure digitale par contact, en d'autre terme l'application
pulpaire digitale
étant le moyen le plus commode et le meilleur pour provoquer les réactions gaies ou tristes nous
formulerons les règles suivantes
comme étant les plus simples et les plus pratiques :
Le premier degré du sommeil neurique est
caractérisé par une réaction gaie
antérieure et triste postérieure; et le deuxième degré du sommeil par
des réactions inverses, lorsque la recherche de
ces réactions est
faite au moyen de l'application du doigt par sa face pulpaire ou palmaire.
La formule abrégée serait celle-ci : Dans
le premier degré du sommeil = gaieté antérieure; dans le deuxième degré
da sommeil = tristesse antérieure, par application pulpaire.
MOYEN D'ABOLIR LES
REACTIOS GAIE ET TRISTE TOUT EN
MAINTENANT L'APPLICATION DIGITALE
Dans toutes ces applications si avec la
main restée libre on touche le front ne serait-ce que par l'extrémité des
doigts de manière à fermer en quelque sorte le circuit, les
pleurs ou le rire cessent aussitôt.
MOYEN DE RENFORCER LES RÉACTIONS GAIE ET
TRISTE
Mais si, avec celte main libre, au lieu de
toucher le front je louche la main du côté
opposé, je double les effets réactionnels dans le cas où cette
application a lieu par la face de même nom, et je les rends indifférents ou indécis dans le cas où
l'application a lieu par une face de nom contraire.
RÉGIONS A RÉACTION LA PLUS
GAIE OU LA PLUS TRISTE
Enfin nous devons
ajouter que les points du corps où les réactions gaie et triste sont le plus accusées sont le
creux épigastrique et le milieu du ractifs.
RECHERCHE DES RÉACTIONS GAIE ET TRISTE PAR L'EMPLOI DE PARTIES DU CORPS AUTRES QUE L'EXTREMITE DES DOIGTS
Avec le sommet du triangle formé par deux
phalanges fléchies j'ai obtenu les mêmes résultais qu'avec l'extrémité
des doigts.
Mais je n'ai réussi
à provoquer aucune réaction dans aucun cas par l'application du bout du nez.
Jen'ai point fait d'expérience à ce point de
vue avec les orteils.
Avec la paume des mains et avec la face
palmaire do l'avant-bras j'ai obtenu souvent mais non toujours les memes effets
qu'avec la face palmaire de l'extrémité des doigts.
APPLICATIONS DIGITALESSIMULTANES SUR UNE RÉGION A REACTION TRISTE ET
SUR UNE RÉGION OPPOSES A RÉACTION GAIE
En appliquant simultanément un doigt sur
un point de lu face antérieure du corps et
un doigt sur un point de la face postérieure on provoque un état
psychique qui n'est ni la gaieté ni la tristesse mais l'indécision,
l'hésitation, que le malade exprime d'ailleurs spontanément par son attitude et
ses paroles.
PASSAGE AVEC UN DOIGT APPLIQUÉ D'UNE REGION A REACTION GAIE
A UNE REGION A REACTION TRISTE ET
INVERSEMENT D'UNE
REGION
A REACTION TRISTE UNE REGION A REACTION GAIE
Lorsqu'après avoir appliqué un
doigt sur un point d'une région à réaction gaie, par exemple, on vient
à le déplacer en le faisant glisser sur les téguments de celle région,
on s'aperçoit qu'au moment où il atteindra la limite qui sépare cette
région de la région contigue à
réaction triste, il y a indécision, mais que presque aussitôt après, le doigt continuant sa marche, il
y a réaction triste. Si on ramène le doigt eu arrière on
fait passer la malade de la réaction triste à la réaction gaie, dés que
la limite de séparation se trouve dépassée.
On peut ainsi placer
deux doigts de la main écartés, à cheval en quelque sorte sur les limites
des deux domaines contigus de la tristesse et de la gaieté. La malade déclare
être à la fois triste et gaie, elle se dit partagée entre ta
tristesse et la gaieté, elle ne sait si elle est gaie ou triste. Si on soulève
alors un des doigts elle est ou franchement gaie ou franchement triste suivant que le
doigt reste appliqué touche le domaine de la tristesse ou celui de la gaieté. Si faisant
subir aux deux doigts une sorte de balancement on soulève
successivement et alternativement l'un et l'autre doigt, la malade passe
alternativement de la gaieté & la tristesse.
On peut placer aussi
ces deux doigts a cheval sur la ligne de séparation d'une région neutre ou indifférente et
d'une région à réaction gaie ou triste suivant le degré du sommeil. Le
balancement de ces deux doigts fera passer alternativement le malade de l'indifférence a la gaieté ou a la
tristesse.
UTILITE DE LA
RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE
POUR
UNE DÉLIMITATION PLUS EXACTE DES
DEUX DOMAINES DES NERFS ASCENDANTS ET DESCENDANTS
Nous avons vu que
les modifications de la sensibilité provoquées par les passes sur place et
plus ou moins loin de la région visée, se traduisaient tantôt par l'anesthésie et tantôt
par l'hyperesthésie suivant la direction même des passes et suivant le
sens de la distribution des nerfs sensitifs de la région influencée quelle
que fût celle région; que de plus elles occupaient une étendue qui était
en rapport avec l'étendue môme des passes et aussi avec l'étendue occupée par les nerfs de même
direction.
Il en est résulté que
l'élude de la direction des nerf sensitifs, et l'étude de l'étendue occupée
par les nerfs de même direction a pris pour nous une importance toute spéciale.
Aussi ai-je été
amené à diviser le corps humain en deux domaines : le domaine des
nerfs ascendants et le domaine des nerfs descendants.
Les modifications de celte sensibilité psychique d'un
ordre spé-
cial qui se traduit par le rire ou les
pleurs, obtenus dans le sommeil par les moyens sus-indiqués et surtout par
l'application digitale ont, par la localisation spéciale de l'excitation
cutanée qui les produisent, confirmé la
justesse de cette division tout en la précisant davantage (Voy. p. 122
et suiv.et fig. 4, 6, 7,8,9 et 10). On remarquera que l'oeil,
par cette délimitation plus exacte des deux domaines, se trouve compris dans le domaine
supérieur.
UTILITÉ DE LA RECHERCHE DES REACTIONS GAIE ET TRISTE
POUR UNE DELIMITATION PLUS EXACTE
DES SECTIONSANTÉRIEURE ET POSTERIEURE DU CORPS
La recherche de la localisation de
l'excitation cutanée susceptible de provoquer le rire ou les pleurs est venue
aussi confirmer la justesse d'une division de chaque moitié latérale du corps
en deux s jetions, une antérieure et une postérieure.
Mais tandis que tous les points du corps
sans distinction, à moins d'en excepter la zone post-cervicale, peuvent
devenir sous l'influence de la neurisation le siège soit d'une
hyperesthésie, soit d'une anesthésie plus ou moins accusée mais positive, il
est des régions du corps qui, à la
suite d'une application digitale, ne donnent lieu à aucune
réaction soit triste soit gaie.
Ces régions que nous appelons neutres ou
indifférentes sont la région faciale
inférieure, et la zone post-cervicale inférieure précédemment signalée
et décrite.
zone neutre faciale.
Cette zone est comprise entre la portion delaligne de divergence
naso-auriculo-cervicale qui de la racine du nez s'étend jusqu'à la limite
postéro-inférieure de la région mastoïdienne, le bord inférieur de la
branche horizontale du maxillaire
inférieur, et une ligne qui partie de l'angle inférieur du maxillaire
inférieur va rejoindre l'extrémité inférieure de la limite postérieure de la
région mastoïdienne.
Elle comprend donc :
1* la face au-dessous des yeux; 2* les cinq sixièmes inférieurs du pavillon des
oreilles; 3* la région mastoï-
dienne et un petit espace triangulaire
situé derrière la branche montante du maxillaire inférieur (Voy. fig.
10).
Les régions limitrophes étant des régions
a réaction gaie ou triste suivant le degré
du sommeil, la délimitation exacte des deux domaines des nerfs ascendants et descendants a pu être faite d'une
manière plus complète et plus précise que n'aurait permis de le faire ta
recherche de la localisation de l'hyperesthésie et de l'anesthésie
provoquées par les passes.
Il est résulté de ces recherches patientes
et minutieuses que le globe oculaire n'est
pas compris dans la zone neutre faciale. En effet, l'application du doigt
sur un point quelconque de la sclérotique
donnait lieu à une réaction qui était gaie dans le premier degré
du sommeil et triste dans le deuxième degré.
Il en est résulté
aussi que le pavillon des oreilles a pu être divisé en deux parts inégales, la plus grande ou
inférieure qui appartient & la zone
faciale indifférente et son extrémité supérieure qui serrée entre les
deux doigts donnait lieu tantôt à une réaction gaie et tantôt à
une réaction triste.
Aussi en pinçant le bout supérieur de
l'oreille on pouvait dire sans se tromper
si la malade était dans le premier, dans le second ou dans le troisième degré du sommeil,
suivant que l'on provoquait par cette
petite manœuvre une réaction gaie, triste ou indifférente.
Le restant du
pavillon des oreilles de même que les autres parties de la région faciale inférieure
comprises dans les limites sus-indiquées,
n'a jamais donné lieu à aucune réaction.
La raison de cette indifférence de la
région faciale inférieure nous échappe.
Peut-être dépend-elle de l'entrecroisement fréquent des nerfs
sensitifs et moteurs.
Zone neutre
post-cervicale inférieure. L'indifférence de celte zone n'est pas douteuse,
et semble dépendre de l'enchevêtrement de filets nerveux
transversaux appartenant en arrière au cinquième nerf cervical et sur tes côtés à
une petite branche postérieure du plexus cervical superficiel.
15POSSIBILITEDE PROVOQUER LA PAROLE PAR L'APPLICATION
DIGITALE SUR L'UNE OU L'AUTRE
APOPHYSEMASTOÏDE ET SUR
D'AURTES RÉGIONS
Dans le premier, le
deuxième et le troisième degré du sommeil, l'application d'un ou
de plusieurs doigts sur l'apophyse mastoïde (régionneutre) provoque la parole.
Dès que le doigt est appliqué sur
cette région, la malade jusque-là silencieuse se met à parler, et
elle le fait si promptement, si naturellement et si facilement qu'il semble
qu'elle continue à haute voix des réflexions qu'elle aurait faites
mentalement. Son discours est gai si l'application digitale est palmaire, et
triste si cette application est dorsale aussi bien dans le premier que dans le
deuxième degré du sommeil. Dans le deuxième degré l'expression de
gaieté ou de tristesse domine la parole.
Dans le troisième degré, la parole est indifférente et faible; la
malade parle à voix basse et comme machinalement, sans expression.
Dans le
troisième degré du sommeil, je n'ai jamais provoqué la parole en appliquant l'extrémité du doigt
sur des régions autres que l'apophyse mastoïde.
Dans le deuxième degré, j'ai pu
aussi provoquer la parole en appliquant le doigt sur l'occiput, la nuque et le
haut du rachis, régions qui font partie de la section postérieure du corps.
Dans le premier degré
j'ai pu aussi provoquer la parole par une application digitale sur les tempes et les bosses
frontales régions qui font partie de la section antérieure du corps.
J'ai remarqué aussi
bien dans le premier que dans le deuxième degré du sommeil, que
l'application digitale sur ces régions autres que la région mastoïdienne, provoquait avec
la parole des idées gaies si celle application avait lieu par la face pulpaire,
et des idées tristes si elle avait lieu par
la face dorsale. Ceci est du reste une confirmation des règles
établies puisque les régions frontale
et
temporale appartiennent à la section antérieure du corps, et les régions
occipitale et cervicale postérieure à la section postérieure.
DIFFERENCEDANS LA RÉACTION VERBALE A DROITE ET A
GAUCHE
Nous
avons remarqué qu'il existait une différence dans l'intensité de la réaction
verbale & droite et à gauche.
Ainsi
l'application unidigitale ou pluridigitale faite à droite sur
l'unequelconque
des régions signalées commele pointde
départ du réflexe verbal, si je puis employer celle
expression, ne donne lieu qu'à une parole labiale
en quelque sorte. La malade parle avec les lèvres sans émettre de
son.
Mais
si on fait celle application sur les points d'élection de la moitié
gauche du crâne la malade parle en émettant des sons.
Aux
limites de ces diverses régions, à gauche, la vois baisse, et elle
baisse surtout a la limite des deux moitiés latérales du crâne. A
droite le mouvement des lèvres, qui seule traduit la parole, semble
aussi s'affaiblir dés qu'on s'écarte des points d'élection.
Toujours
elle parlait spontanément, etsi je
l'interrogeais durant l'application digitale elle
répondait à mes questions. Seulement elle
déclarait entendre plus faiblement lorsque je faisais l'application
sur les points d'élection de la moitié droite du crâne.
Explication
de cette différence. Cette réaction verbale plus
faible lorsqu'on excite le côté droit du crâne n'est que l'expression
d'une hypnotisation plus facile et plus profonde de l'hèmisphère droit
correspondant,et non pas du gauche car le nerf auditif droit, qui parait ici en cause, est relié
directement à l'hémisphère droit, et ne s'entre-croise
pas avec le gauche pour se rendre à
l'hémisphère gauche. Il est juste d'ajouter cependant que d'après les recherches modernes, le centre
auditif des mois (relié d'ailleurs
au centre du langage articulé) occuperait la première circonvolution
temporale gauche.
Nous avons déjà fait remarquer (p. 201) que
l'hémisphère céré-
lirai droitde la malade était
par lui-même moins éveillé ou en d'autres termes plus endormi que l'hémisphère cérébral gauche. Aussi
par les passes anesthésiantes avait-on une action plus prompte et plus accusée
sur l'hémisphère cérébral droit que sur le gauche, La différence de la réaction verbale à droite et a
gaucho du crâne est venue confirmer
cette donnée. D'autre faits viendront encore plus tard la justifier d'une
manière éclatante.
VOIR QUE
SUIT LA NEURICITE DIGITALE APPLIQUEE POUR
PROVOQUER LA REACTION VERBALE
Lu voie que suit la neuricité, dans ces
applications pour provoquer la réaction verbale, nous parait être celle
des nerfs sensitifs du pavillon de l'oreille reliés par voie anastomotique
d'une part aux nerfs sensitifs des diverses régions point de départ du réllexe verbal, et d'autre part au nerf
acoustique.
EXPERIENCES
RELATIVES A LA RÉACTION
VERBALE AVEC UNE TIGE SERVANT D'AGENT
INTERMEDIAIRE
Au lieu d'appliquer directement les doigts
sur les divers points d'élection dont l'excitation provoque la parole, j'ai eu
l'idée de toucher ces mêmes points avec une tige.
Prenant par l'une de ses extrémités une branche de
bambou d'un mètre de long environ,
j'ai appliqué son extrémité libre tantôt sur la tempe et tantôt sur la région mastoïdienne gauches. Au lieu
de parler a haute voix comme cela avait lieu à la suite de l'application
digitale directe, elle parlait avec les lèvres sans émettre aucun sou. Mais
au fur et à mesure que je faisais glisser mes doigts le long de
la lige de manière à les rapprocher des régions sur lesquelles
son extremite libre était appuyer, la malade commençait à émettre
des sons d'abord très faibles, puis graduellement de plus en plus forts.
Cette expérience faite a droite ne donnait aucun résultat.
LES
APPLICATIONS DIGITALES REVEILLENTL'ACTIVITÉ
CEREBRALE PLUTOT QU'ELLES NE LA DEVOILENT
Lorsque j'appliquais
mon doigt sur l'un des points d'élection de la moitié gauche du crâne, la
maladese mettait à discourir et elle continuait ainsi durant tout le temps que le
contact de mon doigt était maintenu. Si je retirais le doigt, aussitôt elle
cessait de parler, puis si je le réappliquais elle parlait de nouveau. Or j'ai
remarqué qu'en reprenant ainsi la parole elle reprenait son discours ou plutôt son monologue au point où
il avait été interrompu & la suite du retrait de ma main. Il
arrivait que non seulement je pouvais ainsi briser une phase mais même un mol,
et ce mot commencé lors d'une
première application digitale, inachevé par suite du retrait du doigt,
était achevé lors de la réapplication digitale.
Ce fait qui a été
constant prouve que l'application digitale seule excite te sujet a parler, mais qu'elle ne
révèle pas une activité cérébrale qui serait restée cachée au sens de
l'ouïe avant celte application.
16 ÉTAT
DE LA CONSCIENCE
La conscience nous a
paru conservée ou simplement obscurcie dans le premier et le
deuxième degré du sommeil, et abolie dans le troisième degré.
C'est en
interrogeant la malade dans le sommeil neurique sans manoeuvre dedéneurisation, avec
ou sans application digitale sur les régions à réaction verbale, avec ou sans réveil de l'ouïe
par le souffle, que nous avons recherché l'état de sa conscience.
Mais il faut
reconnaître que celle recherche était des plus difficiles et des plus délicates.
Un fait certain, c'est que la malade ne
savait plus au réveil ce qui s'était passé
dans l'étal de sommeil neurique même lorsqu'elle
n'avait été endormie ou
réveillée que dans une seule moitié du corps.
Mais
au moment même où je parlais A la roulade endormie et qu'elle
me répondait, elle paraissait se rendre compte de sa situation comme
si elle était éveillée ; elle savait que je l'avais endormie, qu'elle
dormait par le fait de
l'inflùence que j'avais exercée sur elle,
qu'elle ne pouvait pas se réveiller toute seule, qu'elle était étrangère
à tout ce qui l'entourait puisqu'elle n'entendait que ma voix.
Ou
pourrait penser que ma voix réveillait son ouïe, son intelligence et sa
conscience, alors même que je n'accompagnais mon interrogation
d'aucune manoeuvre hyperesthésiante, d'aucune application digitale.
Sans
nier la réalité d'une pareille action, puisqu'on la poussant à
répondre à mes questions, je l'ai fait passer quelquefois d'un sommeil
plus avancé a un sommeil moins avancé, je dois faire remarquer
que dans le sommeil neurique la malade faisait parfois dus réflexions à
haute voix : elle disait par exemple qu'elle n'avait aucune
envie de dormir et que pourtant elle ne pouvait pas se réveiller;
qu'elle voudrait bien se réveiller mais qu'elle ne pouvait pas, etc.
Dans
ces cas elle m'a'paru se trouver de préférence dans le premier degré du sommeil
assez près du réveil. D'ailleurs elle s'est
quelquefois réveillée spontanément après avoir été hypnoneurisée.
Dans
le troisième degré il semble qu'il faut l'excitation de la parole,
ou quelque application digitale pour qu'elle puisse avoir une certaine conscience de
son état actuel.
17 POSSIBILITÉ OU IMPOSSIBILITE DE PROVOQUER LE BESOIN DE DORMIR
Si ln malade
est dans le premier ou dans le deuxième degré du sommeil
mais surtout dans le premier, on peut provoquer chez
elle le besoin de dormir en lui prenant les mains
conformément aux
règles établies pour l'hypno-neurisation.
Elle tend alors a passer du
premier degré au deuxième ou du deuxième nu troisième degré du
sommeil. Le besoin de dormir se fait en méme temps sentir chez elle et elle
l'exprime soit spontanément, ce qui indique un certain degré de sensibilité
interne, soit après des questions qui lui sont adressées sur ce point
spécial.
Si la malade est dans
le troisième degré le besoin de dormir n'est plus éprouvé par elle,
du moins elle ne le manifeste pas,
18° TROUBLERMOTEURS ET SENSITIFS
DANS LE SOMMEIL ET
POSSIBILITE DE LES
FAIRE CESSER
Toux. Parfois la malade
toussant dans l'état de veille continuait à tousser après avoir été
hypno-neurisée. Mais j'ai pu m'assurer
qu'elle ne continuait à tousser que si elle n'était pas parvenue
au troisième degré du sommeil.
Au fur et a mesure
que par une nouvelle hypno-neurisation je la luisais passer du premier
nu deuxième, puis au troisième degré, sa toux diminuait tout
d'abord puis cessait tout à fait, pour revenir de nouveau si elle passait
inversement du troisième au deuxième et à plus forte raison au premier degré.
J'en conclus que la
sensibilité interne est plus lente à disparaître que l'externe et que
plus le sommeil est profond plus elle tend à disparaître.
Autres troubles
divers. Par une nouvelle hypno-neurisation j'ai pu faire cesser divers
troubles, tels que frissons, tremblements, secousses musculaires, etc.
Mais ces résultais
n'étaient obtenus que lorsque le sommeil atteignait le troisième degré.
Même dans le
troisième degré du sommeilla possibilité d'éprouver une souffrance n'était
pas complètement abolie. En effet, si je venaisa appliquer l'extrémité d'un
doigt sur le point d'émergence ou le long du trajet de troncs nerveux importants, la
malade
accusait une douleur assez vive le long du trajet do ces nerfs. Dans les
trois degrés du sommeil, la malade pouvait se mouvoir et marcher soit
spontanément, soit après avoir eté relevée, puis poussée
légèrement; mais il était facile de voir que plus le sommeil était profond plus elle éprouvait de la
difficulté à se mouvoir librement.
19 POSSIBILITE DE LA DEAMBULATION LIBRE
Dans les deux premiers degrés elle pouvait
se mouvoir et marcher avec une liberté qui ne différait guère, surtout
dans le premier degré, de celle avec laquelle elle se mouvait et marchait dans
l'étal de veille.
Mais dans le troisième degré, elle
éprouvait manifestement de la lassitude. Elle avait l'attitude d'une personne
très fatiguée ou somnolente, et elle
se montrait beaucoup plus disposée a s'asseoir qu'arester debout ou marcher. La faiblesse musculaire,
ou l'amyosthénie suit donc de près l'anesthésie dans ses degrés.
LESOMNAMBULISME ET LA CATALEPSIE SONT DES PHENOMENES COMMUNS A PLUSIEURS DEGRES DU SOMMEIL
NEURIQUE
Notre malade était donc somnambule dans
les trois premiers degrés du sommeil, si
distincts pourtant par certains phénomènes propres. Mais le
somnambulisme tendait à disparaître nu fur et à mesure que
le sommeil s'accusait davantage, et il n'existait plus au dela du
troisième degré,
Nous avons vu plus haut qu'elle était cataleptisable
dans les doux premiers degrés du sommeil
et pas du tout dans le troisième; que, dans le premier degré,
elle l'était très complètement et trés nettement, mais qu'elle
l'était très faiblement dans le deuxième degré.
Il résulte de ces observations bien et
dûment faites que chez noire malade il n'y avait durant son sommeil
neurique aucune
phase bien distincte
pour la catalepsie et surtout pour le somnambulisme. Ces phénomènes étaient communs quoique
à des degrés divers, à plusieurs phases distinctes du sommeil.
20 POSSIBILITÉ DES
RÊVES
La malade rêvait
souvent durant les trois degrés du sommeil neurique, ce qui prouve que
l'activité cérébrale n'était pas abolie. Etait-elle diminuée? Nous ne saurions le dire.
21° POSSIBILITÉ DE RÉVEILLER L'UN DES
HÉMISPHÉRES CÉRÉBRAUXET PAR CELA MÊME LA MOITIÉ LATÉRALE OPPOSÉE DU
CORPS EN SOUFFLANT SUR L'OEIL OPPOSÉ A CET HÉMISPHÈRE.
Nous touchons ici à une question
des plus intéressantes et des plus importantes celle de lindépendance
fonctionnelle des hémisphères cérébraux.
INDÉPENDANCE FONCTIONNELLE DES
HÉMISPHERES CÉRÉBRAUX
M. le professeur
Brown-Séquard dans une communication à lu Société de biologie (28 juin 1883) soutient qu'il
est faux de prétendre que l'hémisphère droit, peu importe une
délimitation plus exacte, soit le centre de perception des impressions sensitivesde la moitié gauche
du corps et réciproquement. « En réalité, dit-il, nous sommes à ce point de vue mieux
doués que nous le croyons : nous possédons
deux cerveaux. Chaque hémisphère, en effet, ajoute-t-il, est un centre de perception pour les impressions sensibles
provenant non pas d'un seul mais des deux côtés du corps. »
Quoi qu'il en soit des résultais obtenus à ce
point de vue par les
expériences patientes, ingénieuses et si
dignes de considération du célèbre physiologiste, nous avons de notre
côté observé des laits qui plaident en
faveur de la réalité de l'indépendance fonctionnelle des hémisphères cérébraux et du croisement des impressions
extérieures qui se rendent de la périphérie aux centres. Nous ne prétendons
pas nier pour cela lés relations qui existent entre les deux
hémisphères, et d'ailleurs quelques-uns de nos faits te montrent aussi.
Ce que nos observations nous permettent de faire rassortir, c'est la réalité
d'une indépendance fonctionnelle des deux hémisphères n'excluant pas les
relations directes entre eux.
Nos observations
viennent ici à l'appui de celles de M. le DrDumont-Pallier (1). Ou du moins nous avons été heureux de voir que des observations faites spontanément par M. le DrDumont-Pallier sont venues confirmer celles que j'avais
faites précédemment de mon côté et que
diverses circonstances m'ont empêché de publier avant ce jour.
Nous avons opéré dans des conditions un
peu différentes. Nos expériences comme les siennes présentent, tout au moins un
caractère qui leur est commun, c'est
que nous n'avons lésé aucun organe, pas même une petite cellule ou
une petite fibre. Aussi les adversaires de la vivisection n'auront-ils rien a
nous reprocher.
DIFFERENCEDANS LE DEGRÉ D'IMPRESSIONNABILITÉ
DES DEUX HEMISPHERES
Nous avons dit précédemment (p. 201) qu'en
neurisant le sujet par les passes, la moitié gauche de son corps s'anesthésiait
un
1.
Demonstration expérimentale du siège hémilatéral ou bilatéral cérébral
des hallucinatons. Conference de M. le docteur Dumont-Pallier
dans une leçon de M. le professeur Maguanà
l'asile Sainte-Anne, on février 1883 et intitulée : Deshallucinations
bilatérales à caractère différent suivant le côté affecté dans
le délire chronique. Voy. Union médicale. 15
et 19 mai 1883.
Voyez
aussi la thèse du docteur Berillon intitulée Hypnotisme expérimental,
Le dualitecérébrale ou l'indépendance
fonctionnelle dus deux hemispheres cérébraux. Paris, 1884.
peu plus rapidement
et un peu plus profondément que la moitié droite bien que les passes
fussent égales a droite et a gauche. D'où il semblait résulter que
l'hémisphère droit se trouvait, dans l'état pathologique ordinaire de la
malade et en dehors de toute intervention neurique, dans des conditions
d'excitabilité un peu inférieures
à celles de l'hémisphère gauche.
Puis les recherches
au sujet de la parole provoquée ont paru confirmer cette manière d'interpréter les faits.
Enfin de nouvelles
expériences analogues aux premières mais poursuivies avec une
attention encore plus soutenue n'ont plus permis d'avoir le moindre
doute sur l'existence d'un léger degré d'inégalité dans l'excitabilité des deux
hémisphères, le droit étant en quelque sorte un peu moins éveillé que le
gauche.
Et ce qui prouve que
celle différence ou inégalité était pathologique et faisait partie du cortège des
autres troubles fonctionnels éprouvés par la malade, c'est qu'elle a fini par
disparaître au fur et a mesure que l'amélioration de la santé faisait des progrès, sauf à se
montrer de nouveau mais très accusée et très
complète dans la deuxième phase de la maladie (phase de 1882).
Dans cette
première phase de la maladie (1880-1881) celte inégalité fonctionnelle
des deux hémisphères n'a jamais été assez accusée pour dépasser les
limites d'un des degrés si nettement caractérisés du sommeil. Tandis que, dans
la deuxième phase (1882), lorsqu'on venait à endormir la malade,
l'hémisphère droit présidait a des réactions sensitivo-scnsorielles et
motrices de la moitié gauche du corps qui caractérisaient le deuxième
degré du sommeil, l'hémisphère gauche n'était plongé que dans le premier
degré du
sommeil, caractérisé d'ailleurs du côté de lu moitié droite du corps par des
modifications sensitivo-sensorielles et motrices propres à ce premier degré de sommeil.
Lorsque, dans la
première phase de la maladie dont nous poursuivons actuellement l'étude,
le sujet était hypno-neurisé soit par la préhension des mains, soit par des
radiations digitales fixes, directes ou réfléchies, un certain degré d'inégalité dans
l'intensité des modifications indiquait encore que le cerveau gauche était
naturellement(quoique
pathologiqement) moins endormi que le droit.
Ici il eut été
difficile d'accuser une inégalité dans la neurisation parles passes intéressant par exemple plus la moitié
gauche du corps que ta moitié droite.
Ainsi, la malade se trouvant endormie par des procédés autres que celui des
passes, je pus faire maintes fois les remarques qui suivent.
Je soulève la paupière
gauche, j'interroge la malade mais je n'obtiens
pas de réponse. J'abandonne cette paupière qui retombe, puis je
soulève la droite et je demande à la malade si elle y voit. Elle répond qu'elle voit trouble. J'observe en
même temps que la pupille est mobile de ce côté droit tandis qu'elle est
immobile & gauche. Une passe en travers
faite devant l'œil droit ouvert suffît alors pour abolir la vue et
l'ouïe en môme temps.
Pendant que la malade
présentait ainsi cette inégalité dans l'étal dela vue, je n'ai observé aucune différence appréciable soit dans ta
sensibilité générale, soit dans les réactions gaie ou triste entre les deux
moitiés droite et gauche du corps. Le cerveau gauche était plonge dans le même degré de sommeil que le cerveau droit; l'intensité
seule de ce même degré de sommeil différait.
Je rappellerai ici
que dans la suite, et bien avant que la malade fut considérée comme guérie,
celle inégalité dans le degré d'excitabilité des deux cerveaux a
disparu ou tout au moins est devenue insignifiante.
Nous considérerons maintenant les deux
hémisphères comme reagissant également sous l'influence d'une
neurisation également répartie.
Les effets decette neurisation peuvent varier d'intensité dans l'un ou l'autre
hémisphère. Ils peuvent même n'être provoqués que dans un
seul hémisphère, ou du moins nous pouvons les observer localisés dans un
seul hémisphère.
SOMMEILDE L'UN DES HÉMISPHÈRES (
HEMI-HYPNOSE) ETRÉVEIL
DE L'AUTRE
PREMIER CAS. -
HEMI-HYPNOSE AU PREMIER DEGRE
La malade est endormie, elle est plongée
dans le sommeil neurique au premier degré par exemple.
Les yeux sont
fermes. Je soulève par exemple la paupière droite, et je souffle sur le globe oculaire, je
maintiens ta paupière soulevée, puis j'interroge la malade, elle répond
à mes questions : je lui demande si elle voit, elle répond
affirmativement. Je lui dis d'écrire, puis de lire, elle écrit et lit comme si
elle était éveillée; elle peut compter mes doigts, me reconnaît, reconnaît
également toutes les personnes qui l'entourent. Elle ne voit et n'entend que du côté droit. Si elle sourit, la moitié droite
seule de la face prend l'expression du sourire. En un mot sa
personnalité cérébrale gauche ou corporelle droite seule est éveillée.
Sa personnalité
cérébrale droite ou corporelle gauche reste dans le premier degré du sommeil.
La différence entre
l'état de veille de ta moitié latérale droite et l'étal de sommeil de la
moitié latérale gauche du corps est rendue manifeste et frappante par les opérations
suivantes.
La malade peut commander à la moitié droite
de son corps, elle en possède
l'usage. Elle ne peut commander à sa moitié latérale gauche. D'autre part la vue et l'ouïe
sont supprimées à gauche. L'application
digitale provoque à gauche une réaction gaie antérieure et triste
postérieure, et ne donne que des résultats négatifs a droite (côté
éveillé).
Le bras ou la jambe
gauches soulevés puis abandonnés conservent la position qu'on leur avait donnée.
La cataleptisation complète
est possible. Nous avons de l'hémi-catalepsie gauche complète ou
plus simplement de l'hèmi-hypnose gauche du premier degré.
Si au lieu do
réveiller l'hémisphère gauche j'avais réveillé l'hémisphère droit j'aurais eu de
l'hémi-hypnose au premier degré.
DEUXIEME CAS. - HEMI-HYPNOSE AU
DEUXIEME DEGRE (HEMI-CATALEPSIE INCOMPLETE)
Si pendant que la malade est plongée dans
le deuxième degré du sommeil neurique je réveille l'un des
hémisphères et par conséquent l'une dos moitiés latérales du corps en
soufflant sur l'oeil correspondant, l'autre
moitié restera plongée dans le deuxième degré du sommeil avec les
caractères qui lui sont propres mais bien localisés dans cette moitié du
corps (rire postérieur et gaieté antérieure,
cataleptisation incomplète). Nous aurons de l'hémi-catalepsie
incomplète, ou de l'hémi-hypnose au deuxième degré.
TROISIEME CAS. - HÉMI-HYPNOSE AU
TROISIEME DEGRE (HÉMI-LÉTHARGIE)
De même que
nous avions pu réveiller l'une des moitiés latérales du corps plongé dans le premier ou dans le
deuxième degré de sommeil, do même nous pouvions dans le
troisième degré, toujours en
soufflant dans l'un des yeux et suffisamment longtemps, réveiller le côté
correspondant. L'autre côté restait endormi au troisième degré. Nous avions de l'hémi-léthargie en admettant que
le troisième degré de sommeil mérite le nom de léthargie; ou en
d'autres termes de l'hémi-hypnose au troisième degré.
QUATRIÈME
CAS. - HYPNOSE BILATERALE A DES DEGRES DIFFERENTS D'UN COTE ET DE L'AUTRE
Mais lorsque je souillais dans l'un des
yeux pour réveiller la moitié
correspondante du corps, si le malade était plongé dans un sommeil qui
dépassait le premier degré, il m'est arrivé de ne déterminer qu'un réveil
incomplète cette moitié du corps.
J'ai pu observer ainsi tantôt de
l'hémi-hypnose droite au premier degré, et gauche au deuxième degré, et
vice versa ; tantôt de l'hémi-hypnose
droite au deuxième degré et gauche au troisième et vice versa. Il en résulte qu'il pouvait
y avoir de l'hémi-catalepsie à droite et de l'hémi-léthargie
à gauche et vice versa.
La malade pouvait
présenter de la gaieté antérieure dans l'une dés moitiés latérales du
corps, et postérieure sur l'autre moitié; ou bien de la gaieté antérieure ou
postérieure d'un côté et de l'indifférence de l'autre côté.
Il arrivait donc que
je la faisais rire en appliquant un doigt sur un point de l'une des moitiés du front et la
faisais pleurer en faisant celte application sur l'autre moitié de cette
région. C'étaient le rire et les pleurs croisés. L'application simultanée des
doigts sur l'une et l'autre moitié du front ou de toute autre région du corps
provoquait un état intermédiaire entre la gaieté et la tristesse.
Toutes les combinaisons basées sur les
caractères propres à chaque degré du sommeil étaient ainsi
réalisables. Tandis, par exemple, que l'un des bras soulevé puis abandonné
retombait inerte (expression du
troisième degré) l'autre bras soulevé et abandonné conservait la
position dans laquelle on le laissait (expression du premier degré) ou bien
retombait lentement (expression du deuxième degré).
Dans tous ces cas lorsque je soufflais
dans l'un des yeux, je soufflais en quelque sorte directement sur
l'hémisphère cérébral opposé dont je
déterminais sûrement ainsi le réveil, et en quelque sorte aussi
directement dans l'oreille du même côté.
DUREE
DU REVEIL UNILATERAL PROVOQUE
Nous avons observe
que le réveil unilatéral provoqué une première fois et non entretenu tendait
à disparaître spontanément de manière à être
remplacé par le sommeil à un degré plus ou moins avancé. Mais nous n'avons pas calculé la durée de ce réveil unilatéral
abandonné à lui-même.
INFLUENCE DIRECTE D'UN
HEMISPHERE SUR L'AUTRE
Si
nous considérons que le réveil des deux hémisphères une fois
provoque et abandonne a lui-même
se maintient, nous sommes conduits
à penser que la disparition graduelle du réveil borné à l'un
des hémisphères dépend d'une propagation jusqu'à lui de l'état hypnotique
dans lequel reste plongé l'hémisphère opposé. S'il en était
ainsi il faudrait conclure que l'indépendance fonctionnelle des deux
hémisphères tout en étant réelle n'est pas absolue.
INFLUENCE
DE L'OUVERTURE ET DE LA FERMETURE DESPAUPIERES
SUR
LE MAINTIEN,
L'ABOLITIONOU LE RETOUR DU RÉVEIL UNILATERAL
Lorsque
l'œil droit par exemple avait été ouvert puis souillé, elle voyait de cet
œil et entendait de l'oreille droite correspondante et cela avait lieu
aussi longtemps que l'oeil restait ouvert. En même
temps l'hémisphère gauche était éveillé, l'hémisphère droit restant plongé dans
le degré du sommeil dans lequel la malade se trouvait au moment de
l'expérience.
Mais
si j'invitais la malade à fermer l'œil droit ouvert ou si j'abaissais
moi-même la paupière elle ne m'entendait plus. Si à ce moment
je relevais la paupière elle m'entendait de nouveau.
Si
pendant que la paupière de l'oeil droit soufflé était maintenue soulevée,
et qu'ainsi la malade voyait de cet œil et entendait de l'oreille du
même côté, je venais à relever la paupière de l'oeil gauche
restée abaissée jusque-là, la vue et l'ouïe se trouvaient abolies
du côté droit. Ainsi elle ne répondait plus à mes questions, et si
précédemment je l'avais prié de lire dans un livre elle cessait de lire.
Si
au lieu de pneumo-neuriser l'œil droit, je neurisais de la même
manière l'œil gauche, je pouvais en procédant comme précédemment
obtenir du côté opposé la même série de phénomènes.
Ces faits,
assurément très remarquables, me paraissent assez difficiles à expliquer.
En tout cas ils
semblent prouver : 1° que l'intervention ou la non intervention de la
lumière entre ici en cause. Ainsi la suppression de l'excitation lumineuse abolit la vue et
l'ouïe lorsqu'elle intervient directement du côté où la vue et
l'ouïe ont été réveillées par le souffle. Puis l'excitation lumineuse
elle-même abolit la vue et l'ouïe
précédemment réveillées d'un seul côté lorsqu'elle intéresse directement
l'œil du côté opposé. Mais par quel mécanisme agissent la
lumière ou l'obscurité, l'intervention d'une excitation lumineuse ou
son absence dans les cas cités, je ne saurais le dire.
Plus haut nous avons vu que, plongée dans
le sommeil, la malade entendait ma voix pendant qu'elle avait les
paupières abaissées, mais qu'elle ne répondait plus à mes
questions dès que je venais à les soulever.
2°
Les faits rapportés ci-dessus semblent encore prouver que l'un des
hémisphères n'est pas sans action sur l'autre. En effet, l'ouverture de l'œil non soufflé supprimait
la vue et l'ouïe précédemment réveillées par le souffle dans la moitié
latérale opposée.
LE RÉVEIL DU SENS DE L'OUÏR
PROVOQUE-T-IL LE REVEIL. DE L'UN OU DE L'AUTRE DES HÉMISPHÈRES
Lorsqu'au lieu de
souffler tout d'abord dans l'un des yeux, je commençais par souffler dans l'une des oreilles,
je réveillais certainement le sens de l'ouïe de ce côté, mais je ne me
souviens pas d'avoir remarqué si en
même temps je réveillais l'un ou l'autre des hémisphères,
la vue continuant à être abolie.
RELATION DIRECTE ET RÉCIPROQUE
ENTRE L'OEIL ET L'OREILLE DU MÊME COTÉ
Il est certain que le réveil du sens de la
vue provoqué par le souffle entraînait
aussitôt le réveil du sens de l'ouïe du même côté,
et le réveil
de l'hemisphere opposé, tandis que le réveil du sens de l'ouïe d'un côté
n'entraînait pas toujours le réveil du sens de la vue, du même côté, à droite ou
à gauche, et nous doutons qu'il ait provoqué le
réveil de l'un ou de l'autre des hémisphères, et en tout cas,
le réveil de l'hémisphère opposé, avant d'avoir provoqué le reveil du sens de la vue
du même côte.
22 POSSIBILITÉ DE NE RÉVEILLERQUE LE SENS DEL'OUÏE
Lorsque
par l'emploi du souffle je réveillais le sens de la vue, soit
d'un côté, soit de l'autre, soit successivement des deux côtés, je
réveillais en même temps le sens de l'ouïe dans les oreilles correspondantes.
Je ne
me souviens pas d'avoir observé des cas dans lesquels le réveil de la vue
n'entraînait pas avec lui le réveil de l'ouïe du même côté.
Le
léveil de l'ouïe provoqué par le souffle n'a pas toujours été suivi du
réveil de la vue, soit a droite, soit à gauche.
En
soufflant dans le conduit auditif de l'une des oreilles, tantôt la vue revenait du
même côté, tantôt elle ne revenait pas. De même, si je soufflais successivement dans l'une et l'autre
oreille, tantôt la vue revenait des
deux côtés et a ta suite le réveil complet des deux hémisphères, et
tantôt elle ne revenait pas.
La
cause de celle différence m'échappa durant plus de six jours pendant
lesquels j'avais fait des expériences quotidiennes avec le souille sur les organes de
la vue et de l'ouïe.
Puis
je m'aperçus que le réveil ou le non réveil de la vue a la suite du réveil de
l'ouïe dépendait essentiellement du temps employé à souffler, c'est-à-dire du degré de la
neurisation pneumique.
Ainsi
une neurisation pneumique courte faite en regard du conduit
de l'une des oreilles ne réveillait que le sens de l'ouïe de cette oreille.
Le malade n'entendait que de cette oreille et ne voyait ni
avec un œil, ni avec l'antre
après avoir eu soin de soulever les paupières.
Mais si la
neurisation pneumique de l'une des oreilles était suffisamment prolongée ou répétée, le
sens de la vue se trouvait à la suite réveillé dans l'œil du même côté, surtout si préalablement j'avais soin de maintenir les paupières
soulevées ou si pendant que soufflant dans l'oreille, je réveillais le
sens de l'ouie, je disais à la malade d'ouvrir ses yeux, ce qu'elle
pouvait faire alors.
Si au lieu d'opérer ainsi a l'égard d'une
seule oreille, j'opérais en regard des deux
oreilles, la vue revenait de chaque côté et, avec l'ouïe et la vue,
le réveil complet des deux hémisphères.
RÉVEIL DU SENS DE
L'OUÏE A DIVERS DEGRÉS
Le degré du réveil
de l'ouïe variait suivant que le souffle n'intéressait qu'une
oreille ou les deux oreilles, et suivant qu'il était plus ou moins répété ou prolongé.
Lorsque je n'avais
réveillé l'ouïe que d'un seul côté, même complètement,
par des radiations pneumiques suffisamment répétées, la malade entendait moins que lorsque
j'avais successivement réveillé le sens de l'ouïe dans l'une et dans
l'autre oreille.
J'avais à
faire en quelque sorte à un cas de surdité unilatérale accidentelle sans suppléance fonctionnelle
perfectionnée par un long exercice.
Si le souffle n'avait pas été suffisamment
prolongé ou répété, elle ne m'entendait d'abord que faiblement et seulement
lorsque je parlais à très haute voix.
Un jour, pendant que
la malade était plongée dans un sommeil neurique profond, je soufflai
dans ses deux oreilles. Après les premiers souilles très
peu nombreux et de courte durée, je demandai à la jeune fille si elle m'entendait et
elle répondit textuellement : « Oh ! c'est
drôle, j'entends une voix lointaine, une voix qui vient de loin, de loin. » Je soufflai de nouveau : « Ah ! la voix se rapproche,
» dit-elle pendant que je lui adressais de nouveau la parole. De nouveau, je soufflai d'un côté
et do l'autre, et elle dit alors en souriant ; « Ah! je vous entends. Qui
suis-je? ajoutai -je. Le docteur Barély
», répondit-elle aussitôt.
Elle n'était pourtant
pas éveillée. Le sens de la vue n'avait d'ailleurs pas été réveillé.
J'aurais pu la réveillér, soit en continuant à souffler dans les oreilles, soit
en souillant directement sur les yeux, ainsi que je l'avais fait dans d'antres cas du môme genre. Dans ce cas, je provoquai le réveil en faisant des passes
ascendantes rapides au-devant de la figure. En se réveillant, la malade
fut toute étonnée de se trouver par terre, car un instant auparavant elle
s'était laissée glisser du divan, où elle était assise, sur le parquet.
Elle n'avait conservé aucun souvenir do ce qui s'était passé durant son sommeil
et durant le réveil de l'ouïe.
Au fur et à
mesure qu'elle m'entendait davantage, ce qu'elle exprimait en disant que la
voix d'abord lointaine se rapprochait de plus en plus, elle passait du troisième
degré du sommeil au deuxième, puis au premier, ce dont j'ai pu m'assurer
par la recherche des caractères
propres à chaque degré.
Ainsi le réveil graduel de l'ouïe
amenait le réveil graduel des hémispheres,
tantôt d'un seul, si le souffle n'intéressait qu'une oreille, tantôt des
deux s'il intéressait les deux oreilles; puis le réveil était complet soit dans l'un, soit dans les deux
hémisphères suivant les cas, dès que le sens de la vue
était réveillé â son tour, soit dans l'un des yeux si la neurisation pneumique
n'intéressait qu'une oreille, soit dans les
deux yeux si la neurisation intéressait les deux oreilles. Puis le
réveil était complet, soit dans l'hémisphère
correspondant à l'oreille seule influencée, soit dans les deux hémisphères si les deux oreilles étaient
intéressées, dès que la vue revenait dans l'un des yeux correspondant a
l'oreille neurisée par le souffle, soit dans les deux yeux lorsque les
deux oreilles étaient neurisées chacune successivement par le souffle.
NOUVELLE
CONFIRMATION DES RELATIONS PHYSIOLOGIQUES
PATHOLOGIQUES
ET ANATOMIQUES
EXISTANT
ENTRE L'OEIL ET L'OREILLE DU MÊMECOTÉ
Les expériences que nous venons d'exposer
confirmentde nouveau les relations physiologiques,
pathologiques et analomiques qui existent
entre l'œil et l'oreille, et que mon confrère le DrDransart a mises en relief par sa
communication, déjà citée, au Congrès de Reims (séance du 13
août 1880).
Précédemment (p. 86 et suiv.), nous avons
établi que l'anesthésie provoquée dans l'un des yeux par les radiations
digitales fixes pouvait se propager
à l'oreille correspondante et que, inversement, l'anesthésie
provoquée par le môme procédé dans l'une des
oreilles pouvait se propager à l'œil correspondant. En d'autres
termes en la rendant sourde d'un coté, je la rendais par cela même aveugle du même côté et vice versa. En
agissant sur les deux yeux ou sur les deux oreilles, reflet était
naturellement double. Mais pour que la propagation de l'anesthésie eût
ainsi lieu de l'oreille à l'œil
correspondant et vice versa il fallait que la neurisation Tût suffisamment
prolongée.
De même, ainsi
que nous venons de le voir, le réveil (par l'hyperesthésie d'origine
pneumique) provoqué dans l'un des yeux peut se propager à l'oreille du
même côté, et inversement, le réveil provoqué par le même procédé
et d'après le même principe dans l'une des oreilles, peut se
propager dans l'œil correspondant. De même, pour que cette propagation ail lieu,
il faut que la neurisation hyperesthésiante soit suffisamment prolongée; et il
en doit être ainsi surtout lorsqu'on influence tout d'abord l'oreille.
Si au lieu de n'agir ainsi que sur un seul
côté du corps, j'agissais sur les deux côtés, les effets étaient doubles et le
réveil du sens de l'ouïe et de la vue étant général, le réveil total du
corps avait lieu. Dans cette double
opération l'excitation portée sur l'un des hémisphères ne
contrariait pas les effets préalablement produits sur l'autre.
Leréveil du sons de
l'ouïe et de la vue d'un même côté entraînait le réveil de l'hémisphère opposeavec toutes ses conséquences, c'est-à-dire
que la malade rentrait en libre possession de toute la moitié du corps a
laquelle commande cet hémisphère du côté de l'oeilauquel la vue avait été rendue.
Lorsque, dans l'état
de veille complet de la malade, je la rendais sourde et aveugle du
même côlé au moyen des radiations digitales fixes, je n'ai pas eu la pensée de rechercher si,
en même temps le même côté du corps était anesthésie, si, en
d'autres termes l'hémisphère opposé
était plongé dans le sommeil à un degré quelconque.
Il est probable qu'il en était ainsi, mais je ne saurais
l'affirmer.
Dans le travail du
Dr Dransart, il est dit qu'une opération faite sur un œil malade,alors que
la maladie de cet œil, traumatique ou spontanée, avait entraîné la
surdité du même côté, pouvait en améliorant les conditions pathologiques de l'œil
améliorer par cela même l'ouïe
du même côté. Il a remarqué aussi que toute amélioration de même
que toute aggravation spontanée d'un œil malade pouvait entraîner une amélioration ou une
aggravation du côté de l'ouïe correspondante.
Or, nous avons vu précisément que le
réveil du sens de la vue d'un seul côté entraînait le réveil du sens de
l'ouïe du même coté lorsque la malade se trouvait plongée dans le
sommeil neurique.
Donc les résultats
des recherches de physiologie expérimentale, tels que nous les avons obtenus, ont pleinement
confirme les résultats des recherches
du DrDransart faites essentiellement au point de vue de la
pathologie.
L'anesthésie par sa
propagation de l'œil à l'oreille du même côté, représentait
l'influence pathologique. L'hyperesthésie, en neutralisant les effets de l'anesthésie,
représentait l'action curative, ou l'amélioration spontanée.
L'audition colorée, ainsi que nous l'avons dit ailleurs,
constituerait un phénomène
pathologique indiquant la possibilité de la propagation d'une influence physiologique
ou pathologique subie
par le centre
auditif au centre visuel ou chromatique correspondant.
Il en serait de
même du phénomène de la clarté qui se manifestait du même
côté par où Jeanne d'Arc entendait la voix (vois intérieure), et auquel
il a été aussi fait allusion plus haut.
La notion de cette
influence possible d'une modification materielle ou fonctionnelle de l'organe de l'ouïe
sur la vue du même côté, a
besoin d'être corroborée par de nouvelles observations. En attendant, une voie nouvelle est ouverte
û l'observation médicale.
Ainsi en présence
d'une affection oculaire, on devra rechercher l'état de l'ouïe du même côté; de même lorsqu'on aura constaté une lésion
de l'oreille, il faudra s'enquérir du degré d'intégrité de la vue du même côté.
Il y aura même plus à faire;
étant donnée une affection de l'œil et de l'oreille du même côté, il
y aura lieu de rechercher quelles modifications ont pu survenir dans lu
sensibilité et la motilité du même côté du corps.
OUBLI PAR LA MALADE. APRES
LE
REVEIL TOTAL ET COMPLET,
DE TOUT CE OUI S'EST PASSE
DURANT LE REVEIL DE L'UN
DES HEMISPHERES
Cet oubli a été
constaté par moi maintes fois et prouve bien que les hémisphères, tout en agissant pour leur
propre compte, ne cessent pas d'agir mutuellement l'un sur l'autre.
Ainsi pendant qu'elle n'était éveillée que
d'un seul côté, ne voyant et n'entendant que d'un seul côté, il est arrivé
plusieurs fois qu'une personne
étrangère est entrée dans le salon de l'appartement où
elle était. La malade voyait celle personne, la reconnaissait, lui parlait, répondait a ses questions, exactement comme si
elle eût été complètement éveillée et en pleine possession
d'elle-même.
Ensuite
je priais la personne étrangère de passer dans la pièce
voisine,
et soufflant sur l'œil endormi de mon sujet, je déterminais le réveil complot.
Elle n'avait plus le souvenir de la visite qu'elle venait
de recevoir. Puis si la personne en visite passait dans le
salon, venant à elle, elle l'accueillait comme si elle l'eût vu
pour la première fois ce même
jour.
Si
pendant qu'elle était en hémi-hypnose j'insistais pour qu'elle examinat
bien lu personne qui venait d'entrer, et qu'elle fit tous ses
efforts pour se souvenir d'elle après son réveil complet, le résultai
était le même. Une fois réveillée complètement, elle déclarait
n'avoir pas encore vu. celle personne ce même jour.
Il faut donc conclure que
l'hémisphère hypnotisé empeche l'hémisphère
éveillé de conserver le souvenir de ce qui Ta impressionné (soit par l'intermédiaire de la vue soit
par celui de l'ouïe). Pur quel mécanisme? Je ne saurais le dire.
23 POSSIBILITÉ
D'ARRETE LES MOUVEMENTS DÉSORDONNÉS LESMAINS
EN SOUFFLANT VIGOREUSEMENT SUR ELLES DE MANIERE A EN RENDRE LES MOUVEMENTS
DOULOUREUX.
Parfois
dans le sommeil neurique la malade se livrait à des mouvements
désordonnés avec ses mains et comme elle apportait ainsi une grande gène dans
les recherches que je faisais, j'eus l'idee d'endolorir
ses mains en soufflant vigoureusement sur elles. Bientôt elle les tenait immobiles car le moindre mouvement y provoquait une vive douleur. Celle hyperesthésie
pouvait persister après lu
réveil si je ne la neutralisais pas préalablement.
Je
cite ce fait parce qu'il prouve que dans le sommeil,
expression d'une anesthésie généralisée
périphérique et centrale, il y a place pour
l'hyperesthésie. Cette hyperesthésie ainsi limitée représente relativement à la sensibilité générale un
réveil partiel, lequel a pour
pendant, dans les analogies, le réveil d'un des organes des sens représentant le réveil partiel de la
sensibilité spéciale.
Je
n'ai eu l'occasion de provoquer cette hyperesthésie senaitive (1) que
dans le premier et le deuxième degré du sommeil, la malade étant
toujours très calme dans le troisième degré.
24
POSSIBILITE DE PROVOQUER LA CRISE DITE DU
PETIT VEAC EN SOUFFLANT LEGEREMENT ET LONGUEMENT SUR UNE RÉGION PLUS OU MOINS ÉTENDUE DU CORPS.
Cette
crise qui représente une grande excitation du système sensitivo-moteur,
peut être provoquée par des radiations pneumiques légères et
prolongées dans les trois degrés du sommeil. La malade passe
ainsi du sommeil non pas au réveil lequel est l'expression d'une excitation
proportionnée à la dépression préalable du système nerveux, mais à un degré d'excitation supérieur a
celle qui détermine le simple réveil.
Plus
loin nous verrons comment la malade pouvait passer inversement
de la crise hyperesthésique a la crise anesthésique ou sommeil.
25 POSSIBILITE DE REVEILLER LE
SUJET PAR DES PASSES
FAITES EN REGARD
DE LA FIGURE ET DONT
LA DIRECTION DOIT VARIER SELON LE
DEGRE DE SOMMEIL.
Dans
Le premier et le troisième degré les passes doivent être ascendantes et dans le
deuxième descendantes.
Nous
ne saurions affirmer que les régies soientabsolues,
car nous n'avons pas pu répéter les expériences un nombre de fois suffisant pour écarter toutes causes
d'erreur.
Maïs
si un contrôle ultérieur venait àjustifier
ces règles données ici sous toute réserve, il faudrait
conclure que dans le second sommeil il se produit quelque renversement dans les
courants
1. Par
opposition à l'hyperesthesie sensorielle.
nerveux du sujet. Ne
voyons-nous pas, en effet, la réaction gaie se montrer après une excitation de la moitié
antérieure du corps dans le premier degré du sommeil, et, nu contraire, de la
moitié postérieure dans le deuxième? De môme une passe sortante, allant
du sujet vers l'opérateur, attire dans le premier degré et repousse dans le deuxième. De même
enfin, une passe en regard des muscles de la face les fait se contracter, dans
le premier degré, lorsqu'elle est faite dans un sons, et dans le
deuxième degré, lorsqu'elle est faite dans le sens contraire.
Je ne me souviens pas d'avoir noté si avec
ces passes le réveil avait lieu d'emblée ou s'il était graduel, en d'autres
termes si en se réveillant le sujet passait directement d'un des degrés avancés
du sommeil à l'étal de réveil complet
ou s'il passait par les degrés intermédiaires du sommeil. Ce point demeure
obscur pour moi et je me borne à le signaler pour un contrôle
ultérieur.
DUREE DU SOMMEIL PROVOQUÉ CONDITIONS QUI FONT
VARIER CETTE DUREE
Elle était
subordonnée : 1 au degré d'amélioration de la santé de la malade ; 2 au degré
du sommeil lui-même ; 3 au procédé employé.
1 Au furet à mesure que la santé de la jeune fille s'améliorait lesommeil provoqué semblait avoir une durée de plus
en plus courte en même temps qu'il était plus difficile à
provoquer.
Nous exprimons ce
fait d'une manière dubitative parce que généralement nous réveillions la malade
après l'avoir endormie ut nous n'attendions pas que le réveil eût
lieu spontanément.
Deux ou trois fois elle s'est réveillée
avant notre retour auprès d'elle et nous avons remarqué que cela est
survenu lorsqu'elle etait plus près de sa guérison.
2 Plus le sommeil était profond plus il
était prolongé.
3 Le procédé de la préhension des mains
provoquait un sommeil de plus longue durée que le procédé des passes.
DUREE
DU SOMMEIL NEURIQUE
Au début, Ne sachant
pas quelles suites heureuses ou facheuses pouvait avoir le sommeil
neurique, craignant même quelque suite fâcheuse pour la santé, nous
ne laissions la malade endormie que pendant quelques minutes. Puis graduellement nous
la laissions plongée dans le sommeil, un
quart d'heure, une demi-heure, une heure. Tout d'abord nous restions
auprès d'elle, ensuite nous vaquions à d'autres occupations et
revenions auprès d'elle non sans être légèrement anxieux.
Toujours nous la trouvions calme.
Enfin ayant acquis
la certitude que ce sommeil non seulement ne portait aucun préjudice
à la malade, mais améliorait même sa santé nous le laissâmes se prolonger plusieurs
heures.
Bientôt nous primes l'habitude de
l'endormir le soir, et de revenir la réveiller le lendemain matin.
Ellea ainsi dormi
à la suite de l'hypno-neurisation 10, 12, 14, 17 et 18 heures et demie. Ce sommeil se
serait môme prolonge davantage si nous n'avions pas cru devoir le faire cesser.
EFFETS
CURATIFS DU SOMMEIL NERIQUE
Dès que j'eus assuré dé celle
manière le calme de ses nuits l'amélioration de sa santé fit des progrés
rapides et de plus en plus manifestes. On le
comprendra sans peine si l'on songe qu'elle avait de fréquentes attaques
hyperesthésiques et que le correctif ou l'antidote de l'hyperesthésie est
l'anesthésie.
DES EFFETS CURATIFS
RECIPROQUES DE L'ANESTHESIE ET L'HYPERESTHESIE NEURIQUE PROVOQUEES
Dans
la médecine des symptômes il est de tradition do combattre la
douleur ou toute excitation du système nerveux par des médicaments
appropriés dits calmants ou sédatifs. Lorsque d'autre part lu
sensibilité parait engourdie on cherche à la réveiller, à
l'exciter.
L'opium
calme les névralgies, mais à son tour la douleur neutralise les effets de
l'opium.
Dans
un travail récent (1) nous avons cru devoir insister sur la nécessité
déjà admise d'aillcurs de
recourir aux excitations externes dans le traitement de l'empoisonnement par l'opium
et les solanés. Nous en avons montré les
bons effets dans deux cas d'empoisonnement
que nous venions d'observer.
Dans
le cas présent c'était l'excitation du système nerveux qu'il fallait calmer.
Les
moyens ordinaires,c'est-à-dire les remèdes pharmaceutiques ayant
échoué nous eûmes recours à l'hypno-neurisation. Et, fait curieux
à noter, nous fîmes bénélicier la malade d'un moyen thérapeutique
que l'étude même de sa maladie nous avait appris à connaitre et a manier.
A
l'excitation ou hyperesthésie du système nerveux scnsilif, j'opposai
l'anesthésie et son équivalent le plus élevé en intensité : le sommeil neurique.
Cette
excitation étant chez elle le résultat d'une modification particulière
du système nerveux et présentant des caractères que l'on
n'qbserve jamais â la suite de l'ingestion de certaines substances
toxiques ou médicamenteuses, il semblait qu'il fallait lui
opposer non pas l'action de certaines substances
médicamenteuses dites sédatives, mais bien au contraire une
modification du système
(1)Desbons
effets de la douleur provoquée dans le traitement de l'empoisonnement apr. l'uium et les solanees,
par le Dr Barety. Gas. hebdom., a" 39,
28 sept, 1883,
nerveux d'ordre
inverse mais de môme nature quant nu fond. C'est ainsi qu'à l'hyperesthésie nous avons
opposé l'anesthésie, après avoir appris à produire l'une et
l'autre de ces modifications du système nerveux au moyen de procédés
divers qui, tout en comportant l'emploi
d'un môme agent, peuvent produire précisément des effets tout à
fait opposés,
Le môme agent au
moyen duquel nous pouvions provoquer les attaques hyperesthésiques, auxquelles la malade
était sujette, nous servait pour neutraliser
ces attaques. Cet agent c'était la neuricité.
Nous avions donc
utilisé pour une application nouvelle la notion de l'unité dans le principe et de la diversité
dans les moyens. Et si le vieil adage reste vrai, à savoir que les remèdes
montrant la nature des maladies, ne peut-on pas affirmer que du moment
où, par l'emploi de la force neurique, je pouvais à volonté
entretenir ou exagérer le mal ou le guérir, suivant le procédé adopté, les troubles fonctionnels que présentait
la malade devaient être l'expression d'une altération de sa force
nerveuse?
Or la force nerveuse ne peut guère
être altérée que dans sa quantité et son mode de circulation ou de
répartition.
HYPONEURICITE
ET HYPERNEURCITE
La force neurique était-elle en
excès ou en défaut chez ma malade?
J'inclinerais à penser qu'elle était en défaut. Cette hyponeuricité
me parait môme prouvée par le seul fait d'une amélioration, puis d'une
guérison obtenue par l'emploi de la force neurique
rayonnante qui, lorsqu'elle peut ainsi dépasser les limites du corps humain, indique précisément qu'elle est
en excès, que le sujet neurisateur est doué d'hyperneuricité.
Mais la force
neurique agit aussi à l'état de force circulante, et nous avons vu que le sens suivant tequel
elle se propageait avait une influence
réelle et variable sur le sujet neurisé. Il faut donc admettre que si la
quantité de neuricilé a une influence, son mode
de circulation on a une aussi.
N'avons-nous pas soupçonné plusieurs fois un changement de direction dans les
courants nerveux de la malade? Comment expliquer autrement les phénomènes
dont le caractère est si nettement opposé dans le premier et le
deuxième degré du sommeil?
D'autre part notre
sujet n'avait-il pas de l'hémianesthésie sinon franchement déclarée, au moins prête
à se manifester après les manœuvres neuriques? Et cette
hémianesthésie si fréquente et peut-etre constante chez les sujets neurisables
ne semble-t-elle pus indiquer une
désharmonie dans le fonctionnement des deux hémisphères en môme temps
que quelque trouble dans la direction des courants nerveux de chaque moitié
latérale du corps?
RESUME DES CARACTERES PRINCIPAUX DU SOMMEIL NEURIQUE,
DES PHENOMENES PRINCIPAUX QUI L'ACCOMPAGNENT ET DE
SES EFFETS THÉRAPEUTIQUES
I. Le sommeil neurique est le dernier terme de la
série des phénomènes provoqués parla
neurisation anesthésiante, expansive ou circulante.
II. Les procédés
employés pour provoquer le sommeil neurique sont nombreux. Les principaux sont au nombre
de cinq : 1les radiations digitales ou oculaires
fixes, immédiates ou médiates; 2 les passes
ou radiations digitales mobiles faites dans le sens de la distribution
des nerfs, exception faite pour la face postéro-interne des membres; 3la préhension des mains; 4les applications digitales sur le trajet ou le
point d'émergence de certains troncs
nerveux importants; 5 l'opposition d'un courant neurique propre ou transmis à un agent
intermédiaire de forme allongée, à
des nerfs sensitifs du sujet neurisable se distribuant dans le môme sens que ce
courant (exception faite encore pour les nerfs sensitifs de la face postérieure des membres).
III.Le sommeil neurique
n'est pas un et ne présente par conséquent pas des caractères
invariables dans son ensemble.
Il présente plusieurs
degrés.
Ces degrés du sommeil neurique sont au nombre de quatre.
Chacun de ces degrés
présente des caractères propres nettement définis.
Le premier degré du sommeil est
essentiellement caractérisé: 1°par la
possibilité de la cataleptisationcomplète et de la têtanisation des membres; 2° par la réaction
gaie antérieure, et triste postérieure
sous la pression de la face
palmaire de l'extrémité du doigt; 3° par la contraction des muscles de la face obtenue
par des passes faites dans le sens apparent de cette
contraction; 4° par l'attraction et la répulsion positives; 5°
par le réveil obtenu au moyen de passes ascendantes devant la figure.
Le deuxième degré du sommeil neurique
est essentiellement caractérisé: 1° par la possibilité'de la cataleptisation,
mais faible et de courte durée
et l'impossibilité de la tétanisalion des muscles; 2° par la réaction
triste antérieure, et gaie postérieure sous la pression de la face palmaire de l'extrémité du
doigt (réactions inverses de celles du premier degré); 3° par la contraction
des muscles de la face obtenue par des passes faites dans le sens
inverse apparent de cette contraction; 4°par l'attraction et la répulsion négatives;
5° par le réveil obtenu au moyen de passes descendantes devant la
figure.
Le troisième
degré du sommeil, dit sommeil complet, est essentiellement caractérisé : 1° par
la flaccidité complète des membres; 2° par
l'absence de toute réaction gaie ou triste sous la pression du doigt; 3°
par l'absence de toute contraction sous l'influence des passes; 4° par l'absence de tout mouvementd'attraction et de
répulsion sous l'influence des passes perpendiculaires centrifuges et centripètes; 5° par le réveil obtenu
au moyen de passes ascendantes devant la figure.
Le quatrième
degré du sommeil n'est que l'exagération du troisième degré. C'est une sorte de coma.
En d'autres termes
le premier degré du sommeil neurique est caractérisé par l'état
cataleptique complet et l'état tétanique possibles.
Le deuxième degré est caractérisé par l'état cataleptique incomplet.
Le
troisième degré, par l'état léthargique.
Le somnambulisme
dans son sons primitif, qui est la possibilité de la déambulalion libre dans le sommeil, est un
phénomène commun a ces trois degrés du sommeil. Seulement il est rendu moins facile dans le
troisième degré par la fatigue musculaire qui accompagne ce degré plus avancé du
sommeil.
IV. Le temps nécessaire
pour provoquer le sommeil neurique a varié, d'une manière générale, entre deux
ou trois secondes et quatre ou cinq minutes, rarement plus. En tous cas ce
temps était subordonné à la
sensibilité neurique de la jeune fille, variable suivantla période de sa maladie, elle procédé choisi de
neurisation.
V.
Le
début du sommeil s'accompagne de la sensation du besoin de dormir, de
lassitude, d'un certain degré de vertige, de lourdeur
et de l'abaissement des paupières; puis survient l'affaissement
du sujet sur lui-môme, ou une simple inclinaison de sa tôle, et la résolution
apparente des membres.
VI. Le sommeil neurique provoqué a duré de
quelques
minutes a plus de dix-huit heures, et il aurait pu se prolonger plusieurs fois d'avantage si, par prudence,
je n'avais pas cru devoir
le faire cesser. En dehors de toute intervention pour la limiter cette durée était subordonnée : 1°au degré d'amélioration de la santé
de la malade; 2°au degré du sommeil lui-même.
VIL Les effets
curatifs du sommeil neurique provoqué chez. Mlle G... n'ont pas été douteux. Elle souffrait de
fréquentes attaques hyperesthésiques spontanées et l'anesthesie a été
ici l'antidote de l'hyperesthésie.
VIII.Parmi les
phénomènes les plus remarquables qui accompagnent ou caractérisent le sommeil neurique en
dehors de ceux déjà signalés ici nous devons citer : 1° la conservation
de l'ouïe chez le sujet endormi
à l'égard du sujet neurisateur seul ; 2° la possibilité de
provoquer la parole par certaines applications digitales; 3° la
possibilité de réveiller l'un des hémisphères cérébraux.
1° La malade
endormie neuriquement devenait étrangère à tout ce qui se passait autour d'elle. Toute
communication naturelle avait cessé entre
elle et les objets et les personnes qui t'entouraient, excepté avec le sujet neurisaleur. Entre le sujet
neurisé et le sujet neurisatcur existait une sorte de trait d'union invisible,
une sorte de voie de communication mystérieuse.
Mais si je venais â soulever ses
paupières et a maintenir ainsi les yeux ouverts elle ne m'entendait
plus. Toute communication avait cessé entre nous.
2°
L'application d'un ou de plusieurs doigts par leur face pulpaire sur
l'apophyse mastoïde, région indifférente, excitait le sujet à parler, et avec un ton
d'indifférence, qu'il fût dans le premier, dans le second ou dans
le troisième degré du sommeil.
Dans le troisième degré du sommeil,
l'application digitale sur tout autre point rapproché ou éloigné de l'oreille
n'excitait pas la parole.
Dans te
deuxième degré, la malade était encore excitée a parler tantôt gaiement,
tantôt tristement, si l'application digitale était faite sur certains points
faisant partie de la section postérieure du corps, et rapprochés de l'oreille, tels que l'occiput, la
nuque et le haut du rachis.
Dans le premier
degré l'excitation aparler soit gaiement, soit avec tristesse avait
encore lieu lorsqu'on touchait certaines régions faisantpartie dela section
antérieure du corps, telles les tempes et les bosses frontales.
Dans le deuxième et le premier
degré l'application digitale sur les régions signalées autres que la région
mastoïdienne donnait un ton de gaieté au monologue du sujet si elle avait
lieu par la face pulpaire, et une expression de tristesse si ladite application
avait lieu par la face dorsale.
Lorsque l'application avait lieu sur la
moitié latérale droite de la malade, la parole n'était que labiale en quelque
sorte. Les lèvres se mouvaient mais aucun son n'était émis.
Si l'application
était faite à gauche la malade émettait des sons, parlait réellement.
La raison de cette différence me parait
ici double. D'une part, l'hémisphère
cérébral gauche est le siège (de prédilection) du langage
articulé placé dans le pied de la troisième circonvolution frontale.
D'autre part, l'hémisphère droit était déjà primitivement moins
éveillé que lo gauche et par conséquent moins facile en tous cas a reagir.
La voie que suivait
la neuricité, dans ces applications, pour provoquer la réaction verbale nous
parait dire celle des nerfs sensitifs du pavillon de l'oreille reliés, par
voie anastomotique, d'une part aux nerfs sensitifs des divers régions point de départ du réflexe verbal, et d'antre part au nerf
acoustique, le centre auditif des mots qui occupe la première
circonvolution temporale gauche étant d'ailleurs relié au centre du langage
articulé qui est placé dans le pied de la troisième circonvolution
frontale gauche.
La réaction verbale a pu être
provoquée par l'intermédiaire d'une lige en bambou dont l'une des extrémités était
tenue dans la main et l'autre
appuyée sur une des régions désignées.
3°Nos
expériences nous ont montré que les deux hémisphères cérébraux pouvaient
agir indépendamment l'an de l'autre, mais que celle indépendance fonctionnelle
réelle n'excluait pas des relations directes entre eux.
Mîtes nous ont
encore montré que chez notre malade il existait un léger degré d'hémianesthésie gauche, qu'en
d'autres termes l'hémisphère cérébral droit était à un degré
fonctionnel un peu inférieur à celui du côté gauche.
Le procédé qui nous a servi pour isoler
fonclionnellement un hémisphère de
l'autre a consisté a souffler tantôt sur l'oeil gauche et tantôt sur
l'oeil droit.
La jeune fille étant endormie, lorsque je
soufflais sur l'œil gauche je réveillais l'hémisphère droit et
toute la moitié gauche du corps; et lorsque je soufflais sur l'œil droit
je réveillais l'hémisphère gauche et toute la moitié droite du corps.
Dans ces conditions, suivant le degré du
sommeil, je déterminais de l'hémihypnose au premier, au deuxième ou au
troisième
degré, c'est-à-dire de
l'hémicatalepsie complète ou incomplète, ou de l'hémiléthargie.
Si, la malade étant plongée
dans le sommeil assez profondément pour que le troisième degré fût
atteint, je venais à souffler sur l'un des yeux, il arrivait que le
réveil hémilatéral était incomplet et il
pouvait y avoir hémihypnose léthargique d'un côté et hemihypnose cataleptique de l'autre côté, ou bien hémihypnose
cataleptique incomplète de l'autre côté.
Daus ce dernier cas l'application digitale
sur les points homologues des deux moitiés latérales du corps provoquait le
rire ou les pleurs croisés.
Il existe une relation directe et
réciproque entre l'œil et l'oreille correspondants. Ainsi en soufflant sur
un des yeus, je réveillais la vue dans cet
œil et l'ouïe dans l'oreille correspondante et vice versa.
Nous avions ainsi une nouvelle confirmation des
relations physiologiques, pathologiques et
anatomiques existant entre l'œil et l'oreille du même côté,
mises en relief par Dransart et par les auteurs
qui se sont occupés du phénomène de l'audition colorée. En
soufflant successivement dans l'une et l'autre oreille et surtout dans l'un et
dans l'autre œil, je pouvais déterminer le réveil total et complet,
c'est-à-dire le réveil des deux hémisphères sans trace d'un
degré môme minime de sommeil.
Après le réveil total et complet la
jeune fille ne conservait aucun souvenir de
ce qui s'était passé durant le réveil de l'un des hémisphères.
RÉVEIL
DIVERS MOYENS DE PROVOQUER LE RÉVEIL
J'ai pu provoquer le réveil : 1° Par le souffle:
2° Par des applications digitales ;
3° Par des passes ;
4° Par l'opposition de courants.
1°
REVEIL PAR LE SOUFFLE
Le souffle buccal peut provoquer très facilement le réveil en agissant
sur les yeux ou sur les oreilles.
RÉVEIL EN SOUFFLANT DIRECTEMENT
SUR LESYEUX ET LES OREILLES
C'est le procédé habituellement employé
parles magnétiseurs, et je ne pense pas qu'il
en existe d'autres connus.
J'y ai eu recours moi-même
très souvent, et tout d'abord lors-qu'ayant endormi la malade pour la
première fois je voulus la réveiller.
J'y ajoutai le pincement des téguments. Mais bientôt je renonçai â provoquer
une douleur qui me parut tout au moins superflue, et je fis usage du
souffle seul.
Longtemps je me
bornai & ne souffler que dans ou sur les yeux, soit qu'ils fussent fermés,
soit de préférence qu'ils fussent ouverts naturellement ou par suite de mon intervention.
Réveil en soufflant dams les oreilles. Plus tard, je vis que je pouvais réveiller la malade en soufflant dans le
conduit auditif de chaque oreille.
Mais ce procédé,
outre qu'il est incommode ou moins commode que l'autre, exige quelques
efforts et quelques précautions en plus, ainsi que nous l'avons établi ailleurs. Il faut
que le souffle soit dirigé à droite et à gauche, qu'il soit
prolonge ou répété souvent; et enfin, pour que la réussite soit prompte et facile,
il faut souvent que les paupières soient en même temps relevées.
Lorsque le souille est dirigé sur les
yeux, on peut facilement le porter sur l'un et l'autre de ses organes; cette
manœuvre n'exige qu'un faible déplacement. D'autre part nous savons que,
toutes
conditions égales,
l'influence neurique se propage plus prompte. nient des yeux aux oreilles, que des oreilles aux
yeux. Le reveil n'est complet, en effet, que si le sens de la vite et le sens
de l'ouïe sont réveillés des deux côtés.
Mais, ainsi que nous l'avons montré, je
pouvais ne réveiller, par le souffle, qu'une moitié latérale du corps.
0e plus, dans chaque
moitié latérale du corps je pouvais limiter le réveil à l'organe de la vue ou de
l'ouïe, et plus facilement à celui de l'ouïe qu'à celui
de la vue.
Pour obtenir le réveil isolé de
l'ouïe d'un seul côté, il suffisait de souffler lentement et durant un
court espace de temps dans le conduit auditif de l'une des oreilles. En
soufflant ensuite dans l'autre conduit auditif, et de la même
manière, j'obtenais le réveil isolé des deux sens de l'ouïe.
La malade étant
alors interrogée, répondait à toutes mes questions avec la plus grande aisance et n'en
continuait pas moins à dormir de son sommeil neurique.
Le réveil était
d'autant plus prompt que la malade se trouvait dans un degré de sommeil moins avancé.
Si la profondeur du
sommeil dépassait le premier et le deuxième degré la malade en se réveillant repassait par ces
degrés en sens inverse, et d'autant plus
vite que la neurisation pneumique était plus active ou le
troisième degré du sommeil moins profond.
Jusqu'ici il n'a été question que de la neurisation
pneumique directe.
Mais il m'est arrivé
plusieurs fois de réveiller ma malade, soit en faisant réfléchir les rayons pneumiques sur une
glace, soit en leur faisant traverser des
obstacles plus ou moins nombreux et divers, soit en me servant d'objets
préalablement neurises par le souffle, en ayant, dans tous ces cas, les
yeux pour point de mire.
J'ai dit plus haut que j'endormais ma
malade habituellement le soir, à partir d'une certaine époque, et que je venais
la réveiller le lendemain matin.
Après mon arrivée elle se mettait
au lit, puis j'étais appelé dans sa chambre, et lui prenant les mains elle
s'endormait en quelques secondes. Elle dormait toute la nuit dans le plus grand
calme. Le matin je revenais et je la réveillais habituellement en soufflant sur
sa figure au niveau des yeux.
Plusieurs fois je l'ai réveillée en souillant sur
la glace d'une armoire qui était en face de son lit dans une direction telle
que les rayons pneumiques que ma bouche émettait ou semblait émettre allaient
frapper sa figure après réflexion sur celle surface (1). Je visais simplement sa ligure réfléchie par cette
glace,
REVEIL
EN SOUFFLANT A TRAVERS DIVERS OBSTACLES (PAR
TRANSRADIATION PNEUMIQUE)
Il m'est arrivé de
réveiller la malade couchée dans son lit, tantôt à travers une porte et tantôt à
travers une série d'obstacles.
Réveil en soufflantà travers une porte. Au pied du lit qu'occupait la jeune
fille, se trouvait une porte de 0,045 d'épaisseur. Me plaçant derrière
cette porte, à 3 mètres de distance de la tête de la
malade, je soufflais dans la direction de sa figure, et après une demi-minute
environ elle se réveillait, le sommeil étant nu troisième degré.
Reveil en soufflant à travers
divers obstacles. J'ai réussi à la réveiller pendant qu'elle dormait dans son lit, a
la suite d'une hypno-neurisation de la veille au soir, a la distance de 5,40,
à travers un mur de 0,80 d'épaisseur, d'un espace vide de 1,30,
1. Jel'ai de même endormie
plusieurs fois en faisant réfléchir les rayons de mes doigts sur cette glace;
en d'autres termes, on visant sa figure dans cette glace.
d'une armoire pleine de
linge et épaisse de 0,60, d'une cloison ordinaire
et d'un espace vide de2,70.
Connaissant très
bien les dispositions de l'appartement, je m'étais
placé dans le vestibule derrière le mur de 0,60 d'épaisseur et je
soufflais dans la direction de la figure de la malade située a la distance indiquée.
Le réveil avait lieu en une demi-minute.
Possibilité de réveiller
en influençant par le souffle d'autres régions que celle des yeux et des
oreilles. Pour que le réveil eût lieu, au moyen du souffle, il n'était pas
indispensable d'en localiser l'action sur les yeux ou dnns les oreilles. Le
réveil avait lieu aussi lorsqu'on le dirigeait sur la face en général. Il est
vrai que dans ces cas les yeux finissaient par être atteints.
Je pouvais aussi réveiller en
soufflant sur d'autres points du, corps; mais il m'a semblé que le réveil était
plus rapide lorsque j'influençais la face
en général et surtout les organes des sens tels que les yeux et les
oreilles.
Nous verrons maintenant
que le souffle pouvait provoquer aussi le réveil très facilement en
influençant l'organe de l'olfaction, et l'extrémité des doigts.
RÉVEIL
PROVOQUÉ AU MOYEN D'OBJETS INTERMEDIAIRES SOUFFLÉS
Réveil
par l'emploi de l'eau neurisée par le souffle. La malade
étant hypno-neurisée j'ai pu la réveiller avec de l'eau
soufflée soit en mettant cette eau en contact avec sa figure,
soit en la mettant en contact avec ses mains (Voy. p. 281 et suiv.).
Réveil par l'emploi d'un
bouquet de fleurs neurisè par le souffle J'ai pu aussi la
réveiller en portant sous son nez un bouquet de fleurs sur lequel j'avais
préalablement soufflé.
Réveil par l'emploi d'un miroir neurisé
par le souffle. J'ai fréquemment
réveillé ma malade en plaçant devant sa figure us miroir sur lequel
j'avais préalablement soufflé. En se réveillant
elle se trouvait ainsi, subitement, en présence de
son image, ce qui ne manquait jamais de la surprendre et de l'égayer.
Réveil par l'emploi d'un chapeau neurisé
par le souffle. J'ai remplacé plusieurs fois le miroir
par un chapeau préalablement soufflé aussi. Elle se réveillait tout
aussi facilement,
2 REVEIL PAR
DES APPLICATIONS DIGITALES
Ces applications sont uniques ou répétées.
APPLICATIONS
DIGITALES UNIQUES
J'ai pu réveiller le sujet
hypno-neurisé soit : 1 en pressant légerement avec l'extrémité du doigt au niveau de l'émergence
do l'un des nerfs sus ou sous-orbitaires; 2 en pressant un peu plus fortement
en arrière et en dessous de l'angle du maxillaire inférieur. J'ai été
amené à découvrir ce dernier procédé en cherchant a agir par
l'application de mon doigt sur le ganglion sympathique cervical supérieur. La
malade étant donc endormie, je pensais qu'en influençant Je plus directement et
le plus immédiatement possible le ganglion cervical supérieur, je provoquerais
quelques changements dans la coloration de la face. Il n'en fut rien. Mais
j'obtins un résultat que je n'avais pas prévu, ce fut le réveil (7 novembre
1880). La malade se trouvant ainsi réveillée je répétai cette pression, etelle se plaignit d'une vive douleur. Je l'endormis
encore une fois puis j'exerçai de nouveau la prèssion comme auparavant.
La malade se réveilla brusquement. J'avais trouvé un nouveau procédé pour
réveiller, en cherchant autre chose. Depuis lors j'ai employé souvent ce
procédé avec le même succès.
Les applications digitales répétées sur
une méme région qui n'est pas le
siège de l'émergence d'un tronc nerveux important ne provoquent
pas le réveil. Mais le réveil a lieu si ces applications sont faites alternativement à droite et
à gauche de la ligne médiane sur deux régions homologues, comme
la tempe, ainsi qu'il a été dit plus haut a la page 254
Réveil par l'application digitale alterne
sur les demi tempes. Il faut se servir de la même main. Les
doigts sont réunis en faisceau; puis on applique les extrémités des cinq doigts ainsi rapprochés d'abord sur l'une des tempes, puis sur
l'autre, puis de nouveau sur la première.
Ace moment le réveil
complet avait généralement lieu. Mais si je venais à m'apercevoir qu'il
ne fût pas complet, ce que je voyais a un certain engourdissement des sens et de
l'intelligence de la malade, je répétais
ces applications alternes. Seulement lorsque je dépassais le nombre d'applications strictement nécessaire pour provoquer le réveil complet, tes tempes devenaient
douloureuses. Une simple passe
ascendante en regard des tempes ramenait alors la sensibilité à
son état normal.
Réveil par l'application digitale alterne
sur le point d'émergence des nerfs
sus-orbitaires. Nous avons appliqué ce procédé pour la première fois le 26
décembre 1880.
Durant celte application la jeune fille, si elle
était primitivement plongée dans le
troisième degré du sommeil, passait succèssivement par le deuxième et le premier degré, et
aussi par toutes les rétrogradations non définies de ces degrés, si bien
définis, au contraire, du sommeil neurique (Voy. p. 365-366).
Remarques. Il nous parait
toujours évident en raison de tout ce qui a été dit jusqu'à présent sur les
effets des passes et des applications
digito-manuelles, que la neuricité n'agit pas immédiatement et directement sur
l'encéphale à travers les parois du crâne mais bien par
l'intermédiaire des nerfs sensitifs.
3° REVEIL PAR DES PASSES
PASSES EFFECTIVES
De même que les passes
centrifuges (faites suivant le sens de la distribution des nerfs exception
faite pour la face postérieure des membres) endorment, les passes contraires ou
centripètes réveillent. Mais elles ne réveillent que si le sujet
se trouve dans le premier ou le troisième degré du sommeil. Dans le
deuxième degré. du sommeil il nous a paru que le réveil ne s'obtenait
que par des passes centrifuges.
Je ne saurais dire, parce que mon
attention n'a pas été suffisamment éveillée sur ce point, si par ces passes le
réveil a lieu immédiatement ou si ces passes faisant passer le sujet dans le
premier degré du sommeil doivent, pour amener le réveil complet être
suivies de passes centripètes. Je suis porté à croire que ta vérité est dans celte dernière
manière de voir.
Les passes effectives
réveillantes peuvent être générales ou bien circonscrites. Dans ce
dernier cas elles sont surtout efficaces lorsqu'elles sont faites soit en regard du crâne soit
en regard de la face, en d'autres termes aussi près que possible du
cerveau.
Plus elles sont faites loin de la
tête plus elles doivent être étendues
afin de neutraliser les effets opposés produits, virtuellement ou indirectement ou si l'on préfère
par voie réflexe dans les centres, sur d'autres régions.
passes VIRTUELLES
Nous avons donné ce
nom à des passes supposées faites en regard de certaines régions,
en raison des modifications de la sensibilité qui s'y manifestent
entraînant des modifications équivalentes dans les centres, à la suite
de passes réelles ou effectives faites en regard d'autres régions.
Ainsi, le sujet se trouvant dans le
premier degré du sommeil, nous pouvions déterminer l'hyperesthésie frontale et
par là le réveil de deux
manières : soit directement par des passes descendantes en regard du
front, soit indirectement par dos passes descendantes faites au-devant
des tibias, même d'un seul côté.
Dans ce dernier cas
nous avions fait une passe effective au-devant du tibia et par cela
même une passe virtuelle au-devant du front (hyperesthésiante) en vertu du mécanisme apparent
et supposé exposé ailleurs (Voy. p. 149,152,193 et 194).
Si au lieu de faire la passe
prétibiale descendante nous l'avions faite ascendante,
l'hyperesthésie prétibialese serait trouvée neutralisee dans ses effets par
la passe virtuelle préfrontale ascendante et anesthésiante consécutive.
Nous avons admis qu'à égalité d'étendue de deux effets contraires,
produits par une passe, l'un sur place et l'autre éloigné, c'est
l'effet provoqué le plus prés du cerveau qui remporte sur l'autre.
Mais si au lieu de limiter la
passe ascendante effective à la longueur du tibia, je prolongeais la passe plus haut, il
arrivait un moment où la longueur de celte passe dépassant de beaucoup celle de la passe virtuelle préfrontale
ascendante, les effets anesthésiants
de celle-ci ne pouvaient plus compenser les effets hyperesthésiants de
l'autre et le sujet se réveillait.
4 REVEIL PAR L'OPPOSITION DE
COURANTS NEURIQUES
a. Courants
naturels,généraux et partiels. Nous avons exposé ailleurs qu'en nous plaçant à côté
du sujet et parallèlement a la direction
de son corps, mais dans un sens opposé, soit à sa droite soit
à sa gauche, nous pouvions provoquer son réveil.
Ce procédé inconnu
jusqu'à ce jour nous a donné des résultats constants et positifs chez ce même sujet.
Au lieu d'opposer
les courants généraux j'opposais parfois des courants partiels, ceux de la
main par exemple. C'est ainsi qu'en plaçant ma main, les doigts dirigés en haut
et ta face palmaire en
bas, en regard de son front, j'ai pu
déterminer le réveil de mon sujet (couché).
b. Courants artificiels. Je me
suis servi de baguettes diverses plus ou moins longues, et plus ou moins
épaisses. Elles étaient généralement en bois.
Je ne saurais dire quelle part d'influence il faudrait
faire à la nature de ces baguettes,
n'ayant pas fait d'expériences a ce sujet.
Une baguette en fer
agit-elle mieux qu'une baguette en tout autre métal, ou en bois ou en verre? Je
ne saurais le dire. Je suis porté à croire, cependant, qu'il existe des
différences dans le degré d'action des
diverses baguettes et que ces différences dépendent non pas seulement
de leur plus ou moins grande conductibilité neurique, mais encore d'une
affinite plus ou moins grande du corps du sujet pour la substance dont ces
baguettes se composent.
Quoi qu'il en soit de ces différences
possibles dans le degré d'action des
diverses tiges ou baguettes que l'on peut employer, il est intéressant de rappeler ici qu'en tenant à
la main une simple règle en bois, une canne, un bambou, j'ai
pu réveiller le sujet, à distance.
La malade était-elle dans le premier degré
du sommeil, je saisissais une simple règle par l'une de ses extrémités
et la présentais soit devant sa poitrine soit devant sa face, à
quelques centimètres de distance, de
manière à ce qu'elle fût dans la direction de l'axe
du corps et parallèle à la surface de la région et son
extrémité libre dirigée vers la tète, et après quelques
secondes d'attente la malade se réveillait brusquement.
On connaissait avant
moi l'impositiondes mains qui, je crois, ne différait pas de la
manière de présenter la main devant le front du sujet, telle que je
l'ai indiquée dans cet ouvrage. On a beaucoup parlé aussi de l'emploi de baguettes dites
magiques, mais personne n'avait même pensé à la possibilité de
l'existence de courants soit dans la main
ou tout autre partie du corps, soit dans les tiges ou baguettes, et de leur action à distance sur d'autres
corps animés.
Aurai-je réussi
à éclaircir certains mystères tout en confirmant par cela même
une bonne part de leur réalité? Je laisse le soin de décider aux savants, experts en magie.
Je ne ferai que rappeler, maintenant,
l'emploi d'autres objets intermédiaires pour réveiller le sujet hypnoneurisé :
les ressorts en boudin; la ficelle enroulée autour du corps;
PHÉNOMÈNES QUI ACCOMPAGNENT LE RÉVEIL RÉVEIL COMPLET ET RÉVEIL INCOMPLET
Le réveil est généralement subit. Ce n'est
que la transition d'un degré plus avancé a
un degré moins avancé du sommeil qui peut être lente.
Ainsi brusquement le
sujet, endormi ouvre les yeux, et la figure prend l'expression de la surprise et fréquemment
du contentement, indice du bien-être qu'il ressent.
Le
sommeil peut être incomplet; il peut aussi être partiel.
Ce sont
deux termes qu'il ne faut pas confondre.
Le sommeil est dit
incomplet lorsqu'il en reste quelque trace après et malgré toutes les apparences du
réveil.
11 est dit partiel
lorsqu'il est limité à une partie du champ de la sensibilité générale ou spéciale
coïncidemment ou séparément.
DIFFICULTÉS POUR
RÉVEILLER
Je n'ai pas toujours éprouvé
de la facilité a réveiller mon sujet. Parfois j'ai cru que je ne
réussirais pas à le réveiller. J'y suis parvenu pourtant, mais cela a exigé une
très grande concentration d'esprit de ma part afin de pouvoir saisir la
circonstance ou la raison cachée qui
m'empêchait de réveiller ma malade alors même que j'employais les procédés qui habituellement
me réussissaient si bien.
La première
difficulté que j'ai éprouvée provenait d'une erreur
dans l'interprétation
des phénomènes provoqués. Aussi n'en parlons-nous ici quepour bien
spécifier ce que nous entendons parles difficultés pour réveiller.
La jeune fille était
en attaque convulsive, dans la crise du petit veau. Je croyais au début que
cette attaque n'était au fond qu'un semmeilagité avec
perversion des sensations et j'espéraîs pouvoir la réveiller par les procédés ordinaires. Je n'y
réussis pas. Je m'aperçus bientôt qu'il fallait provoquer tout d'abord le sommeil, c'est-à-dire combattre avant tout
l'attaque hyperesthésique par son antidote, l'anesthésie.
Bans les autres cas,
la malade était réellement dans le sommeil neurique.
Premier exemple, Une fois je faillis désespérer de pouvoir
réveiller Mlle C..., après l'avoir
régulièrement endormie. J'usais de tous les procédés et je ne
parvenais pas a provoquer le réveil.
Finalement j'eus l'idée de l'éloigner du
canapé sur lequel elle était couchée et sur
lequel je l'avais endormie au moyen dépasses, et je réussis à
l'éveiller rapidement.
Je dus conclure de ce
fait que les oreillers et le matelas du divan sur lesquels elle reposait
étaient imprégnés en quelque sorte de la force neurique.
Deuxième exemple. Le deuxième exemple que nous
allons donner prouve clairement que l'interprétation que je viens de donner des difficultés pour réveiller est conforme
à la vérité.
J'avais remis dans les mains de la jeune
fille un petit carré de papier blanc neurisé
par les radiations digitales fixes. Mais voulant ensuite la réveiller je ne réussis pas. J'étais tout aussi inquiet que
a première fois et môme davantage, parce que le sujet était isolé de
tous les meubles, de tous les objets en général et de toutes les personnes qui auraient gêné son réveil par
leur contact avec elle, lorsque je m'avisai qu'elle avait encore entre
les doigts le petit carré de papier que
j'avais préalablement neurisé par les doigts. Je relirai ce petit carré
de papier et je pus alors la réveiller sans aucune difficulté. Troisième
exemple. Un jour j'endormis lamalade après lui
avoir tétanisé les mains. Puis voulant la
réveiller je n'y parvins qu'après avoir fait disparaître la contracture.
PERSISTANCE APRES LE RÉVEIL DE LA GAIETÉ ET DE LA TRISTESSE PROVOQUÉES DURANT LE SOMMEIL NEURIQUE
Si je réveillais la
malade après l'avoir fortement attristée par des applications répétées
sur les régions à réaction triste (postérieures dans le premier
degré du sommeil, et antérieures dans le deuxième degré) elle
persistait à être triste quoique un peu moins. Lorsque je lui en faisais la remarque, lui
demandant ce qu'elle avait, elle répondait
: << n'ai rien, seulement je ne suis pas gaie, je suis un peu
triste. »
Si au contraire je la réveillais
après l'avoir fortement égayée par
des applications digitales sur les régions à réactions gaies, elle conservait
une partie de cette gaieté.
OUBLI DANS LE REVEIL
DE CE QUI S'EST
PASSÉ DANS LE SOMMEIL COMPLET
Nous avons déjà
vu que la malade, dans le réveil complet, ne se souvenait plus de ce qu'elle avait dit, vu ou fait
dans l'hémi-hypnose.
De même, dans
le réveil complet, elle ne se souvenait plus de ce qu'elle avait dit, vu ou fait dans le sommeil
complet.
Parfois au moment mémo où elle se
réveillait elle venait de parler; mais
aussitôt réveillée elle ignorait absolument ce qu'elle venait de dire.
D'autres fois, quelques secondes avant que je la réveillasse, elle se laissait choir par terre; mais réveillée elle
était tout étonnée de se trouver dans cette position.
En général dans le
sommeil elle se souvenait de ce qu'elle avait dit, fait ou vu dans un autre sommeil.
RÉSUMÊ DES
NOTIONS RELATIVES AU RÉVEIL
1. Le réveil a pu
être provoqué par le souffle, des applications digitales, des
passes et l'oppositionde courants.
1° Le réveil a pu être obtenu soit
en soufflant sur les yeux, soit en soufflant dans les oreilles.
Lorsqu'on se propose de réveiller en
souillant dans les oreilles il est bon,pour mieux réussir, de relever préalablement les paupières.
Le réveil est plus
facile à obtenir lorsqu'on souffle sur les yeux que lorsqu'on souffle dans les oreilles.
En effet, l'influence neurique se propage plus facilement des yeux aux
oreilles que des oreilles aux yeux. Or pour
que le réveil soit complet il faut que les sens de l'ouïe et de la vue soient réveillés des deux côtés.
Au lieu d'employer
pour le réveil le souffle direct, on peut l'employer réfléchi, ou mémo
à travers des obstacles, ou encore par l'intermédiaire d'un objet.
2° J'ai pu réveiller aussi par des
applications digitales simples et répétées, simples au niveau du point
d'émergence de nerfs, ou en arrière de l'angle du maxillaire inférieur; répétées
en les alternant sur les deux tempes ou
au niveau des points d'émergence des nerfs sus-orbilaires.
3° J'ai pu encore réveiller par des passes
soit effectives soit virtuelles.
Les passes, qu'elles soient effectives ou
virtuelles, réveillent dans le premier et
le troisième degré du sommeil si elles sont centripètes,
et dans le deuxième degré si elles sont centrifuges.
4° Enfin le réveil
pouvait être obtenu soit en opposant la totalité ou une partie de mon
corps àla totalité ou à une partie du corps
du sujet, de manière à ce que les nerfs sensitifs
des régions opposées se
trouvassent dans une direction inverse; soit en opposant une tige ou baguette en bois, par exemple, a une
région choisie du corps de
manière à ce que lecourant communiquéquiparcourait cette
tige
suivît une direction opposée au sens de la distribution dés nerfs sensitifs
de la région influencée.
II. Le réveil est
généralement subit s'il s'agit du premier degré du sommeil. S'il s'agit de
degrés plus avancés, il peut être graduel et lent. Mais même
dans le premier degré le réveil peut être lent. Le réveil peut être complet ou
incomplet totalou partiel.
Il est
complet lorsqu'il ne reste aucune trace de sommeil.
Il est incomplet
lorsqu'il reste quelque trace du sommeil, fût-elle minime.
Le réveil est dit partiel lorsqu'il est
borné à une moitié du corps, à un organe des sens, ou bien
lorsqu'il s'est manifesté partout excepté dans un organe des sens.
Il est dit total, lorsque la sensibilité
générale et spéciale est entièrement réveillée.
III.La difficulté du
réveil provoqué peut provenir du contact du sujet avec un objet
neurisé. Il faut alors préalablement ou déneuriser ces objets ou les éloigner du sujet.
Elle peut aussi
provenir de la persistance d'une contracture sur quelque point du corps, non
encore résolue. Or comme toute contracture a pour condition essentielle l'anesthésie
des téguments correspondants, on comprend
qu'il faut d'abord faire disparaître cette anesthésie, sorte de sommeil
local, et par cela même la contracture.
IV. La gaieté ou la
tristesse provoquées durant le sommeil neurique peuvent persister quelque temps
après le réveil.
V. Après le réveil
le sujet ne conserve aucun souvenir de ce qui s'est passé dans le sommeil.
ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE (DITE OU PETIT VEAU)
Cette attaque dont nous avons donné les caractères
dans le courant de cet
ouvrage et déterminé les conditions de production (1).
1.Voy.p. 226 et 227.
pouvait survenir aussi spontanément et elle était
alors habituellement
précédée d'une sorte d'aura, consistant en une douleur siégeant ordinairement au creux de l'estomac. D'abord
nombreuses, ces attaques sont devenues plus rares avec l'amélioration de
la santé, obtenue par l'hypno-neurisation.
Elles etaient très
frequentes, de beaucoup plus fréquentes que le sommeil spontané. Elles constituaient le fond
de la maladie; tantôt la douleur et la tristesse y dominaient, tantôt la
gaieté, tantôt l'esprit de méchanceté. C'est
de ces attaques que la jeune fille souffrait et c'est d'elles qu'il
fallait la guérir.
Je fus singulièrement éclairé sur
leur nature, ou la cause intime,
essentielle de leur reproduction, le jour où je m'aperçus que je pouvais
â volonté provoquer, exactement la môme attaque par l'hyperesthésiation
d'origine pneumique ou digitale.
L'ntlaqne
hyperesthésique (attaque du petit veau) et l'attaque ancslhésique (sommeil
neurique) avaient chacune leurs caractères bien tranchés.
ATTAQUES MIXTES
Pourtant il me parait
aujourd'hui que parfois ces deux attaques se mélangeaient ou coexistaient, et que l'attaque
ancslhésique dominait l'autre. Aussi je suis porté à croire que les cas
de sommeil dans lesquels j'ai dû
intervenir pour calmer certaines névralgie, arrêter certains
mouvements désordonnés des membres, étaient des cas mixtes. Il me suffisait
d'approfondir le sommeil pour faire disparaître ces troubles.
ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE
D'UNE MOITIÉ DU CORPS
ET ATTAQUE
HYPNOTIQUE DE L'AUTRE
MOITIÉ (ATTAQUES
HÉMI-HYPERESTHÉSIQUE ET
HÉMI-HYPNOTIQUE COMBINÉES)
Si pendant que la malade était en pleine attaque
violente je prenais une de ses mains,
toute la moitié correspondante du corps
et par conséquent
l'hémisphère cérébral opposé, tombait dans le sommeil (hémi-hypnose). Pendant ce temps,
le bras et la jambe de l'autre côté du corps continuaient a s'agiter.
Si
j'abandonnais la main que j'avais saisie, l'hémi-hypnose disparaissait et elle
retombait dans l'attaque violente complète, intéressant les deux hémisphères.
Si je parvenais à
saisir ses deux mains, sa main gauche avec ma droite et sa main droite avec ma gauche, elle se
calmait rapidement. Mais dès qu'elle
redevenait libre à moins que je n'eusse prolongé assez longtemps ce contact, elle retombait dans l'attaque violente.
DIFFICULTE POUR FAIRE PASSER LA MELEDE DE L'ATTAQUE
VIOLENTS DANS L'ÉTAT NORMAL
La malade étant en
pleine attaque violente je ne réussissais par aucun procédé à la
réveiller; je ne faisais qu'exagérer les trouble; sensitifs et moteurs propres a cette attaque.
NÉCESSITÉ
D'UNE HYPNOTlSATION
PREALABLE POUR LA REVEILLER
Enfin je compris un
jour que pour la réveiller, c'est-à-dire pour la remettre dans son état normal, je
devais préalablement l'endormir puis la réveiller par l'un quelconque des
procédés que je connaissais et que j'avais
si souvent appliqués chez elle. En d'autres termes, il fallait que je neutralisasse d'abord l'attaque violente par l'anesthésiation,
et le sujet se trouvant alors dans les conditions ordinaires de son sommeil
neurique, il ne me restait plus qu'à le laisser reposer plus ou moins longtemps ou à le réveiller
incontinent par les procédés déjà connus.
RÉVRIL
PROVOQUÉ PAR DIVERS PROCÉDÉS
APRÈS
ANESTHÉSIATION ET HYPNOSE PRÉALABLES OBTENUES
PAR LA PRÉHENSION DES
MAINS, OU PAR LES PASSES
Je saisis donc
chacune de ses mains pendant qu'elleétait au plus fort
de l'attaque violente, essayant de fuir, de me frapper, de me mordre même, et je la rendis calme.
Mais ayant chacune de mes mains engagées,
j'essayai tout d'abord de la réveiller en soufflant sur ses yeux. Je réussis
généralement, complètement et facilement, mais parfois j'éprouvai une
certaine difficulté,
Pendant que je tenais ses deux mains et
qu'elle était ainsi calme, hypno-neurisée, je pouvais ne réveiller que la
moitié du corps en soufflant sur un seul œil.
Si tenant une seule de ses mains et
provoquant ainsi de l'hémi-hypnose de ce côté, je soufflais sur l'œil
correspondant, je la réveillais de ce côté.
Mais si je soufflais sur l'autre œil je ne faisais qu'exagérer la crise violente unilatérale
correspondante.
De celle manière l'attaque violente
était limitée à une moitié latérale du corps, où elle pouvait
être exagérée par le souffle.
Si dans sa crise
violente ou bilatérale je soufflais même (ou
peut-être surtout) avec une simple paille sur un point quelconque de
son corps, je ne faisais qu'accroître son agitation, elle frappait les meubles
et les personnes, tout ce qu'elle rencontrait. Fréquemment ses attaques
avaient un caractère gai, d'autres fois la souffrance dominait.
Voulant me servir du
procédé des applications digitales alternativement faites sur les tempes, j'eus l'idée de
saisir ses deux mains avec l'une des
miennes, la gauche par exemple. Ma main droite restant libre, je fis avec
celle-ci, pendant qu'elle était calme, endormie, des applications
digitales alternes et répétées sur les tempes et elle se réveilla, ignorant
à ce moment et dans la suite qu'elle
venait de se débattre dans une attaque douloureuse et désordonnée, et
ne se plaignant d'aucune fatigue.
Je réussis toujours par ce procédé a l'endormir puis
à la réveil-
ler. Mais,
très souvent, j'éprouvais beaucoup de peine à m'emparer de ses mains.
C'était une vraie lutte entre la malade et le médecin. Mais les résultats étaient tout au profit
de la malade et de la science.
J'ai aussi réussi a la calmer au moyen de
grandes passes descendantes. Mais ce
procédé était d'une application assez difficile, car la malade se dérobait et frappait quiconque s'approchait d'elle pour
la retenir et l'empêcher de se blesser. D'autre part, il ne donnait pas
des résultats aussi complets et aussi sûrs que le pro« cédé de la
préhension des mains.
IMMOBILISATION PAR DES PASSES
Des grandes passes
descendantes m'ont été utiles quelquefois, car par elles j'ai pu l'immobiliser sur place, en
déterminant la tétanisation de ses muscles. Cette immobilisation me permettait de m'emparer plus librement de ses mains et de
l'endormir.
IMMOBILISATION
PAR L'INTERMEDIAIRE DU SOL NEURISE
J'ai pu, dans ses attaques
violentes, l'immobiliser en traçant préalablement une ligne fictive sur le sol, ou
soit en ncurisant au moyen des doigts le sol suivant une bande. Dès
qu'elle posait les pieds sur cette portion neurisée du sol, elle y demeurait
fixée, agitant le reste du corps mais en vain. Elle aurait été collée, rivée au
sol qu'elle n'eût pas été moins libre des mouvements de ses membres
inférieurs.
Ces faits montrent
qne ses muscles pouvaient être contracture ou tétanisés dans l'attaque violente.
DEGRÉS DANS L'INTENSITE DE
L'ATTAQUE VIOLENTE
L'attaque violente ou hyperesthésique
comporte-t-elle des degrés nettement
caractérisés comme l'hypnose neurique? Le
fait est possible,
mais je n'ai pas eu la pensée de faire des recherches dans ce sens
et je no voudrais pas me livrer a de simples conjectures. Je n'apporte ici que des faits
positifs, signalant les doutes do mon esprit toutes les fois que mes
expériences ne m'ont pas parti suffisamment démonstratives.
ATTAQUE VIOLENTE
ABANDONNEEA ELLE-MEME
Si l'attaque violente était abandonnée
à elle-même elle finissait par
s'épuiser en quelque sorte, et la malade passait spontanément dans
l'étal de sommeil.
Une fois réveillée
la malade ne conservait plus le souvenir de ce qu'elle avait dit on fait durant l'attaque violente,
mais dans une nouvelle attaque elle
pouvait se souvenir de ce qu'elle avait dit ou fait dans l'attaque précédente.
Ceci doit peu nous étonner si l'on songe que l'attaque violente comporte
une exaltation parfois extreme de l'imagination.
RÉSUMÉ DES NOTIONS RELATIVES A
L'ATTAQUE HYPERESTHÉSIQUE
I. L'attaque
hyperesthésique ou crise du petit veau provoquée
était l'expression la plus élevée et la plus grave de la neurisation
hyperesthésiante.
II. Spontanément survenue, cette
attaque constituait le fond
de la maladie du sujet en observation. Elle était alors habituellement
précédée d'une sorte d'aura consistant en une douleur peu
variable dans son siège.
III. L'attaque hyperesthésique est
caractérisée par des phénomènes ou des troubles fonctionnels qui sont
l'opposé de ceux qui constituent l'attaque anesthésique.
IV.
Les
deux attaques ont paru être quelquefois associées spontanément et
dans ce cas l'attaque anesthésique dominait l'hyperesthésique. L'attaque était
alors mixte.
V. L'attaque mixte
était d'autres fois provoquée par la neuri- sation. Il s'agissait
alors de la combinaison d'une attaque hémi- hyperesthésique avec une attaque
hémi-hypnotique. C'était un nouvel exemple de la dualité fonctionnelle du cerveau.
VI. L'attaque hyperesthésique ne pouvait être
combattue que par l'anesthésie, qui représentait
ainsi son antidote. Mais l'anes
thésie provoquée devait être poussée jusqu'au sommeil. L'hypnotisation
devenait ainsi la condition préalable nécessaire pour la
réveiller.
En d'autres termes il
fallait la faire passer de l'attaque hyperesthésique dans l'attaque hypnotique pour pouvoir
ensuite la réveiller.
Jamais par aucune
manœuvre elle n'a pu sortir directement de l'attaque hyperesthésique.
VII. Le souffle
exagérait, exaspérait toujours l'attaque hyperesthésique de même qu'il pouvait la provoquer
d'emblée.
VIII. Le procédé le
plus habituellement employé pour faire passer le sujet de l'attaque hyperesthésique dans
l'attaque anesthésique consistait dans la préhension des mains.
IX. Si cette
préhension ne s'exerçait que sur l'une des mains, l'hypnose ne se produisait que sur la moitié
correspondante du corps. Il y avait alors
hémi-hypnose de ce côté tandis que l'autre coté ou moitié latérale
opposée restait dans l'attaque hyperesthésique.
X. Pour obtenir une hypnose
totale et complète il fallait donc saisir les deux mains.
XI. Le réveil était provoqué alors de la
manière suivante : Pendant que l'une de
mes mains tenait les siennes, l'autre main
faisait sur les tempes des applications digitales alternes.
XII. Le passage de
l'attaque hyperesthésique dans l'attaque hypnotique avait lieu
spontanément toutes les fois qu'on l'aban donnait à elle-même. Mais il
en résultait une grande fatigue pour la malade.
XIII.
Après le réveil spontané ou provoqué la malade ne conservait plus le souvenir de ce qu'elle avait dit ou fait durant
l'attaque violente. Mais elle pouvait se souvenir
de ce qu'elle avait fait
ou dit durant l'attaque précédente.
CONSIDÉRATIONS RÉTROSPECTIVES SUR L'ÉVOLUTION
DE LA MALADIE DE MLLE C...
DURANT SA PREMIÈRE PHASE,
DE 1880-1881
Ici finissent nos
observations faites chez Mlle C... durant la première période de sa maladie.
Cette première période s'étend du
milieu du mois de septembre 1880 au mois
de juin 4881. Elle comprend donc une durée totale de huit mois et demi.
Mais déjà au mois de mars la malade pouvait être considérée comme
guérie, de telle sorte que la durée réelle ne comprend que cinq mois et demi.
J'ai été appelé à traiter celte
jeune fille le 30 octobre 1880. Elle était alors malade depuis un mois et demi
au moins et son état au lieu de s'améliorer ou de rester même simplement
stationnaire s'était au contraire aggravé. J'ai rendu justice ailleurs aux
soins éclairés dont cette jeune fille avait
été entourée auparavant par un de
mes confrères. Biais tout ce que la science prescrivait de tenter pour
soulager celle malade n'avait pas empeché le mal de progresser. Lorsqu'aux
derniers jours d'octobre 1880 la famille, que je
connaissais d'ailleurs de longue date, et lorsque aussi mon confrère,
qui portait à la malade le plus vif intérêt, eurent constaté que
j'avais une influence salutaire sur elle, il fut convenu que je continuerais
seul â la traiter.
Le fond de mon traitement consistait
à calmer ses douleurs, résoudre ses contractures, lui donner le repos
qui lui faisait défaut, et enfin lui permettre
de garder les aliments qu'elle pouvait prendre, même en
très petite quantité.
Avec les divers procédés de neurisation
sur lesquels je me suis longuement étendu et que je perfectionnais tous les
jours, je parvins rapidement à la soulager, a diminuer le nombre, la
durée et
l'intensité de ses
attaques nerveuses, a réveiller l'appétit, a favoriser les digestions, a calmer la fièvre,
etc., etc.
Mes premiers essais
dans un genre do traitement absolument nouveau pour moi furent donc
très encourageants. Un mois et demi de traitements antérieurs,
divers, rationnels, et intelligemment appliqués, n'avaient pas
empêché le mal de progresser, et n'avaient jamais apporté le moindre soulagement.
La neurisation
apporta un soulagement immédiat et qui ne fit que s'accroître de jour en jour,
L'amélioration se traduisait parle retour
à la régularité et au complet
exercice de ses diverses fonctions. En même temps sa sensibilité
neurique s'émoussait peu à peu; son aptitude à éprouver les
divers effets de la neurisation disparaissait peu à peu. Le sommeil neurique demandait plus de temps pour
être provoqué. Dans le sommeil neurique le rire et la tristesse
provoqués devenaient graduellement moins intenses.
Dans l'état de
veille, le transfert de l'anesthésie et de l'hyperesthésie avait lieu plus lentement et moins
complètement.
En un mol tous tes
phénomènes provoqués devenaient graduellement plus difficiles à produira et ne
présentaient plus la même netteté.
C'est surtout au mois de mars 1881 que la
différence dans la sensibilité neurique spéciale du sujet (la neurisabilité)
a été bien caractérisée.
A partir du milieu
de mars 1881 je ne fis plus que de rares visites a la malade.
Toutes les
observations, toutes les expériences que j'ai consignées dans cette deuxième partie de mon
ouvrage ont donc été faites dans une période d'environ cinq mois.
Au mois de juin l'état de sa neurisabilite
était le suivant et tel qu'il est consigné dans mes notes :
Des passes soit descendantes soit
ascendantes faites en regard de la
face dorsale du bras et longtemps répétées ne produisent aucun changement dans
la sensibilité des téguments.
La préhension des mains ne provoque qu'un peu de
lourdeur de
tete après cinq ou six minutes. En
persistant je ne produis pas d'autre trouble. Puis quelques passes
ascendantes au-devant du front font disparaître cette céphalalgie
légère.
L'état général est d'ailleurs excellent,
et je constate que la malade a grandi. Elle se plaint d'ailleurs encore de
douleurs situées immédiatement au-dessus des genoux et qui datent de quelques
semaines.
Le travail de croissance, d'abord
silencieux au point de vue de la douleur, a
pu ne pas être complètement étranger a la manifestation de
troubles nerveux que nous avions d'abord attribués exclusivement â
d'autres causes.
Mlle C... parut
jouir d'une parfaite santé durant les mois de mai, juin, juillet et août 1881.
En septembre de la
même année elle eut une petite attaque nerveuse, peut-être mixte, mais assez calme,
d'un quart d'heure de durée.
Ensuite, quoique se portant généralement
bien, elle eut entre septembre et fin décembre 1881 quelques petites attaques
nerveuses â l'occasion de légères douleurs d'estomac.
État de la menstruation. Durant toute cette première phase
elle eut parfois des retards plus ou moins
longs.
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