OBSERVATION IX
(ANNEES 1884-1885)
Mme B... est Agée de
trente ans. Son grand-père paternel était goutteux et mourut à
soixante-dix-sept ans. Son père, dyspeptique gastralgique, est
mort a soixante-dix-sept ans. Sa mère vit encore et est âgée de
soixante-deux ans. Elle a souffert du tic douloureus autrefois pendant une grossesse.
Elle a été réglée à quinze ans et
bien, depuis, excepté dans ces derniers mois.
Elle a eu une première attaque
nerveuse en 1874 pendant sa première et unique grossesse, la nuit, a la
suite d'une mauvais nouvelle qui l'avait
fortement impressionnée (sensation de boule, mouvements désordonnés, cris, morsures sur elle-même, etc.,
etc.).
Elle eut une
deuxième attaque immédiatement après l'accouchement avant
l'expulsion du placenta.
Elle a eu depuis d'autres petites attaques
et notamment une après la mort de son père en 1883.
Souvent elle éprouve
la sensation de boule, et pleure et rit facilement.
Elle prévoit l'approche et la fin des
orages par une sensation de malaise assez vague.
Elle
ignore si elle a été noctambule.
Je lui donne des soins depuis huit
à neuf ans pour une métrite chronique
grave, consécutive à son accouchement, aujourd'hui en voie de
guerison. J'ai dû aussi combattre chez elle les premiers symptômes d'une tuberculose pulmonaire adroite
ayant apparu il y a environ dix ans et dont toute trace a disparu il y a
quatre ou cinq ans.
Ajoutons que
depuis une quinzaine d'années elle remarque du sable
rouge
au fond du son vase.
lians
le courant du décembre 1884, Mme B... a été
soumise une premiere et uniquefois
a des éprenves hypnosceopiques. Je 'me suis assured'abord de l'état de la
sensibilité qui ne m'a pas paru altéré.
EPREUVE AVEC L'HYPNOSCOPE DE M. J. OCHOROWICZ
1
Aplication à l'indicateur gauche. Après
deux minutes, engourdissement et chaleur dans le
doigt. Après trois ou quatre minutes, la chaleur ut l'engourdissement
augmentent. Puis ces sensations se maintiennent et il
semble à la malade que le doigt enexpérience
est grrossi et serré à la racine par un cordon.
Apres
avoir retiré l'hypnoscope j'ai constaté que la sensibilité etait restée à peu
près intacte;
2 Application à l'indicateur droit.
Après
cinq minutes la malade a accusé un peu de chaleur dans le
doigt.
Après
sept minutes et demie cette sensation persistait au môme degre. Pas d'engourdissement.
EPREUVES
AVECMES doigts ET mon BRAS
4Je superpose à une petite distance mon index à son index gauche
et elle y éprouve de la chaleur:
2.Je
fais la même opération à l'égard de son indicateur droit et ellet y
éprouve encore de la chaleur, mais plus tot et plus intense;
3 Je
superpose mon bras au sien et elle éprouve dans ce bras une
sensation de chaleur s'étendant depuis la main jusqu'au milieu de l'avant-bras.
Le 10 janvier 1885
j'eus l'occasion de m'assurcr que la loi posée par mon savant ami M. J. Ochorowicz
restait toujours vraie.
HIYPNONEURISATION
A cette daté, vers dix heures du soir je
fus appele aupres de
Mme B... pour une attaque de nerfs.
Lorsque j'arrivai
auprès d'elle l'attaque venait de finir mais il restait de la lourdeur de tête
siégeant surtout au front et au-dessus des yeux.
Je 5s des passes le long
des nerfs sus-orbitaires dans le sens de leur
distribution et en quelques minutes celle sensation de douleur disparut
et la malade s'endormit.
REMARQUES SUR CETTE OBSERVATION
Il s'agit encore ici
d'une jeune femme manifestement arthritique comme celle qui faitle sujet de
l'observation V. Comme elle aussi, et comme la jeune fille de l'observation VI, elle a eu le sommet d'un des poumons atteints de tuberculose commençante. Mais comme
je n'ai découvert en elle aucune trace d'anesthsie effective, je ne saurais, comme pour les cas cités
ci-dessus, établir aucun rapport entre le siège de la tuberculose
pulmonaire relativement aux deux moitiés latérales du corps, et le siège
d'un trouble de ta sensibilité. S'agissait-il d'un cas d'hemianesthésie latente
ou, si l'on préfère, assez peu
accusée pour passer inaperçue dans I'état de veille comme dans
l'observation I de notre présent ouvrage. Cela est possible, et c'est tout ce
que je puis dire.
Nous devons encore relever dans celle
observation ce fait intéressant d'une
sensation du même genre éprouvée sous l'influence de l'hypnoscope
ou soit de l'aimant, et de mon bras, les doigts compris; nouvel exemple d'une étroite affînité entre la forcé magnétique
et la force neurique.
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