OBSERVATION X
(ANNEES 1884-1885)
DONS EFFETS DE LA NEURISATION DANS
LA MIGRAINE. - SENSIBILITE TRES
LEGERE A L'HYPNOSCOPE.
Cette observation n'est en réalité qu'une note
relative an rôle thérapeutique des passes digitales ou soit de la
neurisation digitale mobile dans la migraine.
Dans le courant de
décembre 1884j'eus l'occasion de rechercher la sensibilité
à l'hypnoscope chez Mme L. G... âgée d'environ quarante-deux ans, sujette â des accès
de migraine longs et très douloureux.
Une première fois l'application de
cet instrument ne donna aucun résultat, mais il est utile de faire remarquer
que cela se passait dans un petit cercle d'amis et que l'expérience n'a pas été
faite peut-être avec toute la rigueur et le calme voulus. En tout cas cet insuccès prouvait déjà que
si Mme L. G... était sensible a l'aimant elle ne l'était que fort peu.
Une autre fois il y eut réellement une
sensation d'engourdissement avec chaleur, mais très légère.
Le 26décembre je fus appelé vers
deux heures de l'après-midi auprès de Mme L. G... pour un
accès de migraine très violent et qui l'incommodait d'autant plus qu'elle avait ce même jour a trois
heures chez elle une grande et importante réception qu'elle ne pouvait
pas éviter; elle désirait être soulagée.
Mais grand fut mon
embarras tout d'abord. Des applications locales, je le savais par expérience, n'auraient
produit aucun effet. Une piqûre de morphine était indiquée, c'est vrai,
mais Mme L. G... était en pleine digestion
de son déjeuner. Comment pourrais-je la soulager?
L'idée me vint de faire des passes sur la région
douloureuse; mais quelle impression ces
manœuvres feraient-elles sur le moral de la malade, surtout si
je ne réussissais pas. Je craignais en effet de ne pas réussir, me rappelant que la sensibilité à l'hypnoscope
avait été ici douteuse; j'avais pourtant le plus grand désir de la soulager, et puis je savais
Mme L. G... douée d'un esprit très élevé et d'un rare esprit de charité. Elle m'aurait
certainement pardonné mon insuccès et n'aurait pas critiqué mon mode
d'intervention thérapeutique.
Je crus, maigré tout, devoir procéder avec
quelque prudence. Je priai ma très intéressante malade de bien me
laisser chercher lu siège du mal. Je
profitai de cette recherche pour faire quelques passes appliquées au-dessus de l'œil droit, au siège de la
plus vivo douleur. Je dois noter ici
que la douleur était si vive que la malade ne pouvait ouvrir l'œil
qu'avec la plus grande difficulté.
Après deux ou
trois minutes Mme L. G... accusa du soulagement. Alors je fis plus
franchement les passes que j'avais commencées. Aucune crainte ne m'arretant plus, je fis des
passes appliquées, j'en lis de (listantes, je les lis courtes, prolongées,
j'employai les deux mains. « C'est
étonnant, s'écria Mme L. G... mais je me sens réellement mieux, je puis ouvrir l'oeil; mais je vais beaucoup mieux.
Je crois que c'est fini ! Cinq ou six
minutes seulement s'étaient écoulées.
Cependant la douleur
s'était en quelque sorte réfugiée plus haut, vers la partie supérieure de
la bosse frontale et à la tempe droite. Je continuai les passes que
je cessai après douze à quinze minutes. Le soulagement était
complet, Mme L. G... se sentait revivre et je renonce à peindre sa satisfaction.
Elle reçut de trois à six heures
avec toute la grâce qu'on lui connaît et se vengea de mon intervention neurisatrice
en faisant l'éloge du magnétisme auprès de ses intimes.
Le lendemain elle me racontait qu'au
moment où je la quittai elle se trouvait débarrassée de sa migraine et
tout à fait en possession
d'elle-même, et que le bien-être n'avait fait qu'augmenter dans
le courant de l'après-midi.
Un peu plus tard, en
1885, elle se trouva en proie à une nouvelle atteinte de migraine et de nouveau un jour
de réception. J'intervins comme la première fois et avec un égal
succès.