De la Cause du Sommeil Lucide

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SÉANCE VIII

DES DEUX PRINCIPALESSOURCES D'OU DÉCOULENT LES PHÉNOMÈNES DU SOMMEIL LUCIDE

1. — Nous avons faitdans l'Introduction une esquisse de tous les accessoires du sommeil lucide. Lesprincipaux phénomènes dont il s'agit ici concernent l'aptitude àla provocation des sens donne au corps et à l'esprit. C'est pour cetteraison que nous avons substitué au mot somnambule celui d'épopte, parceque noire but tend à développer son état réel et physique, et nonà considérer seulement son état apparent et sensible. Toutefois nousnous réservons de n'en donner la clef qu'en donnant la définition pré­cise dela concentration occasionnelle.

Le sommeil lucidedans les époptes n'est qu'un songe en action, mais plus parfait que le songeordinaire en raison de la grande liquidité de leur sang. C'est dire que cetétat est susceptible, par la direction, de développer des vérités occul­tes,inaccessibles aux sens, mais c'est dire aussi qu'il est par sa nature un étatd'aberration et d'extravagance. Nous avons dit plusieurs fois que ce désordredérive de la restriction de la liberté interne qui cependant a plus de latitudedans les époptes que dans ceux qui songent simplement.

Nous disons aussique le sommeil lucide est un songe en action ; en effet, les époptes expri­mentce qui se passe dans leur corps et dans leur âme ; au lieu que ceux qui songentsimple­ment ne font qu'éprouver les effets de la scène qui se montreà leur esprit, sans pouvoir l'ex­primer dans le sommeil. Ainsi tout enayant la faculté de communiquer aux autres ce que les premiers sentent eneux-mêmes, ils ne sont pas moins exposés que les seconds à dévierde la justesse et de la liaison de leurs idées, toutes les fois qu'ils parlentsans une impulsion interne, ou sans une direction externe, sage et éclairée.

Cependant on ne doitpas confondre cette impulsion interne avec une résolution prise après unexamen réfléchi de tous les moyens utiles à adopter et pernicieuxà éviter. Il faut se rappe­ler que la liberté interne dans le sommeiln'a jamais sa latitude naturelle et convenable : elle est toujours restreinte,quoi qu'avec une plus ou moins grande abstraction des sens d'après lanature du sommeil. Dans les songes ordinaires les idées se suiventd'après leur analogie, sans égard à l'idée principale ; etnéanmoins il est des songes où il y a l'unité dans les scènes, niais une unité qui s'allie toujours àdes ramifications qui ne lui sont pas propres. On doit sentir d'aprèstout ce qui a été dit sur le sommeil lucide, que cette différence tant dans lessongés que dans les époptes naturels occasionnels, provient tou­jours de ladifférence de la liquidité du sang, qui étend ou restreint l'usage de laliberté interne.

2. — Quoique tousles époptes occasionnels soient originairement des époptes naturels, néanmoinss'il ne sont pas du nombre de ceux qui se lèvent la nuit, qui marchent,en un mol qui exécutent une scène complète, ils n'ont jamais uneimpulsion interne aussi conforme à son objet que les derniers. En effet,ce que ceux-ci ont quelquefois spontanément développé, est si supérieurà tout ce qu'on obtient des autres par la direction, que ceux qui neconnaissent pas l'économie du sommeil lucide ont de la peine à lecroire. Préciser les événements pas­sés, éloignés ou possibles, parler avecaisance des langues dont ils n'avaient pas dans leur état naturel lu moindrenotion, dévoiler les inten­tions d'autrui qui n'étaient connues de per­sonne,n'a été pour eux que ce qui est familier à tout homme dans tout ce quilui est habituel.

Cependant il estconstant que ces impulsions internes ont quelquefois été chez eux si défec­tueusesqu'elles les ont menés à des actes que la brute même ne ferait pasdans-sa stupidité. Se jeter par les fenêtres au second et du troi­sièmeétage, croyant sortir par la porte ; voir dans une plaisanterie un coup mortelet suc­comber : se porter à assassiner l'ennemi dans un lit où iln'était pas, ce sont des faits qui sont à la connaissance de tout lemonde et qui sont reçus comme des vérités communes. L'impul­sion interne esttoujours l'effet d'une délibéra­tion de l'âme, mais d'une âme qui, ne jouissantpoint de toute la latitude de sa liberté interne, a encore le malheur d'adoptercomme un motif réel ce qui n'est qu'une prévention.

La directionmême n'a souvent aucune prise sur ces époptes naturels, lorsqu'ilsdeviennent occasionnels et qu'ils suiventleurs mouvements spontanés. Elle fait tout dans les cas singuliers ou ils ensont maîtrisés autrement leurs déci­sions, qui malgré ce correctif, sont leplus sou­vent équivoques, seraient encore tout à fait inadmissibles.Aussi il est de ces époptes qui, tout en étant diriges le jour dans leursommeil, tant pour ce qui concerne leur santé que celle des autres, selèvent la nuit et font les extrava­gances les plus blâmables.

On se persuadevulgairement que tout épopte doit, dans les consultations, se souvenir natu­rellementde tout ce qu'il a dit dans les consul­tations précédentes. Il s'en souvientparfois, il en fait même des applications à d'autres mala­des ;mais on ne doit pas toujours attendre ces résultats de la direction externe.Dès qu'il dort, il devient étranger à tout ce qui l'entoure, etsouvent à lui-même. Si l'on néglige dans cha­cun de ses sommeilsde le mettre sur la voie de ce qu'il doit faire, on s'expose à n'en obte­nirque des décisions erronées, imputables à la seule négligence duconcentrateur.

3. — L'état, soit desonge, soit de sommeil lucide, quelle qu'y soit l'aberration de l'esprit donnetoujours à celui qui dort, la faculté de maîtriser... le mouvementnécessaire d'après les degrés de la liquidité du sang. Voilà leprinci­pal phénomène qui concerne le corps dans le sommeil lucide. Cetexercice n'est sûrement pas absolu à cause des entravesinséparables de la constitution du corps ; mais l'existence en est si évidentequ'on peut affirmer qu'elle ne peut être révoquée en doute que par celuiqui n'a jamais songé.

On s'est contenté dedire que le songe n'était qu'un délire de l'imagination ; mais on ne s'estjamais avancé à démontrer que l'imagination avait le pouvoir de produireles sensations. Pourquoi donc n'en produit-on pas à volonté, puisquecette faculté est une propriété essen­tielle de l'homme ? On croit communémentque les sensations de dégustation, d'odeur et de sons, qui au réveil nelaissent dans l'esprit que la mémoire de leur existence pendant le songe, n'yont produit que de simples idées, comme on en a dans l'étal de veille, desobjets qui ne sont pas présents aux organes respectifs. Mais les sensations descouleurs, des distances et des quantités 'd'objets qui ont été réellement vus ;mais les sensations des émotions qu'on éprouve encore dans l'état de veille, oude contentement, ou de peine, provenant d'une action réelle des objets qui ysont relatifs, peuvent-elles être de simples idées nue reproduit lamémoire, comme appartenant à ta pure conception ?

Dans l'état desommeil lucide cet exercice est encore plus parfait que dans celui de songe ;le premier est le complément du second. Voilà conformément à cequ'éprouve tout individu de l'espèce humaine dans le songe, ce quiparaît inconcevable dans les époptes ; c'est-à-dire la guérison detoutes les maladies par les seuls attouchements, la vision, le goût,l'odeur, le son «les objets qui ne sont que nommés. C'est de l'exercice dumouvement nécessaire que résul­tent tous ces effets, qui pour paraître incroya­bles,n'en sont pas moins positifs, et non de l'action de l'imagination, gratuitementcompromise dans ce qui est tout à fait étranger à sa juridictionidéale.

La cause de cetexercice mérite d'être appro­fondie, pour faire connaître pourquoi cepouvoir n'existe que dans une certaine abstraction des sens et non dans cettede toute espèce, et pourquoi l'homme y est étranger dans son plein étatde sensations. C'est précisément   ce qui sera développé en détaildans la suite ; et cette cause semblera du moins avoir l'éclat d'une véritédémontrée.

4. — En attendant, remarquons ici que cet exercice du mouvement nécessairedans le corps n'est que le développement de cette action immédiate de l'âme,qui a lieu, pendant le sommeil dans toutes les moindres parties de cetteenveloppe, avec la restriction de la liberté interne dont nous avonsdéjà parlé minutieuse­ment plus haut. L'extrême sensibilité desépop­tes dans le sommeil, qui résulte de cette action immédiate, est si exquiseque personne ne les touche sans leur causer des crispations et même desconvulsions, s'ils ne sont pas prévenus du besoin d'être en contact aveceux. Le concen­trateur seul les touche impunément sans les incommoder ; mais illui arrive de leur causer de la surprise, parce qu'il n'est pas toujoursprésent à leur esprit. Etant prévenus, ils se familiarisent avec tout lemonde, à l'exception des malades contagieux ; encore ils en touchentavec certaine mesure de précaution, ils les affectionnent, ou du moins s'ils neréfléchissent pas sur les suites de leurs miasmes.

Si on les habituedès le commencement à ce commerce d'attouchements, on les voittraiter avec tout le monde, commes'ils étaient dans leur plein état de sensations, ce que nous allons voirincessamment.

Les crispationsqu'ils éprouvent à un attou­chement inattendu sont plutôt l'effet d'unesur­prise réelle que de leur sensibilité exquise ; néanmoins, celle-cicontribue toujours à l’inten­sité de celle-là. Toute surprise estproportionnée à la distraction, et cette distraction étant beau­coupplus profonde dans la concentration que dans toute autre circonstance de l'étatnaturel de l'homme, la surprise qui y répond y déve­loppe aussi uncaractère beaucoup plus enffayant qu'ailleurs. Nous avons déjàobservé que l'état de songes où se trouvent les époptes, les rendétrangers non seulement à ce qui les entoure, mais aussi quelquefoismôme a leur propre existence.

Si l'on jointà cette considération de la na-ture de la surprise celle del'extraordinaire liquidité de leur sang, qui en rendant l'action de l'âmeimmédiate par toutes les parties du corps, et en donnant aux nerfs la facilitéde s'engager a la moindre impression, produit dans cette enveloppe unesensibilité extrême, on trouvera sans peine que les crispations etles convulsions qu'éprouvent les époptes dans leur sommeil aux attouchementsimprévus, sont des effets inséparables de la singularité de leur état. Ceseffets sympathisent même quelquefois avec leur état de veille, parce quedès qu'ils s'isolent un peu de ce qui les entoure, ils se plongent dansune concentration quelconque, et se trouvent distraits même de ce qui al’apparence d'attirer leur attention.

5. — Il arrivemême, mais bien rarement, que lorsque leur distraction est aussi profondequ'elle peut l'être, loin d'éprouver des crispa­tions et de» convulsionsde surprise aux attou­chements inattendus, ils sont inaccessibles aux pluslégères sensations dans de graves incisions, blessures et amputations.Mais ces efforts de­viennent généraux et communs à tous les épop­tes,dès qu'on prend la précaution de paralyser le membre ou la partiedu corps qui doit être assujettie à une opération pénible etdoulou­reuse. Cette mesure les rend tout à fait impas­sibles, et leséloigne même parfois à leur réveil de l'idée de l'opération subie.Ainsi la sensibi­lité exquise, qui chez eux dépend du repli de leur attentionsur ce qu'on leur fait, se convertit en une impassibilité stupide, dèsqu'on a soin d'entraver chez eux tout moyen de réflexion.

Il est aisémaintenant de comprendre que lu gravité des sensations que cause la surpriseà des impressions même légères, dépend plus souvent dugenre de leurs préventions que de la délicatesse de leur sensibilité exquise.S'ils se mettent dans l'esprit qu'on les blesse pen­dant qu'on ne fait que lestoucher légèrement ; ou qu'on les touche légèrement pendant qu'onles blesse, ils éprouvent les sensations corres­pondantes aux préventions, etnon aux impres­sions : telle est la nature de leur position, en raison de lafaculté de maîtriser leur mouve­ment nécessaire au gré des circonstances et nonau gré de leurs désirs.

Nous avonsdéjà observé qu'ils méconnais­sent tout à fait la dépendance decette faculté de leur arbitre, et qu'ils en attribuent tout l'honneur àl'empire de celui qui les dirige. Il est conséquent que, lorsqu'ils ne sontnaturel­lement prévenus par le concours des circons­tances, ils agissentd'après l'impulsion du préjugé du moment, et que, quand ils sont dirigéspar une indication externe, digne de leur confiance, ils conforment leursopérations intel­lectuelles et leurs actions corporelles à l'exacteprécision du commandement.

Il ne faut pourtantpas croire qu'on soit si absolu dans l'exercice de ce pouvoir, qu'on n'éprouvejamais de résistance dans les époptes. Nous avons déjà dit plusieursfois que les con­centrateurs ne les maîtrisent souverainement qu'autant que cesêtres intuitifs ignorent ce qu'ils peuvent et valent ; et il est certainqu'ils ne parviennent jamais à acquérir une pleine con­naissance de leurétat. Toutefois par l'habitude d'étre dirigés, ils sentent dans des cas singu­liersqu'ils sont poussés à faire des actions qui ne dépendent que de leurarbitre, et nullement de l'influence d'un autre. Dès lors, non seule­mentils n'obéissent pas à ce qu'on leur incul­que, mais même ils fontquelquefois le contraire pour narguer le concentrateur.

6. — II resteà savoir maintenant pourquoi, dans la distraction profonde qui suit laconcen­tration occasionnelle, le concentrateur seul reste présent au souvenirdes époptes, au point qu'il leur parle et les touche en toute occasion sansleur causer de surprise, ni même la moin­dre commotion. Nous avons ditque les idées sensitives qui ont attiré une profonde attention, passent facilementdans les idées intuitives, et deviennent même habituelles, si elles ontmérité un itératif rempli de l'attention sur leurs objets. De ce nombre estl'idée de la prétendue puis­sance des concentrateurs sur l'esprit des époptes.

Ignorant la source deleur sommeil et des effets merveilleux qu'ils éprouvent sur eux-mêmesà l'ordre de ces directeurs, ils sont pro­fondément pénétrés de l'empiremagique de leur volonté, et ne perdent jamais de vue leur personne, en passantde l'état de veille à celui du sommeil. Par la répétition des actes del'at­tention sur les concentrateurs, les époptes les ont aussi présentsà leur souvenir, que tout homme dans son état naturel a présent àson esprit tout ce qui tombe sous ses sens. Il est donc très naturel queles concentrateurs parlent à leurs époptes et les touchent quand il leurplait de le faire, sans leur causer la moindre sensation désagréable.

Je dis que lesconcentrateurs ne peuvent agir de la sorte qu'avec leurs propres époptes ;c'est-à-dire avec ceux dont ils ont provoqué le déve­loppement. Al'égard des autres époptes, ils leur sont aussi étrangers que toute personnequi leur est inconnue, à moins que quelqu'un d'entre ces directeurs, parla célébrité de son nom et de ses actions dans la carrière du sommeillucide, n'ait frappé leur esprit d'une admiration au moins égale à celledont ils sont pénétrés pour leurs propres concentrateurs. Cette exceptionexiste ; mais elle est rare.

Cependant il est desépoptes qui sont apathi­ques sur le mérite de leurs concentrateurs. Ils passentde l'étal de veille à celui du sommeil sous leur influence, sans aucuneréflexion sur la métamorphose qu'ils éprouvent, ou du moins il en est quideviennent insouciants à la longue. Ceux-là sont aussi susceptiblesde crispations et de surprise aux attouchements de leurs concen­trateurs qu'auxattouchements de toute personne étrangère. Toutefois dans cescirconstances ils se calment plus facilement de leurs crises en apprenantqu'elles dérivent seules de leurs pro­pres concentrateurs.

Quoique invétérée etérigée en aphorisme, c'est donc toujours une erreur grossière de penserque les concentrateurs ne jouissent auprès de leurs époptes d'un certaindroit de franchise et d'immunité, qu'en raison du pouvoir de leurvolonté. La cause de cette exemption n'est que la confiance même qui leurest accordée, fon­cièrement basée sur l'admiration de leur mériteà endormir et à développer les époptes.

7. — Mais cettedistraction qui accompagne lu concentration occasionnelle peut aussi êtrecompatible avec le son de voix de quiconque voudrait se faire entendre desépoptes, et consé­quemment avec ses attouchements, si dès le premiersommeil on les familiarise avec la con­versation générale de ceux devantlesquels ils s'endorment. Ce n'est pas dire qu'ils prennent toujours partà ce qui s y dit ; le plus souvent ils aiment mieux vivre isolés dansleur sommeil : c'est dire seulement qu'ils y sont toujours prêts àrépondre à toute question qu'on leur adresse.

L'idée du cercle, aumilieu duquel ils se livrent au sommeil ; leur reste présente à peuprès de la même manière que celle de leurs concentra-teurs.Celle-ci leur reste présente, parce qu'ils s'endorment avec elle ; etcelle-là parce que, par la répétition des actes de la direction, ilsapprennent à penser qu'ils ne sont pas seuls. Par cette habitude, ilsrépondent non seulement à ceux qu'ils ont vus en dormant, et se laissenttoucher par eux sans inconvénient ; mais aussi à toute autre personnequi surviendrait durant leur sommeil.

Il est aussi desépoptes qui, sans aucune habitude acquise, se familiarisent constamment avectout le monde ; et il en est d'autres qui ne se livrent à ce commerceque par moments et par circonstances. Les nuances du sommeil lucide sont sinombreuses qu'elles ne pourront jamais être assujetties à desdonnées générales et constantes.

Toutefois la libertéinterne étant dans l'abs­traction des sens en raison inverse de la libertéexterne, il faut établir que ces derniers épop­tes dorment trèsprofondément, s'ils sont lourds dans les mouvements de leurs membres, ou qu'ilsne dorment pas assez s'ils y sont souples. On ne doit pas conclure de cettedernière alternative qu'ils en imposent dans leur intui­tion et dansleur lucidité. Nous avons déjà remarqué que, dans un certain degré desom­meil difficile à déterminer, on devient apte à jouir del'intuition et à développer de la luci­dité. Ils ne disent donc rienqu'ils n'atteignent lorsqu'ils sont connus pour parler de bonne foi, mais leurintuition est équivoque.

Cette espèced'époptes ne peut être consultée qu'avec beaucoup de précautions. Il y abeau­coup plus de sûreté à se passer de ses décisions et de sesordonnances qu'à les suivre. Avant d'avoir fait de sérieuses réflexionssur leur état et sur la différence de leur manière de voir, je croyaisà leur avis, et je manquai plus d'une fois d'en être victime.L'état de tout épopte veut une attention réfléchie sur ses consultations ; mais celui de cesderniers en exige encore davantage.

8. — Un desprincipaux phénomènes qui accompagnent le sommeil lucide est l'intuition; elle embrasse tous ceux qui concernent l'esprit des époptes. Nous ne nousproposons pas d'en­visager cette faculté ici, en ce qu'elle est dans sa nature: nous remplirons cette tâche en par­ticulier. Nous ne considérons que lamanière dont elle se développe pour former une juste idée, quoiquetoujours négative, de cette âme à qui elle appartient, comme l'une deses proprié­tés essentielles, et pour expliquer une foule d'effets qui, aupremier coup d'œil, semblent être inconcevables dans les époptes.

Nous avons dit quetout ce qui est dans les distances dos temps et des lieux est l'objet del'intuition; c'est-à-dire, ce qui s'est passé, ce qui doit arriver unjour, et ce qui est bien loin des sens, par l'interception des obstaclesmatériels. Nous n'entreprenons de considérer ici que cette dernièrepropriété de la faculté intuitive : c'est elle qui se manifeste lapremière dans le som­meil lucide, lorsque des malades présents etéloignés, les uns par le contact, les autres par les tactiles, se soumettentaux consultations des époptes. Nous nous entretiendrons plus ample­ment desautres propriétés de l'intuition, lors­que nous examinerons la nature del'intuition mixte.

Tous les époptesdisent voir ce qu'ils attei­gnent à travers les obstaclesmême éloignés ; et ceux d'entre eux qui ne voient pas ce qui leur estsoumis, disent le sentir, tout en l'analysant aussi bien que les autres.Nous verrons ailleurs la différence entre ces mots : voir et sentir, enparlant de ce que c'est que la lucidité. En atten­dant il suffit d'observer quecette vision qu'em­brasse l'intuition des époptes, est à peu prèssemblable à celle des yeux, puisque a après ce que nous avonsdéjà insinué, elle est la même que celle qui se développe dans lessonges.

J'ai dit que cettevision est à peu près sem­blable à celle des yeux et nonla même ; parce qu'elle pénètre les obstacles et ne connait pas debornes en raison de la simplicité de l'âme. Mais en l'envisageant comme visionordinaire, abstraction faite de ce qu'elle a de commun avec l'intuition mixte,on est forcé d'établir qu'elle circonscrit les distances qu'interceptent lesobstacles.

Mais l'homme estprésent réellement à tout ce qui atteint son organe visuel. Donc l'âme est présente de mêmeà tout ce qui atteint sa vision intuitive. Donc si cette visionintuitive n'a pas de bornes dans l'espace, l'âme circonscrit tout l'espace, demême que l'homme circonscrit lu portion de l'espace qui embrasse savision sensi­ble. L'âme humaine doit donc être considérée sous un toutautre point de vue que celui qui a été adopté par les philosophes pour nous endonner ta notion. Quoique définie en elle-même, elle peut être partout l'espace, et conséquem­ment elle est toujours indéfinie au génie del'homme.

9. — L'homme n'estprésent, dans la rigueur du ternie, qu'à l'espace qu'occupe son corps,toutefois il se dit présent aussi à des distances inégales que ses senscirconscrivent inégalement. Il se dit présent aux objets par la vision àquelques centaines de pas, tant qu'il en distingue clairement les quantités etles couleurs ; il s'y dit présent par l'ouïe à plusieurs lieuestant qu'il entend le son ; il s y dit présent par les narines à quelquespas, tant qu'il en sent l'odeur, quoique les marins la sentent aux approches deterre à de grandes distances. Mais il n'est jamais présent aux objetsdes sens de goûter et de pal­per que par un contact avec eux. Ainsil'homme qui est présent à l'une des propriétés des corps, n'est jamaisprésent à toutes à la fois, et encore il n'y est présentqu'à des bornes fixes, dont le transit marque toujours son absence,quoiqu'il puisse y être présent sous d'autres rapports.

Il faut ajouterà ces considérations que la pré­sence de deux personnes ne leur offre nine peut jamais leur offrir la môme idée de la pro­priété du corps qui répond aumême sens : elle doit différer chez eux, du moins en nuance. Les idéesrépondent aux sensations, les sensations aux impressions, et les impressionsà l'organi­sa lion; c'est-à-dire à la plus ou moins grandesoli­dité des parties, à leur contexture, à leurs pro-portions,d'où résultent les différentes espèces de surfaces planes oucourbes, unies ou scabreuses, et mille autres détails essentiels, plus faciles àconcevoir qu'à exprimer. Il est constant chez tous les philosophes qu'iln'existe pas dans la nature physique deux objets les mêmes ou iden­tiques;tout varie entre eux de la môme manière que les physionomies humaines.Les impressions d'un objet donné sur le même organe de deux personnesdoivent donc être différentes, et con­séquemment les sensations et lesidées le sont aussi.

Chaque personneporte un type radical auquel se conforment toutes les idées que lui transmet­tentles sens, et ce type varie toujours suivant la différence des personnes. II sedétériore par l'âge et les infirmités ; mais il donne toujours à sesrésultats les proportions qui lui conviennent essentiellement, et ne changejamais de nature au point de se confondre avec le type d'une autre personne.

Cette présence, dontla certitude parait à l'homme la plus juste mesure de ses actions, n'estdonc qu'un témoignage fort équivoque, non seulement en raison des différentesdistances qu'elle détermine, mais plus encore en raison de la constanteinexactitude des idées qu'elle y puise. Cette certitude lui suffit bien pour lacon­duite de sa vie, mais non pour la découverte des vérités dont il a besoin,et que pour admettre il prétend soumettre à la conformité avec elle.

10. — L'intuitionmixte des époptes donne, à la vérité, l'idée de l'actualité ou du moinsde lu possibilité de la présence de l'âme dans toute la capacité de l'espace,même pendant son union avec le corps. Il ne suffit pas de dire que lesépoptes atteignent les objets à des distances ima­ginables : on ne peutle concevoir qu'en eu sup­posant la présence. Atteindre un objet, surtoutimmédiatement, ainsi qu'il arrive aux époptes, de la manière que l'onconçoit l'action directe de l'esprit sur la matière, c'est lecirconscrire, le contenir, le comprendre, pour ainsi dire dans sacapacité ; autrement c'est une contradiction pué­rile d'avancer qu'unesubstance agit sur une autre, et d'assurer en même temps que celle-ci esthors de la sphère d'activité de la première.

Toutefoisl'actualité ou la possibilité de la présence de l'âme dans tout l'espace (ceque je n'ose pas déterminer), est attestée par la consi­dération même dela nature de la pensée. Nul effet n'a de propriétés essentielles qu'il ne tirede sa cause. La pensée est, sans contredit, un effet de l'âme, et quoi qu'endisent les matéria­listes, nous prouverons victorieusement qu'elle ne peutnullement convenir à la matière. Il est donc évident que, si lapensée n'a dans l'espace aucune borne qui puisse la circonscrire, l’âme humainen'en a aucune qui puisse la circons­crire.

La pensée n'est quela mémoire du passé, et une conjecture de l’avenir et de tout ce qui n'estjamais tombé sous les sens. Telle est la condition de l'homme : il est condamnéà n'avoir de con­naissances positives que celles qu'il puise dans sesorganes sensoriaux ; et dans cet état il fait voir qu'il jouit. d'une esquissede celle faculté dont son âme est douée, d'être présent du moins aupassé, s'il ne peut pas l'être à l'avenir. La mémoire du passen'est pas seulement un rap­peldes idées qu'il a eues : en cela, elle est com­mune avec le rappel de toutesles idées qui con­cernent l'avenir. La mémoire du passé n'est pas seulement unrappel des idées qu'il a eues : c'est aussi la présence de l'esprit à ceoui existe toujours pour lui, mais qui n'est plus pour l'homme qu'il informe.

Ce vague de lapensée, qui fait l'objet de la conjecture de l'homme, peut aussi ne pasêtre un pur rappel d'idées. Il n'a connaissance que de ce qu'il saitconcevoir : il ignore tout à fait l'etat intuitif de l'âme, qui, ayantessentiellement lu faculté de planer sur le passé et sur l'avenir comme sur leprésent, n'a pat toujours des idées justes des objets qu'elle y conçoit. Ainsila con­sidération même de la nature, de la pensée con­firme ce quedévoile l'examen du développement de l'intuition, c'est-à-dire que l'âmehumaine jouit de l'actualité, ou du moins de la possibilité de sa présence danstoute la capacité de l'es­pace.

11. — Il ne faut pascroire que cette présence de l'âme, actuelle ou possible dans l'espace, luidonne une connaissance suivie de tout ce qui s'y passe. L'état naturel de l'âmedans la condi­tion actuelle de l'homme n'est que son état de sensations. Elleest si intimement unie au corps qu'elle ne peut dans son union avoir d'indivi­dualitésans lui. Il faut que ce que l'une con­çoit, influe ou sensiblement ouimperceptible­ment sur l'autre, et que ce que celui-ci éprouve soitsensiblement ou intuitivement aperçu de celle-là, sans cependant lui endonner toujours une idée juste.

l'âme, dans l'étatde densité du sang, n'a qu'une intuition stupide, telle qu'elle se dévelopedans les songes ordinaires. Elle y combine des idées si disparates qu'ellesemble y être en délire plutôt que dans la lucidité. Elle ne peut avoirune intuition plus exacte que dans la liquidité extraordinaire du sang du corpsqu'elle anime. Lorsqu'elle y agit par une impulsion spontanée qui n'a jamaislieu que dans cet état, et qui n'est qu'un repli de son attention sur lesobjets qu'elle atteint, elle se fait connaître comme apte à déceler toutce que la nature cache, et ce que l'espace enferme.

Voilà lasource des pressentiments et des pressensations. Il faut remarquer que,quoique l'intuition soit absolument indépendante du corps, néanmoins celui-ci,en raison de son intime union avec l'âme, en partage sensiblement l'actionlorsque cet esprit se livre à des concep­tions vives et énergiques. Onpeut présumer que toute intuition mixte influe de même sur le corps, etconséquemment sur l'homme ; mais les impressions n'en sont pas assez profondes pourque l'homme en trouve des traces qui lui montrent ce qui se passe chez lui.

Cet état de l'âmehumaine paraît inconcevable mais il y a un exemple beaucoup plus inconce­vableencore dans l'union hypostatique du Verbe avec Jésus-Chrit. Ce dogme fondamentaldu christianisme montre du moins la possibilité de l'union d'un corps organiséavec une substance spirituelle, définie en elle-même ; mais indéfi­niedevant la raison humaine. Celle ci primor-dialement destinée à faire uneseule unité avec la matière, est soumise à ses influences ; aulieu que le Verbe divin, inaltérable dans ses perfections infinies, et unigratuitement à un homme dont le corps était aussi parfait qu'il pouvaitl'être, était essentiellement exempt d'être déprécié pas sesinfluences. Jésus-Christ tenait son individualité d'un être infini,à plus forte raison le corps humain peut tenir la sienne d'un êtreborné quoique indéfinissable. Si l'union du premier est un mystère quine doit être qu'a­dore, celle du second est pour le moins une énigme quine sera jamais déchiffrée.

12. — La présence del'âme dans toute la capacité de l'espace suffit donc pour compren­dre etexpliquer ce que c'est que l'intuition mixte considérée comme une jouissancesimultanée de fonctions semblables à celle des cinq sens et audelà. Cet esprit, en circonscrivant tout l'espace, contient, comme dansson sein, toute la nature physique ; et il la contient d'une tellemanière qu'elle ne présente à la simplicité de cette substanceintelligente aucun de ces obstacles par lesquels elle intercepte les lieux etdivise l'espace.

L'âme, en contenantla nature physique, est toute dans l'espace, et toute dans chacune de sesmoindres parties ; c'est ce qui fait sa sim­plicité inconcevable, elle setrouve tout entière dans chacune de ses parties idéales, étant indé­finissabledevant la raison humaine dans les bornes de sa substance. Ainsi elle estsimple, non par défaut de substance, comme les élé­ments de la matière,mais par son surcroît et par sa surabondance, à l'instar de Dieu lui-même,en ce qu'elle lui est comparable. La ma­tière, dans toutes sescombinaisons possibles est donc devant cet esprit comme si elle n'exis­tait paspour entraver sa présence et son ins­pection.

L'âme humaine, pourprendre connaissance de chaque propriété de la matière, n'a donc pasbesoin de bornes déterminées des distances, mais seulement d'une attention surce qu'elle veut connaître, et ces notions peuvent être simultanéesd'après ses désirs, et non soumises à une nécessité desuccession, comme chez l'homme. L'âme est, pour ainsi dire en contact avec lamatière : et par sa perspicacité elle se trouve être un témoinconstant de tout ce que renferme cette substance divisible.

Les idées qu'ellepuise dans son intuition ne sont pas soumises aux impressions et à lacontexture des organes ; néanmoins elles ne peu-vent pas répondre avecexactitude aux objets externes. Nous en expliquerons la cause ainsi que laraison pour laquelle les époptes varient toujours entre eux dans lesexpressions, et doi­vent même y varier.

En attendant,observons ici que ces idées, oui sont chez les époptes les mêmes ennature, diffèrent toujours dans leurs accessoires, et souvent chez lemême épopte suivant les temps : elles concernent ordinairement celles quisont analo­gues à la vision sensible, comme les idées de quantité, dedistances, de lieux relatifs et abso­lus des objets. Elles ne sont pas puiséescertes dans les organes, mais elles s'offrent à l'esprit parl'intermédiaire du sang, et subissent les variations que ce fluide vitaléprouve dans les degrés de calme ou d'agitation. Le sang est àl'intuition mixte ce qu'est une lunette à la vision sensible. Commecelle-ci, d'après la disposition de sa surface, rapetisse ou agrandit,éloigne ou rapproche les objets sans en défigurer la na­ture ; de mêmecelui-là, d'après son mouvement intestin, a l'apparence dechanger les acces­soires précipités des objets.

13. -- Onm'objectera que si l'espace est infini, ainsi que le prétendent plusieurssavants, l'âme humaine, qui est produite comme y étant présente, ou du moinscomme pouvant y être présente, ne peut plus être considérée commeun être défini en lui-même, et que conséquem­ment il faut établirou qu'elle est universelle d'après l'opinion des Romains, ou qu'ellen'est présente que là où se trouve l'enveloppe qu'elle informe.

Nul raisonnement, etmoins encore des con­jectures vagues ne peuvent détruire la réalité d'un fait.La présence actuelle ou possible de l'âme dans l'espace est une véritéphysiquement évidente ? Nulle opinion ne peut donc l'affaiblir.

Toutefois, la raisonmême n'est pas dépouillée des moyens de révéler l'absurdité de la conjec­turepuérile de l'infinité de l'espace. L'énumera­tion de toutes les propriétésconnues de la ma­tière et de celles qui sont dues à l'esprit,donne pour résultat que rien de ce qui convient à l'une ne peut convenirà l'autre. Ces deux substances sont si diamétralement opposées entreelles, qu'elles se font une guerre mutuelle dans toutes attributionsessentielles.

La propriétéd'infini est un attribut de l'esprit, à plus forte raison elle ne peutdonc pas conve­nir à la matière et à tout ce qui en a lesattri­buts. On ne prétend pas dire que tout ce qui convient à un espritconvient aussi à tout esprit, mais que rien de ce qui tient àl'esprit ne con­vient à la matière. Cependant tout esprit a quel­quechose qui le rapproche de l'esprit infini, et qui ne peut nullement convenir ala matière : c'est d'être indéfini pour la conception humaine.C'est sans doute ce qui fait la gradation des ordres intellectuels, commed'autres différences font celle des ordres matériels ; au lieu qu'on ne peutconcevoir la matière, sans la concevoir cir­conscrite et conséquemmentdéfinie et déter­minée.

L'espace est étendu,divisible, commensura­ble. Donc il ne peut pas être infini, qui est une

propriété simple,indivisible, incommensurable. L'infini est tout en tout et en chacune de sesparties, ce qui ne convient nullement à l'espace. Qu'y a-t-ildonc hors de l'espace ? La raison humaine, habituée à ne concevoir quepar l'in­termédiaire des sens, ne peut se former l'idée d'un séjour que parl'espace ; mais cette raison, s'apercevant que tout esprit circonscritl'espace, est forcée de conclure négativement que le séjour des esprits n'estpoint l'espace.

Quoique les anciensn'eussent aucune idée juste de la spiritualité, et surtout les Romains, commeon le voit d'après la manière de penser de Cicéron, néanmoins, ilpeut se faire que quel­que tête bien organisée eût formé l'idée del'âme humaine, et que, faute d'avoir l'idée exacte de l'individualité, elle eneût établi une universa­lité indéfinie. Mais on sent que c'est une hypo­thèsebizarre qui avait eu le mérite de sourire à ce peuple exalté en tout,comme sourient tant d'autres erreurs grossières à tant d'autreshom­mes extravagants.

14. — Nous finironscette séance en prouvant ce que nous avons promis, c'est-à-dire que lapensée ne peut pas être une propriété de la matière. Les argumentsque les philosophes ont produits, basés sur la nature même de la pensée,pour consolider ce dogme naturel, sont péremp­toires pour subjuguer un espritami de la vérité. Les raisons sont les mêmes, en ce qui regarde ce sujet,que celles que nous avons données pour prouver que l'espace ne peut pasêtre infini. Néanmoins voici une démonstration expérimen­tale qui nelaisse plus rien à désirer, si l'on ne cherche pas à rendreproblématique par des sub­terfuges une vérité évidente.

Toute matièreétant circonscrite par l'espace, se trouve définie dans un lieu, au point qu'illui est impossible de se trouver ailleurs en même temps. Il est donc horsde toute discussion que s'il est des substances qui se trouvent en mêmetemps ailleurs que là ou elles sont, elles n'ap­partiennent pas àla nature de la matière, mais à une autre nature qui est précisémentce qu'on appelle l'esprit.

Un épopte, placéà Paris, par exemple, voit ce qui se passe à plusieurs lieues, ets'y trouve assez présent pour rapporter verbalement la conversation despersonnes sur lesquelles on l'interpelle. Ce fait n'est pas commun àtous les époptes ; mais dans notre cas, il suffit d'un seul qui soit exact pouren faire connaître la possi­bilité. La raison pour laquelle il ne convient pasà tous sera exposée ailleurs, elle résulte de la nature même deleur situation singulière.

Le corps de l'épopteen question n'est pas dans le lieu indiqué au loin ; cependant ce qui pense enlui est intelligent, s'y trouve et se rend témoin de ce qui s'y passe.Qu'est-ce donc ? Est-ce une chimère qui jouit de la faculté de flairer,de goûter de voir, et peut-être même de palper mais dans unmode convenable à sa nature ? Peut-on remplir toutes cet lâches sans laprésence?

Il faut doncirrévocablement établir que ce qui pente et a l'intelligence dans l'homme,n'est ni ne peut être de la matière ; que cet être pen­sant,étant ou pouvant être présent dans tout l'espace, annonce en lui unenature aussi parti­culière qu'inconcevable : et que par le déve­loppementde toutes ses propriétés ineffables, il se fait connaître comme un espritsimple, intelligent et indéfini devant la raison humaine.

Les matérialistes,en s'arrogeant le droit de tout dire sans preuves, croient avoir assez faitpour saper dans leurs fondements les vérités qui font le bonheur de l'homme.Mais les absurdités qui flattent une raison perfide ne sourient pas àune raison saine et juste ; et si quelquefois elles parviennent un momentà éga­rer la bonne foi, elles ne jouissent pas longtemps de leurtriomphe : tôt ou tard elles déposent leur masque, et décèlent leurhideuse perspec­tive.

 

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