De la Cause du Sommeil Lucide

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SÉANCE IX

DE LA NATURE INDIVIDUELLE DE L'HOMME,
ET DES DIFFÉRENTS MOTIFS QUI DÉTERMINENT
L'ÂME A AGIR

1. — Le développement de la cause du som­meillucide et de ses accessoires exige des notions préliminaires qui puissent lerendre intelligible. A cet effet, nous nous arrêtons ici pourapprofondir ce que c'est que la nature individuelle de l'homme, et pour formerdes idées précises du mode de ses opérations inter­nes.

Le mot nature esttrès vague dans presque toutes les langues de l'Europe. Sans entrer dansle détail des acceptions dont ce terme est sus­ceptible, nous établissons quela nature indivi­duelle n'est qu'un principe intelligent qui veille etcontribue à la conservation et à la propaga­tion de sonêtre, en agissant dans chaque indi­vidu plus par instinct et par habitudeque par réflexion et par l'exercice de toute sa liberté interne ? On peutsentir par cette définition que ce que nous avons exposé ailleurs de l'étatintuitif de l'âme, n'est qu'un aperçu de la con­dition de la natureindividuelle de l'homme.

Ce que nous disonsici de cette nature, par rapport à l'homme, est, proportion gardée, lamême chose que ce qui doit en être pensé par rapport à labrute. Toute la différence entre l'une et l'autre ne consiste que dans la dégradation de l'homme et dansl'intégrité primordiale de la brute comme nous le verrons plus tard. Enattendant nous observons que ce que les philo­sophes ont enseigné de leurprétendu méca­nisme, prouve plutôt la profondeur de leur génie pour soutenir unparadoxe, que pour éclairer une vérité aux prises avec l'erreur. Dès laplus haute antiquité, la raison a toujours reconnu dans la brute non seulementune âme intelligente, mais même une Ame spirituelle et immortelle,conséquence nécessaire de son intelligence.

Il en est autrementdes êtres purement sensi­tifs et insensés. Quoique les naturalistes, sousla dénomination d'intus susceptionem, et sous celle de jaxtapositionem, placent dans différents régnes les végétaux et les minéraux ;néanmoins le» observations microscopiques décèlent que les corpsstupides ont leur végétation, tout aussi bien que les plantes. Il esttrès présumable que le mode de la croissance et de ta conservation desuns tient à d'autres lois que le mode de la croissance et de la conservationdes autres ; mais quoi qu'il en soit, il est certain que leur natureindividuelle dépend d'une disposition des parties internes à convertiren un mouve­ment spécial et singulier, le mouvement général de l'ordrephysique. Ce sujet est étranger à notre travail : il nous suffitd'établir que la crois­sance et la conservation des végétaux et des minérauxdépendent de causes aveugles, et celles desanimaux de causes réfléchies et habituelles, susceptibles de direction.

2. — Ce qui a étédit dès le commencement sur l'étal sensitif et sur l'état intuitif del'âme, suint pour faire apercevoir que ce principe intel­ligent a unemodification différente, étant dégagé des sens, de celle qui accompagne lesfonctions des sens. Nous établissons ici que l'état intuitif de l'âme est ce quiforme la nature individuelle de l'homme. Pour sentir tout le poids de cettevérité, on n'a besoin que de se rappeler tous les efforts qui se développentchez les époptes au commandement des concentrateurs, contre et outre latendance du mouvement appelé nécessaire, et dont nous avons fait un succinctrecensement dans l'Introduction. Il est incon­testable que ce mouvementappartient exclusive­ment à la nature de l'homme. Celui qui le maîtriseà son gré ne peut donc être que la nature même. de l'homme.

L'abstraction dessens, où cette nature déve­loppe son travail intérieur n'est pasnécessaire pour qu'elle s'en occupe : elle s'y livre sans cesse, mais d'unemanière tout à fait étrangère à la connaissance del'homme, soit qu'il dorme, soit qu'il veille ; et elle n'est apte àfaire con­naître son industrie que dans une certaine dis-position de laliquidité du sang de l'homme qu'elle constitue. Les époptes donnent une preuveirrécusable de cette économie de su con­duite. Lorsqu'on leur recommande dansle som­meil de découvrir ce qu'ils ne voient pas dans leur état de veille, onles trouve ponctuels dans le sommeil suivant à remplir exactement latâche Imposée, en ajoutant que, sans s'en douter nullement, ils s'en sontoccupés après leur réveil. Ils éprouvent de même dans leur état deveille, à point nommé, l'effet déterminé pendant leur sommeil, commel'évacuation menstruelle, les vomissements, les selles et autres semblables.

Toutefois cettenature individuelle, en expri­mant par la bouche des époptes ce qu'elle exé­cuted'après l'injonction, n'en connaît pas or­dinairement la cause, etignore ce qui fait le travail de ses occupations continuelles. Elle y agitcomme par une nécessité fatale, et non par une option d'arbitre. Ainsi lesépoptes non seu­lement ne la maîtrisent pas spontanément sans un commandementexterne, mais même dans ce qu'ils exécutent par cet effort, ilsreconnaissent dans un autre l'empire qu'ils exercent eux-mèmes.

Voilà commentelle agit plus par instinct et par habitude que par réflexion et par l'exer­cicede toute sa liberté interne. Sa conversation et sa reproduction sont les seulsbuts où elle vise, et encore elle y est souvent indifférente, faute desavoir en sentir et peser toutes les suites funestes. Les moyens propices qui ycon­duisent, et qui sont étrangers à sa marche ordi­naire, lui sont siinconnus par défaut de réflexion nécessaire, qu'elle adopte sans répugnance lesbons pour les mauvais, et les mauvais pour les bons. Ainsi à la seuleparole, on peut rendre malades les époptes bien portants, et rendre bienportants les époptes malades.

3. — Main qu'est-ceque l'instinct et l'habitude? Voilà deux points qui demandent àêtre éclaircis.

L'instinct n'estqu'une impulsion interne de l'âme qui conduit l'homme à une action,avant toute réflexion. Il faut donc établir quecelui qui est susceptible d'instinct est susceptible de réflexion. En général,c'est une voix de la nature qui tend à la conservation de l'être,premier but de ses soins et de son travail. Elle est presque infaillible toutesles fois qu'elle n'est point suggérée par une cause externe, et elle esttoujours suivie avec satisfaction et sans répugnance.

Si l'instinct estsusceptible de réflexion, il est clair que l'homme l'a en partage plus particu­lièrementque la brute. C est donc bien à tort qu'on dit vulgairement que lesbrutes n'agis­sent toujours que par instinct. En voulant par là déprimerleur intelligence, on fait entendre qu'elles sont susceptibles de réflexion, etpar là on reconnaît en elles une intelligence supérieure à cellesqu'elles développent dans la conduite de leur existence.

Cependant l'instinctpeut exister chez les brutes ; parce qu'elles sont douées comme l'homme, d'uneâme intelligente, modifiée d'un étal sensitif et d'uni état intuitif, ce quenous verrons dans la suite. Il est hors do doute que toutes actions apparentessont les résultats d'une délibération réfléchie. Ces preuves de leur atten­tionont sans doute une circonscription marquée par la restriction de leurs idées;mais ces bornes n'empêchent pas que ces êtres ne se livrentà combiner, à conjecturer et à déduire. Pour peu qu'onfasse attention à la fidélité des chiens, à I adresse des chats,à la prudence des castor, aux pièges des araignées, et auxdifférents caractères des autres espèces de brutes, onreconnaîtra dans leur conduite une profonde réflexion et une juste combinaisond'idées.

L'instinct chezl'homme est une routine tout à fait réfléchie. l'âme la suit dans sonétat intui­tif par la première impulsion, reçue de l'auteur de sonêtre, à veiller sur l'homme qu'elle informe ; elle y tient siétroitement, que si cet esprit appréhende seulement qu'une surprise puissedéranger sa marche habituelle, elle lui suffit pour provoquer sur son enveloppedes secousse» pénibles et même mortelles. Voilà la source de lafrayeur à une explosion inattendue et môme prévue ; de la pâmoisondevant un meurtre barbare et cruel ; de l'horreur devant des ossements humainsqui attestent sensible­ment la certitude de la destruction de l'homme.Toutefois cet instinct est susceptible de réflexion ; mais non autrement quedans une grande liqui­dité du sang. C'est par cet instinct que des malades ontvu parfois dans les songes les remèdes précis dont ils avaient besoincontre leurs maux c'est par cet instinct que les femmes grosses annoncent dansUnira envies ce qui est indispensablement utile à leur état. La natureindividuelle se sent, dans des occasions singu­lières assez libre pourreconnaître l'insuffisance de ses soins, et pour inculquer ce qui peut l'ai­derà remplir sa lâche de surveillance.

4. — Il est aisé maintenant de comprendre ceque c'est que l'habitude. On l'appelle une seconde nature, parce qu'étant unrésultat qui devient naturel par la répétition des actes, elle se confond avecl'instinct et devient indépen­dante de toute réflexion. Nous avons dit maintesfois que les idées sensitives passent plus aisé­ment dans les idées intuitivesque les intuitives dans les sensitives, lorsque l'âme s'en pénètrevivement et y attache de l'importance. Par la répétition des actes, elles serangent enfin sur la ligne d'idées naturelles et infuses ; et l'âme, dans samarche ordinaire de nature indivi­duelle, étant inhabile à réfléchir,adopte les unes et les autres, sans reconnaître entre elles aucune différence.

Il est donc dansl'ordre que l'habitude soit regardée comme une seconde nature. Travestie ennature, elle en exerce toute la puissance et n'en diffère que dans ladénomination, en raison du surcroît de charge qu'elle ajoute à ses fonc­tionsordinaires.

S'il est difficilede détourner la nature de la marche qui l'entraîne, on doit sentir qu'il estégalement difficile de déraciner une habitude contractée. La force des moyenspour l'acquérir ou pour la détruire n'est pas la môme. Ordinai­rement on nerépète que les actes qui flattent le penchant, et dès lors cetexercice devient une satisfaction agréable plutôt qu'un travail repous­sant.L'entreprise de la destruction d'une habi­tude est un effort pour détacherl'esprit de ce qui le séduit : c'est une fatigue qui est dépouil­lée de toutaiguillon pour être soutenue.

Toutefois on yparvient par la répétition des actes contraires ; mais cette exécution demandeplus de temps que celle dont on veut détruire le résultat. L'histoire estpleine d'exemples qui attestent non seulement qu'on est souvent par­venu,après s'étre plongé longtemps dans la fange du vice, à devenir unmodèle de vertu, mais même quand on a réussi à détourner lanature individuelle de sa marche régulière pour l'assujettir àdes régimes effrayants qui ont dû, au premier abord, lui répugnervivement. L'expérience montre toujours qu'une autorité même absolue peutmoins qu'une volonté dûment efficace.

Je n'ai pas besoind'approfondir ici la cause pour laquelle cette nature individuelle, n'étantdouée que d'une raison Juste et éternelle, est sujette aux aberrations les plushonteuses et les plus disparates. Le peu que nous avons dit de la restrictionde sa liberté interne suffit pour faire connaître qu'elle accueille toujourscomme un bien tout ce qu'on lui inculque sous son apparence, et qu'étantd'ailleurs un résultat de l'âme et du corps, elle n'est pas dans la pratique,exempte des influences de la matière.

5. — Si elle estéquivoque, cette raison intui­tive qui à tant de titres jouit du droitd'être juste et éternelle, que doit-on penser de la raison sensitive,connue sous le nom de raison humaine, pour nous dévoiler cette prétendue loinatu­relle, gravée dans le cœur des hommes ? Nous avons déterminé ailleursla confiance qu'elle peut mériter dans ses dogmes : remarquons ici que cespréceptes éternels, auxquels, malgré eux, les hommes se trouvent intérieurementenchaînés, n'existent dans leur esprit que par le commerce social.

Nous avons dit quel'âme humaine jouit d'une science infuse et universelle ; mais nous avonsajouté que ces connaissances ne viennent jamais dans l'usage de la vie, et quelorsqu'elles deviennent sensibles par les songes, les pres­sentiments, les pressensations,elles ne sont considérées que comme les résultats d'une ima­gination endélire. L'homme n'a de lumière que par les sens, et quoiqueintérieurement les individus de tout âge et de tout sexe soient éga­lementsavants, néanmoins sensiblement il n'y a de savants que ceux qui se sont leplus livrés à l'étude et à la méditation.

La raison humaine,équivoque en elle-même, peut cependant parvenir par ses efforts àla con­naissance des vérités éternelles. Toutefois, la ligne de démarcationentre la vertu et le vice, le bien et le mal, le juste et l'injuste, n'estqu'une vérité décelée par la pratique et l'expérience, et non par une loinaturelle. La raison chez les hommes est essentiellement différente : il n'estpas du ressort d'établir parmi eux une vérité pra­tique universelle.

La vertu, outre sonétat naturel, présente à la société une utilité réelle, de mêmeque le vice, outre sa difformité, lui présente aussi des mal­heurs sans fin.Les hommes ont sans doute fait des épreuves pour prescrire à chacun,sous des peines sévères, la place qui lui est convenable, lorsquesurtout après avoir repoussé les précep­tes positifs de la révélationprimitive, ils en connurent l'utilité par leur propre expérience. Voilàla source de ce qui est appelé la loi natu­relle, source devenue sacrée enraison de l'uti­lité publique et privée qui en résulte.

Croit-on de bonnefois qu'un enfant aban­donné dès son bas-age dans une forêt,saurait parvenir à l'âge de raison, distinguer la vertu et le vice, lejuste et l'injuste, le bien et le mal? Il ne connaîtrait de mal que ce quipourrait porter atteinte à la conservation de son être : du resteil ne verrait de vertu, de justice et de bien, que dans la mesure de ses forcespour satisfaire ses goûts et ses penchants.

6. —Cetteobservation fournit une réponse péremptoire à une objection solidecontre la spi­ritualité de l'âme humaine et en faveur du maté­rialisme, qui aéchappé à son défenseur. Voici l'objection. Une substance spirituellejouit essen­tiellement, entre autres propriétés, de celle de pénétrer lescorps. Il est concevable que les yeux, par lesquels l'homme voit, ne puissentpas atteindre l'intérieur des objets matériels en rai­son des entraves quil'obstruent. Mais comment expliquer que l'âme, qui doit être unesprit intui­tif, ne connaît pas l'intérieur du corps qu'elle informe ?Pourquoi cette âme n'a-t-elle pas la moindre idée de sa nature, tandis qu'elleen donne de celle des objets qui tombent sous les sens? Qui sait le plus, doitsavoir le moins. Con­naître ce qu'on est, est beaucoup plus facile queconnaître ce que sont les autres. Il faut donc convenir que l'intelligence quel'homme déve­loppe est plutôt une modification de la matière que lapropriété d'une substance simple et spiri­tuelle.

Nous avons répétéplusieurs fois que l'homme n'a l'idée que de ce qui est entré par les sens. Ilest donc clair que n'ayant jamais vu son inté­rieur, il ne peut en avoirl'idée. Toutefois, l'âme voit tous les plis et replis, non seulement du corpsqu'elle informe, mais aussi de toute espèce de matièresétrangères, dès que les sens de l'homme deviennent inhabilesà exercer leurs fonctions ordinaires. L'intelligence qui se déve­loppedans l'homme, loin de déceler comme une modification de la matière, faitdonc au contraire connaître que c'est la propriété d'une substance simple etspirituelle.

Cependant cette Ame,tout en jouissant d'une intuition dans l'abstraction de» sens, ne con­naît pasencore sa pure nature. C'est que cette intuition dans son union avec le corps,n'est que mixte, c'est-à-dire, une intuition qui, tout en perçant lesdistances de temps et de lieux ne présente les objets que par les espèces.C'est un résultat inexplicable du spirituel et du sensible, et insuffisantpour atteindre un pur esprit inac­cessible à toute image ; néanmoins, unrésultat qui décide qu'il ne peut nullement être une modification de lamatière toujours sensible­ment bornée et circonscrite.

L'âme humaine ne severra telle qu'elle est, que lorsque, séparée de son enveloppe, elle seraaffranchie de tout intermédiaire entre elle et les objets. Dans son unionmystérieuse avec le corps, elle y est si irrévocablement assujettie qu'ellesemble différer d'elle-même et former un autre être, qui esttoujours l'homme en appa­rence dans l'abstraction de ses sens, et intelli­gentdans son état de sensations. l'âme est aperçue dans ses opérations, mais ellen'est pas connue.

17. — Revenantmaintenant au sujet dont nous nous sommes écarté, nous remarquerons que lanature individuelle, qui s'occupe sans relâché de son travail ordinaire danstoute dis­position quelconque du sang, fléchit plus ou moins d'après laforce des différents motifs qui captivent l'adhésion de l'esprit. Sa marche,d'où provient dans l'homme le mouvement néces­saire, indépendant de toutpouvoir de la volonté sensitive, se dérange de sa régularité ou par unralentissement, ou par une accélération, ou même par une suspensionabsolue, devant tout ce qui lui donne une conviction contraire à cellequi règle et dirige son travail.

Le pouvoir d'agirplus ou moins énergique­ment sur le mouvement nécessaire, n'est donc que l'apanagede la conviction d'après la force du motif qui la provoque. C'est pourne l'avoir pas distinguée de la persuasion, qu'il est résulté sans doute dansl'étude et dans la connaissance de l'homme des entraves chimériques qui ontrendu cet être plus énigmatique encore qu'il ne l'est en réalité. Nousallons, pour l'intelligence (lu sujet, fixer la différence caractéristique del'une et de l'autre, et distinguer en même temps dans la conviction sesdifférentes espèces.

En nous réservant dedire plus lard ce que c'est que la persuasion, nous établissons que laconviction est ou intime, ou instinctive, ou sen­sible, ouhabituelle, ou démonstrative. Nous allons nous occuper de chacunede ces convic­tions en particulier : nous relèverons ensuite ladifférence entre elles et la persuasion ; et nous finirons cette séance endonnant des notions précises de la confiance et de la prévention, qui se lientau présent développement par une analogie intime.

On verra par cettedoctrine que la nature indi­viduelle qui est vulgairement regardée comme unêtre tout à fait étranger à l'homme, s'occupe de sonouvrage, tantôt d'accord avec lui, et tan-lot malgré lui et malgré tous lesobstacles que celui-ci présente ; qu'elle est, dans une certaine dispositionphysique du corps, souple et flexible sous la direction de quelqu'un qui jouit de sa confiance ; que cetteimpulsion par laquelle elle se maîtrise est toujours en raison inverse de lasolidité de sa cause ; et qu'enfin ce qui, d'après les lumières de la raison humaine, n'est que lepartage de l'intelligence dépend beaucoup de la liquidité extraordinaire dusang.

Cettedernière observation mérite d'être appro­fondie plusparticulièrement. Je ne veux relever par là que la grandeinfluence du corps, pour développer ou pour obstruer la pénétration desfacultés spirituelles, malgré la grande distance qui existe entre l'âme et lamatière. Si le fait ne prouvait évidemment que l'homme dans la den­sitéde son sang n'a pas le même pouvoir sur son mouvement nécessaire que dansla liquidité extraordinaire, on aurait droit de penser qu'une suppositionsemblable ne peut être que le par­tage d'un esprit ami des paradoxes.

8. — La conviction,en général, est l'adhésion de l'esprit à un motif puisé dans une véritéréelle ou crue telle. La conviction intime est l'adhé­sion de l'esprit àun motif puisé; dans sa propre conscience. cette conviction est la pluspuissante de toutes, parce que nulle vérité n'a plus d'em­pire sur l'esprit del'homme que celle qu'il voit ou croit voir gravée en lui-même. Toutefois,dans son espèce elle a des nuances, d'après les degrés de laliquidité du sang, et d'après la quantité de sa masse. Les époptes seulsen sont suscepti­bles au plus haut degré, mais non tous en mesure égale.

On doit sentirqu'une vérité puisée dans sa propre conscience peut n'étre qu'une erreur ;conséquemment le motif de la conviction intime est, en général, moins solideque celui de toute autre conviction. Ainsi les époptes éprouvent, àl'ordre du concentrateur, tout ce qu'il leur annonce capricieusement ou parplaisanterie, parce qu'ils sont intimement convaincus et qu'ils sentent dansleur conscience qu'il a, lui seul, le pouvoir de provoquer sur eux de pareilseffets au gré de sa volonté. I! n'est pas difficile d'aper­cevoir que la véritésur laquelle ils basent le motif de leur conviction, n'est que relative, quoi­queparfois elle puisse être généralement exacte.

Dire que laconviction intime s'accommode à la fluidité du sang, c'est reconnaîtrequ'elle peut plus ou moins complètement être le partage de toutepersonne. Tout individu de l'espèce humai­ne songe, et le songe n'estqu'un produit de la conviction intime. C'est ce qui dépose qu'il n'est personnequi ne recèle dans son corps une portion quelconque de sangextraordinairement liquide. Toutefois cette espèce de conviction a uncaractère distinctif, et elle est comprise sous la dénomination deconviction instinctive, comme nous allons le voir, quoiqu'elle recon­naisse satige dans la conviction intime.

Toute conviction aprise sur le mouvement nécessaire ; toutefois la conviction intime peutmaîtriser au gré et au caprice, mais par une: direction extérieure, parcequ'elle ne donne pat la connaissance de son existence à celui qui lapossède : elle ne se développe qu'à son ordre. C'est pourquoi onpeut ériger en principe que la conviction intime est la seule autorité quipuisse régler, entraver et même suspendre la marche de natureindividuelle, et qu'elle n'est que l'effet d'une disposition du sang, indépen­dantde tout effort de l'état sensitif de l'homme. C'est donc: une erreurirréfléchie de penser qu'on peut acquérir la conviction intime par des soins etdes recherches. On n'y acquiert que lu persuasion plus ou moins solide, si l'onn'a pas la condition requise.

9. — La convictionintuitive est l'adhésion de l'esprit à un motif puisé dans une impulsioninterne. C'est dire que celui qui la possède, en use sans connaître lacause qui le pousse à agir. Il est aisé de voir qu'elle provienttoujours de la nature individuelle, lorsque par une voix sourde elle dit aucœur ce qu'elle veut qu'on fasse. Le possesseur de cette conviction yobéit même avec une espèce de volupté, sans avoir l'idée de cettepuissance impérieuse qui lu sub­jugue malgré lui.

Cet ordre que lanature individuelle a de la durée, lorsque par un repli de l'attention surelle-même, elle inculque à l'homme quelque chose qu'elledécèle dans son intuition, soit pour la conservation de son être,soit pour l'avantage de sa tranquillité. Tel est celui auquel obéissent lesfemmes enceintes par leurs envies, cl tel aussi celui qui pèse sur latête de quelques malades qui disent spontanément ce qui leur estnécessaire pour leur complète guérison. Les songes aussi entrent engrande partie dans cette catégorie, lorsqu'ils se tiennent dans leurs élé­ments,soit qu'ils annoncent les vérités claires, soit qu'ils les enveloppent defigures difficiles à déchiffrer.

La convictioninstinctive n'est d'autres fois que passagère, comme lorsqu'elle estprovoquée par une crainte ou fondée ou panique. La réflexion en mitige oudissipe la continuité ; mais il en résulte quelquefois des suites trèsfâcheuses. La nature individuelle s'alarme dans ces circons­tances pour laconservation de l'être qu'elle sur­veille, et lui fait souvent plus demal par la force de son appréhension, qu'elle ne veut lui faire de bien par lezèle de m précaution.Totes ces disputions, ces attaques de nerfs, ces pâmoisons et cesévanouissements qui se développent à la vue d'un spectacle affligeant,sont les produits de cette conviction instinctive qui n'est quepassagère.

Cette conviction,qui n'est que la voix de la nature individuelle, coïncide avec laconviction intime ; toutefois l'une diffère de l'autre, en ce quecelle-ci n'est commune rigoureusement qu'aux seuls époptes, et est de sa naturesuscep­tible de direction, et que celle-là est le partage de toutindividu de l'espèce humaine, quoique avec plus ou moins d'intensité, etest toujours rebelle à un pouvoir externe.

Ce que les Anglaisappellent le spleen, et les Français la maladie du pays, et en généraltout ce qui est caractérisé par les médecins de mala­die imaginaire, minantréellement les malades et les menant graduellement à la tombe, appar­tientà la puissance de cette conviction instinc­tive, lorsqu'elle a un peu depermanence. Ces maux sont réels et proviennent d'un sentiment intuitif qui a lepouvoir de provoquer tout ce qu'on appréhende dans une certaine disposition dusang; et ils ne peuvent se guérir que par une convietion contraire. Il peut sefaire que la con­viction intime en soit plutôt la cause que la con­victioninstinctive: l'on peut souvent confondre l'une avec l'autre en raison de leurgrande ana­logie.

10. — La convictionsensitive est l'adhésion de l'esprit à un motif puisé médiatement ouimmédiatement dans l'action des objets sensi­bles. Telle est celle qui résultede l'existence des corps, et conséquemment de toute démonstration physique.Quoique la certitude qui en résulte soit plus solide que celle de la convic­tionintime, elle n'a pas autant de prise sur le mouvement nécessaire que cettedernière. L'âme humaine ne se subjugue complètement devant lemotif qu'elle embrasse que lorsqu'elle exerce du pouvoir absolu sur tous lesplis et replis de l'enveloppe qui contribue à son individualité; et ilest certain que la conviction intime qui ordinai­rement a une base solide,l'emporte de beaucoup sur la conviction sensitive, qui a une plus grandeconsistance, quoique parfois équivoque; mais celle-ci surpasse encore laconviction démons­trative, qui résulte toujours des vérités éternel­les.L'homme, dont l'orgueil exige dans le déve­loppement de ce qui est obscur etsurtout inac­cessible aux sens, une démonstration rigoureuse, n'a donc pourguide des opérations de son esprit que la versalité de ses préjugés plutôt quela justesse de ses idées.

Toutefois laconviction sensitive agit aussi sur le corps, mais seulement pendant le tempsque lu cause qui la provoque est présente aux sens, ou est censée y êtreprésente. La vue d'un meur­tre, même commandé par les lois pour lasûreté sociale, suffit souvent pour soumettre un individu a descommotions pénibles, dans les parties du corps qu'il n'a jamais pu maitriser augré de sa volonté. Il suffit pour exciter de pareilles sensa­tions, de ladescription éloquente d'une scène horrible, qui la retrace avec lesnuances et les détails de toutes ses circonstances.

Les secousses queces différents tableaux pro­duisent ne proviennent pas des impressionsmatérielles qu'ils font sur les organes externes : cette action a lieu égalementsur tous les spectateurs présents, et l'effet n'en est pas le même. Cesagitations dépendent tout à fait des senti­ments que réveillent lessensations, et qui sont faciles à se développer dans les personnes quijoignent à la délicatesse de la complexion l'habi­tude de réfléchir surles maux qu'entraîne à sa suite la fragilité humaine. Personne ne penseen être la cause soi-même, parce que la rapidité avec laquelle cesopérations de l'esprit se succè­dent, en cache à la raisoneffarée la source légi­time ; et l'on croit ne pouvoir être àl'abri de ces émotions douloureuses qu'en s'éloignant des lieux où lessens se trouvent être forcés d'être les témoins de la scène.

11. — La conviction habituelle est l'adhésion del'esprit à un motif puisé dans l'expérience par la répétition des actes.Cette conviction pré­cède toujours la réflexion, et conséquemment elleest à la conviction sensitive ce que la con­viction instinctive està la conviction intime. Telle est celle qui préside au mouvement desmembres externes. Comme conviction dont la puissance s'étend toujours audelà des bornes du mouvement libre elle subjugue aussi une partie dumouvement nécessaire, mais précise et proportionnée au motif sensible qui lapro­voque. Telle est celle qui excite à l'amour, à lacolère, et d'autres affections de ce genre. Une beauté accomplie produitle premier, Ta présence d'un ennemi dont on a à se plaindre produit laseconde : il en est de mémo du reste.

Je n'ai pas besoinde m'arrêter ici pour faire sentir que l'effet de ces passions ne te mani­festeque sur la circulation du sang, et consé­quemment sur un mouvement qui est toutà fait indépendant du pouvoir de la volonté sensitive. On sait parexpérience que leur action n'a d'au­tre but que l'accélération, ou leralentissement, ou l'extravasation de ce fluide vital, et que de ce dérangementorganique il résulte quelquefois des suites qui, pour être réparées,exigent les secours de l'art médical.

J'ai dit que laconviction habituelle précède toute réflexion ; cependant on l'acquiertquel­quefois en ruminant dans l'esprit le motif qui peut la provoquer. Ainsi,on s'enflamme d'amour, de colère et d'autres passions, en se représen­tantvivement dans l'esprit leurs objets, quoi­que absents et éloignés des sens. Ilpeut se faire que ces effets appartiennent plus à la convic­tionsensitive qu'à la conviction habituelle. L'une et l'autre ont entreelles une telle affinité, qu'elles peuvent facilement se confondre.

La convictionhabituelle se convertit eu une conviction habituelle opposée, toutes les foisque le motif en disparaît et qu'il est remplacé par un motif contraire. Il fautdès lors que, pour rétablir la première conviction, le premiermotif existe et ait la force de subjuguer l'esprit en sa faveur. Il n'est pasdifficile d'obtenir ce but, parce qu'on aime en général à se flatter dumotif d'une habitude, si elle a été utile ou agréable.

Ainsi une personne,qui par les entraves d'un rhumatisme, aurait été quelque temps privée del'exercice de ses jambes, ne s'en servira qu'après que l'expériencel'aura convaincue de leur apti­tude à leurs fonctions ordinaires.L'assurance seule du médecin qui la soigne ne lui suffira pas pour lui rendresa conviction habituelle, si elle ne trouve pas par elle-même quel'exécution réponde à l'annonce. Le motif do cette conviction appartientessentiellement à l'expérience et non à la foi d'autrui, quelquedigne de confiance qu'il soit.

12. — La conviction démonstrative enfin estl'adhésion de l'esprit à un motif puisé dans une vérité éternelle, susceptiblede développement. Telle est celle qui résulte d'une démonstration mathématique.Cette conviction, purement spé­culative, ne peut agir que sur l'esprit et nonsur le corps. La raison en est claire ; les vérités sur lesquelles lesmathématiques s'établissent, ne sont point réelles mais supposées. L'esprit ensent toute la justesse, mais il n'a pas le pou­voir d'en faire rejaillirl'influence sur le corps ; parce que, par leur constitution, elles n'ontd'autres aptitudes qu'à le subjuguer lui seul.

Ces véritésmêmes réduites à une démonstra­tion physique, n'ont pas la forcede provoquer une conviction qui maîtrise la moindre por­tion du mouvementnécessaire. Du moins elles ne la produisent pas sur la généralité des indi­vidusde la masse humaine.

On démontre avec uneévidence qui doit rassurer la raison, qu'avec un parachute on peut tenter lessauts les plus périlleux. Néan­moins, personne n'oserait, muni d'une semblablegarantie se jeter du haut des tours de l'église de Notre-Dame. Lorsque despersonnes assez courageuses se détachent d'un aérostat à une hauteurréellement effrayante, on ne cesse d'ad­mirer cette action, regardée commeinsensée et téméraire. Je pense que ceux mômes qui s'y exposent sont plussoutenus par l'intérêt que rassurés par la conviction. Cependant rionn'est aussi certain que la démonstration qui fait voir qu'il y a moins de danger dans cette tentative qu'àse faire traîner dans une voiture assujettie à mille et un accidentsinaccessibles à la pré­voyance. Tant il est vrai que la certitude quirègle les actions de l'homme est toujours en raison inverse de lasolidité de ses bases !

Dans la pratique, ilest si loin de sa pensée de chercher plutôt que de trouver la convic­tiondémonstrative de la justesse de ses actions les plus liées à la sécuritéde sa conservation, qu'il y a tout lieu de penser que, lorsqu'il de­mande unedémonstration mathématique des vérités positives, quoique abstraites, qui ontle droit de régler sa moralité, il ne cherche qu'à s'affranchir de toutjoug qui pourrait le gêner dans la satisfaction de ses penchants. Cen'est pas en lui l'ardeur de connaître une vérité obs­cure mais l'envie derendre du moins probléma tique une vérité connue qui lui reproche l'irré­gularitéde sa conduite. 11 est plus facile de penser qu'il n'y a rien à craindreou à espérer après la mort, que de justifier devant la raison lasatis­faction de la pente au vice. Un Dieu indolent lui conviendrait certesbeaucoup mieux qu'un Dieu juste.

13. — Il est tempsd'expliquer la différence de la conviction et de la persuasion. La persua­sionest aussi une adhésion de l'esprit, mais a lu foi d'autrui. Quelque grande quesoit notre confiance dans la véracité d'une personne, elle est toujours moinsgrande que celle que nous sommes forcés d'accorder au témoignage de notreconscience. La différence entre la convic­tion et la persuasion consiste en ceque la pre­mière est fondée sur notre propre témoignage, et que laseconde résulte du témoignage d'autrui.

La persuasionn'offre à l'esprit qu'un motif externe et la conviction toujours unmotif interne. Si pour agir sur le mouvement néces­saire, il faut un motif quis'y lie, la persuasion dont le motif est tout à fait étranger, ne peutjamais comme telle, en maîtriser l'impulsion. L'exercice de la liberté interne,à laquelle est subordonnée cette impulsion, ne dépend que des individus: nulle force externe n'y a d'in­fluence. Le pouvoir de la volonté propre quile règle n'a pour guide que le motif qui subjugue l'entendement.

La persuasion seconvertit toutefois en con­viction de toutes espèces, d'après lesdisposi­tions internes, dès lors, la persuasion agit en conviction, etparvient à maîtriser le mouve­ment nécessaire. Lorsque les motifs de laper­suasion, qui d'ordinaire sont intrinsèquement plus solides que ceuxde la conviction, parvien­nent à force d'étre médités, às'emparer de l'es­prit, ou lorsque ces motifs trouvent dans le coeur del'auditeur des sentiments habituels qui y sont analogues, la persuasion seprésente tou­jours sous l’aspect de la conviction, et n'est réellement que laconviction môme qui triom­phe d'une partie du mouvement nécessaire.

Voila pourquoi lediscours d'un orateur sacré, qui n'a que la force de persuader, émeut aussi lecorps, et provoque dans l'esprit la conviction ; parce que tout chrétien estnourri de la pensée de l'existence d'un Dieu témoin des actions les pluscachées, de sa justice terrible, de sa clé­mence miséricordieuse, et de sonineffable munificence. Ce sont ces sentiments, assoupis dans le cœur,qu'une éloquence mâle réveille par la force de ses raisonnements ; et, au lieude s'en servir pour persuader, elle s'en sert pour convaincre.

La persuasion suit,dans ces motifs externes, la même marche que la conviction démonstra­tivedans ses motifs internes. L'une et l'autre subjuguent l'esprit d'aprèsleur nature particu­lière ; mais comme telles, elles ne parviennentjamais à dominer le mouvement nécessaire. Ainsi les effets de lapersuasion ne sont pas aussi généraux que ceux de la conviction : tous ceux quiécoutent un orateur ne cèdent pas de même à la force de sonéloquence.

14. — Nous avonspromis de nous occuper de la nature de la confiance et de la prévention : nousallons tenir notre parole en peu de mots, pour terminer cette séance.

La confiance estl'abandon de l'esprit à la discrétion d'autrui, en raison d'unecertitude relative de la justesse de ses sentiments. La même personne nejouit pas de la confiance de tout le monde, par ce que ses sentiments ne sontpas appréciés de la même manière par tout le monde. Lorsquequelqu'un la lui accorde dans toute l'étendue de la signification du mot, il semet à sa disposition sans réserve et se sou­met entièrementà ses avis et à son influence.

La confiance chezles hommes en général est soumise à des restrictions, parce que en sejugeant d'après l'instabilité de leurs propres sen­timents, ils sedéfient toujours les uns des autres. Néanmoins, il y en a qui sont si aveu­glessur la foi de ceux auxquels ils s'en rappor­tent, que, malgré de tristesépreuves, ils sont encore assez faibles pour continuer de s'abandonner àleur discrétion. Il est présumable que la complexion est chez eux lapremière cause de ce désordre, plutôt que la faiblesse de leur esprit ;ou pour mieux dire, la faiblesse de leur esprit provient d'une certainecomplexion déterminée.

Du moins laconfiance dont tout concentra­teur jouit dans l'esprit de ses époptes, et quiest telle dans toute la rigueur du terme, ne reconnaît sa source que dans unedisposition précise du sang. Ils passent par les épreuves les plus dures sousses ordres, sans jamais retrancher, du moins ordinairement, le moindre degré deleur confiance ; et toute cette confiance si étendue s'évanouit tout àfait, dès qu'ils cessent d'avoir l'aptitude au sommeil lucide et àses accessoires.

La prévention estune disposition de l'esprit pour ou contre quelqu'un ou quelque chose. Sanscorrectif elle exprime ordinairement une dispo­sition défavorable.

Des défauts réels etpositifs qu'on remarque dans les autres, sont ordinairement la cause de laprévention, môme contre leurs actions les plus recommandables ; parce qu'assuréde ce qu'ils ont de blâmable, on ne prend pas la peine de réfléchir à cequ'ils ont de vertueux. Parfois on se prévient aussi contre quelqu'un seulementpour un geste, pour une parole, pour une opi­nion qui ne cadre pas avec notremanière de penser. On se prévient de même contre les cho­ses, parla seule raison qu'elles n'ont pas ré­pondu à notre attente. Laprévention, soit en faveur, soit en défaveur, annonce toujours un faux jugementou une faiblesse d'esprit.

Toutefois ce qui estprévention dans les autres est une conviction intime dans les époptes et danstoute personne qui a le sang extraordinairenient liquide. Dès lors il ya de leur part adhé­sion de l'esprit à un motif puisé dans leur cons­cience,pour influer sur le mouvement nécessaire. Nous expliquerons plus tard la causedu passage de cette espèce d'adhésion de l'esprit à l'action surle mouvement nécessaire. En attendant, nous observerons que ces époptesoccasionnels et naturels éprouvent sensiblement et réelle­ment devant lespersonnes et les choses contre lesquelles ils se préviennent, tous les maux quirépondent à cette préoccupation de leur esprit.

 

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