La médecine psychologique

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2. - L'augmentation des forces

Il ne s'agit pas de spéculation philosophique sur les forces vitales, il s'agit d'une simple constatation pratique. Le mot force n'est ici que l'expression de la possibilité des actions : les forces sont moins considérables quand un individu ne peut plus agir autant qu'il le faisait autrefois et quand il présente les troubles des diverses dépres­sions ; les forces sont plus considérables quand cet individu redevient capable d'agir davantage, de marcher plus, de parler plus, de lire, d'étudier plus qu'il ne faisait, quand il ne présente plus les impuissances d'action qui caractérisaient les troubles névropathiques.

En fait de telles augmentations de force se présentent fréquemment à notre obser­vation puisque nous voyons souvent des malades atteints d'épuisement et de dépres­sion qui guérissent soit momentanément soit d'une manière durable. Les névroses dépressives ne sont pas nécessairement incurables, mais si elles sont susceptibles de récidives, ce qui est malheureusement fréquent elles présentent d'ordinaire des arrêts, des guérisons naturelles dont il est nécessaire de tenir compte. En dehors même de la guérison proprement dite on observe souvent au cours de la maladie des moments que les malades appellent quelquefois « des instants clairs où la lumière cesse de s'éloigner », pendant lesquels les troubles disparaissent et les actions reviennent possibles. Quand ces ascensions sont rapides elles ressemblent à des sortes d'ivresses passagères, et donnent naissance à des sentiments sérieux d'exaltation, de bonheur indicible, analogues mais de sens inverse aux sentiments d'incomplétude de la dépres­sion : « C'est drôle, tout d'un coup je suis moi, je reconnais le son de ma voix, j'ai la confiance et la paix du cœur ».

Nous pouvons remarquer cri passant que ce sont des faits de ce genre sur lesquels ont été fondées les singulières théories religieuses de la conversion auxquelles William James attachait tant d'importance, Il est probable que les prétendus convertis dont il parle et dont il décrit les sentiments extatiques étaient tout simplement des déprimés méconnus qui, au cours de cérémonies religieuses, sous des influences quelconques présentaient des phénomènes d'excitation plus ou moins durable et des sentiments de joie ineffable. Si ces faits ne sont pas importants pour la théologie, ils restent à mon avis très importants pour la psychiatrie. Ces instants clairs avec relèvement momentané des forces nous présentent un problème aussi intéressant que celui de la guérison elle-même. Nous devons non seulement étudier le mécanisme de la maladie, de la dépression mais encore nous devons chercher à préciser les influen­ces qui déterminent ces relèvements des forces.

Dans bien des cas ces augmentation de forces sont en rapport avec des phéno­mènes que nous avons déjà analysés, des guérisons de maladies et surtout des repos, des économies qui sont faites à l'insu du malade et du médecin. Il n'est pas impossible que bien des névroses d'allure périodique dépendent de certaines alternatives de tra­vail exagéré amenant les troubles de la dépression elle-même et amenant la guérison: ce cycle une fois commencé se reproduit indéfiniment.

Cette explication n'est pas suffisante pour tous les cas, il y en a où l'augmentation des forces se produit accidentellement et momentanément avant que le repos n'ait été suffisant ; dans ces cas le changement semble en rapport avec certains phénomènes physiques extérieurs ou avec certaines conduites du malade. Les plus remarquables de ces changements semblent en rapport avec l'ingestion de certaines substances que l'on a désignées sous le nom de substances excitantes ou enivrantes, ils surviennent après l'absorption de l'alcool, de l'opium, de la cocaïne par exemple.

Ces diverses substances dont la liste est considérable sont en réalité des poisons : elles ne peuvent pas être employées comme des aliments et aux doses élevées elles déterminent toujours des troubles graves et même la mort. Mais absorbées à de petites doses, différentes bien entendu pour chaque substance, elles déterminent des effets tout à fait différents et bien singuliers. Le plus souvent ces phénomènes méri­tent le nom d'ivresses : ils consistent dans diverses variétés d'agitation motrice ou mentale. Les mouvements, les paroles, les représentations sont considérablement augmentées, mais il y a en même temps un désordre caractéristique. Il y a excès de la quantité et en même temps un certain abaissement de la tension. Dans bien des cas quand il s'agit de névropathes primitivement dans l'état de dépression, ce désordre n'est pas manifeste. Ces malades n'arrivent que très difficilement ou même jamais à l'ivresse proprement dite. Une des grandes objections que font toujours les alcooli­ques à ceux qui essayent de les réformer « c'est qu'ils ne se grisent jamais, c'est qu'ils supportent admirablement l'alcool ». Non seulement l'alcool ne détermine pas chez eux les troubles de l'ivresse, mais il réussit souvent à faire disparaître les troubles précédents et à restaurer l'activité normale : « C'est drôle, disait un malade de ce genre, c'est quand je devrais être saoul que j'entre dans la vie normale : je sens alors la faculté de faire ce que je veux, je deviens infatigable, je peux me tracer un pro­gramme et le suivre, tout va comme sur des roulettes » ; un autre parle de même : « Je ne suis vraiment un homme raisonnable et correct que lorsque je suis saoul ». Ce sont ces modifications psychologiques déterminées par les ivresses qui sont le véritable point de départ de l'alcoolisme : il est nécessaire de les bien comprendre si l'on veut lutter contre ce fléau [22].

Des modifications du même genre peuvent se présenter après l'alimentation, la respiration, mais il faut élargir le problème en considérant que ces transformations peuvent apparaître après un très grand nombre d'actions différentes. Dans notre étude précédente nous avons constaté que les actions déterminent dans l'organisme des dépenses et peuvent amener la ruine. Il est curieux de remarquer maintenant que les actions, et souvent les mêmes actions, peuvent avoir sur des malades un effet tout contraire. Des circonstances qui ont obligé le sujet à une action et à une dépense semblent apporter un bénéfice notable et accroître les forces. On observe le fait après des actions de toute espèce, après des cérémonies religieuses, des actions sociales aussi bien qu'après des mouvements violents ou des adaptations à des changements.

J'ai toujours gardé le souvenir d'un incident bizarre qui m'avait autrefois bien surpris : Une femme de 40 ans, Bn, retombant pour la troisième fois dans une grande dépression, était fort malade depuis plusieurs mois et semblait encore loin de la fin de la crise. Elle dînait seule avec sa nièce, jeune femme, à la dernière période de la gros­sesse, quand celle-ci d'une manière inattendue fut prise des douleurs de l'accouche­ment. Bn. fut obligée de la soigner et, en attendant un secours qui arriva trop tard, de faire tout J'accouchement. Elle se sentit surexcitée et resta complètement rétablie de cette dépression mélancolique. Des observations du même genre nous montrent que les dangers auxquels les malades sont exposés n'ont pas toujours des effets fâcheux. La guerre qui a fait beaucoup de mal à beaucoup de névropathes en a étonnamment relevé quelques-uns et des malades déprimés, douteurs, phobiques sont devenus des soldats héroïques. Un écrivain pittoresque Töppfer quand il décrivait ses voyages en Suisse, faisait cette réflexion : « C'est bien dommage que le danger soit une chose au fond si dangereuse, sans quoi on s'y jetterait rien que pour éprouver cette joie puissante, ce reconnaissant élan du cœur qui accompagne la délivrance ». Marro dans son livre sur la puberté disait aussi : « Celui qui a surmonté un danger est semblable à celui qui a traversé une maladie infectieuse, il est vacciné. »

Si on ne considère les aventures amoureuses qu'au seul point de vue de l'hygiène mentale, on ne peut pas toujours les blâmer, même compliquées et dangereuses elles ont souvent été le point de départ d'excitations favorables : « On se battait, c'étaient des scènes épouvantables, je risquais tous les jours d'être tuée, c'est là vivre. J'ai toute ma vie aimé les aventures, le mystère, l'inconnu, j'en ai besoin, je ne peux pas vivre dans cette vie monotone, calfeutrée, j'en perds la tête ». La maladie, la mort des parents, la perte d'un être aimé n'est pas toujours le point de départ d'une grande dépres­sion, elle peut relever les forces et le courage : « Après la mort de mon père les chagrins réels ont fait disparaître les peurs imaginaires et m'ont fait retrouver la santé et la volonté ». On voit par là que même des actions difficiles et pénibles peuvent avoir ce même effet salutaire.

Une vérification curieuse de l'effet de l'absorption de substances enivrantes ou de ces actions excitantes nous est fournie par l'étude des impulsions. Des malades qui présentent de la dépression ont souvent des obsessions ou des impulsions d'un genre particulier. Ils expriment constamment la pensée et le désir de certains actes dont l'exécution leur ferait le plus grand bien et rétablirait l'intégrité de leurs forces mora­les : « Je suis inachevée, il me faut quelque chose qui me donne le coup de pouce, le feu sacré et je sais bien ce qu'il faudrait faire». Plus ils souffrent de leur dépression, plus ils se sentent poussés à accomplir cet acte libérateur. Tandis que les impulsions en rapport avec les obsessions ordinaires, par exemple les prétendues impulsions au crime des obsédés scrupuleux, ne sont pas suivies d'exécution réelle ou n'arrivent qu'à des débuts d'actes insignifiants, ces impulsions à des actions excitantes et considérées comme salutaires sont bien plus souvent réalisées et donnent lieu souvent à des actions dangereuses [23]. Les impulsions de ce genre sont très variables et il est impos­sible de les énumérer toutes. On peut mettre dans un premier groupe les impulsions qui sont caractérisées par la recherche d'un acte élémentaire, c'est ainsi que l'on réunira les dipsomanies, les morphinomanies, les diverses toxicomanies, les impul­sions à manger avec excès, les impulsions à la recherche de la douleur, les impulsions à la marche et au mouvement excessif, les recherches de l'excitation sexuelle qui donne naissance aux diverses formes de l'érotomanie.

Dans un second groupe plus considérable encore nous placerons toutes les recher­ches de l'excitation par des actes sociaux, les impulsions si fréquentes à la domina­tion, les manies de la taquinerie, de la bouderie, les manies des scènes, les manies de la méchanceté, de la cruauté, etc. Les impulsions à l'amour ne sont pas toujours uniquement des érotomanies, il y entre souvent le besoin de toutes sortes d'excitations sociales. Les névropathes sont d'ordinaire scrupuleux et très peureux, aussi est-on étonné de voir chez quelques-uns un goût singulier pour les aventures peu morales et pour les expéditions dangereuses. On retrouve ce besoin dans les impulsions amou­reuses. Emma note bien ce détail dans l'excitation que lui donnent les rendez-vous galants : « Oui, la chair est faible, niais ce n'est pas là l'essentiel. L'émoi et la honte que me donne la moindre peccadille sont si délicieux que je ne puis me blaser sur cette tentation du péché. C'est agréable parce que l'on sent que ce n'est pas bien, cela vous donne une crainte, un remords avec gros battement de cœur qui vous laisse la paix du cœur et la confiance dans la vie pour longtemps ». Voilà une phrase que le moraliste ne comprendra guère, mais le psychologue sait bien que la dépression douloureuse avec ses doutes, ses inquiétudes et ses angoisses n'est pas en raison directe du remords et qu'elle existe avant le péché. Le péché lui-même et les remords peuvent au contraire exciter l'esprit, faire disparaître la dépression et ramener la paix du cœur. A un autre point de vue nous retrouvons l'excitation par le danger social dans un groupe de faits fort intéressant, les kleptomanies et surtout les vols dans les grands magasins ; nous aurons à revenir sur ce point pour montrer l'état psycholo­gique qui joue un rôle essentiel dans cette impulsion.

Il est juste de constater chez ces malades un groupe d'impulsions d'un ordre plus élevé, ce sont des impulsions à l'exercice exagéré et quelquefois tout à fait déréglé des tendances les plus élevées de l'esprit, les tendances religieuses, morales ou même scientifiques. Nous retrouvons dans ces impulsions les mêmes caractères. Dans certaines scènes d'enthousiasme religieux, comme dans les « revivals » décrits par W. James on peut noter un relèvement, une guérison, à la suite de pratiques ou de sentiments d'ordre uniquement religieux. Il est évident que beaucoup de ces malades considèrent la religion comme un tonique et un remède : ils se jettent dans le délire de la croix et poursuivent Dieu pour qu'il les relève. La recherche de la perfection morale peut jouer le même rôle que les pratiques religieuses et il n'est pas facile de montrer qu'elle peut devenir impulsive chez les déprimés. Les déclamations morales sont fréquentes : « Je suis à un moment où l'on a besoin d'avoir quelque chose de grand à accomplir, cela me guérirait ». On retrouve la recherche de l'excitation intel­lectuelle dans les rêveries romanesques, dans les manies de la lecture chez ces névropathes « qui ont des impulsions à avaler des bibliothèques », dans les manies d'écrire des nouvelles, des romans ; elle joue un grand rôle dans les graphomanies décrites par M. Ossip Lourié. On les retrouve, hélas ! dans les études de psychologie et de philosophie, et la métaphysique leur doit l'édification de bien des systèmes.

Sans doute la plupart de ces impulsions sont très dangereuses, elles déterminent des intoxications ou elles entraînent le malade dans des situations déplorables. Au point de vue de la santé nerveuse, elles amènent des actes interminables qui ne peu­vent aboutir à rien et qui augmentent encore l'épuisement. Le grand inconvénient de ces impulsions, c'est leur étroitesse, leur exclusivisme ; l'un se figure trouver le bonheur dans la boisson ou dans le vol, l'autre dans l'amour d'une certaine personne et chacun est incapable de rien concevoir en dehors, tellement son esprit est rétréci ; nous retrouvons ici les défauts habituels de l'action des déprimés, leur manque de réflexion, leurs accrochages, leur incapacité de résignation et de changement, leurs manies des efforts et leurs entêtements : « On me croit très énergique parce que je ne cède jamais, je travaille indéfiniment à mes fins même quand il est évident que je ne peux aboutir à rien. » Ces dangers de l'acte des impulsifs sont donc en quelque sorte accidentels : ils résultent de la manière maladroite dont ils ont été exécutés.

Aussi quand on a bien constaté ces inconvénients et ces dangers ne faut-il pas immédiatement conclure que ces impulsions des malades sont complètement absur­des et ne présentent jamais pour eux aucune utilité. Elles ne seraient pas si fréquentes et ne subsisteraient pas si longtemps si elles n'avaient réellement aucune valeur. Si nous les voyons toujours ridicules ou dangereuses, c'est que nous sommes peut-être placés dans de mauvaises conditions d'observation. Le médecin n'observe ces impul­sions que chez le malade qui le consulte à leur propos, c'est-à-dire qui en ressent les mauvais effets : en un mot, nous n'observons les impulsions que lorsqu'elles ont raté leur effet. Si par hasard quelqu'une de ces impulsions avait une action favorable et tirait le sujet de sa dépression, il ne viendrait pas chez le médecin pour s'en plaindre et nous ne le verrions pas à ce moment. Pour se rendre compte des effets de certaines impulsions, il faut les étudier chez des malades qui ne s'en plaignent pas, chez qui elles existent à l'insu du médecin, ou bien examiner leurs effets antérieurs avant qu'elles ne soient devenues aujourd'hui inutiles ou néfastes. Si on se place dans ces conditions, on est obligé de constater qu'un grand nombre des impulsions précédentes ont eu au moins pendant un certain temps de bons effets et qu'elles ont réconforté le malade et supprimé ou diminué sa dépression.

J'ai déjà cité dans un travail précédent beaucoup d'exemples de ces améliorations au moins passagères déterminées par ces actions que les malades se sentent poussés à accomplir. L'observation d'une impulsion au vol dans les grands magasins sur laquelle j'ai longuement insisté [24] me paraît sur ce point tout à fait démonstrative. En résumé, disais-je pour conclure, deux crises de dépression mentale exactement cal­quées l'une sur l'autre se prolongeant huit à dix mois. Une troisième crise commen­çant de la même manière est interrompue pendant une période de huit mois dans laquelle domine l'impulsion au vol et elle recommence dès que cette impulsion est arrêtée. On peut facilement vérifier sur ce cas les rapports étroits qui unissent l'impul­sion à la dépression et on peut constater comment l'impulsion tire sa force du besoin d'excitation qui se développe au cours de la dépression à la suite des sentiments d'incomplétude et comment elle fait disparaître la dépression elle-même.

Des observations de ce genre pourraient être indéfiniment multipliées, elles ne sont pas sans intérêt. Elles nous montrent que beaucoup de personnes peuvent être en réalité faibles et conserver cependant leur santé morale grâce à des actions plus ou moins raisonnables et correctes qui jouent le rôle d'excitants et qu'elles tombent malades dès que ces excitants disparaissent. La débauche, le jeu, l'exercice du pou­voir, la recherche de l'amour, les intrigues de toutes espèces, la recherche du succès, aussi bien que les travaux littéraires ou scientifiques soutiennent bien des gens et leur épargnent la déchéance et la dépression. La poursuite de ces excitations nous paraît tout à fait naturelle tant qu'elle se présente chez des individus qui conservent leur tension normale, c'est-à-dire tant qu'elle réussit ; nous la qualifions d'impulsion pathologique, quand elle devient insuffisante, quand elle ne réussit plus. Le psycholo­gue n'a pas le droit de mépriser complètement ces impulsions des psychasténiques parce qu'elles sont devenues actuellement mauvaises et absurdes. Il ne doit évidem­ment pas les encourager quand elles ont pris cette forme dangereuse et il ne s'agit pas de pousser Mme V. à recommencer ses vols au grand magasin. Mais il faut recher­cher ce qui a été bon, ne fût-ce qu'un moment dans ces impulsions, ce qui les a rendues utiles afin d'arriver à conserver, si c'est possible, et à utiliser cet élément favorable.

En un mot, tous les actes peuvent devenir le point de départ d'une excitation favo­rable. Une observation banale peut résumer les remarques précédentes : on sait que la plupart de ces malades ont une mauvaise période dans la matinée quand ils sortent du sommeil et qu'ils sont ordinairement améliorés au cours de la journée et dans la soirée. Il est probable que des influences complexes déterminent cette modification, la nourriture, la lumière doivent jouer un rôle ; mais il faut aussi tenir compte de l'accumulation des actions mêmes petites que le malade est obligé de faire et qui amènent peu à peu une excitation à la fin de la journée. Tandis que nous avions vu précédemment que les actes et surtout que les actes difficiles épuisent et dépriment nous voyons que dans d'autres observations les mêmes actes peuvent avoir une influence tout à fait inverse : il y a là une contradiction qui soulève un important problème de psychologie.

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